La princesse et la guérisseuse [Arwen]

La nuit. La nuit profonde et totale. C’est un des moments que je préfère, vous savez. Parce que, étrangement, si à la lumière du jour, je me perds dans les rues, il y a une sorte d’instinct qui me permet de me retrouver dans cet endroit lorsque je laisse la nuit m’entourer. Ce soir, minuit avait sonné depuis longtemps alors que je relève la tête de mes cours de guérison. Mes mains tâchées de la suie de mes fusains, ma robe pleine de traces noires… Je ne suis pas belle à voir, ça non. Mais, c’est le prix à payer pour être l’étudiante de Maitre Elrond. Voilà quelques jours à peine que je suis ici, et je suis bien décidée à lui montrer que je suis capable d’être une bonne étudiante et qu’il a raison de mettre des espoirs en moi ! Mais, au-delà de cela, de cette envie de plaire et de faire mes preuves, je suis aussi et surtout une jeune elfe de cinq cent ans qui a besoin de bouger. La Lorien, patrie où j’ai grandi, m’a vu aller de nombreuses fois dans la rivière au beau milieu de la nuit, et j’ai bien envie de sortir de ma chambre pour aller me détendre. Non, je ne peux pas rester là. Je ne dois pas rester là. J’ai besoin de m’éloigner et de me ressourcer. Un bain dans la cascade sera parfait, même si nous sommes en hiver et que la première neige est tombée hier. J’aime le froid.

Je tourne sur moi-même, dans ma grande chambre, et j’aperçois une serviette de couleur pourpre sur une étagère. Ce qu’elle fait là ? Je n’en ai aucune idée. Je n’ai pas de servantes. Ma tante voulait m’en donner, que j’arrive ici, à Fondcombe, comme il le faut pour mon rang. Mais, la solitaire que je suis n’en avait aucune envie. En Lorien, j’étouffais. La maison de ma tante est jolie, très jolie, mais les servantes y faisaient n’importe quoi. Elles rangeaient la moindre chose qui trainait, et elles faisaient des choses dans ma chambre que je n’aimais pas. Oh, combien de fois ai-je pleuré parce qu’elles avaient mal rangé le collier de ma mère ? Ou la dague de mon père ? Elles ne touchent plus sans mon avis, maintenant, les servantes de ma tante. Il parait que je suis trop fragile, et qu’on doit me laisser faire. Je les entends parler, je les entends dire mais… Mais ce n’est pas grave. Je sais qu’ils ont raison. C’est pour cela que je me suis éloignée de la Lorien. Pour ne plus les entendre parler. Pour grandir, aussi.

Dehors, la température est froide, très froide. Mais, le froid ne m’a jamais dérangée. J’aime bien ça, même. La peau qui rougit, cette impression lorsque tu rentres à la chaleur qu’il fait si chaud, si bon, que tu es dans un véritable cocon… Oui, j’aime le froid. Je m’approche donc de la serviette, je me saisis d’une robe grise toute simple à enfiler en sortant de l’eau, et je laisse mes pas me guider jusqu’au bassin extérieur. Oui, alors qu’il y a de la neige dehors. Mais, ce n’est pas grave. J’aime le froid, je vous ai dis !

Là, je me déshabille, et je mouille ma nuque et mon ventre, avant de simplement plonger dans l’eau, laissant sur un banc à quelques mètres du bassin mes affaires. C’est froid. C’est froid mais j’aime ça. Le froid, ça revigore. Le sang circule mieux. Et, comme ça je pourrais recommencer à travailler ensuite. Je suis toute nue, avec pour seule compagne la cascade, du moins c’est ce que je crois. Espérons que cette ombre qui arrive n’est pas un garde, car je crains que de mauvaises rumeurs ne se mettent à courir sur moi par la suite… Oh, je ne peux pas salir le nom de mon grand-père, Celebrimbor… Je ne le peux pas ! Mais, de toute façon, je n’ai pas encore vue cette ombre. Cela pourrait être n’importe qui. Même un orc. Non ! Les orcs ne s’aventurent pas autant dans les terres des elfes. Et puis, ils ont peur d’Imladris et de ses pouvoirs.

