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Des âmes égarées [Ft. Ysée]
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 Des âmes égarées [Ft. Ysée]

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MessageSujet: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyJeu 15 Jan 2015 - 22:03


Pauvres âmes en perdition.
YOU MAY NEED TOW HANDS TO FIGHT SOMEONE. BUT ONLY ONE TO STAB THEM IN THE BACK.

Cela faisait plusieurs jours que Búchanán parcourait les terres du Gondor. Il aimait beaucoup les paysages du Gondor, car on passait de montagnes escarpées à des kilomètres de plaines à des forêts verdoyantes. Toutes ces grandioses visions l'avaient inspiré pour de nombreux chants.

Il avait traversé les Montagnes Blanches avec peine, mais cela valait : le plaisir de la difficulté pour pouvoir arriver dans une oasis d'idées. Malgré sa joie, son voyage l'avait beaucoup fatigué et il s'était donc arrêté à Minas Tirith pour la nuit. Le barde était descendu dans une auberge qu'il n'avait pas payé d'ailleurs. Comment aurait-il pu payer ?
Jamais il n'avait vu plus belle cité. Sa couleur de perle était un ravissement pour ses yeux. La meilleure partie de son voyage c'était de voir la ville au loin changeant de couleur selon les rayons du soleil passant d'un gris doux au blanc puis au rosé à l'aube. C'était une beauté du monde.

Il avait passé trois jours dans cette auberge et, par une ingénierie maline, il était parvenu à s'éclipser sans grands risques. Il avait quitté la cité de neige et avait marché sans arrêt vers l'Ouest. Traversant les riches terres cultivées, le jeune homme pouvait admirer le dur et glorieux labeur des paysans travaillant dans leur ferme et s'occupant des bêtes. Il y a maintes années, il avait proposé son aide pour soulager un vieil homme de son travail, mais il l'avait chassé de ses terres. L'on sait pourquoi. Búchanán avait tôt fait de comprendre qu'il ne serait jamais accepté par personne à cause de sa difformité. Aucun être ne peut accepter la différence. La différence fait peur aux autres. C'est pourquoi il se sentait mieux seul. Qui a besoin de quelqu'un quand on peut être autant libre que ce barde ?

L'elfe fictif arriva aux abords d'une forêt. Il y pénétra et marcha une bonne demi-heure pour découvrir un petit ruisseau que les rayons du soleil, filtré à travers le feuillage, faisaient scintiller. C'était parfait pour faire une pause. L'arbre qui se reposait non loin de l'eau était parfait pour l'accueillir un instant.

Le dos appuyé contre le conifère, il caressa sa chienne-louve, Edana. Elle était bien contente de pouvoir se reposer. Elle aussi devait le suivre partout, mais depuis qu'ils se sont trouvés, une parfaite entente c'était établie entre l'homme et l'animal. Ils se protégeaient et se tenaient compagnie. La bête posa sa tête sur les jambes étendues de Búchanán et ce dernier prit son luth. Les alentours mystérieux emplis de magie l'inspirait. Il commença tout d'abord à pincer les cordes sur un rythme lent, cherchant la mélodie parfaite. Cela ne lui prenait pas longtemps, puis il restait les paroles. Le barde se sentait mélancolique étrangement et une histoire d'amour ne pouvait pas lui faire de mal.

Il y a mon amie dans le verger,
Oh comme j'aimerais être là avec elle,
Il y a la maison et la grange;
La porte de l'enclos des vaches est ouverte.

Là se trouve le gallant et puissant chêne,
Une vision amoureusement couronnée.
J'attendrai dans son ombre
Jusqu'à ce que l'amour vienne à ma rencontre.

Il y a la harpe et il y a les chaînes de ma belle;
Que suis-je de mieux, sans personne pour jouer pour elle ?
Il y a juste cette belle délicate, exquise et pleine de vie;
Quelle importance que je m'en rapproche, sans avoir son attention?


Il était emporté dans ses paroles et ne sentit pas la présence de cette femme.

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyVen 16 Jan 2015 - 1:07

Búchanán a écrit:

Pauvres âmes en perdition.
YOU MAY NEED TOW HANDS TO FIGHT SOMEONE. BUT ONLY ONE TO STAB THEM IN THE BACK.

Ysée déambulait depuis longtemps seule, cela faisait un moment qu’Isolde et elle s’étaient séparées, à contrecœur, pour poursuivre leur voie personnelle, leur destinée, leurs espérances propres. Ysée désirait fuir Minas Thirit et tout ce qui se rapprochait de près ou de loin aux cités, aux gens, en tout cas aux populations denses qui régissaient le rythme des villes. Ysée avait vécu si longtemps dans le brouhaha des grandes rues, des places, des marchés, subissant la présence d’autres personnes qu’elle n’avait pas choisies, qu’elle ne supportait plus d’y être confrontée actuellement. Le silence des plaines et la quiétude des forêts lui apportaient le repos de l’âme qu’elle avait si longuement espéré, alors qu’elle séchait ses larmes soir après soir dans sa chambre en piteux état, à son image. Le temps passant et jamais un ami ne s’était profilé dans son existence misérable. Elle devait se contenter de subir, jour après jour, les assauts féroces de ces hommes pleins comme des barils de bière, en plus de son ignoble patron, véritable obsédé sexuel, qui jetait bien trop son dévolu sur elle. Au comble de son malheur, les actes répétés d’avidité de ce Maître odieux lui avaient apporté la jalousie irrationnelle des autres jeunes filles de la maison close, ajoutant une couche de peine dont elle se serait volontiers passée. Si seulement elles avaient su avec quelle violence l’homme s’y prenait pour la prendre… Elles n’auraient certainement pas envié Ysée. Malheureusement, elles n’en savaient rien et prenaient comme un affront que la jeune brune se fasse monter alors qu’elles étaient royalement ignorées par le Maître.

Ysée s’était postée sur les rives friables d’argile d’un petit ruisseau, dont le chant léger apaisait son esprit tourmenté. Le seul problème de la solitude était qu’on était face à ses pensées, à son autrefois, et Ysée broyait énormément du noir. N’ayant aucune idée de la couleur qu’aurait son avenir, ayant un quotidien sans réels rebondissements, d’une platitude presque ennuyeuse, cadencé entre la cueillette de champignons, de baies, où l’attente interminable qu’un piège réussisse à coincer un petit animal, il ne lui restait que son passé, peu glorieux, ponctué de souvenirs plus lugubres les uns que les autres. Il n’y avait pas de joie à faire renaître de ces vieux jours. A moins de remonter loin, très loin en arrière, il y a plus de dix années… Ce qui ne lui laissait que des miettes flous de souvenirs, insuffisants pour effacer sa mémoire plus récente et plus vive, comme chauffée au fer blanc.

Elle s’était assise au bord de l’eau, le regard vide, fixé sur des poissons qu’elle ne remarquait même pas. Elle parcourait des yeux leurs mouvements agiles, reflets d’argent transperçant la limpidité du ruisseau comme des bijoux doués de vie. Sans qu’elle ne sache quel souvenir en particulier provoqua ses larmes, elle les sentit glisser doucement le long de ses joues. Elle n’essaya même pas de les essuyer et laissèrent des sillons clairs se tracer dans la poussière noire qui lui collait le visage. Elle ne sanglota pas – elle n’en avait pas la force, de toute manière – mais elle pleura ainsi, un long moment, en silence. Le chant des oiseaux sembla se tarir, comme en respect à son chagrin. A la place, une mélodie, presque timide, s’entendit par-delà les arbres, sur la droite de l’endroit où se tenait Ysée. Celle-ci leva la tête, intriguée. Il lui semblait reconnaître cet air. Une voix profonde, rauque, accompagna la musique d’une douceur incomparable. Oui, ces paroles, elles évoquèrent quelque chose à la jeune fille, qui se leva et se dirigea vers le son qui la captivait… Elle avait entendu ce chant à la Cité Blanche, elle ne saurait dire où, mais elle s’en souvenait très bien. Son cœur bondissait presque de bonheur malgré la mélancolie évidente de cette chanson. Un léger sourire sur ses lèvres, elle longea la rivière, de plus en plus près de là où devait se situer le musicien. Elle le vit enfin, ses doigts caressant les cordes de son luth comme s’il s’agissait de son amante, son visage serein où on pouvait lire la passion tranquille qui animait ses gestes doux sur l’instrument. Ysée sourit davantage et, se souvenant d’un passage qu’entamait le barde, elle ferma les yeux, toujours debout, les pieds léchés par l’eau de la rivière, et elle se mit intuitivement à l’accompagner de sa voix fragile, enfantine. Elle n’avait même pas réfléchi à la réaction qu’il pourrait avoir à être ainsi dérangé.

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptySam 17 Jan 2015 - 17:15


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Búchanán trouvait enfin cette sérénité qui manquait tant à sa vie. C'était ses rares moments où sa musique et la nature entrait en communion. Il se sentait libre comme l'oiseau parcourant la terre. Le barde se voyait à sa place volant de royaumes en royaumes, les paysages qu'il voyait défiler devant ses yeux. C'était presqu'en trance qu'il prononçait ses paroles. Pourtant, elles ne lui faisaient pas le même effet. Il les avait souvent chantées dans les rues de Minas Tirith pour amasser quelque vulgaire pièce qui n'était pas à la hauteur de son talent, dans ces lieux, elles ne lui apportaient rien, aucun sentiment. Pourtant ce sont les mêmes mots et la même mélodie. Quand il se trouve dans un lieu comme celui-ci, il se sent apaisé, loin de tout ce qui est mauvais à ses yeux. Loin de ceux qui le méprisent pour aucune raison, loin des mensonges et des trahisons. Il n'y a que lui et sa musique. C'en était presque sacré pour le jeune homme qui voyait cet instant comme une cérémonie.

C'est pourquoi il réagit ainsi.

Il avait un moment privilégié entre lui et son luth, et ce dernier fut interrompu à jamais. Une voix fluette et mal posée s'insinua dans sa mélodie. Búchanán ne mit pas long avant de réagir. Il plaqua sa main contre l'instrument, interrompant les vibrations des cordes. Le barde tourna sa tête en direction de la source du vacarme, montrant visiblement sa cicatrice noire qui le défigurait à la vue de la forêt entière. Edana grogna méchamment, mais il la calma d'une main sur la tête de l'animal quand il vit qu'il ne s'agissait que d'une simple femme. Elle était toute maigre et si fragile, il n'avait rien à craindre d'elle. Ce n'était pas cette pauvre créature qui allait l'attaquer sans crier gare.

Son sang ne fit cependant qu'un tour. Comment pouvait-on interrompre quelqu'un qui semblait si tranquille ? Et puis, que regardait-elle avec son air paumé ? Sa cicatrice ou ses oreilles qui montraient parfaitement qu'ils n'appartenaient pas au même monde ? Il se leva et regarda l'inconnue droit dans les yeux.

-On t'a jamais dit de pas déranger les gens ou quoi ? Non, mais je rêve. Vous n'avez aucun respect vous tous de toute manière !

