Le poison de Dol-Guldur (PV : Daeka)

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Le poison de Dol-Guldur

Galion & Daeka

Sur un petit chemin des bois, on entendait des bruits de pas. Mais ces bruits n'étaient pas ceux d'un guerrier en armure, assez lourd pour faire trembler la terre, mais bel et bien ceux d'un elfe. De bon matin, Galion avait été convié par Thranduil, lui indiquant qu'il devait aller patrouillé au Nord-Est de la forêt pour guetter d'éventuelles tentatives d'attaque de la part de la forteresse de Dol Guldur. Les temps étaient devenus sombres, personne ne pouvait faire confiance à personne, la crainte envahissait le peuple des elfes, beaucoup d'entre eux restaient confiner à l'intérieur du royaume, ne sortant même plus prendre l'air dans leur forêt jadis si belle et pure. Galion regrettait ce temps-là, et c'est plongé dans ses pensées que l'elfe avançait à pas lents et silencieux. Ses pieds semblaient à peine frôler le sol. A la droite de sa taille était accrochée son épée, une petite lame courte mais correctement aiguisée. Dans son dos, se tenait son arc, accompagné de son carquois dans lequel étaient disposées un bon nombre de flèches. La tête du capitaine était recouverte par un manteau à capuchon, lui permettant de se confondre plus facilement avec la couleur des feuilles et des branches. Éclaireur était certainement la mission la plus dangereuse qu'on puisse confier à un elfe, en particulier dans cette forêt, où la mort pouvait frapper à chaque instant. Mais Galion connaissait bien son rôle, et quoi qu'il puisse se passer, l'elfe ne semblait jamais être effrayé. La crainte que lui inspirait les orcs et les araignées géantes était bien moindre comparer à son inquiétude de voir son peuple s'étendre en raison du mal qui se faisait de plus en plus tenace. Galion n'avait pas l'habitude de se laisser abattre, et c'est ce pourquoi il avait encore une lueur d'espoir en lui. Après tout, Eru avait bien faite la Terre du Milieu, et avait surement aussi fait en sorte qu'il y est toujours un équilibre entre les deux grandes puissances, le Mal et le Bien. Si on voyait les choses du bon côté, il serait ainsi impossible que le Mal gouverne.

Continuant sa marche lentement mais surement, Galion repéra soudainement un arbre sur le bord du chemin. D'un bon, le capitaine se hissa sur le tronc de celui-ci. Il grimpa avec aisance jusqu'aux premières branches, dans le but d'avoir une vue plus perçante sur les environs. Mais la cime des arbres n'offraient pas une aussi belle vu qu'autrefois, jadis où les arbres étaient grands et forts, la forêt verdoyante de toute part. Aujourd'hui, Mirkwood ne semblait plus qu'être un cadavre en train d'agoniser. L'air y était empoisonné, à des endroits il était même très difficile de le respirer sans attraper une migraine qui durait plusieurs jours. Les fourberies du Mal semblaient avoir eu raison du royaume des Elfes. Soudain, alors qu'il regardait d'un air triste autour de lui, Galion sentit que la branche où ses pieds étaient posés se mettait à craqueler. L'elfe eut tout juste le temps de sauter sur une de ses consœurs légèrement plus haute avant que la branche ne s'écroule dans un crissement rauque et tombe lourdement sur le sol. Même les arbres n'étaient plus dignes de confiance, beaucoup d'entre eux étaient devenus mauvais, à tout instant susceptible de réserver un sort terrible aux imprudents qui venaient ne serait-ce que s'abriter sous leur cime le temps d'un orage. Ou peut-être étaient t-ils eux-aussi tellement désespérés, qu'ils ne contrôlaient même plus leurs actes et se laissaient dépérir. Parfois, Galion se le demandait, mais pour le capitaine, le Mal avait réussi à les affecter eux-aussi. Lorsqu'il s'approchait de leur cime, l'elfe ressentait comme un sentiment froid, une réticence, ou encore une peur incontrôlable.

S’agrippant difficilement aux branches qui tenaient encore assez pour pouvoir supporter son poids plume, Galion envisageait de redescendre dans les plus brefs délais. Il n'eut pas à attendre longtemps avant de se décider, sauf que ce n'était pas par envie, cette fois-ci, c'était par obligation. Effectivement, un cri venait de se faire entendre non loin d'où l'elfe était posté. Cette voix... elle avait semblé si fragile et pleine de terreur. C'était celle d'un enfant, il n'y avait pas de doutes là dessus. Sans réfléchir, l'elfe sauta de l'arbre, se précipitant au sol. Les pierres dures sur lesquelles il atterrit lui provoquèrent une douleur dans les pieds, mais l'elfe l'oublia très vite alors que les hurlements de l'enfant se retentirent encore. Galion devait le trouver, à tout prix... il était surement en danger, et si il continuait à hurler de cette manière, il réveillerait bientôt tout le nid d'araignées géantes des environs. Effectivement, ces sales bêtes étaient partout, et on ne pouvait aller nul part sans craindre de croiser le chemin de l'une d'entre elles. L'elfe accéléra le pas, se laissant guider par son ouïe fine mais aussi par les vibrations qui venaient jusqu'à lui. Contrairement aux simples sentinelles, les éclaireurs avaient un sens du repère bien plus développé, et ils étaient capables de trouver une personne en très peu de temps si celle-ci était tout prêt d'eux. Plus il avançait, et plus Galion semblait se rapprocher de la source des cris. L'elfe finit par arriver vers une petite clairière, ou plutôt disons un endroit où la verdure fanée était moins nombreuse qu'ailleurs. Très vite, Galion posa ses yeux sur une petite tête brune. La petite fille portait une robe, elle était accroupie sur le sol, sa cheville semblait coincée dans quelque chose. Elle ne cessait d'appeler à l'aide, n'ayant pas encore remarqué la présence de Galion. L'elfe se posait à présent des questions ; et si cela n'était qu'un piège ? Si en réalité cette enfant n'était pas là par hasard mais seulement dans le but de l'attirer ? Il voulait foncé la délivrer, mais quelque chose au fond de lui lui disait de ne pas s'y rendre. Galion ne put y résister longtemps, son cœur fut plus fort que sa conscience. Après tout, quoiqu'il en soit, cette petite fille souffrait, et le plus important était de la délivrer, même si cela devait lui coûter d'être capturé ou quoique ce soit d'autre.

