Sujet: Can't keep my eyes off of you (Shana & Sharbat) Lun 13 Mar 2017 - 22:06
Can't keep my eyes off of you
Shana & Sharbat
Le périple au travers du désert n'avait pas été de tout repos, et en dehors de tout ce qu'il aurait pu imaginer, Sharbat n'aurait certainement pas cru qu'il allait se terminer ainsi. Il était parti comme un lâche de son royaume, le poids de ses responsabilités pesant sur ses épaules alors qu'il fuyait au prix de bien des choses. Sa vie n'importait que peu face au sort de tous ces gens, et il avait le devoir d'y faire quelque chose. Bien sûr, il y avait des solutions faciles comme des solutions bien plus couteuses à prendre, et les choses étaient bien loin d'être réglées. Déjà pour son propre sort, c'était assez peu certain qu'il puisse sortir des Harad sans une bonne armée à sa poursuite ; en temps que fils de roi, il était déjà bien recherché dans les quatre coins du désert, imaginant sans doute qu'il n'ait pu aller plus loin. Ce qui était largement probable, au final : parce qu'il ne parlait qu'haradrim, et qu'il n'était effectivement pas encore passé au delà des frontières du désert. Sharbat savait que sa tête était mise à prix, un prix rudement lourd, et bien pensé pour ce qu'il représentait. La vermine à abattre, parce qu'on ne craignait rien du premier fuyard qui avait pris ses jambes à son cou quand on avait tenté de l'assassiner. Farshad était parti, lui, pas encore. Enfin, pas tout à fait. Mais il en résultait que ce voyage était un long périple, peuplé de doutes et de courses-poursuites pour sauver sa peau.
Sharbat avait pris un soin particulier à dissimuler son visage derrière un turban noir, ne laissant que ses petits yeux bruns cernés de kajal pour observer le reste du monde. Il avait traversé le désert en inconnu, il n'était personne, un simple pèlerin de passage, un voyageur lambda. Et pourtant, à maintes reprises, il avait senti son cœur battre la chamade alors que des gardes royaux passaient juste à côté de lui tandis qu'il se tapissait dans la foule pour ne pas se faire repérer. Il avait voyagé avec la jolie Cármen, également ; une femme qu'il avait sauvée d'un triste sort pour une raison idiote, mais il ne regrettait pas. Cette jeune femme avait été d'une excellente compagnie malgré les péripéties qu'ils avaient du traverser, et ils s'en étaient sortis tous les deux sans encombres, mais sans trop savoir comment. Finalement, il était là devant cette immense porte de jardin, pour la ramener chez elle, et il sentait que les questions qui le taraudaient allaient revenir très vite.
La porte leur fut ouverte lorsque la jeune femme révéla son identité, et ils entrèrent, longeant le long chemin en pierres qui menait jusqu'à la demeure. Sharbat avait laissé sa monture aux gardes, il avançait, à la fois fier et timide, les mains jointes devant lui. Il n'était pas des mieux habillés, n'ayant rien d'autre que les vieux tissus qui lui avaient servi de vêtements durant son séjour dans les cachots de Sturlurtsa Khand, et il avait pris la fuite sans même se changer. De toute façon, il ne voulait pas laisser savoir qui il était, alors même si Cármen finirait par savoir son nom, il n'était pas prêt à révéler son rang. Son visage non plus, il n'était pas prêt à le montrer à tous ces gens qui pourraient facilement prendre parti pour obtenir les bonnes grâces de son frère encore au pouvoir. Alors il se tairait tant qu'on ne le forcerait à rien, ne laissant comme fenêtre sur lui la simple ouverture qui laissait voir ses iris dorés.
Il était arrivé, réclamant une audience avec la maitresse de maison qui était seule présente ici. Bien sûr, il voulait seulement lui expliquer la situation concernant Cármen pour mettre les choses au clair, et surtout, demander l'hospitalité quelques jours afin que son cheval n'ait le temps de se reposer, en l'échange de quoi il ferait des travaux ici si nécessaire, et il laisserait les quelques pièces qu'il lui restait. Sharbat était un homme droit et convaincu, aussi, il ne souhaitait pas disposer des autres pour lui. Alors, on le guida jusqu'à un salon pour le faire attendre. Il resta là un moment, à observer les tranches des livres déposés soigneusement sur les étagères, ou encore les poteries fines qui décoraient l'endroit ; c'était somptueux, cela lui plaisait bien plus que son palais. Pourtant, il était un peu gêné, alors il ne toucha à rien, restant bien droit, les mains toujours jointes devant lui et le menton haut, attendant finalement le moment où la porte s'ouvrirait sur la jeune femme dont on lui avait parlé.
