No question, just say yes [Fraia]

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No question,
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Kili s'était hâté de terminer d'aider son oncle dans son travail, enchaînant les tâches les unes après les autres avec grande rapidité tout en regardant l'heure toutes les minutes. Il avait été difficile de convaincre Thorin de le laisser partir plus tôt aujourd'hui mais Fraia avait le don d'être la raison la plus convaincante qui soit. Il ne l'avait cependant pas choisie parce qu'elle était appréciée des membres de sa famile ou l'avait-il seulement choisie ?

16h, il avait badgé à toute vitesse avant de sauter sur sa moto qui le mena chez lui, ne faisant une halte que pour passer au pressing. Il devait être beau, aujourd'hui était un jour spécial. Arrivé chez lui, il envoya un message à la belle, se faisant tout spécialement mystérieux. « Je viens te chercher à ton travail à 17h30. Pas de question. »
Il n'avait pas de temps à perdre s'il voulait être à l'heure. Son sac était près depuis la veille, il vérifia cependant que tout était bien en place. Cela faisait plus d'un mois qu'il préparait ce moment. Tout le monde était dans le coup et il espérait rendre ce week-end inoubliable car aujourd'hui, il emmenait sa copine très très loin -enfin pas trop quand même. Il aurait voulu l'emmener au bout du monde mais pour l'instant ses finances ne le lui permettaient pas, pas plus que le temps qui lui était alloué mais si tout se passait bien, il lui offrirait bientôt la lune et les étoiles venant avec.

Après une courte douche, il monta dans la voiture que lui prêtait son frère, direction le travail de Fraia. Il devait cependant s'arrêter chez elle d'abord pour chercher son sac qui avait été fait à ses dépends par des complices. Il lui tardait de voir la tête de la demoiselle quand elle reconnaîtrait le sac.
17h30, il était pile à l'heure, garé sur le trottoir en face, il s'adossa à la voiture, lunette de soleil sur le nez et guetta l'arrivée de la jeune femme.

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La belle était plongée dans ses calculs, occupée à relire ses propres annotations, lorsqu'une sonnerie familière la tira de ses réflexions. C'était le pioupiou caractéristique qu'elle avait attribué spécifiquement aux messages de son poussin petit ami. Pour lui, elle lâcha son ordinateur pour lire le sms qui s'imposait comme un rendez-vous. Pas de question. Pfffff....

« Attention, pas de question, pas de réponse. » tapota-t-elle rapidement sur l'écran tactile, comme s'il y avait la moindre chance qu'elle le plante effectivement lorsqu'il montrerait son adorable sourire.

Puis, elle réajusta ses lunettes et se remit à l'ouvrage, le coeur un peu plus léger de savoir que sa soirée serait passée avec celui qui tenait déjà fermement son coeur. Et pour la peine, elle surveilla l'heure plus souvent qu'à l'accoutumée, au lieu de se laisser porter jusqu'à dépasser ses horaires. Il n'était ainsi pas encore l'heure qu'elle commença déjà à faire du vide sur son bureau, avant de passer rapidement aux sanitaires... pas tant pour s'occuper d'une vessie pleine que pour vérifier et ajuster au besoin l'état de son maquillage et de sa coiffure. Elle remit un peu de rouge sur ses lèvres, essuya un débordement invisible sous sa paupière et, enfin satisfaite, retourna chercher ses affaires. Jetant un coup d'oeil par la fenêtre, elle vit son amant qui venait de se garer et la scène lui fit relever un sourcil. Une voiture. Voilà qui était peu commun... Et qui la fit se hâter davantage encore, saluant ses collègues ici et là avant de sortir perchée sur ses talons hauts, et ses lunettes de travail oubliées sur son nez. S'approchant sans se départir de son sourire, elle traversa la rue avant de le désigner du menton, lui et la voiture à laquelle il était adossé :

« Tu cherches à me kidnapper ou tu as un fantasme à réaliser à base de banquette arrière ? »

Quoi ? Elle aimait bien le faire rougir.... Et à bien y réfléchir, elle n'était vraiment contre aucune de ces deux hypothèses...

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La carrosserie de la voiture à laquelle il était adossé chauffait son dos de manière agréable, lui renvoyant la chaleur du soleil par des ondes progressives. D'un gris presque noir, rutilante, son aîné en prenait soin comme s'il eut s'agit d'une fille. Il la lavait souvent et Kili aimait le charrier quand à l'attention qu'il portait à son véhicule, avançant l'idée qu'il finirait sans doute marié à cette dernière. Il était sûr que cela ne lui déplairait pas. Kili avait en tout cas du promettre monts et merveilles à son frère pour pouvoir ne serait-ce qu lui emprunter la voiture quelques jours, le convaincant de ne pas leur servir de chauffeur.

Les bras croisés à profiter du soleil, il ne quittait cependant pas des yeux la porte située juste en face de lui, se donnant presque mal à la tête, dans le seul et unique but de ne pas perdre une seule miette du visage de sa chère et tendre. Quand elle sortit enfin, il se décolla très légèrement de la voiture, d'un coup de rein, sans même un regard vers la carrosserie alors qu'il avait promis de ne prendre aucun risque pour ne pas l'égratigner, pas même s'y adosser. Il fallait bien avouer que cela avait de l'effet.
Fraia était sublime, comme d'habitude et les petites lunettes qu'elle portait au dessus de son nez.. à ses propos, il baissa légèrement le nez sur ses chaussures, tant pour cacher sa gêne de l'entendre dire de telles choses que pour s'assurer que ce qui grandissait sous sa ceinture n'était pas trop visible. Qu'est-ce qu'il aimait quand elle lui parlait comme ça.

