Sujet: Bataille sur les flots Mar 1 Sep 2015 - 1:57
Bataille sur les Flots
Une douce musique flottait dans la tête d’Eard, offrant un contraste brutal avec la situation. Sur le pont, à ses côtés, soudards et mercenaires s’étaient entassés, sabre à la main, et gueulaient de toutes leurs forces injures et paillardises. Pourtant, cette petite chansonnette, entendue dans une auberge à marin, continuait à le hanter. Une histoire de marin parti en mer et de femme qui l’attend au port. Les paroles n’étaient pas réellement resté, mais la mélodie continuait à lui trotter dans sa la tête même vide de sens. Son regard traversa l’étendue d’eau salé, se posant finalement sur le navire qu’ils avaient fini par rattraper après plusieurs jours de poursuite.
Eard n’avait pas la moindre idée s’ils étaient marchands, autres pirates, militaires ou même dieux en maraudes. Le capitaine leur avait fait un discours émouvant et motivant sur les raisons expliquant leur attaque, mais le jeune homme n’avait écouté que d’une oreille. Il n’avait pas besoin de ça. Tout ce que lui voulait, c’était un peu d’amusement, des personnes à tabasser et de quoi passer sa colère. Il distinguait des silhouettes sur le pont adverse. Parfait. Il allait enfin pouvoir se calmer un peu. Et la chanson continuait à lui traîner dans la tête. Il croyait même entendre l’accordéon au milieu des hurlements des gueulards de bord. Heureusement, les canons ne tonnaient pas, le bâtiment devant être récupérer entier, ou à peu près.
L’attente était étrange. Il voyait le pont en bois se rapprocher, commençait à distinguer les visages de ceux qui l’attendait en face. Un avec un très gros nez. L’autre avec une verrue. Etaient-ils anxieux ? Avaient-ils envie d’en découdre ? Voulaient-ils être soudainement transportés auprès de leurs familles ? Il n’en savait rien. Il n’en avait cure. La vie est souvent injuste, n’est-ce pas, et les choses n’arrivent pas toujours pour une raison. Des gens mourraient probablement aujourd’hui, et personne ne les pleurerait. A part peut-être une matrone dans un port, qui en ferait une chanson obsédante, capable de rester quelques jours dans la tête. Soudain l’ordre retentit. Les grappins jaillirent, déchirant les voiles, attrapant mats, cordages et balustrades, tirant le navire assez proche pour que les deux bâtiments se cognent l’un contre l’autre dans un grand fracas. A peine la commotion était-elle terminée qu’Eard se jetait sur le pont, l’épée à la main.
Les paroles de la chansons commençaient à revenir. “We dance all day upon the rolling waves”. Il para l’attaque maladroite d’un matelot, et répliqua en croissant de lune, entaillant les jambes du pauvre hère, l’écartant d’un coups d’épaule pour le précipiter tout droit dans les flots. Autour de lui, la mêlée venait d’éclater, et sur tous les recoins du bateaux se croisait l’acier et saignait les corps. Se frayant un chemin vers l’intérieur du navire, Eard chercha la ligne de front, essayant de se diriger vers la cabine du capitaine. L’excitation commençait à monter de paire avec l’adrénaline. Les combats lui avaient manqué. Un parade, une fente, et le sang de l’ennemi qui vient éclabousser lame, gambison et visage. Il savait que s’il arrivait à choper les officiers le combat serait beaucoup plus court. Mais pour ça il devait d’abord dégager un peu l’allée. Et pour ça, rien de mieux que la bonne vieille technique du “je te tranche tu es mort”. Tout ça avec une chanson qui continuait à lui trotter dans la tête, et qu’il se retrouva même à chantonner au milieu de la mélée. “We dance all day upon the rolling waves, we dance all day on your grave.”
