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Une pêche infructueuse
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 Une pêche infructueuse

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MessageSujet: Une pêche infructueuse   Une pêche infructueuse EmptyDim 11 Jan 2015 - 15:36

Cela faisait trois jours qu’Ysée et Isolde s’étaient séparées, un peu à contrecœur, mais l’aspiration des deux jeunes filles ne concordant pas, l’une voulant trouver un village habité pour se trouver un cheval et continuer sa route plus rapidement, l’autre désirant, justement, fuir toutes formes de civilisation le plus possible, ce fut assez logique qu’elles se séparâmes à un moment donné. Elles s’étaient enlacées, une amitié ayant déjà apparue forte et solide entre elles, le cœur battant à l’unisson par leurs craintes respectives de se retrouver totalement seules et démunies face à ce monde où mille dangers rôdaient. Mais leur décision avait été prise, mûrement réfléchie à l’avance. Isolde avait pris une grande route fort fréquentée, qui la mènerait certainement à un village où, peut-être, elle pourrait dégoter un canasson convenable. Ysée, à l’inverse, s’était glissée sur un sentier de terre battue où aucune trace de roue de charrette n’était visible et à peine quelques marques de chausses ; on n’y décelait plutôt des pattes d’animaux, lapins, biches et canidés de toutes tailles. Cela était préférable à l’ancienne putain de Minas Thirit. La compagnie d’animaux et non d’hommes, car elle craignait bien plus ces derniers, à très juste raison.

Elle avait continué ainsi sa route, marchant durant trois jours, se nourrissant grâce à la cueillette de quelques champignons et de baies sauvages. Elle eut une chance inouïe en surprenant un renard qui venait à peine de sauter sur un lapereau. Elle n’avait eu aucun remord à effrayer le petit prédateur roux pour en voler la proie qui agonisait. Elle l’avait alors achevé contre le tronc d’un arbre, d’un mouvement sans hésitation, malgré que cela la répugnait, et avait fait un feu pour pouvoir le cuire. Cette pitance bienvenue lui avait fait du bien au corps, celui-ci étant souvent agité de convulsions tant elle souffrait de la faim et de malnutrition. Quelques fruits ne pouvaient permettre à une personne adulte de se sustenter suffisamment aussi longtemps, surtout lorsqu’elle devait marcher du matin au soir… Elle épuisait dans ses dernières ressources physiques et, bientôt, elle ne pourrait certainement plus mettre un pied devant l’autre. Elle ne s’en apercevait même pas mais sa faiblesse aurait bien vite raison d’elle et pourrait l’amener à la mort plus rapidement qu’elle ne le pensait… Elle avait, certes, un peu conscience de sa situation plus que précaire, mais l’idée de mourir dans la semaine ne lui venait pas si nettement à l’esprit.

Ysée arriva à l’aube du troisième jour en solitaire sur une petite plaine, le sentier qu’elle suivait sinuant entre des collines basses à l’herbe haute, recouvertes de ronces à leur pied. Au centre de ce paysage se trouvait un hameau qui ne devait même pas se situer sur une carte. La jeune fille hésita à s’y rendre. Il lui restait bien quelques piécettes qu’elle avait conservées très précieusement… Peut-être trouverait-elle de quoi se nourrir correctement. La simple idée de manger à sa faim lui fit monter la salive à la bouche, un goût acide se répandit sur sa langue et son estomac gronda furieusement. Elle plaqua une main tordue telle une araignée morte sur son ventre, se pliant en deux sous l’effet de la douleur. Elle se dirigea aussitôt vers le patelin, priant pour que quelqu’un ait pitié d’elle et lui lâche une miche de pain, un pigeon rôti ou une tarte à l’oignon pour une pièce de bronze, ou deux.

Une fois sur place, l’endroit était presque désert. Elle déambula lentement, le regard vif, à l’affût de la moindre chose pouvant servir de nourriture. Elle vit enfin une sorte de marché. C’était, en tout et pour tout, trois stands misérables ; à l’un d’eux, un homme avec un tablier jaune et brun de saletés, couvert également de sang séché et frais, décapitait les carcasses de volailles avec un hachoir d’hygiène douteuse. Sa mine revêche lorsqu’il leva les yeux sur elle la dissuada d’aller quémander chez lui. Elle vit alors une femme ayant bonne mine qui tenait le second étalage où on pouvait admirer son savoir-faire en matière de tourtes. Ysée alla chez elle, confiante, car elle lui semblait bien plus encline à fermer les yeux sur la pauvreté de l’ex-catin. Malheureusement, elle se trompa. Dès que la marchande croisa son regard, le sien s’assombrit, lança des éclairs, et sa bouche lâcha son verbe venimeux :