Il attendit qu'elle arrive à sa hauteur et attrapant son poignet, la tira contre lui, sa bouche si près qu'il aurait pu l'embrasser. S'abstenant, il se pencha bientôt sur elle pour lui murmurer à l'oreille. « Je sais que ce ne serait pas pour te déplaire. Qui sait ce que la suite nous réserve ? » Deux phrases et il avait été sur le point de vendre la mèche quant à ses projets pour le week-end, d'autant plus que jusque là, elle n'avait connaissance de rien et restait persuadée qu'il l'emmenait quelque part pour la soirée.
« Ne perdons pas de temps, en voiture ! » Un petit baiser furtif sur ses lèvres si douces et il lui assena une légère claque sur le postérieur pour la pousser en direction de la portière passager qu'il lui ouvrit, avant d'en retirer son sac pour qu'elle puisse s'y asseoir, déposant ce dernier sur la plage arrière de la voiture. Il aurait pu le déposer directement dans le coffre mais il voulait qu'elle se pose des questions... questions auxquelles il ne répondrait pas. Pas même sous la torture ! « J'espère que tu es prête, je ne ferais pas de pause pipi ma petite vessie. » la gratifiant d'un clin d’œil rieur.

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Elle était descendue par l'escalier, malgré les étages à dévaler en talons, n'ayant pas la patience d'attendre l'ascenseur. Sans se soucier de l'inconfort relatif de ses petons, elle s'était pressée jusqu'à la sortie, laissant ses collègues libres de jouer les commères sur son cas dès qu'elle aurait le dos tourné. Dans sa hâte, elle en avait oublié ses lunettes de lectures, toujours juchée sur son nez qui se plissa un instant à cause du soleil, presque trop agressif, avant qu'elle ne soit gagnée par un sourire. Kili avait toujours droit aux plus radieux d'entre eux, et pour cause : c'était lui qui les faisait naître.

Elle ne put s'empêcher de le titiller légèrement, prenant un malin plaisir à voir la gêne s'emparer de ses traits et de ses gestes pour un instant avant qu'il ne reprenne contenance. Alors arrivée à sa hauteur, elle se laissa happer par ses mains, jusqu'à coller ses hanches à celles de son amoureux qui lui refusa un baiser pour plutôt lui murmurer des presque cochonneries qu'elle espérait se voir muer en plus que des paroles.

« Hm. C'est une promesse j'espère ? » répliqua-t-elle dans un sourire suggestif, en parfaite provocatrice.

Cela sembla faire l'affaire, puisque le jeune homme, de plusieurs années son cadet, sembla soudain tout aussi pressé qu'elle avait été de le rejoindre ! Elle ne put s'empêcher de rire légèrement à cette pensée, tout en accueillant un baiser un peu trop léger et furtif à son goût. Se détachant de lui à regret (encore qu'elle n'avait pas forcément plus envie que cela de se donner en spectacle devant ses collègues), elle fut surprise par la tape qui claqua sur ses fesses et asséna un regard lourd de sens à son partenaire en réponse. Il ne perdait rien pour attendre...
Mais aux gestes impudents succédaient toujours la galanterie, et elle prit place dans la voiture comme une reine aidée par ses gens. Son maigre bagage termina à l'arrière avant que Kili ne la rejoigne, derrière le volant. Elle avait connu des surnoms plus mignons que ça... Mais soit.

« Et où m'amènes-tu donc, pour que la taille de ma vessie te pose question ? »

Elle avait beau être folle (d'amour, bien sûr), elle n'était pas idiote pour autant. La voiture était une première, et cette remarque sur une pause pipi lui indiquait qu'ils se dirigeaient vers.... elle n'en savait rien, en réalité, mais en tout cas, probablement pas vers leurs coins habituels. Un peu plus loin, certainement. Cela réveilla sa curiosité naturelle (ou son besoin de contrôle ; tout est question de point de vue). Cependant, il ne semblait guère décidé à lui donner une réponse véritable, ce qui l'agaça d'autant plus.

« Quoi, même pas j'ai droit à un indice ? »
Ils quittèrent le quartier où elle travaillait.
« ...même tout petit ? »
Elle regarda les panneaux de signalisations pour se faire une idée de leur direction.
« ….A ce stade je peux appeler la police pour kidnapping, hein... »
Dans sa tête, les scenarios se nouaient et se dénouaient alors qu'elle essayait de deviner.
« Après, ça serait quand même DOMMAGE que je me vexe et décide de te bouder toute la soirée... »
Ca, elle en serait capable. Mais elle n'allait pas gâcher une belle soirée avec lui pour ça, et il le savait. Fichtre, il s'en riait sûrement, même.
« Enfin sinon... » Sa main se posa l'air de rien sur une cuisse qui n'était absolument pas à elle. « on peut aussi négocier un indice... »

Ouais, les négociations, elle connaissait.

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Kili se moquait bien de ce que l'on pouvait penser de lui et de sa relation avec Fraia. Elle était peut-être plus vieille que lui mais les années qui les séparaient importaient peu, seul son amour pour elle comptait. Chaque fois qu'il la voyait, il se sentait pousser des ailes et il aurait déplacé des montagnes pour elle, pour son sourire, comme celui qui venait de naître sur son visage à l'instant où ses yeux s'étaient posés sur lui. Rien ne le rendait plus heureux que de la voir sourire, rien ne le rendait plus riche dans son cœur. Fraia était sa princesse et aujourd'hui, il allait lui rendre hommage comme il se devait, c'est pour cela qu'il lui avait concocté une petite surprise connue de lui seul, même ses complices ne savaient pas ce qu'il préparait vraiment.

Le plus difficile allait être de lui cacher leur destination, jusqu'au tout dernier moment. Il connaissait sa curiosité et surtout son caractère et ce fut sans surprise qu'il se fit interroger, puis menacer et qu'enfin, elle commença à le faire chanter. Son visage était rouge malgré la clim, une bouffée de chaleur s'emparant de son corps à la minute même où elle avait posé sa main délicate sur sa cuisse. Il se sentait bouillir comme un volcan au bord de l’éruption et faisait de son mieux pour se concentrer sur la route.
Il avait décidé de jouer la carte du silence. Seul moyen efficace pour ne pas lui dévoiler quoique ce soit. Il savait que le moindre mot de sa part dévoilerait le pot aux roses, raison pour laquelle il jouait ainsi la sécurité mais la tâche était extrêmement ardue.
Sa main brûlante sur sa cuisse faillit avoir raison de lui, de son silence, de sa résolution. Il luttait contre l'envie de s'arrêter sur la première aire abandonnée pour faire taire l'ardeur qui le saisissait à son simple contact.