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Sujet: Re: Bataille sur les flots Mar 1 Sep 2015 - 18:25
Bataille sur les flots
Eard & Spic
« L'abordage ! L'abordage ! On se suspend au cordage, on s'élance des haubans ! » Victor Hugo
Sa longue vue coincée contre son œil droit ouvert, Spic, maître d'équipage du Crépusculaire, regardait vers l'horizon. Il poussa un juron tandis qu'il rangeait son outil de vue à son ceinturon, pivotant sur lui-même pour faire aux quelques pirates de l'équipage près de lui. D'un ton bas mais assez ferme pour que même le vent n'étiole pas ses paroles, il s'exclama :
« Préparez-vous. Ces bougres ne nous lâcheront pas. Il va nous falloir les jeter par le fond, aux armes ! »
D'un bond, il sauta par-dessus la rambarde, une main cramponnée dessus, et chuta agilement jusqu'en bas où ses bottes claquèrent sur le plancher usé. D'un pas nerveux, il s'élança vers la cabine d'Aaren, toquant violemment sur la porte. Celui-ci sortit, l'air bougon comme d'accoutumée, mais Spic ne se laissa pas défaillir par sa mine mécontente et lui annonça la nouvelle de l'assaut imminent. Le Capitaine hocha brièvement du chef et entreprit de prendre en main la suite du commandement, seconder par Selen qui passait par là. Les trio gérant du Crépusculaire alla s'armer, l'un d'un sabre aiguisé, l'autre de son propre sabre et Spic également, en plus de ses fameux surins dissimulés sous sa veste de cuir ciré. Chacun alla se poster à un endroit stratégique du navire, on lança des ordres pour rabattre les voiles et le faire ainsi ralentir. Spic, avec l'agilité digne d'un singe, se mit à grimper dans les haubans, s'accrochant au mât principal et aux cordages pour se hisser jusqu'au pavillon, sous le drapeau noir, et inspecter l'horizon à nouveau. Le navire ennemi se rapprochait considérablement, rapide comme un goéland au-dessus des flots. Il eut un sourire et se sentit curieusement impatient d'en découdre avec ces fous. Le Crépusculaire avait anéanti l'Indomptable, ce n'était pas quelques corsaires de bas étage qui allaient les effrayer. La tension mêlée d'excitation combative était palpable, un frémissement s'insinuait dans tous les membres de l'équipage et quelques cris de menace éclatèrent à la vue du rafiot qui transperçait les vagues jusqu'à eux.
Les coups de canon retentirent, lâchant des grappins qui vinrent déchiqueter l'unique voile encore sorti, s'enrouler autour du mât de beaupré qui craqua et oscilla légèrement. Spic, par prudence et pour ne pas rater une miette du combat, se laissa glisser des deux mains le long du grand mât, ne le lâchant qu'à quelques coudées du sol. Il cria, les deux bras en l'air, son sabre dans l'un de ses poings, riant à perdre haleine. Il se rua ensuite dans la mêlée, tranchant autant l'air que des membres au hasard, tel un chien enragé et lançant crocs et griffes à l'aveuglette, dans l'unique but de tuer le plus possible. Le jeune maître d'équipage ne cessait de rire, davantage quand une gerbe de sang accueillait ses mouvements larges et hasardeux et venait l'asperger copieusement des pieds à la tête. Au cœur même de la tornade, lui-même tournoyait comme ce siphon de vents, et ses allures de taré firent reculer certains de ses adversaires qui l'entourèrent, à distance prudente, comme des corniauds jaugeant un chat furieux.
« Et alors, marins d'eau douce ? On a la trouille ? » fit-il, goguenard, son œil pétillant de la fièvre du combat.
Cédant à la provocation, deux d'entre eux le chargèrent, hurlant comme des possédés. D'un bras leste, le sabre de Spic se baissa et fit un mouvement circulaire vers le bas, atteignant le gras du bide du premier en piste, avant de s'élever en diagonale pour lacérer de la pointe du sabre la gorge et une partie du visage du second. Il fit un tour sur lui-même, revenant alors sur ses deux victimes, l'un gerbant ses tripes, l'autre à la recherche de son nez tranché, l’œil gauche pleurant du sang à flots. Spic les observa un instant, un large sourire aux lèvres, avant de leur tourner le dos et courir ailleurs, à la recherche d'un adversaire à sa mesure.