Sortant de sa cachette, l'elfe fonça vers l'enfant, courant silencieusement mais à grands pas. Lorsqu'il fut à sa hauteur, l'enfant se retourna dans sa direction, ses yeux pleins de larmes. Elle sembla avoir d'abord un mouvement de recul. Galion vit la terreur présente dans son regard. Il se baissa lentement pour paraître moins impressionnant. L'enfant sembla s’apaiser quelques instants, mais eut un mouvement de recul lorsque l'elfe approcha sa main d'elle, ou plutôt de sa cheville, étrangement coincée sous la racine d'un arbre. Lorsqu'il se rendit compte de sa situation, Galion n'eut aucun doute. C'était bien l'arbre le responsable de tout cela, ce n'était ni un guet-apens ni un piège. L'enfant avait du le déranger alors qu'il cogitait à propos des maints tourments de son peuple et de sa forêt, alors pour se venger, il l'avait faite prisonnière. Voyant qu'il semblait quelque peu l'effrayer en essayant de l'aider, Galion murmura à la petite quelques mots pour la rassurer. « Calme-toi... je veux juste t'aider. ». Sur ces mots, l'elfe se tourna vers l'arbre. Fixant sa cime, malgré que celle-ci soit couverte par les nombreuses branches mortes des alentours, Galion prononça quelques mots en elfique, d'un ton doux mais ferme. Ces derniers firent tout de suite leur effet et l'arbre lâcha sur le champ le pied de la petite fille, qui se roula en boule et fixa le sol. Galion se tourna de nouveau vers elle. Sa cheville était rougeâtre, couverte de brûlures, et son pied semblait devenu violine, portant encore la marque de la racine qui avait causé un arrêt temporaire de la circulation du sang. La petite ne disait pas un mot, elle n'osait même regarder Galion dans les yeux. Celui-ci s'efforçait quant à lui de l'observer. Ses cheveux étaient emmêlés, cela devait faire déjà quelques jours qu'elle était perdue dans la forêt. L'elfe se baissa doucement dans sa direction, cherchant son regard. « Tu vas bien ? Il va falloir soigner cette cheville.. ça doit encore te faire mal. Au fait.. j'allais oublié. Je m'appelle Galion, je suis le capitaine de la Garde du Roi de cette Forêt, Thranduil, j'imagine que tu dois surement avoir déjà entendu parler de lui. Mais dis-moi, quel est ton nom ? » L'elfe lui adressa un léger sourire. Ces attentions étaient difficiles pour lui, toujours habitué à se comporter de manière peu avenante.

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Le poison de Dol Guldur

« Feat. Galion»

Daeka regardait, l'air ailleurs, ses parents adoptifs qui installaient le campement avec le reste du convoi. Vu qu'ils avaient été attaqué par des bandits, ils avaient du avancer sans s'arrêter pendant des jours. Les enfants, et les femmes, s'étaient débrouillés pour faire sommairement à manger dans les carrioles, et même y dormir. Les hommes eux, avaient du se relayer pour guider les chevaux et se reposer, un peu tout de même.

La petite blonde détestait quand le convoi ne pouvait plus s'arrêter. Tout le monde se fatiguait, tout le monde était épuisé, il n'y avait plus de rires, juste de l'inquiétude et de la peur, semi-présentes dans l'air. C'était pesant, et cela la plongeait dans la mélancolie.

Enfin, les hommes avaient fini par décrété que désormais, ils ne risquaient plus rien, et après deux jours de chevauchée sans réelle destination, ils s'étaient enfin arrêté. Et la vie reprenait peu à peu. les enfants riaient, et les adultes discutaient entre eux. La fillette eut un petit sourire, que Cyrénias remarqua.

« Hé, Daeka, tu veux pas aller jouer ?
-Hm, répondit l'enfant en secouant la tête négativement.
-Alors, va faire un tour, dégourdis toi les jambes, on repart à l'aube.
-D'accord...»

La petite fille sauta de la caisse en bois sur laquelle elle était assise, se commença tranquillement à s'éloigner du camp. Elle avait le droit, elle avait le couteau que lui avait donné son père adoptif. Et puis, il lui avait dit d'aller faire un tour...Daeka n'aimait pas spécialement être seule comme ça, et s'éloigner, mais elle était curieuse. Et Cyrénias l'aiderait, quoi qu'il arrive. C'était son sauveur, à elle. Alors, d'une certaine manière, elle était rassurée.

Regardant tout autour d'elle, elle s'enfonça doucement dans la forêt toute proche du campement. Les arbres étaient immenses. Comment avait dit Cyrénias déjà ? Ah oui, c'était Mirk...Mirkwood ?

Mirkwood. Elle détestait cet endroit, maintenant. Elle s'y était perdue, elle s'était trop avancée dans la forêt. Elle avait vu tomber la nuit, plusieurs fois. Cyrénias et Guenièvre devaient être morts d'inquiétude, et elle...elle, elle était morte de peur. Toute la forêt était sombre, angoissante, oppressante. Il y avait des toiles d'araignées immenses, gluantes, et c'était tellement silencieux. Plus les heures passaient, plus Daeka perdait espoir. Elle n'en pouvait plus. Elle avait faim, froid, soif. Elle avait peur, surtout.

A bout de forces, l'enfant se laissa tomber contre un arbre, assez violemment, et se mit à sangloter, sans pouvoir s'en empêcher. Elle n'en pouvait plus. De petits gémissements pitoyables lui échappèrent, et elle se mit à frapper des poings le sol de dépit. Sauf qu'elle tapa sur une des racines de l'arbres. Qui se mit à bouger. Immédiatement l'enfant, se releva et tenta de s'enfuir. Mais une racine s'était enroulée autour d'une de ses chevilles, la faisant retomber.