« J’fais pas dans l’charité ! Du vent, bouseuse ! »

Ysée avait l’habitude des remontrances, des remarques blessantes et de l’attitude agressive vis-à-vis d’elle, mais seulement de la part des hommes. Les femmes avaient toujours été, à ses yeux, une sûreté pour être réconfortée et aidée. Enfin, le plus souvent. Que cette étrangère, sans même lui parler une seconde, la renvoyait comme une moins que rien, ça lui faisait un certain choc. Elle baissa le menton et fila vers le troisième stand, sans demander son reste. Par malchance, c’était un homme qui vendait sa poiscaille. L’odeur d’habitude peu alléchante du poisson titilla les narines d’Ysée qui s’imaginait déjà faire griller une belle truite, tout à l’heure, mais à nouveau, la seule vue de la jeune fille fit froncer les sourcils au poissonnier.

« Je f’rais pas d’cadeau ! T’dois même pas avoir d’quoi payer une sardine ! Trouve-toi une rivière et fous-moi l’paix, dégage ! »

Au comble du désespoir, Ysée pivota sur elle-même pour retourner sur ses pas, hors du patelin. Son ventre criait famine et elle était plus démoralisée que jamais. Décidément, ce monde n’était pas tendre avec les pauvres âmes comme elle et elle se demandait vraiment ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter tout ça. Elle allait crever comme une chienne au bord de la route, sans que personne ne s’en soucie… Tout à ses pensées sombres, elle prit le chemin qui continuait plus vers l’Est, à l’inverse de Minas Thirit, ce qui était son but initial. Une heure plus tard, elle repéra le bruit d’une rivière, glougloutant agréablement à son oreille. Elle se souvint des paroles du poissonnier et se dit que, finalement, pourquoi ne pas essayer. Elle n’avait jamais pêché et n’avait aucune idée de la technique à utiliser pour cela. Sans matériel, sans expérience, elle alla pourtant sur les rives et, retirant ses chausses trouées de partout et remontant ses pantalons au-dessus de ses genoux cagneux, elle marcha dans l’eau le plus loin possible. Elle était glaciale et elle frissonnait violemment tandis que ses yeux s’agitaient en tous sens, mués par la nervosité due à la famine, à la recherche d’un poisson à attraper. Elle en vit, des poissons, plutôt petits, certes, mais elle en vit. Pas beaucoup. Et elle réussit à en choper encore moins. Pour ainsi dire… Aucun. La journée passait, sa faim grandissait en écho à son désespoir. Le soleil déclinait à l’horizon, dardant ses derniers rayons dans le ciel, sa faible chaleur s’amenuisait à mesure qu’il descendait et Ysée avait de plus en plus froid, ainsi, les pieds dans l’eau, son corps tout entier affaibli comme jamais. Le crépuscule pointait son nez quand, tout à coup, sa tête lui tourna brusquement et qu’elle chuta, en un grand « splatch » dans le lit caillouteux de la rivière, la tête sous l’eau…
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MessageSujet: Re: Une pêche infructueuse   Une pêche infructueuse EmptyLun 2 Fév 2015 - 21:10

