A voleur, voleur et demi.

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Cours, Nori, cours !

« Nori, donc, c'est ça ? »
« C'est exact. Un sacré filou, qui nous file entre les mains depuis un paquet de temps. On arrive jamais à lui mettre la main dessus. Mais il ne se méfiera pas d'une ... hem. »

Le regard que lui lança la rousse le découragea de finir sa phrase. Béryl, le chef de la garde, haussa les épaules d'un air penaud et tendit sa lance à Ilhy qui la saisit, remettant convenablement une fourrure au-dessus de sa tenue de garde. Elle eut un léger sourire - enfin quelque chose d'intéressant. Hormis les entraînements, elle n'avait jamais eu grand chose à faire. Elle passa une main sur le pourpoint de cuir coloré à la marque de la garde gravé sur le coeur. Elle eut un sourire féroce.

« Je vous le ramènerai. »

Béryl croisa les yeux bleus de la rousse et se contenta de hocher la tête. Il fallait espérer que Nori ne se méfierait pas d'une femme. Ilhy avait beaucoup fait parler d'elle, un peu trop au goût du vieux nain, mais il n'y pouvait rien. Il regarda la naine boucler son ceinturon, remettre sa tresse en place et s'éloigner. Le nez dehors, elle inspira la fraîcheur et la légère humidité et s'en alla d'un bon pas vif et énergique. La capuche baissée, une courte barbe ayant poussée sur ses joues, on ne pouvait plus la confondre avec n'importe quel nain : ses traits étaient plus fins, plus harmonieux, et plus volontaires également. Elle avait ce sourire carnassier des grands félins, et il était facile de comprendre pourquoi elle était surnommée la louve. La lance dans son dos dépassait d'une bonne cinquantaine de centimètres, mais sa façon de marcher était celle de quelqu'un sur ses gardes. Prête à courir, à la moindre alerte, le regard cherchant autour d'elle le visage du voleur - il avait des espèces de tresses dans sa barbe, et ses cheveux étaient coiffés, et le tout formait une étoile étrange. Il avait un visage filou, d'après ce qu'elle avait vu du dessin d'un des gardes.

« Hey, Réhur, tu n'aurais pas vu un nain avec une barbe et des cheveux en étoiles ? » héla t-elle son cousin qui traînait près d'une échoppe.

Le brun sursauta et glissa un rapide coup d'oeil à sa cousine avant de secouer la tête. Cela ne lui rappelait rien. Il la regarda, surpris de la voir sans sa capuche - habituellement, elle faisait tout pour être le moins féminine possible. Pourtant, depuis quelques temps, il y avait du changement. Elle tressait plus souvent ses cheveux avec des bijoux, elle faisait attention à ne pas trop se blesser. Réhur aurait juré qu'il y avait anguille sous roche, mais elle restait aussi impulsive et butée.

« Pas grave. Je vais aller voir du côté de la taverne. »
« Tu veux que je t'accompagne ? »
« Voyons, cousin, j'ai pas besoin de toi. » Elle eut un petit ricanement amusé et s'éloigna.

La taverne était un endroit qu'elle connaissait bien. Le souffle chaud de l'intérieur raviva les couleurs sur ses joues, et elle laissa glisser ses mains sur ses hanches pour les y poser, dans une posture déterminée, son regard croisant les yeux de ceux présents. Quelques gardes dans un coin, qui l'invitèrent d'un geste. Elle salua le reste de ceux qu'elle vit, et s'approcha de ses compagnons.

« T'étais pas sensée bosser pour Béryl ? »
« Qui te dis que je ne suis pas en train de le faire ? » tonna t-elle avec amusement.
« T'es juste venu dépenser ta solde, chipie » ricana le nain avant de se chamailler quelques minutes avec la rousse.

Elle n'osa pas s'installer avec eux - elle avait autre chose à faire. Elle réfléchissait : des objets avaient été volés pas très loin d'ici, et si il restait dans les parages, il devait forcément être par ici. Mais où ? Elle essayait de réfléchir en voleur, mais c'était difficile : elle n'avait jamais rien subtilisé de sa vie. Cela lui aurait paru trop faible de sa part.