Les petites mains de Daeka essayèrent de toutes ses forces de faire lâcher prise à cette racine, mais cela ne semblait avoir aucun effet. Alors, elle fit ce que n'importe quel enfant aurait fait. Elle se mit à s'appeler à l'aide. Cyrénias, Cyrényas, songeait-elle, viens me sauver, je t'en prie, me laisse pas, je peux pas, aide-moi. Mais ses cris ne faisaient que résonner dans la forêt, et personne n'y répondait.

Les larmes roulaient sur ses joues, alors qu'elle continuait de brailler, pourtant certaine que personne ne viendrait. Elle avait l'impression d'être de nouveau en plein milieu de l'incendie. Prise au piège. Elle hurla plus fort, prise de panique. Elle voulait partir. Elle se débattit plus fort de l'emprise de l'arbre, mais ce dernier n'accordait aucune importance à ses efforts.

Un bruit attira alors son attention. Elle stoppa tout mouvement, en remarquant une sorte d'humain, avec des oreilles pointues. Un humain armé. Immédiatement, elle voulut s'enfuir, mais fut bien sûre retenue par la racine. Non, non, elle ne pouvait pas rester là, il fallait qu'elle s'en aille, criait-elle mentalement.

Mais l'étrange être s'abaissa, et sembla soudain moins dangereux. Peut-être était-il gentil, peut-être pouvait-il l'aider, comme Cyrénias. Mais il leva sa main, vers elle, et Daeka ne put retenir son sursaut. Si seulement cette racine la laissait se lever. Elle voulait juste s'enfuir.

« Calme-toi... je veux juste t'aider.»

Pour seule réponse, l'enfant fronça les sourcils, pas prête à le croire. Il était grand. Les grands pouvaient être très méchants. Comme le monsieur qui avait tué sa mère. C'était un adulte, un adulte avec des oreilles bizarres. Pourquoi l'aurait-elle écouté ?

Parce qu'il l'aida, vraiment. Il prononça des mots étranges, qu'elle ne comprit pas mais l'arbre la libéra. Immédiatement, Daeka jaillit de son étreinte, s'éloigna de l'arbre et se recroquevilla sur le sol. Elle ne sentait plus vraiment sa cheville, l'arbre avait serré trop fort, et des fourmis parcouraient maintenant sa cheville qui était, enfin, de nouveau réapprovisionner en sang. Elle ne pouvait pas se lever, pas encore. Alors, elle fixa le sol, craignant ce que l'étrange monsieur ferait. Il l'avait aidé, oui...mais si ça trouve c'était un piège. Un piège de méchant.

Mais l'homme se baissa, tenta d'attraper son regard, ce qu'elle évita sciemment.

« Tu vas bien ? Il va falloir soigner cette cheville.. ça doit encore te faire mal. Au fait.. j'allais oublié. Je m'appelle Galion, je suis le capitaine de la Garde du Roi de cette Forêt, Thranduil, j'imagine que tu dois surement avoir déjà entendu parler de lui. Mais dis-moi, quel est ton nom ? »

Thranduil...Comme dans ses livres ! Le roi des elfes. Alors, c'était ça un elfe ? Oh. Les elfes étaient gentils, généralement, non ? Il n'allait pas lui faire de mal, si ? Non, non, il disait rien de méchant. Peut-être...L'enfant releva la tête, et osa le regarder. Il souriait. Un petit sourire, mais un joli sourire. Les elfes étaient beaux, disaient ses livres. Ils avaient raison. Le monsieur avait l'air gentil.

« Daeka...c'est...comme ça, que je m'appelle. Vous..vous êtes un magicien ? Vous avez dit des mots magiques et l'arbre m'a lâché. Je...suis perdue, et...mes parents me manquent...et j'ai mal, maintenant, et je...»

Les mots s'embrouillaient dans la bouche de Daeka, tout lui retombait dessus. Avant même d'avoir fini, elle recommençait à pleurer, ses larmes entrecoupées de sanglots nerveux. Elle avait tellement peur. Et mal. Et froid, et tout pleins d'autres choses. Elle était à bout, que ce soit de forces ou juste de nerfs.

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Le poison de Dol-Guldur

Galion & Daeka

Même Galion, un être si sérieux et hautain, ne pouvait résister devant la bouille d'ange de la petite Daeka. Désormais, il savait comment elle s'appelait, car elle venait tout juste de se présenter à lui. Galion eut bien cru un instant qu'elle allait déballer un discours sur sa vie entière, une grande habitude des enfants, mais elle n'en fut pas du tout le cas. Très vite, alors qu'elle parlait, la petite fille se sentit obliger de s'arrêter. Les sanglots l'envahirent et en quelques secondes elle se remit à sangloter. Ses gémissements retentissaient à travers les branches des arbres, créant un écho strident dans toute la forêt environnante. S'il l'avait pu, Galion lui aurait hurler de se taire. Effectivement, en se comportant de la sorte, elle allait réveiller les araignées géantes qui étaient certainement déjà tout prêt. Ces bestioles étaient de vrai rapaces lorsqu'il s'agissait de trouver de quoi se nourrir. Le bruit que faisait Daeka n'allait certainement pas leur compliquer la tâche pour venir jusqu'à l'elfe et la petite fille.

Galion laissa sangloter Daeka quelques instants, ne sachant exactement que faire. L'elfe n'avait pas l'habitude de s'occuper des enfants, si ce n'était que pour les incendier après qu'ils aient malencontreusement fait tomber un vase. Être doux et tolérant n'était pas le point fort de Galion. Il aurait pu très bien partir, laisser la petite fille ici, tout serait fini et il n'aurait pas à l'assumer par la suite. S'il la ramenait au palais, très certainement devrait-il la cacher, car depuis l'invasion du Mal dans sa forêt, le Roi Thranduil ne tolérait plus aucune personne qui soit étrangère au peuple des elfes. Peut-être avait-il raison... Désormais, une question trottait dans la tête de Galion. Et si cette petite n'était autre qu'une espionne, envoyée pour renseigner l'ennemi sur l'organisation et les failles du Royaume Sylvestre ? En observant son visage si angélique, Galion ne pouvait se résoudre à penser que c'était possible. Elle était si adorable, si innocente, si pure. Elle ne pouvait faire de mal à personne, pourtant, le capitaine de la Garde avait comme un doute dans la tête, une pensée néfaste à son propos qui lui ordonnait de la laisser en plan ici et de faire demi-tour pour rentrer au plus vite. Mais son cœur fut plus fort que sa conscience, et sans dire un mot de plus, l'elfe s'empara du petit corps frêle de Daeka, le soulevant dans ses bras.

