Little Hobbit meets the Bear.

Je faisais une petite randonnée dans les landes, entre la Forêt Noire et les Monts Brumeux. Ce devait être la première fois depuis de longues années que je m'aventurais aussi loin de chez moi. Je n'étais pas tellement rassurée mais malgré tout cela me faisait plutôt drôle de me dire que j'avais enfin oser une aventure d'un jour. Je marchais à une vitesse lente, ralentissant mon poney toutes les quelques minutes pour admirer le beau paysage qui s'offrait à moi et parfois goûter les fraises des bois qui s'entendaient à mes pieds. Ces fruits avaient toujours été mes préférés, et j'avoue qu'en les voyant, je ne pouvais y résister.

Ma route fut soudainement perturbée par un événement inattendu qui se produisit. Je tomba nez à nez avec une maison, et au mon Dieu que je ne m'attendais pas à trouver autre forme qui vive ici ! Curieuse de savoir qui pouvait être cet étrange personnage, je mis pied à terre et attacha mon poney à une branche d'arbre, histoire qu'il puisse se goinfrer un petit peu de la bonne herbe fraîche qui s'étendait à ses pieds en attendant mon retour. Je marcha lentement et prudemment, veillant à ce que mes pieds ne touchent aucune branche qui pourrait grincer et perturber ma concentration. Au fond de moi, je bouillonnais car mes cheveux n'étaient plus en place étant donné le nombre de branches dans lesquelles ils avaient eu le malheur de s'accrocher. C'est alors qu'en plein dans la vive action de mon périple je remarqua enfin quelque chose qui bougeait au milieu d'une grande étendue d'herbe. Le soleil était haut dans le ciel, il tapait une fois de plus sur mon visage et je ne supportais pas ça. La chaleur commençait à se faire très dérangeante, c'est pourquoi je sortis sans attendre mon éventail, histoire de me faire un peu d'air.

J'observais ce qui semblait être un petit garçon qui dévorait du miel. Beuurk.. quelle indécence, il en avait réellement partout et de plus.. visiblement cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Ma curiosité fut plus forte que moi, si bien que je décida de sortir de ma cachette et de m'approcher plus prêt. Aussitôt qu'il me vit, il se releva, toujours avec son pot à la main. Ses yeux naïfs me fixèrent de la tête au pied, alors que je me faisais encore et toujours de l'air avec mon éventail couleur violine. Avant que je ne puisse dire quoique ce soit, il prit la parole et me demanda mon nom.

Je scrutais le gamin, tenant toujours mon éventail de la main gauche et me remettant un peu de parfum de la droite.

Le petit gamin semblait avoir beaucoup d'audace. Jamais personne en Comté n'avait encore osé me parler sur ce ton et pour cause, je restais stupéfaite. Je me contentais de le fixer, et bien que j'eu envie de littéralement exploser, je n'en fis rien. Mieux valait prendre ses remarques à la légère.

En entendant cette phrase, mes lèvres se fendirent d'un léger sourire. Cela m'étonnait qu'un gamin d'une apparence peu raffiné soit aussi intelligent qui le prétendait, mais bon... Je sentais au fond de moi qu'il n'allait avoir cesse de me surprendre, c'est pourquoi je continua à l'écouter avec attention, même si la plupart de ses paroles n'étaient pas très flatteuses à entendre pour moi.

Je dois avouer que j’eus un léger mouvement de recul lorsque j'entendis ces menaces.. Peut-être étaient-elles tout simplement faîtes pour m'effrayer et me faire quitter la place ? Des abeilles aussi grosses qu'un poing d'enfant ? Je n'avais jamais encore entendu ça de ma vie ! Je ne bougea pas de place, continuant à fixer les yeux du gamin qui s'était alors légèrement rapproché de moi. Une lueur scintillante pétillait dans ses yeux. Derrière ses paroles bien provocatrices, il semblait encore bien jeune et peu au courant des choses qui l'entouraient.
C'est alors qu'à ma grande surprise il me tendit tout naturellement un mouchoir, certainement pour que je puisse essuyer les résidus de fraise autour de mes lèvres..

