Oups, excu...Ah, c'est vous ! 8D [feat Galion]

Kiëlle était heureuse d'être enfin de retour à Mirkwood. Elle venait de passer trois mois à Rivendell, et même si elle adorait Rivendell, ses parents lui manquaient un peu. Et puis, trois mois au même endroit, parfois, ça lui semblait vraiment trop. Elle avait donc repris la route avec plaisir, sa sacoche pleine de lettres diverses, uniquement du courrier personnel, le sourire aux lèvres. Elle n'était jamais plus heureuse que quand elle voyageait. Sur les routes, elle vivait, elle vivait malgré les dangers.

Ce voyage-ci avait été plutôt tranquille, bien qu'elle ai croisé des orcs à un moment, l'obligeant à patienter deux heures, dissimulée dans un arbre. Ce n'était guère facile pour elle d'être discrète, de ne pas faire de bruits, mais elle savait que c'était vital. Si elle se faisait repérer, elle se ferait attaquer, et n'aurait que très, très, très peu de chances de s'en sortir. Or, le monde était bien trop grand, et elle n'en avait vu qu'une toute petite partie ! Il était hors de question qu'elle périsse maintenant.  

Enfin, elle avait tout de même fini par atteindre Mirkwood sans trop d'encombres, et en un seul morceau. Ce n'était pas rien, tout de même. L'elleth avait immédiatement filé saluer ses parents. Oui, elle aurait du donner les correspondances à leurs destinataires en premier, mais elle n'avait pas vu ses parents depuis bien trop longtemps, et puis après tout ce temps, quelques instants à patienter de plus, ce n'était rien, pas vrai ? Elle, elle en avait assez d'attendre, ce n'était pas comparable, il s'agissait après tout de ses parents.

L'elfe avait gagné un regard réprobateur de son père, quand il vit qu'elle avait toujours les lettres, et une étreinte réconfortante de sa mère, qui était bien heureuse de voir son enfant de retour. Malgré les années, sa mère craignait toujours pour sa vie et Kiëlle commençait à comprendre que cela resterait sans doute toujours ainsi. Alors, elle se laissait enlacer avec plaisir. Enfin, il avait tout de même fallut, qu'elle aille accomplir ce que pourquoi elle était là, à la base.

C'est donc toujours aussi souriante, que l'elleth s'était mise à parcourir les couloirs et les allées, pour discuter son courrier. Certains regardaient avec dédain, voir avec mépris, son comportement enthousiaste, tandis que d'autres se contentaient d'ignorer ce fait et de sourire, une fois la lettre qu'ils attendaient entre leurs mains. Après tout, elle était juste la messagère, quelle importance, qu'elle soit aussi vive !

Et Kiëlle était heureuse. Elle aimait son métier. En général, ses lettres étaient porteuses de bonnes nouvelles, celles qui éclairent le visage et font briller les yeux. Rares étaient les fois où elle avait été porteuse de mauvaises nouvelles...Et là, il fallait avouer que ce n'était pas facile pour elle. Elle n'aimait pas voir les gens malheureux, mais elle respectait leur peine, et repartait silencieusement, une fois la lettre donnée. Même si elle aurait voulu être compréhensive, câline, réconfortante, elle savait que ce n'était pas son rôle.

Enfin, aujourd'hui, tout allait bien. Elle pouvait donc courir à loisir, en essayant de ne renverser personne. Elle donna une dernière missive, et put constater que sa tâche était finie. Comme toujours, elle allait rester à Mirkwood quelques mois, et repartir avec de nouvelles lettres et une envie de voyager irrépressible. Elle était un peu plus calme que dans ses jeunesses, puisqu'elle pouvait désormais s'épanouir pleinement sur les routes, pendant ses voyages. Ainsi, elle supportait beaucoup mieux, ses mois au calme, à Mirkwood ou à Rivendell.

Kiëlle allait donc de son pas guilleret, dans Mirkwood. Elle songeait à retourner voir ses parents. Ou alors, à aller lire dans un coin, au calme. Enfin, elle était contente, et était, comme bien souvent, perdue dans ses pensées. Comme elle ne courrait plus vraiment, elle ne faisait plus attention à ne renverser personne. Après tout, elle allait suffisamment doucement pour que les elfes l'évitent !