Son ton était sec et très hostile, vraiment il ne voulait pas s'approcher des personnes qui l'entouraient. Et c'était pas cette jeune femme qui allait faire exception... même si elle dégageait un certain charme enfantin derrière sa crasse.

Il allait partir loin d'elle sans attendre de reste, quand il l'entendit renifler. Quoi encore ? pensa-t-il. Búchanán se retourna et vit la vagabonde avec un visage fermé, comme il avait pu être à l'époque où il n'était pas assez fort pour supporter les remarques des autres. Il eut pitié d'elle.

- Pfffff.... Et pis tu fais quoi toute seule dans cette forêt ? T'es une pauvre femme sans défense, tu sais pas qu'y a des brigands qui grouillent par ici ?

Pourquoi il agissait ainsi, même lui ne le savait pas, mais, curieusement, il se vit à sa place plusieurs années auparavant.

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptySam 17 Jan 2015 - 21:15


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A mesure que l’étranger avait lâché son venin sur elle, une pluie froide imaginaire s’était déclenchée sur elle, finissant sur la sensation qu’une cascade glacée lui défonçait le dos. C’était là une bien atroce impression, une image pour décrire ce que ressentait Ysée lorsque, brutalement, la musique si enjôlante avait cessé, pour être remplacée par des vociférations injurieuses envers elle. Mais, plus que les mots, ce fut le visage défiguré d’un large et long trait noir, maquillant visiblement une horrible cicatrice, et le regard méprisant au possible que l’homme – ou une quelconque autre créature, vue son apparence – lui avait décoché. La chanson aux notes issues du paradis faisait place à l’enfer éternel qu’Ysée avait toujours subi. Cris, insultes, humiliations. Elle n’aurait jamais cru déranger à ce point-là cet homme et, si elle l’avait su, elle n’aurait pas joué ses vocalises sur un coup de tête. Elle se sentit si stupide, son attitude avait été puérile et imprudente, peut-être celui-ci ne se contentait que de l’envoyer valser ailleurs mais elle aurait tout aussi bien pu tomber sur un… monstre. Il en avait tout l’air, cependant. Elle le regarda plus intensément, la musique, précédemment, ayant voilé son aspect jusqu’à maintenant. Ces oreilles… Ce n’était peut-être pas un humain. Ysée n’avait jamais rencontré d’elfes mais les histoires ne les décrivaient certainement pas accoutrés ainsi, la bouche se tordant sur des mots sales, l’œil agité de sentiments si humains, bouffés par la colère. Soit on avait embelli énormément cette race, soit elle se trouvait devant une erreur de la nature. Ou une autre race qu’elle ne connaissait même pas de nom. Mais quoi, dans ce cas ?

Toute à ces réflexions, plus curieuses qu’autre chose, Ysée n’avait pas lâché des yeux le musicien qui, en retour, n’avait cessé de la fixer en diagonale d’une façon hautaine. Il la repoussait comme tant d’autres avant, lui, avec ses vêtements hideux, crasseux, et son anomalie. Qu’avait-il de plus qu’elle ? Il ne semblait pas beaucoup mieux loti qu’elle. Si même les autres pouilleux parcourant ce monde sordide venaient à la rejeter véhément… Son existence n’avait peut-être pas lieu d’être. Sans qu’elle ne s’en rende compte, elle s’était remise à pleurer, d’abord en silence puis, progressivement, plus fort. Les sanglots éclatèrent dans la forêt sans que la jeune fille n’arrive à se retenir. Elle reniflait misérablement, ses mains s’agitaient pour essuyer vainement le flot de larmes sur son visage couvert de saletés. L’étranger lui parla encore, mais elle fut sourde à ses paroles, elle ne pouvait en supporter davantage. Elle se serait volontiers offerte à la mort, son unique et ultime désir, à cet instant où l’univers entier semblait être contre elle. Prisonnière d’un nuage de chagrin, enfoncée dans cette sombre torpeur, elle s’affala au sol, assise, et ramena ses genoux contre sa poitrine, le visage tout contre eux. Son corps malingre continuait d’être convulsé sous les coups de sa peine.


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Dernière édition par Ysée le Mar 20 Jan 2015 - 0:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptySam 17 Jan 2015 - 23:51


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Búchanán s'attendait à tout sauf à cette réaction. Il la vit s'effondrer comme les frêles feuilles d'automne s'accrochant péniblement à leur branche. Le barde hésita fortement à partir et la laisser seule. Déjà qu'il avait du mal à s'occuper de lui-même, il n'allait pas encore s'empêtrer d'un boulet féminin. Mais il ne partit pas. Ses mots ne lui semblaient pas avoir été trop durs. Et pourtant la vie était cruelle et ce n'est pas en la fardant de belles paroles qu'elle serait plus facile. C'était une des règles que Búchanán avait bien comprise.

Non franchement, cette femme lui faisait profondément pitié. Elle préférait se laisser aller à son chagrin au lieu de se battre pour sa survie. C'était une grande faiblesse que l'abandon. Bon nombre de fois le jeune homme avait eu ces réactions : se laisser mourir, car le monde ne nous accepte pas. Mais se laisser submerger par le flot du monde n'était pas la solution. Il fallait se battre, car si nous n'étions pas accepté, il fallait forcé le destin. En la regardant par terre, recroquevillée tout comme un petit enfant l'aurait fait, Búchanán comprit que cette femme était dans cette situation délicate. Une faible.

Une colère montait en lui de voir tant de stupidité en un si petit être. Pour quelle raison avait-elle cessé de se battre ? Oh non, il s'en foutait. Seul la constatation le rendait aigri. Cependant, il ne pouvait pas laisser quelqu'un dans cet état. Tout simplement parce que lui a connu tout ça et qu'il aurait aimé qu'on lui tende une main... même si cette main appartenait à une horrible créature.

Búchanán attrapa la pleurnicharde par le bras et la remit sur pied. Allez, relève-toi. Il sortit de son sac une pomme et des biscuits qu'il avait volé à Minas Tirith avant son départ. Prenant la main de la jeune femme, il déposa les aliments dans cette dernière. Son regard n'avait pas changé, il était toujours aussi dur et inexpressif. Et cesse de gindre ! C'est pas avec cette attitude que tu survivras par ici. Il lui fit signe de la tête pour qu'elle le suive. En tout cas, c'était conseillé pour elle de l'accompagner si elle voulait passer encore une nuit en vie.

Il siffla entre ses dents annonçant son départ à Edana qui enjoignit son pas. Le jeune homme ne se retourna pas pour contrôler si elle le suivait ou non. C'était pas son problème et il ne pouvait pas forcer quelqu'un à faire un bout de route avec une erreur de la nature telle que lui. Mais il entendait ses pas discrets.

Les deux voyageurs marchèrent durant quelques heures, s'enfonçant de plus en plus dans la forêt, toujours en se déplaçant le long du ruisseau. Búchanán avait l'intention de remonter vers le nord pour atteindre la Comté. Cependant, c'était une première pour lui de voyager accompagné.

Un voile noir n'allait pas tarder à recouvrir la voûte céleste. Il était temps de monter un campement pour passer la nuit. Le barde s'arrêta soudain, sans rien dire, tout comme le reste du voyage. Il déposa son sac au sol et partit chercher du bois pour un feu. Une fois cela fait, il envoya Edana chasser. Elle ramènera un canard quelques temps plus tard.

La nuit était tombée et seule la lumière chaleureuse du feu illuminait les alentours. La louve était revenue et il avait préparé le canard qu'il partagea avec la femme. Dans ce genre de condition, il ne fallait pas être difficile et il était nécessaire de prendre tout ce qui nous permettait de survivre. Une fois le repas terminé, le barde remarqua que la jeune femme frissonnait. Normal, elle était pied nue et n'avait qu'une malheureuse robe qui ne devait pas tenir chaud. Il s'approcha d'elle, lui montrant bien qu'il ne lui voulait aucun mal et déposa sur ses épaules sa couverture. Elle aurait plus chaud comme ça. Puis il alla mettre plus de bois dans le feu et se rasseoir contre le tronc couché à terre. Il remonta le colle de sa veste pour avoir chaud également. Les nuits étaient froide en cette période de l'année. Búchanán attrapa son luth et joua une douce mélodie pour calmer les âmes dissipées. Sans chanter. Et il espérait profondément qu'elle ne chanterait pas non plus.

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyMar 20 Jan 2015 - 0:44


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Ysée n’avait pas relevé le visage, sachant très bien que l’autre personne s’en était allé. Il n’allait pas la consoler ni rien. Même si, au fond d’elle-même, elle l’espérait, comme tout être fragile perdu en ce monde. Elle ne se berçait plus d’illusions. Déjà qu’elle avait rêvé de vivre des aventures toutes différentes que celles vécues depuis son départ précipité de Minas Thirit… La dure réalité l’avait rapidement ramenée sur terre et ses songes s’effritaient de jour en jour. Elle finirait juste par crever de faim, de froid, seule, oubliée de tous, ou plutôt… Connue de personne. En anonyme. Une étoile filante, mais noire, qui disparaîtra sans que l’univers ne s’en soucie un instant.

« Relève-toi ! »

Elle se redressa lentement, déformant sa position fœtale, offrant au barde une expression abasourdie et reconnaissante à la fois. L’étranger n’était pas parti ! Y aurait-il un peu de cœur en cet être si étrange ? Il était différent des autres, autant dans son apparence que dans son attitude, car n’importe qui l’aurait laissée là, comme une merde au bord du chemin. Elle se leva, chancelante sur ses deux gambettes, et s’essuya vivement le visage, ne faisant que le salir encore plus avec la crasse accumulée au creux de ses paumes. Elle voulut sourire, mais n’y arriva pas vraiment. Le musicien, après d’autres invectives qu’elle entendit à peine, lui fourra alors une pomme et des biscuits secs dans les mains, un peu brusquement. Ysée ne s’en formalisa pas le moins du monde. Ce geste, ce cadeau inespéré, elle l’accueillit avec toute la gratitude dont elle pouvait faire preuve. Son minois s’était littéralement illuminé de joie, elle pressa la nourriture contre son torse et bégaya des remerciements. Qu’il sembla ignorer car, aussitôt, il se mit à marcher, sans même se retourner pour voir si elle le suivait. Ysée avait hésité un court instant avant de se mettre, d’abord timidement, puis plus franchement, à marcher dans ses pas. Elle se mit alors à grignoter les biscuits, à la saveur sucrée qu’elle savoura comme si ce fut du miel de haute qualité, avant de croquer avidement dans la pomme. Le jus coula autant sur son menton que dans sa gorge. Elle apprécia tellement ce menu repas qu’elle en aurait ri si elle n’avait pas peur de déranger le samaritain dont elle admirait le dos. Puisqu’il garda le silence pendant qu’ils avançaient parmi les arbres et les taillis sauvages, elle respecta son mutisme en étant toute aussi dénuée de conversation.