« Je t'emmène avec moi au Royaume Sylvestre. Si je te laisse ici, tu mourras. Aie-confiance en moi, tu y seras en sécurité et je pourrais par la même occasion panser tes blessures. » Galion caressa lentement le visage de la petite fille, qui semblait légèrement inquiète en se rendant que l'elfe s’apprêtait à l'emmener dans un lieu qu'elle ne connaissait nullement. Galion commença à faire quelques pas, et bien qu'elle était légère, le capitaine savait pertinemment qu'avec elle dans les bras, le temps de retour serait multiplié par trois. Il n'avait que une autre option que de rentrer par un autre moyen. Tout de suite, il pensa à son cheval, qu'il avait laissé dans les environs. Galion tenta un premier sifflement. Rien ne bougea. L'elfe prit une boule au ventre, portant toujours la petite fille en la rassurant du mieux qu'il le pouvait. Il siffla une seconde fois, et c'est alors que l'on entendit un hennissement distinct venant d'une certaine distance. Des bruits de sabots firent ensuite trembler le sol, et Melon fit son apparition. Il s'arrêta juste devant son maître, qui lui murmura quelques mots en elfique tout en lui caressant le chanfrein. « Daeka.. je te présente Melon.. ma monture, nous allons rentrer sur son dos. Je suppose que tu n'es jamais monté à cheval, mais tu verras, c'est plus facile qu'on peut le penser. »

Sur ces mots, Galion hissa la petite fille sur la selle. D'un bond, il grimpa à son tour, se plaçant derrière elle et la calant entre le pommeau et son bassin. Galion l'avait lu dans les yeux de Melon, le danger n'était plus très loin, un groupe d'araignées s'approchait, et si tous trois voulaient avoir une chance de rentrer en vie, ils allaient devoir faire plus vite que prévu. Sans atteindre un instant de plus, Galion dicta un ordre en elfique à Melon. Il attrapa les rênes, se servant à la fois de ses bras pour maintenir la petite fille en place. Le cheval s'élança dans un galop effréné, enjambant branche et feuilles et survolant tout ce qui pouvait se placer en travers de son chemin. Très vite, l'animal se retrouva talonner par le groupe d'araignées géantes, faisant cliqueter leur pince et se léchant déjà les babines à l'idée de dévorer les êtres à sang chaud qui gesticulaient devant elles. Voyant avec horreur qu'elles étaient tout prêt, si prêt qu'elles auraient pu les toucher à tout instant, Galion ordonna à son cheval d'accéléré. Rassemblant ses forces et sa dose de puissance, Melon agrandit ses foulées, prenant de l'avance sur les bêtes monstrueuses.

Cette course effrénée fut une victoire pour Galion. Il réussit à conduire Daeka saine et sauve au Royaume Sylvestre. Le seul qui fut désavantagé après cela fut Melon. L'animal était en sueur, complètement exténué. Il n'avait que rarement l'occasion de courir à cette vitesse et de plus, cette fois-ci, Galion avec cruellement négligé son pansage, tellement dans le besoin de cacher Daeka et de panser ses blessures. Effectivement, si la petite fille venait à être découverte par qui que ce soit, Galion pourrait être emprisonné pour infraction des règles et désobéissance vis à vis de la couronne. En faisant cela, le capitaine prenait de grands risques, mais une petite voix lui disait qu'il ne pouvait laisser l'enfant dans un tel pétrin. Cette situation lui rappelait celle où son père lui avait sauver la vie alors qu'il avait d’équivalence elfique environ l'âge de Daeka. Galion avait gardé de bien mauvais souvenirs de cette expérience mais elle lui avait également montré ce qu'était le vrai courage. Malgré son mauvais caractère, l'elfe n'avait jamais eu la réputation d'être un lâche. C'est vrai, il ne l'était pas, il se battait de toutes ses forces pour ses convictions, et il n'était pas du genre à abandonner facilement.

Il conduisit donc Daeka à l'intérieur de sa chambre, l'allongea sur le lit avant de lui placer une compresse d'eau fraîche sur le front. La petite fille était brulante de fièvre, elle avait du prendre froid d'une manière ou d'une autre en parcourant ainsi la forêt durant plusieurs jours. L'air y était empoisonné de toutes parts, et choisir Mirkwood comme lieu de promenade de santé n'était nullement très conseillé. Galion se pencha sur le visage de la petite et lui adressa un léger sourire, tenant délicatement la compresse sur son front. « Je vais m'occuper de tes jambes... crois-moi, dans quelques heures tu n'auras plus mal. Si nous les elfes nous sommes excellents en une matière, c'est bien la médecine. » Sur ces mots, l'elfe plaça la main de la petite fille sur la compresse dans le but de la tenir en place et fit volte-face pour se diriger vers le meuble qui se situait derrière lui. Il y tira quelques ingrédients et commença à préparer un onguent pour à la fois soulager la douleur et désinfecter les plaies.

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Le poison de Dol Guldur

« Feat. Galion»

Daeka essayait d'arrêter de pleurer, sincèrement. Mais elle n'y arriverait pas. Elle était terrorisée, et tout ce qu'elle voulait c'était se cacher dans un coin et continuer de pleurer, en fait. Cette forêt avait eu raison de chacun de ses résistances, une à une, et l'elfe avait bien de la chance qu'elle ne fasse pas une crise de panique. Enfin, elle évitait ce fait, juste parce que Galion était là. Il l'avait aidé, et d'une certaine manière, il avait réussit à la rassurer.

