[SOLO] La naissance d'un lien unique

"Madame, levez-vous, monsieur vous demande!" Adelind se leva d'un bond faisant sursauter sa servante. "Que se passe-t-il Vimary? Pourquoi me réveiller si tôt? Le soleil n'est pas encore levé!" Elle s'assit sur son lit en tentant de coiffer ses cheveux ébouriffés. "Excusez-moi madame mais une jument va mettre bas. Monsieur dit que, comme c'est la première mise bas qui se passe depuis votre arrivée, il vous propose de venir y assister." Adelind réfléchit à peine une seconde et se leva brusquement. Vimary pris cela comme un signal et commença à préparer la tenue de sa maîtresse.

Quelques minutes à peine après, Adelind marchait en direction des écuries. Elle vit sa belle-mère qui l'accueillit avec un câlin puis elles rentrèrent dans le bâtiment. Cenhelm et un vétérinaire les attendaient en discutant, une expression inquiète sur le visage, près du box du fond. Elle regarda à l'intérieur et vit une grande jument, à la robe bai et des balzanes blanches comme la neige, allongée dans le foin. "Cela fait déjà une heure que ça a commencé et le petit n'est toujours pas là." Adelind se tourna vers le vétérinaire qui lui avait donné l'information. Elle était surprise que le bébé ne soit toujours pas là. "Est-ce grave?" demanda-t-elle en fronçant les sourcils. "Oui et non cela dépend de la suite mais la mère s'épuise trop rapidement et s'il n'arrive pas bientôt aucun des deux n'y survivra." La jeune femme anxieuse regarda à nouveau la jument. "Et on ne peut rien faire?" "Tant qu'il n'apparaît pas, non." Elle jeta un regard dans le box et demanda : "Puis-je entrer?" Cenhelm la regarda dans les yeux et accepta. Alors elle ouvrit la porte, s'assit à même le foin, leva la tête de la jument pour la poser délicatement sur ses jambes. Elle commença à la caresser et à lui murmurer des mots d'encouragement.

Les minutes passèrent lentement, dans un silence total. Seul les mots de la jeune mariée résonnaient dans l'écurie. Soudainement le vétérinaire sauta dans le box suivit, plus calmement, de Cenhelm. Au début Adelind n'avait pas compris pourquoi tout d'un coup ils s'agitaient comme des fous. Puis elle la vit. Une petite patte marron, suivie d'une autre et ensuite d'une minuscule tête. Tandis que le bébé sortait la mère peinée à rester éveillée. Sa respiration baissait rapidement, mais, au moment où il sortit complètement, elle rassembla ses dernières forces pour pouvoir se redresser et regarder son petit et le lécher. "Comment voulez-vous l'appeler, Adelind?" L'interpellée leva la tête vers son mari. "Moi?" Ce dernier sourit. "Oui vous pouvez choisir son nom car c'est la première fois que vous vivez cela." Adelind regarda la mère reposer lentement sa tête sur ses jambes, la sentant partir lentement. Elle n'avait plus assez de force pour rester dans ce monde. Instinctivement, la jeune fille se remit à caresser l'encolure de la jument pour qu'elle ne se sente pas seule. Sa respiration ne devint plus qu'un souffle. Elle inspira et expira longuement pour la dernière fois et ses flancs se stabilisèrent. Des larmes coulèrent sur les joues d'Adelind qui se pencha pour déposer un baiser sur son chanfrein. La jeune femme ressentait quelque chose de nouveau mais brutal en elle. La jument vient de mourir pour donner la vie. C'était une chose qu'elle n'avait jamais vu et qu'elle ne voulait plus jamais revoir.

Des petits cris la firent sursauter. Elle releva la tête et aperçu le poulain qui, sortit de sa poche, se levait difficilement. Adelind compris tout de suite qu'il viendrait voir sa mère mais elle ne voulait pas qu'il soit triste. Pas le premier jour de sa vie. Alors elle libéra ses jambes et se leva à son tour pour se diriger vers le petit. Il prit un peu peur en la voyant s'accroupir auprès de lui mais il compris rapidement qu'elle ne lui ferait pas de mal. Il hennit et colla sa minuscule tête à la main de la jeune fille. Cette dernière le caressa et il se colla complètement à elle. Adelind senti avec joie qu'il avait confiance en lui. "Il se nommera Mistral." Elle regarda son mari, qui lui adressa un sourire. "Il lui faudrait du lait!" Cette phrase fit sursautait le vétérinaire qui se mit à bafouiller. "Oui du lait... du lait... Où peut-on trouver du lait..." Il se mit à tourner en rond pendant que le poulain continuait de réclamer de la nourriture. Le vétérinaire s'arrêta et leva le bras en signe de victoire. "Je sais! Une jument est en train d'allaiter son propre petit et elle possède beaucoup de lait. Pourquoi ne pas essayer?" Cenhelm avait l'air septique face à cette idée mais le regard suppliant de sa femme et de sa mère réussi à le convaincre. "D'accord." Il se dirigea, avec les autres, vers l'enclos où se trouvaient une jeune et forte jument blanche et son poulain. Adelind se redressa et marcha vers la porte du box où elle se trouvait encore. Elle pensait qu'elle allait devoir forcer Mistral à la suivre mais en se tournant vers lui elle se rendit compte qu'il la suivait mais avec un peu de difficulté. Elle lui caressa la tête pour le récompenser puis, lentement, ils suivirent les autres.

Ils firent rentrer le petit dans l'enclos en l'incitant à aller vers ses congénères. Il avança de quelques pas mais remarqua que personne ne le suivait. Alors il s'arrêta et se tourna vers Adelind pour savoir pourquoi elle ne venait pas avec lui. Cette dernière, passé l'instant de surprise face à cette attention que lui montra le poulain, fit un mouvement de la main qui, elle l'espérait, lui ferait comprendre qui devait continuer seul. Mistral hennit pour montrer qu'il avait compris, elle ne savait comment. La jument accepta ce petit orphelin et lui laissa, après un moment d'inspection, boire son lait. Les humains regardèrent un instant les deux petits jouer gaiement dans le pré. Leurs pelages, l'un blanc et l'autre marron foncé, formaient un contraste magnifique. Adelind était heureuse que le poulain puisse vivre malgré la mort de sa mère mais elle ressentait quelque chose d'intense envers ce petit qu'elle n'arrivait pas à identifier. Un chose qu'elle n'avait jamais ressenti et dont elle chercher le nom.

Une main se posant sur son épaule la fit bondir loin de l'endroit où elle se trouvait. "Désolé de vous avoir fait peur. Ce n'était purement pas mon intention." Cenhelm se trouvait en face d'elle et la jeune femme aperçu une lueur d'amusement dans le regard de son mari et par conséquent elle lui sourit. "Ce n'est pas grave. De toute façon c'est de ma faute, j'étais perdu dans mes pensées." Adelind se replaça à côté de lui et se remit à observer les équidés.