Légèrement à contre-coeur, je me saisis du bout de tissus, qui ma fois n'avait pas l'air tellement sale. Je m'essuyais lentement le coin des lèvres, prenant soin de ne pas bousiller mon rouge à lèvres. Méfiante, je surveillais le gamin du coin de l'oeil, pour être sûre qu'il n’essaie pas de détourner mon attention pour me dérober quelque chose. Une fois mon nettoyage fini, je sortis un petit miroir de ma poche et contempla mon visage. Ca allait.. il était plutôt en bon état pour avoir traverser des épreuves aussi difficiles (car oui, je me suis pris je ne sais même pas combien de branches dans la figure en venant ici !). Je rangea le petit miroir et reporta mon attention sur le jeune garçon, qui me fixait encore d'un air qui semblait quelque peu moqueur. Tout d'un coup, son emprise cessa et il se retourna vers ce qui semblait être une chaumière.

Tiens ! Voilà encore une information intéressante à prendre ! Cet enfant avait donc un père ! Il n'était donc pas un pauvre orphelin errant sur les routes à la recherche d'une quelconque âme charitable qui pourrait s'occuper de lui pour la nuit.

J'affichais une mous dégoûtée alors qu'une fois de plus je sortais ma glace, l'approchant de mon teint pour voir son état.. mon maquillage semblait tenir encore mais plus pour longtemps. Je ne savais dans quoi je m'étais fourrée ni pourquoi j'avais eu l'idée si stupide de m'arrêter ici !

Les menaces du jeune garçon à propos d'orcs et de gobelins me surprenaient beaucoup, si bien que j'eus dans un premier temps beaucoup de mal à y croire, peut-être essayait-il seulement de me déstabiliser, ou pire, de m'impressionner ? Je n'y tenu guère compte et me contenta de garder cet air hautain que j'affichais constamment sur mon visage lorsque je parlais à quelqu'un que je jugeais d'une classe sociale plus basse que la mienne. Ces remarques au sujet de ma robe me rendaient plus que folle... que pouvait-il bien trouver à ce magnifique vêtement, que j'avais payé une fortune dans une boutique sur-mesure ? Il n'avait visiblement aucun goût en matière de beauté.
D'après ses dires, son père était tout proche, cela me m'effraya pas, peut-être était-ce de l'inconscience me diriez-vous ? Et bien non ! Car si il était comme son fils, il ne devait réellement rien avoir d'impressionnant.


Avant que je ne puisse dire un mot de plus, le gamin se rua sur moi de toutes ses forces. Il me renversa à terre avant de saisir mon chapeau et de partir en galopant avec ce dernier à la main. D'abord outrée par ce comportement puéril, ce n'eut aucune réaction. Puis, en me relevant, j'ai cru exploser lorsque j'ai remarqué l'état de ma robe. L'ensemble de mon dos était couvert de boue. J'allais devoir la laver et de plus, cela n'était pas réellement bon pour le tissus qui était réellement très fragile ! Si j'avais pu, j'aurai étrangler cet imbécile tout de suite mais je me contenta de le suivre du regard, pour regarder où il s'en allait avec mon chapeau. Ce jeu lui paraissait très amusant étant donné la gaieté qu'il mettait à courir dans tous les sens. Alarmée, je ne tentais pas de le poursuivre, car je savais pertinemment que cela ne servirait à rien. Après tout ce cinéma, il ne tarda pas à disparaître à l'intérieur de sa maison.
Si j'avais envie de récupérer mon chapeau, je ne pouvais faire autrement que d'y pénétrer moi aussi. Cette idée n'était pas très prudente mais sur le coup, je n'y pensais pas réellement. C'est avec fureur et en manquant de tomber un bon nombre de fois en raison de la longueur de ma robe et de la vitesse à laquelle je marchais, que je rejoignis mon poney toujours attaché à un arbre et monta en selle. Dans un petit trot actif, je me rendis jusqu'à la demeure et franchit la porte de celle-ci. La décoration était plutôt étrange, mais une odeur campagnarde et familière qui m'était répugnante y régnait.