Sujet: Re: Bataille sur les flots Jeu 3 Sep 2015 - 0:53
Bataille sur les Flots
Autour de lui tout n’était que chaos, destruction et hurlement. Le sang jaillait autant que les cris des mourants, entre lesquels se découpaient occasionnellement le son d’un corps qui chute à la mer. La mêlée était furieuse, bien loin des duels calmes ou des rangs organisés d’une armée. C’était chacun pour soi, et Illuvatar vous préserve. Et après tout, cette solution était clairement la plus drôle de toute. S’il avait fallu attendre, tenir tranquillement et mourir avec ses camarades, Eard se serait barré en vitesse. Au milieu des rangs adverses, son épée droite faisait des ravages, prenant avantage de sa capacité d’estoc au milieu du ponts embouché de gens où faire un mouvement tenait parfois du miracle. Les marins eux mêmes n’étaient pas de piètres combattants, et se débrouillaient souvent clairement bien, mais ils restaient avant tout des marins. Eard n’était rien d’autre qu’un combattant, et un combattant de mauvaise humeur. Sa petite chanson lui tournait encore dans la tête, l’asticotant par moment, et ajoutant à l’agacement de sa condition.
Il leva sa jambe et balança un coup de pieds dans le sternum de son adversaire actuel, le déséquilibrant assez pour avoir le temps de se fendre au moment où son pieds retombait à terre et embrocher le malheureux. Poussant le cadavre d’un coups d’épaule et en dégageant sa lame, il se retrouva sur un endroit du pont un peu plus espacé, assez au moins pour qu’il puisse voir la manière dont tournait la bataille. Cela se passait mal, pour le moins qu’on puisse dire. Même si les pirates avaient pu prendre pieds sur le pont et se garder assez de place pour débarquer, ils se faisaient lentement repousser vers leur bateau. A ce rythme, ils allaient devoir rembarquer, et abandonner l’abordage. Ce n’était pas son affaire, tant qu’il avait de quoi faire. Il se laissa quelques secondes, sifflotant avant de re-entrer dans la mêlée.
Un front était en train de céder, donnant un bon endroit à Eard pour se jeter, juste assez tôt pour voir un des ennemis découper deux de leur gars en hachis de quelques coups de sabre bien placés. Une tornade de coups et de furie, riant au milieu de la mêlé comme un forcené enragé. Le jeune Dunlending eu un petit soupir suivi d’un léger sourire en coin. Ils n’apprendraient jamais le bonheur du combat. Bande de brutes… mais brutes sympathiques à cogner. La tornade de coups se dirigeait vers lui, taillant au milieu des matelots de son navire. Observant la façon dont il se déplaçait, Eard resta sur place jusqu’à ce que la tornade soit sur lui. Suivant du regard les mouvements du sabre, il fit en sorte de se placer légèrement de côté, l’épée prête. Et au moment où s’abattait l’arme ennemi, il la bloqua en diagonale, s’effaçant sur le côté. Il avança son pied, et retirant son poignet envoya un joli coup de pommeau sur le crâne de l’ennemi, qui trébucha, se prit la jambe dans son croche-patte, et s’affala sur le pont du navire.
Eard recula d’un bond en arrière, fit quelque mouvement de poignets et se remit en position de garde. Il avait volontairement décidé de ne pas trop amocher le pauvre gus. Un combat intéressant ne pouvait pas se faire s’il décidait simplement de le planter alors qu’il regardait ailleurs. Ce serait bien plus rigolos s’il se jetait gentiment sur lui en pleine possession se ses moyens, même si c’était uniquement pour se faire empaler par l’acier du jeune homme quelques minutes plus tard. Et bien sur, cette foutu chansonnette lui restait dans la tête… il lança un regard pétillant à l’ennemi qui se relevait, et chantonna dans sa barbe.
“I’m giving you fair warning you never should ignore, if you piss me off i’ll throw you overboard.”