Il avait jusque là emprunté les petites routes pour la déboussoler, l'autoroute indiquant trop clairement le chemin qu'il empruntait. Le chemin l'embarqua sur un bout de quatre voies où la circulation était plus fluide une fois les bouchons de l'heure de point dispersés. Un panneau indiqua une station service à quelques kilomètres et sans un mot, il mit son clignotant et s'engagea.

« On fait une petite pause, j'ai besoin de me dégourdir les jambes. J'ai un petit creux, tu veux quelque chose, ma douce ? »

Il n'avait rien prévu en dehors de l'eau dans sa voiture et il n'avait rien mangé depuis qu'il avait débauché. Il n'était pas question de diner là mais juste de prendre quelque chose à grignoter avant de poursuivre le voyage, toujours plus loin. « Tu préfères peut-être me manger. » lui proposa-t-il, un petit sourire coquin qui laissait entendre qu'il n’ignorait rien de son petit jeu dans la voiture.

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Les négociations ne se déroulèrent pas aussi bien qu'elle l'aurait espéré, même si elle avait vu sa résolution sérieusement flancher à un moment donné. Tout ce que cela évoquait à la femme, c'était qu'il était assurément bien trop décidé à ne rien dire pour que cela ne soit pas louche ! Peu désireuse d'adopter un comportement qui la rabaisserait, elle finit donc par le laisser tranquille et observer le paysage alentour, un peu perdue. Elle n'avait pas la moindre idée d'où ils se trouvaient... Et dès qu'elle pensait se souvenir d'un lieu, il semblait parvenir à la détromper où à la perdre un peu plus. Diable. Elle n'avait aucun sens de l'orientation une fois sortie des grands axes et des rues dont elle avait l'habitude. Ça l'agaça même un peu, par fierté mal placée certainement. Allez, elle avait au moins la satisfaction de le voir rouge comme une tomate et de le laisser avec une béquille inconfortable dans le pantalon, en punition pour son silence et ses mystères. NA !

Mais l'un dans l'autre elle avait surtout hâte de découvrir où ils finiraient par passer la soirée. C'est pourquoi lorsqu'il finit par mettre son clignotant et ralentir, elle se redressa avec attention.... avant de se ré-affaler. Ce n'était qu'une pause ! C'est pas bien de donner de faux espoirs à une femme... A ses mots, elle commençait à faire un signe négatif de la tête lorsqu'elle le vit esquisser un sourire coquin et elle lui mit la paume de sa main en plein visage, sans brutalité aucune mais plutôt avec taquinerie.

« Je ne te mangerai rien du tout sans un indice, petit malotru ! »

Elle ne put s'empêcher de sourire en énonçant cela, néanmoins, et lorsque la voiture fut parfaitement arrêtée elle ne resta pas à bouder à l'intérieur, mais claqua la portière derrière elle avant de s'étirer vers le ciel encore clair.

« Je vais aux toilettes, on se retrouve là ? »

Qui a dit petite vessie ? Chut ! ewe
La belle se dépêcha néanmoins, ne passant qu'une demi seconde à vérifier sa tête dans le miroir tout en se lavant les mains avant de retourner à la voiture... Qui était fermée à clefs. Zut. Elle avait eu le temps de réfléchir et voulait vérifier ce qu'il y avait dans le coffre... qui refusait donc de s'ouvrir. Pffff. Elle ne tenta même pas de cacher sa manoeuvre à son adoré lorsqu'il revint. Au contaire, sa réaction à cette tentative de vérification pourrait peut être lui en dire long.... Elle haussa d'ailleurs un unique sourcil pour appuyer sa question muette. Hm ?

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Il était encore tôt mais ils avaient encore beaucoup de route avant d'arriver à destination. Le plus difficile était encore de pouvoir maintenir Fraia dans l'ignorance. Il la connaissait bien, elle ferait tout pour le faire parler. Elle le menacerait, le torturerait à sa façon et ne lâcherait pas le morceau, elle avait plus d'un tour dans son sac. Il avait pris soin de prévenir leurs familles et leurs amis pour qu'ils ne lui disent rien, quand bien même ils savaient très peu de choses. Le moindre indice aurait pu vendre la mèche, ce qu'il ne souhaitait pas. Il ne voulait qu'une chose, lire l'expression sur son visage lorsqu'ils arriveraient à destination, en espérant que ce serait une réaction d'agréable surprise. Il savait que cela lui plairait mais il subsistait toujours une part de doute. Après tout, il se trompait peut-être.

L'arrêt à la station service était une diversion. Elle lui permettait de souffler un peu alors qu'il se trouvait à deux doigts de cracher le morceau, ce qu'il regretterait à coup sûr. Il allait pouvoir se dégourdir les jambes, prendre de l'essence et acheter des vivres, tout en se débarrassant de son horrible handicap. Visiblement, la jeune femme était indisposée. Tant pis, il s'occuperait de sa béquille tout seul dans les toilettes. Il n'en attendait cependant pas moins d'elle. Ah ! Quel tempérament elle avait. Il l'aimait. Laissant échapper un petit rire sournois, il se glissa hors des sièges de la voiture et attendit qu'elle soit sortie pour fermer le véhicule à clé.
La pause pipi fut.. rapide.. d'une certaine façon. Il en profita ensuite pour acheter des petits gourmandises en chocolat et des bonbons, ainsi que des petites choses salées et ravitailla les boissons. On était jamais trop prudent. (non il n'avait pas la fièvre acheteuse, le chocolat c'est aphrodisiaque). Quand il retourna à la voiture, il tomba sur sa douce en train d'essayer de forcer le coffre de la voiture. Il la fixa, marquant une pause à quelques mètres avant de lui offrir un petit sourire amusé. Il lui aurait bien ouvert le coffre pour lui faire une farce mais ils n'avaient pas de temps à perdre. Il lui ouvrit la portière et une fois qu'elle fut installée, vint se pencher sur elle pour poser ses emplettes à ses pieds avant de lui assener un petit baiser sur le nez. « N'oublies pas ta ceinture. »