Furieuse, je talonnais mon poney et traversant le jardin, arriva enfin vers ce qui semblait être la porte d'entrée du logis. Celle-ci était ouverte, j'en conclus donc que le gamin était à l'intérieur. Laissant Tyson sur le côté, ce dernier étant habitué à m'attendre sans bouger, je monta avec quelques difficultés les escaliers pour enfin rejoindre l'intérieur de la maison. Au centre de la pièce, une grande table était installée. Les meubles étaient fait de bois et.. ce fut seulement ces détails-là que je pus remarquer ! Furieuse et voulant récupérer mon chapeau pour rentrer chez moi en paix, je ne prêta guère attention plus longtemps et me mît à vociférer comme à ma plus grande habitude.

Alors que j'avançais lentement et prudemment à l'intérieur de l'étrange bâtisse, à la recherche de ce gamin impudent qui avait osé me dérober mon chapeau, je sentis soudainement quelque chose me tomber sur la tête. Ca semblait poilu, pas plus gros qu'un chien, mais je ne pus m'empêcher de pousser un cri étant donné les griffes de cette bestiole qui s'enfonçaient littéralement dans mes épaules. Bien entendu, comme tout bon être humain l'aurait fait, je me suis mise à gesticuler ridiculement dans tous les sens... Heureusement que personne ne m'a vu, sinon, Iluvatar seul sait de quoi j'aurai eu l'air !

Après quelques instants dans la panique, je pus enfin me calmer en voyant que la créature qui avait malencontreusement atterri sur mon dos tomba à terre. Je baissa lentement les yeux dessus et à ma plus grande surprise, il s'agissait d'un ours, ou plutôt un ourson, très jeune ourson !  Je n'y comprenais plus rien et je me demandais bien ce qu'il se passait.. où était le gamin et surtout, qu'est ce que cette bestiole faisait donc ici ? Mon étonnement se transforma en colère lorsque je vis que la petite créature saisit quelque chose de couleur jaune à l'intérieur de sa gueule ; mon chapeau ! Il allait me le payer, et ce qui était sûr, c'est que je ne laisserais pas un animal me dérober mes biens de la sorte !

C'est sans plus attendre et avec tout autant de lourdeur et de maladresses, que je commença à gesticuler dans tous les sens, tentant tant bien que mal d'attraper la bête et de lui porter un coup qui lui ferait lâcher prise. En vain, ces petites pattes minuscules étaient bien trop rapides pour moi et malgré les efforts que je prodiguais, je n'arrivais nullement à l'atteindre. Cela semblait l'amusait réellement et ce ne fut pas pour m'énerver encore plus qu'il alla se percher à une hauteur que je ne pouvais atteindre (oui bon ça vas, je suis une Hobbite hein ! Plus c'est petit plus c'est mignon !). Les mains sur les hanches, je le fixais avec des yeux énervés comme ils ne l'avaient jamais été auparavant.


Mon insulte ne sembla pas avoir un seul impact sur lui, mis à part de le faire rire et de me montrer qu'il se moquait ouvertement de moi. Je prenais sur ma personne pour ne pas m'énerver, mais je devais avouer que j'avais beaucoup de mal à me contenir.
Puis, il commença à parler, toujours en me faisant des remarques désobligeantes sur ma personne et sur mon chapeau.. Pourquoi ne l'aimait-il pas ? Il était pourtant très beau et je trouvais qu'il mettait parfaitement en valeur mon teint ! Il dit ensuite qu'il souhaitait le garder, idée qui ne m'enchantait absolument pas je devais l'avouer, car à ce chapeau, j'y tenais ! Et s'il se mettait en tête qu'il pouvait le garder, alors il se mordait les doigts !