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Sujet: Re: Bataille sur les flots Sam 5 Sep 2015 - 0:02
Bataille sur les flots
Eard & Spic
« L'abordage ! L'abordage ! On se suspend au cordage, on s'élance des haubans ! » Victor Hugo
A force de courir comme s'il avait les fouets du diable à ses trousses, ricanant tel l'un de ses sous-fifres cornus, il avait fini par tomber sur une armoire à glace qui présageait de l'amusement. Aussitôt, imitant le chien ayant flairé une excellente piste, il s'était rué sur l'homme en question ; s'ils rivalisaient tous deux de taille, il était clair que Spic ne faisait pas le poids en largeur d'épaules. Là où Espirek avait une allure reptilienne, d'une vipère sinueuse et perfide, jusque dans le regard, l'homme en face de lui lui rappelait la force brute de l'ours et sa sauvagerie exemplaire. Le Maître d'équipage du Crépusculaire avait tournoyé autour de sa proie, jouant du sabre entre ses doigts bandés de tissus crasseux, s'humecta les lèvres d'excitation. Son œil assombri de traits noirs ne cillait presque pas alors qu'il fixait sa victime toute choisie.
Les choses se passèrent très vite. Spic asséna une frappe du haut vers le bas, poussant un hurlement hystérique, que le gaillard évita d'un pas agile sur le côté, maniant sa propre lame de façon à bloquer la sienne. La parade fut rapide et Spic n'eut pas le temps de dire « ouf » qu'une douleur lancinante lui explosa le sommet du crâne et le fit s'avachir sous le choc inattendu. L'armoire à glace le jaugeait ensuite de toute sa hauteur, laissant à Espirek le soin de se demander pourquoi il n'en profitait pas pour l'achever. A la place, il chantonnait, le bougre, un air que le plus vieux des deux avait déjà entendu dans une taverne quelconque. Ben voyons, un barde, ici ? Un rire sardonique éclata de la bouche poisseuse de sang de Spic qui en bava un filet rosâtre. Il se releva d'un bond et se rendit compte qu'il avait paumé son sabre. Il leva les bras en signe d'impuissance.
« T'm'en vois navré, mon gars. T'as fait couler ma dernière épée valable. »
Il rit davantage, imposant une ambiance malsaine à ce bref échange verbal. Spic recula d'un pas, bloqua en une drôle de position, presque accroupie, ne quittant pas des yeux son adversaire.
« J'suis pas idiot. C'est pas mon terrain, ici, j'ai perdu mon arme... Et j'suis pas prêt d'mourir. »
D'un bond prodigieux, il alla s'agripper avec l'habilité du singe toute en souplesse à un cordage qui pendait au-dessus de sa tête, légèrement déplacé par le choc qu'eurent les deux navires à la rencontre. Il se balança et se rattrapa aux enfléchures pendant sous le grand mât auxquelles il grimpa puis se hissa jusqu'à la hune, disparaissant derrière la seconde voile, ne devenant plus qu'une ombre grise à contre-jour. Il réapparut de l'autre côté, en équilibre sur l'étai, les bras en croix. Son petit jeu de funambule était risqué à cause du roulis, mais, étant né sur un rafiot comme le Crépusculaire, il avait appris à gérer son mouvement berçant des vagues sous ses pieds depuis le berceau. C'était un jeu d'enfant pour lui de se mouvoir ainsi dans les haubans et encore plus haut. Il marcha ainsi jusqu'à ce qu'il puisse sauter pour atteindre la hune du mât de misaine et s'y posa enfin, un oeil vigilant détourné en contrebas, attentif à la suite du combat. Rapidement, il vit que le Crépusculaire repoussait vaillamment l'assaut de ces foutus porcs et il poussa une exclamation féroce de joie. Son regard tomba alors sur celui qui lui avait fait perdre son sabre, juste en bas du mât, apparemment désireux de le faire descendre - ou de le rejoindre. Spic, mauvais, lui cracha dessus de son perchoir.
