La Fontaine. ▬ Sujet étape

Dalor n'était pas un nain à faire réellement attention à son apparence. Pour lui, des vêtements solides et dans lesquels il pouvait être à la fois protégés et à l'aise lui suffisait. Il n'était pas non plus très à cheval sur l'hygiene comme la plus part des nains d'ailleurs, il se baignait dans les rivières, tout habillé, quand il trouvait qu'il sentait trop mauvais et que ça ne serait pas bon pour la chasse. Mais là... Et bien après tout ce début de voyage et ce foutu sac en tissu sentant le troll, quand il avait vu une partie des nains barbotant joyeusement dans la fontaine, il n'avait sut résister à l'envie de les y rejoindre.

Ca n'était pas tellement pour s'amuser en leur compagnie, mais bien pour se laver un peu de toute la fatigue et la poussière déjà accumulée depuis les montagnes bleues. Il avait d'abord plongé tout habillé, autant laver un peu les vêtements aussi, puis il était ressortit de l'eau et s'était dévêtu pour dépauser ses frusques sur une grosse branche afin qu'elles sèchent au soleil. Il n'avait gardé que ses poignets de force qu'il ne quittait jamais et le collier qu'Ilhy lui avait offert avant qu'il ne parte autours de son cou.

Il était ensuite retourné dans la fontaine, dans un coin un peu à l'écart et s'était joyeusement laissé flotté près du bord pour profiter d'un peu de détente en entendant les autres plonger et s'amuser un peu. Au bout d'un certain temps, d'autres nains les avaient rejoint sans plus de pudeur, après tout ils étaient tous fait de la même façon, et s'était joint au jeu d'eau, même Bombur était de la partie et éclaboussait tout le monde à chaque plongeons. C'est là qu'il le vit.... Kili déjà nu et qui semblait hésiter sur la meilleure façon de rentrer dans l'eau.

- Allez princesse fait pas ta timide ! S'était-il alors exclamé sans pouvoir s'en empêcher tout en lui envoyant une belle gerbe d'eau d'une tape de la main sur la surface.

Le nain ne fut pas long à la réplique et déjà, sautait à pied joints dans l'eau avant de lui promettre vengeance et de l'éclabousser à son tours, plus efficace qu'un moulin à eau. Le petit saligot avait de la ressource et Dalor ne comptait pas se laisser faire, même s'il avait d'abord songé à rester calmement dans son coin comme un vieux pépé. Il essaya bien de lui rendre la monnaie de sa pièce, mais ça ne marchait visiblement pas... Alors il plongea sous l'eau et vint agripper le mollet du plus jeune pour remonter à la surface avec....

- Ne jamais s'attaquer aux plus vieux.... Marmonna-t-il, comptant bien retourner à sa place, mais tombant à son tours dans l'eau.

Il ressortit la tête de l'eau, remis ses cheveux en arrière et éclata d'un rire tonitruant. Par Mahal ça faisait du bien.

Bon d'accord, accepter l'hospitalité des elfes n'est pas vraiment facile pour tout nain qui se respecte. La perspective de manger des feuilles tout en écoutant leurs satanés musiciens faire pleurer des harpes n'est pas des plus réjouissantes, mais le pire serait encore d'avoir à supporter leurs regards condescendants et dégoûtés d'être soi-disant supérieurs. Mais bon, ils nous ont quand même sauvé les fesses, et je crois qu'on s'accorde tous à dire que nous ne sommes pas contre un peu de confort. Sans parler du soulagement de n'avoir pas à se soucier d'être attaqués en permanence pendant quelques jours. De plus, l'environnement n'est pas si désagréable que ça. C'est même plutôt joli, ici.