En même temps, il l'avait sauvé des griffes de l'arbre. Et il était le premier adulte, le premier être qu'elle croisait dans ce maudite forêt. A force de tourner dans ces bois, seule, elle aurait bien fini par devenir folle. Alors, même si elle était effrayée par l'elfe, elle était contente de le voir.

Mais soudainement, enfin il ne fut pas violent mais cela surprit Daeka, il vient la prendre dans ses bras.

« Je t'emmène avec moi au Royaume Sylvestre. Si je te laisse ici, tu mourras. Aie-confiance en moi, tu y seras en sécurité et je pourrais par la même occasion panser tes blessures. »

Daeka faillit essayer de quitter les bras de l'elfe, mais la perspective de mourir ne la tentait pas plus que ça. Alors, au contraire elle s'accrocha à Galion. Elle n'avait pas confiance en lui, mais il était le seul secours possible, alors, elle ne voulait surtout pas qu'il la laisse là.

Elle sursauta quand il siffla. Mais elle était fille du Rohan, et elle se rappela presque tout de suite pourquoi les gens sifflaient ainsi. Même elle, le faisait parfois, quand les chevaux du convoi étaient dissidents, sous l'oeil bienveillant de Cyrénias. Doucement, Daeka se détendit dans les bras de Galion, qui la rassurait du mieux qu'il pouvait.

Il siffla, une deuxième fois, et un petit sourire vient éclairer le visage de Daeka, quand elle entendit en réponse, le bruit bien reconnaissable d'un hennissement. Et après quelques instant, un magnifique cheval jaillit d'entre les arbres. De nouveau l'elfe à ses côtés, murmura quelques mots, et Daeka songea que c'était peut-être de l'elfique. Galion n'était pas magicien, quand même...Ces livres disaient que les magiciens étaient rares...mais en même temps, les elfes étaient magiques, d'une certaine façon. Elle avait déjà lu l'histoire d'elfes doués d'un don, que ce soit de vision ou de guérison.

« Daeka.. je te présente Melon.. ma monture, nous allons rentrer sur son dos. Je suppose que tu n'es jamais monté à cheval, mais tu verras, c'est plus facile qu'on peut le penser. »

La fillette fronça légèrement les sourcils. Elle savait monter, son père lui avait appris ! Toute inquiétude disparut, elle se laissa hisser sur la monture, parce que même si elle savait monter, elle était bien trop petite pour arriver à se mettre en selle toute seule, et se tient droite, bien comme il faut sur le cheval, le temps que l'elfe la rejoigne.

Elle dut ensuite de cramponner comme elle pouvait, aidée par les bras de Galion, parce ce dernier avait lancé son cheval au galop. Il se passait quelque chose. Quelque chose n'allait pas. La fillette tourna la tête, entendant des bruits étranges. Derrière eux, il y avait des araignées. Géantes, effrayantes, dangereuses. Un hoquet lui échappa, et elle ferma les yeux. Juste pour cette fois, elle ne voulait pas voir. Les araignées étaient proches, et Daeka aurait juré qu'elles pouvaient les toucher, les attraper, pour les dévorer. et ça, elle ne voulait pas le voir.

L'enfant rouvrit les yeux, quand Galion parla, et resta stupéfaite de la brusque accélération du cheval. Elle n'aurait jamais cru qu'il pouvait aller aussi vite. Intérieurement, et presque instinctivement, elle se mit à encourager le cheval, parce que sans lui, les araignées les auraient déjà attrapé.

Mais heureusement, ils finirent par se mettre à l'abri, et il lui sembla que l'elfe à ses côtés respirait plus librement, d'un coup. Rapidement, Galion descendit et aida l'enfant à descendre, et cette dernière se fit mener ailleurs. Elle voulait résister, mais elle n'en avait plus vraiment la force, après cette énième frayeur.

Alors, Daeka suivit docilement l'elfe, qui l'emmena dans ce qui semblait être une chambre. C'était assez différent de ce qu'elle connaissait, mais bon, un lit reste un lit, et quand Galion l'aida à s'y installer, elle fut toute heureuse d'être enfin allongée sur un vrai lit. Après plusieurs nuits dans la forêt, cela était...Cyrénias. Il devait être mort d’inquiétude, et...Une compresse posée sur son front, la ramena à l'instant présent, et la tira loin de ses propres inquiétudes.

L'elfe lui sourit, et posa la main de Daeka sur la compresse, pour la tenir en place, avant de s'éloigner. La fillette l'entendit vaguement Galion lui dire qu'il allait s'occuper de ses jambes, et qu'elle aurait plus mal, c'est qu'elle fut bien contente de savoir.

« Merci, fit-elle, toute calme et détendue. Vous êtes gentil, je crois, monsieur l'elfe. Mais Cyrénias doit me chercher...Et je veux pas qu'il vienne dans la forêt, pas avec ses grandes bêtes...»

Elle avait beau être fiévreuse, l'image de son père adoptif continuait de trotter dans son esprit, suffisamment vivace pour la garder à peu près consciente. Sinon, il est certain, qu'elle se serait endormie.

« J'avais jamais vu d'elfes...faudra que je raconte tout aux autres, ils seront contents. »

Elle blablatait à voix basse, pas consciente pour un sou, qu'elle allait sans doute ennuyer l'elfe, mais elle voulait juste ne pas s'endormir. Elle ne connaissait pas cet endroit, et même si Galion était gentil, quelque chose en elle, continuait de lui dire d'être prudente, de ne pas faire confiance. Hors de question qu'elle dorme !