Ysée ∞ Duncan
Une pêche infructueuse
La fatalité était bien ironique, car en peu de temps, Cobalt était destiné à croiser deux jeunes femmes qui venaient de se séparer. A cette époque, Duncan restait aux alentours du Gondor et faisait profil bas. Il ne pouvait hélas pas consacrer chaque instant de son existence à la recherche de son navire. Il lui fallait subsister. Aussi faisait-il quelques commissions, ici et là, en veillant à ne pas être reconnu comme le pirate, hors-la-loi, activement recherché par des orcs qui plus est, qu'il était. Pour se faire, il cachait notamment le tatouage qu'il portait. Et il se faisait régulièrement appeler Gilliatt. Après tout, qu'était une identité ? Il ne connaissait pas même la sienne véritable. Orphelin, il n'avait jamais trouvé une trace probante pour l'éclairer sur son passé. Le marin errait donc dans le Gondor. Il n'avait pas toujours du travail, et les villages étaient parfois mal fréquentés, aussi lui arrivait-il de rechercher l'isolement, la solitude. Cela avait toujours été important, à ses yeux, pour se ressourcer. Cela n'avait toutefois rien d'une promenade de santé ; Duncan ne mangeait pas toujours, et pas tout le temps à sa faim, surtout qu'il se qualifiait de « fauché ». Il en avait assez de vivre comme un vagabond, un fugitif, mais après tout, tel avait toujours été le cas, et il n'espérait aucune amélioration. Il n'était qu'un homme de passage dans la vie des gens ; en témoignait son besoin de se laisser entraîner par les courants.
Lorsqu'il recherchait l'isolement, Duncan ne se réfugiait pour autant pas dans la nature, comme Ysée. Il savait qu'on y faisait souvent de piètres rencontre. En revanche, il appréciait les petites communautés, qu'on ne pouvait pas même qualifier de villages. Les gens étaient discrets, les lieux difficiles à trouver... En somme, c'était là tout ce dont il avait besoin. Certes, tout le monde se connaissait, (le marché étant réduit à quelques stands, pour ne citer que cela), mais jusqu'à présent, Duncan n'avait pas eu d'ennuis, et il espérait que cela continuât. Pour l'heure, il s'occupait du cheval qu'il était parvenu à acheter, avec quelques économies. La bête avait mauvaise mise et souffrait notamment de sa vieillesse, sinon, il ne l'aurait pas eu à ce prix. Mais c'était mieux que rien. Peut-être pourrait-il s'éloigner du Gondor, prochainement. Il savait qu'il n'avait l'air que d'un misérable, pour l'instant, mais il avait également conscience que la situation pourrait être pire. Il avait connu l'esclavagisme, après tout. Aussi tâchait-il de ne pas se plaindre, et de rester déterminé, faute de pouvoir être totalement positif.
La hameau était si minuscule qu'il ne possédait pas d'écurie, mais Duncan avait reçu l'autorisation du propriétaire de la ferme pour y laisser son cheval. Les gens semblaient sûrs, même s'il devait s'occuper lui-même de la bête, et que bien entendu, le matériel et la marchandise n'étaient point gratuits. Les dernières barrières de la ferme faisaient face à la rivière qui bordait le hameau et le forban appréciait beaucoup cet endroit. L'écoulement de l'eau avait toujours le don d'apaiser son esprit. La zone était à l'écart du hameau et une certaine quiétude y régnait. C'était un silence plus réconfortant qu'oppressant, et ce genre de choses précieuses se savouraient, au jour d'aujourd'hui. Duncan finit de nourrir le cheval et songea qu'il avait besoin d'exercice. Il serait trop imprudent de partir avec lui, pour un long voyage, sans savoir quelle était l'étendue de ses forces. Il se passa de scelle, mais il monta à cheval, avant de l'inciter à s'éloigner de la ferme. Une ballade, le long de la rivière, serait un bon test, et puis – qui sait ? - Duncan tomberait peut-être sur un animal à chasser, ou des poissons à pécher. Il n'avait pas le matériel requis pour cela, en revanche, il avait commencé à s'exercer à l'arc, pour la chasse. Il n'était pas quelqu'un d’extrêmement adroit ou patient, mais cette arme qu'il avait souvent négligée, l'intriguait, désormais.
Le soleil commençait à décliner et Duncan songeait à rebrousser chemin, une heure après son départ, lorsqu'il entendit un bruit. Un objet lourd, peut-être un corps, venait de tomber brusquement dans l'eau. Ysée n'était pas si malchanceuse, puisqu'elle avait sombré, au moment-même où un homme parcourait ces terres souvent désertes. Duncan fronça les sourcils et pressa instinctivement son cheval, afin de chercher d'où provenait ce son. Par chance, il tomba rapidement sur cette jeune femme qui se laissait emporter par le courant.
Duncan n'aurait su dire si elle était consciente, mais elle semblait dans un piteux état. Il serra les dents. Il n'avait rien d'un héros ou d'un justicier, alors pourquoi le sort le mettait-il toujours en face d'accidents de ce genre ? Il pesta mais il abandonna son cheval, veillant à l'attacher, pour qu'il ne prît pas la fuite. Duncan n'était pas lourdement vêtu, et la rivière n'était pas très profonde. Il s'élança donc vers celle qui risquait de se noyer, et il l'attrapa, avant de l'extraire de cette situation périlleuse. Elle semblait être bien jeune, et c'était un poids plume. Sa pâleur et son signalement indiquaient qu'elle vivait dans la misère depuis longtemps.
Duncan la posa au bord de la rivière, et craignit, un instant, d'être arrivé trop tard. Devait-il faire du bouche-à-bouche ? Curieusement, cette idée le répugnait. De même que toucher cette femme, mais au point où il en était... Pour l'heure, il se contenta de poser une main sur son torse, puis l'autre, afin de presser la cage thoracique. Il fallait qu'elle crachât l'eau qu'elle avait dû avaler, afin de recouvrer une respiration normale. Fort heureusement, Duncan avait récupéré bien des hommes à la mer et il connaissait par cœur ces gestes de secours.  
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MessageSujet: Re: Une pêche infructueuse   Une pêche infructueuse EmptyMer 4 Fév 2015 - 23:14