« Viens, viens, si tu l'oses, tête d'empaffé ! » le nargua-t-il, tâtant précautionneusement un surin sous sa veste, l'un d'entre eux en tout cas ; après seulement avoir vérifié cela, il se sentit rassuré et sourit davantage, gigotant sur place comme une puce. « Ah ouais, qu't'as peur ?! »
Sujet: Re: Bataille sur les flots Dim 6 Sep 2015 - 0:46
Bataille sur les Flots
Bon dieu… la marine n’était vraiment pas fait pour lui. Etait-ce le sel qui leur embrouillait la tête où étaient-ils nés comme ça, le jeune Dunlending n’en savait rien, mais en ce moment précis il ne rêvait que de retourner sur la terre ferme, où ses adversaires avaient au moins le mérite d’être des gens normaux. Ou du moins qui ne se tenaient pas accroupis comme des animaux au milieu de la bataille, avant de sauter dans les cordages comme des singes. Certes, il avait perdu son épée, un désavantage certain, mais vu le nombre de cadavre qui commençait à s’entasser sur le pont, il n’aurait pas été difficile de s’en retrouver une.
Il ne lui restait cependant pas dix milles solutions. Soit il le suivait là haut pour continuer son duel, soit il restait au sol et continuait une bataille déjà bien mal engagée. Ils se faisaient repousser par les adversaires, certes moins nombreux mais bien plus agressifs et apparemment plus doués. Les pirates tenaient encore vaillament le bout de terrain qu’ils avaient gagnés sur le navire, mais pour combien de temps encore...non, foncer au coeur de la bataille serait dangereux, et monter aux cordages purement et simplement suicidaires. Il était fils de la terre et des chevaux, pas du vent et des cordages. Son épée longue lui aurait été inutile, et la chute l’aurait tué aussi certainement que son adversaire.
Réfléchissant quelques secondes, il pensa à une solution médiane, qui aurait au moins le mérite de l’aider à finir son duel. Eard se laissa filer en arrière, laissant sa place au front à d’autres des pirates, et se mit à courir en direction de l’Allegria, empruntant les planches de bois qui avaient été installés pour servir de passerelles aux troupes. Courant à toute vitesse, il sauta sur le pont et attrapa le paquet qu’il avait laissé là. Il devait normalement servir à l’abordage où à la retraite, mais l’utiliser maintenant n’était pas bien moins utiles. Reprenant le chemin inverse, il revint sur le pont adverse, gardant ses arrières dans la ligne de bataille. Il commença à ouvrir le paquetage, le déballant de ses mains expertes, faisant chuter au sol la toile cirée pour révéler un arc et un petit fagot de flèches. Il eut un petit sourire et posa un genoux à terre, détacha les flèches et en prit trois dans sa main de tir. Puis, encochant la première, il leva les yeux vers les cordages.
Vu. Il était là, son adversaire, basculant en équilibre sur l’étai. Il semblait lui même l’avoir vu, et commençait à l’agonir d’injure, à asticoter sa prétendue frousse, bref à essayer de l’énerver? Cela ne fit qu’agrandir le sourire d’Eard, qui se releva brusquement, l’arc braqué vers l’impoli. En successions rapides, il décocha les trois flèches. Cela lui prit moins d’une seconde pour les envoyer toutes voler vers la mâture, en direction de son nouvel amis. Certes, elles pouvaient se perdre dans le reste de toile ou dans le bois des mats, mais il était confiant dans le fait qu’au moins une toucherait l’impudent. Il recula de quelques pas, histoire de suivre la ligne de front qui reculait et de ne pas se prendre par inadvertance un mauvais coups, et pris trois autre flèche dans son rouleau. Repérant à nouveau le mouvement en hauteur, il les décocha elles aussi, en successions moins rapides mais plus précises.
Serait-elles suffisantes pour faire descendre le singe de l’arbre ? Peut-être. De toute façon, il pouvait essayer de s’y cacher, en descendre volontairement, ou sous la force de la gravité, une flèche dans le flanc. Et Eard savait pertinemment quel cas il préférerait lui même.