« C'est pas le nain avec une barbe et la barbe en forme d'étoile ? »
« Si pourquoi ? »
« Il est là-bas » murmura son compagnon en tendant un index curieux.

Ilhy suivit le mouvement et écarquilla ses grands yeux pâles. Elle s'avança avant même de réaliser ce qu'elle faisait, ni même en vérifiant qu'il était seul. Elle s'immobilisa près du nain, la fourrure sur ses épaules tendue pour dévoiler l'insigne des gardes. Mais de toute façon, il était ici, à la barbe de ses compagnons. Il ne craignait pas la loi, celui-là. Elle haussa un sourcil, la pupille enflammée de soif de justice.

« Ainsi je vous rencontre enfin, Nori. J'ai beaucoup entendu parler de vous » railla t-elle.

Elle le tenait ! Elle l'avait devant elle. Carrant les épaules afin d'être prête à toute éventualité, elle dévoila un fin sourire qui fit trembler les petites tresses de son début de barbe. C'était aussi simple ? songea t-elle avec surprise. Quelque chose lui disait que ça allait rapidement se compliquer ... Puis ses yeux glissèrent sur le compagnon de Nori, et s'écarquillèrent plus fort encore en reconnaissant Dalor. Toute sa belle assurance sembla fondre comme neige au soleil, et elle cligna des yeux, sous la surprise. Mais que faisaient-ils ensemble, ces deux-là ?!

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Allez, une pinte pour la garde...

... et une de plus pour la ~~rousse~~ route.

