Des engins comme vous, devrait y'avoir une notice ! (DALOR)

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Des engins comme vous, devrait y'avoir une notice !

« Ça marche ! Mais tu m'en dois une, Borch. Je la retiens, celle-là ! Allez, à ce soir. Si vous n'avez pas peur que je vous plume ! »

Ilhy leur fit un sourire et pénétra enfin chez elle. Elle revenait de la taverne où elle et ses compagnons les gardes avaient joué. Elle avait gagné, haut la main, et ledit Borch lui devait donc l'équivalent d'une moitié de salaire, ce qui lui convenait totalement. Dans un grognement de soulagement, elle laissa tomber ses fourreaux et ses fourrures sur un fauteuil et s'y affaissa à son tour. À gestes saccadés, elle retira les bottines de ses pieds meurtris puis alla attiser le feu, le pantalon bouffant relevé sur les genoux dévoilant ses mollets pâles. Elle regarda un instant le feu, pensive, puis se redressa avec espoir. Mais non - elle avait dû rêver. Elle avait cru entendre toquer. Elle soupira et s'étira avant de faire chauffer l'eau du bain. Elle en avait bien besoin, après son entraînement du matin. Son corps entier était courbaturé. Elle avait tendance à négliger l'hygiène, parfois, et elle savait qu'elle aurait du faire des efforts de ce côté là. De toute façon, elle n'avait pas le choix : ses cheveux étaient poisseux de sueur et sa main droite, ayant reçu un mauvais coup, portait du sang coagulé. Elle fit chauffer une théière et alla prendre son bain.

Cheveux propres brossés en arrière en une tresse qui flottait jusqu'au bas du dos, le visage débarbouillé de sa crasse et des vêtements propres - une chemise de lin, un corsage et un pantalon bouffant - elle se sentait bien mieux comme ça. L'odeur de sueur n'avait pas eu l'indécence de la suivre : elle fleurait bon le sapin et les herbes. Elle se servit une tasse de thé fumant et se brûla la langue. Elle sortit des gâteaux au miel et aux épices, et s'installa près du feu avec un livre et du courrier. Elle repéra rapidement une lettre de son père. Elle eut un tremblement puis se raidit.

« Allez, c'est pas une missive qui va te manger » murmura t-elle d'un ton où, pourtant, l'angoisse semblait chevillée à son ventre.

Elle soupira, pieds nus, et s'assit dans le fauteuil en tailleur. La chaleur de la cheminée, toute proche, était agréable mais n'arrivait pas à chasser l'inquiétude. Elle savait que son père ne lui écrivait pas pour rien. Elle déchira le sceau de cire cachetée et se mit à lire l'écriture penchée et délicate. Ilhy se mordilla la lèvre et inspira avant de lire. Globalement, le message était positif. Son père était fier d'elle, même si sa mère avait manqué de faire une attaque quand elle avait su que sa fille était entrée dans la Garde. Ilhy eut un grognement en lisant cette ligne et lut la suite avidement. Son père lui avouait avoir joué dans sa réussite, ayant accepté l'offre et donné son aval. Ilhy sentit un battement de coeur rater. Elle écarquilla les yeux et posa la lettre, n'ayant pas encore fini de lire. Mais elle avait besoin de digérer ça. Elle s'adossa au dossier, et but son thé refroidi, totalement ankylosée. Son père avait aidé. Son père, qu'elle avait toujours pris pour un horrible bonhomme, ne voulait que son bien ... Depuis quand ? Elle était choquée. Dans le bon sens.

Cette fois, elle n'avait pas rêvé ! Elle avait bien entendu toquer ! Durant une seconde, elle se rappela des paroles de Dalor, qu'elle n'avait pas revu depuis. Elle secoua la tête - c'était surtout Borch ou Grad qui venaient parce qu'ils avaient une question ou une inquiétude. Sans prendre le temps de mettre des chaussures ou de rabaisser le pantalon sur ses mollets - après tout ils avaient déjà vu bras, épaules et mollets nus, entre combattants - elle alla ouvrir en grommelant.

« Vous pouvez plus vous passer de moi ? Je sais que je suis bien meilleure que vous aux armes, mais ce n'est pas une rai- wstflg. » Elle avait littéralement baragouiné les dernières syllabes, alors qu'elle avait ouvert la porte d'un coup sec, certain de voir le visage rubicond d'un de ses amis.

Techniquement, c'était un ami aussi. Un peu moins rubicond, un peu plus grand, un peu moins familier. Un peu plus Dalor, en fait. Elle écarquilla les yeux, un instant surprise, puis éclata de rire.

« Tu as frappé à combien de maison avant de trouver ? » le taquina t-elle avec curiosité. Si il avait réellement mis son plan à exécution, il risquait d'avoir cherché longtemps. Ou peut-être pas. Peut-être avait-il eu de la chance. « Entre. Tu veux du thé ? »

Elle l'invita à entrer et le guida jusqu'au salon, où ses armes et ses fourrures traînaient encore. Quelques fauteuils sur des tapis moelleux faisaient face à un feu ronronnant, et l'odeur du thé flottait, tiède et sucré. Elle se tourna vers Dalor, l'oeil brillant. Elle était contente de le revoir. Elle avait cru qu'il était parti avant d'avoir eu le temps de la revoir. Elle avait cru qu'il n'avait pas eu envie de la revoir. Elle alla mettre de l'ordre dans ses lettres, et rangea la plume et le papier, car elle avait eu dans l'idée de répondre à son courrier. Mais c'était plus intéressant de parler avec Dalor.

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Voila bien deux semaines que sa petite altercation avec Ilhy avait eut lieu. Depuis, il n'avait pas eut grand chose de bien intéressant à faire ou du moins qui sorte de l'ordinaire. Il avait, comme d'habitude, profité de sa solitude retrouvée pour dormir le plus possible et écouter le silence. De nombreuses fois, il avait repensé à sa rencontre avec la naine, se maudissant encore de ne pas avoir vu tout de suite qu'elle n'était pas un homme et se demandant souvent s'il retournerait la voir comme il le lui avait suggéré avant de s'en aller de son côté.

D'un certain côté, il aimait bien la solitude, et puis il se demandait si elle n'avait pas pris ses dernières paroles comme une sorte de politesse maladroite, ne s'attendant pas du tout à le revoir de si tôt. D'ailleurs, peut-être avait-elle aussi eut ce genre de politesse étrange qui voulait que l'on dise aux gents qu'on voulait les revoir alors qu'on en pensait pas le moindre mot en réalité. Dalor préférait qu'on lui dise carrément qu'on ne voulait plus le revoir plutôt que de faire semblant de le retrouver quand on le croisait.

Mais c'était justement parce qu'il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était comme lui dans le fond, qu'il ne pensait pas qu'Ilhy soit le genre de personne à avoir ce style de comportement... Non, elle lui aurait surement clairement dit qu'elle ne voulait surtout plus avoir à faire à lui dans l'avenir... Et d'ailleurs, lui aussi il aurait eut cette franchise car il ne voulait pas se comporter de la façon dont il exécrait qu'on le fasse avec lui.

Il avait tout de même mis deux semaines à se décider de mettre sa promesse à exécution et d'aller en quête de la maison d'Ilhy sans trop savoir où elle se trouvait exactement. Le seul indice qu'il possédait, c'était qu'elle était plus ou moins voisine de celle de Raeryan... Son plan était donc simple, allez devant chez Raeryan et frapper à toutes les portes jusqu'à ce qu'il trouve la bonne...Il en aurait peut-être pour la journée, ou plusieurs jours, mais quitte à retourner toute la montagne, il la trouverait tout seul cette foutue baraque.

Vêtu comme de coutume, sans manteau, Dalor était donc sortit de chez lui, direction la maison de Raeryan dont il connaissait le chemin par coeur depuis le temps. Une fois arrivée à destination, le nain réfléchit un instant. Il y avait des maisons des deux cotés de celle de Raeryan... Il suffisait qu'il parte du mauvais côté et il sonnerait dans le vide pendant un bon moment... Durant une minute, la tentation de simplement demander à Raeryan où se trouvait la maison d'Ilhy lui sembla la meilleure solution... Mais il ne pouvait s'empêcher de vouloir voir la tête de la naine quand il lui dirait qu'il avait sonné à toutes les portes entre la sienne et celle de l'infirmière. C'était étrange, mais il avait envie de la faire rire encore et tant pi si c'était à ses dépends parce que ça l'amusait lui aussi finalement.

Il commença donc sa recherche, en prenant place devant la première porte qui suivait celle de Raeryan, priant Mahal pour qu'il ne se barre pas du mauvais côté de la rue... Trois coups.... Il entendit quelqu'un arriver de l'autre côté et bientôt la porte s'ouvrit... Mais le vieux nain au crâne dégarni qui se trouvait face à Dalor n'était décidément pas Ilhy... Le nain d'escorte haussa les épaules et sans un mot pour le pauvre vieux, se dirigea vers la maison d'à côté... Il s'arrêta devant la porte et frappa... Mais il tomba sur une femme enceinte... Encore loupé...

En toute honnêteté, il ne compta pas le nombre de portes où il frappa pour rien, mais il se rendait bien compte que les nains commençaient à remarquer son petit jeu et certains semblaient de plus en plus agacés par son manège, surtout à son âge . S'il était enfant, ils l'auraient peut-être excusé... Dommage qu'il ne connaisse pas de môme sinon il lui aurait dît d'aller frapper à sa place... Grommelant de plus en plus dans sa barbe, Dalor enchaînait les maisons sans trouver la bonne et commençait de plus en plus à se dire qu'elle habitait surement du côté opposé... Quelle idée lui avait-il pris de lancer une idiotie pareille ? Il ne s'était pas attendu à ce que la tâche soit si ardue...

Dalor frappa une nouvelle fois et si fit vertement enguirlander par une naine armée d'un rouleau à pâtisserie et lui hurlant dessus parce que sa tarte allait bruler à cause de lui. Elle avait même refermé sa porte d'un coup sec avant même qu'il s'éloigne en quête de la porte suivante... Vexé de se voir fermer la porte au nez, Dalor flanqua un coup de pied dedans avant de le regretter vertement.

- Rah ! Saleté de bonne femme mal lunée !

Décidément... On pouvait parler du sale caractère des nains, les naines ne valaient certainement pas mieux... Toujours ronchon et commençant sérieusement à se lasser de ce petit jeu qu'il avait pourtant lui-même mis en marche, Dalor se dirigea vers la maison suivante, puis encore la suivante, puis encore une et encore une... Il était quelque peu blasé quand il arriva à la nouvelle maison...

- Oh c'est pas vrai ! S'exclama-t-il en voyant apparaitre un nain assez agé encore une fois. La maison d'Ilhy elle est ou ?

- C'est juste à côté jeune homme. Inutile de crier, ça arrive à tout le monde de se tromper d'une porte...

Une porte ? Une porte ?! Mais il avait remonté presque toute la rue et ne voyait plus la maison de Raeryan depuis longtemps... Ou alors c'était parce qu'il avait vu trop de porte en peu de temps... En tout cas, il avait eut une bonne nouvelle, la maison d'après serait la bonne.Soupirant et se retenant d'aller tordre le cou de ce vieillard, Dalor quitta la maison et se rendit devant la porte suivante avant de frapper contre le bois et d'attendre avec un air nonchalant, le bras droit tendu, la main appuyé contre la pierre du mur qui la soutenait.

« Vous pouvez plus vous passer de moi ? Je sais que je suis bien meilleure que vous aux armes, mais ce n'est pas une rai- wstflg. »

-Bonjour Lança-t-il plutôt fier de voir qu'elle était surprise par l'identité de son invité surprise. Tu attendais peut-être quelqu'un d'autre ?

Car après tout, elle semblait bien s'être attendue à quelqu'un d'autre l'attendant de l'autre côté de la porte.

« Tu as frappé à combien de maison avant de trouver ? »

- Toutes celles entre la tienne et celle de la maison de Raeryan...

Et le pire, c'était qu'il était finalement fier de ses âneries.

« Entre. Tu veux du thé ? »

Dalor accepta l'invitation et suivit Ilhy à l'intérieur où l'air était nettement plus agréable que dehors. Un feu ronflait doucement dans la cheminée et il pris place là où elle le lui indiquait.

- Merci pour le Thé.

Il remarqua alors dans quelle tenue elle se trouvait et en fut légèrement surpris avant de se souvenir qu'elle était tout de même chez elle et qu'elle avait bien le droit de se mettre à l'aise dans sa propre maison... Mais tout de même, la moitié de ses jambes étaient nues.

- T'as pas froid aux pieds ? Demanda-t-il mine de rien.

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Tous les matins, elle avait entraînement. Ilhy se levait aux aurores, allait prendre un petit déjeuner tantôt à la taverne tantôt chez Raeryan, elle s'habillait avec son uniforme puis allait prendre sa place dans le groupe. S'ensuivaient course, échauffements, jeux armés et passes d'armes. Durant des heures, les corps s'échauffaient, et la rousse aimait cette ambiance bonne enfant et pourtant cruciale. Elle avait appris à faire avec les courbatures, avec ses après-midis de libre quand elle n'avait pas garde, avec les journées hachées au rythme des surveillances, les nuits courtes et inachevées. Et, franchement, elle ne s'en sortait pas mal du tout. Elle était contente de vivre comme ça, et elle n'aurait pas choisi d'autre façon de vivre, même si elle avait eu le choix. Ne plus vivre dans un milieu noble était plus un soulagement qu'autre chose, et pouvoir subvenir à ses propres besoins avec son travail, ne pas vivre aux crochets d'une fortune familiale était une petite fierté qu'elle ressassait devant sa cheminée.

Elle aimait revenir en fin de matinée et se détendre un peu avant d'aller prendre un repas. Aujourd'hui, sa séance s'était terminée plus tôt que d'habitude, mais elle n'avait pas été mécontente de rentrer chez elle. Elle n'avait cependant pas espéré être dérangée, si l'on pouvait appeler ça ainsi. Elle avait cru que c'était ses camarades, ou Raeryan peut-être. Le fol espoir que ce soit effectivement ce fou de Dalor qui avait toqué à chaque porte lui avait traversé rapidement l'esprit pour s'enfuir aussitôt. Faire ça, c'était ridiculement long, et surtout stupidement mignon. Chercher comme ça, au lieu de demander, par pur hasard du jeu. Ilhy trouvait ça mignon, oui. Alors, quand elle le vit apparaître, dans l'embrasure de la porte, dans l'air frais du dehors, elle resta immobile, totalement ahurie, avant de prendre un air joyeux et sincère. La surprise était réelle, impatiente et quasi-palpable.

« Pas exactement. Je ne m'attendais pas à te voir. T'es en retard. Non pas que je t'ai attendu pendant deux semaines, hein » rétorqua t-elle pour devancer les idées (vraies) qu'il aurait pu se faire. « Je viens de rentrer d'entraînement. J'espère que tu ne t'es pas trop perdu ! »

Elle éclata d'un rire enjoué qui résonna un instant dans l'air froid avant qu'elle ne referme la porte. Toutes les portes ? Par Mahal, ça en faisait un paquet. Raeryan vivait à quelques minutes de chez elle, mais il devait bien y avoir une quinzaine de bâtisses entre deux. Si il avait toqué à chacune d'elle ... La rousse lui jeta un regard en coin et trouva ce côté beau joueur très agréable. Il n'avait pas demandé à Raeryan. Elle ne doutait absolument pas de sa parole. Elle l'invita à la suivre dans le salon et rangea un peu en réalisant le désordre. En tout bien tout honneur, l'endroit était plutôt bien rangé, hormis des livres et des armes qui traînaient, négligemment abandonnés.

« Désolée pour le désordre. J'aime pas ranger. Tiens, prend des gâteaux aussi. Si ils sont aussi bons, c'est qu'ils ne sont pas de moi - soit on me les offre, soit j'en pique chez Raeryan. Je suis une catastrophe en cuisine. Je te préviens au cas où, un jour, je t'invitais à manger. Refuse. C'est une condamnation à mort » fit-elle en riant et en posant une tasse de thé et l'assiette de douceurs sur la table basse.

Alors qu'elle finissait de bourrer les fourrures sales et les armes dans un coin, la remarque de Dalor parvint à ses oreilles. Elle baissa les yeux et réalisa qu'elle était pieds nus, mollets voyants. Elle faillit lâcher l'épée qu'elle tenait et recula à temps pour sauvegarder son petit doigt de pied droit. Elle se pencha pour rabaisser les bas de son pantalon en maugréant : « Désolée je ne m'en rendais pas compte, mes camarades ont l'habitude, ils ont plutôt tendance à regarder par où je les attaque plutôt que mes jambes, désolée, c'est ... ça se fait pas. » On aurait dit qu'elle avait débité tout cela d'un coup sans respirer, les joues écarlates.

C'était indécent de sa part d'avoir montré ses mollets. Habituellement ça ne la gênait pas : les autres nains avec qui elle se battait avaient l'habitude. Ils ne la voyaient pas comme, disons, une naine. Ils la voyaient comme celle qui leur flanquait une rouste quand ils en avaient besoin. Mais Dalor ... C'est différent, non ? songea t-elle sans réussir à mettre le doigt sur pourquoi. Elle toussota et se redressa après avoir lissé ses affaires, pour se donner contenance.

« Hem. Voilà. Je suis un peu plus présentable. Et mes pieds n'ont pas froid. J'aime bien marcher à pieds nus. » Elle alla s'asseoir en face de Dalor et prit sa tasse dans ses mains en s'asseyant sans ménagement en tailleur, ses pieds cachés par ses genoux. « T'as vraiment toqué à chaque porte ? T'es fou. »

Mais ça sonnait comme un compliment, avec une voix vibrante d'admiration et d'amusement. Qui, parmi ceux qu'elle connaissait, aurait été capable de jouer le jeu, d'avoir la patience ? Elle eut un sourire qu'elle dissimula derrière sa chope de thé et observa Dalor. Cela faisait déjà deux semaines ? Elle avait l'impression que ça faisait deux jours. Sa présence lui semblait presque ... familière.

« Alors, dis-moi, qu'as-tu fait durant ces deux longues semaines ? » Elle s'étira, et fut soudain contente de ne plus être dans l'auberge enfumée. Ils étaient tranquillement chez elle, et pour une fois, elle ne prenait pas la présence de quelqu'un comme une intrusion. Quelques rares avaient cette chance. Raeryan, notamment, qui pouvait faire comme chez elle. « J'avais cru que tu étais reparti, pour escorter une caravane. »

Ce n'était pas un reproche. Et puis, pourquoi parler de ces fois où alors qu'on toquait à la porte, elle avait espéré que ce soit lui ? C'était idiot. Elle sentit la chaleur de sa chope entre ses mains, et se pencha pour attraper un gâteau au miel et aux épices. Sucré et un peu piquant, juste de quoi réchauffer agréablement le gosier. C'était son péché mignon.

« T'es venu pour qu'on mette à plat notre bagarre ? Histoire de voir que je suis la plus forte ? » gloussa t-elle en pliant son bras droit comme pour montrer qu'elle avait des muscles. Elle gloussa encore et manqua de s'étrangler avec une miette de gâteau. Ce qui, avouons-le, manqua de panache.

Elle toussota et passa son index recourbé sur son nez, geste de gêne chez elle. Ilhy reposa sa tasse après l'avoir fini, laissant la chaleur se répandre dans son corps courbaturé. Elle était bien, et elle ne se sentait ni la pression de devoir faire la conversation ni la peur de ne savoir quoi dire. Parce que, décidément, ça venait tout seul. C'était naturel. Elle jeta un regard sur les lettres posées sur le guéridon et chassa de ses pensées la nouvelle qui l'avait chamboulée, concentrant son regard clair sur le visage de Dalor.

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« Pas exactement. Je ne m'attendais pas à te voir. T'es en retard. Non pas que je t'ai attendu pendant deux semaines, hein. Je viens de rentrer d'entraînement. J'espère que tu ne t'es pas trop perdu ! »

Perdu... Non, il savait se rendre jusque chez Raeryan sans problème et ensuite, il avait suivit les portes cote à cote. Il n'avait donc pas réussit à se perdre. Le nain était entré en se contentant d'un signe négatif de la tête puis il l'avait suivit dans sa pièce principale où quelques affaires traînaient un peu. Surement celles dont elle se servait le plus souvent. Il n'y pris pas vraiment garde, n'étant pas lui-même un maniaque du rangement. Il vivait dans une petite maison en ordre, mais il n'avait pas tellement de mérite, il n'avait pas énormément de possession. A l'époque, c'était par manque de moyen, à présent c'était surtout parce qu'il n'y voyait pas tellement d'utilité car il passait plus de temps sur les routes que dans sa maison.

« Désolée pour le désordre. J'aime pas ranger. Tiens, prend des gâteaux aussi. Si ils sont aussi bons, c'est qu'ils ne sont pas de moi - soit on me les offre, soit j'en pique chez Raeryan. Je suis une catastrophe en cuisine. Je te préviens au cas où, un jour, je t'invitais à manger. Refuse. C'est une condamnation à mort »

- J'aime pas ranger non plus. Répondit-il en prenant place comme elle l'invitait à le faire.