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Sujet: Re: Bataille sur les flots Jeu 10 Sep 2015 - 19:17
Bataille sur les flots
Eard & Spic
« L'abordage ! L'abordage ! On se suspend au cordage, on s'élance des haubans ! » Victor Hugo
En voyant celui qu'il venait de narguer prendre la direction du bateau dont il venait, Espirek fut pris d'un fou rire et pointa son doigt dans la direction du manant, son autre main plaqué sur son visage telle une serre, comme s'il avait l'envie de dissimuler son hilarité sonore.
« Cours, cours, petit lapin ! Cours ! »
Son amusement ne dura pourtant pas longtemps. Ses yeux suivaient l'avancée de cet homme et il put rapidement remarquer qu'il ne fuyait, en fait, pas du tout ; il revint rapidement sur ses pas, dévalant les planches de bois ayant servi à l'abordage, un paquet de toile sous le bras. Spic arqua un sourcil en point d'interrogation, se tenant à nouveau fermement d'une poigne à une corde épaisse qui constituaient les éflenchures, ses pieds bien placés en équilibre sur son pavillon tout choisi, de façon à garder une vue d'ensemble sur le combat d'en bas. Il se pencha en avant, comme si allonger son cou en contrebas pouvait lui permettre de voir plus rapidement ce que contenait le fameux paquetage. Enfin, il vit l'homme en sortir un arc et un carquois de cuir souple.
« Oh, oh... »
Mi-amusé, mi-craintif, il se mit à se demander ce qu'espérait cette armoire à glace ; le tirer comme un faisan alors qu'il était perché ainsi, si haut, avec la houle qui faisait bouger en tout sens les haubans ? Il se mit à ricaner mais quiconque aurait été assez proche de lui pour l'entendre y aurait perçu une pointe de méfiance, voire de peur. Il ne quitta pas des yeux les gestes de son adversaire et, lorsqu'il banda l'arc, une première flèche contre le fil tendu, il se leva d'un bond, cherchant par quel moyen il pourrait fuir cette salve meurtrière.
La première flèche le frôla de peu au-dessus de sa tête, emportant une mèche de cheveux de son crâne déjà partiellement dégarni. Le singe poussa une exclamation de surprise suivi d'un juron tandis que le second tir faillit bien lui transpercer l'épaule ; dans l'envie de se mouvoir pour éviter le prochain tir, il manqua de chuter et se rattrapa de justesse en agrippant une corde qui pendait non loin. Il tomba, suspendu à ce cordage, et l'élan de sa chute alla l'envoyer se cogner contre le mât lui-même et le sonna quelque peu. Sa ténacité lui permit de garder son emprise et, par expérience et habitude, il se hissa tant bien que mal, le coeur battant la chamade. A nouveau sur le pavillon, le souffle court cette fois, et bien moins goguenard que précédemment, il put voir la troisième flèche fiché dans le bois et son sang ne fit qu'un tour. Il n'était pas une vulgaire proie qu'un archer de pacotille pourrait frapper ainsi ! Redressé de tout son long, Espirek brandit le poing dans la direction de son assaillant et le maudit.
« Ah, c'comme ça que tu te bats ? »
Il vit avec effarement que l'homme n'en avait pas fini et bandait encore son arc, trois autres flèches prêtes à être projetées droit sur lui. Il évita les deux premières sans trop de mal, s'étant baissé suffisamment pour se trouver derrière un pan de la voile dans laquelle les pointes de fer allèrent se ficher. La dernière de ce lancer fit mouche. Elle alla se planter dans l'épaule gauche de Spic qui poussa un hurlement de douleur, une plainte d'animal furieux. En bas, il vit son ennemi souriant pleinement, apparemment satisfait, et il l'injuria de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables. De sa main droite, il alla attraper la flèche plantée dans sa chair, sous sa clavicule, et l'arracha en créant une gerbe de sang qui vint abreuver le bois du pavillon. Ce n'était que de la douleur et une bien petite plaie par rapport à ce qu'il avait déjà subi, pourtant, il sentit sa vue se brouiller quelque peu et s'en frustra. Sa main pleine de sang alla fouiller sous ses habits et sortit un couteau de lancer sur lequel il loucha avant de reporter son regard sur celui qui allait recevoir la pointe. D'un mouvement précis, expert, il lança la petite lame vers le bas, la gravité l'aidant à viser de son mieux.