Sujet: Re: Can't keep my eyes off of you (Shana & Sharbat) Ven 28 Avr 2017 - 14:32
Can't keep my eyes off of you
EXORDIUM.
Les semaines avaient été longues et angoissantes, l'attente et l'inquiétude rongeait l'âme de la bâtisse d'An Karagmir. Cela faisait longtemps que Shana n'avait plus connu pareille détresse, scrutant chaque jour l'horizon, espérant entrevoir la forme d'un cavalier sortir d'entre les dunes, empruntant les chemins des messagers et des commerçants pour se rendre en toute hâte jusqu'à l'entrée de la demeure. Voilà des jours que Leoden était parti, fou de colère et mort d'inquiétude, et que Namvar n'était plus rentré, trop occupé à coordonner les recherches en parallèles de son commerce. Shana tenait la maison comme à son habitude, faisant de son mieux pour rassurer ses enfants sans pour autant réussir à se convaincre elle-même que l'issue de cette histoire serait positive.
La sécurité avait été renforcée, et les domestiques étaient tout aussi fébriles que leurs maîtres. Tous ici s'étaient pris d'affection pour Cármen et son homme du Rohan, et savoir que la cousine de Namvar avait été enlevée impunément était un choc pour tout le monde. Sheïma était inconsolable, et Caleb ne cessait de demander où était partie sa « tante Cármen ». Shana avait toute confiance en Leoden et en Namvar, mais le désert était vaste et le monde l'était plus encore. Ils disaient que c'étaient des marchands d'esclaves qui l'avaient enlevée. Comment savoir où elle était aujourd'hui ? A qui elle avait été vendue, comment ces gens la traiteraient ? Shana pensait sans cesse à sa cousine, priant les étoiles chaque nuit pour qu'elles la protègent du mieux qu'elles le pouvaient. On avait violé son havre de paix, on avait enlevé une personne de son sang. La colère qu'elle ressentait était éteinte par l'inquiétude à l'idée que d'autres de ces brigands s'introduisent ici et enlèvent Sheïma, Caleb ou même les femmes et les hommes qui travaillaient pour sa famille.
Les grandes portes étaient fermées et plus surveillées que jamais. Ainsi quand on vint la chercher pour lui annoncer qu'un cavalier s'était présenté à l'entrée, accompagné de Cármen, le cœur de Shana rata un battement. Était-ce réel ? Était-ce vraiment possible, après tout ce temps ? Et qui était cet homme mystérieux qui l'accompagnait ? Si cela avait été Leoden ou même un des hommes de Namvar, les gardes l'auraient sûrement reconnu. Shana s'était levée, contenant son appréhension et sa joie, se préparant à toute éventualité. « Faites-le entrer, mais restez sur vos gardes, ne le laissez pas seul. Faites venir ma cousine dans sa chambre directement, » ordonna-t-elle avant de se diriger vers ladite chambre accompagnée de Djermina. Rien n'avait changé dans la pièce depuis le départ de Leoden, mais Shana s'activa à rendre la pièce aussi confortable que possible tandis que Djermina préparait un bain chaud. Shana fit brûler de doux encens qui apaiseraient l'esprit de sa cousine bien-aimée, puis prépara des vêtements propres. Elle fit venir la vielle et sage Lyna pour accueillir Cármen et s'assurer qu'elle allait bien. Shana demanda à ce qu'on prépare un repas et du thé, puis se dirigea dans le hall d'entrée quand on lui signala que Cármen était arrivée. Elle était plus pâle que la dernière fois qu'elles s'étaient vues, et semblait amaigrie et épuisée. Shana la serra dans ses bras, émue de la revoir saine et sauve. Des larmes de soulagement embuèrent ses yeux, des larmes qu'elle ne fit pas l'effort de cacher tandis qu'elle prenait sa cousine par la main et l'entraînait vers sa chambre.