Sans prévenir, le barde s’était arrêté au crépuscule pour établir un petit bivouac. Enfin, pour toute literie, ils n’auraient que la mousse au pied des troncs… La chienne blanche qui les avait accompagnés effrayait un peu Ysée, toutefois, elle n’en montra rien. Elle se contentait d’ailleurs de marcher, d’imiter les gestes du ménestrel, ni plus ni moins, histoire de ne pas le gêner. Ses mouvements étaient calculés pour ne pas dépasser outre mesure la liberté qu’il semblait lui avoir donné d’être avec lui. Elle ne dit rien, muette comme une tombe, et s’assit à même l’écorce d’un chêne, les yeux rivés sur le feu naissant. Le bruit du crépitement des flammes, en plus de la chaleur apaisante qu’elles diffusaient, l’apaisaient et lui procuraient un effet relaxant. Elle se mit à somnoler, sans pouvoir réellement s’endormir. Le froid croissant de ce début de nuit la faisait frissonner de plus en plus, l’empêchant de se plonger dans le sommeil paisiblement. L’ayant apparemment remarqué, l’étranger vint lui déposer une couverture sur les épaules. Elle eut un mouvement de recul, un simple réflexe, non pas parce qu’il avait une apparence douteuse, mais parce qu’il était un homme. Ysée n’avait plus confiance en la gente masculine depuis ses antécédents, lors de ces nombreuses années à la Gorge Rouge, ce lieu infâme où son corps n’avait plus été qu’un objet, dénué de tout sentiment humain aux yeux d’autrui. Et pas « autrui », entendez-bien « les hommes », et uniquement eux, source de malheur et de souffrances multiples pour la jeune ex-catin. Bref, elle se contint de justesse et, la fourrure sur elle, elle s’enveloppa dedans aussitôt, un petit regard de bête sauvage effrayé posé sur le barde. Fidèle à sa profession, il ressortit son luth et entama une mélodie. Sans chanter. Ysée comprit pourquoi, il ne voulait plus qu’elle tente de l’accompagner avec sa propre voix. Chose qu’elle n’aurait pas faite, de toute manière, encore trop gênée par son comportement déplacé. Elle l’avait compris que trop tard. Cela dit, à présent, elle ne ferait plus la même erreur. Elle décida, d’ailleurs, d’en communiquer la chose à son sauveur.

« ‘sieur… Je ne chanterai plus. Je vous le promets. Si vous voulez, vous… Ca me ferait plaisir, en tous les cas. »

Elle baissa aussitôt le menton, n’osant braver le regard de son compagnon de soirée. De plus, elle avait encore sûrement du dépasser les bornes ; pourquoi lui avait-elle parlé de son désir de l’entendre à nouveau ? Qu’en avait-il à fiche de son envie à elle ? S’il avait vraiment eu envie de chanter, il l’aurait fait ! Elle aurait volontiers recommencé à pleurer sur sa stupidité. Ses larmes restèrent, heureusement, coincées au fond de sa gorge nouée.


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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyJeu 22 Jan 2015 - 17:16


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Ses doigts couraient lentement le long des cordes de l'instrument, laissant vaquer son esprit aux alentours. La musique douce apaisait les esprits, et il le fallait après une telle journée. Il pensait à la dernière fête de village à laquelle il avait pris part. Il n'avait pas chanté ce soir là, se laissant plutôt vaquer à son hubris. Búchanán ne se souvenait que de certaines parties de la soirée. La musique endiablée rythmée par les pas des villageois, la cervoise et l'hydromel coulant à flot et cette femme qui, certainement par pitié et par manque, l'avait emmené dans son lit. Fort intéressant.

Pourtant, il parvenait à jouer calmement, à un rythme tout à fait lent tout en pensant à quelque chose d'excitant. C'était là sa passion qui n'était pas parasitée par ses pensées. Pensées qui furent interrompues par la jeune femme. Encore. Mais c'était une demande intelligente de sa part. Pour une fois. Elle lui demanda de chanter et cela, le barde ne pouvait pas refuser.

Il chercha un instant des paroles pouvant coller à la musique douce qu'il jouait. La musique vibrait toujours entre les cordes et son regard semblait perdu dans les flammes. Il trouva finalement ce qu'il cherchait. Une histoire d'amour tragique, qu'il avait vécue. Bien sûr elle ne s'appelait pas Maria. Ce n'était qu'un substitut à son véritable prénom, seulement, Maria est tellement un mot romantique.  

Avait-il vraiment été amoureux, était-ce cela d'aimer ? Lui-même l'ignorait. Il savait tout simplement qu'il s'était fait avoir par cette femme. Elle avait arraché son coeur de sa poitrine et l'avait foulé à terre devant lui, brisé. C'était la seule fois où il s'était dit qu'il pouvait se livrer ouvertement à quelqu'un. Belle erreur, simple d'esprit. Il lui avait fallut du temps pour se remettre de cet espoir de joie trop vite arraché, mais jamais on ne l'y reprendra.

Le barde était imperturbable dans son chant. Même l'orage qui tonnait au loin ne pouvait le déconcentrer, et il continuait sa triste chanson. Quand il eut terminé, il regarda l'inconnue, puis se tourna en lui tournant le dos, toujours silencieux, le coeur resserré. Il préféra ignorer cette douleur.

 

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptySam 24 Jan 2015 - 23:37


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Ysée ne s’attendait pas à ce que le barde accepte de chanter après qu’elle lui eut demandé. Elle fut agréablement surprise et profita pleinement de la voix rauque et chaude de son compagnon de soirée. Elle ferma même les yeux et un petit sourire vint planer sur sa bouche pâle, détendant ses traits tirés par la fatigue accumulée des derniers jours. Au loin grondait le ciel, un rugissement assourdi par les nuages et, si Ysée levait le nez, elle pouvait voir derrière le rideau de feuilles argentées par la lune que des éclairs éclataient tout là-haut. Etrangement, la douceur de la voix du ménestrel l’empêcha d’avoir peur comme d’habitude de cette colère céleste, elle sentait son cœur s’alléger et, malgré elle, elle se mit à se balancer en rythme, de droite à gauche, comme si elle se berçait elle-même. Elle se sentait bizarrement en sécurité, dans cette forêt, avec un inconnu près d’elle. Elle s’emmitoufla encore plus dans la couverture, jusqu’à y dissimuler le bout de son nez tachetés de grains de rousseur, ses yeux à nouveau clos.

A un moment, le chant cessa, les notes s’effacèrent dans le silence des sous-bois. Ysée rouvrit les paupières, fronça un peu les sourcils et s’aperçut alors que l’homme étrange lui tournait carrément le dos. Qu’avait-il ? Elle n’en sut rien, il restait muet, caché à elle, et la jeune fille n’osa pas interrompre ce mutisme. Elle avait trop peur de se reprendre des remontrances et, de ce fait, ils restèrent ainsi, sans paroles, sans chant, sans musique, durant de longues minutes. Au terme de ce laps de temps qui semblait interminable, Ysée commença à s’agiter, nerveuse, cette tension palpable lui devenant tout doucement insupportable. Elle n’était pas insensible à cette drôle d’attitude qu’adoptait son compagnon, elle savait ce que voulait dire ce rejet de l’autre, cette manière de se détourner d’autrui pour cacher ses plus profonds sentiments, honteux tant ils sont tristes à admettre, et à se voûter le dos comme si les malheurs du monde entier affaissaient notre corps. L’ex-putain de la Cité Blanche aurait voulu le réconforter, mais que dire à un homme qu’on ne connaissait pas et dont on ne savait rien, ni même la raison de sa peine ? Elle aurait pu lui poser une main sur l’épaule, tout simplement, mais elle craignait bien trop qu’il la repousse violemment et réagisse mal d’une quelconque autre façon. Il pourrait aussi détester le contact, ce qui ne serait pas étonnant vu sa… son apparence. Ces oreilles avaient du lui apporter beaucoup de problèmes dans sa vie, elle ne savait d’où venait cette malformation et était curieuse de le savoir, sans oser, bien sûr, le demander.

Elle fixa le dos encore un moment puis, n’y tenant plus, se mit à quatre pattes et avança vers lui ainsi. Elle se glissa doucement jusqu’en face de lui et, s’asseyant sur ses pieds, les mains sur ses genoux repliés, elle s’abaissa un peu pour le regarder alors qu’il gardait le visage vers le sol. Elle planta son regard brun qui se voulut pétillant de gaieté et compatissant, un tendre sourire sur sa bouche. Ysée avait toujours peur qu’il l’envoie promener sèchement, toutefois, elle préférait tenter le coup que de le laisser comme ça… Chacun son tour de venir en aide à l’autre. Elle voyait les choses comme ça.

« Au fait… Moi c’est Ysée. Et toi, c’est quoi ton nom ? » Elle hésita un instant puis, prenant les miettes de courage qu'elle recelait : « S’il-te-plait, ne fais pas ta tête de mule et dis-le moi, ouvre un peu la porte de ton âme… » ajouta-t-elle. Car elle avait bien compris que, derrière cette carapace, il y avait un être pouvant être bon. Il ne l’aurait pas secourue, sinon, s’il n’avait pas un bon fond qu’il dissimulait derrière ce caractère de cochon.



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Dernière édition par Ysée le Dim 25 Jan 2015 - 18:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyDim 25 Jan 2015 - 12:43


Pauvres âmes en perdition.
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Le barde observait les ombres ondoyer sur le sol, le regard fixe dépourvu d'émotion. Les souvenirs douloureux en rapport avec sa chanson refaisaient surface, à croire qu'il avait besoin de ressentir à nouveau cette même douleur qui le déchirait à chaque fois qu'elle semblait s'échapper, comme pour exister à travers cette sensation. C'était sadomasochiste.

Il revoyait le visage de sa bien-aimée, qui lui avait semblé si pur à cette époque. Cette femme qui lui avait fait croire tant de belles paroles. Elle qui lui disait être bien avec lui et ne jamais vouloir le quitter, l'accepter comme il était. De magnifiques mots qui se sont envolés. Un jour ce fut l'ignorance totale à son égard. Búchanán n'était jamais parvenu à comprendre comment tout pouvait basculer en un battement d'aile. À croire que les dieux trouvaient un malin plaisir à donner d'une main et à reprendre de l'autre. C'était une leçon difficile à assimiler pour le jeune homme qui, depuis cette époque, était tombé dans l'alcool. Il buvait jusqu'à ne plus pouvoir maîtriser son corps, s'arrêtant lorsque celui-ci était assommé par la fatigue artificielle. Depuis ce temps, il s'était juré de ne plus se faire avoir à nouveau. C'est à cela que servent les leçons après tout. Désormais, il préférait faire subir cela aux femmes plutôt qu'elles ne lui fassent avant. Búchanán en avait manipulé plus d'une. Les mots sont tellement plus forts que l'apparence, et il suffisait de leurs dire ce qu'elles désiraient le plus.