L'autoroute était plus fluide mais ennuyeuse à mourir. Il aurait préféré faire ce chemin en moto, bien plus rapide mais avec Fraia et leurs valises, ça aurait été moins confortable. Ils roulèrent ainsi pendant un peu plus d'une heure avant qu'il ne quitte à nouveau la grande route pour reprendre les petites routes, jetant un coup d’œil à sa belle pour guetter sa réaction. Il n'était jamais venu par ici mais avait trouvé les lieux sur internet après avoir vu une photo sur facebook. Dès qu'il l'avait vu, il avait su qu'il voulait y emmener Fraia. Il fallut un moment avant d'arriver sur place mais quelques mètres avanat, il arrêta le véhicule et se tourna vers Fraia. « Tu vas trouver que j'en fais trop mais.. je vais te bander les yeux. » Il sortit à ces mots un bandeau de velours de l'intérieur de la portière et l'agita du bout des doigts avant de le lui glisser sur le visage, prenant garde à ne pas trop la décoiffer. Il roula ensuite jusqu'au grille qu'il passa doucement, veillant à ce qu'elle n'enlève pas le bandeau.
Moteur éteint et frein à main enclenché, il se hâta de sortir pour l'aider à sortir du véhicule et glissa son bras derrière son dos pour la guider. « Ce n'est pas un jeu coquin, promis. » lui murmura-t-il à l'oreille, se disant que ce ne serait pas une mauvaise idée de réutiliser le bandeau ce week-end.
L'endroit était très isolé, juste comme il voulait. La lumière déclinante donnait une atmosphère particulière et mystique à toute cette verdure qui les entourait et leur logement pour le week-end semblait comme incrusté dans le paysage. Il s'agissait d'une petite habitation troglodyte dont la porte ronde se dessinait comme un bouton sous la montagne d'herbe qui recouvrait la maison.
Il avait grande hâte d'y entrer pour découvrir le petit nid douillet réservé aux amoureux qu'ils étaient. Il avait fait livrer un repas en tête à tête pour leur première nuit ensemble. Il n'avait qu'une envie, rester seul avec elle pour la soirée plutôt que de devoir supporter la présence d'autres personnes. Il voulait un week-end rien qu'avec elle. Il se plaça derrière elle et lui retira doucement le bandeau avant de l'attraper par la taille, la tenant tout contre lui pendant qu'elle découvrait les lieux. Il ne pouvait pas voir son visage ainsi mais il verrait ce qu'elle verrait quand elle le verrait.

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Fraìa fit exprès de faire mine de tenter d'ouvrir le coffre lorsque sa saleté de petit copain repointa le bout de son nez. En résultat un Kili qui la fixa avec un petit sourire et s'approcha pour lui ouvrir, non pas le coffre mais la portière passager. Haha ! Pouvait-elle en déduire qu'il y avait bel et bien quelque chose de caché là-dedans ? Peut-être. Rien n'était sûr, mais les possibilités fleurissaient dans son esprit. D'ailleurs, elle s'installa bientôt à sa place avant de se saisir de son portable, et commença à textoter discrètement sur le côté. D'abord à sa mère.... qui préféra faire le mort que de lui répondre, ce qui était extrêmement louche, il faut le dire ! Et ensuite.... A Fili. Fili, qu'elle menaça aussitôt et en quelques mots de rayer sa bagnole s'il ne lui apportait pas des réponses, et vite ! Autant dire que le blond ne lui avait jamais répondu aussi rapidement.... et elle ne put s'empêcher de sourire en ayant la confirmation qu'elle attendait : ils n'étaient pas partis pour la soirée, mais pour plus longtemps que ça ! Et oui, sa mère était dans le coup.... Ah la saloperie... Par contre, il fut incapable de lui dire où ils se rendaient, sous prétexte qu'on ne le lui avait pas dit. Hmph. A tous les coups, il n'avait pas écouté, surtout !!
Allez... bonne joueuse, et surtout satisfaite d'avoir résolu seule une parti du mystère, la belle relâcha son téléphone pour se concentrer sur le reste de la route. Ils semblaient perdus en pleine cambrousse lorsque le moteur s'arrêta finalement, et qu'on lui annonça comme une fleur qu'on allait lui bander les yeux, accessoir à l'appui.

« T'as décidé de réaliser tous tes fantasmes ce week-end ?... » demanda-t-elle avec un sourire moqueur.

Oui, "week-end". Elle n'allait pas manquer une occasion de lui dire qu'elle en savait plus qu'il ne le croyait ! Néanmoins, elle se laissa faire, sans pouvoir s'empêcher de pouffer en l'entendant lui promettre qu'il ne s'agissait pas de cela. Sortie de la voiture, elle s'accrocha à lui, peu certaine de la manoeuvre.

« Si je me tords la cheville, on aura l'air fins... »

Cependant, elle lui faisait confiance plus qu' quiconque, et se laissa donc guider, avant de le sentir passer derrière elle pour les derniers pas, avant de venir retirer ce qui bloquait sa vision.... et elle découvrit ainsi la porte ronde creusée à même la petite colline, dans un écrin de verdure. Il y avait là deux petites fenêtres toutes rondes et quelques marches enherbées. Un petit banc charmant, juste à côté, semblait leur tendre les bras.