Il ne se fit pas prier pour prendre un petit gâteau et le fourrer aussitôt dans sa bouche. Il n'avait pas vraiment faim à vrai dire, mais il avait toujours une petite place pour quelques douceurs... Dalor avait peut-être bien le défaut d'être un peu trop gourmand.Mais bon, ça n'était pas un défaut bien grave. La demoiselle s'activait, Dalor lui fit vaguement remarquer qu'elle avait les mollets à l'air. Il n'avait jeté qu'un petit coup d'oeil, le temps de se rendre compte, mais il devait admettre être curieux dans le fond car il n'avait encore jamais vu les mollets d'une femme... Ni même ses pieds nus d'ailleurs... Dalor ne s'attardant jamais à regarder les femmes naines plus que nécessaire, il n'avait donc jamais eut l'occasion de voir l'une d'entre elles plus dévêtue que ne l'exigeait la bienséance.

« Désolée je ne m'en rendais pas compte, mes camarades ont l'habitude, ils ont plutôt tendance à regarder par où je les attaque plutôt que mes jambes, désolée, c'est ... ça se fait pas. »

Dalor haussa les épaules avant de marmonner en observant sa tasse de thé.

- J'ai pas regardé.

Pas qu'il pense qu'elle l'accusait de s'être rincé l'oeil, mais plutôt pour lui faire savoir qu'il n'en n'avait pas profité pour le faire justement. Peut-être était-ce par ce qu'il savait bien qu'il n'avait pas à voir ce genre de chose à moins d'être marié avec la naine en question, ou bien simplement par timidité... Ou même encore s'agissait-il de quelques réminiscences de l'éducation de sa chère maman... Allez savoir... Quoi qu'il en soit, la curiosité de Dalor n'avait pas été assez forte pour le laisser regarder quelque chose de défendu.

« Hem. Voilà. Je suis un peu plus présentable. Et mes pieds n'ont pas froid. J'aime bien marcher à pieds nus. »

Ce n'est qu'à ce moment là qu'il consentit à cesser d'admirer sa tasse comme s'il s'agissait de la huitième merveille du monde. Il vit la jeune naine s'installer en tailleur, cachant bien vite ses pieds sous ses jambes de nouveaux totalement couvertes et prendre sa tasse.

« T'as vraiment toqué à chaque porte ? T'es fou. »

Dalor reposa la tasse sur la table après en avoir bu une gorgée avec moins d'empressement qu'il n'en n'avait à boire ses bières. Le thé, c'était chaud et il n'avait pas envie de s'ébouillanter le gosier.

- Bien sur que je l'ai fait... Si tu me crois pas, demande à tes voisins ils te dirons tous, entre la maison juste avant la tienne et celle juste après celle de Raeryan, qu'un nain bizarre est venu frapper à leur porte avant de partir sans rien dire vers la maison suivante.

Mine de rien, ça lui avait quand même pris presque une heure cette histoire. Observant son ôte, il se demandait s'il devait prendre ses dernières paroles comme un reproche ou non. Une fois de plus, il adopta ce regard pensif et fixe pour observer la naine qui lui faisait face. Perdu au plus profond de ses pensées sans avoir réellement de fil conducteur, il avait conscience d'avoir un regard trop insistant, mais puisque ça ne le gênait pas lui, il ne voyait pas l'intérêt d'arrêter ce genre de regard. A la limité, cela trahissait seulement les moments où il était quelque peu paumé dans son raisonnement.

« Alors, dis-moi, qu'as-tu fait durant ces deux longues semaines ? J'avais cru que tu étais reparti, pour escorter une caravane. »

Dalor nia d'un lent signe de tête. Il n'avait pas eut de nouvelles de Baìn et il voyait ces deux semaines comme des vacances improvisées.

- J'ai dormi...

Bien sur, il n'avait pas dormi vingt quatre heures sur vingt quatre pendant deux semaines, mais il s'était reposé... Ca avait été sa principale activité et il en avait eut besoin. Ses nerfs étaient mis à rude épreuve durant les voyages et ses nuits étaient fort courtes et perturbées puisqu'il lui fallait faire des rondes et des gardes pour s'assurait que personne ne profitait du soir pour venir voler.

- J'ai fait quelques travaux aussi.. Dans ma maison... Rien de bien spécial, juste pour que ça reste debout... Et j'ai un peu vendu sur le marché il y a deux jours... Deux semaines, c'est longs... Je pense que Baìn aura bientôt besoin de moi.

Il était rare que son patron ait un trou si grand entre deux caravanes, mais il avait relativement bien vendu la dernière fois et Dalor avait entendu dire qu'il avait revendu ici une partie de la marchandise qu'il lui avait fait racheter et ramener de l'Ered Luin.

« T'es venu pour qu'on mette à plat notre bagarre ? Histoire de voir que je suis la plus forte ? »

Dalor eut un rire sarcastique et bref. Mais il n'était pas vexé, il commençait à comprendre la plaisanterie bien cachée derrière la provocation.

- Je m'en voudrais de mettre le bordel dans ta maison pour laquelle tu viens de te donner tant de mal pour la ranger... Ironisa-t-il.

Alors ainsi elle rentrait de l'entrainement ? N'avait-elle pas eut assez de bagarre pour la journée ? Si les entrainements étaient les mêmes qu'à l'époque, ça n'était pas de tout repos...

- Ca va mieux les courbatures ? Avec le temps tu aurais dût commencer à t'y faire non ?

Il avait bien remarqué, deux semaines plus tôt, qu'elle n'avait eut de cesse de s'étirer, surement pour soulager des courbatures au dos et aux épaules. Il avait connu ça dans son temps et il se rappelait qu'avec la force de l'habitude, les douleurs étaient moins nombreuses et moins systématiques.

- Je t'ai coupé dans ton courrier ? Demanda-t-il en jetant un coup d'oeil au tas de parchemins qu'elle avait observé un instant plus tôt.

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J'aime pas ranger. Elle eut un petit sourire par-devers elle en finissant de ranger rapidement. Bizarrement, ça ne l'était pas qu'il n'aime pas ranger. Non pas qu'il ait l'air négligé, mais il ne semblait pas non plus être un maniaque de l'organisation et du rangement. Elle le vit du coin de l'oeil enfourner un gâteau et se félicita de ne pas avoir essayé de les faire elle-même. Sa cuisine était réellement expérimentale et totalement écoeurante. Elle faisait rarement ses plats elle-même, elle avait bien essayé mais elle avait été malade. Ce n'était pas un de ses dons, voilà tout, se disait-elle pour être optimiste. Dans le fond, elle se disait qu'elle ferait une très mauvaise épouse, comparée à Raeryan qui avait tout pour en être une bonne, une excellente. En tout cas, Rae n'aurait jamais laissé ses jambes et ses pieds nus devant un presque-étranger. Elle aurait été un exemple de bienséance, plutôt que l'exemple de familiarité que représentait Ilhy. La rousse avait un peu honte, mais c'était chose faite, hein ?

Elle haussa un sourcil et vit qu'il avait le regard vissé à sa tasse de thé. Elle eut envie de lui répliquer qu'elle n'avait peut-être pas d'assez beaux pieds pour qu'ils regardés, peut-être, mais cela aurait été sous le coup de la vexation enfantine. Elle savait que ce n'était ni à dire ni à faire, et qu'il avait fait montre de politesse, voilà tout. Elle en fut reconnaissante, après les quelques secondes où elle se sentie repoussante. C'était idiot de penser comme ça. Elle était certaine que la plupart de ses collègues ne regardaient pas non plus, et elle ne se sentait pas vexée pour ça. C'était idiot. Et sa faute, aussi : elle aurait dû être un peu plus présentable.

« Oh mais je ne remettais pas en cause la véracité de tes dires ! Je te crois tout à fait. C'est juste que ça semble vraiment fou. Je t'admire : tu as joué le jeu. »

Elle imaginait très facilement le nain faire ce qu'il avait dit : toquer aux portes, et en voyant que ce n'était pas elle, repartir sans aucun commentaire, laissant les voisins perplexes, voire agacés. Elle eut un nouveau rire et l'observa. Oui, vraiment, celui-là était vraiment fou. Original. La plupart des nains qu'elle connaissait aurait préféré demander et avoir l'information dès le début, voyant tout cela comme une perte de temps.

Il avait dormi ? « Pendant deux semaines ? » gloussa t-elle d'un air malicieux. Elle n'imaginait pas réellement qu'il n'avait fait que dormir, mais c'était bien plus drôle de le lui laisser croire. « Que ça reste debout ? C'est une maison ou une ruine ? » fit-elle d'un air curieux. C'est vrai que si il habitait Ered Luin, il devait avoir un chez lui. Bizarrement, ça ne lui avait pas sauté aux yeux. Où pouvait-il bien habiter ? « Tu as vendu quoi comme marchandises ? Si j'avais su, je serai venu te dire bonjour. »

Elle remarqua le ton ironique et lui glissa un regard de défi. D'un autre côté, elle était bien rassurée qu'il ne prenne pas ses élucubrations pour un réel désir de combattre. Disons qu'elle n'était pas encore assez folle pour se voir gagnante. Mais une partie d'elle était curieuse de savoir combien de temps elle tiendrait. Alors qu'elle massait inconsciemment son épaule droite, la remarque de Dalor la surprit. Il avait fait attention à ça ?

« Hem, j'en ai toujours un peu après les entraînements. J'ai les épaules tendues de nature. Mais ... ça va. Merci. » Ce n'était pas de l'inquiétude. Sûrement pas. Juste une remarque polie. Rien de plus.

Elle jeta un nouveau regard aux lettres ; elle n'avait pas été aussi discrète que ce qu'elle avait voulu. Elle hésita un instant à parler de la nouvelle qui la bouleversait, puis elle trouva ça trop personnel, cela les gênerait tous les deux. Elle secoua donc la tête doucement.

« Non, aucun problème. J'avais fini de toute façon, rien d'important » mentit-elle sans conviction. Elle n'avait jamais été douée pour mentir, mais elle espérait qu'il ne relèverait pas. Elle préféra enchaîner avec autre chose. Ilhy, la reine de la subtilité. « J'ai parlé de toi à Raeryan. Je n'ai pas posé de questions gênantes et elle ne m'a rien dit qui ne soit indécent sur toi - comme tes blessures, ou des trucs personnels, tu vois ? J'ai pas demandé. J'ai jugé que ça se faisait pas. » Raeryan avait dit du bien de lui. Elle le jugeait être quelqu'un de bien, apparemment.

Ilhy se resservit du thé et prit un autre gâteau qu'elle grignota. Elle continuait d'observer Dalor, d'un air curieux. Elle remarqua qu'une bûche était un peu tombée et tisonna le feu, penchée sur son fauteuil.

« Je me demandais ... si ... Si j'arrivais à prendre un congé, ou quelque chose du genre, tu voudrais bien me montrer des endroits sympas dans le coin ? T'as pas mal voyagé, je veux dire, et la plupart de mes compagnons n'aiment pas vraiment sortir. Mais t'as de l'expérience, et tu dois connaître des lieux superbes. » Pas sûr qu'elle arrive à avoir un peu de temps pour elle, mais si elle pouvait, elle voulait découvrir un peu le monde. Ou, au moins, le monde qu'avait exploré Dalor.

Le craquement du bois dans le feu détendait la naine. Elle se sentait agréablement bien : les gâteaux et la chaleur du thé avaient détendu son corps, et être tranquillement chez elle avait un côté rassurant. Elle se demandait si elle faisait une bonne hôtesse, si elle ne devait pas faire un peu plus. Elle chercha dans sa mémoire les actions de Raeryan mais ne trouva rien.

« Tu veux encore du thé ? Ou autre chose ? Hem. J'ai assez peu l'habitude de recevoir, je sais pas trop ce qu'il faut faire dans ces cas-là. Tu as besoin de quelque chose ? » marmonna t-elle d'un air gêné mais franc.

Ilhy était comme ça : elle disait les choses franchement. Peu lui importait si ça se disait ou non. Elle entrait les deux pieds dans le plat. Elle se fichait de passer pour quelqu'un de bizarre. Mieux valait être franc, non ? Elle ne savait pas mentir, et être malhonnête n'était pas dans son code de conduite.

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Dalor ne savait pas tellement s'il avait bien fait de préciser qu'il n'avait pas regardé les jambes dénudées d'Ilhy. Pour sa part, il avait détourné les yeux premièrement parce qu'il savait bien qu'il y avait certaines choses qu'il n'avait pas vraiment à voir avant le mariage s'il voulait rester un nain "honnête". Ca n'était pas tellement une question de la trouver laide ou non, d'ailleurs, il ne s'était pas posé ce genre de question jusqu'à maintenant... Dalor eut un petit moment d'absence... Devait-il se poser la question ?

Gêné par la possibilité de se poser ce genre de question et de devoir émettre un jugement à propos de la beauté d'une naine qu'il ne voyait que pour la deuxième fois. Il continua donc à répondre à ses questions, faisant comme à son habitude et ne se prenant pas la tête d'avantage sur le sujet. Elle lui demandait ce qu'il avait fait durant ces deux dernières semaines et il lui répondit honnêtement. Il s'était reposé et avait fait quelques travaux chez lui.

« Que ça reste debout ? C'est une maison ou une ruine ? Tu as vendu quoi comme marchandises ? Si j'avais su, je serai venu te dire bonjour. »

Sa maison n'était pas grande et pas bien luxueuse car il l'avait achetée dans les débuts de son nouveau travail et il n'avait alors pas beaucoup d'argent. Depuis, il retapait un peu par ci par là, mais comme il passait beaucoup de temps loin de la montagne, il n'avançait pas bien vite et parfois, certaines choses cassaient de nouveau.

- C'était pas loin de la ruine quand je l'ai acheté... Maintenant elle est... Habitable... Du moins pour un nain célibataire qui vit plus longtemps dehors que chez lui sans doute... J'vend des perles... Tu sais, je les trouve à pas cher et je les revend après...

Il ne disait pas l'entière vérité. Les perles il les taillait et les ornait lui-même, pour ce genre d'activité, il avait une patience et une minutie infinie. Même si pour le reste ça n'était pas vraiment le cas. Il s'intéressa ensuite à ses épaules endolories, à la fois parce qu'il ne voulait pas s'attarder sur le sujet des perles afin d'être sur de ne pas laisser échapper d'informations compromettantes.

« Hem, j'en ai toujours un peu après les entraînements. J'ai les épaules tendues de nature. Mais ... ça va. Merci. »

Dalor n'insista pas, peut-être qu'elle se sentait un peu trop fragile et différentes des nains parce qu'elle avait plus de mal à encaisser la douleur des courbatures et que son corps s'habituaient moins vite à cette vie rude et peu reposante. Il lui demanda donc distraitement si par hasard, il ne l'avait pas coupé dans son courrier et il ne réalisa qu'après qu'il se mêlait un peu de ce qui ne le concernait pas du tout. Malheureusement, c'était trop tard pour revenir en arrière à présent.

« Non, aucun problème. J'avais fini de toute façon, rien d'important. J'ai parlé de toi à Raeryan. Je n'ai pas posé de questions gênantes et elle ne m'a rien dit qui ne soit indécent sur toi - comme tes blessures, ou des trucs personnels, tu vois ? J'ai pas demandé. J'ai jugé que ça se faisait pas. »

Dalor n'était pas vraiment inquiet quant au fait qu'elle ait parlé de lui avec Raeryan car il savait que la naine n'était pas du genre à raconter ce qui concernait son secret professionnel et il tenait lui-même Raeryan en haute estime, ayant tout à fait confiance en ce qu'elle pouvait bien penser de lui.

- Même si tu ne l'avais pas précisé, j'aurai sût qu'elle ne t'avais rien dit à propos de mes blessures... Elle prend son secret professionnel très a coeur et elle a surement raison.

Jamais on ne l'entendrait dire du mal de Raeryan, elle l'avait soutenu à bout de bras pendant plusieurs années quand personne ne voulait se préoccuper de lui et d'ailleurs à ce moment là il ne voulait pas qu'on s'occupe de son cas... Bien sur, c'était il y a des années tout ça et les choses avaient bien changées, tout comme leurs façons de voir certaines choses, il avait pris du recul, même s'il pensait qu'il ne serait jamais capable de le faire.

« Je me demandais ... si ... Si j'arrivais à prendre un congé, ou quelque chose du genre, tu voudrais bien me montrer des endroits sympas dans le coin ? T'as pas mal voyagé, je veux dire, et la plupart de mes compagnons n'aiment pas vraiment sortir. Mais t'as de l'expérience, et tu dois connaître des lieux superbes. »

Les naines voulaient sa mort... C'était obligé... Pourquoi est-ce qu'elle voulait aussi qu'il la fasse sortir de la montagne ? D'abord Fraìa... Mais ça personne ne le savait et d'ailleurs plus longtemps ça serait le cas et mieux il se porterait. Et maintenant Ilhy ?! Observant la naine d'un regard peut-être un peu trop fixe, Dalor se mis à réfléchir...

Ouais, Ilhy ça n'était pas pareille, elle s'habillait et se comportait comme un nain... D'ailleurs, elle voulait qu'on la voit comme un nain... N'allait-elle pas mal le prendre si jamais il lui répondait qu'il était strictement interdit de faire sortir une naine de la montagne ? En plus, elle avait bien voyagé des monts de fer jusqu'ici... Ca n'était pas une mince affaire... Il se mis en devoir de finir sa tasse de thé histoire de se donner une contenance et un peu plus de temps pour faire le point.

Ilhy n'allait pas apprécier qu'il se mette à la traiter comme une faible naine sans défense. Il l'avait d'abord pris pour un être masculin et c'était sans doute ce qui avait le plus plut à la jeune naine... Alors s'il se mettait à la traiter comme une fille à présent juste parce qu'elle lui demandait de faire une chose qu'elle avait déjà fait sans lui...

« Tu veux encore du thé ? Ou autre chose ? Hem. J'ai assez peu l'habitude de recevoir, je sais pas trop ce qu'il faut faire dans ces cas-là. Tu as besoin de quelque chose ? »

Oups... Avait-il mis trop longtemps à réfléchir à peser le pour et le contre de sa demande ? D'un geste de la main, il fit un signe qui se voulait apaisant pour ses inquiétudes, elle n'avait rien oublié, du moins à son sens mais il n'était pas vraiment au courant de ce genre de choses.

- Non, non... Et puis tu sais, pas besoin de te donner tant de mal, j'suis pas le roi sous la montagne.

Ca n'était qu'une petite plaisanterie, mais elle n'en n'était pas moins vraie, il n'était pas habitué aux bonnes manières et aux protocoles.

- En ce qui concerne ta demande... Il se gratta la tête, mal-à-l'aise. Je pourrais t'emmener voir la Comtée...

Ca n'était pas encore trop loin et c'était un joli petit coin préservé des atrocités de la guerre et des gobelins... Les hobbits n'étaient pas du genre à chercher les ennuis et c'était vraiment différent de la montagne.

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Des engins comme vous, devrait y'avoir une notice !

Depuis qu'elle s'était installée aux Montagnes Bleues, Ilhy appréciait le temps qu'elle passait chez elle. Seule, elle pouvait offrir des éléments de décoration qu'elle souhaitait. Les tapis moelleux et fournis aux sol, lui permettant de traînait les pieds nus quand elle le désirait, mais aussi les tentures aux murs, cousus de hauts faits nains, les babioles de bois ou de corne qu'elle achetait au marché. Tout cela aidait à former une atmosphère agréable qu'elle aimait. C'était peut-être moins coquet que chez bien des naines, mais c'était chez elle. Il y avait quelques travaux à faire, ici et là, mais rien de bien dramatique. Et, surtout, elle se faisait un honneur de ne pas montrer ses origines : rien ne prouvait qu'elle venait de la noblesse, et nul luxe, nulle opulence n'avait la place chez elle. Seules les armes pouvaient avoir un côté faste, très bien entretenues et mises en valeur.

Du coup, Ilhy s'étonnait qu'on puisse avoir une bâtisse mal entretenue. Pourtant, ce n'était pas si surprenant : il était nomade la plupart du temps, et n'avait pas forcément assez de temps libre pour la remettre à neuf. Elle le plaignit, mais aucun mot de compassion ne franchit ses lèvres. C'était ses choix, et si elle avait osé s'apitoyer, il l'aurait sûrement mal pris. Et puis, si il était célibataire, ce devait être dur de faire tenir une maison. D'un autre côté, il n'avait pas besoin d'être toujours là. Juste d'avoir un pied-à-terre, un endroit où dormir et vivre quand il était ici.

« Ça droit être difficile de vivre dans une maison qui peut se révéler en ruines quand tu rentres après des mois de voyage. Il y a tant de travaux à faire ? Tu pourrais demander à ce qu'on les fasse pour toi. » Ou peut-être n'en avait-il ni les moyens ni l'envie. « Des perles ? Quel genre de perles ? » demanda t-elle avec intérêt.

Ilhy avait déjà vu beaucoup de naines se promener avec de fabuleux petits bijoux, d'argent, d'ivoire ou de bois, dans leurs cheveux ou leurs barbes. La plupart étaient tout simplement divine, et si Dalor en vendait, elle aurait peut-être pu voir à quoi cela ressemblait de près. Elle regretta de ne pas être allé au marché deux jours plus tôt, mais avec un peu de chance, il en avait sur lui, et peut-être pourrait-il lui en montrer. Elle était loin de se douter que, ces perles, c'était Dalor qui les fabriquait. Elle ne l'aurait pas mal jugé en le sachant, en tout cas.