Búchanán s'apprêtait à s'assoupir, le coeur lourd de souvenirs quand cette inconnue vint devant lui. Il ouvrit de grands yeux d'interrogation. Machinalement, il recouvrit ses oreilles de ses longs cheveux. Que lui voulait-elle encore ? Il lui avait pourtant chanté une chanson et pensait qu'elle le laisserait tranquil. Elle se tenait devant lui, avec un sourire débile aux lèvres, comme si elle voulait essayer de discuter avec. Il sentait déjà la colère rougir ses joues. En plus sa posture de personne qui voulait se mettre dans la confidence l'exaspérait au plus haut point. Le jeune homme détestait tout ce qui était sentimental. Et que je te confie mes soucis et qu'après tu me casses les couilles avec les tiens. Bouah, non c'était pas son truc. Toutes ces émulations d'amour et d'amitié le dégoûtaient.

Au fait… Moi c’est Ysée. Et toi, c’est quoi ton nom ?

Ça y est, elle recommençait à être pénible. Búchanán pinça ses lèvres, comme s'il voulait retenir une injure. Il avait très envie de lui balancer que cela ne la regardait pas et que de toute manière il l'oublierait à la seconde où leur chemin se séparerait.

S’il-te-plait, ne fais pas ta tête de mule et dis-le moi, ouvre un peu la porte de ton âme…

Cette insistance le déstabilisait fortement. Pourquoi était-elle si intéressée par quelqu'un comme lui ? Il ne lui posait pas de question sur elle, car il s'en foutait, alors pourquoi elle lui parlait ? En plus ce n'était pas la personne la plus ouverte au monde alors elle pouvait toujours se brosser pour obtenir quoique ce soit de plus. Cependant son courage l'impressionnait. Il lâcha finalement un soupir après un instant de silence. Búchanán. Puis il se tourna de l'autre côté, lui montrant à nouveau son dos. Il voulait dormir, mais cette Ysée semblait avoir un autre plan. Elle fit le tour du barde à quatre pattes et se retrouva à nouveau en face de lui. Ses lèvres se pincèrent à nouveau. Pourquoi tu t'intéresserais à quelqu'un comme moi ? Si c'est parce que tu vois là une mission divine de sauver mon âme, laisse tomber, elle est pourrie depuis longtemps. Maintenant bonne nuit. Cependant la jeune femme ne le laisserait pas s'en tirer comme cela si facilement.


 

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyDim 25 Jan 2015 - 19:10


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Bon sang, quel entêtement ! Ysée avait rarement vu autant de mauvaise volonté chez quelqu’un et un tel rejet d’autrui. Même elle qui avait vécu des choses difficiles dans ses relations sociales ne gardait pas autant d’amertume. Et pourtant, elle avait de quoi vouloir cracher à la face du monde entier… Qu’avait-il bien pu vivre de si terrible pour se comporter ainsi ? Elle écouta sa revendication mais, alors qu’il voulut une troisième fois s’écarter d’elle, Ysée s’énerva tout à coup. Elle ne sut pourquoi elle se sentait si frustrée, si agacée par cette attitude, ni si elle se laissait guider au fond par la peur qu’une personne ne l’ignore encore. Elle ne savait pas d’où venait cette bravoure inattendue et elle ne savait pas mieux ce qu’elle pourrait lui dire pour l’amener à la conversation. Sa main partit toute seule s’accrocher à l’épaule de Bùchanàn, dont le torse pivotait déjà à moitié, et le remit face à elle. L’ex-catin affichait, maintenant, une expression légèrement colérique et sa voix tremblotait sous l’émotion.

« Mais qu’as-tu !? Pourquoi m’embarquer avec toi si tu ne souhaites pas faire connaissance ? Je ne comprends pas. Je ne t’ai rien fait et je ne veux te causer aucun mal, juste discuter un peu. Je crois que je peux comprendre ce que tu ressens mais sache que ce n’est pas ainsi que tu finiras par te libérer de ton passé. Le passé est ce qu’il est ; passé ! Il ne reviendra plus. Pourquoi ne pas donner un peu de chance au présent ? Moi, en l’occurrence ? »

Avec quelle énergie elle déblatérait ces paroles, pleine d’une folie douce qu’Ysée se découvrait chez elle en même temps que son interlocuteur ! Elle recula un peu, les yeux agrandis par l’étonnement puis eut un petit rire gêné. Enfin, elle s’éloigna lentement, jeta un dernier coup d’œil à Bùchanàn puis haussa les épaules et lui balança :

« Comment peux-tu espérer oublier les mauvais souvenirs si tu nies toutes les opportunités de connaître le bonheur ? » Elle soupira. « Enfin, c’est ton choix… Je ne peux pas te forcer à essayer d’être plus heureux… »

Elle ondoya des hanches pour aller près du feu, car elle avait froid. Elle sortit les mains de sous la fourrure et les approcha des flammes, savourant la sensation du froid qui lui picotait le bout des doigts s’en allant.

« Ca aurait pu être agréable de vivre une soirée plus chaleureuse que d’habitude, pour moi aussi. » lança-t-elle d’une voix sèche au barde. « T’es pas le seul à avoir eu une vie de chien. On aurait pu se réconforter un peu et demain se quitter avec le cœur plus léger. »




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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyMer 28 Jan 2015 - 19:42


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Il allait se tourner et la conversation cesserait aussi abruptement qu'elle avait commencé. Búchanán se serait endormi comme une bûche et ils seraient repartis le lendemain pour traverser cette forêt. Il avait pensé faire ce bout de route dans les bois puis ils se seraient séparés comme s'ils ne s'étaient jamais rencontrés. Mais la femme en avait décidé autrement en attrapant l'épaule du barde et le retournant vers elle. C'était une Ysée totalement différente de ce qu'il avait pu voir auparavant. D'une personne triste, abattue, sans intérêt, dépressive, défaitiste, transparente, inintéressante, salle, pleurnicharde, sans passion, sans envie de vivre, vulnérable, fragile, sans caractère, insignifiante, inexistante, apathique, amorphe, qui se laisse vivre, peu combattive, molle, torturée et sans démontrer une quelconque intelligence, elle était devenue une femme qui montrait qu'elle pouvait être dotée d'un caractère bien trempé. Il voyait la colère dans ses yeux, tel le puissant feu du plus terrible des dragons. Même le souffle de Smaug passerait pour une brise face au venin qu'elle déversait sur le barde. Búchanán écouta de moins en moins ce flot de paroles et rester silencieux. La colère montait en lui, le faisant bouillir intérieurement tel le volcan qui sommeille. La fureur rougissait ses joues et il lutait contre le démon de la rage qui dormait en lui. Le jeune homme serrait fortement ses dents pour ne pas dire de paroles malheureuses contre cette gueuse qui pensait connaître tout de Búchanán alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques heures. Il nourrissait une profonde haine contre ceux qui se voyaient soutenir une mission de déchiffrer les personnes. Son passé ne regardait personne.

Ses derniers mots étaient la goutte qui fit déborder la chope de Búchanán. Oui, il avait une faible capacité à tolérer les gens. Il la vit s'éloigner, mais elle avait dépassé les bornes et il n'en tenait plus. Il n'était plus le barde calme et silencieux, c'était devenu un homme furieux et hors de contrôle. Il était arrivé à un stade de la fureur qu'il ne parvenait plus à se contrôler. Il se leva d'un bon et se précipita sur la jeune femme. Il lui attrapa le bras, la serrant peut-être un peu trop fort et la regarda dans les yeux en lui hurlant dessus.

Pour qui te prends-tu, femme ! Tu ne me connais pas et tu te permets de me dire comment je devrais agir. Mais qui es-tu pour pouvoir me dire ça ?! Tu me forces à te parler alors que je n'en ai pas envie et toi, tu t'octroies le droit de juger mon passé alors que tu n'as aucune idée de ce que j'ai vécu ! Pourquoi tu fais ça, femme ! À ta place j'aurais honte. Tu te prends pour quoi, sérieusement pour me dire comment je dois mener ma vie ?! Si t'es pas contente, va te faire bouffer dans la forêt, j'en ai rien à foutre de toi.  

Il voulait la frapper et avait toutes les peines des la Terre du Milieu à retenir son poing qui tremblait sous les spasmes. Mais il y parvint. Le barde avait plongé son regard dans les yeux apeurés d'Ysée et avait vu son reflet. Il ne se reconnut pas et, comme s'il semblait retrouver la maîtrise de son corps, il reprit ses esprits, étourdi. Excuse-moi. Il avait lâché la jeune femme et s'était vite éloigné d'elle, se dirigeant vers le ruisseau.

La lune illuminait le rivage et Búchanán s'agenouilla près de l'eau, regardant son reflet sur l'onde. Tout ce que cette image lui montrait c'était la monstruosité, la laideur, la terreur, l'abomination, l'exécrable, la honte, l'aversion, la répugnance, l'ignominie, la méchanceté, la cruauté, l'infamie, la déformation, l'atrocité, l'abjecte, la grossièreté, l'horrible, la répulsion, l'inqualifiable, l'innommable, l'odieux, le méprisable, la pourriture, la torture, la défigure, l'horreur, la colère, la haine, l'hideux, l'infect, l'immonde, l'immoral, le dégoût, l'affreux   et la triste réalité. Il ne voyait que la seule chose qu'il voulait à tout pris éviter d'être : sa mère. De rage, il envoya son poing dans le ruisseau gelé pour briser son reflet qui le dégoûtait. L'eau lui éclaboussa au visage, faisant couler l'encre noire sur son visage découvrant son horrible cicatrice. Dans un dernier acte de rage, il frappa de son poing l'arbre qui se trouvait non loin de là lui écorchant la peau qui fit tomber son sang. Le jeune homme se sentait vulnérable et sur un terrain instable. Il s'assit sur la rive, les pieds dans l'eau, comme s'il était vide de toutes émotions et de toutes pensées. Seul le bruit d'une brindille qui se brisait derrière lui attira son attention. Un réflexe le fit cacher son visage de ses mains. La honte de lui-même.  

 
 

 

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyJeu 29 Jan 2015 - 21:45


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Un vieux réflexe avait saisi Ysée tandis que son compagnon de soirée explosait littéralement sur elle, des vagues discontinues de venin déferlant sur elle avec une violence rare. Elle avait figé son regard dans le vide, vers le bas, sa bouche s’avachit, et elle avait déconnecté son cerveau, se faisant sourde et aveugle. Elle savait qu’il la haïssait en ce moment parce qu’il haïssait le reste du monde. Parce que, au final, elle ne lui avait rien fait vraiment de blâmable. Il avait besoin d’étaler sa rage sur quelqu’un ou quelque chose, qu’importe ce que cela pouvait être, et décharger ce trop-plein d’ondes négatives lui procurait certainement un bien fou. Elle comprenait tout ça, la jeune Ysée, ex-catin de la Gorge Rouge, que tout le monde pensait qu’elle n’était qu’une cruche creuse et fêlée, incapable d’être remplie de quoique ce soit d’autre excepté du sperme et de la sueur acide des hommes. Mais derrière ce visage de souillon, un esprit vif se trouvait, intelligent et pétillant, juste étouffé par une éducation adéquate à son ancienne profession, mais qui ne demandait qu’à éclater au grand jour. Ce soir, peut-être, cette âme vivace s’éveillerait enfin, car cela faisait déjà quelques semaines que sa vie d’esclave sexuelle, entièrement dominée par autrui, avait cessées pour laisser place à une vie libre. Sans qu’on ne lui dicte plus sa conduite.