« C'est magnifique... »

Elle se tourna légèrement pour déposer un baiser sur les lèvres de l'idiot qui lui tenait la taille, avant d'ajouter, pour le principe :

« Et on a le droit de rentrer ou tu préfères me faire poireauter encore trois heures pour préserver la surprise ? »

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Kili s'était arrêté net en entendant le mot week-end. Qui avait bien pu vendre la mèche ? Fort heureusement, ils en savaient trop peu pour dévoiler le pot aux roses mais il ne manquerait pas de se venger de ce petit écart. A tous les coups, c'était Fili, il était le plus facile à convaincre ou.. à faire chanter. Peu lui importait, il allait pouvoir le torturer à son retour en le faisant culpabiliser.
En tout cas, cette petite fuite d'information n'allait pas lui gâcher la soirée. Ce n'était rien et le contenu du sac de Fraia le lui aurait révélé tôt ou tard de toute manière.
Il la guida dans la pénombre, prenant garde à où elle mettait les pieds. Un aller/retour à l’hôpital n'était pas dans ses plans et il n'avait pas envie de mettre fin à son petit week-end en amoureux pour une petite bêtise comme celle-là.
Arrivé devant la petite maison ensevelie, il lui retira le bandeau et attendit sa réaction qui ne se fit pas attendre. Il la contempla se retourner, un sourire jusqu'aux oreilles dont il ne put se défaire même pour l'embrasser tendrement en retour. « Je vais chercher les valises, entre ! »

Le jeune homme couru jusqu'à la voiture et attrapa le sac de la demoiselle qu'il avait placé à l'arrière avec son sac avant d'aller ouvrir le coffre, surveillant bien qu'elle ne voyait rien. Il attrapa une boîte qu'il cala entre ses deux mains prises et referma le coffre comme il put, jonglant avec ses pieds pendant qu'il essayait de fermer la voiture à clé avec le bouton de fermeture automatique. Après quelques minutes, il finit par entrer dans la maisonnette pour découvrir les lieux qu'il n'avait jusque là vu qu'en photo.
L'intérieur était champêtre et douillet, comme il aimait, un peu comme un cottage à l'anglaise. Il posa les valises et la boîte sur le banc dans l'entrée avant de s'avancer un peu plus dans l'espèce de salon qui faisait aussi office de salle à manger. La table était mise, avec des chandelles et des fleurs un peu partout, comme si elle n'attendait plus qu'eux. Le service de traiteur ne tarderait pas à arriver et il leur avait donné des instructions claires.
Attrapant sa douce par le bras, il l'entraina à sa suite en lui proposant d'aller voir la chambre à coucher, non sans arrières pensées. Ce serait l'occasion pour eux surtout de se débarbouiller un peu avant le dîner mais cela, il ne le lui dit pas.

La chambre était spacieuse pour les lieux, tout comme le reste de l'habitation. Difficile d'imaginer tout cela sous cette petite colline. Le lit avait été recouvert de pétales de rose dans une décoration des plus kitchs mais il appréciait la petite attention qu'ils avaient eu pour leurs hôtes. Sans leur aide, il n'aurait pu organiser tout cela. « On peut se reposer un peu avant le diner, si tu veux. » lui proposa-t-il en s'asseyant sur le rebord du lit, tapotant l'édredon près de lui, un petit sourire aux lèvres.

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La surprise était touchante, et peut-être le baiser s'attarda-t-il un peu plus longuement que nécessaire avant qu'elle ne brise le contact de leurs lèvres pour asséner, par principe, une petite pique à l'adresse de l'idiot qui lui servait d'amoureux. Comme il lui indiqua d'entrer pendant qu'il allait chercher les affaires, elle s'avança seule en direction de la joli maisonnette enfouie dans le décor champêtre. Fraìa avait grandie en ville, dans le béton et la pierre. Cependant, la campagne l'avait toujours attirée sans qu'elle ne sache réellement pourquoi (probablement par simple esprit de contradiction, ceci dit). N'étant pas certaine du protocole, elle jeta un coup d'oeil en arrière alors qu'elle arrivait devant la porte toute ronde, pour sourire en voyant Kili se débattre avec tous les sacs et trop peu de bras pour les porter. Ça lui ferait les pieds, tiens.

« Ne les fais pas tomber dans la boue ! »

Et hop, elle tourna la petite poignée dorée pour pousser le chambranle et enfin découvrir l'intérieur de cette étrange bâtisse.
L'intérieur était tout mignon, à milles lieues de ce que l'on pourrait trouver dans un hôtel de luxe en ville. Elle s'avança pour faire quelques pas dans la demeure, avisant la table déjà mise, les bouquets de fleurs fraîchement cueillies et les chandelles prêtes à être allumées. C'était romantique... Mais d'un romantique kitsh absolu. Elle était en train de rire intérieurement quand son petit ami arriva finalement, posant son chargement ici et là avant de revenir enfin vers elle, et l'attraper par le bras alors qu'elle-même l'étreignait doucement. Le rire interne devint sourire moqueur alors qu'il l'entraînait pour "voir la chambre" d'un air parfaitement innocent, mais elle se laissa faire, pour finir par clairement rire devant le lit recouvert de pétales de roses et les petits oreillers en forme de coeur. Sérieusement ? Loin de se démonter, Kili prit place dans ce cliché parfait pour lui proposer de se reposer.

« Quelque chose me dit que ta notion de repos diffère de celle du dictionnaire... »

Elle le taquina, loin d'être naïve sur ses intentions, comme le prouvaient d'ailleurs son genou qui venait déjà s'appuyer contre le matelas, sa main qui venait chercher un peu d'équilibre contre sa nuque.

Plusieurs minutes plus tard, les lunettes avaient rejoint la table de nuit, les souffles s'étaient emballés, les vêtements avaient été débraillés et et les cheveux noirs de jais s'étaient magiquement ébouriffés. Allez savoir pourquoi, comment.
Sûrement avaient-ils fait une bataille de polochons. Voilà.
Fraìa avait ensuite rejoint la salle de bain pour une douche rapide et elle était en train de se rhabiller quand elle tendit l'oreille. On venait de toquer à la porte, ou elle avait rêvé ?

