Réminescence [Rp défis]

Invité

Happy Birthday

Tu dors à la belle étoile et tu ne peux t'empêcher de t'amuser de les compter une par une. Inutile, tu ne le sais que trop bien pour cause de leur multitude et du temps que cela te prendrait à le faire sans t'arrêter. Tu n'en aurais jamais terminé. Il s'agit seulement là d'un vieux réflexe pour t'aider à trouver le sommeil qui semble décidé à te fuir. Certains comptent les moutons, tu préfères te concentrer sur quelque chose de bien plus intéressant sur lequel poser ton regard céruléen. Tu murmures les nombres qui n'en finissent plus, peu désireuse de troubler le calme alentour et surtout peu encline à perdre le fil de compte. Cela te forcerait à tout recommencer et tu n'en as pas le cœur ni le désir. En ce jour d'automne où les feuilles jaunissent et s'envolent là où le vent les emportent, tu te révèles moroses. Bon anniversaire, te disait-on pendant les jours heureux. Bon anniversaire.

- Dame Kiria ! Une Dame se défend de courir !

Que l'on cesse de te rappeler. Tu le sais. Tu le sais ! Ces mots appartiennent à une répétition qui se refuse catégoriquement de prendre fin. Phrase tenace qui traverse le temps en même temps que tu traverses le couloir. Tu n'as que faire des remarques de ta nourrice. Vieille femme qui passe le plus clair de son temps à te rabrouer. Selon elle, une bonne Dame se comporte en un être docile, distingué, soumis, poli et, surtout, obéissante. Tu ne peux devenir, tu ne le veux. Ce qui t'intéresse le plus se trouve dans le maniement des armes et galoper à cheval partout là où ta jument peut te mener. Impétueuse jeune femme qui n'a que faire du bon comportement d'une Dame. Tu préfères largement te montrer tout le contraire dans l'espoir de montrer au monde entier que, jamais, on te contraindra à quoi que ce soit et à qui que ce soit.

Ta course se termine hors de la ville aux palissades soit-disant protectrice. Le bois ne peu contraindre le feu quand on cherche à t'imposer un époux que tu ne désires guère. Quel mal y a-t-il à vouloir rester libre, à ne pas se sentir prête à s'unir avec une personne lambda. Tu tentes de retrouver ta respiration qui s'en retrouve saccadée et haletante après toute cette course. Tu as point de côté, mais tu décides d'en faire fi alors que ton regard clair se pose sur un compost se trouvant à seulement quelques centimètres de toi. Tu grimaces, l'odeur qui s'en dégage te retourne l'estomac et il faut que tu t'en éloignes si tu ne veux pas dégurgiter tout ce que tu as avalé ce matin. Tu te contentes donc de grimaces tandis que tu t'approches de la petite rivière bordant un mince champ de blé. Sûrement qu'un meunier s'en occupe.

Cependant, la culture de céréale ne t'intéresse guère, mais plutôt ce qui est véhiculé par le liquide vital et transparent. Tu ne le sauras que bien des années plus tard, lorsque ta liberté si longuement rêvée et finalement acquise te poussera à apprendre à pêcher que ces poissons gigoteur portent le nom de chevaine. Mais pour l'heure, tu détailles les paysans qui travaillent inlassablement dans les champs et sans émettre une seule plainte. Ce qui te choque ne se trouve pas dans leur ténacité ni dans leur courage à faire cette labeur la bouche close, mais plutôt dans cette différence, ce fossé qui vous sépare et que tu découvres seulement. Leurs vêtements se révèlent que de simples morceaux de tissus au point grossier et passablement cousu alors que les tiens proviennent de riches marchands. Les corsets des femmes semblent tellement abîmés que tu te demandes comment ils peuvent encore tenir sur leurs corps tout aussi en mauvais état. Et que dire de ces bredissures que tu peux apercevoir non loin de toi. N'ont-ils donc les moyens de s'en racheter de meilleur qualité ? Il semblerait, en effet.

Tu te retournes et rebrousse chemin. Il ne sert à rien pour toi de rester plus longtemps. Il te faut rentrer avant que l'on envoi des soldats à ta recherche. Si tu refuses de te soumettre à la volonté de ton paternel, tu n'as nul désire de causer de trouble à qui que ce soit. Tu as quinze aujourd'hui et ton cœur d'enfant se transforme en celui d'une femme qui découvre que son peuple conserve toujours cette néoténie et ne semble pas vouloir s'en défaire un jour. Qui a décidé que la femme devait se montrer faible ? Qui a décidé que l'homme devait se révéler être le maître de tout ? Que le paysan vivrait pauvre et le noble riche ? Qui est le fondateur de toutes ces absurdités ? Qui a le droit de t'obliger à vivre un avenir brillant quand tu le rêves mat et libre, indocile. Insoumis.

Tu cesses ta marche alors que le vent se lève et fouette ton visage, faisant voleter tes cheveux en une danse effrénée. Tu fermes les yeux et écartes les bras alors que tu t'imagines voler comme un oiseau. Un corbeau, de préférence. Et, un murmure guiderait ta route en des lieux meilleurs.

Que le vent sous vos ailes vous porte où le soleil fait route et où la lune chemine !

Pas un bâillement, rien. Le repos se refuse à toi alors que le décompte des étoiles à cesser depuis bien longtemps. Tu te tournes sur le dos, cherchant une position encline à te faire fermer les paupières. Le visage de ton meilleur ami s'imposant devant ton regard. As-tu bien fait de lui simuler ta mort. Sa douloureuse trahison en valait-il la peine ? Que se passerait-il si jamais tu prenais la décision de revenir ? Son regard se teintera-il d'une incompréhension abominablement adorable ? Tu secoues la tête de droite à gauche. Tu avais pris la ferme décision de l'oublier, ce traître ami qui doit maintenant jouir d'une belle vie de famille. Tu laisses échapper un long soupir. Cela n'a plus d'importance étant donné que tu ne le reverras sans doute jamais. Tu fermes les yeux alors que tu chuchotes une dernière fois avant de t'endormir :

- Joyeux anniversaire.

° CODAGE PAR DITA | EPICODE °

» ▬ Les Défis
» ▬ Les défis réalisés.
» Maladresse erronnée [défis rp]