Elle avait seulement frémi, légèrement, lorsqu’elle vit du coin de l’œil un poing se serrer et trembler tandis qu’il mugissait toujours contre elle. Les coups, elle les connaissait. Mais de là à dire qu’elle y était habitué… On ne s’habitue jamais réellement à la violence. Ses paupières s’étaient crispées, ses lèvres s’étaient pincées et les larmes lui montaient aux yeux, cependant, Búchanán eut l’air de réussir à se contenir et, en un mouvement de corps rageur, il s’était levé et éloigné d’elle. Ysée ne bougea pas durant un moment, tendant juste l’oreille pour voir s’il partait définitivement ou pas. Apparemment, oui. Ses pas se dirigèrent loin, jusqu’à ce que le bruit d’une personne se frayant un chemin dans la végétation, écartant branches et en écrasant d’autres au sol, fut enfoui dans le silence de la nuit. Elle aurait du en rester là, tout naturellement. Le souci fut qu’il s’était excusé avant de s’en aller et, malgré qu’elle avait fait la sourde, ces mots étrangers à son oreille l’avait percutée de plein fouet, plus fortement que s’il l’avait roué de coups. Elle y vit là la fameuse fenêtre qui s’entrouvrait sur cette âme torturée et, instinctivement, avait fini par le poursuivre dans le sous-bois, se faisant la plus silencieuse possible. Ce qui n’était pas nécessaire car, furieux, le barde faisait énormément de bruits.

Le clair d’une lune quasiment pleine éclaira alors le musicien qui alla se prosterner près du ruisseau, en une courbure du dos qui exprimait toute la lassitude qu’il devait ressentir. Ysée, derrière un arbre, le regarda, incapable de lui indiquer sa présence pour l’instant. Elle avait l’impression de l’espionner et n’aimait pas cela. Cela dit, peut-être qu’elle comprendrait un peu mieux ce phénomène si elle l’observait tandis qu’il se croyait seul… En effet, ce qu’elle pensait à son sujet se confirma. Il était si triste qu’Ysée, pendant un court instant, oublia ses propres peines. Après quelques temps où régna à nouveau un silence de plomb, elle s’avança vers lui d’une démarche qui se voulait assurée et se tint derrière lui, sans rien dire. Il se retourna ; ses yeux plongèrent dans les siens et Ysée sentit en elle quelque chose de particulier. Non pas de l’amour, une forme de compassion, mais plus profonde encore. Elle comprenait tellement sa colère mêlée d’un chagrin si intense que les paroles ne pourraient même pas le décrire. Elle aurait voulu lui sourire, ou partager ses larmes, qu’importe, tant qu’elle lui faisait un signe. Néanmoins, son visage resta de marbre, l’halo lunaire intensifiant sa pâleur naturelle, et elle ne lâcha pas le visage de Búchanán de son regard sombre.





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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyVen 30 Jan 2015 - 21:52


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Tout ce qu'il peut détester en ce triste monde, il le reproduisait en ce moment. Ces horreurs qui le hantent et qui étaient son quotidien durant son enfance se propageaient en lui. Jamais Búchanán n'avait porté de coup à quiconque sans raison et il l'avait évité de justesse il y a un instant. Sa colère avait rarement autant pris le dessus sur lui. Il était arrivé à un tel point de rage qu'il ne contrôlait plus rien de ses gestes et de ses pensées : il agissait. Le jeune homme était terrifié par lui-même. Il avait peur de devenir comme ceux qu'il haïssait du plus profond de sa chair. Et il était là, avachi et prosterné devant son reflet qui l'écoeurait. Il avait envie de vomir pour ce qu'il venait de faire. Le barde refusait cet héritage et ne voulait pas le poursuivre. Cette idée le hantait depuis toujours. Mais il y avait comme une autre personne en lui, corrompue et méchante, prête à prendre les commandes de son corps. Le pire était qu'il prenait un malin plaisir à nourrir cette chose, elle lui faisait se sentir plus fort, comme s'il était un autre homme. Búchanán était instable dans sa tête, très lunatique, comme s'il marchait constamment sur des roches prêtes à se détacher de la paroi et le précipiteraient dans le vide. Normal après qu'on l'aie détruit mentalement, il ne reste plus que des miettes. Sa confiance en lui était comme anéantie et de se voir ainsi le rendait plus pathétique.

Une brindille brisée et Búchanán se détourna de l'onde. Il vit Ysée et une grande honte envahit immédiatement son coeur. Ils se regardèrent dans les yeux, mais c'était trop pour que le barde puisse en supporter : il se couvrit le visage de ses deux mains, étalant les dernières gouttes d'encre noire sur sa joue. La cicatrice n'était plus camouflée et on pouvait aisément voir l'immonde boursouflure rosâtre défigurer son visage. Ne me regarde pas ainsi, par pitié. Pourtant, il était le seul coupable dans cette histoire : Ysée n'y était pour rien, elle était juste tombée sur la mauvaise personne. Celle qui était coupable de sa propre naissance. Il ne pleurait pas, cela faisait longtemps que toutes ses larmes étaient sèches, il était angoissé et déboussolé. TSa voix, qui jusque là n'avait été que profondeur et assurance, était devenue fragile et mal assurée. Tous ses repères s'étaient effondrés autour de lui. Ce visage blanchâtre qu'il voyait à travers ses doigts le terrifiait d'autant plus. Est-ce une apparition divine ? Vient-elle me chercher pour ma naissance impie ? Il redevenait fou. Búchanán n'avait qu'une envie, c'était de s'arracher la peau de sa tête en s'enfonçant les ongles dans le cuir de ses longs cheveux et de tirer petit à petit. Laissant lentement la peau sanguinolente se décrocher des ses os à vifs. Il était mal dans sa peau, il se sentait pathétique. Il voulait mourir en cet instant. Le barde ne comprenait pas pourquoi il ressentait tout cela. Comment une inconnue pouvait le déstabiliser autant ?


 

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptySam 31 Jan 2015 - 16:08


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Quand il se retourna, Ysée eut l’impression d’avoir un miroir en face d’elle. Cela lui fit un tel choc… Elle s’aperçut de la cicatrice qui était restée dissimulée jusqu’ici, rouge et laide, sur les joues du barde, mais c’était son regard qu’elle fixait. Cette vieille plaie ne la rebutait pas, elle en avait vu d’autres. Mais ces yeux… Les gens voyaient-ils la même chose, la même tristesse quand ils la regardaient ? Rejetait-elle la même image que Búchanán à cet instant ? Elle en frissonna. Elle comprenait pourquoi on ne la voulait pas souvent auprès de soi ; elle n’était pas d’une compagnie, au premier coup d’œil, qui donnait envie de connaître. Elle aurait du s’en sentir peinée mais quelque chose d’étrange émergea dans sa tête, comme si une petite fleur qui était restée jusque là tapie sous un manteau de neige se mit à éclore enfin, sous les premiers rayons d’un soleil timide. Le musicien cacha son visage blafard derrière ses mains, crispées comme des serres, les ongles incrustées dans la chair jusqu’à l’os. Il ne put donc voir le léger sourire naître sur la bouche d’Ysée. La jeune femme, pour la première fois de sa vie, sentait qu’on pouvait la comprendre. C’était une sensation si nouvelle qu’elle sentit aussitôt que cela était peut-être unique en ce monde.

Un moment, elle se crut prise de folie. Un homme pleurait, prostré dans l’herbe humide et froide, et elle, elle se sentait revigorée. Pourtant, ce n’était pas de ses larmes qu’elle se délectait. C’était juste le fait de rencontrer quelqu’un de si semblable à elle-même dans ses malheurs, si détruit par l’existence et par les autres, si fragile, tout autant qu’elle si ce n’était plus. Jamais elle n’avait cru que cela pouvait arriver. Même Isolde, qui n’était qu’un petit grain de poussière ballotée par les vents, tout comme elle, ne lui avait pas semblée si démunie et si malheureuse, Ysée avait vu qu’elle pourrait très bien s’en sortir avec un peu de persévérance et d’audace. Elle ne traînait pas derrière elle un si lourd fardeau de souvenirs plus sombres les uns que les autres qui jouait le rôle d’un boulet accroché à la cheville. Car le passé pouvait être vu ainsi, empêchant, parfois, d’avancer vers la lumière. Ysée sentait que, chaque jour, elle devait lutter contre le poids qui écrasait son cœur, qui essoufflait son âme et la maintenait dans un état léthargique, pitoyable, de femme abattue. Elle avait parfois la force de trouver un semblant de dignité, brefs instants de sa vie où la haine jouait le rôle de bouclier. Búchanán faisait de même. Il haïssait pour ne pas aimer, il haïssait car seule la haine arrivait à le garder en vie, à le garder actif et solide face au monde. C’était une chose triste mais qu’Ysée comprenait parfaitement.

Elle s’avança vers lui et ses gestes, lents et calculés par un instinct affectueux, furent pour lui. Elle vint se mettre contre son dos, sa poitrine menue se soulevant au rythme d’un cœur étrangement apaisé. Elle entoura cet être détruit de ses bras maigres et elle se mit à le serrer tendrement, son menton calé dans le creux de sa nuque et de son épaule. L’odeur de cet inconnu lui apparut familière, réconfortante. A un moment, le cœur qui battait plus vite du barde ralentit, s’adaptant à celui d’Ysée. A moins que ce ne fut l’effet de son imagination ? Doucement, en un faible murmure, elle se mit à chanter une mélodie pleine d’espoir, une mélodie qu’elle avait souvent entendue à Minas Tirith et qui lui donnait du baume au cœur quand, de la fenêtre de sa chambre au bordel, elle l’entendait, perçant l’obscurité de ces nombreuses nuits de perdition… Peut-être la connaissait-il aussi, et peut-être savait-il la jouer ?


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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyDim 1 Fév 2015 - 14:52


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Búchanán se raidit au contact d'Ysée. Il avait sentit ses mains caresser son dos puis aller se loger contre son torse. Elle serrait le barde contre son corps, accrochée, comme si elle voulait protéger une chose précieuse. Il n'avait pas l'habitude du contact humain et essaya de se soustraire à ce geste d'affection, mais elle tînt bon et insista. La jeune femme le faisait dans un geste totalement désintéressé. Elle ne pouvait voir qu'une misérable créature, pitoyable dans la boue qui semblait porter toute la misère du monde et perdre totalement pied, et pourtant elle lui tendait une main chaleureuse.

Sa respiration s'était petit à petit calmée. Il avait finalement accueilli cette caresse en serrant le poignet d'Ysée. Búchanán ne comprenait pas pourquoi elle lui accordait encore de l'attention, alors qu'il s'était conduit comme le dernier des connards. Jamais il n'aurait pu imaginer une telle réaction. Le barde se sentait important dans les yeux de quelqu'un, cela faisait longtemps qu'il n'avait plus ressenti ça. Peut-être n'était-il pas au final qu'une simple enveloppe charnelle dépourvue d'intérêt, errant à travers les terres sans but.