Sauf que bien sûr, rien ne passe jamais comme on le pensait. Kiëlle rentra assez violemment dans quelqu'un, et elle ne resta debout que grâce à son équilibre surhumain. C'est drôle, mais le choc lui avait semblé un peu trop...solide ? Elle releva les yeux vers la personne qu'elle avait bousculé. Enfin, elle avait plutôt bousculé la cruche de vin que tenait...Galion ! Oulà ! Il allait s'énerver, à coup sûr. Et lui jetait un de ses regards censés la glacer sur place, voir la réduire à une petite chose obéissante.

Kiëlle faillit s'excuser, parce que sa mère lui avait appris à bien se comporter, mais il s'agissait de Galion. Elle inclina légèrement la tête, et lança, toute joyeuse :

« Bonjour, messire ! Il me semble que vous ne regardiez pas où vous alliez...Oh, c'est du vin ? Non, vous n'avez pas bu, tout de même ? Je vous pensais plus sérieux que ça...»

Elle ne réussit pas à retenir son sourire malicieux. Bon au moins, elle n'avait pas ri. Et son ton, mi-réprobateur mi-surpris, était parfait. Niark.

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Le capitaine de la garde du roi Thranduil semblait, comme à chaque fois que sa route avait le malheur de croiser celle de Kiëlle, furieux. Et bien sûr, il la regardait de haut. Ce qui au final, n'avait pour seul impact que de la rendre plus encline à l'embêter. Il ne l'aimait pas, cela se voyait, elle l'énervait. Pourquoi aurait-elle ignoré cela ? Il était plus aisé de taquiner quelqu'un qui vous vouez de base une certaine hostilité.

La tunique de Galion était ornée d'une belle tâche bordeaux, qui accentua le sourire de Kiëlle. Après tout, n'était-ce pas là un juste retour des choses ? Quelle idée de se balader ainsi avec une cruche de vin, sans même regarder devant soi ! Et non, l'elleth n'était pas absolument pas responsable de cette collision. Elle était occupée à penser quelque chose d'important elle, et puis, n'était-il pas un soldat ? N'était-il pas censé être plus attentif, plus sur le qui-vive que les autres ? Voilà, tout était la faute de l'ellon. Il n'avait qu'à regarder où il allait, au lieu de marcher le nez dans sa coupe de vin.

Après ses paroles, Kiëlle eut presque envie de reculer. Les doigts de l'elfe étaient crispés sur sa coupe presque vide, et elle craignit un instant qu'il ne lui jette le vin restant au visage. Mais non, le capitaine de le garde était bien trop sérieux, trop responsable pour cela. Elle, elle l'aurait sans aucun doute fait, mais lui, non. Son regard noir glissa sur l'elleth, qui se demandait si la tunique de l'elfe retrouverait un jour sa couleur originale. Après tout les tâches de vins, n'étaient pas des plus faciles à faire disparaître. Elle se rappelait d'une fois où sa mère avait…

Kiëlle fut ramenée à l'instant présent par la voix froide de Galion. Elle n'apprécia guère d'être traitée d'idiote, fronçant les sourcils. Mais elle s'amusa de son hésitation, quasiment imperceptible, mais pourtant présente. L'accusation sous-entendue dans ses paroles, la vexa par contre. Comment ça, qu'est-ce qu'elle complotait ? Elle n'avait jamais rien fait à Mirkwood qui méritait ce genre de questionnement...non monsieur, elle, les bêtises, elle les faisait à Rivendell ! Mirkwood et Thranduil étaient trop sérieux, et quelque peu effrayant, il fallait l'avouer, pour qu'elle ne se perde en farces et plaisanteries.

Et puis, il y avait ses parents, à Mirkwood. Elle ne s'était pas faite tirée les oreilles par son père depuis bientôt cinquante ans, et ça ne lui manquait pas. L'elleth n'hésitait pas à faire des bêtises à Rivendell, des petites bêtises, enfantines, celles qui n'obligeaient pas à l'envoi d'un courrier à ses parents pour leur préciser le comportement tapageur de leur fille. Elle ne voulait pas être punie, après tout. Elle n'était pas connue pour son calme, bien sûr, mais cela méritait-il vraiment la suspicion de Galion ?