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Le poison de Dol-Guldur

Galion & Daeka

Malgré les soins apportés par Galion, la petite fille ne semblait pas de son assiette. L'elfe le voyait clairement, elle tremblait. En passant lentement sa main sur les jambes de l'enfant, il pouvait également s’apercevoir que ces dernières étaient brulantes. La fièvre enveloppait le corps de Daeka, une fièvre forte et tenace, Galion devait à tout prix faire quelque chose. Il avait posé l'onguent qu'il venait de préparer sur la table de chevet. Il allait d'abord se charger de désinfecter les plaies, car si elles venaient à contenir du pus, la petite fille pourrait très bien perde l'utilisation de ses pieds. L'elfe s'empressa de plonger ses doigts dans l'onguent encore légèrement chaud et en déposa sur la cheville de la petite fille. « Ça risque de picoter un peu... mais crois-moi ça va te faire du bien. » Après qu'il est dit ses mots, Daeka remercia l'elfe et mentionna le nom de quelqu'un, Cyrénias si Galion s'en souvenait bien. Qui pouvait-il bien être ? Un proche de la petite fille, son maître, ou encore un ennemi des elfes ? Mille questions courraient dans la tête du capitaine, qui comptait bien questionner l'enfant une fois qu'elle se sentirait mieux. Malgré qu'il avait des doutes sur elle, Galion était loin d'être un monstre et n'allait pas la harceler alors qu'elle était encore terrasser par la fièvre. « Cela ne me semble effectivement pas une bonne idée.. de plus, les araignées sont de plus en plus féroces au fur et à mesure que les jours passent. Mais ne t'en soucis pas... j'enverrai des éclaireurs, ils l’intercepteront et le protégeront s'il vient à s'introduire dans la forêt. Reposes-toi Daeka, tu en as vraiment besoin. Tu es dans un bien piètre état. »

Les yeux de Galion restèrent fixer sur le visage de la petite fille. Il avait de la peine, beaucoup de mal à admettre qu'une enfant aussi jeune puisse être obliger à vivre sur une terre aussi dangereuse. Le capitaine fut tiré de ses pensées lorsque la petite fille ouvrit les yeux une nouvelle fois et reprit la parole. Sa voix semblait de plus en plus faible et les mots avaient du mal à sortir de sa bouche, mais elle gardait toujours ce même enthousiasme enfantin devant lequel Galion ne pouvait s'empêcher d'être sous le charme. « J'avais jamais vu d'elfes...faudra que je raconte tout aux autres, ils seront contents. » Les autres ? Mais qui pouvaient bien être ces autres ? Ils seraient contents ? Qu'est-ce que cela signifiait ? On sait toujours que la vérité sort de la bouche des enfants. Galion prit cela comme un aveu. La petite fille était donc bien une espionne, envoyée pour obtenir des renseignements. Le capitaine eut soudain un mal de tête, comme en train de lui affirmer qu'il faisait fausse-route. N'était-il pas trop méfiant ? Il n'en savait rien mais en tout cas, il allait veiller à ne pas révéler quelconque information à Daeka. Galion ouvrit la bouche un instant et se ravisa, voulant harceler la petite fille de questions dans le but de découvrir qui étaient ces « autres » dont elle parlait avec tant d'enthousiasme. C'est seulement en voyant son visage fatigué, ses yeux vitreux et son petit corps en train de trembloter que Galion se ravisa. Il la questionnera plus tard, de toute façon, dans un état pareil, elle ne pouvait aller nul part. A moins qu'elle ne simule une maladie par un puissant sortilège, Galion voyait un mal bien réel la ronger. Les sorciers se faisaient rares et il fallait être vraiment quelqu'un de puissant pour arriver à manier la magie de la sorte.

Galion voulut répondre à la petite fille mais avant qu'il n'eut le temps de dire un mot cette dernière ferma les yeux, tombant en transe. L'enfant semblait résister contre le sommeil. Galion comprenait cela, peut-être n'avait-elle pas confiance ou d'une façon plus perverse voulait-elle l'espionner avec plus d'attention. L'elfe était préoccupé, si bien qu'il se rendit compte avec effroi qu'il n'avait encore rien fait, mis à part la compresse d'eau froide, pour faire tomber la fièvre. Sans rien dire de plus, il rinça ses mains à l'eau claire, et se leva au chevet de la petite fille. Se plaçant au dessus d'elle, il chuchota quelques mots en elfique, un « sortilège » de guérison qui avait pour but de diminuer la température corporelle et ainsi de soulager les fièvres les plus foudroyantes. Bien qu'elle fut encore chaude, les muscles de l'enfant parurent se détendre. Désormais, elle dormait, et semblait avoir cesser de résister contre ce sommeil qui la gagnait malgré elle. Galion tourna la tête vers ses pieds. Ses blessures étaient encore présentes, mais elles paraissaient déjà moins à vif. Ayant fait tout ce qu'il pouvait, l'elfe se décida tout simplement à laisser l'enfant dormir. Privé de son lit, il s'installa sur un fauteuil non loin de celui-ci. Il allait devoir se forcer à garder les yeux ouverts, après tout, si Daeka avait besoin de lui pendant la nuit ou essayait de tenter une quelconque chose en vigueur de sa mission d'espionnage si elle était un agent infiltré comme le pensait Galion, il fallait bien que le capitaine soit prêt à réagir à tout instant.

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Le poison de Dol Guldur

« Feat. Galion»

Daeka n'était pas suffisamment claire pour écouter correctement ce que lui disait l'elfe, mais elle réussit à entendre que rien n'arriverait à Cyrénias. Et c'est à peu près tout ce qui comptait pour elle. Son père adoptif l'avait sauvé, s'il mourrait, son monde s'écroulerait une nouvelle fois, et ça, elle ne pourrait pas le supporter.

Apaisée, elle ne put lutter plus longtemps et ses yeux se fermèrent. Mais elle continuait malgré tout de se battre contre le sommeil. Elle était incapable de rouvrir ses yeux, et peinait à rester éveillée, mais elle avait peur. Moins que dans la forêt, moins que durant la poursuite des araignées. La fillette avait peur, parce qu'elle ne connaissait pas l'elfe, pas plus que cet endroit. Si elle avait été dans un meilleur état, elle aurait paniqué, sans l'ombre d'un doute. Mais elle était blessée, et l'elfe semblait plutôt gentil. Juste assez pour l'empêcher de trop angoisser.