Ysée entonna une chanson qui l'avait tôt fait de le calmer et d'abattre ses derniers remparts. Il se laissa totalement allé au son de sa voix dans un soupire las et apaisé. Le jeune homme connaissait cette mélodie ; il la chantait même souvent après ses longues journées. Elle était synonyme d'espoir et lui apportait du réconfort. Dès qu'il le pouvait, il la chantait. Mais seulement pour lui, jamais il ne l'avait chantée en public.

Il ne l'avait pas interrompue, car il respectait la voix d'une chanteuse et ne voulait pas parasiter son univers. Et pour une fois qu'on lui chantait une chanson rien que pour lui. Il avait savouré la moindre note, le moindre changement de timbre de sa compagne. Une fois qu'elle eut terminé, il se décrocha de son étreinte, doucement en des gestes calculé et se mit face à elle. Il lui prit les mains et la regarda dans les yeux. Il hésita sur les mots et semblait perdu. Búchanán craignait une chose plus que toutes en cet instant : se confier, il ne s'en sentait pas capable. Qui es-tu vraiment ? sa voix était douce et espérait un réponse.  

 
 

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyDim 1 Fév 2015 - 21:30


Pauvres âmes en perdition.
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Il s’était détaché d’elle, en douceur. Le changement chez cet homme fut radical, passant d’un état de colère et de tristesse frisant la folie à une sérénité. Le calme après la tempête, disait-on. Ysée accueillit cette métamorphose avec une joie non dissimulée, souriant pleinement à son compagnon. Il lui fit face, gardant ses mains au creux des siennes malgré une certaine gêne. La peau rêche contre ses doigts à l’épiderme si fin lui fit un drôle d’effet. C’était bel et bien des mains d’homme mais elles n’avaient rien à voir avec toutes les pairs qui avaient foulé et ravagé son corps à maintes reprises par le passé. Elle y trouvait une tendresse que jamais elle n’aurait pu imaginer venant d’un homme. Elle lui souriait toujours, ses yeux glissèrent sur sa cicatrice où l’encre noire restait encore accrochée à quelques endroits, diluée. Une de ses mains se retira de la douce poigne du barde et le bout de ses doigts vinrent caresser la vieille blessure, elle passa fébrilement d’un bout à l’autre son index dessus tout en se demandant d’où venait une telle plaie. Ce fut à ce moment-là qu’il lui demanda qui elle était. Ses lèvres s’étirèrent davantage tandis qu’elle remettait sa paume contre celle de Búchanán.

« Ysée. Une souillon de Minas Tirith. Je fuis mon ancienne vie de débauche non désirée... et tous les maux rattachés à cette ville maudite. Je voyage avec comme seul bagage l’espoir d’une vie meilleure. »

Elle le regarda ainsi encore un long moment. Ysée sentait qu’elle devait parler car, lui, en l’occurrence, ne souhaitait pas le faire. Elle avait apparemment beaucoup plus facile que lui à exprimer ouvertement ses pensées. Alors qu’il avait la musique et le chant, elle, qu’avait-elle pour extérioriser ? Elle ne pouvait que parler ouvertement de ce qu’elle avait derrière la tête, sans ambages, et c’était donc ce qu’elle faisait d’entrain, sans user d’aucun autre moyen de communication que la confidence. Pourquoi lui avait-elle si vite avoué sa véritable nature, qui n’était que source de honte et d’humiliation ? A Isolde, elle n’avait point osé. Devant lui, elle déclarait aussitôt qu’elle n’était qu’une catin de bas étage, d’une des classes sociales les moins respectées dans ce monde. Peut-être parce qu’il lui semblait que, lui aussi, n’était vu que comme une erreur par tous. Il lui apparaissait absurde qu’il puisse la juger et se moquer d’elle et, inconsciemment, cela avait attiré sa totale confiance. Effectivement, le regard de Búchanán ne changea pas en une mine méprisante, et elle en fut ravie, même un peu soulagée. Dans un souffle, elle ajouta, ne cessant toujours pas de sourire :

« Je puis être une amie, aussi. »


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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyMar 10 Fév 2015 - 19:28


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Cette caresse de la jeune femme provoqua des décharges électriques sur toute la peau qu'elle touchait. Búchanán s'était tout d'abord rétracté par défiance devant sa main qui semblait vouloir toucher sa cicatrice. Il n'était pas habitué à voir autant d'attention de la part d'une parfaite inconnue. Pourtant, elle n'était absolument pas dégoûtée de toucher sa monstruosité ; elle n'en prêtait que peu d'importance. Le barde se sentit apaisé à ce contact, mais il ne tarda pas à lui poser une question de peur qu'elle ne lui demande comment il obtînt cette marque.

Ysée lui apprit qu'elle avait été une catin de Minas Tirith. L'homme comprenait parfaitement qu'elle devait détester cette ville qui représentait pourtant une source d'inspiration pour ses chants. Ça ne devait jamais être facile pour la jeune femme. Búchanán connaissait ces lieux, pour les fréquenter de temps en temps, et se rendait compte de la cruauté auxquels certains hommes faisaient recours. La plupart ne prenait pas de gants de douceur pour traiter ces femmes. Quand il y allait, il était toujours respectueux envers elles. Tout le monde mérite le respect quelle que soit l'instant, en connaissant ou non la personne. Il était content qu'elle se soit ainsi confiée à lui, bien qu'il doutait de pouvoir lui rendre l'appareil. Tout ce qu'il affichait était un visage fermé, compatissant. Elle lui proposa même de devenir son amie, mais il se détourna d'elle, recouvrant une expression sombre, et regarda son reflet dans l'eau. Il retira les dernières traces d'encre, puis se leva doucement. Je doute que tu ne veuilles de moi comme ami.

 

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyVen 8 Mai 2015 - 14:48


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Ysée ne comprit pas du tout la réponse du barde. Il ne refusait pas son amitié mais lui intimait que la sienne la rebuterait, sans même laisser place au doute. Pourtant, Ysée, de son côté, ne voyait pas ce qui pouvait autant rendre détestable sa compagnie. Il était un ménestrel, voyageant, menant une vie très simple sur les routes, et n'avait pas grand-chose à offrir, c'était vrai. Mais Ysée ne cherchait pas spécialement le confort financier ou matériel, ni même la présence de quelqu'un de remarquablement brave ou aventurier. La compagnie d'une âme douce lui suffisait, quelqu'un qui pouvait quelque peu l'aider dans la vie, même juste à se débrouiller par elle-même, cela lui suffisait amplement. Quelle était donc l'obscure raison qui l'avait poussé à émettre cette étrange réponse ? Ysée fit la moue, lâcha les mains un peu brusquement et baissa le menton, déçue.

« Je ne comprends pas. Tu veux plutôt dire que tu ne veux pas de moi. Car... Je ne vois pas en quoi tu pourrais me gêner. Je n'ai personne et je ne suis pas exigeante, comme tu pourrais t'en douter... » Une larme perla au coin de ses paupières. « J'ai rarement pu goûter au bonheur. J'espérais... J'espérais ne plus être seule, c'est tout. Je suis désolée. »

Elle se redressa sur ses jambes, les dépliant avec lenteur, ayant perdu de ses forces sous la lourdeur de son chagrin. La vie, décidément, ne voulait lui offrir aucun répit, aucun réconfort, pas une seule miette de joie. Même une créature aussi désemparée qu'elle ne désirait pas la côtoyer...

« Mène-moi n'importe où de plus sûr et je ne t'embêterai pas plus longtemps. » dit-elle dans un souffle.




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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyDim 31 Mai 2015 - 0:09

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La jeune femme lui lâcha soudain les mains, extirpant le jeune homme de sa rêverie. Elle n’était pas du toute satisfaite de sa réponse, ce qui se comprenait. Elle semblait être qu’une femme perdu dans les remouds épuisants de la vie et avait donc espérait trouver en Búchanán un quelconque soutien sur lequel elle pourrait s’appuyer. Mais le barde ne se sentait pas les épaules pour supporter un tel poids. Il avait toujours été solitaire et ne pouvait pas penser à quelqu’un d’autre que lui-même. La vie était déjà assez difficile sans devoir s’inquiéter d’une autre personne. À la différence d’Ysée, lui se battait pour survivre et ne se laissait pas aller à ses sentiments qui parfois pouvait le pousser dans de profondes noirceurs que seul un être couard ne pourrait surmonter. Il faut du courage pour affronter les épreuves de la vie.

Il se releva et ne souhaita même pas s’expliquer avec elle. A quoi cela servait à part parler pour rien ? Búchanán ne voulait pas plus se dévoiler et referma directement son cœur, le rendant totalement impénétrable à quiconque désirait le percer.

Les deux voyageurs parcoururent beaucoup de lieues avant d’arriver dans un village. Le soleil laissait sa place petit à petit au manteau de nuit et il était temps pour eux de s’arrêter pour dormir. Il ne servait à rien de se risquer à continuer leur route. Les brigands hantent ces lieux. Ils entrèrent dans une auberge qui faisait également taverne. Allier l’utile à l’agréable. Cela faisait plaisir au barde qui n’avait qu’une hâte, c’était de boire un bon pichet de bière. Il demanda deux chambres qu’il payerait à ses frais. Malheureusement, l’aubergiste n’avait plus qu’une chambre à leur proposer. Bah, il dormira sur le sol et laissera le lit à Ysée.

Leur ventre criait famine et ils se dirigèrent à l’intérieur de la taverne. Les deux vagabonds comprirent vite pourquoi l’auberge n’avait plus de chambre. L’ambiance était vive en ce lieu. Un groupe de musicien y tenait une petite prestation et tous étaient à leur table à manger sans prêter attention au spectacle. Il y avait de quoi. Un homme se trémoussait sur scène, vraisemblablement ivre. Le public lui lançait d’ailleurs leur nourriture pour le faire cesser cet embarra. Ysée et Búchanán s’installèrent à une table de libre et ce dernier lui demanda ce qu’elle désirait manger. Il l’invitait. Avec cette marche, les esprits s’étaient calmés et semblaient vouloir passer une bonne soirée. On prit rapidement la commande et ils mangèrent à leur faim.
Les hommes alentours étaient de plus en plus agacés par le pathétique numéro du pseudo artiste. Ysée encourageait le barde à monter sur scène avec son luth, mais il n’avait pas vraiment envie de se montrer en public ce soir. Mais devant son insistance il céda.

« Viens avec moi aussi. Tu chanteras et je jouerai. Tu as une magnifique voix Ysée. Prends courage, je t’aiderai. »

Son regard se voulait insistant. Pour la guider, il lui dit le titre de la chanson et la chantonna même. Elle était très connue dans le Gondor. Un dernier sourire pour mettre toutes les chances de son côté pour qu'elle accepte.