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Kili ressortit de la chambre, les cheveux ébouriffés, comme si un oiseau avait cherché à y faire son nid en éliminant au préalable toute la vermine qui pouvait s'y nicher. Tentant de remettre un peu d'ordre dans sa chevelure, il se lécha les doigts pour venir à bout d'une mèche folle qui persistait à se dresser au milieu de son front, lui donnant l'air d'un personnage tout droit sorti d'une bande dessinée. Une fois fait, il s'attaqua à sa mise, s'efforçant d'avoir l'air présentable pour aller accueillir l'artisan traiteur qui devait venir rassasier leur appétit que leur petit batifolage n'avait pas déjà assouvit et il arrivait à point, son estomac criant famine après cet exercice.

Le jeune homme arriva en trottinant, ôtant du pied les sacs et autres valises qu'il avait laissé en plan dans l'entrée pour dégager assez d'espace pour que le jeune apprenti assistant le traiteur puisse passer avec son chargement sans risquer de se prendre les pieds. Après les échanges de conventions d'usage et les plats déposés dans la cuisine aménagée, lui et la belle se retrouvait enfin seuls.
En bon prince, il attrapa sa main du bout des doigts pour la guider jusqu'à la table où il l'aida à s'installer, poussant la chaise derrière elle. Trois heures qu'il avait passé à s'entraîner sur son frère pour ne pas manquer de lui abîmer l'arrière des genoux, trois heures à avoir Fili tentant d'imiter Fraia sans y arriver vraiment et à l'écouter se plaindre combien il pouvait être maladroit. Après tout ce temps, c'était en boitant qu'ils s'étaient quittés et avec, il n'en doutait pas, tout plein d'anecdotes pour se moquer de lui à l'avenir.

Secouant ses boucles brunes, il s'efforça d'oublier l'image de Fili dans le rôle de la douce pour se focaliser sur la vraie Fraia, en chair et en os, enfin surtout en chair. D'une main experte, il lui servit un verre de vin et s'enfuit en cuisine chercher le repas. Il n'avait pas réservé le service, misant totalement sur la soirée en tête à tête, même s'il aurait bien avoué aimer passer la soirée au lit avec une certaine brune enchanteresse. L'atmosphère était calme et les lieux romantiques quoiqu'un peu kitch. Bon, très kitch. Sans doute pas ce que Fraia attendait d'un week-end surprise au niveau décoration d'intérieure et fort heureusement, il n'avait pas prévu ce genre de décoration dans son propre appartement. Le week-end ne faisait que commencer et il comptait bien la surprendre plus d'une fois. Il ne pouvait attendre de se réveiller à ses côtés et.. le jour parlerait de lui-même.

Le repas était simple, pas trop lourd mais divinement bien réalisé, quand bien même il n'aurait pas parié sa vie sur le fait que le traiteur cuisinait mieux que sa propre mère, pour sa survie... Le dessert était un peu plus particulier avec ses mignardises. Pour dire les choses, il n'avait su que choisir et un ensemble de petits desserts s'était imposé comme la meilleure alternative, voilà tout.
Le moment du dessert était le moment idéal pour aborder les choses sérieuses. C'est pourquoi, le visage couvert de chocolat comme un enfant de cinq ans, il se prépara à aborder la question qu'il attendait tant. Veillant à ne pas avoir les doigts collant en les essuyant consciencieusement sur sa serviette de table, il attrapa la main de sa chère et tendre, plongeant son regard dans le sien. Après un petit temps de pause, il lui demande tout sérieusement.

« Je peux te poser une question ? »

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Fraìa se refaisait une petite beauté dans la salle de bains, bien que l'amour fut évidemment la meilleure crème de jour possible ! Et elle en avait à foison, grâce à son cher et tendre. C'était alors qu'elle était occupée à dompter une mèche rebelle dans sa crinière un peu trop foisonnante qu'elle crut entendre quelque chose à la porte. Et, tendant l'oreille, cela lui fut confirmé par l'échange de quelques mots qu'elle ne put réellement saisir, prononcés entre son Kili et une voix qui lui était, semblait-il, parfaitement inconnue. Allons donc.... Elle termina de se préparer et de se rhabiller, afin de ne reparaître dans le salon qu'une fois parfaitement mise. Oui, elle était peut-être un peu trop attachée à son apparence, mais... c'est ainsi.

En arrivant auprès de son amoureux, elle remarqua que lui aussi avait soigné son apparence. Mais bien sûr, il ne pouvait guère aller ouvrir à leur visiteur dans son plus simple atour et tout ébouriffé... n'est-ce pas ? Visiteur qui, elle le comprit en laissant son regard quitter l'objet de son coeur pour se poser sur la table, était probablement un livreur. Chouette ! Elle avait justement fort faim... certaines choses ouvrent particulièrement l'appétit. Elle se laissa guider par la caresse sur ses doigts, jusqu'à la chaise qui lui était apparemment désignée. Comme le plus professionnel des serveurs en restaurant étoilé, Kili lui présenta son assise et repoussa la chaise derrière elle doucement afin qu'elle soit parfaitement installée. C'était bien la première fois qu'il lui sortait ce manège-là... Surprise, elle ne put s'empêcher de rire doucement à ses agissements, mais sans l'ombre d'une vilaine moquerie.
Alors qu'elle s'attendait à le voir s'asseoir, il prit cependant sur lui de servir le vin dans un geste quelque peu théâtral qui ne l'aida pas à cesser de sourire. Cet idiot était charmant.... Il lui laissa le verre pour dégustation, et elle ne put s'empêcher d'exagérer elle aussi, tournant le liquide coloré un instant avant de le humer longuement, puis d'y tremper les lèvres de manière particulièrement appuyée, les yeux fixés sur son beau serveur jusqu'à le sentir se transformer en bouillie sous son regard de braise. Ce dernier préféra s'enfuir dans la pièce à côté pour s'échapper de ses sous-entendus implicites, pour revenir quelques instants plus tard avec de très belles verrines.