« Crève ! » rugit Espirek, se mettant alors à pousser des cris bestiaux surexcités.
Sujet: Re: Bataille sur les flots Sam 12 Sep 2015 - 21:29
Bataille sur les Flots
Une sur trois. Pas mal pour une première volée. Certes, il n’avait fait que lui changer sa coupe de cheveux, déjà contestable, mais cela restait une victoire. La deuxième salve eut plus de succès. Malgré le raté large des deux premiers projectile, il réussit à l’atteindre à l’épaule, enfonçant la pointe en plein dans la clavicule. C’était déjà étonnant qu’il ait pu éviter autant de projectiles. Il avait l’habileté d’un singe, et se déplaçait dans la mature d’une manière réellement impressionnante. Suspendu à une main, se lançant dans les cordages, ou contorsionné pour se caché derrière les pans de voile, il se montrait leste et précis, et devait probablement faire un marin d’exception. Dommage qu’il n’ait pas la capacité mentale de se concentrer plus de cinq minute sur une tâche simple, ou qu’il ne puisse se retenir d’injurier et moquer ses adversaires, cela aurait fait de lui un bon combattant.
En tout cas, avec une flèche dans l’épaule, il sauterait moins dans les cordages, au moins pendant quelques jours. Eard détourna son regard de l’idiot pour le fixer sur le combat. Il allait devoir partir, cela devenait évident. Ils étaient repoussés (un terme plus proche aurait été taillé en pièce) par leurs adversaires, qui n’étaient décidément pas de simples marchands. Celui qui avait décidé de s’attaquer à ce bâtiment n’était clairement pas le plus intelligent qu’on puisse trouver, et se ferait probablement jeter à l’eau dés qu’ils seraient assez éloigné pour pouvoir le faire en sécurité. Il allait faire demi-tour lorsqu’il vit quelque chose foncer vers lui à la limite de son champs de vision. Il essaya d’éviter le projectile, mais il ne put que se décaler légèrement. Le couteau de lancer le percuta sur la pommette et lui fila le long de la joue, l’ouvrant largement jusqu’à la bouche, déchirant une partie de sa joue.
Le sang lui coulait sur le visage. Le couteau ne lui avait pas traversé la joue, mais la blessure n’était pas bénigne. Une douleur lancinante s’en échappait, l’empêchant de se concentrer. Les seuls sons qui remontaient jusqu’à lui étaient les cris d’animaux stupides que produisait l’autre putois, en train de sauter sur son mats. C’était donc cet emmerdeur, qui s’était finalement fait pousser une paire. Au moins, il avait réussi à faire quelque chose à la hauteur de sa verve. Malheureusement, Eard ne pouvait plus guère riposter. Aller le chercher maintenant serait encore plus suicidaire qu’avant, et il n’avait plus guère de temps pour lancer des flèches depuis se pont. Cependant, avant qu’il ne parte s’occuper du souvenir que cette ordure lui avait laissé, il pouvait lui rendre la manière.
Avec une bonne partie des autres pirates, Eard retourna sur le navire, dont on commençait à décrocher les grappins et retirer les rampes. Tenant toujours son arc à la main, il alla dans sa cabine, chercher deux petites affaires de son paquetage, qu’il comptait garder pour les nuits difficiles qu’il passerait en forêt à son retour. Retournant sur le pont, il vit que les deux navires n’étaient pas encore tout à fait dégagés. Il repéra le singe toujours à sa place, et lui sourit. Il attacha la petite flasque d’huile au bout d’une première fléche, qu’il lui déchocha dessus. Peu importait que la flèche ne le blesse pas, la flasque éclaterait suffisament pour rendre les choses intéressantes. Puis il entortilla un bout de tissu, déchiré de sa chemise, au bout de l’autre flèche. L’enflamma d’un coup de son briquet à amadou. Et tira, un sourire au lèvre, espérant laisser à cet énergumène un cadeau… inneffaçable.