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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyMar 30 Juin 2015 - 18:30

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Buchanan & Ysée
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Le revirement de situation plut beaucoup à Ysée. La rencontre avait été houleuse, très délicate, ils avaient tâtonné l'un envers l'autre sans trop savoir que dire ni que faire. Des émotions avaient éclaté, maladroites, rendant l'atmosphère lourde d'embarras. Finalement, tout cela s'évapora comme explose une bulle de savon, discrètement, sans qu'aucun des deux ne semblent avoir envie de reparler de ce départ gênant. Ils s'étaient levés, ensemble, et avaient marché un certain temps pour enfin arriver à une taverne. Ysée se sentit rétrécir sur elle-même, elle détestait ce genre de lieux et le fait d'entendre les rires tonitruants d'un certain nombre d'hommes la remplissait d'angoisse. Elle fit pourtant bonne figure, trop timide pour demander à son nouveau compagnon de rebrousser chemin. Il paraissait avoir très envie d'être ici et elle ne souhaitait pas aller à l'encontre de ce qu'il voulait, au risque de le frustrer, de l'ennuyer et de lui donner l'envie de l'envoyer balader. Il semblait assez instable pour lui dire de dégager aussitôt, sans réflexion au préalable, et elle le craignait fortement.

Une fois dedans, elle eut le ventre noué par l'appréhension mais, étrangement, les choses se déroulèrent sans problèmes. Au contraire, tout se passa très bien. Si ce n'était la musique, le chant et la danse d'un olibirus passablement éméché qui foutait l'ambiance de la soirée en l'air, agaçant la clientèle plutôt que la divertir, tout était parfait. Ysée but un peu et mangea à sa faim, ce qui n'avait plus été son cas depuis ce qui lui semblait être des siècles. Elle dévora son auge avec une voracité qui éberlua son compagnon. Elle nia le regard en biais qu'il lui jetait, sentant déjà le rouge lui monter aux joues. Une fois fini son repas, elle s'essuya la bouche du revers de sa manche puis fit un rot qu'elle ne put réprimer. Elle s'excusa puis rit, accompagné rapidement par Buch', même si ce rire avait encore une ombre de réticence. L'alcool les aidait à s'alléger l'esprit, à devenir plus insouciant, à oublier un peu leurs passés respectifs.

Ysée eut alors l'idée de proposer à son nouvel ami de prendre la place du clown qui faisait un tapage assourdissant, ainsi juché sur une des tables. Buch' ne voulut pas au début mais Ysée, un peu soûle, insista tellement qu'il finit par se lever pour y aller. Il lui proposa alors de venir avec lui. Elle hésita. Mais devant les yeux lumineux du barde, brillant de malice et de confiance, elle se leva à son tour et monta sur la table avec lui. L'autre gars grogna puis voulut descendre pour leur laisser la place ; il tomba lourdement de la tablée et ne se releva pas du sol, ronflant alors bruyamment. Ysée le fixa avec perplexité avant d'éclater de rire, la force de son éclat de joie allié à l'alcool la fit tanguer.

Buch' sortit alors son luth et entonna les premières notes. Il chanta le début et Ysée, rapidement, prit la relève. Sa voix manquait d'assurance et bien vite la foule en contrebas scanda à son adresse de chanter plus fort. Ysée frémit, elle manquait de confiance. Elle jeta un regard à Buch' qui l'intima affectueusement d'y aller plus franchement. Ysée sourit, reprit son souffle et haussa le ton. La mélodie et sa voix, claire et légère, éclatèrent dans la salle et finirent par soumettre le public à un silence respectueux ; la musique pénétrait doucement leur cœur.


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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyLun 6 Juil 2015 - 14:07

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Une joie certaine s’était dessinée sur le visage du barde après qu’Ysée ait accepté de chanter. Armé de son luth, il bondit sur scène, laissant – par sa plus grande délicatesse – la jeune femme derrière lui. Il avait attrapé un tabouret au passage pour lui et le plaça à l’extrémité du centre de la scène ; c’était Ysée la vedette. Il appuya un regard assuré sur elle. Une certaine animosité la tenait alors que les yeux se posaient sur ce petit bout de femme. Tout se passerait bien.

Búchanán laissa alors ses doigts glisser sur les cordes froides de son instrument. La mélodie envahit rapidement la pièce ainsi que sa voix légèrement feutrée, seulement audible pour Ysée. Elle s’aida au début et quand le barde jugea qu’elle se sentait à l’aise, il se tut, la laissant poursuivre son chant comme celui d’un oiseau. Ce n’était qu’une question de confiance en elle. Cela le musicien l’avait compris à force de la côtoyer durant ces dernières semaines. Ysée était une femme qui manquait cruellement de confiance en elle. Une femme qui a dû être brisée par bons nombres d’hommes peu scrupuleux. Mais au fur et à mesure que la chanson avancée, l’ex-catin voyait sa voix plus assurée et forte pour le grand bonheur du public qui était pendu à ses lèvres. Un sentiment de fierté anima les traits du jeune homme qui était heureux pour son amie. Oui, il pouvait l’appeler « amie », car elle avait su le supporter et, en un sens, apaiser ses démons.

La chanson prit fin et un silence pesant s’installa dans la pièce avant qu’il ne soit brisé par les applaudissements des personnes. Búchanán bondit de son siège et sauta de la scène, attrapant le chapeau de l’ivrogne qui n’avait pas bougé depuis le début. Il le tendit vers le public pour récolter quelques pièces. Chaque occasion était bonne pour se faire un peu d’argent. Le chapeau se remplissait jusqu’au moment où le barde tombât sur un ivrogne peu engageant.

« Hey ! Tu crois vraiment que je vais donner une seule pièce à un balafré qui se prend pour un elfe ? » lui dit-il en l’empoignant par le col de sa chemise.

Búchanán sourit à cet homme chauve, dévoilant toutes ses dents légèrement jaunies par ses années d’ivrognerie et piocha une pièce dans le chapeau qu’il lui jeta à la figure.

« Allez, j’vais être généreux avec toi… Prends ça et va t’acheter des cheveux. »


Il savait pertinemment ce qui allait lui arriver, mais l’alcool le faisait prendre des risques. Le pauvre vit le poing de l’homme se lever, prêt à s’écraser dans son visage. Il parvint à s’échapper au dernier moment en se baissant et l’ivrogne frappa la personne devant lui. Et comme une avalanche de rochers, l’effet fut tel que ce fut la pagaille dans l’auberge. Búchanán mit le chapeau sur sa tête avec les précieuses pièces à l’intérieur et rampa à travers les hommes qui se battait. Il tentait de se frayer un chemin entre les jambes et sous les tables pour rejoindre Ysée restée sur la scène. Le barde tendit ses bras dans sa direction et lui intima de sauter. Il la rattrapa et empoigna sa main pour quitter cet endroit mal famé. Ils passèrent entre les brigands et grimpèrent jusqu’à leur chambre. Il est évident que Búchanán profita du brouhaha pour voler une bouteille d’hydromel.

Ils arrivèrent dans la pièce et le jeune homme laissa éclater son rire, fier de ce qu’il avait provoqué en bas. Il se laissa tomber sur le sol au pied du lit et but à grandes gorgées de sa boisson bénie.

« C’était grandiose ! » lâcha-t-il à son amie.  


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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptySam 1 Aoû 2015 - 15:52

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Buchanan & Ysée
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Ysée eut du mal au début mais grâce aux oeillades encourageantes de son ami barde, qui avait bien plus l'habitude qu'elle, la jeune chanteuse finit par prendre assez d'assurance pour que sa voix porte jusqu'au bout de la salle. Elle passa du murmure d'un oisillon au chant du coq, éclatant au grand jour et éveillant les esprits engourdis. Avec un plaisir non feint, prouvé par son sourire grandissant, Ysée put voir que le public gardait un silence respectueux, la majorité étant de toute évidence ébahis devant elle. Leurs yeux, agrandis et humides par l'émotion, la lorgnaient, sans que cela ne la gêne. Il y avait autant de femmes que d'hommes, et leurs yeux ne brillaient pas de lubricité, de ce fait, la damoiselle chantait sans se sentir mal à l'aise, finalement. Elle fermait de temps en temps les yeux, se laissant porter par sa propre voix qui virevoltait dans l'atmosphère enfumé par les volutes de diverses pipes. Elle s'oublia presque, toute perdue dans sa chanson mélancolique, son cœur gonflé d'émotions nouvelles.

La mélopée prit fin, tout naturellement, la faisant rouvrir les paupières. Elle réalisa qu'elle avait tout donné, tous les sentiments enfouis en elle s'était évaporé par le biais de ces paroles douces-amères. Quelques spectateurs avaient la bouche bée, ce qui la fit rire sous cape. Elle rougit quand, un par un, les personnes se mirent à applaudir. Buch' piqua le chapeau de l'un d'eux pour faire le tour et récolter un peu d'argent. Les pièces cliquetèrent joyeusement, rendant fière la jeune femme, jusqu'à ce qu'un des types balança une remarque désobligeante sur le physique de son ami. Celui-ci lui répliqua quelque chose qu'elle ne put entendre à cause du brouhaha qui revenait dans l'auberge, mais l'air taquin qu'il avait ne lui disait rien de bon. En effet, le poivrot réagit par un coup de poing, raté en beauté, qui vola jusque dans la face d'un autre client.

Il n'en fallut pas plus pour foutre un sacré ramdam dans toute la salle. Les femmes s'écartèrent en piaillant tandis que les hommes se jetèrent l'un sur l'autre, défendant un ami ou profitant de l'occasion pour tabasser un vieil ennemi ou pour juste se défouler. L'alcool faisait bien des ravages, se disait Ysée en haut de son perchoir d'où elle pouvait voir les esprits s'échauffer sous le drapeau de la violence. Elle ne semblait pas vouloir réagir tout de suite, toute choquée qu'elle était de voir que les coups pouvaient partir si vite pour un rien, et ce fut sûrement pour ça que Buchanan prit les devants et lui ordonna de sauter dans ses bras. Elle obéit docilement, ne se faisant pas prier ensuite lorsqu'il l'embarqua par la main en dehors de la taverne. Il chipa une bouteille au passage, chose qu'Ysée réprouvait au fond d'elle-même. Une fois éloignés de la masure d'où les cris colériques des brutes se faisaient encore entendre, il déboucha l'élixir de miel et but à grosses goulées avant de s'exclamer, ravi, que cela avait été grandiose. Ysée sourit et acquiesça, par pure politesse, et se força à rire avec lui pour ne pas l'embêter. Au fond, pour elle, cela n'avait été que de la barbarie, un trop plein de testostérone qui avait explosé, une preuve de plus que l'homme était une créature bien stupide.

« Que fait-on, maintenant ? » dit-elle lorsque le barde eut cessé de ricaner, lui prenant la bouteille des mains pour y boire quelques gorgées qu'elle savoura malgré son manque d'habitude de l'alcool. Sucré à souhait. « On va chanter ailleurs ? » Dans ses yeux brillaient à nouveau l'éclat de plaisir qu'elle avait eu en déclamant sa sérénade devant un public ; elle était impatiente de remettre ça.