Kiëlle prit un air froissé, une moue d'enfant blessée, avec ses grands yeux verts, et répondit, d'une petite voix :

« Je remplissais ma tâche, messire, je...Je ne faisais rien de mal, je ne complote pas, moi...Je suis gentille, et vous...Vous êtes méchant, vous savez ? »  

S'il avait été aisé de la prendre pour un ange, pendant un bref instant, elle ne tarda pas à perdre son air d'enfant, et reprit, souriante, la tête penchée, comme joueuse :

« Et il me semble clair que vous avez un faible pour cette boisson enivrante qui recouvre présentement votre tunique. Le bordeaux vous va très bien d'ailleurs. Vous alliez aux caves ? Je sais que je ne vis ici que la moitié du temps, mais il me semble que les caves ne sont pas par là...Voyons messire, alliez-vous boire seul ? Vous, le capitaine de la garde, messire Galion ? Tiens, j'aurais cru que vous ne vous abaissiez pas à cette facilité qu'est l'alcool...Avez-vous des problèmes, messire ? Vous savez, il faut en parler...Après je comprends que cela ne soit pas simple pour vous, avec vos responsabilités, votre métier...»

Ce n'était rien d'autre qu'un jeu, après tout. Un jeu vain : elle n'était pas plus forte, pas plus intelligente que Galion, mais elle l'énervait. Et, cela lui était plaisant au plus haut point.

Sur sa dernière phrase, elle avait volontairement pris un ton lourd, comme harassée par le simple fait de parler du métier de l'elfe et de son sérieux. Ce qu'elle aimait le rendre fou ! Elle avait conscience de jouer avec le feu : son statut était bien plus conséquent que le sien, mais dans le fond, cela n'avait aucune importance. Elle avait presque l'impression d'être en position de force dans l'instant présent, et elle comptait bien en profiter.

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Kiëlle songea vaguement que l'elfe devrait vraiment la prendre pour une idiote, ou pour la pire des insolentes. Ce n'était pas pour lui déplaire, mais ce n'était pas quelque chose de positif, en soi. Il était l'un des capitaine de la garde, un elfe haut-placé, et...en fait, ça n'avait pas vraiment d'importance. Elle ne passait que la moitié de son temps ici, et entre ses voyages, il fallait bien qu'elle s'occupe, après tout. Et si pour cela, il fallait risquer la colère d'un capitaine de la garde hautain et aigri, eh bien...pourquoi pas !

Et elle comptait bien continuer. Taquiner Galion était bien plus divertissant que retourner chez ses parents ou aller lire...Il était bien plus amusant ! Et puis, c'était drôle de voir que malgré son statut, une toute petite elfe comme elle, sans aucun statut justement, pouvait l'énerver, et d'une certaine façon le faire descendre de son trône.

Le capitaine de la garde le regardait plus durement, semblant essayer de la faire rétrécir sur place rien qu'avec ses yeux et il parla, un ton plus fort qu'avant, signe qu'il commençait à vraiment s'énerver. Héhé.

« Que vas-tu t'imaginer par là ? Pour qui te prends-tu à me parler sur ce ton ? Visiblement tu sais qui je suis, alors si j'étais toi je ferais plus attention à mon derrière, car j'ai des amis bien placés, et un moindre faux-pas de ta part pourrait te coûter cher. Ainsi, de ton point de vue, un capitaine n'aurait pas le droit de se détendre et devrait constamment être sérieux ? J'ai parfois réellement l'impression que tu vis dans un autre monde ! Pour ta gouverne... de nombreux passages existent dans ce royaume, et bien heureusement il y en a dont tu ne connais pas l'existence. Je n'ai nulle idée de comment tes parents t'ont éduqué.. mais tu as réellement l'air d'être aussi intelligente qu'un orc par moment... mon attrait pour le vin est-il si dérangeant que cela pour ta petite personne ? »

Il semblait décidé à jouer lui aussi, mais surtout à la faire ployer. Les yeux de la petite elfe brillèrent de contentement, toute heureuse d'avoir une bonne occasion d'échanger des piques. En plus, l'elfe était d'accord pour jouer, maintenant !

« Vivre dans un autre monde… ? C'est une superbe idée, ça messire ! Mais je vous rassure, j'ai les pieds sur terre, bien malgré moi d'ailleurs. Et je n'ai rien fait de mal, vous savez ? Aussi intelligente qu'un orc ? Messire n'avez-vous pas de manières ? Vous rendez-vous compte que depuis le début, vous ne cessez de m'insultez ? Une autre que moi aurait déjà crié au scandale, rendez-vous compte ! »

Kiëlle croisa les bras. Elle aimait jouer, bien sûr, mais elle jouait dans les règles, elle ! Taquine, mais pas insultante, elle l'énervait, mais ne jouait pas avec le feu non plus...Après tout, si elle l'avait insulté, il aurait bien été capable de le rapporter à Thranduil.