Ah, l’eau froide. J’adore ça. Je me délecte de cette sensation glacée qui me donne l’impression d’être vivante. Pour le rester, d'ailleurs, je dois nager. Je dois continuer à bouger. C’est vivifiant. Vraiment vivifiant. Je nage, je tourne en rond, certaine que personne ne peut me voir. Je redeviens une enfant pleine de vie qui s’amuse et qui barbotte. Bon, je dois avouer que lorsque j’étais enfant, j’avais le droit à des bains plus chauds. Mais, certes dans le cadre d’une salle de bain et non dans cet endroit absolument magique. Je relève les yeux vers le ciel étoilé et, grâce à la lueur de la lune, observe un instant l’eau qui tombe du ciel avant de nager jusqu’à la rive où je m’installe, les fesses sur un rocher, toujours dans l’eau, pour essorer mes longs cheveux et en faire une tresse pour être tranquille – et ne pas avoir à passer dix heures à les démêler ensuite, accessoirement… Une voix me fait sursauter et je tourne la tête sur le côté pour découvrir une forme féminine. En m’y attachant un peu plus, je remarque ses longs cheveux noirs et sa peau diaphane. Cependant, elle n’a pas l’air armée et elle ne porte pas d’armure. Si c’était interdit, on me l’aurait dit lorsque je me suis installée ici, voyons. J’ai après tout harcelé mes instructeurs pour savoir absolument tout ce qu’il était possible de faire, et se baigner dans la cascade a été une de mes premières questions. Donc, je sais réellement que c’est autorisé. Mentir est mal, mademoiselle. Je croise les bras sur ma poitrine. Ma tresse est finie et pend dans mon dos, attachée par un petit ruban de couleur verte. Je toise l’inconnue. Avec la pénombre, mes yeux d’elfe ne voient que son apparence, et puis de toute façon, je n’aurais pas reconnu quelqu’un que je n’avais jamais vu. J’étais tellement dans mes études en cette période de ma vie que le reste du monde n’avait que peu d’importance. Tous n’étaient que des visages sans fin, des elfes que j’aurais le temps de rencontrer et connaitre plus tard. Donc, un peu de ma trop grande franchise vis-à-vis d’une inconnue ne pouvait pas me faire de mal, n’est ce pas ? A moins que ce ne soit une sorte de lâcheté. J’en connais beaucoup qui aimeraient ressentir cette liberté dans laquelle je vis. Cette fuite. Pour ne pas penser à ce jour. Pour continuer à m’enfermer dans mon mensonge préféré. Je me mords la lèvre inférieure en détournant le regard. Une larme s’échappe de mon œil gauche, mais fort heureusement, on pourrait croire que ce n’est qu’une goutte d’eau. J’en suis couverte. D’ailleurs, je recommence à avoir froid. Il faut que je nage un peu. Je me lève donc, me moquant totalement du fait que l’elfe inconnue puisse voir ma nudité et plonge dans l’eau, la tête la première pour ressortir quelques mètres plus loin. Vous venez, mademoiselle inconnue, ou bien vous restez là à me regarder ? Je laisse échapper un rire et lui envoie une petite gerbe d’eau, qui fort heureusement ne l’atteint pas. A moins que vous n’ayiez pas de serviette pour vous sécher ensuite ? On pourra partager la mienne si vous voulez…

Et bien, votre âme doit être bien noire dans ce cas. Je croise les bras malgré ma nudité, et je soupire un coup. J’ignore à qui j’ai affaire et je m’en moque, au fond. Le mensonge est l’arme du faible, vous savez. Je crois que je pourrais la tutoyer. Je me demande bien qui elle est. Il n’y a jamais personne à cette heure ci dans les rues, normalement. Même en Lorien il n’y avait personne. Mes baignades nocturnes étaient tout simplement faites de solitude et de la lueur de la lune. Au fond, je me dis bien que j’aurais pu et du rencontrer quelqu’un bien plus tôt. Mais, j’ai eu de la chance. Vraiment de la chance. De vos frasques ? Pourtant, je n’ai jamais entendu parler de vous, mademoiselle. Vous êtes bien moins connue que les frères jumeaux d’Elrond. Eux, par contre, leurs histoires font déjà le tour de la Terre du Milieu. Je m’arrête avant de signaler que je les connais bien. En fait, je connais surtout Elrohir qui m’a aidée à m’intégrer par ici. Elladan, lui, reste plus en retrait, plus accroché à son frère. Je ne lui ai que peu parlé. Et puis, c’est un archer. Et, moi je suis bien incapable de tirer la moindre flèche droit. Ça non. On l’a compris très tôt que je ne saurais rien faire avec un arc, et c’est donc au maniement des dagues que j’ai eu le droit. Elrohir est un bon adversaire, parfois même trop bon comme en témoigne un coup sur mon épaule dont le bleu n’est pas encore parti et qui date de la semaine dernière.