Il ne l'avait pas dérangée, ni avec ses questions sur les courbatures, ni sur les lettres. Elle n'avait juste rien d'intéressant à dire là-dessus. Elle se questionna une seconde : avait-il eu de même des courbatures, en s'entraînant, plus jeune, quand il était dans la garde ? Interrogation idiote : forcément. Quant aux lettres, en quoi cela l'intéresserait-il de savoir que, finalement, son père la tenait en plus haute estime que ce qu'elle croyait ? Elle avait fait l'erreur de le voir comme un être manipulateur, même si il l'était bien moins que sa mère pour la rousse. Au lieu de cela, le père Sombrelande était un nain bon qui ne désirait qu'une chose, que sa fille unique soit heureuse. Pour lui, son bonheur passait par un mariage, mais il comprenait petit à petit qu'elle choisissait elle-même sa voie.

« Oui, c'est une naine bien. Elle n'aurait jamais outrepassé le secret professionnel en me révélant des choses qu'il ne fallait pas. Nous avons une amie commun précieuse, de toute évidence » releva t-elle sans aucune ironie, en voyant bien la façon dont Dalor parlait d'elle.

Il était évident qu'il tenait à elle. Vingt années à se parler, à se voir, à se raconter ; Raeryan l'avait soigné, sauvé la vie, même. Ilhy ne savait pas quel lien exact les unissait, mais il semblait intemporel et costaud. Ilhy ne ressentait pas de jalousie, car elle aimait sincèrement Raeryan. Ce n'était pas la première fois qu'on lui parlait en bien de la brune doctoresse : pleine de qualités, enthousiaste et féminine, elle était le modèle de Ilhy. Il était normal que, tout comme elle, les autres voient en Raeryan une naine exceptionnelle.

Il ne répondait pas à sa proposition, aussi prit-celle cela pour un non. Une négation trop polie pour être prononcée. Oh, elle comprenait. Ilhy comprenait : elle n'était qu'une naine, et puis, elle avait déjà fait assez de dégâts en sortant avec Fili au-dehors. Le peu de rondes extérieures qu'elle avait faites s'étaient tenues trop proches pour réellement dire qu'elle avait voyagé. Elle aurait pu dire qu'elle retournait aux Monts de Fer, pour revoir sa famille, mais cela l'aurait obligée à faire le trajet, et elle ne souhaitait pas y retourner. Elle re-servit le thé, un peu déçue, un peu vexée aussi. Au moins avait-elle apprit à retenir un minimum ses émotions. L'entraînement servait à cela, et Raeryan l'aidait aussi à se contenir, même si pour la brune, ce qui comptait c'était d'être soi-même. Elle eut un léger rire - le roi sous la montagne. Thorin était d'un autre acabit - de roc et de marbre, aux yeux en fer de ciel, et aux responsabilités plus lourdes que ces montagnes-même.

« Si tu avais été le Roi Thorin, tu aurais eu le droit à mon thé spécial, ou à un peu plus de rangement » fit-elle avec un petit sourire. Le roi Thorin. Ce prénom lui faisait penser au fils de Dain. Elle retint un soupir et chassa de ses pensées son vieil ami. « Mais ça fait du bien de se donner du mal pour quelqu'un, des fois. Au moins, t'es pas un invité difficile. » Nouveau sourire amusé.

Un peu de thé et du gâteau, de quoi satisfaire son invité ? Hé bien, tant mieux. Elle ne savait pas faire la conversation délicatement, comme les autres nains ou naines. Il fallait dire que ça ne l'intéressait pas de parler pour rien. Bavasser juste pour discuter, c'était aussi idiot que de vouloir traite un warg. Quand la personne ne vous intéressait pas, pourquoi fallait-il faire semblant ?

« La ... La comtée ? » bredouilla t-elle. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il revienne sur ce sujet qu'elle croyait clos. Elle avait cru qu'il ne voulait pas. Elle cligna des yeux puis sourit. « La comté, ça me va ! C'est loin ? C'est pas là où vivent des Hobbits ? Mais du coup, t'y es déjà allé ? C'était bien ? »

Une avalanche de questions sortait de sa bouche. Elle s'était penchée en avant, en manquant de renverser son thé sans s'en rendre compte. Durant quelques secondes, elle s'était dit que ce n'était pas assez exotique, pas assez loin, pas assez dangereux. Puis sa curiosité avait pris le pas sur l'aventure. C'était déjà bien assez, et si l'escapade se passait sans problème, peut-être aurait-elle droit à une seconde balade ? Elle souriait gentiment, puis se recula, l'air pensif, les sourcils froncés. Elle s'était posé la question la dernière fois, et comme une enfant, elle ne pouvait retenir ses interrogations.

« Je ... je peux te poser une question personnelle ? » demanda t-elle doucement. « En fait, je n'ai pas demandé à Rae mais ... Elle t'a sauvé la vie ? Tu ... Comment ? Tu étais blessé après une attaque ? De Warg ? Ou d'orc ou un truc du genre ? » Elle avait dit warg parce qu'apparemment il ne les aimait pas. Sans le faire exprès, elle toucha un point sensible avec une autre question : « Tu n'es plus garde à cause de ça ? Tu sais, on a des gardes qui ont subis quelques blessures, on a même un éclopé, je pense que ... Si tu voulais ... » Elle réalisa qu'elle allait peut-être trop loin et agita les mains devant elle, renversant un peu de thé sur son poignet et son tapis, se brûlant un peu au passage. « Désolée, c'est ... C'était pas très subtil de ma part. Tu peux m'envoyer paître si tu veux, rien ne t'obliges à me répondre, c'était indélicat. »

Elle se mordilla la lèvre et frotta son poignet un peu rouge, puis finit sa tasse de thé presque rageusement. Elle reposa la tasse et se recula dans son fauteuil, un petit peu gênée. Décidément, Dalor devait la prendre pour quelqu'un sans aucune manière. Elle n'avait pas fait exprès, mais encore une fois, sa familiarité et sa curiosité en faisaient quelqu'un qui dépassait les limites.

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« Ça droit être difficile de vivre dans une maison qui peut se révéler en ruines quand tu rentres après des mois de voyage. Il y a tant de travaux à faire ? Tu pourrais demander à ce qu'on les fasse pour toi. Des perles ? Quel genre de perles ? »

Sa maison n'était pas si déplorable que ça, il n'y avait de trous nulle part, ni dans les murs ni dans la toiture. Il avait simplement besoin de quelques retouches de temps en temps et Dalor ne faisait pas des travaux tout le temps non plus. Peut-être que s'il avait eut une maison en dehors de la montagne, ça aurait été pire, mais il pouvait facilement vivre dans sa maison sans avoir besoin de la retaper... Cependant, quand il s'ennuyait trop, ça aidait à passer le temps et comme il n'était pas pressé, il y allait à son rythme.

- Si les autres font les travaux à ma place j'aurai plus rien à faire pour m'occuper quand j'suis là.

Pour lui, c'était simplement la logique. Il vivait seul et ne parlait pas à grand monde en règles générales, alors il n'avait que peu d'occupations pour ne pas avoir à compter les minutes puis les heures en n'attendant qu'une heure normale pour aller dormir. Il n'allait quand même pas avoir la sottise de confier sa seule activité à quelqu'un d'autre que lui... Ça aurait été un comble, lui qui aurait été capable de saboter son propre travail juste pour être assez occuper et ne pas ruminer le passé.

- C'est juste des perles. Marmonna-t-il en haussant les épaules à la réponse de la deuxième question.

Il n'était pas particulièrement attiré par les bijoux, masculins ou féminins, mais il aimait à prendre son temps pour les tailler selon ce qu'ils lui inspirait. Alors parfois, il trouvait un morceau de bois, une belle pierre ou un simple caillou transparent et il se mettait à le tailler selon sa vision de ce qui pourrait le rendre plus beau. Quand il avait fini et qu'il était satisfait de son travail, il la mettait de côté et lorsqu'il en avait assez pour avoir un étal présentable, il saisissait l'occasion d'être dans les montagnes bleues pour aller les vendre. Il n'y avait que celles qu'il taillait pour Raeryan qu'il ne vendait pas pour le moment. Mais jamais, au grand jamais il n'avait dit qu'il était le créateur des perles qu'il vendait... Pas par crainte qu'on le juge mal, mais plutôt pour conserver son air ours des cavernes qu'il ne faut pas approcher. Dalor ne voulait pas qu'on le voit autrement que comme un nain ronchon et à la gifle facile. Il ne voulait pas être vu comme quelqu'un de sympa, même si au final il n'était pas si mauvais que ça.

« Oui, c'est une naine bien. Elle n'aurait jamais outrepassé le secret professionnel en me révélant des choses qu'il ne fallait pas. Nous avons une amie commun précieuse, de toute évidence »

Dalor n'ajouta rien sur le sujet. Il admirait beaucoup Raeryan et cela ne changerait pas, mais cela restait de la simple admiration et peut-être pouvait-il aussi prétendre être son ami, mais ça n'irait jamais plus loin. Elle n'était pas le genre de naine qu'il lui fallait et il savait parfaitement qu'il n'était pas le genre de nain qui pourrait lui convenir non plus...

Elle s'était ensuite inquiéter de savoir s'il ne manquait de rien et Dalor était touché dans le fond qu'elle fasse tant d'efforts pour l'accueillir convenablement, même s'il avait lui-même eut l'impolitesse de débarquer sans prévenir avant. Mais il n'était pas quelqu'un d'important et il se satisfaisait de peu de choses, alors il se devait de retirer la pression qu'elle semblait s'être mise sur les épaules toute seule, il n'irait pas se plaindre de l'accueil.

« Si tu avais été le Roi Thorin, tu aurais eu le droit à mon thé spécial, ou à un peu plus de rangement. Mais ça fait du bien de se donner du mal pour quelqu'un, des fois. Au moins, t'es pas un invité difficile. »

Son thé spécial ? Il se demanda bien de quoi il s'agissait exactement, mais il ne pausa pas la question et il enchaîna en lui répondant finalement qu'il pourrait accepter de lui montrer la Comtée. Le territoire des Hobbits, petites personnes casanières et généralement méfiantes envers les étrangers, mais pas mauvaises dans l'ensembles, préférant se laisser vivre sans se mêler de tout ce qui ne rentrait pas dans leur Comtée... Bien des fois, Dalor s'était dit que c'étaient les Hobbits qui avaient raison dans le fond... Se contenter de son chez soit, sans se mêler de vouloir plus ou de ce qui n'en passait pas les frontières...

« La ... La comtée ? »

Il y avait comme un petit air de déception... Dalor se contenta d'un tout petit sourire au coin des lèvres en attendant la suite. La Comptée était tout près, ils n'auraient pas grand risque de croiser des ennemis durant le trajet et ils ne seraient pas partit bien longtemps. De plus, les hobbits n'allaient certainement pas les accueillir avec des lances et les sommer de retourner d'où ils venaient... Mais cela leur promettait malgré tout un lieu tout à fait différent de leurs chères montagnes et Dalor devait admettre être un peu frileux à l'idée de faire sortir une naine de la sécurité de la pierre, même si cette naine s'avérait être Ilhy.

« La comté, ça me va ! C'est loin ? C'est pas là où vivent des Hobbits ? Mais du coup, t'y es déjà allé ? C'était bien ? »

Le test semblait être réussit. Elle acceptait de faire la balade avec lui, même si cela ne les conduirait pas en territoires dangereux et hostiles. Ce serait plus une balade de santé qu'un périple vers l'inconnu et Ilhy s'en doutait forcément, mais elle avait accepté... Alors peut-être qu'une prochaine fois, il la conduirait vers des contrées plus sauvages mais tout aussi belles que la Comtée.

- Si c'est là... C'est pas très loin d'ici, une petite quinzaine de jours à dos de Poney et sans trop se presser... J'y suis déjà passé, mais pas pour m'y arrêter plus longtemps que pour une halte... Les Hobbits sont plutôt méfiants envers les autres races... Ils vivent entre eux la plus grande partie de leur vie et ils ne sont pas portés sur le voyage... La plus grande partie d'entre eux, peut-être même tous d'ailleurs, n'ont jamais quitté les frontières de leurs terres.

Un peu comme les naines dans le fond qui ne quittaient pas la montagne... Mais elles ne le faisaient pas toutes par choix... Les Hobbits, eux, n'avaient aucune obligation de rester dans la Comtée d'après ce que Dalor savait, ils n'en sortaient pas uniquement parce qu'ils ne le souhaitaient pas.

« Je ... je peux te poser une question personnelle ? »

Dalor n'appréciait pas tellement cette entrée en matière car en général ça ne présageait pas des questions très agréable, mais il lui fit un signe de tête pour l'inviter à continuer, curieux de savoir ce qu'elle voulait tellement lui demander.

« En fait, je n'ai pas demandé à Rae mais ... Elle t'a sauvé la vie ? Tu ... Comment ? Tu étais blessé après une attaque ? De Warg ? Ou d'orc ou un truc du genre ? »

Oh non, ça n'avait rien d'aussi glorieux... D'ailleurs, si ça avait été le cas il n'aurait ressentit aucune honte à ce sujet là.

« Tu n'es plus garde à cause de ça ? Tu sais, on a des gardes qui ont subis quelques blessures, on a même un éclopé, je pense que ... Si tu voulais ... Désolée, c'est ... C'était pas très subtil de ma part. Tu peux m'envoyer paître si tu veux, rien ne t'obliges à me répondre, c'était indélicat. »

- Fait attention ! S'était-il exclamé tout en passant apparemment inaperçu.

Il l'avait vu s'ébouillanter avec son thé et il avait surgit, presque malgré lui, en voyant sa peau devenir rouge là où le thé l'avait touché, mais elle continuait sur sa lancée et se frottait le poignet comme si de rien n'était.

- T'es toute rouge maintenant. Râla-t-il.

Il se mis en quêtes d'un peu d'eau froide et lorsqu'il en trouva, il y trempa généreusement un morceau de tissus propre qu'il gardait tout le temps sur lui, au cas où il devrait soigner vite fait un blessé durant une caravane... Puis il revient vers Ilhy et sans lui demander son avis, lui appliqua délicatement le tissu humide là où la rougeur prenait place, les yeux baissés vers ce qu'il faisait, concentré sur sa tâche pour ne pas lui faire plus mal que nécessaire. En toute franchise, ça lui était déjà arrivé de devoir compresser une plaie chez certains marchands après une attaque et il ne l'avait jamais fait dans la douceur, plutôt agacé sur le moment...

- Je retournerai pas dans la garde parce que j'ai plus confiance en eux... Si t'as pas confiance en ceux avec qui tu part au combat, tu meurs... Et puis j'ai une autre vie maintenant, un autre métier... J'suis bien comme ça... Bien sur, s'il fallait aller à la bataille, je me porterais volontaire, mais pas en temps que membre de la garde... Garde ça sur ton poignet jusqu'à ce que ça ne pique plus.

Il repris la place qu'il avait quitté juste avant.

- J'ai été remercié de la garde de façon temporaire parce que j'me suis battu avec l'un d'entre eux... J'sais même plus pourquoi on en est arrivé à se taper dessus Mais le fait est que c'est lui qui a gagné et que j'ai perdu un bras... Raeryan m'a soigné et mon bras va bien maintenant... Là où je dis qu'elle m'a sauvé la vie, c'est que si elle était pas venu m'enquiquiner jour après jour... J'me serai surement laissé mourir de faim...

Il n'avait pas été très beau à voir à cette époque là et puisqu'il avait perdu son rêve et tout but dans la vie, il ne voyait aucune raison de vouloir continuer à vivre... Alors il avait tout fait pour se détruire encore plus... Mais Raeryan avait été plus forte que sa dépression et il avait malgré lui recommencé à y croire à force de l'entendre lui répéter que c'était possible et que de toutes manières elle ne comptait pas lui laisser le choix.

- J'en suis pas très fier... Mais c'était y a vingt ans tout ça...

Il se racla la gorge, c'était il y a vingt ans, c'est vrai, mais s'il recroisait Dwalin à l'heure actuelle, il ne savait pas comment il réagirait exactement... Aurait-il le recul nécessaire pour faire comme si de rien n'était ou bien sauterait-il à la gorge du nain pour l'accuser de tous les mots et essayant de lui casser le bras à son tours ? Il ne savait pas et c'était pour ça qu'il évitait de croiser le concerné d'ailleurs.

- Comment tu fais pour survivre dans la garde en étant aussi maladroite ? Demanda-t-il pour changer de sujet et en faisant référence à sa pauvre tasse de thé.

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Ilhy ne savait pas retenir ses interrogations, parce qu'elle était trop naturelle pour endiguer quoi que ce soit. Mimiques, grimaces, cris de joie ou de colère. Tout chez elle était totalement naturel. Rien n'était surfait. Et ses questions étaient aussi sincères que son intérêt. Elle se doutait bien que la maison de Dalor n'était pas en ruine - sinon il n'y habiterait pas - et dans le fond, elle imaginait bien qu'il n'aimerait pas laisser les travaux à quelqu'un d'autre. Elle hocha donc la tête quand il valida ses soupçons. Elle eut même l'insolence d'émettre un petit rire amusé. Ilhy n'avait jamais eu de réels travaux de rénovation à faire. Elle n'était pas courageuse, sur ce côté là : devoir raboter du bois, calculer combien de tuiles et comment elle devait les remettre, ça n'était pas du tout son truc. Par contre, la question des perles avait avivé chez elle l'envie de les voir.

« Tu m'en montreras ? S'il te plaît. Je suis curieuse de savoir quel genre c'est » expliqua t-elle. Elle ne voulait pas le gêner - peut-être qu'il n'était pas à l'aise à l'idée de vendre des babioles aussi jolies ? Mais il ne fallait pas : après tout bien des nains vendaient des bijoux ou des vêtements.

Ilhy songea que Raeryan était toujours célibataire, et ses pensées dérivèrent là-dessus. Comment cela se pouvait-il ? Elle était gentille, belle et intelligente. Même un nain bougon du genre de Dalor semblait d'accord avec elle. Peut-être même que la brune lui plaisait ? Cela n'était pas à mettre de côté. Elle lui avait sauvé la vie, ça rapprochait ... L'imagination d'Ilhy aimait à s'enflammer, trop rapidement parfois, sur des hypothèses tordues et sans réalité, sans fondations. Elle continua à songer un peu à ça tout en parlant avec Dalor. Mais son esprit se concentra bientôt sur la Comté et la réponse du nain.

« Une quinzaine de jours ? Je demanderai des congés à mon mentor alors » sourit-elle, déjà sûre que Dwalin maugréerait et qu'il refuserait sûrement, avant peut-être d'accepter. Elle se demanda si Dalor l'avait connu, et si Dwalin penserait qu'elle serait en sécurité avec Dalor. Peut-être qu'il penserait que Dalor ne l'était pas, à la fréquenter. Elle avait le coup de poing facile. « Ils vivent donc reclus sur eux-même ? Je n'ai jamais rencontré de hobbit. J'ai déjà eu l'occasion de fumer leur herbe à pipe. Je serai ravie de faire ce voyage avec toi, ça promet d'être amusant. Mais ils ne voyagent jamais, aucun ? Pourquoi est-ce qu'ils se refusent autant de contacts avec les autres ? » fit-elle tout haut, plus pour elle-même que par réelle question pour Dalor. Elle haussa les épaules, comme pour dire que personne ne devait vraiment savoir, sauf les Hobbits eux-même.

Mais, si l'idée d'un voyage excitait la fibre aventureuse de Ilhy, la rousse ne perdait pas pied. Et les questions fusaient comme des coups de fouet. Mais c'est avec franchise qu'elle posa ses interrogations plus personnelles. Elle aurait pu rougir de son indécence, mais il était assez évident entre eux que si l'un d'eux refusait de répondre, l'autre ne lui en tiendrait pas rigueur. Dalor avait l'air assez honnête pour ça, et elle-même n'aimait pas jouer de mensonges. Tout en frottant un peu douloureusement son poignet elle remarqua qu'il s'inquiétait pour elle et sursauta.

« Mais ... C'est rien, je t'assure .. Dalor ? »

Elle le regarda, surprise, aller chercher un tissu imbibé d'eau et, sans ménagement, il porta le carré de tissu sur sa brûlure. La rousse eut un mouvement de recul, mais son poignet ne bougea pas. Elle regarda Dalor, et grommela un peu.

« Aï-yeuh. » Mais c'était plus par principe. « Merci » ajouta t-elle distraitement.

La plaie n'était pas ouverte, et la brûlure pas très grave. Mais c'était chaud. C'était sensible. Comme si sa peau s'était changée en un carré de terminaisons nerveuses. Pourtant, ce n'était pas la douleur qui la gênait, mais qu'on s'inquiète à ce point pour elle. Dalor avait réagi rapidement, et même si ses gestes avaient manqué de ... comment dire, de la délicatesse de Raeryan, l'idée était là. Ilhy se sentait à la fois gênée d'avoir été prise en faute, et un peu touchée qu'on fasse assez attention à elle pour s'occuper d'un poignet un peu brûlé. Elle tapota le tissu mouillé, pour calmer la douleur. Cette dernière s'apaisait doucement, même si l'eau mouillait sa manche de chemise. Elle allait ajouter quelque chose, elle ne savait pas quoi, mais des mots sans queue ni tête sûrement, mais Dalor parla avant. Il répondit, alors qu'elle s'était fait une raison sur le fait qu'il ne le ferait pas.