« Deux bières, patron. » Le nain lève les yeux de la chope qu'il est en train d'essuyer avec un chiffon qui semble tout aussi sale que le récipient. Il pose des yeux méfiants sur moi alors que je dépose consciencieusement deux pièces d'or sur le comptoir en lui adressant un sourire très satisfait. Il me connaît, ce gars, tout comme ils me connaissent tous dans cette taverne. Il sait très bien que je ne paye jamais la bière avec mon argent, et pourtant il me sert toujours. Parce que, après tout, je le paye – que ce soit mon argent ou pas importe peu puisqu'il finit dans sa bourse. Ou peut-être se souvient-il que la dernière fois qu'il m'a mis à la porte, son coffre avait été entièrement vidé quelques jours plus tard. D'ailleurs, ces pièces-là, ce sont les siennes. Je suis quand même un voleur assez sympa je trouve. Certes, il a perdu gros ce soir-là, mais c'est un peu comme un emprunt à longue durée. Je lui rend petit à petit, en échange de bonnes pintes de bières bien remplies comme celles qu'il me tend à l'instant même de mauvaise grâce. « Merci beaucoup, » lui dis-je avec un clin d’œil quelque peu insolent avant de retourner m'asseoir à la table que je partage avec Dalor.
Dalor. Alors ça, si on m'avait dit que je me soûlerais un jour avec Dalor, je n'y aurais pas forcément cru. J'aurais ri et aurais apprécié l'idée, mais je n'y aurais pas cru. Et pourtant c'est arrivé il y a quelques temps déjà, depuis qu'il a quitté la garde. Quel dommage d'ailleurs. Ce n'est plus pareil depuis qu'il n'y est plus. J'aimais particulièrement nos courses-poursuites à travers la montagne. Il était l'un des plus coriaces et des plus téméraires, et fut l'un des rares à parvenir à me mettre derrière les barreaux – pas pour longtemps, cela dit, mais je lui laissais toujours un petit mot dans ma cellule avant de m'évader, histoire de ne pas se séparer en mauvais termes. Ha ! Je pouvais être sûr que la fois d'après il serait encore plus en rogne contre moi. C'était le bon temps. Mais bon, j'ai pu découvrir une autre facette de son personnage grâce à la bière. On a beaucoup discuté quand on a prit cette cuite ensemble, c'était vraiment une bonne soirée. On a cassé beaucoup de sucre sur le dos des gardes et sur Dwalin, car le pauvre en avait vraiment gros sur le cœur. Je peux bien le comprendre après tout, c'est comme si on me coupait les mains et que je ne pouvais plus tenir de beaux objets précieux entre mes doigts, je deviendrais bien malheureux. C'est pour ça d'ailleurs que je ne reste pas très longtemps en prison. Ils aiment bien couper les mains aux voleurs par ici, Mahal seul sait combien de mes camarades en ont souffert – mais en même temps, ils n'ont qu'à pas être si mauvais.
« A la tienne, » dis-je à Dalor après lui avoir tendu sa chope. Ça fait un moment qu'on est là, à discuter tranquillement. Je crois qu'on en est à notre troisième ou quatrième bière. Je bois une longue rasade de cette délicieuse bière à l'arrière-goût un peu sale et me rassois sur une chaise au côté de mon compagnon de beuverie. Il a l'air morose et je regarde dans même direction que lui. Pas étonnant qu'il soit un peu contrarié. Pas loin de l'entrée de la taverne, une bande de gardes est rassemblée, partageant quelques boissons pendant leur temps libre. J'ai un petit sourire narquois en croisant le regard d'un des leurs qui fronce un peu les sourcils avant de se ré-intéresser à la conversation. Je donne un coup de coude joueur à Dalor, levant ma bière comme pour porter un toast. « Tu vois Dalor, les bons gardes comme toi, ça court pas les rues, » dis-je avec un rire un peu moqueur. « Ceux-là ont trop peur de toi pour lever le petit doigt. Je pourrais aller boire dans leurs chopes qu'ils se pisseraient quand même dessus. » Même si Dalor n'avait pas été là, je suis sûr qu'ils n'auraient même pas essayé de m'arrêter, comme ils le font souvent. Ils savent très bien qui je suis, mais comme c'est leur temps libre je suis relativement tranquille en général car ils n'ont juste pas envie de me courir après. Mais bon, ça aura le mérite de remonter l'estime de mon compagnon. Parce que ouais, quand même, être assis à côté de Dalor ça dissuade quelque peu les nains qui cherchent des problèmes.
Je déguste avec plaisir ma bière quand soudain l'un des gardes s'avance vers nous. Enfin, l'un des gardes. Une garde. Il y en a qui pourraient se méprendre, mais je sais déjà qui elle est. Ilhy, la naine qui a pris les armes. J'ai entendu parler d'elle au retour de mon dernier voyage, et je suis allé faire un petit tour du côté de la caserne pour essayer d'en savoir un peu plus. Elle a un sacré caractère, bien plus fort encore que les naines que je connais – et qui sont déjà parfois plus têtues que des mules – et semble bien se débrouiller au combat. C'est une personne qui m'intrigue et que j'apprécie déjà avant de la connaître. Une telle témérité et un tel rejet des convenances sont des choses que je respecte et que j'admire, étant moi-même une sorte de rebelle dans cette famille bien trop propre sur soi.
Elle avance d'un pas déterminé, les yeux fixés sur moi, une expression satisfaite sur le visage. Je pose ma bière sur la table et lui décoche un sourire appréciateur. Elle est très jolie, et son attitude, sa démarche un peu dominatrice me plaisent beaucoup. Je me sens tout à coup encore plus intéressé par la suite des événements. « Ainsi je vous rencontre enfin, Nori. J'ai beaucoup entendu parler de vous, » déclare-t-elle avec force. Quand ses yeux se posent sur mon compagnon, son expression sûre d'elle s'effaça aussi rapidement qu'elle lui était venue. Sans doute le connaît-elle aussi de ses jours dans la garde, qui sait. Il me semble que je vais l'apprendre bien vite, mais pour l'instant c'est à moi de lui répondre. « Je suis flatté qu'une naine de votre valeur vienne m'adresser la parole... Ilhy, c'est bien cela ? » Je sais très bien qu'elle est venue pour m'arrêter, mais elle ne me fait pas plus peur que ses collègues masculins. Elle est juste tellement plus intéressante. « Quel charmant prénom, » dis-je avec un nouveau sourire, puis je bois une nouvelle gorgée de bière sans la quitter des yeux. Insolence, défiance ou véritable rentre-dedans ? Un peu des trois en fait. J'ai vraiment envie de savoir ce qu'elle vaut, et mes doigts et mes pieds frétillent d'impatience à l'idée qu'un peu d'action va sûrement arriver.

