Maglor
La Voix de Valinor ♦ ELFE
| Sujet: Livre d'histoires, partitions et artefacts Ven 13 Juil 2018 - 20:07 | |
| Tables des matières
- Reliques du passé - Armurie, habits et artefacts des temps anciens
- Savoir millénaire - Langues et dialectes, plantes et bêtes, lumière et ombre, lettres sur le Mal, parchemins des Peuples
- Architecture et artisanat - Demeure de Maglor, oeuvres d'art
- Chroniques - Récits d'aventures, journal intime
- La Voix de Valinor - Poésie et chansons
Dernière édition par Maglor le Ven 13 Juil 2018 - 20:48, édité 10 fois |
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Maglor
La Voix de Valinor ♦ ELFE
| Sujet: Re: Livre d'histoires, partitions et artefacts Ven 13 Juil 2018 - 20:27 | |
| Reliques du passé
- Vaia - Les Confins du Monde
- Spoiler:
Alors que le temps n’était qu’une lointaine rumeur pour les habitants de Valinor, tous jouissaient encore de longs moments de paix et de lumière. Reposés et libres, les Eldar qui avaient vécu à l’époque des Arbres n’auraient chanté que des louanges pour ce temps où la voix d’Iluvatar résonnait en eux comme le doux murmure d’un père. Vanyar et Noldor auraient mis dans leurs poèmes les contes de cette ère où l’acte de créer pour le Créateur et ses Puissances leur suffisait. Et si l’on lisait ce qu’il restait de leur parole, serein serait le sentiment qui s’en dégagerait.
À Formenos, dans son atelier, Nerdanel s’adonnait à la couture, elle qui ne connaissait qu’une vie domestique et sédentaire, dans l’ombre de son mari. Durant de longues heures, elle tissait et confectionnait des habits d’une grande beauté pour ses fils dont le grand destin était encore à peine dévoilé. Pour eux, elle aurait donné son âme et l’aurait divisé en sept, puis l’aurait brodé sur chacun des capes et vêtements qu’elle leur léguait. À la sueur de son front, elle travaillait sans relâche, peut-être clairvoyante, peut-être seulement sensible à un avenir dans lequel elle percevait des bribes de chagrin. En fait, il est possible que Nerdanel percevait que le doux parfum des boisés d’Aman ne sauraient retenir trop longtemps sa progéniture. Au fond, elle savait que le feu qui brûlait dans son mari avait déjà allumé de discrètes incendies dans l’esprit de ses enfants.
Or, Nerdanel voyait en Maglor, son fils poète et pausé, un semblant de son propre calme avec lequel elle avait maintes fois apaisé Fëanor. Étrangement, cet enfant paraissait être né sous le signe d’Ulmo et d’Élentari, attiré par le pouvoir bienfaiteur des vagues et des constellations. Ensemble, Nerdanel et Maglor avaient passé de nombreux moments à prier sous les canopées étoilées, unissant leurs voix pour honorer la beauté de l’œuvre des Valar. Inspirée par le génie et la sensibilité de son fils, elle sentait son cœur s’emplir d’une grande sérénité à la moindre pensée de Maglor, qui n’avait rien de la froideur de Caranthir ou de la fugue des Jumeaux. Dans un sens, Fëanor lui avait un fils rien que pour elle, qui la comprenait et aimait sa mère comme il aimait la musique.
Ainsi, il fabriqua pour lui un des plus beaux habits ayant été porté par les gens de la Maison de Fëanor, à Formenos, et l’offrit à Maglor le jour de son anniversaire de naissance. Il s’agissait d’une grande bure, serrée à la taille par une soie tissée de pluie et de perles de rosée. Cette robe était accompagnée d’une cape noire où de somptueuses broderies découpaient les contours. Légère, elle semblait connaître les divers mouvements musicaux et s’harmoniser avec la voix de Maglor quand ce dernier s’installait sur une falaise pour marier son chant à celui du vent de Manwë. Cette œuvre, elle la nomma Vaia, les Confins du Monde, car la voix de son fils ne connaissait ni la barrière du temps, ni celle de l’espace et cherchait à s’unir à la Musique.
Vaia ne quitta jamais la garde-robe de Maglor, qui la revêtait dans les heures qui portaient le silence ou dans celles où la chaleur de Nerdanel semblait lointaine comme le Mur de la Nuit. Au sein de sa cour, ceux qui ont écouté Maglor entonné des chants anciens alors qu’il portait cet artefact de Valinor dirent voir un mirage kaléidoscopique, telle une pluie d’étoiles se mêlant à une généreuse écume saline dans une vrille de notes et de lumière.
Aujourd’hui, Vaia est une relique, un trésor caché au sein des quartiers du fils de Fëanor au Lindon. Puissent ces habits, si jamais on devait les porter à nouveau, au moins apaiser les songes et rendre les rêves meilleurs… |
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