« Vous avez bien de la chance, que mes manières laissent à désirer. Je ne suis pas noble, je ne suis qu'une petite messagère de pacotille, mais je suis tout de même une elfe de Rivendell, ici n'est pas ma cité...D'une certaine manière, vous insultez une invitée...Pensez-vous que vous n'auriez pas de problèmes, à faire cela ? »

Assez bêtement, il avait presque réussit à la vexer, alors que ce n'était pas son genre. Alors, voilà, elle ne jouait plus vraiment, elle était presque sérieuse, ce qui était un véritable exploit pour elle. Enfin, elle-même se rendait compte que cela était bien trop, qu'elle dépassait les bornes. Alors, elle s'efforça de s'apaiser, parce que cela n'était son genre. Et puis, il ne fallait tout de même pas trop qu'elle joue avec les nerfs de Galion...Kiëlle baissa la tête, pour signifier qu'elle regrettait, parce qu'elle n'était pas non plus prête à s'excuser ou quoi.

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Kiëlle était joueuse : elle prenait rarement la mouche. Mais il y avait certaines choses qui ne passaient tout simplement pas. En soit, elle n'accordait pas d'importance aux insultes sur sa personne, pas plus qu'elle ne se crispait face aux remarques acerbes. Mais qu'on se permette de parler ainsi de cité natale, était quelque chose qu'elle avait du mal à tolérer.

Alors peut-être qu'elle l'avait cherché, non bien sûr qu'elle l'avait cherché. Depuis leur toute première rencontre, parce qu'il était trop sérieux et que c'était si drôle de le voir s'énerver. Mais c'était la première fois qu'elle voyait dans une colère aussi noire. Et si elle pouvait comprendre que la colère lui fasse perdre le sens des choses, elle n'était pas assez sotte pour le laisser continuer à lui crier dessus. Ou plutôt, elle était trop fière pour cela.

« Messire, le seul à avoir fait un faux pas, c'est bien vous. Je n'ai essayé que de vous ramener à la raison, en vous rappelant les règles fondamentales de respect. Or, vous, vous m'avez insulté, sans même hésiter un instant, et vous voilà à hurler dans un couloir à pleine voix...»

Kiëlle était censée être de celles qui crient, qui rient toujours mais Galion était venu à bout de sa bonne humeur. Il pouvait s'en estimer fier, rares étaient ceux à la mettre assez en rogne pour calmer sa joie continuelle. Sa voix s'était faite calme, malgré ses yeux qui envoyaient des éclairs, à leur tour. A cet instant, l'elleth se trouva détestable.

Elle l'avait cherché, sans rire, vraiment. Elle avait voulu le pousser à bout, et maintenant que c'était fait, elle ne le supportait tout bonnement pas. Mais en même temps, c'était sa faute. Il n'avait qu'à être moins susceptible. Oui, voilà. C'était sa faute, encore une fois.

« Vous critiquez ma cité natale, une partie du peuple dont vous faites parti...» ajouta-t-elle, méprisante.

Elle aurait voulu le rouer de coups. Oui, c'était un peu bourrin, mais vraiment, ça aurait apaisé sa colère et cela aurait enfin fait taire ce maudit elfe. Elle avait voulu le coincer, mais à présent c'est elle qui l'était, et elle n'appréciait pas ça du tout. Cette confrontation ne lui plaisait plus. Elle voulait qu'il se taise, qu'il se taise et cesse de dire tant d'inepties.

L'elleth se traita mentalement d'enfant, consciente qu'elle s'énervait à cause d'un de ses "caprices", et que quelques insultes avaient suffis à la rendre folle. Il jouait avec ses nerfs. Elle ajouta une dernière pique, d'une voix traînante, le regardant d'aussi haut qu'elle le pouvait. Peut-être que c'était pour ça, à la base qu'elle l'avait cherché, parce qu'il était hautain, et voilà que maintenant elle faisait pareil, mais tant pis, il l'avait mérité.

« Vous faites un bien piètre capitaine de la garde, sans vouloir vous vexez, messire...»