 


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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyDim 2 Aoû 2015 - 20:39

Búchanán a écrit:
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La fougue des événements se dissipant, le rire du barde s’estompa petit à petit. Ysée lui avait pris son hydromel des mains pour en boire quelques gorgées. Cette soirée avait été un véritable succès, bien qu’il aurait pu récolter plus d’argent, mais cela allait pouvoir payer leur prochaine nuit dans une auberge. Cette jeune femme avait une voix incroyable. Elle avait été capable de capter l’attention du public durant toute la chanson, malgré sa grande timidité. Vraiment cela avait fait un immense plaisir à Búchanán qui avait pu se remplir les poches par la même occasion.

« Et bien, maintenant on dort. Et on verra ce que l’on fera demain. En tout cas avec cet argent, on pourra facilement se payer des nuits de rois. » répondit-il à la jeune femme.

C’était sa façon d’être : ne pas réfléchir à ce que sera demain et de vivre au jour le jour. Cele lui compliquait moins la vie et soulageait le fardeau des voyages qu’il portait sur les épaules. Pour lui, c’était clair que demain il ne serait pas au même endroit. Tel était sa vie ; il ne se voyait pour en aucun cas sédentaire à rester dans un seul endroit toute sa vie et enchaîné à une femme. Non, il était trop libre pour cela. Il regarda la jeune femme assise sur le lit et lui offrit un sourire. Il était content de savoir qu’elle avait pris goût au chant et voulait renouveler cette expérience excitante. L’appel du public et des acclamations avait ce côté exaltant. Búchanán lui assura qu’ils quitteraient ce village pour le prochain et chanteraient à nouveau. Puis il se tourna et s’endormit rapidement sur le plancher de l’auberge. Il n’avait jamais eu l’intention de dormir avec Ysée. Elle s’était confiée à lui sur son ancienne vie qui était lourde en émotion. Personne ne l’avait respectée, alors il lui avait laissé le confort du lit pour elle seule. Elle l’avait mérité après ce qu’elle avait fait durant cette soirée.

Au lendemain, ils rassemblèrent leurs quelques affaires et quittèrent le village. Ils voyagèrent longtemps, durant de longs jours mais toujours porté par une amitié grandissante. Certes elle avait été fragile à ses débuts, mais maintenant ils se connaissaient et savaient anticiper les réactions de l’un et de l’autre. C’était un soulagement pour Búchanán de l’avoir à ses côtés, car elle avait appris à le canaliser au fil du temps. Ils avaient partagé bons nombres d’aventures et de scènes, traversant les villages du Gondor et chantant chaque soir pour se faire de l’argent. Vivre au jour le jour. Mais le temps les rattrapait et ils étaient finalement arrivés aux frontières du Gondor. Le barde lui avait promis de l’y conduire et voilà chose qui était faite. Les deux voyageurs se retrouvaient pour la dernière fois dans une auberge devant un repas. Une certaine mélancolie habitait le cœur du jeune homme à l’idée de dire au revoir à son amie.

« Tu as un peu changé Ysée. » commença-t-il après avoir bu de l’hypocras. « Il y a quelque temps, une jeune femme peu sûre d’elle et pleurnicharde, prête à se laisser mourir s’était présentée à moi. Et voilà que maintenant se dresse une Ysée qui a pris un peu plus confiance en elle. Tu es capable de chanter devant un groupe de personnes, alors qu’avant tu en étais incapable. Je suis heureux d’avoir fait ta connaissance, mon amie. »

Il disait cela dans un flot d’émotions qui le submergeait à l’idée que c’était certainement leur dernière soirée avant que leur chemin ne se sépare. Búchanán s’était peu à peu attaché à cette ancienne femme de plaisirs. Mais il lui avait fait la promesse de la conduire aux frontières du Gondor, alors c’est ce qu’il avait fait. C’est pour cela que cette dernière soirée, il allait la savourer. Il plongea alors son regard sur son assiette, car il n’avait pas l’habitude de se confier ainsi à des personnes et avait l’impression que c’était un signe de faiblesse. Mais, dans le fond, il avait apprécié ces moments avec la jeune femme.



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MessageSujet: Re: Des âmes égarées [Ft. Ysée]   Des âmes égarées [Ft. Ysée] EmptyLun 3 Aoû 2015 - 0:34

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Buchanan & Ysée
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Même si l'apprentie chanteuse fut déçue de ne pas aller chanter ailleurs, elle hocha joyeusement du chef pour donner son accord comme quoi ils iraient dormir et que, demain, elle pourrait à nouveau sentir le même plaisir qu'elle avait connu ce soir pour la première fois. Dans la chambre, ils ne tardèrent point à se coucher, son ami lui laissant sans discuter la couche douillette pour se blottir à même le sol, sur le tapis près de la cheminée au feu mourant. Ysée, avec un élan de tendresse, étala la couverture de laine sur le somnolent avant de s'enfouir elle-même sous le fin drap. Elle rejoint le pays des rêves un petit sourire sur ses lèvres, la tête pleine de nouvelles chansons. La mélopée de ce soir lui trotta à l'esprit et la berça jusqu'à son assoupissement complet.

Les lendemains furent sous une bonne étoile. Ils vécurent quelques moments difficiles, des embuscades pas bien méchantes et quelques complications dans leur relation, qui était celle de deux êtres torturés ayant du mal à se trouver une place dans ce monde. Toutefois, ces biens tristes événements restaient très brefs et un nouveau souffle de joie les balayait rapidement, ne tarissant pas longuement leur petit bonheur composé de plaisirs simples de la vie. Ysée, plus tard, pourrait sans gêne se vanter de leur franc succès ; de tavernes en auberges, ils faisaient des ravages, le talent de Buchanan allié à la voix cristalline de la jeune putain fendaient les cœurs les plus coriaces. Ysée put voir des hommes à l'allure de balourd pleurnicher sur des paroles sentimentales et voir des femmes qu'elle pensait dépressives en début de soirée éclater de rire, se mettre à danser comme si elles pouvaient s'envoler. Les soirées se ressemblaient sans se ressembler vraiment ; s'ils avaient à peu près le même registre de chansons chaque soir, le public, différent tout le temps, donnait à chaque fois une note unique à leur concert. Ils amassèrent vite une belle somme d'argent et jamais plus ils ne durent dormir à la belle étoile. Le barde put même s'adonner à son petit plaisir en alcool, s'offrant souvent une belle bouteille d'hydromel ou d'hypocras, n'ayant plus à les voler. Ysée y prit un peu goût, sans trop oser boire car elle avait une assez mauvaise expérience des personnes sous les effets de l'alcool. Fort heureusement, Buchanan, ayant trop bu, avait plutôt à se mettre à ronfler n'importe où. Ysée dut quelques fois le tirer d'un lourd sommeil et le tirer jusqu'à leur chambre, tout cela en riant du fait qu'il tanguait et se cognait un peu partout.

Ce bonheur irradiait d'eux, malgré qu'ils n'avaient pas de bien grand avenir, et aucune ambition à long terme. Ils vivaient au jour le jour. Pour la catin, c'était une nouvelle vie comme elle avait rarement espéré, pensant que cela lui était tout bonnement impossible. Prendre conscience qu'elle se trompait à ce sujet la ravissait. Le temps passa, et bientôt arriva le jour funeste de la séparation. Ils étaient près des frontières, là où Buchanan et Ysée avaient décidé de cheminer ensemble avant de prendre chacun une route différente. Leur décision n'ayant pas changé, n'aspirant pas aux mêmes choses finalement, cette soirée était définitivement leur dernière en tête-à-tête avant un long, très long moment. Qui pouvait prédire qu'ils se reverraient, eux qui n'avaient pas de domicile où s'envoyer des missives ? Comment se donneraient-ils des nouvelles en étant toujours sur la route ? Impossible, tout simplement impossible. Seul la providence les ferait se revoir et Ysée, malgré la chance qu'elle avait eu, ne pensait pas possible une telle aubaine. Ce repas avait le goût amer des adieux et la jeune fille picorait du bout de son trident les bouts de pommes de terre. Son nez plongé dans son auge, elle évitait le regard de son ami en face d'elle, de peur de fondre en larmes devant lui. Et elle savait qu'il n'aimait pas trop les gens qui pleurent. Elle l'entendit boire une gorgée de son vin aux épices puis se racler la gorge avant de lui dire :

« Tu as un peu changé, Ysée. Il y a quelque temps, une jeune femme peu sûre d’elle et pleurnicharde, prête à se laisser mourir s’était présentée à moi. Et voilà que maintenant se dresse une Ysée qui a pris un peu plus confiance en elle. Tu es capable de chanter devant un groupe de personnes, alors qu’avant tu en étais incapable. Je suis heureux d’avoir fait ta connaissance, mon amie. »

Elle leva les yeux, des yeux larmoyants. Sa lèvre tremblait. Son visage tout entier exprimait la peine qu'elle avait à ne pas exploser de chagrin. Elle se força à garder bonne figure, se raclant elle-même la gorge plusieurs fois, en vain ; lorsqu'elle parla, ce fut d'une voix étranglé, comme si on l'étouffait.

« C'est grâce à toi, tout ça. Sans toi, je serais morte, certainement... Tu m'as appris beaucoup de choses ces deux derniers mois. Je te remercie du fond du cœur. » Elle lui prit la main et la serra dans sa petite paluche pâle. « J'ai enfin compris ce qu'était un ami. »

Ils allèrent se coucher peu de temps après, tous les deux reniflant comme des morveux. Ils dissimulaient leurs émotions à l'autre, surtout Buchana qui était bien fier, mais ils se savaient violemment peinés par cette séparation. La nuit fut courte pour Ysée qui fit des cauchemars et ne cessa de se réveiller. A l'aurore, le ciel à peine rosé par un soleil timide, elle alla se coller contre Buchanan et là seulement elle put s'endormir pour les dernières heures qui restaient. A leur éveil, ils n'avaient aucune motivation lors de la préparation de leurs maigres bagages. Ils prirent leur temps, ne se pressèrent pas. Le temps passa pourtant et ils arrivèrent bien trop vite au moment fatidique. L'un en face de l'autre, droits comme des bouleaux, ils se lorgnèrent, n'ayant pas l'air de croire une seconde que c'était là l'ultime fois qu'ils se parleraient.

« Bon, hé bien, nous y voilà. » dit Ysée d'un ton ténu, qu'un murmure dans la fraîcheur matinal. « Adieu, Buchanan. Et merci pour tout. »

Elle l'enlaça, longtemps, le serrant de toutes ses forces. Ils s'embrassèrent sur les joues qui ruisselaient de larmes salées. Le barde tourna le dos le premier et prit une route qu'Ysée ne connaissait pas du tout. Elle ne savait pas trop où il allait mais savait juste qu'il continuerait la même chose qu'ils avaient fait ces derniers semaines. Pour sa part... Elle ne savait pas trop. Elle avait voulu s'éloigner de Minas Tirith, c'était là son seul but. Que faire à présent ? La jeune fille se sentait perdue, et terriblement seule. Elle inspira profondément et entama sa propre route, un peu plus vers le sud cependant, espérant tomber sur un village. Il lui restait un peu d'argent mais elle ne tiendrait pas plus que quelques jours avec ce qu'elle avait.
 


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