Ils partagèrent leur repas dans le calme, savourant chaque plat autant que le regard et la présence de l'autre. Elle l'interrogea sur la façon dont il avait connu et choisi ce lieu pour le moins original, et la conversation suivit son cours jusqu'au dessert où elle reconnut bien le choix de son amour en la matière : pas de choix. La vision des nombreuses mignardises la fit sourire autant que celle de Kili s'empiffrant comme s'il ne venait pas de manger un repas complet, et elle était toute à ses considérations internes lorsqu'il lui demanda un peu trop sérieusement s'il pouvait lui poser une question. C'est le sérieux du ton employé qui la poussa à poser ses deux mains devant elle.

« Bien sûr... tant que tu ne me demandes pas de t'épouser. »
Elle ne put s'empêcher de sourire en réponse.

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No question,
just say yes

S'il avait été une taupe, une autruche, un caméléon ou tout autre animal avec la capacité innée de pouvoir se cacher, se rendre invisible, s'enfoncer sous terre ou simplement avoir l'impression d'être en sécurité, il l'aurait fait. Incapable de soutenir son regard, il visualisait un énorme trou dans lequel s'enterrer, quitte à gratter la terre de ses ongles mais rien n'aurait pu y faire. Il se trouvait malheureusement face à Fraia qui le mettait littéralement au défi d'assumer l'acte qu'il était sur le point de réaliser.
Son cerveau fonctionnait à la vitesse d'un avion de chasse et son coeur produisait un bruit tout aussi assourdissant, entravant le fil de sa réflexion. Ne voulait elle pas passer le reste de sa vie avec lui ? Ne s'entendaient-ils pas bien ? Ne l'aimait-elle pas ? Pourquoi avait-elle dit cela ? Plaisantait-elle ? Comment avait-elle deviné ? Il avait l'impression que son crâne allait exploser sous la pression, maculant sa beauté de ce rouge qui lui allait si bien. Le coeur au bord des lèvres, il attrapa un bout de pain qui trainait près de son assiette et l'engouffra dans sa bouche pour se donner une excuse. L'engouffrant si vite qu'il manqua presque de s’étouffer avec.
Le visage rouge, les yeux larmoyant, il luttait contre la quinte de toux qui le forcerait à prendre une grande inspiration et par la même occasion inhaler les miettes de pain. Une torture pire que la mort mais certainement moins douloureuse que la pique envoyée par sa dulcinée.
Il attrapa son verre d'eau, avalant goulument le liquide qui vint sauver ses poumons et cracha ce qu'il ruminait depuis tout ce temps, un air penaud sur le visage. « Si je ne te le demande pas, tu m'épouseras quand même ? » Voilà, il l'avait dit mais cela n'était certainement pas ce qu'il avait maintes fois imaginé dans sa tête. Le diner aux chandelles était bien là mais au lieu de faire bonne impression, il s'était lamentablement étouffé pour finalement faire sa demande qui n'en avait plus rien d'une comme s'il 'agissait là de la supplique d'un mourant. Quel con il était.

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Ils en étaient au dessert (ou plutôt aux desserts) lorsque Kili prit tout à coup un ton particulièrement sérieux, pour lui demander le droit de poser une question. L'occasion était trop belle, certainement, car sa Belle ne put s'empêcher de répliquer du tac au tac avec une condition particulière, qui troua à la fois la conversation et... et manifestement, le coeur de son adoré. Adorable chaton, qui se recroquevilla aussitôt sur lui-même, et dont chaque pensée suintait au travers de son visage défait, de ses yeux humides qui semblaient faire barrage à une inondation éclair.
Elle n'avait pas loupé une seule miette de ses réactions, malgré ses tentatives maladroites de se cacher tantôt derrière un bout de pain, tantôt derrière un verre d'eau salvateur pour sa quinte de toux. Il était... à la fois adorable et pathétique, en cet instant. Elle avait déjà reculé sa chaise, quand il termina de récupérer ses facultés pour lui demander si elle l'épouserait tout de même s'il venait à ne pas formuler la question, et elle ne put s'empêcher de secouer la tête à son adresse, sourire aux lèvres, alors qu'elle se levait... pour venir le pousser légèrement, afin de trouver de la place sur ses genoux. Elle s'y installa avec tout le naturel du monde, son bras trouvant machinalement position autour des épaules masculines, mais elle se garda de trop le coller pour autant, désireuse de lui laisser l'espace nécessaire pour qu'il puisse lire sur ses traits. Elle le força d'ailleurs à la regarder, un doigt sous son menton, tandis qu'elle répondait enfin.

« Si tu ne le demandes pas, c'est moi qui finirait par le faire... idiot. Enfin, tant que tu retiens qu'il n'est pas bon de ne pas répondre à mes interrogations, bien sûr. »

Oui, d'accord. C'était très petit comme vengeance, certes. Mais ça avait sacrément bien marché... Tellement bien qu'elle l'avait presque regretté, à vrai dire... Mais Fraìa était ainsi faite, qu'elle n'aimait pas qu'on lui résiste et cherchait rétribution pour tout tort causé, le plus petit soit-il. Nul doute que son bien-aimé retiendrait la leçon, vu comme son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine et comme son visage était encore rouge d'horreur... Nul doute non plus qu'elle se souviendrait longtemps de cette scène, et en rirait, plus tard, avec sa famille. Leur famille.
Sérieusement.
Le bras autour de sa nuque s'étendit un peu pour jouer doucement avec les cheveux bruns de son homme, tandis qu'elle se penchait finalement, laissant échapper un léger rire contre ses lèvres. Elle ne pouvait imaginer quelqu'un d'autre que lui pour partager sa vie. Pour fonder un foyer et y faire grandir des mini-lui. Comment pouvait-il s'imaginer quoi que ce soit d'autre ?