Une simple phrase, mais si Kiëlle avait pu lui cracher les mots au visage, elle l'aurait fait, sans l'ombre d'un doute.

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Prise dans colère, Kiëlle n'écouta pas un strict mot de ce que dit Galion, et continua à parler, parce qu'elle ne supportait tout simplement ce qu'il disait, et qu'il l'énervait, et qu'elle était énervée, et que...Zut, à la fin, il n'avait pas le droit de dire ça !

Rien ne l'aurait tiré de sa colère, et elle allait encore en rajouter, parce qu'elle était en colère, et que dans ces moments-là, elle était incapable de se contrôler. Sa joie était vive, son enthousiasme agaçant ? Sa colère l'était encore plus. La rousse peinait à se retirer d'hurler, et privilégiait ce mépris glacé, juste pour éviter un scandale. Malgré tout, elle ne voulait pas faire trop de remous : elle tenait à garder son poste. Mais en même temps, elle était tellement énervée ! La petite elfe peinait à gérer sa colère, et une véritable tempête bouillait en elle.

Elle allait donc en rajouter une couche, mais Galion la saisit brusquement par le bras avant de l'enfermer dans un placard. Il lui fourra sa carafe de vin dans les mains, et referma les portes en lui ordonnant de se taire et de ne surtout pas bouger. L'elfe rousse fit volte-face, prête à hurler qu'elle n'était pas d'accord et qu'il était complètement fou, mais elle se cogna contre la porte, puisqu'elle était allée trop vite. La carafe faillit lui échapper des mains, et elle ne réussit que de justesse à la maintenir droite : pour un peu, elle aurait fini aussi tâchée que Galion !

Kiëlle retient de justesse une plainte de douleur en entendant des voix. C'est donc pour ça qu'elle s'était retrouvée dans un placard ! Elle comprit, crispée, que c'était le prince, et qu'il demandait des explications au capitaine de la garde. Elle écouta attentivement, et fut surprise d'entendre que la voix de Galion n'était pas aussi assurée et calme que d'habitude, bien qu'elle restât respectueuse.

Sa colère fondit comme neige au soleil, non seulement parce qu'elle était obligée de se calmer, enfermée comme elle l'était, mais aussi parce que quelque chose d'intéressant se profilait à l'horizon.

Le fait que le capitaine de la garde semblât l'oublier dans son placard, confirma ses soupçons. La petite elfe eut un sourire, toute seule dans le noire avec sa carafe de vin. Enfin, elle n'allait tout de même pas rester enfermée plus longtemps. Kiëlle batailla un instant avec la porte, mais finit par réussir à l'ouvrir.
Elle sortit immédiatement du placard, bien heureuse d'être libre. Les espaces clos n'étaient pas spécialement sa tasse de thé. Galion se retourna vers elle, et il lui sembla plus humain d'une certaine façon, plus ouverte. Il n'avait plus son air crispé et...il n'avait plus l'air de la snober !

« Mais.. comment as-tu pu ouvrir cette porte ? Je l'avais bien fermé pourtant... et de l'intérieur.. il.. il est pratiquement impossible de sortir si quelqu'un n'ouvre pas de l'autre côté.. enfin.. il me semble. »

Kiëlle ignora sa question, et lui rendit, sa carafe de vin. Elle n'avait jamais bu, et l'alcool était quelque chose qu'elle pensait futile et inutile, surtout. La jeune elfe planta ensuite ses mains sur ses hanches, et sourit, de toute la malice dont elle était capable, c'est à dire énormément.

« Il semblerait que le capitaine de la garde ai...un faible pour le prince. C'est...trop mignon ! »

Sans le savoir, Galion avait réussi à faire craquer la petite rousse. Elle adorait les enfants, les choses mignonnes, et...l'amour était indéniablement quelque chose de mignon. Bon, certes il s'agissait de deux hommes, mais en soi Kiëlle n'y voyait pas de problèmes : elle savait que les couples, les parents étaient une femme et un homme, et mais personne ne lui avait jamais dis que cela était la seule possibilité. Un couple uniquement masculin ? Bah, pourquoi pas ! L’innocence de la jeune elfe était assez stupéfiante pour son âge, mais cela faisait partie de son caractère.