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Le travail se faisait rare ces derniers temps alors Dalor avait tout le temps de faire ce qu'il voulait. Il avait pas mal retapé sa petite maison pour passer le temps, prenant tout le temps nécessaire et même plus bien souvent, histoire de ne pas avoir fini trop vite. Il avait été rendre visite à Raeryan deux jours plus tôt, mais elle n'était pas là, surement en plein travail. Il avait fait comme à chaque fois qu'il trouvait porte close : il avait haussé les épaules et était repartit comme il était venu. La veille, il avait pas mal vendu sur le marché. Il avait eut un bon petit stock de perles de côté (à croire que le dernier voyage avait été rude pour ses nerfs) et il s'était enfin décidé à les vendre. Il avait donc une petite somme rondelette à dépenser et il s'était rendu à la taverne pour prendre un petit bain de foule sans trop en avoir l'air.

Quand il était arrivé, il n'y avait pas encore grand monde et Dalor avait goûté au plaisir de savourer sa première bière dans le calme, assis dans un coin de la pièce, pas trop reculé, mais pas vraiment dans le passage entre la porte et le comptoir. Lorsqu'il était seul, Dalor aimait boire lentement, pour profiter de la bière et puis pour limiter sa conssomation histoire de se souvenir où il vivait exactement lorsqu'il se déciderait à repartir chez lui. Les premiers clients commencèrent à arriver sans qu'il ne s'en soucie tellement, préférant rester seul dans son coin jusqu'à ce qu'il voit arriver une silhouette familière.

- Hey Nori ! Avait-il appelé sans bouger de sa table.

Le nain qu'il avait si souvent pourchassé lors de son passage dans la garde avait accepté son invitation et était venu s'installer à sa table avec une bière. Parler du bon vieux temps, ça viendrait surement plus tard, quand Nori aurait bu une ou deux bière de plus et quand Dalor se sentirait d'humeur plus gaie. Mais les premières minutes furent relativement silencieuses. Ils virent plusieurs membres de la garde rentrer et Dalor se contenta de les ignorer royalement. Il avait parfaitement conscience de boire en compagnie d'un nain qui était certainement encore recherché, mais il s'en fichait pas mal car Nori était un nain fort sympathique avec son propre code de l'honneur et de la loyauté qu'il respectait, ce que Dalor aimait chez le nain. C'était une personne qu'il appréciait beaucoup et il ne comptait pas s'en cacher.

Après qu'ils eurent fini, Nori offrit la tournée suivante et Dalor ne refusa pas, après tout il le ferait aussi certainement et puis il ne fallait pas s’embarrasser d'histoires d'argent. Nori s'était donc levé pour aller au comptoir, narguer un peu le propriétaire des lieux avant de revenir, une chope dans chaque main, puis de reprendre place à côté de lui.

« A la tienne, »

Dalor leva sa chope vers Nori avant de prendre une bonne gorgée en silence. Il ne fallut pas longtemps pour sentir un coup de coude lui frapper le bras et de tourner la tête vers Nori, qui au regard qu'il avait, n'avait certainement pas envie de lui confier un truc sérieux.

« Tu vois Dalor, les bons gardes comme toi, ça court pas les rues, Ceux-là ont trop peur de toi pour lever le petit doigt. Je pourrais aller boire dans leurs chopes qu'ils se pisseraient quand même dessus. »

Dalor eut un léger rire moqueur en imaginant la scène, ce que Nori aurait certainement été capable d'oser faire d'ailleurs car le nain ne manquait pas de culot. Mais il n'était pas assez idiot pour croire qu'il était l'unique cause de leur manque de professionnalisme. Ces nains là étaient en permission et ne se sentaient donc plus du tout concernés par le cas 'Nori' qui leur glissait bien trop souvent entre les doigts.

- Tu crois ça ? Moi je pense qu'ils savent bien que tu les sèmerais encore sans aucun soucis... Ils en ont peut-être tout simplement marre d'être tournés en ridicule.