Elle lutta encore un peu, mais ses forces l'abandonnèrent. Juste avant de s'endormir, elle entendit encore l'elfe parler dans sa langue magique et la chaleur qui menaçait de l'étouffer s'estompa un peu. Suffisamment pour que cela devienne confortable, et achève toutes ses résistances. Sans plus perdre de temps, le sommeil l'emporta.

Les nuits de Daeka n'étaient jamais calmes, et ce soir, plus que n'importe quel autre, elle avait matière pour alimenter ses rêves, Ou plutôt ses cauchemars.

Elle est dans la forêt, encore. Mais cette fois, il n'y a pas l'ombre d'un sentier, et des toiles d'araignées lui bloque la moindre issue. Elle est prise au piège. Il n'y aucun bruit, si ce n'est les battements effrénés de son cœur, qui semblent résonner dans l'air. Et là, les araignées apparaissent. Immenses, avec leurs pattes velues et griffues, avec leurs yeux, bien trop nombreux. Elles descendent des arbres, elles sont trop nombreuses pour que les yeux de Daeka les voient toutes. Il y en a dans son dos, sur ses côtés, et devant elle. Et les monstres se rapprochent de plus en plus. Daeka se recroqueville sur elle-même et ferme les yeux. Une paire de pattes l'attrapent.

Et là, elle se réveilla en criant. Son cœur battait vite, presque plus vite que dans son cauchemar, et elle haletait, le souffle saccadé. Il lui fallut un instant pour se rappeler où elle était, et entre-temps, elle se débattit contre la couverture lit, dans laquelle elle s'était emmêlée pendant son sommeil.

Quand elle reconnut l'endroit, elle se laissa retomber sur le lit, respirant le plus doucement qu'elle pouvait. Et tout en essayant d'arrêter de pleurer, parce qu'elle en avait assez de pleurer sans cesse, elle murmura des excuses à l'intention de l'elfe qu'elle avait sans doute réveillé. Il l'aidait et voilà, comment elle le remerciait...

«Je suis dé-désolée, je voulais pas faire de b-bruits...»

Elle reprit doucement son calme, et constata avec plaisir que sa cheville ne lui faisait plus autant mal qu'auparavent. Elle ne devait pas avoir dormir plus de trois heures, mais elle se sentait mieux. En même temps, entre dormir dans un lit, être soignée, presque dorlotée, et pioncer comme on peut dans une forêt plus ou moins maléfique, il y avait tout un monde. Elle remonta ses genoux contre elle, et les entoura de ses bras, pour y dissimuler son visage et ses yeux humides. Elle n'arriverait pas à se rendormir, pas tout de suite, son cœur battait encore trop fort et l'image des araignées était encore trop vivace dans son esprit.

Un instant plus tard, à peine, elle s'autorisa à poser une question qui lui trottait dans la tête depuis un moment.

« Pourquoi...pourquoi vous m'aidez, monsieur l'elfe ? Je croyais que vo-votre peuple ne s'approchait pas des humains...»

Elle avait beau commencer à lui faire confiance, elle s'interrogeait toujours sur le pourquoi. S'il espérait, lui ou un autre elfe d'ailleurs, obtenir une rançon ou quoi que ce soit de ses parents, c'était peine perdue. Guenièvre et Cyrénias étaient loin d'êtres riches. Et elle, elle avait perdue toute noblesse et richesse depuis la mort de son père. Enfin, sans doute, avait-elle un héritage mais elle avait quitté le Rohan sans le récupérer, et il devait avoir été donné à un autre héritier, comme à un lointain oncle ou quoi.

Avec un soupir nostalgique, presque triste, elle releva juste assez la tête pour pouvoir regarder l'elfe.

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Galion & Daeka

L'enfant était tombée dans un lourd sommeil qui avait semblé durer une éternité. Galion était resté assis en face du lit, la veillant tout le temps où elle avait été transportée au pays des rêves. Il l'avait bien observé à travers la pénombre, et il avait pu remarquer que le visage de l'enfant avait semblé se détendre. Certainement les remèdes elfiques avaient-ils été efficaces. Galion était soulagé. Au moins, il n'aurait pas la mort d'une enfant sur la conscience ni l'impression d'avoir épuisé ses ressources pour rien. Effectivement, la médecine elfique demandait beaucoup d'énergie à ceux qui la pratiquaient, et il leur fallait parfois plusieurs heures avant d'être de nouveau en forme. Les remèdes que Galion avaient utilisé pour lutter contre la fièvre étaient très puissants, si bien qu'ils lui avaient valu un bon mal de tête qui avait du durer environ une heure.
L'elfe n'avait rien fait de sa nuit. Il s'était juste contenté de veiller sur l'enfant. Il n'avait pas l'habitude de beaucoup dormir, et cette nuit-là, il savait pertinemment qu'il ne le pourrait pas. Ses appartements étaient silencieux, même les pas dans le couloir ne parvenaient pas à ses oreilles. Seule une petite chandelle éclairait la pièce, qui était plongée dans l'obscurité la plus totale. Daeka était calme, respirant de grandes bouffées d'air et dormant profondément. S'accoudant sur la chaise, Galion l'observait sans relâche, prêt à réagir et à dépenser de nouveau de l'énergie pour elle si la fièvre venait à la reprendre.

Pour la plupart des elfes, le fait d'aider cette petite fille aurait paru bien stupide et imprudent, mais malgré les doutes qu'il avait sur la raison de sa venue dans cette forêt (simple accident ou ruse?), Galion ne pouvait se résoudre à la laisser dans cet état. Il n'était tout de même pas un meurtrier. Longtemps les elfes avaient été réputé comme des créatures du Bien, saines et pures. Un membre de ce peuple pouvait-il se permettre de laisser mourir une enfant ? Galion ne pouvait tolérer cette pensée, et il fut contraint à la réfuter au moment même où elle lui traversa l'esprit. Non, il n'en était pas question. En sauvant cette enfant, l'elfe prenait également de grands risques, car le Roi Thranduil ayant interdit la présence d'autres races dans son château, s'il venait à découvrir qu'une humaine était ici, Galion se retrouverait certainement dans les geôles du Royaume des Forêts pour un bon moment. Mais en même temps, que faire d'autre ? Il ne pouvait tout de même pas l'abandonner à son triste sort !