Et, qui donc êtes-vous, vous qui prétendez déjà être une légende en ces lieux ? Je continue de nager tout en parlant. J’aime bien cette petite joute verbale. Pour être franche, je ne suis pas réellement sûre de détester cette fille. Elle doit plus être du genre à parler qu’à réellement faire des crasses. Et puis, si elle voulait réellement me faire sortir de l’eau, elle serait déjà allée chercher un garde. Là, elle se contente de papoter.

Pour rire, donc, je l’invite à laisser tomber ses vêtements et à venir me rejoindre, mais ses tergiversions ont raison de ma patience et je lui envoie droit sur elle une gerbe d’eau qui, cependant, ne l’atteint pas. Un sourire sur mes lèvres je hausse un sourcil et plonge sous l’eau pour me rapprocher du bord. Tant que je reste en mouvement, je n’aurais pas froid. Elle saute à l’eau durant le temps qu’il me faut pour rejoindre la berge et nous voilà face à face. Son visage ne me dit rien, d’un autre côté je suis plus préoccupée par mes études de guérisons et toujours plongée dans de vieux grimoires qu’à réellement m’occuper de qui je croise ou ne croise pas au détour d’un couloir. Cependant, cette chevelure brune et ce nez retroussé me font penser un peu à Elrohir. Une cousine à lui peut être ? Certainement. J’ai aussi entendu dire qu’il avait une sœur. Et, si c’est elle, autant dire que je suis assez mal barrée. Voilà que j’ai renvoyé bouler une princesse. Mais, n’en suis-je pas une moi aussi ? Je suis Elinà, princesse d’Ost-In-Edhil. C’est ainsi que ma tante m’a dit de me présenter. Ainsi, tout le monde sait que je suis la petite fille d’un héro de notre peuple. Je ne suis pas sûre de conserver cette appellation très longtemps. Après tout, qu’est ce que j’ai accompli, moi, pour mériter le titre de princesse ? Rien du tout. Je suis juste née dans la bonne famille. Et, Ost-In-Edhil, j’y suis allée. C’est un tas de ruines. Princesse d’un royaume disparut, voilà ce que je suis. Cela me sera tellement utile dans ma vie future... Ou pas.

Une moue amusée monte à mes lèvres et je lève les yeux au ciel. Cette fille, elle ne manque quand même pas de toupet. Vraiment pas. Sourcils froncés, je nage un peu dans l’eau noire. La nuit est ma compagne, elle a toujours été ce que je préférais. Vraiment toujours. Ce moment où tout est tellement sombre que même les yeux perçants d’un elfe ne peuvent pas voir les larmes couler le long des joues d’une elfe qui a peur et qui a bien envie de rester seule. C’est ce que je suis, après tout. C’est ce que je suis. Une elfe qui attire la solitude et qui se fait toujours oublier parce qu’elle ne sait pas réellement comment agir. Parce qu’elle a l’impression de ne pas être montée sur le même principe que les autres. Parfois, je me demande si Illùvatar aura un jour un plan pour moi, un plan spécial. Mais, dans quelques siècles je me rendrais compte que tout ceci est faux. Que je suis à la place que j’ai toujours rêvé d’avoir. Et que je ne suis qu’une femme comme les autres, au fond. Ni plus spéciale, ni plus transparente que les autres elfes. Et oui. La jeunesse a parfois cet étrange effet sur les gens que de leur faire croire qu’ils sont tellement plus et tellement moins à la fois que ce qu’ils sont censés être.