« En tout cas, je vous remercie de m'avoir cachée...Vous n'êtes peut-être pas aussi hautain que je le pensais, peut-être pas aussi méchant. Enfin, ne croyez pas que je vous apprécie, hein ! »

Sa dernière phrase avait été prononcée sur un ton presque offensé, mais en même temps rieur, comme si elle ne pouvait pas s'imaginer penser que Galion était une bonne personne, mais en même temps, elle ne semblait pas sérieuse pour un sou. Il avait réussi à lui faire oublier sa colère, mais qu'il ne s'avise pas de reparler des elfes de Rivendell ! Elle ne répondrait plus de rien, s'il le faisait.

« Je ne m'étais pas rendue compte que j'étais dans les couloirs réservés à la garde...J'ai beau passé beaucoup de temps ici, mes repères sont inexistants...» pensa à voix haute, Kiëlle songeant qu'elle allait bien galérer pour retourner vers des endroits qu'elle connaissait et où elle avait le droit d'aller. Maudit sens de l'orientation défaillant !

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La petite elfe n'écouta pas un mot de la réaction de Galion par rapport à ce qu'elle a dit sur Legolas et lui. Elle a déjà persuadé qu'elle a raison, et l'empressement et le léger bafouillage de l'elfe ne fait que la conformer un peu plus dans ce sens : Il y a quelque chose entre Galion et Legolas. Au moins du côté du capitaine de la garde. La panique de ce dernier était très clair pour Kiëlle, qui ne pouvait s'empêcher de trouver cela craquant.

Enfin, ce dernier sembla s'apaiser, et il s'autorisa même un petit rire. C'était étrange pour la rousse de le voir rire. Elle aimait faire rire les gens, mais Galion...Elle avait vraiment voulu le frapper, l'insulter. Qu'il rit lui semblait bizarre. Mais en même temps, elle préférait cela à tout à l'heure.

« Dis-moi, pour qui m'as-tu pris exactement ? Je ne suis pas une brute épaisse et si je comporte ainsi avec toi c'est que j'ai bel et bien mes raisons. Et ne t'inquiètes pas, je ne te porte pas non plus dans mon cœur si c'est ce que tu espères entendre ! »

Ses raisons pour un tel comportement ? Kiëlle songea effectivement qu'elle lui avait donné de quoi se comporter ainsi avec elle : elle l'avait taquiné. or c'était, messire le capitaine de la garde, et ça avait du être assez...humiliant, sur le coup. Bref, c'était sa faute. Mais elle ne regrettait pas. C'était bien trop amusant de l'embêter !

« Et bien maintenant tu le sais.. mais tâches de faire attention, car contrairement à ce que tu peux penser, tu as de la chance d'être tombée sur moi, d'autres t'auraient déjà mise au cachot pour violation de propriété. Effectivement, nulles autres personnes que les membres de la Garde du Roi, le Roi lui-même et son fils n'ont le droit d'être entre ses murs, au risque d'une punition très sévère, Thranduil voulant garder ses projets militaires totalement secrets. »

L'elfe avait l'air plus calme d'un coup. Sans doute s'était-il enfin remis de sa brève rencontre avec le prince, se moqua mentalement Kiëlle, comme ses enfants qui se moquaient de ceux qui osaient se tenir par la main. La petite rousse ne connaissait rien à l'amour, pour elle c'était une belle émotion, mais en même temps cela restait un concept abstrait. Elle n'avait jamais aimé, et ne comprenait donc pas vraiment l'amour. Elle trouvait ça mignon, parce qu'elle trouait ça beau, magique...Mais elle se contentait de regarder de loin avec de grands yeux écarquillés, quand ses proches ou ses ami(e)s se mettaient en couple, disaient être amoureux...

« J'ai bien compris, je ne remettrais plus les pieds ici...Enfin, j'essayerais mais je ne peux rien promettre, j'ai un peu de mal à me repérer. En tout cas, il vaut sans doute mieux que je quitte ses couloirs, alors. Accepteriez-vous de me ramener vers des endroits autorisés ? Je préférerais me débrouiller seule, mais je préférerais d'autant plus éviter de me perdre et d'aller dans d'autres lieux interdits. Une fois me suffit...» rit nerveusement Kiëlle.

Maintenant qu'elle savait où elle se trouvait, elle avait hâte de s'en aller. Elle aimait jouer avec le feu, mais là elle risquait un peu trop de se brûler les ailes. Elle espérait juste que Galion accepterait de l'y aider. Il n'y était pas forcé, et sans doute dirait-il non. Raah, bah tant pis, elle serait bien capable de retrouver son chemin...peut-être pas sans se faire repérer certes, mais...Raaaah !