Beaucoup de jeunes nains engagés dans la garde n'avaient pas le sens du devoir. Pour certain, dès qu'ils quittaient l'uniforme, c'était comme s'ils n'avaient jamais entendu parler de la garde de toute leur vie... Mais ça ne datait pas d'hier ce genre de comportement car même lorsqu'il n'était qu'une toute jeune recrue, il en avait vu des comme ça... Et il leur avait tapé dessus aussi, en dehors du service...

Pris par ses sombres souvenirs, Dalor continuait de boire tranquillement sa bière sans se rendre compte qu'ils ne seraient bientôt plus en tête à tête Nori et lui. Pour sa défense, il était rare qu'un nain vienne lui parler lorsqu'il venait à la taverne pour boire un verre. Il fut donc des plus surpris lorsqu'il entendit une voix qu'il connaissait fort bien.

« Ainsi je vous rencontre enfin, Nori. J'ai beaucoup entendu parler de vous, »

Dalor avait quitté le vide qu'il observait pour poser son regard sur la belle rousse qu'il comptait parmi ses rares amis depuis peu de temps. Elle semblait surprise de le voir assis en compagnie du nain voleur et Dalor ne fit rien d'autre que d'arborer un sourire en coin plutôt moqueur. Elle devait certainement se poser plusieurs questions sur la raison se sa présence aux côtés de Nori, mais lui, il trouvait ça amusant.

« Je suis flatté qu'une naine de votre valeur vienne m'adresser la parole... Ilhy, c'est bien cela ? »

Et en plus il connaissait son prénom... Ca n'était pas grâce à Dalor cependant, mais il n'avait aucun problème à savoir comment le nain avait fait... Une naine dans la garde ça n'était pas courant, à tel point qu'Ilhy était la seule, et comme Nori traînait souvent du côté de la garde pour se tenir au courant des endroits où il devait éviter de se trouver, il avait forcément entendu parler d'elle.

« Quel charmant prénom, »

Dalor fronça légèrement les sourcils, il rêvait où Nori était ni plus ni moins en train de faire du rentre dedans à la rousse ?! Ca risquait de pimenter un peu la conversation remarquez... Prévoyant, il rapprocha sa bière de son torse, la mettant bien à l'abri derrière son avant bras et il leva les yeux vers Ilhy. Il la trouva changée... Pas tellement à cause de sa barbe qui avait enfin poussé, parce qu'il avait déjà pût s'en rendre compte, mais il lui semblait qu'elle prenait plus de soin pour s'apprêter.

- Bonjour Ilhy... Tu veux t'asseoir ? Demanda-t-il en montrant une chaise libre à l'aide de sa main.

Ca n'était pas sur qu'elle accepte, surtout qu'elle ne semblait pas réellement en permission cette fois-ci, mais il avait au moins la politesse de proposer.

- Qu'est-ce que t'as encore fait ? Demanda-t-il en direction de Nori.

Car il y avait fort à parier que le nain était encore recherché pour une raison ou une autre et Dalor était curieux de connaitre son nouvel exploit car si cela avait le dont de l'agacer lorsqu'il faisait partit de la garde, les facéties de Nori l'amusaient au plus haut point désormais.

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Cours, Nori, cours !

C'était la première fois qu'on l'envoyait en mission seule. Ilhy ressentait une grande excitation à l'idée d'attraper son premier bandit. Un nain qui, apparemment, n'en était pas à son premier forfait. Elle avait le coeur qui battait à tout rompre rien qu'à l'idée d'une bonne course-poursuite. Pourtant, dans sa lucidité réaliste, elle savait que ça ne se passerait pas comme ça. Souvent, la plupart des voleurs se rendaient devant un garde, à fortiori quand ils savaient qu'ils n'avaient aucune chance de rédemption. Mieux valait croupir quelques jours en cellule que risquer de se faire embrocher par des gardes trop zélés. Alors, quand elle remarqua ledit Nori, elle s'avança d'un air conquérant. Il ne pouvait rien : elle avait la supériorité, de toute évidence, en armes et en nombre. Ses compagnons avaient beau se détendre, si elle avait besoin d'aide, allaient l'aider, n'est-ce pas ? C'est donc le menton fièrement haussé, le regard brûlant et le sourire narquois qu'elle apostropha Nori. Pourtant, elle ne s'était pas attendu à trouver Dalor tout près de lui. Elle endigua le flot de questions qui lui vinrent aux lèvres, mais la plus régulière, celle qui tournait comme une ritournelle, comme une brûlure, c'était : qu'est-ce qu'il fichait là avec ce gredin ?!

