Les retrouvailles jettent un froid |feat. HirilhornLes moments passés ensemble furent ceux d'une vie heureuse,
si lointain qu'ils ont fini par perdre de leur couleur et ne plus être qu'un songe.
Le regard d'acier roula dans ses orbites avant de revenir se poser sur l'elfe.
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Je suis navré Lemanben, mais on nous avait assuré que tu serais prévenue.~
Et bien ça n'a pas été le cas, répondit-elle sèchement en tournant les talons.
Il n'était pas dans sa nature de céder à l'énervement, pourtant ses pas claquèrent comme le marteau sur l'enclume, les étincelles dansant au fond de ses yeux. Elle quitta l'avant poste elfique sans lâcher un mot de plus, surprenant les quelques gardes qu'elle avait croisé à son arrivée. Aucun d'eux n'osa poser de question en la voyant enfourcher son cheval, craignant peut-être qu'elle incendie toute la forêt si elle ouvrait la bouche. Mieux valait qu'elle parte vite dans ce cas, car c'était que quelque chose d'urgent l'attendait.
Les sabots du cheval de guerre soulevèrent des gerbes de terre à son départ. Une vraie cavalcade. Erydrin n'avait pas de temps à perdre : le partenaire qu'elle avait demandé pour aller enquêter à Fangorn était parti depuis plusieurs heures, sans même avoir connaissance de sa participation à l'affaire, à cause d'une regrettable erreur de communication.
Illuvatar seul savait ce qui arriverait à ce soldat s'il s'aventurait seul dans l'ancienne forêt. Pour éviter de le découvrir, il était vital qu'elle parvienne à le rattraper avant qu'il ne pénètre Fangorn. Diamarth l'avait mise en garde contre les dangers de cet endroit et pour que son mentor lui recommande la prudence, ce qui s'y passait n'était pas à prendre à la légère.
Filant comme le vent, monture et cavalier ne s'économisèrent pas sur le chemin du sud. Les pauses furent brèves et les nuits courtes pour réussir à avaler les heures d'écart, mais après quelques jours de route, la Noldo trouva la piste fraîche d'un cavalier qui fonçait vers la forêt en venant comme elle du Nord. En levant les yeux, un frisson lui parcourut l'échine. La forêt n'était plus qu'à quelques centaines de mètres et un cheval sans son cavalier semblait attendre sous les premières frondaisons. Erydrin ferma les yeux, étouffant un juron rohirrim et talonna son destrier pour rejoindre en vitesse Fangorn. Avec un peu de chance, elle avait rattrapé suffisamment de son retard pour que le soldat n'ait pu faire que quelques pas à l'intérieur.
Lorsqu'elle posa enfin pied à terre, sa monture soufflait bruyamment et une écume blanche le recouvrait par endroit tant il avait sué. Erydrin prit quelques instants pour se reprendre et essuyer la robe de l'animal avant de nouer autour de sa taille sa ceinture d'armes et de passer dans son dos son arc et son carquois.
Elle aussi était fatiguée par ce rude voyage, et bien qu'il aurait été plus sage de ne pénétrer dans la forêt qu'après une bonne nuit de sommeil, elle n'y songea pas un instant. Tout ce qui lui importait en cet instant était de mettre la main sur le garde de Lorien avant qu'il ne lui arrive quoi que ce soit. Ainsi, Erydrin s'aventura sous les arbres, la méfiance se disputant à une extrême attention car il ne fallait rien de moins pour pouvoir déceler les traces d'un elfe se déplaçant en pleine forêt. Au fil des minutes, la solitaire se laissa imprégner de son environnement comme Diamarth le lui avait appris. Elle ouvrit son esprit aux arbres, son coeur à la terre qu'elle foulait. Un vaste mélange de sentiments s'emparèrent peu à peu d'elle dès lors, de la crainte, de la peine, de la douleur et de la colère, comme des tambours de guerre résonnant au loin d'une sinistre manière. Plus proche cependant, elle sentit un autre pic de méfiance et de ressentiment qu'elle décida de suivre.
Elle comprit la raison de cette anomalie dans les bois en distinguant enfin la silhouette d'un homme, écoutant et scrutant lui aussi la forêt. Il portait l'uniforme des gardes de Lorien et l'oreille pointue qui se détachait sur ses cheveux noirs ne laissaient pas de place au doute : il était le soldat envoyé par les seigneurs de Lorien pour l'accompagner. Le soulagement ôta une chape de plomb des épaules de la solitaire qui franchit les derniers mètres pour le rejoindre sans cacher sa présence.
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Le suilon, vous devez être le soldat envoyé par les seigneurs Galadriel et Celeborn ? Elle se posta devant lui, son visage toujours aussi sévère malgré le soulagement de l'avoir trouvé et marqué par la longue balafre qui lui avait coûté un oeil. L'autre était posé simplement le garde, jaugeant de son vert hivernal ses réactions pour adapter la suite de son discours.
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Il semblerait qu'il y ait eu une erreur dans les ordres qu'on vous a transmis : nous étions sensé partir ensemble de Lorien pour enquêter sur les bouleversements de Fangorn.
Rapidement, elle se permit de le détailler de haut en bas, s'assurant qu'il n'avait rien.
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Heureusement, j'ai pu vous rattraper à temps.Une étrange sensation l'envahit quand elle releva les yeux vers lui. Une impression vaguement familière qui la laissa sceptiques une fraction de secondes mais qu'elle balaya comme une feuille morte est balayée par le vent d'automne.