Alors que l'elfe était plongé dans ses pensées, il remarqua soudainement que Daeka s'agitait. Une agitation soudaine qui devait certainement être due à un cauchemar, car celle-ci ne ressemblait en rien à une montée de fièvre. Il observa la petite fille avec un peu plus d'attention mais n'intervint pas. Elle semblait se débattre avec une force inconnue qui s'emparait d'elle. Cette scène glaça quelque peu le sang de Galion, mais ce dernier retrouva vite son calme lorsque la petite fille ouvrit les yeux et se redressa brusquement sur le lit. Elle fixa Galion d'un air ébahi, puis, reprenant lentement ses esprits, s'excusa pour le bruit occasionné. L'elfe esquissa un petit rire avant de répliquer. « Ne t'inquiètes pas, je ne dormais pas ! Rares sont les elfes qui ferment l’œil la nuit ! En plus, tu ne pensais tout de même pas que j'allais te laisser sans surveillance étant donné tes blessures ?! ». Il mima un clin d’œil. L'enfant ne sembla pas y accorder grande attention et se replia sur elle-même, cachant son visage entre ses jambes. Un silence régna dans la pièce pendant plusieurs minutes, avant que la voix de la petite fille ne retentisse une nouvelle fois. Elle posa une question bien étrange à laquelle Galion ne s'attendait vraiment pas. Elle lui demanda pourquoi il l'aidait, et elle semblait bien au courant, car elle affirmait également que les elfes ne s'approchaient pas des humains. Quelque peu bouleversé, Galion mit plusieurs instants avant de se décider à répondre à la petite fille. « Eh bien... disons que ça aurait été très méchant et lâche de ma part de laisser mourir une petite fille comme toi. » Il lui adressa un sourire complice.

L'enfant se rallongea ensuite, respirant bruyamment. Galion ne disait rien, elle non plus. La pièce était de nouveau plongée dans le silence, seul le bruit du vent contre l'unique et petite fenêtre se faisait entendre. Au bout d'un moment, l'elfe se décida enfin à parler, souhaitant savoir comment l'enfant se sentait après ces quelques heures de sommeil et les soins qu'il lui avait prodigué. « Sinon Daeka.. dis-moi, comment te sens-tu à présent ? Ca va mieux ? Et ta cheville, te fait-elle encore mal ? ».

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Le poison de Dol Guldur

« Feat. Galion»

Elle allait mieux, sans aucun doute. Il fallait juste qu'elle arrive à se sortir de la tête l'image monstrueuse des araignées de Mirkwood. Ce n'était pas vraiment comme dans les légendes qui peuplaient ses livres, elle avait toujours pensé que les royaumes des elfes étaient lieux d'enchantement, où régnaient paix et bonheur. Enfin, Galion ressemblait tout de même aux elfes de ses livres mais pas vraiment à ce qu'on lui disait des elfes, qui étaient censés éviter les humains et les laisser affronter seuls leurs problèmes.

« Ne t'inquiètes pas, je ne dormais pas ! Rares sont les elfes qui ferment l’œil la nuit ! En plus, tu ne pensais tout de même pas que j'allais te laisser sans surveillance étant donné tes blessures ?! »

Preuve en était, encore. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire, en le voyant mimer un clin d’œil. Elle ne comprit cependant pas vraiment cette histoire sur le sommeil des elfes...Les elfes ne dormaient pas ? Mais comment faisaient-ils alors pour être aussi forts ? Ils n'étaient pas fatigués ? Elle l’interrogea ensuite sur ses motivations, et l'elfe lui répondit, après quelques instants.

« Eh bien... disons que ça aurait été très méchant et lâche de ma part de laisser mourir une petite fille comme toi. »

Daeka eut l'impression que l'elfe lui faisait une de ses réponses, celles que les adultes lui donnaient quand ils ne voulaient pas qu'elle sache quelque chose, quand ils ne voulaient pas qu'elle comprenne, parce que c'était censé être trop difficile à comprendre pour elle, parce qu'elle était trop jeune. Elle détestait ça, mais elle n'y pouvait pas grand-chose. Et puis, peut-être que l'elfe ne savait pas quoi répondre. Elle, parfois, elle disait n'importe quoi quand elle ne savait pas quoi dire...Le sourire de l'elfe la rassura, l'explication était simple, peut-être trop simple, mais elle était sincère, sans doute.

La petite fille se rallongea, heureuse de constater qu'elle pouvait maintenant bouger sa cheville, sans trop de problèmes. De toute manière, depuis l'incident, elle n'avait plus autant de sensibilité qu'avant, comme disait Guenièvre.

« Sinon Daeka.. dis-moi, comment te sens-tu à présent ? Ça va mieux ? Et ta cheville, te fait-elle encore mal ? »

Daeka se redressa sur un coude, pour pouvoir répondre à l'elfe. Elle songea en même temps, qu'il sera plus temps qu'elle rentre. Cyrénias et Guenièvre devaient être morts d'inquiétude, et elle craignait de se faire gronder, ou pire qui leur soient arrivé malheur.

« ]Oui, je crois que ça va...Je n'ai plus mal, fit-elle avec une joie toute simple, contente de ne plus souffrir.

Elle hésita, l'espace d'un instant, mais son inquiétude finit par avoir raison de sa timidité, et elle demanda :

« Dites, monsieur l'elfe...vous pouvez me ramener dehors de la forêt ? Cyrénias me manque...Et puis, je peux marcher sans problème, maintenant, même si c'est loin...»

Comme pour approuver ses dires, elle s'assit sur le bord du lit, et mit pied à terre, avant de se lever, prudemment, au cas où, mais effectivement, elle n'avait pas mal, et elle arrivait à marcher. Elle en fit la démonstration, en faisant quelques pas dans la chambre, un air inquiet plaqué sur le visage.

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