Elle l'écouta avec une attention accrue, comme un félin aux aguets, le regard posé fixement sur les mains du nain. La confiance ? C'était ça qui avait posé problème ? Elle hocha la tête, par réflexe, quand il la conseilla, et elle suivi sa silhouette du regard quand il alla s'asseoir dans le fauteuil qu'il avait quitté. Et la réponse qu'elle attendait tomba. Il s'était battu avec un garde. C'était souvent mal pris, même si les bagarres étaient communes dans un corps de garde où l'entraînement prenait parfois des allures de règlement de comptes. La dernière phrase fit froncer les sourcils de Ilhy, et elle ne put s'empêcher de rajouter :

« Te laisser mourir de faim ? Par Mahal. Je suis contente qu'elle ait pu te venir en aide, alors. » Egoïstement, elle n'aurait pas pu le rencontrer, et cela lui semblait triste.

Elle n'arrivait pas à imaginer qu'on puisse tomber dans des affres de dépression à ce point-là. Trop vive, trop enthousiaste. Peu importait les situations, Ilhy se relevait, fièrement, quitte à prendre des coups, plus fort. Elle ne se laissait jamais abattre. Elle se demanda si Dalor était encore rongé par ces souvenirs, et elle s'en voulu d'avoir autant parlé de tout ça, alors qu'il avait été blessé dans toute cette histoire. Elle mit quelques secondes avant de revenir à la réalité et éclata d'un petit rire, comme pour briser l'atmosphère pesante du passé.

« Je ne suis pas maladroite, monsieur. » fit-elle, avec ce qui ressemblait à de la mauvaise foi. Elle renifla et haussa les épaules d'un air malicieux. « Disons que mon attention est souvent concentrée sur une chose. Et je ne faisais pas attention à ma tasse, voilà tout. Mais ... Je suis plus attentive en combat. »

Comme si cela excusait ceci. Elle n'avait pas vraiment besoin d'exprimer que son attention avait été focalisée sur sa curiosité et son invité. Elle fit un sourire amusé et se gratta la nuque en observant le feu qui mourrait lentement. Puis elle songea à une chose et avant d'avoir pu penser convenablement, raisonnablement, elle sentit ses lèvres qui formaient les mots dans l'air.

« Si tu n'es pas reparti d'ici là, je comptais organiser un repas avec Raeryan. Tu es invité, si ça te tente. Tu es friand de quelque chose ? » Peut-être qu'elle essayerait de cuisiner. Tout brûlerait, sûrement, mais elle pouvait essayer.

Soudain, une pensée lui vint et elle la saisit au vol avant de la perdre. Elle avait rencontré quelques jours auparavant une caravane qui venait d'arriver, une famille de marchands notamment revenus d'un long voyage vers le Nord. Ils amenaient beaucoup de choses et devaient repartir sous peu. Ilhy avait rencontré les deux filles et les deux fils, mais avait évité les parents - ils venaient des Monts de fer. Peut-être se souviendraient-ils d'une petite rousse un peu trop bagarreuse.

« Bain va peut-être te demander d'accompagner une caravane que j'ai croisé, il y a deux ou trois jours. Ils venaient du Nord. Ils ont annoncé qu'ils avaient croisé de la neige et de la glace. Leurs filles portaient des bijoux avec de l'ambre comme lumineux. Si tu vas vers le Nord ... Attends-là.»

Elle avait eu un petit sourire très content d'elle. Elle se leva et passa dans une autre pièce, quelques minutes, pour revenir avec une espèce de petit grigri. C'était en réalité une cordelette, un porte-bonheur, de plumes et de morceaux de bois taillés. Il était plutôt petit, de la taille d'un petit doigt. Elle le tendit à Dalor, fière d'elle, et remit en place distraitement le linge mouillé sur son poignet.

« Mon père a déjà été dans le Nord et m'a dit que c'était très dangereux. Il m'a ramené ce porte-bonheur de là-bas. Je pense que si ça peut te porter chance à toi, j'aimerai te le donner. Enfin, tu n'es pas obligé » grimaça t-elle en se disant qu'il pouvait voir ça comme une offense. Peut-être qu'il ne croyait pas en ce genre de trucs, ou que c'était déplacé ? Le grigri, pendant au bout de ses doigts, se balançait doucement, hypnotique.

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Elle voulait voir ses perles, sans savoir que c'étaient les siennes et Dalor se félicitait moitié de ne pas en avoir sur lui à l'heure actuelle, sinon il aurait bien été capable de lui en sortir une de sa poche pour accéder à sa requête et s'en vouloir presque immédiatement... Mais puisqu'il n'en n'avait pas sur lui, la question était réglée. La conversation avait ensuite dérivé vers le voyage vers la Comtée. Dalor n'était d'ailleurs pas peu fier d'avoir réussi à détourner la conversation si rapidement.

« Une quinzaine de jours ? Je demanderai des congés à mon mentor alors. Ils vivent donc reclus sur eux-même ? Je n'ai jamais rencontré de hobbit. J'ai déjà eu l'occasion de fumer leur herbe à pipe. Je serai ravie de faire ce voyage avec toi, ça promet d'être amusant. Mais ils ne voyagent jamais, aucun ? Pourquoi est-ce qu'ils se refusent autant de contacts avec les autres ? »

Son mentor ? Un instant, Dalor se demanda de qui il s'agissait et il était même à deux doigts de poser la question, il avait même ouvert la bouche dans l'idée de le faire, mais il s'était ravisé... Si jamais il s'agissait de quelqu'un qu'il connaissait bien, il ne pourrait surement pas faire semblant de ne pas avoir entendu parler de lui... Et avec le bol qu'il avait, il aurait surement eut des ennuis avec le nain en question, que ce soit durant le temps où il faisait partit de la garde ou bien après... Dalor ne pouvait pas mentir, il était trop entier pour ça, ça sortait tout seul, sans qu'il n'ait le temps de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant.

Lorsqu'elle se posa des questions à propos du manque d'envie de voyager des Hobbits, le nain se contenta de hausser les épaules. Lui, il en avait déjà vu, plusieurs fois, car il lui était souvent arrivé de devoir passer par la Comtée, un territoire sur où il pouvait se permettre de ne pas être systématiquement sur ses gardes. Mais il n'avait pas vraiment déjà adressé la parole à un Hobbit. Ceux-ci étaient très méfiants de leur côté et Dalor n'avait jamais réellement eut envie de faire connaissance avec ces petits êtres paisibles et peu portés sur la chamaillerie.

Leurs attentions fut ensuite détournée par Ilhy qui eut un geste maladroit et se brûla le poignet au passage. Dalor la soigna sans écouter les tentatives d'Ilhy de faire en sorte qu'il ne s'en préoccupe pas puis il répondit aux questions qu'elle lui avait pausé à propos de son renvois de la garde. Il aurait put lui dire qu'il n'avait pas envie d'en parler, mais dans le fond, ça n'était pas tellement un secret d'état et puis il pouvait toujours taire certaines choses, comme le nom du nain en question qui était (il le savait très bien) extrêmement respecté, aussi bien dans la garde que dans toutes les montagnes bleues. Dalor expliqua aussi le fait qu'il dise que Raeryan lui avait sauvé la vie car même si sa blessure n'avait pas mis sa vie en danger, elle l'avait empêché de se laisser mourir et ça n'avait pas été une mince affaire.

« Te laisser mourir de faim ? Par Mahal. Je suis contente qu'elle ait pu te venir en aide, alors. »

Dalor eut un sourire en coin, lui aussi il était content qu'elle se soit préoccupé de lui à ce point. Bien entendu, vingt ans en arrière, il n'aurait pas eut le même discourt car alors il ne souhaitait qu'une chose, qu'elle en ait marre de lui crier dessus pour rien... Mais à présent, même s'il n'était pas un chef respecté de la garde royale, il aimait bien sa vie. Il préféra changer de sujet afin de ne pas laisser échapper des informations qu'il préférait garder pour lui encore un peu et il s'amusa de sa réaction lorsqu'il la traita de maladroite.

« Je ne suis pas maladroite, monsieur. Disons que mon attention est souvent concentrée sur une chose. Et je ne faisais pas attention à ma tasse, voilà tout. Mais ... Je suis plus attentive en combat. »

Déconcentrée ? Et qu'est-ce qui pouvait bien la déconcentré au point qu'elle ne se souvienne plus de sa tasse pleine de thé bouillant posé juste devant elle ?

« Si tu n'es pas reparti d'ici là, je comptais organiser un repas avec Raeryan. Tu es invité, si ça te tente. Tu es friand de quelque chose ? »

Le nain fut surpris et s'apprêtait à répondre par l'affirmatif car après tout, il n'allait pas refuser de passer une soirée qui promettait d'être sympathique et amusante. Mais Ilhy repartit immédiatement sur un autre sujet sans lui laisser le temps d'en placer une.

« Bain va peut-être te demander d'accompagner une caravane que j'ai croisé, il y a deux ou trois jours. Ils venaient du Nord. Ils ont annoncé qu'ils avaient croisé de la neige et de la glace. Leurs filles portaient des bijoux avec de l'ambre comme lumineux. Si tu vas vers le Nord ... Attends-là.»

C'était possible, il n'avait pas encore de nouvelles, mais Baìn savait bien où le trouver quand il avait besoin de lui. Il viendrait peut-être d'ici quelques jours... Ou alors la caravane ne voudrait pas de ses services, on ne pouvait pas prévoir à l'avance. Mais s'il allait dans le nord, il lui faudrait prendre sa fourrure. Il n'était pas du genre frileux, mais quand même. Une fois encore il n'eut pas le temps de répondre comme elle s'éloignait déjà sans lui dire ce qu'elle était partit faire exactement. Ne voulant pas se montrer impoli, il fit comme elle le lui avait demandé et il ne bougea pas jusqu'à ce qu'elle revienne avec une sorte de petit gri-gri dans la main.

« Mon père a déjà été dans le Nord et m'a dit que c'était très dangereux. Il m'a ramené ce porte-bonheur de là-bas. Je pense que si ça peut te porter chance à toi, j'aimerai te le donner. Enfin, tu n'es pas obligé »

Dalor, étonné, observa le petit objet pendouiller au bout des doigts d'Ilhy sans bouger durant une longue minutes avant de prendre l'objet qu'elle lui tendait et de l'observer de plus près.

- Je l'emmènerai avec moi... Et je te le rapporterai quand je serais de retours.

Un cadeau de son père, c'était une chose importante. Dalor aurait bien aimé avoir conservé un objet ayant appartenu à ses parents, mais ça n'était pas le cas. Il rangea le petit objet dans la poche de sa chemise, prenant bien garde à ce qu'il ne tombe pas.

- Je vais surement regrété d'avoir posé cette question mais tant pi... La curiosité est plus fort... Ton mentor... C'est qui ?

Et puis ça lui donnerait une idée de ce qu'elle valait au combat car il était courant de se battre comme son propre mentor... Même si au final on finissait par avoir ses propres techniques.

- Tu crois qu'il t'accorderas un si long congé ? Entre les deux semaines de voyage et un peu de temps pour profiter du paysage il faudra bien prévoir un mois en tout...

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Des engins comme vous, devrait y'avoir une notice !

La rousse devait elle aussi sa vie à quelqu'un. Dans le sens où, sans son cousin Réhur et sa manie de la protéger, de l'aider, elle n'en serait pas là. Il lui avait offert la voie, lui avait donné l'occasion d'être celle qu'elle était. Il était venu vivre avec elle quand sa demeure avait été détruite. Et ils avaient combattu. Il avait été son premier adversaire, son premier coach, son premier ami. Il tenait une place très importante dans son coeur. Quand ils combattaient l'un avec l'autre, c'était comme deux facettes d'une pièce, complémentaires, l'une à la lance, l'autre à l'épée à deux mains. Brutalité agile et agilité brutale. Ilhy offrit un petit sourire à Dalor, appréciant ces moments. Le feu s'éteignait doucement, et elle le laissait faire. C'était elle qui bavassait comme d'habitude, mais cela n'avait pas l'air de déranger le nain. Et puis la rousse aimait bien sa façon de parler, et puis il s'était inquiété pour elle quand elle s'était brûlé. Il était gentil, même si il était bourru.

Elle réalisa qu'elle n'avait pas laissé le nain répondre à son invitation et nota de la réitérer, pour lui montrer qu'il était bel et bien le bienvenu. Ilhy était curieuse de voir le comportement de Raeryan en sa présence - et l'inverse également. Etait-il attentionné avec la brune ? En tout cas, elle était fière de ses idées, la rousse, brandissant son gri-gri avec un grand sourire.

« Oui. Ramène-le moi, quand tu rentreras » dit-elle, comme si ils scellaient une promesse.

Elle était contente à l'idée que ce charme simple puisse protéger Dalor, mais aussi que, si il rentrait, il vienne la revoir. Ilhy s'attachait facilement aux gens, et comptait déjà Dalor parmi ses amis. Sa méfiance avait fondu en habitant aux Ered Luin. Elle regarda l'objet précieux disparaître dans une poche et alla se rasseoir. La question la prit de court et elle hésita, sans réelle raison autre que sa surprise.

« Mon mentor ? Dwalin » s'exclama t-elle avec une immense fierté. « Tu pourrais regretter par rapport à cette histoire de bagarre ? Tu crains que mon mentor ne soit un de ces nains dont tu te méfies tant ? »

Elle lui lança un petit regard interrogateur. Pour elle, Dwalin était un nain qu'elle admirait énormément, et l'idée qu'il lui apprenne ce qu'il sache était un trésor. Elle n'imaginait pas une seconde que le nain avec qui Dalor s'était battu n'était autre que son cher Dwalin. Elle réfléchit plus longuement, cette fois, à la question posée, le menton sur le poing.

« Je pense qu'il acceptera, parce que je prend rarement des congés, mais aussi si je lui fais comprendre que c'était important pour moi. Il est très protecteur, mais il m'aime bien, dans le fond, ce grand bourru » dit-elle en plaisantant avec affection. « Un mois ... Ca me paraît peu, et en même temps très long. Ca serait si merveilleux ! Je sais que ce n'est qu'un projet, que rien n'est accompli, mais j'ai déjà hâte. »

Elle eut un petit rire gênée. Impatiente et exubérante, voilà ce qu'elle était. Chacune des fibres de son corps aspiraient à ce voyage, même si il n'était ni dangereux ni lointain comme elle l'avait espéré. Elle n'avait pas pensé à demander à Dalor si il connaissait Dwalin, et cela ne lui vint d'ailleurs pas à l'esprit.

« Et toi, tu pourras prendre du temps ? Je veux dire, tu es escorte, du coup tu vis de tes voyages. Je ne voudrais pas te priver de ton travail. » Elle avait l'air d'un enfant pris en faute, mais qui apprécie quand même le bonbon qu'il a piqué. Elle espérait qu'il vienne. Elle ne pourrait pas - ne voudrait pas - faire ce voyage seule.

Elle risquerait de se perdre, et de ne pas apprécier autant. Après tout, Dalor avait déjà entrepris ce voyage. Elle voulait qu'il soit avec elle. Ilhy se resservit du thé, songeuse. Dwalin accepterait sûrement, oui. Par contre, il allait sûrement se méfier de Dalor si elle lui exprimait qu'elle voyageait avec un ami qu'il ne connaissait pas. Le nain était très protecteur envers la rousse, et elle se sentait comme sa protégée. Elle était reconnaissante pour cela, et ne se sentait pas tant que cela étouffée. Elle aimait autant Dwalin qu'il semblait l'aimer elle.

« Par contre, je ne sais pas si il me demandera des informations sur toi. Parfois, il agit comme un vrai oncle bourru, c'est amusant. Si il me demande avec qui je pars, je peux lui révéler ton identité ? J'y pense, on pourrait même aller boire un coup tous ensemble, et ...» Elle s'arrêta. Est-ce que c'était une si bonne idée que ça ?

Elle observa Dalor de ses grands yeux bleus. Si Dwalin refusait son congé, pour n'importe quelle raison, elle serait réellement déçue et triste. Elle s'imaginait déjà à dos de poney, allant voir les gentils hobbits. Elle était aussi curieuse de voyager avec le nain ; on apprenait beaucoup de choses avec des compagnons d'aventure. Elle l'avait appris avec Fili. Parfois, on apprenait qu'un nain était juste un nain. Juste son prince. Dalor ne serait, bien entendu, pas son prince, et elle n'allait pas refaire les mêmes erreurs - pas de morts, pas d'orc, par de neige et de blizzard surprise. Elle en avait encore une honte cuisante. Au moins, Fili le prenait bien - heureusement. Il aurait pu lui en vouloir. Elle était soulagée de ne pas être amoureuse du blond - cela aurait été trop compliqué, trop ... gênant. En attendant, Kili et Fili lui manquaient mais elle n'avait plus trop d'occasion de les voir. Elle se demandait comment ils allaient. Et si ils seraient jaloux de savoir qu'elle allait partir pour la Comtée avec un ami. Ilhy était comme ça - elle mettait la charrue avant les boeufs, et avec enthousiasme, merci.

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« Mon mentor ? Dwalin. Tu pourrais regretter par rapport à cette histoire de bagarre ? Tu crains que mon mentor ne soit un de ces nains dont tu te méfies tant ? »

Elle ne croyait pas si bien dire... En entendant le nom qu'il espérait ne surtout pas entendre, Dalor s'était soudainement arrêté de respirer... C'était comme si tous les muscles de son corps s'étaient mis d'accord pour ne surtout plus bouger afin de ne pas lui montrer la moindre petite parcelle de ses pensées.

Dwalin...

Par Mahal... Parmi tous les nains qui travaillaient dans cette foutue garde royale, il avait fallu qu'elle soit l'apprentie de Dwalin... Il était surement maudit...

Aussi discrètement que possible, Dalor recommença à respirer normalement, cachant son trouble en buvant une nouvelle fois dans sa tasse qu'il reposa tranquillement avant d'oser jeter un coup d'oeil vers la naine. Elle n'avait pas l'air de s'être rendue compte de son trouble et quelque part, il était plutôt fier de lui d'avoir su maîtriser si bien ses nerfs... Lui qui en était incapable dans sa jeunesse... Mieux encore, il avait réussi à lui demander, sur un ton aussi posé que possible, si le mentor en question accepterait de la laisser partir aussi longtemps... Son travail lui avait peut-être apporté ce qui lui avait toujours manqué... Le calme et la sérénité.

« Je pense qu'il acceptera, parce que je prend rarement des congés, mais aussi si je lui fais comprendre que c'était important pour moi. Il est très protecteur, mais il m'aime bien, dans le fond, ce grand bourru. Un mois ... Ca me paraît peu, et en même temps très long. Ca serait si merveilleux ! Je sais que ce n'est qu'un projet, que rien n'est accompli, mais j'ai déjà hâte. »

Oui... Oh... Bah attendez un peu que Dwalin sache avec qui elle comptait partir et il refuserait surement tout net de lui accorder la moindre heure de congé... Retenant ses réflexions pour lui, Dalor fit ce qu'il savait le mieux faire : écouter pendant qu'il réfléchissait sans en avoir l'air.

Elle lui avait demandé s'il était l'un de ceux dont il se méfiait tellement, mais en réalité, Dwalin était la cause de son bras cassé, de son renvois, de sa déchéances et de ces cinq années à vivre dans les caniveaux de la montagne. Seulement, allait-il le lui dire ? Non... Il n'en n'avait pas le droit car il savait ce que cela faisait de perdre foi en celui qu'on admirait depuis toujours.... Il n'avait pas le droit de faire ce mal à Ilhy ni même de l'aiguiller dans ses choix et ses façons de penser... Il ne pouvait pas encore pardonner son renvois à Dwalin, mais ça ne signifiait pas qu'il devait retourner tout le monde contre lui simplement pour se venger... Non, tout ça, c'était une affaire qui ne concernait que Dwalin et lui-même et si un jour il se pensait capable de mettre les points sur les i une bonne fois pour toute, il le ferait seul a seul avec Dwalin, sans arbitre, sans public.

« Et toi, tu pourras prendre du temps ? Je veux dire, tu es escorte, du coup tu vis de tes voyages. Je ne voudrais pas te priver de ton travail. »

Dalor se contenta de hausser les épaules, se concentrant pour garder un ton détâché et calme comme il l'avait depuis le début de leur conversation. Il avait décidé de ne rien dire et de ne pas descendre Dwalin en flèche devant Ilhy, alors ça n'était pas le moment de faire une gaffe.

- T'en fais pas pour ça... Baìn est un patron sympa.. Il suffira de me dire quand et je m'arrangerai...

En vingt ans de bons et loyaux services, Dalor avait toujours répondu présent lorsque Baìn avait eut besoin de lui. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Il n'avait personne dans sa vie avant... Si bien sur, quelques connaissances, mais jamais personne avec qui voyager... Raeryan avait son travail et sa propre vie, Il y aurait put y avoir Nori... Mais disons qu'il y avait de nombreuses fois où il valait mieux qu'il se fasse oublier celui là... Et puis il ne lui viendrait pas à l'esprit de lui proposer une petite virée de toutes façons... Baìn ne lui dirait pas non s'il lui demandait un mois de vacances... Après tout, la Comtée ça n'était pas si loin et s'il avait vraiment besoin de lui pendant son absence, un émissaire serait vite là pour l'appeler à la montagne... Et puis un mois de vacances en vingt ans... Ca n'était pas grand chose finalement.