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No question,
just say yes

Il passait pour le plus sombre des idiots. Si sa famille ou même simplement son frère l'apprenait, on le charrierait pour la fin de ses jours. Voiilà que sa demande en mariage tombait à l'eau. Pas dans le sens où elle avait refuser, oh grand non ! Pire encore, elle ne s'était non seulement pas déroulée comme il l'avait rêver mais en plus, elle avait fini par lui faire sa demande à sa place. Il n'avait pas de mot pour décrire ce qu'il ressentait en cet instant ou peut-être si, un seul. Sérieusement ? Mais putain ! Qu'il se sentait con.

On allait en entendre parler. La connaissant, tout le monde saurait l'histoire de cette demande en mariage et il aurait l'air de plus en plus pathétique. Il devait bien trouver un moyen de retourner la situation pour faire oublier ce passage bien regrettable mais il n'avait rien en tête et il fallait bien avouer que leur proximité ne l'aidait pas franchement. Après tout, il était étonnant que son visage soit encore rouge après toute la concentration sanguine qui se passait plus bas. Mais chut, hors de question que ce passage figure également dans le récit. En tournant les choses différemment, il aurait été facile de l'imaginer sur ses genoux à elle. Frustrant.
Mais il l'aimait et une part de lui se disait qu'il se fichait bien de ce qu'il venait de se passer du moment qu'elle avait accepté et qu'il passe le reste de sa vie avec sa douce et bien aime Fraia.

Cependant, le jeune Kili était une véritable tête de mule. « Non, certainement pas. » dit-il en se levant, lui attrapant le bras pour la lever de terre et la poser à sa place, sur sa chaise. « Il y a des secrets qu'il vaut mieux que je garde pour moi si je tiens à te faire une surprise, sinon ce n'est pas drôle. Tu n'aimes pas ma surprise ? Tu sais que le weekend n'est pas terminé, n'est-ce-pas ? »
Tout en parlant, son genou avait heurté le sol tandis qu'il fouillait dans ses poches à la recherche du petit boitier qu'il avait eu tant de mal à lui cacher tout ce temps. Il avait eu d'autant plus de mal à trouver une bague qui lui irait à merveille, sans parler de lui cacher le fait que pour faire une bague à sa taille, il avait du lui voler une bague de sa collection. Ça lui avait coûté énormément de lui cacher autant de choses mais il savait que ça en vaudrait la peine. Il le fallait.

La petite boite tenait dans son poing, enveloppée d'un velours rouge sombre, elle gardait bien des économies. La vendeuse avait cru devenir folle tant il avait passé de temps à choisir, finissant par en faire confectionner une sur mesure, rien que pour elle. Le prix avait été exorbitant ! Mais c'était quelque chose de spécial. Sa mère l'aurait tué si elle avait su mais il se voulait romantique.
Plongeant son regard dans le sien, il n'eut aucun mal à retrouver les mots qu'il avait répété encore et encore dans sa tête.
« Fraia. Fille de Bain. Me ferais-tu l'honneur de partager ma vie jusqu'à ce que l'éternité nous lie ? »
Il avait même trouvé une rime, ça valait bien un "oui", non ? Il lui tendit la petite boite, attendant de voir sa réaction lorsqu'elle l'ouvrirait. Il l'avait dessinée lui-même, de ses propres mains, comme un entrelacs de lignes qui représentaient leurs vies ainsi liées.

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Sa vengeance avait un peu trop bien marché... Elle ne s'était pas imaginé à quel point sa petite pique allait le chambouler, lui faire perdre ses moyens au point de le laisser au bord des larmes, et elle l'avait presque regretté. Cependant, elle n'y voyait là rien de grave, car elle avait bien vite repris la main sur la situation pour venir le rassurer, s'installer sur ses cuisses, le prenant dans ses bras pour lui affirmer que oui, elle le voulait. Pas tout à fait en ces termes, cependant.... Puisqu'elle n'avait pas encore eu droit à la question exacte. Kili semblait néanmoins avoir besoin d'un peu de temps pour se remettre de ses émotions, et elle resta là, à lui caresser doucement les cheveux tandis qu'il semblait se reprendre...

Elle ne s'attendait par contre pas vraiment à se faire virer de sa place de choix et asseoir à nouveau sur la chaise, tandis que son bien aimé râlait allégrement. Elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel tandis qu'il faisait sa tête de mule mignonne, à tel point qu'elle ne comprit même pas tout de suite ce qu'il était en train de faire... Et réalisa seulement lorsqu'un petit boitier de velours fit son apparition dans son champ de vision.
Ses répliques cinglantes moururent alors quelque part dans sa gorge, la belle se taisant pour le laisser faire. Il semblait que le cérémonial était fort important à ses yeux.... probablement parce qu'il savait que quelque part, il l'était pour elle également. La demande fut prononcée sans le moindre petit cahot, et s'acheva sur une rime. Elle ne put s'empêcher de sourire, son propre coeur battant la chamade à l'image de celui de Kili un peu plus tôt, tandis qu'elle répondait tendrement :

« L'honneur sera pour moi mon amour... »

Elle n'attrapa même pas la boite tout de suite, donnant sa préférence à un baiser, penchée sur son piédestal. Lorsqu'elle relâcha son étreinte, par contre, ce fut pour accorder toute son attention à l'écrin carmin, qu'elle s'empressa d'ouvrir avec une excitation non dissimulée. Et peut-être même un peu d'appréhension (et si elle n'était pas parfaite ?). Mais elle l'était. Tracée avec finesse, les ors s'entrelaçaient délicatement, en un bijou qui était le parfait compromis entre ostentation et élégance.

« C'est magnifique ! »

Elle n'y vit pas tout de suite le message qu'il avait souhaité y imprimer, mais elle su dans l'instant qu'elle n'aurait pas mieux choisi. Elle se hâta alors de la passer à son annulaire, admirant la vue de l'ornement sur sa main, et surtout, de tout ce qu'il lui inspirait en termes d'avenir. Elle resta à contempler cette image, comme hypnotisée, pendant plusieurs longues secondes. Oui, l'avenir n'avait qu'à bien se tenir.

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