C'est qui ce type ? [Pv Chandalen]

C'est qui ce type ?

Cela faisait déjà des semaines qu'il broyait du noir, triste et léthargique, le regard fade et la peau blafarde. Il avait constamment des poches sous les yeux, noircies jour après jour par le manque d'un véritable sommeil, car le sien était sans cesse parsemé de réminiscences d'un temps désormais révolu. Il avait toujours ce visage pour le hanter, celui aux traits qu'il savait par cœur, celui qui n'avait jamais plus eut aucun secret pour lui que ce lui qui venait d'éclater. Selen, sa belle Selen, celle en qui il avait voué une confiance aveugle au prix d'un amour transcendant, l'avait salement abandonné pour une vie de pirate. Son amour au prix de la gloire, c'était donc ça ? Pour lui, c'était tellement plus.

L'homme ajusta son plastron, les mirettes toujours aussi dépourvues de l'étincelle qu'elles abritaient jadis,  assis sur un banc devant les portes de la ville, alors qu'il se préparait pour un raid de surveillance aux alentours. Ce n'était pas tant les brigands qu'il guettait, ces derniers temps, mais davantage les menaces telles que les orcs et les wargs, qui s'étaient faits de plus en plus nombreux à rôder dans le coin, à massacrer les brebis des bergers et à tuer les enfants des fermiers. Chandalen savait ce qu'il avait à savoir à ce sujet ; il avait déjà affronté des orcs par le passé, et il comprenait à quel point la menace était grande, et à quel point les choses risquaient d'être difficiles à l'avenir, si leur présence se faisait plus intrusive.

Depuis qu'il avait récupéré son poste, son travail n'avait jamais été aussi bon qu'il ne l'était. Peut-être que le manque d'intérêt cuisant pour tout ce qui l'entourait en était la cause, mais il fallait bien dire que sans Selen pour lui faire tourner la tête, il n'avait d'autre choix que de se donner corps et âme pour son village. Il enfila ses dernières protections quand un homme qui discutait plus loin vint s'asseoir à ses côtés, et commenta l'épée qui était appuyée sur le banc à ses côtés. Interpelé par cette voix, Chandalen se redressa, observant la garde de son épée. C'était une lame qu'il avait de longue date, forgée à la manière des hommes du Nord, d'où il tenait ses racines. Au bout de la garde était incrusté une magnifique pierre aux teintes ambrées qu'il avait fait ajouter par la suite : c'était un cadeau qui lui venait de Brogar, un ami de longue date. Elle était de bonne facture, cette lame : idéale pour le style de combat du jeune homme, et facile à manier pour quelqu'un de sa carrure.

« C'est une lame qui me vient de mes ancêtres de Forodwaith » commenta-t-il en la présentant à l'intéressé, pour lui donner à voir la qualité du métal et son tranchant. Elle n'avait rien à envier aux épées des rohirrims, non plus qu'aux sabres des suderons. Finalement, le guerrier replongea bien vite dans son silence désormais habituel, sans même avoir pris la peine de lever les yeux pour voir à qui il avait à faire. Il tira sur les derniers cordages à nouer sur ses protections de poignet avant d'être une nouvelle fois interrompu dans son mutisme par les paroles de l'inconnu. Il avait des comptes à rendre au chef du village, ça oui, aux villageois eux-même, potentiellement. Mais à quelqu'un comme lui ? Et puis.. C'était qui d'abord, ce type ? Il se pointait comme ça ici pour lui demander des nouvelles sans même se présenter, que cela en était presque intrusif. Chandalen leva finalement son regard vers lui, surpris par des iris aux teintes étonnement bleues et limpides, loin de son opale fadeur à lui. Le jeune guerrier se racla la gorge, reprenant son épée qu'il glissa dans son fourreau attaché dans son dos.

« Cela fait un moment qu'on a pas croisé d'orc. Ça ne saurait tarder, nous avons eut quelques messages des villages plus à l'ouest où il y a eu du mouvement. » Il ne doutait absolument pas qu'il soit le plus qualifié d'entre les soldats de la garde – c'était justement pour sa bravoure et sa dextérité qu'il avait été nommé commandant. Chandalen avait toujours la volonté d'être le meilleur, et si une seule chose ne pouvait changer chez lui malgré son état apathique, c'était bien ça. Mais il était curieux de savoir qui était celui-ci qui venait aux nouvelles sans même se présenter. « Je ne vous ai jamais vu dans le coin » se contenta-t-il de dire, histoire que l'autre s'étale sur ce qu'il pouvait donner comme informations avant que Chandalen ne quitte le village pour une ronde de garde.








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