Lorsque Cármen fut endormie quelques minutes plus tard, Shana sortit de la pièce et essuya de son pouce une larme qui avait coulé sur sa joue. Le soulagement était intense, mais Shana était bouleversée de voir sa cousine dans cet état, inquiète de savoir ce qu'elle avait bien pu vivre de terrible ses dernières semaines. Lorsque Cármen était arrivée quelques mois plus tôt avec Leoden, elle était aussi fatiguée et marquée par de dures épreuves, mais ce n'était rien comparé à ce que Shana avait vu aujourd'hui. Elle eut un faible sourire, heureuse de la retrouver saine et sauve, et consciente qu'il fallait se réjouir de cette vie toujours présente et de son cœur qui battait. Elle posa une main sur son ventre arrondi, sentant le cœur de ce petit être qui grandissait en elle battre à l'unisson du sien. Ses peurs étaient les siennes, ses inquiétudes et ses joies étaient partagées. L'angoisse qu'elle avait ressenti pendant des semaines avait agité le bébé, et maintenant Shana espérait qu'elle pourrait cesser de le tourmenter.
Djermina se présenta devant elle, lui annonçant que le mystérieux homme demandait à avoir une audience avec elle. C'était attendu, et Shana hocha la tête, demandant à sa fidèle amie de faire venir le thé et une collation dans le salon avant de descendre les marches qui menaient dans cette pièce de réception, la plus importante sans doute de la maison. Sa longue robe bleue glissait sur le sol de pierre douce, et ses pieds semblaient la guider sans même qu'elle n'y réfléchisse. Elle posa sa main sur la rambarde pour s'équilibrer, et réajusta sa coiffure et le voile léger qu'elle déposait sur ses cheveux lorsqu'un visiteur inconnu demandait à la rencontrer. Cármen était rentrée. Le soulagement qu'elle ressentait ne devait cependant pas lui faire oublier les bonnes manières, ainsi que la méfiance qu'elle se devait de garder à l'encontre d'un inconnu si tôt après ces événements tragiques qui étaient survenus chez elle. Elle s'arrêta devant l'entrée du salon, prit une inspiration pour se remettre de ses émotions, et poussa le rideau, entrant dans la pièce avec un visage calme, serein et dépourvu de toute émotion visible.
L'homme lui faisait face, de l'autre côté de la pièce. Il se tenait debout, les mains jointes devant lui et Shana eut l'impression qu'il n'avait pas bougé d'un pouce en l'attendant. Il était assez grand, presque autant que Namvar, et de lui se dégageait une aura mystérieuse que Shana n'aurait su s'expliquer. Étrangement, cette impression lui rappelait un peu celle qu'elle avait eu de son mari pendant de longues années, celle d'un homme qui, aussi proche puisse-t-on être de lui, resterait éternellement une énigme pour le commun des mortels. Enfin, il faut dire que cette impression pouvait être facilitée par le fait que l'homme était entièrement masqué, le turban qu'il portait sur sa tête lui cachait son visage, ne laissant entrevoir qu'une paire d'yeux bruns entourés de kajal. Ses vêtements étaient quelconques et salis par la poussière et le sable. Rien ne permettait de le distinguer, et il semblait être le portrait typique d'un nomade du désert, traversant les dunes pour vendre sa marchandise, ou parfois même des esclaves. Shana s'efforça de lui adresser un sourire bienveillant, repoussant ses craintes. Après tout, deux gardes se tenaient dans l'encadrement de la porte, et puis cet homme lui avait ramené sa cousine saine et sauve. Il ne pouvait pas avoir de mauvaises intentions – et s'il en avait, il se retrouverait bien vite maîtrisé.
Shana s'approcha et vint se placer au centre de la pièce. Elle adressa un sourire à l'étranger. « Sois le bienvenue ici. Je suis Shana, épouse de Namvar le marchand et maîtresse de cette maison. Je te suis infiniment reconnaissante d'avoir ramené ma cousine chez elle, et je suis prête à t'écouter. » Djermina entra au même moment avec un plateau, déposant le thé à la menthe et des biscuits sur la table basse. Shana lui fit un signe de remerciement et Djermina s'agenouilla devant la table pour servir le thé. La maîtresse de maison regarda l'étranger avec bienveillance, puis lui indiqua la petite table basse et les coussins qui l'entouraient. Elle s'assit d'un côté de la table, faisant face à l'étranger. Elle regrettait de ne pas voir son visage, cela la rendait plus nerveuse et méfiante qu'elle n'aurait voulu le reconnaître. Après tout elle y était habituée, c'était assez courant par ici, mais elle ne pouvait s'empêcher de rester sur ses gardes après ce qu'ils venaient de vivre. Elle verrait bien s'il se sentait assez à l'aise pour boire le thé ou s'il se contenterait de lui parler sans baisser son turban.