« Par contre, je ne sais pas si il me demandera des informations sur toi. Parfois, il agit comme un vrai oncle bourru, c'est amusant. Si il me demande avec qui je pars, je peux lui révéler ton identité ? J'y pense, on pourrait même aller boire un coup tous ensemble, et ...»

- Laisse tomber c'est pas une bonne idée.

C'était naturellement pour l'idée d'aller boire un coup tous ensembles. Il ne remettait pas le voyage en question - même s'il avait un gros doute quant au fait que Dwalin ne veuille pas qu'elle parte uniquement en apprenant qui lui servirait de guide - mais même s'il avait décidé de ne surtout pas accuser Dwalin de tous les mots devant Ilhy, il ne se sentait absolument pas prêt à aller boire un coup en sa compagnie.

- Tu pourras lui dire qui j'suis... Il me connait... Ou du moins il m'a connu, je sais pas s'il se souvient de moi maintenant... C'était y a deux décennies... Quand j'étais dans la garde, il était là lui aussi.

Voila, il n'en dirait pas plus... Parmi tous les gardes, il y avait eut pas mal de spectateur le jour où ils s'étaient battu tout les deux et rien, dans ce qu'il venait de dire, ne pourrait immédiatement faire penser à Ilhy que Dwalin était le fameux nain avec qui Dalor s'était battu juste avant son renvoi.

- Et à part pour venir jusqu'ici... T'as déjà voyagé hors de la montagne ? Ou alors je vais être en compagnie d'une parfaite novice qui ne saura pas monter son tours de garde au beau milieu de la nature ?

Il avait un petit sourire moqueur au coins des lèvres. Il la taquinait, c'était curieusement plus fort que lui. Il ne faisait pas ça méchamment, mais il trouvait ça tellement drôle de la voir lui répondre du tac au tac juste pour prouver qu'elle n'était pas une mauviette... Elle avait surement pris cette habitude dans la garde. Il l'imaginait bien vouloir toujours être la première à montrer, à tester, à jouer les cobayes, juste pour faire taire les mauvaises langues...

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Des engins comme vous, devrait y'avoir une notice !

Dwalin avait été, avec Thorin, l'un des premiers à lui offrir sa chance, qu'elle soit naine ou non. Elle admirait l'un pour sa stature, sa prestance, le fait qu'il soit Roi et qu'elle se reconnaisse dans son but. Elle aimait l'autre pour sa chaleur, sa protection, son côté bourru mais gentil, ses choix et ce qu'il était. Dwalin était son mentor, et si elle avait dû choisir, cela n'aurait été personne d'autre. Il savait pousser Ilhy dans ses retranchements, la calmer comme l'énerver, la forcer à voir au-delà du bout de son nez. La rousse ne doutait pas que le nain serait méfiant vis-à-vis de sa protégée et de son nouvel ami. Un peu comme un père, il tenterait sûrement d'en savoir plus. Ilhy songeait déjà à comment tourner les choses pour éviter qu'il ne voit en Dalor une menace amicale. Il était impossible qu'il le voit comme un prétendant, mais il risquait aussi de songer qu'un voyage, juste à deux, cela ne se faisait pas. C'était contre l'étiquette, de toute évidence. Est-ce qu'il refuserait ? C'était important pour elle, après tout. Aurait-il le coeur à lui retirer ce à quoi elle avait le droit ? Elle voulait voyager, et elle était sûrement à même de se protéger, d'autant plus que Dalor escortait des caravanes : ils sauraient tous les deux résister si un souci arrivait.

« Tant mieux. Je te donnerai des nouvelles dès que j'ai vu ça avec Dwalin, alors. »

Elle songea que, même si les naines étaient censées rester sous la Montagne, bien à l'abri, elle n'était pas une naine comme les autres. Elle se battait, elle savait se défendre, ne mettait aucune robe ni n'était féminine. Est-ce que tout cela suffirait pour prouver qu'elle était à même de sortir et de voir le monde ? Elle aurait bien aimé qu'ils sortent tous boire un verre, avec ceux de la garde. Elle n'imaginait pas combien les vieilles rancunes sont tenaces, ni à quel point Dalor avait été au fond du gouffre à cause de cette histoire. Elle ne faisait que l'imaginer rapidement, quand il avait parlé que Raeryan lui avait sauvé la vie. Et elle était tellement loin d'imaginer que son cher Dwalin était celui qui avait réduit autant en miettes le bras que l'avenir de Dalor ... Elle accepta son refus avec simplicité. Elle n'était pas du genre à se prendre la tête. Il trouvait que c'était une mauvaise idée ? Très bien. Là où d'autres auraient cherché la petite bête, elle-même prenait les choses comme elles venaient. Têtue, oui, mais pas chiante.

« D'accord. Je verrais ça avec lui. Il est plutôt occupé en ce moment, mais dès que j'ai des nouvelles, je t'en donne à toi aussi. Vous avez été dans la garde ensemble ? Incroyable ! Le monde est petit » fit-elle avec un petit sourire.

Peut-être à cause de sa joie de vivre, elle avait du mal à remarquer quand les autres allaient mal. Elle avait à peine réalisé que Dalor avait retenu son souffle à la mention de Dwalin. Pourtant, la rousse avait remarqué qu'il semblait mal à l'aise. Elle ne comprenait pas pourquoi, et préférait garder ses questions pour elle. Ce n'aurait pas été très poli de poser plus de questions personnelles. Elle remua, s'enfonçant dans son fauteuil, mais se redressa aussitôt, piqué au vif par les paroles du nain.

« Quoi ?! Mais, mais, mais non ! » bégaya t-elle, faussement outrée qu'il puisse la croire aussi impotente. Elle répondit à son sourire moqueur par une oeillade narquoise. « Sache que j'ai déjà fait une expédition avec le Prince Fili hors des montagnes ! J'avais déjà un peu voyagé avec mon père, mais c'était quand j'étais très jeune. Et mes tours de garde se portent bien, merci pour eux. Je sais monter une tente, m'occuper d'un camp, faire du feu. J'ai l'air aussi maladroite que ça ?»

Elle sut tout de suite qu'il allait rebondir sur le thé brûlant et grimaça un sourire. C'était une perche involontaire, mais tant pis. Et puis, elle aimait bien jouer. C'était dans sa nature un peu enfantine, que de répondre aux piques qu'on lui lançait.

« Te renvoyer la question serait stupide : tu es escorte de caravane, bien entendu que tu sais faire une ronde et monter un tour de garde.» Elle haussa une épaule, l'air de rien. « Mais je veux voir de quoi tu es capable, avec ton bras. Je veux voir si tu es si rouillé que ça. Lorsqu'on sera en voyage, ça nous donnera de quoi nous occuper. Et puis, tu verras comme ça que je ne suis pas si maladroite, non mais.»

Encore ce mot. Elle s'enfonça dans son fauteuil comme si elle le défiait de lui dire non. Elle était tellement curieuse, depuis qu'elle l'avait rencontré. Et puis, comme elle aimait avoir le dernier mot, elle rajouta encore une fois :

« Et puis, moi, je ne prend pas les naines pour des nains. »

Nouveau regard de défi plein d'amusement. Leur voyage risquait de devenir explosif, si ils se rentraient continuellement dedans comme ça. Mais Ilhy aimait cette espèce d'adrénaline qui envahissait ses veines quand on la charriait. Et Dalor lui faisait sentir ça, alors que les autres finissaient par l'ennuyer, en se lassant de ses réparties. Elle lui fit un sourire et frotta encore son poignet rougi, mais le tissu mouillé avait fait son office. Elle rougit en sentant encore le contact des doigts de Dalor sur sa peau. Elle avait l'habitude du contact en combat, mais en-dehors ... Elle rougit en baissant le nez, en se traitant d'idiote, soudain intimidée par la proximité de Dalor. Qu'est-ce qui lui arrivait ?

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« D'accord. Je verrais ça avec lui. Il est plutôt occupé en ce moment, mais dès que j'ai des nouvelles, je t'en donne à toi aussi. Vous avez été dans la garde ensemble ? Incroyable ! Le monde est petit »

En effet, qui l'eut cru ?! De toutes façons, c'était toujours comme ça dans le fond... On espérait un truc et il se passait tout le contraire... C'était pour ça que Dalor aimait vivre au jour le jour ou presque... Il n'aimait pas tellement faire des projets sur le long terme... La seule fois où il avait essayé, il avait fantasmé des années durant sur sa glorieuse vie de chef de la garde royale et tout s'était royalement cassé la gueule en dix minutes...

Plutôt que d’enchaîner sur le sujet "j'étais dans la garde avec Dwalin" qu'il considérait comme une pente bien trop glissante à son goût, Dalor préféra repartir sur un terrain tout aussi dangereux mais qui aurait le mérite de lui faire oublier le premier sujet : la taquinerie... Il se doutait bien qu'elle sauterait dedans à pieds joints, pour le plus grand plaisir du nain d'ailleurs... Il devait avoir un petit côté masochiste dans le fond... Mais ce trait de caractère était sans doute commun à tous les nains.

« Quoi ?! Mais, mais, mais non ! Sache que j'ai déjà fait une expédition avec le Prince Fili hors des montagnes ! J'avais déjà un peu voyagé avec mon père, mais c'était quand j'étais très jeune. Et mes tours de garde se portent bien, merci pour eux. Je sais monter une tente, m'occuper d'un camp, faire du feu. J'ai l'air aussi maladroite que ça ?»

Dalor eut du mal à retenir un rire moqueur. Elle ne marchait pas, elle courait carrément... Au quart de tours... C'était tellement marrant ce 'pouvoir' qu'il semblait avoir déjà sur elle... La faire monter ainsi sur ses grands chevaux en deux secondes... Il allait même se faire le plaisir d'en rajouter une couche.

- Je sais pas... Demande à la tasse de thé...

Non sérieusement, c'était mesquin et plutôt bas de sa part, mais tellement évident... Elle avait tendu la perche, il aurait été trop bête de ne pas en profiter... Cependant, il déchanta rapidement en entendant la suite.

« Te renvoyer la question serait stupide : tu es escorte de caravane, bien entendu que tu sais faire une ronde et monter un tour de garde. Mais je veux voir de quoi tu es capable, avec ton bras. Je veux voir si tu es si rouillé que ça. Lorsqu'on sera en voyage, ça nous donnera de quoi nous occuper. Et puis, tu verras comme ça que je ne suis pas si maladroite, non mais.»

Dalor avait légèrement froncé les sourcils, piqué au vif à son tours. Il porta sa main à son épaule gauche bien malgré lui. Ilhy ne pouvait pas se douter que son bras était encore une plaie ouverte pour lui et qu'il ne pensait pas réussir à la refermer un jour. Sa plus grande crainte était de devenir un fardeau un jour et de ne plus pouvoir se débrouiller par lui-même... Mais dans la bagarre, Dwalin avait fait les choses bien... Il lui avait cassé le bras gauche et Dalor était droitier...

« Et puis, moi, je ne prend pas les naines pour des nains. »

- Personnellement j'avais encore jamais vu une naine s'habiller comme un nain... Et puis tu t'es bien gardé de me détromper... C'est que dans le fond, ça devait te plaire...

C'était sortit tout seul et il valait mieux qu'il enchaîne sur cette pique là plutôt que sur la première. Il savait que sinon, il deviendrait méchant dans ses propos et il ne voulait pas prendre le risque de gâcher ce qui promettait déjà d'être une belle amitié.

- En ce qui concerne mes capacités au combat, demande aux marchands... Jusqu'à maintenant ils sont tous revenus en un seul morceau et vivant... Pourtant je peux t'assurer qu'on a croisé plus d'un orc ou d'un warg...

Dalor, encore à moitié vexé à propos de son bras, haussa soudainement les sourcils en se rendant compte d'une chose bien étrange et, une fois n'est pas coutume, parla sans réfléchir.

- Pourquoi tu rougis ?!

C'était quand même pas parce qu'il lui rappelait qu'en général les naines portaient des robes et pas l'uniforme de la garde qu'elle rougissait ainsi ?

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Ilhy se sentait vivifiée par ce duel de mots. Faute de pouvoir lui sauter dessus pour se battre contre lui, ils pouvaient se balancer des piques comme autant de couteaux. Tout cela restait bien entendu amical, et l'adrénaline pulsait dans ses veines comme un alcool fort. Les yeux de glace de la naine brillaient d'une excitation mêlée à de l'amusement enfantin et malicieux. Elle aimait ça. C'était comme ceux qui jouaient aux échecs : ici, les pions étaient des phrases. A chacun d'eux d'avancer celui qu'il faut quand il faut, sans trop blesser l'autre. Il semblait qu'ils avaient chacun pris la jauge des faiblesses de l'autre, et c'était d'autant plus amusant qu'ils tentaient de ne pas mettre les pieds dans le plat. Relativement réussi, d'ailleurs. Elle gonfla les joues, le fusillant du regard, se retenant à moitié de rire. En attendant, elle avait peut-être été maladroite, mais il avait rapidement réagi, lui.

« Voilà que tu me vois une fois renverser du thé et me blesser, et tu cries à la maladresse ? Tu sautes rapidement aux conclusions, mon mignon » fit-elle avec un sourire goguenard.

Si il voulait jouer, elle pouvait y passer des heures. Une naine au combat, c'était la proie de tous les quolibets. Elle avait fait face à plus d'insultes et de piques que tout le monde, à son humble avis. A chacun, elle avait répondu en gardant la tête haute. Mais là où parfois cela dégénérait, ici cela restait un jeu. Elle sembla l'avoir touché, et regretta un peu ses paroles : elle ne voulait pas qu'il croit qu'elle le voyait comme un faible. Ce n'était pas cela; Elle remarqua sans mal son geste : l'épaule gauche, hein ? Elle se surprit à se demander si il avait des cicatrices. Elle avait vu le tatouage qu'il arborait. Elle-même portait quelques cicatrices dues à ses entraînements parfois violents. Elle n'avait définitivement pas un physique avantageux, délicat et soyeux.

A son tour de hausser les sourcils, soufflée par le culot du nain. Elle se mordilla la lèvre, cherchant déjà quoi lancer pour répliquer. Son coeur manquait quelques battements sous l'excitation de ce divertissement des plus singuliers.

« Ce qui me plaît, c'est qu'on me traite sur un pied d'égalité, pas de me déguiser en nain. Même si je dois avouer que vos pantalons sont plus agréables à porter que des robes. Essayes donc une robe, un corset et du maquillage pendant une journée, et on en reparle. » Elle le défiait du regard, comme un fauve, les prunelles pâles étincelantes comme un ciel d'hiver. Pour un peu, elle aurait bombé la poitrine - si poitrine il y avait à bomber, et si cela n'avait pas été indécent.

Elle l'observa et son regard s'adoucit. Peut-être un peu trop. Elle aurait du répliquer, dire quelque chose, plutôt que de baisser les cils et laisser ses joues s'embraser. Elle aurait dû agir comme la Ilhy normale l'aurait fait. Mais voilà que son souffle se coupait en réalisant que Dalor lui avait touché le poignet. Elle avait mit quelques minutes à réaliser, parce que sur le coup, elle avait surtout eu mal, et elle avait maugréé contre l'indélicatesse du nain. Elle avait l'habitude des soins délicats de Raeryan. Cela ne manqua pas, Dalor le lui fit remarquer et elle releva la tête, les joues roses. Elle se releva, et pointa un index volontaire vers Dalor, penchée vers lui, l'air en colère autant que gênée. Leurs cercles personnels s'étaient réduits, et elle se tenait à quelques centimètres de lui, son index touchant presque le nez du nain.

« Sachez monsieur que je ne rougis pas ! C'est juste qu'il fait très chaud ! » s'exclama t-elle avec une mauvaise foi toute nanesque. Elle savait bien que ce n'était pas pour ça, mais exprimer la réalité lui semblait inconcevable. « Je ne rougis pas ! Et puis, et puis ... » Elle en bégayait. Qu'est-ce qu'il croyait ? Qu'elle rougissait à cause de lui ? Pas du tout ! « Tu ne m'as même pas répondu pour le goûter avec Raeryan » finit-elle, à court d'arguments, à court de réparties.

Réalisant qu'elle était peut-être un peu trop proche de Dalor, elle se rassit, rangeant son index comme on rangerait une arme. Ses joues étaient cramoisies et son regard brillant. Elle ne comprenait pas, ne cherchait pas à comprendre. Elle tenta de se calmer, le souffle court. Mais qu'est-ce qui lui arrivait, à la fin, de s'énerver comme ça ? Habituellement, elle aurait juste éclaté de rire. Mais là ...

« Et puis, si tes marchands sont tous revenus entiers, rien ne me dit que c'est grâce à toi. Qui ne me dit que tu n'as pas caché un ou deux disparus ? Je soutiens que je peux te surprendre, une lance à la main, monsieur le crâneur » déclara t-elle pour reprendre contenance, sachant que c'était surtout elle qui crânait, en cet instant là.

Mais c'était mieux que de rester là à rougir comme une imbécile. Elle frotta ses joues, comme si c'était réellement la chaleur qui leur donnait cette couleur de pomme mûre. C'est vrai qu'elle avait chaud, après tout. Mais le feu n'excusait pas tout ...

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« Voilà que tu me vois une fois renverser du thé et me blesser, et tu cries à la maladresse ? Tu sautes rapidement aux conclusions, mon mignon »

Encore ce fichu surnom... Et naturellement, il n'eut pour effet que de se faire se renfrogner le nain bourru qui n'appréciait guère qu'on lui donne un surnom qui le faisait passer pour un gamin tout juste sortit de l'enfance. Il avait 109 ans tout de même, il avait passé l'âge d'avoir des surnoms pareils...

Avec pour seule idée celle de la vengeance, il enchaîna, lui rappelant qu'elle ne portait pas de robes et se vêtait comme un nain et il lui semblait qu'il avait touché dans le mille en supposant qu'elle avait tût la vérité parce qu'elle avait apprécié qu'il se trompe.

« Ce qui me plaît, c'est qu'on me traite sur un pied d'égalité, pas de me déguiser en nain. Même si je dois avouer que vos pantalons sont plus agréables à porter que des robes. Essayes donc une robe, un corset et du maquillage pendant une journée, et on en reparle. »

Bon il avait eut raison... Pas de la bonne manière, mais il avait eut raison dans le fond, elle avait apprécié qu'il se trompe car alors il n'avait pas pris en compte le fait qu'elle soit une femme et ne l'avait pas traité en petite chose fragile et incapable de se défendre seule... Quoi que Dalor était loin de considérer les naines comme étant des petites choses fragiles incapables de se défendre seule.... Bien au contraire... Ils les gardaient tous à l'abri des montagnes, mais en temps de guerre, elles seraient surement les premières à savoir survivre.

- Je ne me travestirais pas pour tes beaux yeux ma mignonne... Les jupons et les corset ça n'a jamais été mon style...

Il s'était fait la promesse de toujours lui renvoyer la balle quand elle l’appellerait mon mignon... Et il comptait bien le faire... D'ailleurs, il s'apprêtait à en rajouter une couche quand il s'aperçu, à sa grande surprise qu'Ilhy rougissait comme une jeune première (ce qu'elle était dans le fond). Sa réaction fut assez vive lorsqu'il le lui fit remarquer et il n'eut que le temps de se redresser en fixant ce doigt menaçant qui semblait vouloir lui crever un oeil ou peut-être même les deux.

« Sachez monsieur que je ne rougis pas ! C'est juste qu'il fait très chaud ! Je ne rougis pas ! Et puis, et puis ... »

Dalor eut un sourire en coin... Sans le vouloir, il avait trouvé le petit point sensible de la journée alors il n'allait quand même pas passer à côté sans insister... Quel nain ferait-il dans le cas contraire...

- Mais si tu rougis... Tu rougis même de plus en plus... Et puis quelle chaleur ? Ta cheminée est éteinte depuis tout à l'heure...

C'était assez masochiste dans le fond d'insister autant avec ce doigt menaçant tout près de lui crever les yeux à la remarque de trop... Mais c'était que c'était tendrement amusant de la voir rougir et réagir si vivement à sa remarque... Comme si... Comme si elle était réellement mal à l'aise et qu'elle craigne qu'il en découvre la raison.

« Tu ne m'as même pas répondu pour le goûter avec Raeryan »

Que... Quoi ?! Pris de court, Dalor resta un instant complètement muet. Un goûter ? Quel goûter ?! De quoi parlait-elle ? Et puis quelle idée de passer du coq à l'âne comme ça aussi... Ah.... Ca y est, il remettait l'histoire du goûter...

« Et puis, si tes marchands sont tous revenus entiers, rien ne me dit que c'est grâce à toi. Qui ne me dit que tu n'as pas caché un ou deux disparus ? Je soutiens que je peux te surprendre, une lance à la main, monsieur le crâneur »

Dalor éclata tout bonnement de rire face à la remarque. Planquer un ou deux disparus... Pas qu'il serait incapable de le faire, mais étant donné que Baìn savait parfaitement avec combien de marchands il partait, ce genre de situation serait impossible à ne pas remarquer.