Le gamin ne sembla une fois de plus guère effrayé par ma menace et il me fit une proposition à laquelle je ne m'attendais pas mais mes babines ne purent y résister.
Des gâteaux au miel ? J'adorais ça et or de question de laissé passer l'occasion d'en manger ! C'est vrai que je lui avais dis que je détestais le miel la première fois que je l'avais rencontré... mais comment dire... la façon dont il le mangeait était plutôt repoussante et mon envie de lui faire la morale très grande. Après tout, il finirait bien par me rendre mon chapeau ou alors j'arrivais à lui reprendre d'une quelconque manière.

Décidément, ce gamin semblait réellement décidé à me rendre folle. Il se déplaçait partout dans la maison, j'avais beau l'observer, je ne savais ce qu'il faisait. Quant à moi, je restais immobile, ruminant ma haine. Si j'avais pu, je l'aurais attraper et lui aurait mit un bon coup de pied aux fesses juste histoire qu'il voit à qui il avait à faire... mais maintenant qu'il se mettait à me proposer des gâteaux, j'avoue que je ne puis y résister plus longtemps. J'avançais de quelques pas dans sa direction, le regardant installer un petit couvert sur la table en bois. Il était si rapide et si bout en train, même dans mes jeunes années, je pense que je ne pouvais mieux faire. Il m'invita ensuite à m'asseoir, en faisant une remarque désagréable sur mon physique qui me fit tout de suite frémir... Je me contenta de froncer les sourcils, ne réagissant pas plus que ça. Les gens stupides, je commençais à y être habituée après toutes les années que j'avais passé à les côtoyer sans relâche.

Je m'installa lentement sur la chaise en bois (bien qu'un peu haute pour moi !), posa mes mains sur la table et commença à zieuter le bol qui se trouvait devant mes yeux, toujours avec ce même air suspicieux affiché sur mon visage. Le récipient qui se tenait juste devant ma poitrine était rempli de crème onctueuse.. et je ne pouvais dire le contraire, cela avait l'air vraiment appétissant. Je fus dérangée dans ma réflexion quand je sentis soudain quelque chose, ou plutôt quelqu'un, s'installer à côté de moi. Cette personne n'était autre que le petit Grimbeorn, de son nom authentique (enfin à supposer qu'il n'était pas un menteur !). Je lui jeta un regard discret, sans rien dire de plus. Il avait toujours ce sourire si pathétique dessiné sur le visage. Je soupira quelques instants et attrapa le bol, avec l'intention de commencer à boire la crème. Je stoppa net dès que je vis que le jeune garçon me proposa une part de gâteau au miel, qu'il ne cessait de vanter comme-ci bon. Tiens.. c'était très étonnant de mon point de vue, que son père sache si bien faire la cuisine.

J'étais énervée, mais mes babines quand à elles fonctionnaient toujours très bien. C'est sans plus attendre que je porta la part de gâteau à mes lèvres et la croqua avec avidité. Le goût onctueux du miel se répandait à travers mes dents, je ne pouvais que fondre. La dégustation était si agréable, jamais je n'avais eu l'occasion de goûter à de pareilles gourmandises. Contrairement à ce que je pouvais penser, elles étaient très légères et pas le moins du monde écœurantes. Mon regard se posa ensuite sur le bol, que je saisis sans plus attendre à travers mes deux mains et commença à boire lentement. La crème était bonne... délicieuse même. En tout cas, si le gamin avait au moins une qualité, c'était le fait d'avoir bon goût en matière de nourriture. Il ne disait d'ailleurs plus rien, je ne l'entendais que déglutir avidement les aliments à côté de moi. Je poussa un nouveau un long soupir, et inspirant très profondément, j'avala les dernières miettes de gâteau qui restaient dans ma bouche et me tourna vers le petit bonhomme.


Ma curiosité était plus forte que moi. Un jeu de questions commençait, jeu auquel j'aimais beaucoup jouer en présence d'un inconnu.