Tout était noir, silencieux, d’un silence de mort. Allait-elle mourir ? Ysée n’en savait rien mais elle sentait ses poumons se remplir et, en même temps, sa vie la quitter. Vraisemblablement, oui, elle allait mourir. La douleur de sa poitrine prête à exploser, emplie d’eau, était presque libérateur. Elle n’avait pas la force de lutter, plus la force de vivre, de toute manière. C’était une mort bien stupide, mais bienvenue à la fois… Elle se laissa aller, son corps serait bientôt emporté par le courant de cette rivière, et son cadavre finirait par pourrir au loin, son esprit enfin libéré de toutes les souffrances de l’existence terrestre. Si elle avait pu, elle sourirait…

Mais ! Quelle était cette pression sur son thorax ? Cet éclat de lumière à travers ses paupières closes ? On la sortait de l’eau, brutalement, et le contact brusque du sol granuleux la percuta au dos et aux jambes. Son corps maigre et blanc ne pouvait bouger et se débattre contre cette énième agression. On ne lui laissait pas le choix de vivre ou de mourir. L’eau, sous les coups réguliers qu’on lui portait à la poitrine, finit par sortir par petites gerbes. Ysée s’éveilla, toussa, cracha sur le côté toute l’eau ingurgitée. Elle tremblait de partout, elle ne pouvait pas arrêter ses convulsions, autant par le froid, la peur et le choc qu’elle venait de subir malgré elle. Ses yeux s’ouvrirent difficilement et un visage inconnu s’afficha devant elle, un visage pourtant bienveillant, assez vieux. Un homme, le cheveu et la barbe grisonnant, lui offrait un léger sourire teinté de soulagement. Ysée le regarda, éberluée par cette apparition. Elle ne put parler tout de suite, toussotant encore, le souffle court, mais elle essaya tout de même de prononcer une parole, entrecoupée d’hoquets incontrôlables.

« Qu… qui… ê… êtes-v… vous ? » finit-elle par dire, tandis qu’elle se pelotonnait sur elle-même, les bras ramenant ses genoux contre elle en acte de protection vaine.

Il l’avait sauvée. Quelqu’un l’avait sauvée, pour une fois, dans sa vie, on s’était souciée qu’elle vive ou qu’elle meure. Elle n’en croyait pas ses yeux et se demandait si elle ne rêvait tout simplement pas. Son regard ne cessait de fixer cette figure paternelle qui exprimait une profonde gentillesse vis-à-vis d’elle, contrairement au mépris dont elle avait plutôt l’habitude, ou à l’avidité dévorante de la plupart des autres hommes. Il ne la jaugeait pas de façon salace. Pour Ysée, c’était une chose étrange, hors de son commun et elle se méfia aussitôt. Elle recula quelque peu, laissant prudemment une certaine distance entre elle et lui, sans baisser le regard qui voulait à tout prix le garder sous surveillance. Dans quel but l’avait-il sauvée ? Elle voulut lui poser la question, entièrement, mais elle ne put que hoqueter, à nouveau, un bref :

« P-pourquoi ? »
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MessageSujet: Re: Une pêche infructueuse   Une pêche infructueuse EmptyJeu 12 Fév 2015 - 14:38