Mais, revenons à cette étrange demoiselle qui vient de me rejoindre dans le bassin d’eau. Elle est folle. Je prends ce genre de bain depuis toujours, ma peau et mon corps sont donc habitués. Mais pour elle, c’est le rhume assuré demain matin. Si elle n’a pas d’engelures, elle aura de la chance, d’ailleurs. L’eau est glacée. Je recommence à bouger machinalement : il faut faire circuler le sang dans les veines si je ne veux pas être malade demain. Je m’apprête à le dire à voix haute, et puis je décide que je m’en fiche, au fond. Cette elfe est assez grande pour décider de ce qu’elle fait. Ouais, une princesse. Mon menton se soulève, et j’attrape une algue pour m’en faire une couronne. Un rire monte à ma poitrine et je nage un peu. Non, c’est une habitude à moi. je lève les yeux au ciel et secoue lentement la tête de droite à gauche. Ça gratte mes oreilles, cette fichue algue. Je m’en débarasse et la laisse couler dans l’eau. Il n’y a personne pour me dire quoi faire, à cette heure-ci de la nuit. Personne pour me juger. C’est bien plus agréable. Voilà que l’inconnue se décide enfin à se présenter. Je l’observe droit dans les yeux avant de soupirer. Ce n’est pas drôle. Je sais qu’il n’y a qu’une seule Arwen en ces lieux : la fille du seigneur Elrond et de Celebrian, sa Dame. Si elle se fait passer pour ce qu’elle n’est pas, c’est franchement mal. Si elle est réellement celle qu’elle prétend, alors… Alors c’est vraiment mal barré pour moi. Arwen ? Si vous êtes réellement la fille du Seigneur Elrond, qu’est ce que vous faites ici sans escorte ? Moi, je suis une princesse sans royaume, tout le monde s’en fiche de ce que je fais. Mais vous… N’importe quoi. Je nage vers le bord du bassin et agrippe la pierre noire qui sert de rive. Ce n’est pas drôle. J’ai l’impression d’être le dindon de la farce, là.

Oui, répondit Elinà avec un air boudeur sur les traits. Parce que ce n’était pas malin du tout. Et, voilà que l’inconnue répondant au doux nom d’Arwen commence à lui expliquer en quoi ça l’était, drôle. Autant dire que cela ne lui plait pas. Vraiment pas. Ce que vous faites de mal, rétorqua Elinà, C’est de ne pas vous présenter et de jouer avec les nerfs des gens. La princesse sans royaume sortit de l’eau et commença à se diriger vers l’endroit où se trouvaient ses vêtements et sa serviette, chose qu’elle ne trouva pas. Elle grogna un coup et finit par se tourner vers Arwen, vraiment mécontente désormais. Elle avait froid et le vent était en train de la faire tomber malade. Mon amitié, vraiment ? Alors, rendez moi mes vêtements, voleuse ! Qui d’autre pourrait les avoir pris, hein ? Elinà était sur le point de rentrer toute nue. La seule chose qui l’arrêtait était l’idée de croiser un garde comme ça. Ou bien, pire, un des jumeaux. Elladan et Elrohir ignoraient tout de son habitude de bains nocturnes, et elle entendait bien que ça reste ainsi. Parce qu’elle n’avait pas l’intention de partager ça avec quiconque. Pas même avec leur sœur, d’ailleurs. Vraiment pas. C’était son petit plaisir, et si elle avait joué avec les mots dans cette joute pseudo amicale, elle désirait maintenant être tranquille. Et au chaud. Sous une couette. Voir même deux.

Ses habits récupérés, Elinà se força à s’essuyer avant de remettre sa chemise de nuit, ses collants épais, et sa robe en feutrine. Puis, elle s’enroula dans sa cape en fourrure d’ours avec un air béat. Elle était heureuse, vraiment heureuse. Elle resserra les pans autour d’elle, et elle enfila ensuite ses bottes en cuir. Ses orteils étaient quelques peu douloureux, aussi ne pourrait-elle pas se recoucher tout de suite. Elle allait devoir se blottir à côté du feu le temps de se réchauffer totalement, chose que Arwen devait ignorer. Suivez moi, finit par lâcher la brunette avec un regard exaspéré. Elle guida ensuite la princesse jusqu’à ses appartements, non loin de ceux des jumeaux, dans la grande maison d’Elrond. En tant que sa disciple, elle avait le droit à un petit salon et une petite chambre simples. Elle raviva le feu et désigna le fauteuil de l’autre côté de l’âtre. Asseyiez vous. N’enlevez pas votre cape tant que vous n’aurez pas arrêté de trembler.