- À la lance... Je te crois... Je ne peux plus les tenir convenablement... Mais je ne parierai pas ma main à la hache ou au marteau de guerre... Tu vois... ma mignonne Chacun ses faiblesses et ses avantages...

Dalor essayait de lui faire comprendre que s'il n'avait plus sa force d'entant dans son bras gauche, il n'en n'était pas moins dangereux et redoutable au combat... Il avait appris à faire de ses faiblesses des forces et à se battre à son avantage... Il ne trimbalait pas de lance par exemple, sachant parfaitement qu'il ne serait pas très efficace avec...

- Et maintenant tu vas me dire que si t'es toute rouge c'est parce que tu viens de te frotter les joues ? Sourit-il légèrement. Tu me prends vraiment pour le roi des crétins...

Mais ça n'était pas dit méchamment, non. Il l'avait murmuré, comme s'il savait très bien ce qui la mettait dans l'embarras alors qu'en réalité, il n'en n'avait absolument aucune idée, mais parfois, prêcher le faux pour avoir le vrai, ça marchait, surtout quand son interlocuteur parlait plus vite qu'il ne pensait.

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Visiblement, le surnom était toujours aussi épineux pour Dalor. C'était une petite victoire facile, bien mesquine et par bien des façons attendue. Mais Ilhy en était contente, parce que c'était une petite consécration. La mine renfrognée de Dalor la fi sourire d'un air vainqueur parfaitement ridicule, mais qui s'en fichait ? Elle plissa les yeux, en observant le nain. Leu petit affrontement était à celui qui réussirait à mettre à bas son ennemi. Et si personne n'avait encore l'avantage, le jeu risquait de tourner court avec la rousse qui se sentait quelque peu troublée pour elle ne savait quelle raison ... Non, c'était un mensonge, elle le savait mais c'était étrange et bizarre et ridicule, de toute façon.

« Dommage, je pense que le cuir et la dentelle t'iraient parfaitement » grinça t-elle en accusant le surnom à son tour.

L'ironie, elle la maniait aussi bien que sa lance. C'était un réflexe de survie, à la longue. Répondre par la dérision aux quolibets réguliers des autres gardes. Ma mignonne. Quelle idée. Même si il savait que, dans le fond, cela se basait sur un critère physique qui était qu'il était loin d'être laid, elle ne savait pas si cela lui plairait. Mais si elle l'appelait séduisant, premièrement, le surnom n'aurait rien d'amusant, et cela pourrait passer pour autre chose qu'une taquinerie.

Tendue et crispée, elle bégayait, totalement écarlate. Elle ouvrait la bouche et serrait les dents. C'est qu'il prenait l'avantage, ce petit imbécile ! Elle le fusilla des yeux, comme si ses prunelles de glace se réchauffaient pour devenir de la lave et sa bouche se tordit en une grimace d'enfant. Un coup d'oeil vérifia les dires masculins : effectivement, la cheminée avait tiré sur sa fin depuis un bout de temps.

« Je rêve. Monsieur se permet de faire de l'esprit ! Attention, ou ce doigt que je pointe pourrait bien te rentrer dans l'oeil pour t'apprendre à voir rouge, non mais ! Là, tu auras une excuse pour me voir écarlate ! Et c'est la chaleur ! » voulut-elle terminer en se drapant dans les restes de sa dignité.

Elle espérait le perdre dans la conversation, ou au moins dévier du sujet de ses joues décorées du vermeil de l'embarras. Mais face au rire aussi prompt que franc du nain, elle ne pouvait que rougir d'avantage. Elle toussota, et tenta de reprendre ses esprits, en inspirant fortement et en expirant par le nez, faussement agacée. Elle ne cessait de le considérer des yeux, ses iris d'un bleu clair parcourus parfois de lueurs pleines d'une émotion mal contenue.

« Le marteau, je suis trop frêle pour réussir à les tenir convenablement. J'ai néanmoins l'avantage évident de l'agilité et de l'allonge » fit-elle avec bravade. « Je connais chacune de mes faiblesses et chacune de mes capacités. Je suppose que c'est pareil pour toi. Tout cela risque d'être fort intéressant, tu ne trouves pas ? » fanfaronna t-elle avec la voix pleine d'une excitation candide.

Mais son expression joyeuse se fêla de nouveau sous l'attaque injuste et inattendue. Elle roula des yeux au ciel, entre amusement et exaspération. Ma mignonne et ça, derrière ? Il voulait l'achever ? Elle finit la théière en resservant du thé, en faisant bien attention - il n'aurait plus manqué qu'elle en renverse, et elle aurait eu le droit à des réflexions jusqu'à la fin de sa vie.

« Le roi des crétins ? Peut-être bien parce que tu l'es, espèce d'idiot ! » Mais c'était dit d'un ton non pas affectueux mais amusé. « J'ai les joues rouges ? Ah bon ? Je crois que c'est parce que je les ai frotté » ajouta t-elle d'un air innocent en papillonnant des cils ridiculement avant de ricaner à voix basse. « Si tu es si fort que ça, dis-moi pourquoi j'aurai à rougir ? Parce que t'es là ? Pfeuh. »

C'était absurde. Elle avait des tas de compagnons masculins. Un de plus, un de moins .. Oh, certes, Dalor était un peu un cas exceptionnel. Il n'était ni un noble qu'elle avait connu autrefois, ni un garde qui la prenait pour un nain de caractère. Il voyait parfois la fille en elle - elle le voyait, elle le sentait, même si elle ne pouvait dire si il se retenait vraiment en sa présence. Si elle l'avait senti, il aurait eu le droit à un sacré coup de poing dans l'épaule.

« T'es vraiment le roi des crétins. Je suis sûre que ça plaît à toutes les naines. Tu dois faire fureur. Ton petit air distant et ton air bourru - elles doivent toute fondre devant ton caractère de gros ours, hm ? Et puis elles voient que tu es juste un gros idiot » lança t-elle, puis dans une impulsion, elle prit le coussin et le lui lança dans la figure, comme pour ponctuer son propos.

Elle ne savait pas trop d'où ces réparties venaient, mais de loin de toute évidence. Elle finit par lui tirer la langue, depuis le temps qu'elle se retenait, puis éclata d'un grand rire, toute trace de gêne effacée. Voilà. Un instant, elle avait été embarrassée inutilement, mais c'était passé. Les joues revenues à une couleur convenable, elle toisa Dalor, l'air joueur.

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Contant de constater que le surnom plaisait à Ilhy tout autant qu'à lui, Dalor ne répliqua pas à propos du cuir et de la dentelle qui lui iraient bien. Il ne savait pas tellement quoi répondre à ça sans avoir immédiatement l'air ridicule. C'était qu'il n'avait jamais été un tant soit peu intime avec une naine alors voir leurs sous-vêtements... Il ne pouvait certainement pas le prétendre non plus. Il valait mieux donc éviter de s'aventurer sur un sujet dont il ne connaissait rien du tout, particulièrement quand on l'abordait avec une femme et qu'on était soi-même un homme. On avait beau vouloir jouer les bravaches, il y avait des sujets qui restaient très gênants.

La question du soudain rougissement d'Ilhy revint donc sur le tapis. Un sujet qui pouvait effectivement s'avérer tout aussi gênant, mais pas pour Dalor qui ne comprenait absolument pas ce qu'il lui arrivait exactement. Pour sa part, quand il commença à réfléchir aux raisons d'une telle réaction, il se dit qu'à présent, elle rougissait de colère... Mais cela n'expliquait pas le premier rougissement délicat qui avait coloré ses joues presque imberbes et même s'il n'était pas du genre à se prendre la tête pour des questions "existentielles" Dalor était le genre de nain à ne pas aimer quand il ne comprenait pas.

« Je rêve. Monsieur se permet de faire de l'esprit ! Attention, ou ce doigt que je pointe pourrait bien te rentrer dans l'oeil pour t'apprendre à voir rouge, non mais ! Là, tu auras une excuse pour me voir écarlate ! Et c'est la chaleur ! »

La prudence exigeant qu'il ne tente pas d'avantage le diable tant qu'elle serait si près avec le doigt armé prêt à frapper, Dalor abandonna le sujet de ses joues rosies pour le moment et enchaîna sur ses capacités au combat. C'était à son tours de se voir rappeler sa faiblesse en pleine figure, mais il n'en rougit pas, même s'il ne pouvait empêcher cette sourde et vieille angoisse de venir le tarabuster pendant qu'il faisait comme si de rien n'était. Peut-être bien que Dalor avait retrouvé toute sa force d'entant ou presque... D'ailleurs, Raeryan lui avait soutenu que ses os étaient aussi solides qu'avant... Mais justement, le hic était là... Avant, ils avaient cédé et puisque ça avait été le cas quand ils étaient encore intacts, et bien ça ne pouvait pas être moins fragile maintenant qu'ils avaient été cassé une fois...

« Le marteau, je suis trop frêle pour réussir à les tenir convenablement. J'ai néanmoins l'avantage évident de l'agilité et de l'allonge. Je connais chacune de mes faiblesses et chacune de mes capacités. Je suppose que c'est pareil pour toi. Tout cela risque d'être fort intéressant, tu ne trouves pas ? »

Pensif, Dalor l'observa un instant sous couvert... Était-ce dans ses habitudes de vouloir défier ainsi les gens ou bien avait-elle envie de le voir se battre à ce point là ? Il n'en n'avait pas la moindre idée, mais une chose était certain, vingt ans en arrière, il serait déjà partit après avoir frappé les murs pour éviter de la frapper elle, parce qu'elle était une naine, qu'elle le veuille ou non et que même au plus bas et mené par l'alcool, Dalor ne s'était jamais abaissé à frapper une femme. Oh bien sur, il avait tempêté contre Raeryan plus souvent qu'à son tours. Il l'avait souvent menacé de la frapper jusqu'à l'assommer... Mais jamais il n'avait levé la main sur elle. Une question lui démangea soudainement les lèvres, mais Ilhy avait finalement enchaîné sur la dernière réplique que Dalor avait lancé une nouvelle fois pour la détourner de cette idée de se battre avec lui.

« Le roi des crétins ? Peut-être bien parce que tu l'es, espèce d'idiot ! J'ai les joues rouges ? Ah bon ? Je crois que c'est parce que je les ai frotté. Si tu es si fort que ça, dis-moi pourquoi j'aurai à rougir ? Parce que t'es là ? Pfeuh. »

Dalor haussa les sourcils. Il était prêt à lui assurer qu'elle rougissait parce qu'elle se mettait en colère après lui ou bien parce qu'il la mettait mal à l'aise à lui renvoyer son surnom ridicule à la figure avec tant d'ironie... Il était même prêt à avouer qu'il ne comprenait pas le tout premier rougissement intervenu sans aucune raison apparente... Mais Ilhy avait commencé à se trahir... Parce qu'il était là ?! Voila qui avait matière à ce qu'on se pause la question... Mais heureusement pour Ilhy, Dalor n'était pas du genre à se prendre la tête pendant des heures d'autant plus qu'elle enchaîna, apparemment désireuse de lui rappeler à quel point il était idiot.

« T'es vraiment le roi des crétins. Je suis sûre que ça plaît à toutes les naines. Tu dois faire fureur. Ton petit air distant et ton air bourru - elles doivent toute fondre devant ton caractère de gros ours, hm ? Et puis elles voient que tu es juste un gros idiot »

Un coussin avait volé droit vers lui et s'était écrasé en plein sur sa figure avant de retomber mollement sur ses genoux. Dalor, stoïque, les yeux écarquillés, n'en revenait tout simplement pas qu'elle ait osé lui lancer un coussin sur la tronche. Puis il se songea chanceux qu'il s'agisse du coussin et non de la tasse de thé de nouveau pleine... Et quand elle lui tira la langue, il eut la bonté de lui renvoyer son projectile, profitant du fait qu'elle soit trop occupée à rire pour lui réserver le même sort, à savoir se prendre un coussin en pleine tête.

- Je ne suis pas gros... Et puis c'est quoi ces histoires de naines qui me tournent autours ? D'abord, les naines, c'est pas si fréquent que ça d'en croiser... Deuxièmement, les trois quart en âge... Sont déjà mariée ou casées avec un nain et troisièmement... Troisièmement personne ne me tourne autours... Ou alors j'suis trop idiot pour m'en rendre compte. Marmonna-t-il.

Mais les faits étaient là, Dalor côtoyait d'avantage de nains que de naines et les deux seules à qui il parlait réellement étaient Raeryan et Ilhy... La première, il la voyait comme une grande soeur protectrice et attentive... La seconde... Et bien pour tout avouer s'il avait à la comparer à quelque chose de connu, il dirait qu'elle était en train de devenir un bon copain... Un peu comme Nori, mais en plus présent...

- Et dit moi... D'où te viens ce soudain intérêt pour mon absence de vie privée ? Une envie irrépressible d'en faire partit peut-être ? Ironisa-t-il.

Parce que Dalor s'était fait à l'idée, il y a longtemps déjà, qu'aucune naine ne voudrait d'un nain toujours partit et très peu habitué à ne pas être seul chez lui. Et puis Ilhy était encore jeune et en plus elle parlait de Dwalin avec tant d'admiration dans les yeux qu'il y avait peut-être anguille sous roche... Il se râcla la gorge après un instant de silence.

- J'ai une autre question à te pauser. Fit-il cette fois-ci plus sérieusement. Pourquoi tu me défies tout le temps ? Tu fais ça avec tout le monde ? Où alors tu tiens tant que ça à savoir ce que le vieil éclopé que je suis vaut au combat ?

Car une chose était claire dans l'esprit de Dalor, si Ilhy voulait savoir ce qu'il valait à la bataille, il lui faudrait attendre qu'ils aient à se battre contre de véritables énemis... Il ne la frapperait pas, même si elle le lui demandait, même pour lui rendre ses coups... Elle était une naine et même si Dalor essayait tant bien que mal de ne pas lui faire sentir qu'il prenait bien en compte cette différence, il ne l'oubliait pas. Il n'avait pas une éducation bourgeoise, mais il avait tout de même des principes appris depuis l'enfance et le fait de ne pas frapper les femmes en faisait partit.

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Parler avec Dalor, c'était comme essayer d'attraper du sable avec une passoire. Infini. Et extrêmement amusant. Ilhy remarquait avec retard les sujets gênants ou non, mais vu sa subtilité semblable à celle d'un warg en pleine charge, elle n'y aurait pas fait attention avant de poser ses mots, de toute façon. Elle n'était pas du genre à retenir quoi que ce soit qui lui passe par la tête - sauf si c'était trop sérieux et trop personnel. Comme en cet instant. C'était nébuleux, dans son esprit, comme des vapeurs émotionnelles incontrôlables. Elle ne savait pas quoi faire face à tout ça, et se demandait surtout si elle n'avait pas attrapé froid pour agir comme elle le faisait. Menacer un nain de son index passait encore, mais faire la midinette en rougissant, ce n'était pas dans ses habitudes, loin de là. Elle était du genre à foncer pour avoir ce qu'elle voulait ou à ne pas tergiverser trop longtemps de peur que ses chances ne se dissolvent d'elles-même. Elle n'était pas comme ces naines, qui faisaient languir leurs prétendants, et revenaient sur leurs décisions, encore et encore ... Mais pourquoi, par Mahal, pensait-elle à ça en particulier ?! Mauvais exemple imaginaire, voilà tout. Métaphore bancale, image tordue par son esprit qui avait peut-être, après tout, de la fièvre ?

L'éclat de rire sembla dissiper toutes ces interrogations bizarres. C'était comme un second souffle, ou reprendre vie. Elle se sentait plus détendue, et Mahal savait que Ilhy pouvait parfois être crispée sur ses idées ou des faits insignifiants. Elle cachait une certaine sensibilité sous des couches et des couches de peau calleuse et de bravade vantarde. Le coussin lui atterrit sur la tête et elle manqua de renverser sa tasse, encore. Elle laissa le coussin retomber mollement au sol, en continuant de rire de bon coeur.

« Attention, ou si je renverse encore ma tasse tu vas dire que je suis maladroite » fit-elle rapidement, comme on retire un pansement d'une plaie, en se retenant de lui tirer la langue une seconde fois. Ou il pourrait prendre part à la bataille avec plus de coeur, au vu de la pile de cousin à côté de lui..

Ilhy considéra Dalor avec une moue peu convaincue. Quoi que, ça se tenait, quand on songeait aux clichés qu'entretenait Ilhy -autrefois- sur ses comparses féminines : la plupart désiraient un mari qui soit noble et riche, pour pouvoir avoir la belle vie. Elle avait appris depuis que ce n'était pas exactement ça, mais le fait était qu'elle connaissait beaucoup de naines des Monts de Fer à avoir choisi une vie facile et aisée, en préférant un nain riche à un autre moins pourvu d'argent. Dalor était-il victime de ces considérations ? Il était plus simple de penser qu'il devait juste être trop occupé ou trop absent pour se rendre compte. C'était plus raisonnable. Ou alors son caractère bourru d'ours n'amusait que Ilhy ? Les naines aimaient-elles qu'on les asticote comme ça, ou la rousse était-elle aussi bizarre de ce côté là ? Elle haussa un sourcil, distraite par la question narquoise de Dalor.

« D'en faire partie ? C'était de la politesse, monsieur. Je m'intéresse, monsieur. Et je prends part à l'avis général que vous êtes un idiot, monsieur. »

Elle s'était promise de ne se marier qu'avec un nain qui pourrait la vaincre. Mais pas uniquement physiquement - au-delà du fait qu'il lui fallait quelqu'un qui pourrait la pousser à faire de son mieux et qui l'accepterait comme une égale et comme un adversaire et une alliée à la fois dans la vie de tous les jours, elle voulait quelqu'un qui sache vaincre ces couches durcies dans son coeur, à cause de ses parents. Quelqu'un qui sache la dérider, quand parfois, la nostalgie et le manque de confiance venaient. Cela lui arrivait parfois - rarement. Et surtout quand elle était seule. Son caractère était enthousiaste de nature, et elle ne baissait pas les bras, se reprenant plus rapidement à chaque fois. Et puis, se marier aurait fait trop plaisir à son père ... Elle releva les yeux au ton sérieux de Dalor. La question, réfléchie, lui prit quelques minutes avant de répondre. Bizarrement, c'était plus personnel que toute question sur un prétendu prétendant qu'il aurait pu poser. C'était une facette d'elle qu'elle exposait - pour la première fois, lui semblait-il. Peu de gens avaient cherché à savoir ce qui se cachait sous ce besoin de défier tout et tout le monde.

« Les deux, je pense. J'aime me battre contre quelqu'un pour le jauger. Dans un combat, il se passe plus de choses qu'on ne le pense. La gestuelle, les mouvements trahissent les émotions et la façon qu'une personne a de voir l'autre. J'aime voir si les gens me considèrent comme du menu fretin, me sous-estiment ou non. C'est ma façon de faire connaissance, si on peut dire » fit-elle avec un petit rire fêlé. « Ça peut sembler bizarre, mais si je te défie tout le temps comme ça, c'est pas uniquement par fanfaronnade. Même si j'adorerais voir de quoi tu es capable - je me le demande depuis la première fois que je t'ai vu. Je suis sûre qu'en combattant, tu es mignon. Oh, tu préférerais un autre qualificatif peut-être ? Plus viril ? Plus proche de ta nature d'ours ? »

Elle n'avait pas pu s'en empêcher. C'était plus fort qu'elle, devoir taquiner les gens comme ça. Son caractère impulsif aimait à reprendre le dessus, mais elle secoua la tête. A force d'insister comme ça, il allait peut-être penser qu'elle le trouvait vraiment mignon, comme un gosse. Disons que ça n'aurait pas été trop loin de la vérité. Le côté enfant en moins.

« Pourquoi tu es revenu me voir ? Ce défi de toquer à chaque porte, c'était du temps perdu. Mais tu as joué le jeu. Je suis un peu bizarre pour une naine, et tu aurais pu passer ton temps ailleurs beaucoup plus agréablement. Pourquoi tu es revenu me voir ? » répéta t-elle, à son tour sérieuse.

Si les gardes avaient fini par trouver sa compagnie agréable au fil du temps, la plupart n'auraient pas parié une piécette de cuivre sur sa bonhommie et sa joie. Ils étaient devenus amis à force de temps. Mais avec Dalor, tout semblait plus simple. Elle ne comprenait juste pas pourquoi il acceptait autant sa présence et ses taquineries. Ilhy l'examina et détourna les yeux, sans rougir cette fois, pour boire son thé tiédi. Elle n'était pas mécontente qu'il soit venu la voir. Elle en était même contente, si elle faisait face à l'émotion de joie réelle qui scintillait quelque part en elle. C'était un bonheur simple et sans fioritures, qui ne s'embêtait pas de l'étiquette ou de simagrées comme le fait qu'on ne doive pas lancer de coussin sur quelqu'un ou qu'elle était sensée porter des chaussures face à un nain.

« Ça ferait sûrement très plaisir à Raeryan si tu venais, au goûter. » Elle passait d'un sujet à l'autre, au fil de ses pensées. Puis, presque comme à contrecoeur, elle ajouta « A moi aussi. Je veux dire, ça me plairait bien, à moi aussi, si tu venais. »

C'était une invitation en bonne et due forme, cette fois, non ? Et puis, il pouvait se sentir honoré qu'elle lui dise ça : c'était pas le genre de la maison. Mais c'était la stricte vérité. Et Ilhy était toujours aussi curieuse de voir comment les deux se comporteraient l'un face à l'autre. La rousse était persuadée qu'il pouvait se passer quelque chose entre la brune et le nain. Tous deux célibataires, Raeryan faisait un bon parti, et elle lui avait sauvé la vie, après tout.