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Sujet: Re: Can't keep my eyes off of you (Shana & Sharbat) Mar 23 Mai 2017 - 15:40
Can't keep my eyes off of you
Shana & Sharbat
S'il avait trouvé la pièce de cette maison d'une certaine beauté, il allait sans dire que lorsque son regard mordoré se posa sur la jeune femme qui entrait dans le salon, il en oublia bien vite la magnificence de l'endroit. Ses petits yeux cernés de noir se posèrent un instant sur elle, appréciant la pureté rare du visage qu'il distinguait à l'autre bout de la pièce. Elle avait le teint halé mais pas mangé par le soleil, et les joues légèrement piquées d'une multitude de tâches de rousseur qui venaient parfaire le portrait. Des lèvres charnues dans un sourire qui semblait lui être adressé, et le suderon se perdit encore quelques secondes dans son regard aux teintes malachites. Elle s'avança, et presqu'aussitôt qu'elle dégagea la vue sur l'embrasure de la porte, l'homme remarqua qu'elle était gardée par des hommes armés. C'était bien normal, songea-t-il : après tout, il n'était rien de plus qu'un inconnu sans nom qui ramenait une jeune femme qui s'était fait enlevée. Il aurait pu être n'importe qui, voir même un grand danger pour cette famille ; il était normal que l'on éveille autant de mesures quant à sa présence, même s'il comptait bien prouver qu'il n'était pas ici pour faire du mal.
Oh, ça, le mal, il en avait dans les veines : mais la douceur de Cármen avait su palier à ses desseins trop sombres pour l'apaiser quelques jours. Il réservait à d'autres cette souffrance qui couvrait encore parfois son cœur, et pour le moment présent, il attendait avec sérénité qu'on veuille bien le recevoir. La jeune femme s'avança vers le centre de la pièce ; elle n'était pas très grande mais sous le drapé de sa robe, l'on devinait une silhouette agréable et féminine. L'homme se sentit tout à coup gêné de se présenter ainsi dans ce magnifique salon et à cette maitresse de maison qui donnait l'air d'une apparence irréprochable : il était souillé, ses vêtements noirs marqués par la poussière, la saleté et par endroits aussi, le sang séché. Son visage en revanche restait dissimulé sous le turban qu'il avait placé sur son crâne, couvrant ses traits princiers et sa chevelure d'un noir de jais.
Il s'approcha lorsqu'elle l'invita à prendre le thé, assez rassuré du fait qu'elle prenne son temps pour lui parler plutôt que de le jeter à la porte directement. Sharbat s'avança, il vint prendre place juste en face d'elle, sur les coussins d'une facture étonnante, s'installant en tailleurs devant la table basse. Il sentait déjà derrière son turban les effluves du thé ; il était en réalité assoiffé et avait très faim, de par les longues routes et la chaleur qui avait ralenti leur voyage, et sa gourde d'eau qu'il avait allouée à Cármen. Alors il attrapa calmement la tasse que la jeune femme lui présentait, bien conscient qu'il aurait à tomber son turban pour la porter à ses lèvres. C'était quelque chose qui le mettait relativement mal à l'aise, mais il ne pouvait le garder plus longtemps : c'était hostile de se présenter chez quelqu'un de la sorte. Hésitant un instant, il porta ses mains sur le turban pour le détacher, et laisser retomber la partie qui lui masquait le bas du visage. Il offrait alors ses traits nobles au regard céladon de la jeune femme qui le recevait.
« Shana » répéta-t-il dans un murmure. « Merci infiniment de me recevoir ici » Il baissa la tête dans un signe de redevance, détachant difficilement son regard de la demoiselle qui semblait étrangement le captiver. « J'espère que tout va bien pour Cármen, elle a eu quelques soucis avec le bébé pendant notre voyage pour la reconduire ici. J'ai fait ce que j'ai pu, mais je serais rassuré que quelqu'un de plus compétent y jette un œil.. » expliqua-t-il, afin de s'assurer que tout se passerait bien pour celle qu'il avait sauvée. « Le trajet a été difficile, nous avons vu son mari sur la route, mais nous étions poursuivis et il nous a été impossible de le prévenir. » Sa voix se perdit dans un silence le temps qu'il porte la tasse à ses lèvres pour s'abreuver du thé parfumé qu'elle avait préparé. « Si j'ose vous appeler ici, c'est que.. Je suis contraint de vous demander si vous acceptez de me donner l'hospitalité pour une nuit ou deux. Mon cheval a besoin de repos et ainsi je pourrais veiller à ce que Cármen se porte mieux. Bien sûr, j'ai là quelques pièces pour vous payer, et je ferai n'importe quel service pour vous ou votre mari » avança-t-il pour plaider sa cause, ses prunelles brunes essayant encore de sonder le visage de la belle.