Elinà récupéra donc ses vêtements en écoutant Arwen lui dire qu’elle avait été victime de ce tour un nombre incalculable de fois. Et, elle imaginait justement une vengeance. Comme, attacher les cheveux de la princesse aux montants de son lit pendant qu’elle dormait, par exemple. Mais, elle savait bien qu’elle ne pourrait jamais le faire : Elrond ne tolèrerait pas qu’une invitée dans sa demeure vienne ennuyer sa fille chérie. Bon d’un autre côté, c’était elle qui avait commencé ! Elinà ne faisait qu’envoyer là une réponse proportionnée. Enfin, bref. La demoiselle se rhabilla rapidement, enfilant sa robe et sa cape fourrée, se blottissant dedans après s’être essuyée dans le froid mordant de la nuit.

Au fond, elle le savait : elle aurait pu se venger d’Elladan ou Elrohir. Parce qu’Elladan et Elrohir n’auraient fait que se venger à nouveau. C’était simple, c’était facile. Leur relation était faite d’espiègleries et de moments de complicité. Mais, Arwen… elinà ne connaissait pas Arwen. Pas du tout même. C’était leur toute première rencontre. Elle ne savait pas encore ce qu’elle pouvait se permettre ou pas avec elle.

Mais, c’était maintenant le plus compliqué et le plus important. Pour ne pas attraper froid et tomber malade, Elinà devait aller se blottir contre un feu bien chaud. La demoiselle se rendit dans sa chambre. C’était une chambre de taille moyenne avec un âtre et un grand lit. Il y avait au mur de nombreux dessins affichés, et un instant durant, Elinà songea a tous les arracher pour les enlever. Les visages de son oncle et sa tante, la cité d’or de Caràs Galadhon… elinà avait un talent certain pour le dessin, et elle avait emmené avec elle tout ce qui avait fait sa vie d’autrefois. Cependant, elle n’avait pas non plus oublié de vivre ici, car les cascades d’Imladris côtoyaient les visages rieurs des jumeaux et des dessins de plantes avec leur nom à côté. L’endroit était simplement meublé, et certainement très loin de ce que pouvait connaitre Arwen. Mais, Elinà était ici une invitée. Elle n’avait aucun droit de princesse et en fait, elle n’aimait pas vraiment de rang. Pas du tout, même.

Elinà s’installa à côté de l’âtre non sans avoir mis une bouilloire à chauffer au dessus du feu et préparé deux tasses avec des herbes connues pour aider au sommeil. Elle mit l’une des tasses entre les mains d’Arwen et fit tourner la sienne entre ses doigts, attendant le sifflement caractéristique de l’eau chaude. Elinà, rectifia-t-elle quand Arwen l’appela une nouvelle fois « princesse ».

La jeune guérisseuse hocha simplement la tête face à la remarque de sa nouvelle amie sur le Seigneur Elrond. Je me sens minuscule face à lui, avoua-t-elle avec un sourire. Il sait tellement de choses, il a tant à m’apprendre… C’est incroyable. Je pourrais l’écouter parler béatement pendant des heures et des heures. Elle rit et secoua la tête de droite à gauche. Ma tante m’a envoyée ici parce qu’il fallait bien que j’apprenne à faire quelque chose avec mon don mais au final, ça me bloque plus qu’autre chose d’avoir affaire avec quelqu’un d’aussi…grand.

Arwen lui posa ensuite une question sur la chaleur du feu, et le bien être qui s’en dégageait. Notre corps a eu si froid dans l’eau que la seule chose qui pourrait le réchauffer totalement est un bon bain chaud. Se coller contre le feu est un palliatif, et cela évite que nous attrapions froid et tombions malade. Prendre un bain dans de l’eau aussi froide n’est pas à faire sans un minimum de précautions, et encore ne faut-il pas y rester longtemps.