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Plaisanter, c'était une chose, et une chose que Dalor aimait bien faire quand il se sentait bien. Bien sur, il n'agissait pas ainsi avec n'importe qui, il n'irait pas taquiner Baìn, Fraya ou encore Raeryan de cette façon, il savait bien qu'il devait garder sa place, même si ce sentiment était moins présent avec l'infirmière. Mais Dalor était aussi le genre de personne à savoir redevenir totalement sérieux en moins de deux secondes et là, il voulait enfin comprendre d'où venait ce besoin de le défier sans cesse.

Était-ce parce qu'elle voulait vérifier qu'il avait une faiblesse au bras ? Ou bien était-ce sa manière à elle de jouer les bravaches en face des nains un peu trop imposants ? Ou alors cela cachait un complexe d'infériorité que n'importe qui pouvait deviner ? Après tout, il ne fallait pas être très intelligent pour savoir qu'elle avait ce complexe, une naine évoluant dans un milieu typiquement masculin et brutal... Elle se devait naturellement de bien faire comprendre tout de suite qu'elle ne reculerait devant rien et saurait encaisser les coups... Mais tout de même... Il n'était pas un de ses collègues et il n'avait pas souvenir de lui avoir clairement fait comprendre qu'il pensait pouvoir l'écraser avec son talon sans grand effort.

« Les deux, je pense. J'aime me battre contre quelqu'un pour le jauger. Dans un combat, il se passe plus de choses qu'on ne le pense. La gestuelle, les mouvements trahissent les émotions et la façon qu'une personne a de voir l'autre. J'aime voir si les gens me considèrent comme du menu fretin, me sous-estiment ou non. C'est ma façon de faire connaissance, si on peut dire. Ça peut sembler bizarre, mais si je te défie tout le temps comme ça, c'est pas uniquement par fanfaronnade. Même si j'adorerais voir de quoi tu es capable - je me le demande depuis la première fois que je t'ai vu. Je suis sûre qu'en combattant, tu es mignon. Oh, tu préférerais un autre qualificatif peut-être ? Plus viril ? Plus proche de ta nature d'ours ? »

Il était tellement concentré sur ce qu'elle venait de lui avouer après y avoir réfléchit convenablement, qu'il ne releva pas le qualificatif qu'elle avait employé. Ainsi donc, elle jugeait la valeur des nains par leur façon de se battre ? Et bien elle aurait certainement une bien piètre opinion de lui alors... Parce que pour Dalor, dans la bataille, tous les coups étaient permis... Il n'était pas ce genre de nain à vouloir absolument se battre en bonne et due forme, avec honnêteté et sans coup bas... S'il fallait attaquer par derrière, il ne se gênerait surtout pas...

- On ne peut pas juger la valeur d'un nain ou d'une naine sur la façon dont il se bat... Surtout si ce combat se fait contre de véritables ennemis et non en entrainement... Je part du principe qu'à la bataille, tous les coups sont permis... Tout ce qui peut m'aider à survivre, je m'en sert... Je vendrait chèrement ma peau de vieil ours bourru...

Dalor était une vraie teigne en combat, il n'abandonnait pas (enfin sauf la fois où Dwalin lui avait cassé le bras.). Se battre c'était jusqu'à la mort, la sienne ou celle de son adversaire... Naturellement, il n'avait pas ce genre d'optique quand il s'entraînait, son but n'était pas de tuer ses collègues, mais à présent, Dalor ne se battait plus pour s'entraîner ou se dégourdir un peu les muscles... Lorsqu'il le faisait, c'était pour défendre sa vie et celle des nains qu'il devait protéger. Même lorsqu'il avait trop bu, il ne se battait pas... La raison en était toute simple, il buvait généralement seul chez lui alors à part frapper les meubles...

« Pourquoi tu es revenu me voir ? Ce défi de toquer à chaque porte, c'était du temps perdu. Mais tu as joué le jeu. Je suis un peu bizarre pour une naine, et tu aurais pu passer ton temps ailleurs beaucoup plus agréablement. Pourquoi tu es revenu me voir ? ».

- J'ai dis que je le ferais. Répondit-il en haussant les épaules.

C'était peut-être enfantin comme manière de penser, mais Dalor avait toujours tenu parole et tant qu'il pouvait continuer, il ne voyait pas de raison de ne plus le faire. Tenir ses promesses, c'était une chose importante si l'on voulait qu'on vous fasse confiance. Mais Dalor n'était pas idiot non plus, il ne promettait pas tout et n'importe quoi, il faisait attention à ce genre de phrases et il connaissait ses limites.

- J'suis bien ici... Enfin en ta compagnie je veux dire... Si je trouvais ça désagréable, je serais pas venu...

A vrai dire, Dalor ne s'était pas réellement demandé pourquoi il voulait la revoir... Il s'était dit qu'il l'avait promis et il avait joyeusement tout basé sur ce souvenir de leur première rencontre.... C'était la solution de facilité, cela l'empêchait d'avoir à se demander le pourquoi du comment et puisqu'il n'aimait pas se prendre la tête à tout va....

« Ça ferait sûrement très plaisir à Raeryan si tu venais, au goûter. A moi aussi. Je veux dire, ça me plairait bien, à moi aussi, si tu venais. »

Encore cette histoire de goûter... Il allait lui répondre, parce que sinon elle continuerait surement à insister jusqu'à ce qu'il lui dise oui ou non...

- J'viendrais...

Mais allez savoir pourquoi, il avait comme l'impression que ça serait sa fête à ce moment là... Parce qu'entre Ilhy qui semblait prendre un mâlin plaisir à le taquiner et Raeryan qui déplorait son célibat depuis vingt ans... Dalor haussa légèrement les épaules, après tout, c'était juste le temps d'un thé...

- Ilhy... J'sais pas si tu vas prendre ça pour du machisme... Mais tant pi... Autant mettre les choses au clair tout de suis à ce propos... Je ne me battrait pas avec toi... Ni maintenant, ni demain, ni dans dix ans... À la limite, si tu m'énerves trop je me vengerai sur les murs... Mais le fait est que tu es une naine et que moi j'ai jamais levé la main sur une femme... Même sur celle que je considérais comme la plus chiante d'entre toutes il y a vingt ans... Alors je sais que tu sais te battre, je n'en doute pas sinon tu ne porterais pas l'uniforme de la garde... Mais j'ai pas besoin de me prendre tes petits poings dans la figure pour ça...

Il espérait seulement qu'elle comprendrait bien qu'il n'avait pas ce discourt "parce qu'elle était une fille" mais justement parce qu'il l'avait avec toutes les filles, naines, humaines, hobbites, ça ne changeait rien... Elles restaient des femmes et Dalor les respectait trop en temps que telle pour les blesser de cette façon intentionnelle.

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De toute évidence, ils avaient des avis divergents sur le sujet. Ilhy était certaine de réussir à jauger quelqu'un quand il combattait. Pourtant, ce n'était pas forcément la façon dont il tenait une épée ou un arc qui modifiait sa façon de le voir. C'était tout un tas d'autres détails : sa position par rapport à l'adversaire, sa façon d'être, en dominant le combat ou non, la gestuelle agile ou non, les regards et les mimiques. Lors d'un combat, moins en entraînement et plus quand la vie en dépendait, le corps réagissait sans faire attention. Là, dans la liberté du combat, là l'être se révélait. C'était l'avis de Ilhy.

« Tout est bon pour rester en vie, je suis d'accord. Crois-moi : les coups en douce, ça me connaît. Mais pour moi, dans un combat, c'est le véritable être qui se montre. Courageux ou non, féroce ou non, cherchant à vivre ou non. Cela peut révéler une force de caractère inconnue chez un timide, ou au contraire une grande couardise chez une grande gueule. Mais ce n'est que mon avis » tempéra t-elle avec une étrange sagesse.

Ilhy savait qu'elle n'avait pas à imposer son avis. Par contre, si on suivait sa ligne de pensée, elle n'avait aucune idée de l'image qu'elle retournait. Au combat, elle était agile, vive, et surtout hargneuse. Elle avait cette rage de vaincre, qui semblait clouer tout le monde au tapis, et surtout une grande force et une envie monumentale de faire ses preuves. Peut-être était-elle trop grande gueule et trop volontaire pour l'admettre. Trop impulsive également. Tant de travers à rectifier, tant de qualités à sublimer. Elle n'avait que débuté le travail de toute sa vie.

Il a dit qu'il le ferait. Oh. Juste pour ça, donc. Il y avait une honnêteté et une force de parole dans cette facette de lui qu'elle reconnaissait. Mais elle avait peut-être espéré, oh, elle ne savait pas, peut-être qu'il avait envie de la voir, ou quelque chose du genre ... Le reste de ses mots la rassura un peu. Elle eut un petit sourire amusé - il était comme ça, lui aussi ? A ne pas se forcer. A quoi bon faire semblant ? Si ils ne s'étaient pas apprécié, il n'y aurait eu aucune raison qu'ils se fréquentent. Pourtant, bien des nobles faisaient cela - hypocrisie, étiquette, deux mots pour une même émotion mensongère et cachée. Ilhy n'avait jamais réussi à divulguer à la manière de ses parents, et les intrigues et les cachotteries n'étaient pas son fort. Elle était incapable de réellement mentir. Ou du moins, si elle savait rouler les gens, elle se sentait coupable.

Elle hocha la tête à la réponse positive. Elle sourit, contente et imaginant déjà leurs conversations. Avec Raeryan en jeu, ça risquait d'être tout aussi animé mais un peu moins brouillon, peut-être. La naine risquait de leur faire les gros yeux si ils se lançaient des coussins au visage - mais, quand elle y repensait, c'était drôle. Elle en était là de ses réflexions, n'osant s'imaginer si Dalor et Raeryan pouvaient avoir des sentiments l'un pour l'autre, quand le discours du nain la pétrifia. Elle posa sur lu ides yeux écarquillés par la surprise et une boule d'émotion non-identifiable. Elle ne savait pas quoi dire. Je ne me battrait pas avec toi. Son sourire disparu et elle chercha à quoi se raccrocher. Est-ce qu'il la prenait pour si peu de choses ? Elle aimait se battre, et elle était réduite au fait de devoir être protégée et non battue ? Elle ne demandait pas d'être rouée de coups, mais un petit échauffement, ou juste un entraînement ... Elle voulait avoir l'occasion de le jauger, mais aussi de lui montrer ce dont elle était capable. C'était comme l'air qu'elle respirait : un besoin vital. Si on lui enlevait cette possibilité de faire ce pour quoi elle était bonne, que restait-il d'elle ? Rien. Elle avait le sentiment que Dalor, en refusant son combat, lui enlevait tout ce qu'elle était. Ce n'était sûrement pas son intention, mais elle le ressentit ainsi.

« T'as tellement peur que ça de mes petits poings ? » railla t-elle, sans savoir si elle se sentait capable de continuer sur cette lancée douloureuse. Mais elle ne lui en voulait pas - même si elle se sentait rabaissée à moins que ce qu'elle était déjà. « Tu ne veux pas te battre parce que je suis une naine ? Très bien. T'as jamais levé les mains sur une femme ? Très bien, ça aussi. »

Sa voix était d'une politesse douloureuse. Les gardes, ses propres amis, avaient bien compris qu'elle était une guerrière. Elle arborait fièrement ses bleus, car ils faisaient partie d'elle. Elle n'avait pas peur, et les autres ne voyaient pas la naine en elle mais une amie. Si personne n'avait jamais voulu se battre avec elle, elle n'en serait pas là. Elle n'aurait jamais appris. Elle secoua la tête, un peu abattue, en colère, étrangement calme pourtant.

« Je suppose que ceux qui s'entraînent avec moi doivent être de grosses brutes pour me frapper, alors ? Je leur rend leurs coups. Et si aucun d'eux n'avait daigné lever une épée contre moi, pour que je m'entraîne, jamais je n'aurai appris. Mais je respecte ton choix. Je le comprend, en un sens. »

Même si ça la blessait plus cruellement que toutes les insultes jamais lancées à son encontre. Elle aurait pu faire comme avant : foncer dans le tas. Le menacer d'une arme. Elle l'avait fait, autrefois. Pour le pousser à se battre. Mais ce n'était pas une bonne idée. Elle se refusait à ce genre de stratagème, à présent.

« Tu sais, le combat est en moi. Ca fait partie de moi. Je ne suis pas comme les autres - je suis comme je suis, une espèce de petite teigne guerrière, incapable de tenir en place et d'avoir une conversation à peu près polie sans chercher la bagarre. Mais les autres s'y sont fait. Je sais me battre, mais je veux aussi me battre. Si on m'enlève ça, à quoi je suis bonne ? Je ne sais pas coudre, je ne sais pas porter de jolies robes, et je suis ridicule avec du maquillage. Je me suis faite à l'idée que ma masculinité me perdra, et que je finirai vieille fille. Mais si on m'enlève ma lance, il ne me reste que ma langue acérée. Et c'est bien peu. »

Elle se leva, et alla dans la cuisine pour calmer ses nerfs. Elle revint avec une théière brûlante. Son poignet la lançait cruellement, comme si la douleur se rappelait à elle, vive et agaçante comme les aiguillons dans son coeur. Elle avait l'air plus sérieuse et moins souriante. Mais elle portait un masque de politesse, et elle réalisa que finalement, sa mère lui avait appris bien plus que ce qu'elle pensait.

« J'essayerai de passer un jour où tu seras au marché. J'ai envie de voir les perles que tu vends. Quand ma barbe aura assez poussé, je me ferai des tresses, comme Fili. »

Le changement de sujet était radical, mais elle en avait besoin. Pourtant, elle ne voulait pas qu'il parte, même si il l'avait blessé, même si elle sentait son coeur se gonfler d'une tristesse et d'une colère sensibles.

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Son point de vue n'était pas idiot, mais Dalor ne pensait pas que ça soit la seule façon de juger une personne. Mais bon, comme elle l'avait si bien précisé, c'était sa façon de penser et personne n'était obligé d'avoir la même. Ils avaient bien le droit d'avoir des avis divergents tout en continuant de s'entendre dans les grandes lignes. Après tout, c'était toujours plus drôle quand on était pas toujours d'accord.

La conversation continua et il accepta finalement l'invitation à un goûter en compagnie des deux naines, même s'il pensait qu'il allait en prendre plein la tronche, ça serait surement un moment intéressant et drôle quand il y repenserait plus tard. Il fini également par lui signifier clairement qu'il ne comptait pas se battre contre elle et qu'il préférait encore battre les murs plutôt que de lui faire du mal physiquement.

« T'as tellement peur que ça de mes petits poings ? »

Il l'avait vexé...Il en était sur, il avait dit une ânerie et il l'avait vexé bien malgré lui... Ca n'était pas possible autrement... Seulement, qu'avait-il bien put dire de si vexant ? Il ne savait pas... Ca n'était quand même pas parce qu'il lui avait dit qu'elle avait de petits poings ? Après tout, comparé à ses grosses paluches, les poings d'Ilhy étaient petits... Et heureusement d'ailleurs, imaginez là un peu avec des mains plus grandes que celles de Dalor... Elle serait bien comique.

« Tu ne veux pas te battre parce que je suis une naine ? Très bien. T'as jamais levé les mains sur une femme ? Très bien, ça aussi. »

Bah il avait quand même le droit d'avoir des principes non ?! Il pensait pourtant s'être exprimé correctement. Essayant de repasser en mémoire ce qu'il avait dit, il avait beau chercher, il ne voyait pas ce qui avait cloché... Ah les autres pouvaient être d'un compliqué... Bon, peut-être que la suite lui en apprendrait d'avantage...

« Je suppose que ceux qui s'entraînent avec moi doivent être de grosses brutes pour me frapper, alors ? Je leur rend leurs coups. Et si aucun d'eux n'avait daigné lever une épée contre moi, pour que je m'entraîne, jamais je n'aurai appris. Mais je respecte ton choix. Je le comprend, en un sens. »

Alors là ça n'était pas ce qu'il avait dit... Oui bon, il n'avait plus tellement les membres de la garde en haute estime, mais ceux qui se battaient contre elle le faisaient pour s'entraîner et pas dans l'optique de la zigouiller sur place... Si elle comprenait son choix, pourquoi en était-elle vexée à ce point là ?

« Tu sais, le combat est en moi. Ca fait partie de moi. Je ne suis pas comme les autres - je suis comme je suis, une espèce de petite teigne guerrière, incapable de tenir en place et d'avoir une conversation à peu près polie sans chercher la bagarre. Mais les autres s'y sont fait. Je sais me battre, mais je veux aussi me battre. Si on m'enlève ça, à quoi je suis bonne ? Je ne sais pas coudre, je ne sais pas porter de jolies robes, et je suis ridicule avec du maquillage. Je me suis faite à l'idée que ma masculinité me perdra, et que je finirai vieille fille. Mais si on m'enlève ma lance, il ne me reste que ma langue acérée. Et c'est bien peu. »

Elle disparue dans une autre pièce et que devait-il faire lui à présent ? La suivre, lui faire de plates excuses ? C'était idiot, mais il avait l'impression d'avoir loupé le coche et de tout avoir brisé d'un seul coup... Mais tout quoi au juste ? Ils se connaissaient à peine et se voyaient pour la seconde fois seulement... Et pourtant, quand il y songeait, Dalor avait presque l'impression de la connaitre depuis toujours... Lui qui se fichait bien de blesser ou de mettre les gens de travers, se retrouvait tout penaud de se rendre compte qu'il avait blessé Ilhy dans ses propos sans trop l'avoir prémédité.

« J'essayerai de passer un jour où tu seras au marché. J'ai envie de voir les perles que tu vends. Quand ma barbe aura assez poussé, je me ferai des tresses, comme Fili. »

Dalor ne se rendit compte de son retours que lorsqu'elle pris la parole. Durant une seconde, Dalor se fit la remarque qu'elle parlait beaucoup de Fili de la lignée de Durin, mais il repensa immédiatement au sujet précédent. Il avait blessé Ilhy et il voyait bien qu'elle n'était plus tout à fait naturelle en sa présence... Elle se protégeait...

Que devait-il faire ? Prendre ce prétexte pour partir sans rien ajouter ? Sauter sur l'occasion de rebondir sur ce presque au revoir ? Hum... Non, il ne pouvait pas rester sur ce malentendu.

- Je te les montrerais un jour.

Il se leva et s'approcha d'Ilhy en restant malgré tout à une distance raisonnable qui lui fit quand même remarqué qu'il la dépassait d'une bonne tête.

- Et puis qu'est-ce que tu racontes ? Je ne te connais pas depuis longtemps mais je suis sur d'une chose, tu n'es pas qu'un soldat... Personne ne peut être qu'une seule "chose"...

S'agaçant tout seul contre son manque de vocabulaire qui le perdra certainement, Dalor eut un petit geste nerveux avant de reprendre.

- J'veux dire... Heureusement que t'es pas juste une fille qui se bat... Sinon tu serais pas si intéressante et mystérieuse... Et puis toutes façons y a pas besoin de savoir porter du maquillage pour être agréable à regarder... Même que parfois elles en mettent tellement que tu te demandes comment elles ressemblent pas à des clowns...

C'était vrai ça... Certaines femmes, naines ou non d'ailleurs, ne savaient pas se maquiller sans excès. Dalor préférait d'ailleurs largement les femmes aussi naturelles que possible et il était tellement concentré sur l'idée de lui faire comprendre correctement le fond de sa pensée qu'il ne se rendait même pas compte qu'il lui avait plus ou moins dit qu'elle était intéressante et jolie à regarder.

- Et puis moi non plus j'sais pas faire la cuisine et j'meurt pas de faim ça se voit plutôt bien hein... Ilhy... T'es pas obligée d'être comme toutes les autres filles pour être quelqu'un de bien... Au contraire, tu es une personne intelligente, courageuse, tête brulée apparemment... Mais enfin... c'est que... Il se passa la main sur la tête, ne trouvant plus ses mots. Mais t'es pas non plus obligée de vouloir te battre tout le temps pour qu'on s'intéresse à toi...

Il s'éloigna un instant, géné sans trop savoir pourquoi, puis il se tourna de nouveau pour l'observer avant d'ajouter.

- En tout cas je tien à mettre une chose au clair... J'ai dit que je me battrai pas contre toi... Mais j'ai jamais prétendu que je ne me battrai jamais à tes côtés... Tu sais te battre et je le sais alors si jamais on nous attaque pendant ce voyage, je te laisserai te débrouiller pendant que je sauve ma peau en premier... Mais si éventuellement t'as besoin d'un coup de main... Ajouta-t-il avec un demi-sourire.

Ilhy savait se battre mais elle n'avait pas besoin de vouloir le foutre par terre pour le prouver, il lui suffisait d'attendre de se retrouver en face d'un orc, mieux, d'un warg... Il y était allergique malheureusement alors elle aurait tout le loisir de lui sauver la peau et de s'en venter ensuite tout le reste de sa vie.