Cependant, elle reprit ses esprits pour mieux fusiller du regard le nain. C'était quoi, ces manières ? Il la complimentait ? Elle plissa les yeux en fronçant le nez. La rousse avait du mal à réaliser que ce n'était pas une moquerie mais tout simplement une façon détournée de flirter avec elle. Les mains sur les hanches, sur le qui-vive comme un chat, elle restait debout, en donnant l'impression d'être prête à bondir à tout instant. Elle allait sortir une réplique acide, mais Dalor l'invita à s'asseoir. Naturellement. Elle retint un regard noir : elle n'avait pas à le juger pour ses fréquentations. Ils avaient l'air amis, à boire de la bière ainsi, mais elle travaillait et ... Et elle ne pouvait décemment pas lui en vouloir d'être amical. Ilhy aimait beaucoup Dalor, et elle ne pouvait juste pas lui en vouloir. La question que posa le nain à son ami à la coiffure excentrique fit tiquer Ilhy qui répondit à sa place, en posant calmement une main sur la table entre les deux chopes, avec l'air du chat qui attrape une souris entre ses pattes. Dans ce geste, il y avait la notion de dominance, comme si par le simple rapprochement, alors qu'elle se penchait vers eux, elle se démarquait.

« Ce qu'il a fait, c'est ce qu'il semble faire le mieux. Voler, n'est-ce pas ? » gronda t-elle tout bas, d'une voix rauque.

Elle secoua la tête et se redressa finalement sans lâcher des yeux Nori. Or, dans une autre situation, c'aurait été plutôt Dalor qu'elle n'aurait pas cessé de regarder. Mais elle n'était pas là pour ça. Elle inspira et désigna du regard la porte avec un nouveau sourire, moins hautain cette fois. Moins bravache.

« Vous pouvez choisir la facilité : sans éclats, sans cris, je vous amène à Béryl et nous n'en parlons plus, vous rendez le fruit de votre larcin et vous vous excusez. Ou, si vous y tenez, vous pouvez jouer au plus fin avec moi, et perdre. »

Cela sonnait presque comme un défi. Ilhy appréciait ceux qui résistaient et qui n'abandonnaient pas, mais elle tenait à lui offrir une porte de sortie. Quant aux excuses, ce n'était qu'histoire de rabaisser un peu tout voleur qui avait eu les mains trop baladeuses.

« Et toi, tu connais ses manies de voleur, et tu n'essayes pas de le remettre sur le droit chemin ? Vous vous êtes connus comment ? » demanda t-elle d'un air curieux, en se tournant vers Dalor.

Comme un papillon vers la lumière, qui ne peut résister trop longtemps. Elle toussota, ne cherchant pas à juger le nain. Elle voulait juste en savoir plus. Mais ses yeux se risquèrent à dévisager Nori, pas pour la même raison mais pour éviter qu'il ne puisse fuir. Elle était déjà prête à courir, à le ceinturer si il fallait. Par contre, du côté des gardes, c'était un joyeux brouhaha et elle n'avait rien à attendre de ce côté là. Elle retint un soupir - elle ne pouvait compter que sur elle-même.

« Je peux savoir pourquoi vous continuez à voler comme ça ? Béryl m'a dit pour votre passé de brigand. Ce n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler un honnête travail » railla t-elle en fronçant les sourcils.

Quand bien même elle aurait été au plus bas, on lui avait appris à ne jamais voler autrui. Bien qu'ayant renié sa noblesse, elle refusait de renier également ses valeurs. Le vol n'en faisait pas partie. Elle appréciait la justice et la droiture, et c'était ce qu'elle aimait chez Dalor, aussi. Enfin, avait-elle cru ...

« Suivez-moi. Je vous conduis au poste de garde » risqua t-elle en tendant une main vers l'épaule de Nori, pour l'attraper.

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» Le voleur dans la nuit (BROGAR)