Raeryan's Story-board.

fragments of memories

Sommaire

Chapitre I ~ "I'll never come back to Erebor"
Chapitre II ~
Chapritre III ~

En rangs serrés, les visages épuisés, décousus, les nains arrivaient à Ered Luin dans le plus grand silence. Les portes leur avaient été grandes ouvertes alors qu’ici on s’était attendus à les voir arriver depuis quelques jours. Les voisins, les camarades, les nains les plus hauts placés, tous étaient réunis pour les voir trouver refuge chez nous. J’avais suivit tant bien que mal mon père qui s’était faufilé à travers la foule afin d’avoir une place de choix et voir ce qu’il en était dans un vent de panique. Aux premiers mots qu’il avait entendus, il n’avait pas voulu y croire une seule seconde mais plus la tristesse défilait, plus ils se reflétaient sur son visage. Alors c’était donc vrai, Erebor, la grandiose Erebor avait été assiégée par un Dragon cracheur de feu, délogeant tous les nains vivants dans cette montagne dominant un vaste lac. Contraints de quitter leur foyer, obligés de fuir et de demander asile alors que leur richesse n’avait eu aucune égale en Terre du Milieu. Une véritable tragédie secouait alors le peuple nain, d’ici jusqu’aux monts de fer, tous étaient consternés par ce qu’il s’était passé là-bas.

Arrivant enfin à la hauteur de mon père, je vis alors ses yeux noyés au plus profond de ses lourdes pensées ; il avait la vérité qui se dévoilait ainsi sans même avoir besoin d’être dite. Le regard inquiet tandis que j’essayais d’attirer son attention en lui prenant la main, il n’avait montré aucune réaction quand à ma présence malgré qu’il m’avait interdit de le suivre. J’étais bouleversée par ces sentiments débordants de ses yeux bleutés puisque jamais je ne l’avais vu aussi affligé. Son chagrin me fut alors transmis, observant mes semblables entrer sans le moindre mot, sans la moindre commentaire de leur arrivée ici. Cette image me resterait à jamais dans l’esprit tandis que l’ambiance funeste de ces inconnus me brisait le cœur. Je les regardais passer devant moi, les uns après les autres en croisant de temps à autres leurs regards emplis de tout un mélange de ressentiments. De la haine, du désespoir mais pour la plupart ils étaient surtout perdus et délavés. La marche jusque là avait dû leur être longue, certains enfants dormaient sur les épaules de leurs parents qui les portaient en les serrant. Ils semblaient toutefois rassurés d’être arrivés ici, de voir un semblant de stabilité entre ces murs, de maisons entières et de nains prêts à les aider. C’est alors qu’au beau milieu de ce cortège, je vis un nain qui se différenciait des autres par l’attitude qu’il émanait. Il avait le visage endurci par la colère mais aussi clairement une volonté de se battre, sûr de lui, il avait l’air d’être celui qui les avait tous emmenés et dirigés jusqu’ici. Je devinais dès cet instant qu’il serait quelqu’un de très important pour nous et notre avenir au fil des années. Pas en tant que nains des montagnes bleues ou d’Erebor mais en tant que nains dans l’ensemble.

Mais les sanglots de mon père me rappelèrent alors, manifestement dans l’incapacité de se contenir d’avantage alors que la réalité l’avait rattrapé. Je ne comptais plus toutes ces fois où il m’avait raconté ses voyages à Erebor et ô combien il admirait ces lieux. Il avait toujours voulu qu’on quitte les montagnes bleues pour rejoindre les nains de la montagne solitaire et vivre là-bas comme si cela avait toujours été. Il était très attaché à Erebor et désormais ne pouvait plus compter sur cet espoir de retourner admirer ce royaume. Voir les nains en provenance de l’endroit où il avait plus que tout désiré terminer sa vie aussi désemparés l’avait ébranlé de toute part alors que son rêve s’était détruit en l’espace de quelques secondes. J’agrippais sa blouse, dans la volonté de le réconforter et les premiers nains se détachaient de la foule pour prendre en charge leurs semblables. Lorsqu’un lourd bavardage remplaça le silence, il se rendit enfin compte de ma présence. Il ne souriait pas alors que lorsqu’il me regardait avec ce même air accablé il avait pris l’habitude de me sourire pour e rassurer.

« Viens Rae, on va prévenir ta mère » Fit mon père en m’entrainant dans la direction opposée.

Les instants s’écoulèrent, pressée par la cadence rapide dans laquelle mon père avait emboité le pas, j’observais encore son visage marqué par les larmes qu’il avait versées. On croisait des amis, des voisins, de la famille qui tous allaient au renfort aux portes de la montagne ou tout simplement pour aller voir ce qu’il se passait. Mais la nouvelle était déjà remontée dans tous les recoins du royaume, alors ce jour là serait consacrée à ces gens. Et moi, jeune naine que j’étais, je ne pouvais que suivre et me laisser tirer. J’avais envie de les aider, de faire plus qu’être là comme une potiche à regarder les autres faire. En rentrant dans notre maison, mon père relâcha ma main faisant face à ma mère qui l’interrogeait déjà du regard.

« Je ne retournerais jamais à Erebor… »Fit il dans un souffle coupé.

C’était tout ce qui avait passé la barrière de ses lèvres et c’était amplement suffisant puisqu’elle semblait avoir compris, une pile de vêtements dans ses mains. Elle semblait tout aussi choquée, et nous regardait simultanément.

« Allons les aider. »

Elle me confia le soin d’aller ranger les vêtements dans ma chambre, désirant probablement que je les laisse seuls un moment pour qu’elle puisse soutenir mon père avant qu’il ne se remette à pleurer. Je pouvais entendre ses plaintes de là, croyant encore à un cauchemar, je rangeais mécaniquement ces vêtements qui m’appartenaient. J’avais en tête ceux de mes semblables, parfois déchirés, tachés de boue, et usés. Une idée me traversait l’esprit tandis que je refusais de rester les bras croisés alors que mes parents allaient passer les jours à venir à les aider. Fouillant ma chambre, j’entrepris de remplir une large boite de jouets en bois, de vêtements chauds pour les naines de mon âge, et d’autres petites choses futiles mais indispensables pour redonner le moral. Tout ce que je possédais avait l’air de ne plus avoir aucune valeur alors que je piochais dans mes affaires sans chercher à réfléchir si j’avais envie de m’en débarrasser ou pas. C’est de cette manière que mes parents m’avaient élevée, m’apprenant la bienveillance, la générosité pour que ces gestes là me soient tout aussi naturels que possible. C’était dans une grand boite que j’avais regroupé ces affaires là, rejoignant mes parents en leur montrant ce que je comptais donner. Fiers de moi, mon père se baissa et déposa sur mon front un affectueux baiser. Il m’offrit alors le plus beau des sourires, m’aidant à porter mes affaires en même temps que les siennes. Ma mère elle, avait pris des vivres, de l’eau, de la nourriture, des couvertures et des remèdes pour subvenir à leurs besoins.

Ce jour là, j’avais alors décidé que ma vie serait ainsi faite, afin que plus aucun mal ne soit fait à mon peuple et que cette vision ne saurait plus jamais se reproduire sous mes yeux.