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Ilhy avait l'esprit ouvert. Elle se targuait de mieux comprendre les nains que bien de ses comparses féminines. Elle buvait de la bière, n'avait aucun souci avec l'hygiène parfois douteuse de certains soldats. Elle savait se débrouiller d'elle, sans avoir besoin qu'on la materne ou qu'on la protège. Elle n'était pas exactement chiante, plutôt taquine et malicieuse par volonté. Par contre, elle ne savait pas cacher ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle. Elle n'avait jamais eu besoin de le faire. Pourquoi ? Elle aimait rire quand elle en ressentait l'envie. Elle ne pleurait pas souvent, mais ne cachait pas ses larmes, trop fière pour devoir se camoufler. Mais tout cela, c'était peut-être trop pour elle. A moins qu'elle ne soit plus sensible, pour une raison qu'elle ignorait. Elle ne savait plus quoi dire. N'en avait-elle pas assez dis, d'ailleurs ? Peut-être qu'elle avait tout gâché, avec sa tête de mule et son besoin de toujours en faire plus. Elle se serait donné des coups de plat de la main sur le front.

Elle releva les yeux vers Dalor, ses yeux trahissant le trouble qui maintenait tant bien que mal son masque de politesse. Est-ce qu'il allait partir, sans demander son reste ? Elle l'aurait compris. Qui était heureux d'avoir une fille qui se prend pour un mâle, à chercher la bagarre comme un roquet ? Elle avait déballé son plus grand complexe comme ça. Il ne la connaissait pas. Elle ne le connaissait pas. Quel était ce besoin imprévu et ridicule d'excuser son comportement, d'exprimer ce qu'elle-même avait mis des années à réaliser ? Elle avait besoin de se battre, parce que cela faisait partie d'elle, mais elle avait peur que sans cela, elle soit vide. Ilhy avait peur d'être creuse. Elle faillit baisser les yeux, comme on baisserait les bras devant un ennemi trop fort. Elle n'était peut-être pas qu'une soldate, mais qu'était-elle ? Ni fille ni noble. Ni mère ni amante. Rien que la petite Ilhy rousse, aux yeux de glace et aux sourires de chats, qui criait plus fort qu'elle ne mordait. Elle n'avait pas à baisser les yeux, cependant. Elle observa avec curiosité les mouvements nerveux du nain, s'en amusant doucement. Elle eut un rire involontaire en songeant à certaines naines un peu trop fardées. Elle rougit aussi, un peu - intéressante et mystérieuse ? De quel genre de mystère il pouvait parler ? Elle n'avait rien d'une ensorceleuse belle et envoûtante. Le seul charme qu'elle pouvait avoir, c'était son naturel. Et puis ... Est-ce qu'il avait sous-entendu qu'elle était jolie ? Par Mahal ... impossible. Elle n'osa pas pointer du doigt les compliments involontaires - il avait l'air déjà assez gêné comme ça. C'est qu'il était mignon, avec sa maladresse. Parce que la rousse comprenait bien qu'il tenait à s'excuser, en quelque sorte, pour ses paroles.

Pourquoi il disait tout ça ? Il la troublait plus que de raison, avec ses mots gentils. Elle ne savait pas si elle devait lui renvoyer la pareille ou si elle devait juste accepter. Elle n'était pas exactement d'accord. Enfin, c'était pour le principe. Elle était effectivement tête brûlée, et impulsive avec ça. Il n'avait pas tord, en fait. C'était vraiment comme ça qu'il la voyait ? Avec ce regard là ? Est-ce qu'il était le premier à la voir comme ça ? Ilhy n'en revenait pas. Mais t'es pas non plus obligée de vouloir te battre tout le temps pour qu'on s'intéresse à toi. Elle avait envie de demander : qu'est-ce qu'il y aura d'autre d'intéressant, alors ? Elle ne savait pas faire la conversation comme Raeryan ou Meruva. Elle savait être naturelle, et surtout naturellement taquine, mais quand il s'agissait de parler de la pluie, du beau temps, c'était zéro.

Elle n'avait pas trouvé un adversaire à sa hauteur, non. Elle avait trouvé un allié. Cette lucidité la marqua comme un coup. Dalor s'éloigna, et elle réalisa qu'elle se détendait, car sa présence si proche l'avait tendue, le souffle coupé. A son tour, elle relâcha l'air imprimé dans ses poumons et respira doucement, comme si elle avait peur de se briser. Elle répondit à son sourire dans un simple réflexe et s'assit dans le fauteuil. Elle n'avait rien dit, et sentit que c'était le moment. Il devait être encore gêné, et penser qu'elle lui en voulait. Ce n'était pas le cas. Même fâchée, même triste, elle ne lui en avait pas voulu. Comment aurait-elle pu lui en vouloir d'avoir été honnête avec lui et envers elle, aussi ?

« C'est la première fois que tu parles autant. T'es un vrai bavard sous ton masque d'ours, hm ? » Autant annoncer la couleur par une taquinerie. Elle n'était plus fâchée. « C'est ... Merci de me dire tout ça. C'est ridicule que quelqu'un doive me montrer tout ça en face, j'aurai du le réaliser avant. T'es ... Toi aussi t'es quelqu'un de bien. T'aurais pu t'en aller depuis longtemps devant mon caractère de cochon, mais t'es là. A essayer de me faire ouvrir les yeux. T'es ... Merci » bégaya t-elle. « J'aime bien ta franchise. Tu dis les choses comme tu les penses, et c'est une qualité que j'apprécie. Jamais je ne pourrais en vouloir à quiconque d'avoir été honnête. Et puis, t'es bourru, et t'as de la répartie. C'est ... Tu vois. Intéressant ? »

Elle avait du mal à trouver les mots pour lui dire merci d'avoir été franc et gentil. C'était à son tour de passer sa main dans ses cheveux, les échevelant un peu, le regard posé sur les bûches noircies dans la cheminée. Les mots résonnaient encore en elle. Mais surtout, ce qu'elle entendait, c'était les hésitations maladroites. Les mots gauches et si sincères. Sortis tout droit de son coeur.

« Depuis toute petite, je me dis que je serai guerrière. Je ne pensais qu'à ça. Je ne m'identifiais qu'à cela. Et à présent, je me demande si je ne suis pas passé à côté de choses. Peut-être que je suis creuse ? Je ne pense pas. Mais ça m'arrive d'y penser. Mais ... Faut croire que t'es assez fortiche pour me faire réaliser que c'est pas le cas. Au pire, je suis pleine de malice, au mieux je suis ... mystérieuse et intéressante, c'est ça ? » Elle enchaîna rapidement, pour ne pas le taquiner sur les compliments qui lui avaient échappés. Mais elle s'en souvenait. C'était gravé, quelque part, dans sa poitrine, un peu à gauche.

Elle releva lentement les yeux et sourit à Dalor. Elle changerait bientôt de sujet, mais elle avait encore quelques petites choses à ajouter. Rien de grave, rien de méchant. Et dire qu'ils se connaissaient à peine ... Il avait touché là où ça troublait. Même Fili ... Non. Le blond n'avait rien à faire ici. Surtout dans cette discussion. Son prince. Elle en aurait presque ri - il était charismatique, oui, mais elle le voyait comme un frère d'armes. Elle ne cesserait jamais de l'inviter à boire une bière, et surtout pas de le taquiner, prince, roi, ou pas.

« Tu pourras compter sur moi, en voyage ou non. En fin de compte, c'est mieux qu'on ne se batte pas ensemble. On sait tous deux que j'aurais gagné » fit-elle avec un petit sourire. « Et puis, je sais aussi faire plein de trucs dans un camp ! La cuisine, c'est pas trop ça, voir même immangeable, mais Rae m'a appris à soigner quelques blessures. J'ai hâte d'y être ! »

L'attention digne d'un chiot, voilà qu'elle était partie sur totalement autre chose. Cela valait peut-être mieux. Trop de choses personnelles avaient été évidées, déposées sur la table. Ilhy se sentait gênée, et pourtant, conservait avec un sentiment précieux tout ce qui venait de se passé. Aussitôt blessée, aussitôt réconfortée. Elle n'en aurait jamais demandé tant.

« Tiens, tu as déjà vu des elfes ? Moi jamais. J'ai lu des trucs sur eux : ils vivent dans des arbres, et mangent des graines. J'aimerais bien en rencontrer un jour. » fit-elle pensivement, le regard perdu devant elle, fixé sur un Dalor qu'elle ne voyait plus, perdue dans ses pensées.

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Maintenant qu'il avait cessé de parler sans que Ilhy ne le coupe, Dalor se demandait si cette fois-ci tout était sortit de la bonne manière et s'il avait réussit à faire comprendre à Ilhy qu'il ne voulait pas se battre contre elle parce qu'il la trouvait inintéressante, mais par principe. Il tenait également à ce qu'elle comprenne que ça ne signifiait pas qu'ils n'allaient jamais se voir en pleine bataille... Ils se battraient simplement dans le même camp et pas l'un contre l'autre voila tout. Oui c'était ça dans le fond, il ne voulait pas être son ennemi... Dalor grogna intérieurement, mais pourquoi est-ce qu'il n'avait pas dit les choses comme ça ? Avec cette simplicité et ce nombre restreint de mots ? Bah c'était trop tard à présent, il s'était enlisé dans ses explications et il ne restait plus qu'à prier Mahal pour ne pas avoir été mal compris une nouvelle fois.

« C'est la première fois que tu parles autant. T'es un vrai bavard sous ton masque d'ours, hm ? C'est ... Merci de me dire tout ça. C'est ridicule que quelqu'un doive me montrer tout ça en face, j'aurai du le réaliser avant. T'es ... Toi aussi t'es quelqu'un de bien. T'aurais pu t'en aller depuis longtemps devant mon caractère de cochon, mais t'es là. A essayer de me faire ouvrir les yeux. T'es ... Merci. J'aime bien ta franchise. Tu dis les choses comme tu les penses, et c'est une qualité que j'apprécie. Jamais je ne pourrais en vouloir à quiconque d'avoir été honnête. Et puis, t'es bourru, et t'as de la répartie. C'est ... Tu vois. Intéressant ? »

Dalor renifla à la petite boutade du début. Certes, il n'avait pas pour habitude de causer autant en si peu de temps... En général, il pensait bien plus qu'il ne parlait, mais il fallait dire aussi qu'en général, il n'avait pas franchement envie de parler à qui que ce soit, même aux marchands qu'il accompagnait... Il ne s'intéressait pas à leurs petits malheurs et la meilleure façon de le leur faire comprendre sans leur taper dessus, c'était de ne répondre que par des phrases brèves allant droit à l'essentiel et de ne surtout jamais prendre la parole en premier.

Dalor sourit légèrement en entendant la suite. Elle était rigolote dans le fond à essayer de lui renvoyer l’ascenseur alors que lui, il savait bien comme il était et que son air hermite ronchon n'était qu'un air qu'il adoptait pour avoir la paix... Un air qui avait certainement bien déteint sur sa personnalité, mais à son âge, on ne se refaisait pas.

Lorsqu'elle essaya de lui expliquer en quoi elle le trouvait sympathique et plus intéressant qu'un autre nain à cause de son caractère, il répondit par un simple signe de tête affirmatif, plutôt fier de lui d'avoir réussit là où il échouait généralement toujours : lui remonter le moral. Remarquez, c'était pas tellement qu'il échouait, c'était surtout qu'il n'essayait même pas... Mais Ilhy... Enfin, il ne savait pas pourquoi, mais c'était important qu'il ne la blesse pas à cause de ses mots qui sortaient parfois trop vite ou alors pas comme il l'aurait pensé.

« Depuis toute petite, je me dis que je serai guerrière. Je ne pensais qu'à ça. Je ne m'identifiais qu'à cela. Et à présent, je me demande si je ne suis pas passé à côté de choses. Peut-être que je suis creuse ? Je ne pense pas. Mais ça m'arrive d'y penser. Mais ... Faut croire que t'es assez fortiche pour me faire réaliser que c'est pas le cas. Au pire, je suis pleine de malice, au mieux je suis ... mystérieuse et intéressante, c'est ça ? »

Oups... C'était lui qui avait dit ça ? Hum oui... Maintenant qu'il y pensait, il l'avait peut-être bien dit... Mais il le pensait, il ne fallait pas croire le contraire, seulement il ne pensait pas l'avoir réellement dit à voix haute.. Mais apparemment il se trompait... Bah après tout, c'était vrai que pour le moment elle était un vrai mystère parce qu'ils ne se connaissaient pas beaucoup, mais aussi parce que Dalor présentait que ce serait un vrai casse tête perpétuel pour la comprendre, même après cinquante ans d'amitié... De toutes façons, il n'était pas très doué pour comprendre les gens, il avait généralement un train de retard, mais tant pi, il l'assumait... De ce fait, donc, qu'elle soit intéressante allait de paire avec le fait qu'elle soit mystérieuse... Oui... Voila, il saurait comment retourner la situation si jamais elle se servait de ses dires pour le taquiner.

- Tu as certainement beaucoup plus de personnalité que la plus part des Nains de cette montagne... C'est pas toutes les naines qui sauraient manier la lance... Ajouta-t-il dans un clin d’œil.

Dalor ne comprenait pas comment Ilhy pouvait avoir une si petite estime d'elle-même... Comment elle pouvait être si peu rassurée sur ses capacités intellectuelles et physiques autres qu'au combat et même là, elle semblait avoir tout le temps besoin de prouver ce qu'elle valait... Pourtant, elle devait plutôt être de ceux qui, au contraire, on tout à apprendre aux autres... Elle était une fille, une fille issue de la noblesse de sur-crois et elle partait de chez elle pour devenir membre de la garde royale à l'autre bout de la terre du milieu... Ça n'était pas rien à un âge si jeune. Bien des nains n'auraient jamais osé un truc pareil, même à deux cent ans.

« Tu pourras compter sur moi, en voyage ou non. En fin de compte, c'est mieux qu'on ne se batte pas ensemble. On sait tous deux que j'aurais gagné »

Elle sourit et Dalor rit. Il préféra ne pas répondre à la petite remarque, ne voulant pas la relancer si vite dans son désir de compétition.

« Et puis, je sais aussi faire plein de trucs dans un camp ! La cuisine, c'est pas trop ça, voir même immangeable, mais Rae m'a appris à soigner quelques blessures. J'ai hâte d'y être ! »

Dalor sourit un instant, un tel enthousiasme c'était vivifiant, il était sur qu'il s'amuserait bien plus à voyager jusqu'en Comtée avec elle plutôt qu'à parcourir toute la terre du milieu en compagnie de nains qu'il ne voulait pas connaitre plus que ça.

- La cuisine j'en fais mon affaire... Faire rôtir un peu de gibier c'est pas bien sorcier, c'est une question de couleur... Mais tu n'auras le droit de manger que si tu m'aides à le chasser.

Comme quoi, il y avait d'autres manières de la traiter comme son égale que de vouloir l'assommer toutes les deux minutes.

« Tiens, tu as déjà vu des elfes ? Moi jamais. J'ai lu des trucs sur eux : ils vivent dans des arbres, et mangent des graines. J'aimerais bien en rencontrer un jour. »

Elle passait encore du coq à l'âne sans prévenir, mais cette fois ci, la conversation étant tout de même plus calme, cela ne perturba pas Dalor plus que ça et il se mis à penser à sa question : avait-il déjà vu des elfes.

- J'en ai croisé... De loin... Mais les nains font rarement affaire avec les elfes et puis ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent de nous, eux aussi ils restent dans leur coin sans trop se mêler aux mortels... J'sais pas grand chose sur les elfes... Mais j'sais qu'aux monts de fer, ils peuvent pas voir le roi Thranduil... Il vit pas bien loin et apparemment ils ne se supportent pas... Les elfes de là bas et les sujets de Dàin...

Il fit une grimace. Le peu d'entente entre les nains et les elfes était connu de tout le monde. mais au final, ils ne savaient pas grands choses des uns sur les autres, préférant rester sur leurs à prioris personnels.

- Tu crois vraiment qu'ils mangent des graines ? Mais quel genre de graines ? Comme les poules ?

Bah lui, il ne connaissait guère d'autre genre de graine... Mais c'était peut-être pour ça qu'ils étaient tous si maigres... A picorer comme les poules, on ne pouvait pas avoir grand espoir de grossir un jour.

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Des engins comme vous, devrait y'avoir une notice !

Toute l'émotion semblait s'être aplanie. La colère était retombée, du moins la sienne, aussi prompte à s'enflammer que facile à éteindre. Et c'était tant mieux, en y pensant. Elle n'aurait pas voulu qu'il parte, alors qu'ils en étaient à se demander ce que pensait ou ressentait l'autre. C'était bizarre, mais Ilhy n'aurait pas été contente si il était parti sans qu'il sache qu'elle ne lui en voulait pas le moins du monde. Peut-être qu'elle en faisait un peu trop, à tenter de lui expliquer l'image qu'elle avait de lui. C'était mieux qu'elle ne dise pas tout. Il n'avait pas besoin de savoir que sa maladresse était touchante, et qu'elle le trouvait vraiment mignon, dans le fond. Il n'aurait sûrement pas apprécié.

Elle n'avait pas eu l'intention de l'embêter avec ce qu'il avait dit. Elle ne prenait pas ça trop personnellement. C'était peut-être sorti tout seul ? Mais il l'avait quand même dit ... On lui avait déjà donné des qualités : volontaire, téméraire, courageuse. Mais rien qui ne soit trop personnel, trop intime. Là, il avait touché la naine sous la couche de la guerrière. La roche était un peu fêlée. Elle eut un sourire quand il lui fit le clin d'oeil. Ce n'était plus le moment de rougir - surtout pas.

« Je te retourne le compliment. Mes piques ont tendance à lasser. J'ai enfin trouvé un adversaire de taquineries à ma hauteur, quel challenge » minauda t-elle d'une voix amusée.

C'était juste ça, se dit-elle. C'était juste ça. Juste leur petit jeu qui l'avait fait rougir. Rien d'autre. Elle était rassurée - ce n'était pas comme si il était venu prétendre à sa main et lui faire la cour, enfin. Ils allaient rapidement devenir amis - pour elle, ils l'étaient déjà - et c'était tout. Rien de plus. Juste un petit jeu amusant et divertissant, entre bons amis. Elle aurait été étonnée du contraire. Elle s'entendait déjà à merveille avec lui - elle avait trouvé chaussette à son pied, faute de chaussure. Et le voyage promettait déjà d'être exaltant ! La chasse ! Le gibier ! Elle en frissonnait déjà. Sortir de la pierre et sentir l'air du dehors, l'odeur de la forêt, de la terre humide et d'un feu de camp allumé.

« C'est pas plutôt le contraire, d'habitude ? La naine qui cuisine et le nain qui rapport la pitance ? » gloussa t-elle avec un air moqueur.

Elle se fichait d'avance que du dehors, une telle comparaison puisse faire penser à un couple. Ils allaient bel et bien former un duo, après tout. Et puis, dans sa tête, Dalor était à Raeryan. Elle avait catalogué le nain comme déjà pris. Involontairement. Non pas qu'elle le prenne pour une cible ou quoi que ce soit. Voilà qu'elle s'embrouillait elle-même ! Par Mahal elle allait avoir besoin de plus qu'un thé pour se remettre de cette visite ! Entre le trouble logé en son coeur, les émotions instables, c'était plus une bière qu'il lui fallait !

Elle écouta Dalor, imaginant les elfes comme on les lui avait décrit : grands, minces, froids, distants, orgeuilleux et surtout égoïstes au possible. La référence aux Monts de fer fit naître une grosse grimace sur le visage de lhy, qui donna l'impression qu'elle venait d'avaler un citron pelé. C'est vrai que par chez elle, les elfes, c'était pas trop ça. Mais elle préféra penser à autre chose qu'à ses parents, à son Roi qu'elle avait délaissé pour un ailleurs plein de promesses, ou à ses amis. Elle éclata d'un rire franc et bref et prit un air de conspiratrice, en se penchant.

« De grosses poules alors ? Tu m'étonnes qu'ils soient tout maigrelets, à ce qu'on dit. Si ils ne mangent que des graines ou broutent de l'herbe ... Rien ne vaut une bière et une bonne tranche de viande. Ca vous pose un nain » déclara t-elle avant d'éclater de nouveau de rire. « Comme disait mon père, la meilleure des tailles, c'est quand on touche le sol des deux pieds. Au fond, grand ou petit, nain ou elfe, je suppose qu'on a le même souci, vital, survivre. Certains le font avec panache et bière, d'autre sans, » finit-elle dans un nouveau sourire goguenard.

A présent qu'elle avait trouvé une nouvelle cible à ses quolibets, elle se sentait d'humeur bien plus volubile.

« En parlant de bière, tu en veux ? Je dois avoir une brune, très forte, très prononcée, qui a un goût exquis. Enfin, je ne sais pas quelle est ta préférence : brune, blonde ? Rousse peut-être ? » ajouta t-elle avec un grand sourire moqueur.

Le petit coup d'oeil amusé indiqua que c'était parfaitement à double sens. Si il y voyait une analogie avec son type de femme, c'était normal et Ilhy s'en amusait, sans réaliser que cela pouvait passer pour du rentre-dedans. Elle n'était pas exactement à l'aise avec tout ça, et ne se rendait pas compte de tout ses gestes qui auraient pu paraître déplacé en société. Heureusement qu'elle n'était pas restée noble !

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