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Si Galion accepta de la raccompagner, il n'hésita pas à imposer ses conditions. L'elfe accepta, et peine à retenir un rire face à sa crainte qu'elle ne parle de cette histoire avec Legolas. Elle était contente de savoir cela, toute heureuse d'être en possession de cette information : c'était comme si elle savait quelque chose d'important, quelque chose de joli. C'était comme avoir un petit secret, un beau secret. Elle pourrait se marrer dans son coin en pensant à cela, et elle inventerait sans l'ombre d'un doute des stratagèmes pour les fourrer ensemble. Héhé.

Enfin, la petite rousse suivit docilement Galion, le plus silencieusement possible. Il l'aidait, elle n'allait pas le mettre dans la panade.

« Je n'aime pas particulièrement ce passage, il est très étroit et sombre, je t'avoue qu'il a tendance à m'effrayer. Mais il nous permettra au moins de ne pas nous faire repérer, un bon point aussi bien pour toi que pour moi. »

Kiëlle fut surprise qu'il lui avoue avoir peur. En fait, elle ne le pensait pas capable d'avoir peur, drapé dans sa supériorité. Mais puisqu'il n'était aussi hautain qu'il le semblait, cela semblait logique...Enfin, elle devait avouer qu'elle n'était pas rassurée non plus, dans ce passage sombre. Mais puisque Galion était à ses côtés, elle se contenta de marcher plus prudemment et de regarder autour d'elle avec inquiétude, parce qu'elle ne pouvait pas s'en empêcher. Seule, et dans une autre situation, elle aurait sans doute piqué un sprint pour se sortir au plus vite de cet endroit totalement effrayant.

Mais heureusement, ils ne tardèrent pas à arriver dans des lieux plus éclairés, et Kiëlle cessa de se comporter comme un chaton traumatisé. Et enfin, elle reconnaissait à peu près l'endroit. Si elle prenait ce couloir,et puis à gauche, et deux fois à droite, elle retrouverait les appartements de ses parents. Et elle pourrait dormir. Ah dormir...Elle avait couru toute la journée, pour arriver à Mirkwood avant la nuit, puis elle avait courut chez ses parents, et ensuite elle avait courut pour livrer ses lettres et...Oui, en fait, elle était un touuuut petit peu, épuisée.

Elle écouta avec le sourire les conseils de Galion, parce que ce dernier souriait un peu, et qu'elle était contente de voir cela. Pour elle, l'elfe souriait rarement et il sembla lui confirmer en parlant des dures journées qui l'attendait. Elle le plaignit presque, mais ne le dit pas, parce qu'elle se doutait que sa mission était importante pour lui, que d'une certaine façon il était heureux d'aller tuer des araignées. Elle comprenait cela : son métier n'était pas aussi important loin de là, mais c'était le sien, sa mission.

Elle fut étonnée de le voir incliner la tête. Ah oui c'est vrai, les usages à Mirkwood. La petite rousse fit de même, se penchant sans doute un peu trop (non Kiëlle, on a dit de pencher que la tête, pas tout le buste) et manqua de perdre l'équilibre. Elle avait beau être une elfe, parfois, elle manquait vraiment d'adresse et de coordination. Elle bredouilla un instant, gênée de sa maladresse, avant de se reprendre :

« Merci, messire Galion ! Je prendrais garde à l'avenir ! » sourit-elle.

Puis, elle fit volte-face, prête à s'en aller, mais se tourna de nouveau au dernier instant. Elle interpella l'elfe, d'une voix qui pour une fois ne souffrait pas de la moindre malice ou ironie.

« Oh, et messire Galion... Vous n'êtes peut-être pas aussi mauvais que je le pensais...Je ne m'excuserais pas pour mes taquineries, parce que je suis ainsi faite, mais sachez que désormais j'essayerais d'un peu mieux me comporter. Je vous taquinerais toujours, parce que je ne peux m'en empêcher, mais si cela vous vexe, dites-le moi et alors, sans doute m'excuserais-je. Enfin...N'abusez pas non plus ! A bientôt messire ! »

Le dernier messire fut accompagné d'un ton malicieux et d'un clin d’œil, preuve de la bonne foi de l'elfe mais en même temps de sa volonté de rire, tout bêtement.

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