AVENGEDINCHAINS
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Sujet: Re: Bataille sur les flots Lun 14 Sep 2015 - 14:06
Bataille sur les flots
Eard & Spic
« L'abordage ! L'abordage ! On se suspend au cordage, on s'élance des haubans ! » Victor Hugo
Sa chère petite lame atteignit sa cible, peut-être pas aussi bien que l'aurait voulu Spic, mais assez pour qu'un rire victorieux et malsain éclate dans le ciel, tout droit de sa gorge ravagée par la barbe. Il avait beau avoir mal, il était surtout ravi d'avoir pu rendre la pareil à ce salaud. Alors qu'il était prêt à répéter son acte précédent, il vit sa cible se mouvoir et suivre le troupeau de moutons qui, de toute évidence, fuyaient. Ils avaient gagné ! Fallait-il leur en vouloir de prendre leurs jambes à leur cou pour sauver leur peau, à ces poltrons ? Espirek ne le pouvait car, à leur place, il aurait fait de même ; il avouerait même avoir pris la fuite bien avant que l'état de défaite évident ne saute aux yeux. Il tenait plus à sa vie qu'à n'importe quoi d'autre au monde et sa réputation de bon combattant, il s'asseyait lourdement dessus.
« Ouais, ouais, OUAIS ! Courez, vous n'faites pas l'poids ! » hurla-t-il des haubans, hilare. « Ca vous apprendra à vouloir vous en prendre au Crépusculaire ! Personne n'est d'taille ! Du vent, misérables ! » Il brandit son poing, se laissant suspendre par une corde qui l'envoya valdinguer de tous les côtés. « Bande d'insectes ! On vous a écrasés ! »
Il riait toujours, incapable d'imaginer une autre fin pour lui, et ne vit pas assez vite les deux lancers que celui qu'il avait blessé fit à son encontre. L'huile l'aspergea, lui arrachant un juron de surprise, suivi de près par un bout de tissu enflammé. Avant même que le pirate ne prenne conscience de ce qui lui arrivait, la toile toute entière prit feu, à une seule coudée de lui, lui envoyant une bourrasque brûlante dans le visage. Sous la stupeur, Spic lâcha la corde à laquelle il se tenait et chuta dans le vide, poussa un cri inarticulé quand il se cogna au mât auquel, dans une tentative désespérée, il arriva à se raccrocher de justesse. L'huile qui y avait légèrement coulé l'empêcha de s'agripper convenablement, ce qui, déjà en temps normal, aurait été difficile. Bras et jambes entourant le large poteau de bois vernis, il continua de glisser jusqu'au plancher, son cul percutant violemment le sol. Une fois à terre, il se rendit compte qu'un bout de sa veste était en flammes et il s'en dépêtra en couinant et en jurant, s'agitant en tous sens comme un possédé.
Alors que le tissu déjà noirci fut tombé, il donna de violents coups de pieds rageurs dessus pour en éteindre les dernières flammèches. Il regarda, furibond, la dernière provocation de celui qu'il avait tenté de tuer, avant de lever son regard assassin sur l'autre navire où, sur le pont, il vit cet homme. Il croisa son regard et ils se jaugèrent ainsi, de loin, l'un souriant de son coup, l'autre en colère. Finalement, Spic rendit grâce d'avoir survécu et, ignorant superbement le feu grondant au-dessus de sa tête, il se rua sur le bastingage et se pencha à moitié par-dessus bord. D'une voix de tonnerre, il s'exclama à celui qui avait failli le faire ressembler à un poulet rôti :
« Toi, là-bas ! Retiens mon nom ! Espirek Kester ! Retiens-le bien car c'est le nom de celui qui te tuera ! »
Spic lui aurait bien lancé un surin de plus, histoire de voir s'il pouvait lui planter la mâchoire ou lui refaire le portrait d'une quelconque façon, mais le vent levant ne lui permettrait pas une telle chose et il abandonna l'idée, quoique tentante. Il se contenta de river ses yeux bleu-gris sur son nouvel ennemi, un sourire carnassier aux lèvres, promesse de retrouvailles mortelles.