Ysée ∞ Duncan
Une pêche infructueuse
Combien de fois Duncan avait-il échappé à la mort ? Il ne le savait plus. A plusieurs reprises, il avait manqué de se noyer, et la providence l'avait épargné de justesse. La noyade n'était pas une mort aussi douce qu'on pouvait se le figurait, bien au contraire. Périr par le fer pouvait parfois être plus immédiat et moins tortionnaire. Tout ça pour dire qu'il n'allait certainement pas laisser cette jeune femme être emportée par les flots. Elle ne méritait pas un tel châtiment, et puis, quel homme verrait une malheureuse dans une telle situation, sans chercher à intervenir ? Le genre d'hommes qui ressemblaient aux orcs...
Il était loin de se douter qu'une femme d'apparence aussi jeune, verrait éventuellement la mort comme une délivrance. On disait que le suicide, ou le fait de baisser les bras, était l'ultime courage des désespérés et des vaincus. Duncan ne partageait aucunement cet avis, même s'il n'allait pas jusqu'à qualifier les grands désespérés, de lâches. L'existence, quand elle s'y mettait, ne faisait aucun cadeau.
Pendant un instant, après l'avoir ramenée sur le gravier, il crut la perdre. Mais la vie se fraya un chemin à travers ses poumons, et l'eau finit par être recrachée. Il s'en était fallu de peu. Duncan s'écarta pour la laisser tout cracher, et respirer, une fois qu'elle reprit ses esprits. La jeune fille tremblait. Ce qu'elle venait de traverser était éprouvant, à la fois pour le corps et pour l'esprit. Comment en était-elle arrivée là ? Malgré cette interrogation préoccupante, le pirate était soulagé de la voir vivace, et il ne le masqua pas. Il n'était pas donné tous les jours de sauver la vie à quelqu'un, mais il se contentait d'avoir été au bon endroit, au bon moment. L'inverse lui arrivait beaucoup plus souvent...
Elle essayait de parler, vainement. Duncan leva légèrement la main pour lui conseiller d'être patiente. Elle devait songer à se remettre, avant de dire quoi que ce soit. Il ne lui était pas arrivé un mince accident.
Elle lui demanda, non sans mal, son identité. C'était une réaction quelque peu logique. Duncan la voyait trembler de froid, mais il n'approcha pas pour l'instant. Elle était assez timorée.

Je m'appelle Gilliatt, je ne suis que de passage dans cette région, dit-il doucement. Et toi ?

Il la laissait le fixer, un peu déstabilisé par l'intérêt certes naturel qu'elle lui portait. En général, il s'y prenait comme un manche avec les femmes, et pour tout dire, cela faisait bien longtemps qu'on ne le regardait plus avec curiosité voire un semblant de reconnaissance. Il errait ici et là, il n'était qu'un passager dans la vie des autres. Les deux êtres se découvraient donc avec perplexité, étonnés par les hasards à la fois terribles et merveilleux du destin. Tout pirate qu'il était, il ne voulait aucun mal à cette fille démunie. Au reste, même s'il se laissait souvent avoir par les préjugés et les superstitions, ce n'était pas le cas aujourd'hui. Il lui arrivait, parfois, de voir avant tout la détresse et le meilleur des gens.
Enfin, peut-être s'était-il trop avancé lorsqu'il avait parlé de gratitude. Il lisait surtout de la méfiance sur les traits juvéniles de son interlocutrice, comme s'il venait de sauver une biche sauvage, plutôt qu'une fille. Il fallait qu'elle soit seule depuis longtemps, ou très mal accompagnée jusqu'à présent, pour rester ainsi sur la défensive. Il ne pouvait que trop la comprendre.
La deuxième question ne tarda pas. Pourquoi diable l'avait-il sauvée ? Duncan eut un léger sourire dans le regard.

Honnêtement, je ne me suis pas vraiment posé la question. J'étais là. Je t'ai aperçue. Il m'a semblé naturel de réagir.

Il espérait que le ton léger parviendrait à la détendre, mais il craignait que ça soit vain. Comment apprivoiser une semblable créature ? Il ignorait même si c'était possible. Mais il était prêt à essayer, si cela pouvait lui donner une chance de se remettre. Il ne fallait pas croire qu'il agissait par pur altruisme. Cela faisait longtemps qu'il était seul, voyez-vous, et pourchassé par ses fautes passées. Si on lui donnait parfois une chance de se racheter, il la saisissait. Il hésita puis retira sa veste, tâchant de ne pas faire des gestes trop brusques.

Est-ce que je peux t'aider ? Tu as froid peut-être ? demanda-t-il, pour expliquer son geste. D'où viens-tu ? ajouta-t-il, même s'il se doutait qu'il posait peut-être trop de questions.  
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