La compagnie est dispersée, chacun profite de son temps libre comme il l'entend. C'est assez relaxant. Thorin est on ne sait où, certainement avec le magicien et ce Lord Héron. Mes frères sont partis faire le tour des jardins, émerveillés qu'ils étaient à la vue d'une flore si épanouie et si différente de celle entourant nos montagnes. Je soupçonne Dori de vouloir apprendre le nom de chacune des fleurs ici présente, et je plains Ori qui aura à supporter ça. Pour ma part, ça roule plutôt pas mal. J'ai suivi les frères et cousins Ur, qui ont choisi d'aller se reposer tranquillement non loin d'une grosse fontaine. Je me suis perché dans un arbre, tranquillement installé sur la première grosse branche d'un cerisier, à fumer ma pipe. Bofur s'est allongé dans l'herbe au pied de l'arbre, les pieds croisés et les mains sous la tête avec son chapeau ridicule posé sur son visage pour bloquer la lumière. Plus loin, Bombur et Bifur sont assis tranquillement et conversent de temps à autre.

C'est calme. Les oiseaux chantent, l'eau qui s'écoule en cascade de la grande fontaine confère à l'endroit une atmosphère relaxante. Il semblerait que la paix ne puisse jamais être rompue ici. C'est presque trop calme.

J'entends alors des voix nouvelles, provenant du chemin en contrebas. Je n'entends pas vraiment ce qu'elles racontent, car elles sont assez loin et couvertes par le bruit de la fontaine. Cependant, je ne tarde pas à voir arriver ces chers Oìn et Gloìn, qui se dirigent tranquillement vers la fontaine. Je les observe depuis mon perchoir, tirant sur ma pipe en attendant de voir s'ils seront en mesure de me distraire ou non. Gloìn commence alors à retirer sa veste et le haut de sa tunique, encourageant visiblement son frère à faire de même. Après quelques minutes de tergiversations, les deux frères finissent par se retrouver torse-nus à nettoyer leur tenues sur le bord de la fontaine. Je hausse un sourcil, appréciant l'esprit d'initiative de Gloìn. Contrairement à ce qu'on aurait pu parier, il est le premier à profiter de la situation pour faire un brin de lessive. Pourtant, lorsque je vois Oìn se mettre debout sur le bord de la fontaine pour secouer son vêtement, c'est une toute autre idée qui me vient à l'esprit.

Je siffle et arrache un bout d'écorce que je jette sans ménagement sur la tête de Bofur. Un grognement s'élève, mais sa tête finit par émerger de dessous son chapeau. « Quuuoi ? » grommelle-t-il. Je lui indique la scène du bout de ma pipe. Il se redresse sur les coudes et observe nos deux compagnons jusqu'à ce que son cerveau se remette à fonctionner. « Oooh... voilà une occasion à ne pas manquer, pour sûr. » Je saute de mon perchoir et range ma pipe dans ma botte. Bofur s'est levé et a remis son chapeau sur sa tête, puis nous partons tous deux en mission, sur la pointe des pieds. Nous faisons un détour pour arriver dans le dos de nos cibles qui sont toujours debout sur le rebord de la fontaine, absorbés par l'essorage d'une tunique, et n'étant apparemment pas d'accord sur la bonne façon de le faire. La tâche est trop facile. Il nous suffit de sauter sur le bord et de les pousser dans l'eau.

Le bruit d'éclaboussures est instantanément suivi des éclats de rires tonitruants de Bifur et Bombur qui nous ont observés faire sans rien dire. Je me retourne pour les regarder et éclate de rire à mon tour en voyant Bombur rouler sur le sol dans son hilarité. Bien entendu, je réalise quelle grotesque erreur de viens de commettre lorsque je sens une forte poigne me jeter en arrière, et mes pieds perdre le contact du sol. Je n'ai pas le temps de me préparer au contact de l'eau que déjà je la sens me rentrer dans le nez, la bouche, et que mes fesses touchent le fond de la fontaine. Je me précipite à la surface, crachant l'eau qui est entrée dans ma gorge par le mauvais conduit, clignant des yeux pour essayer de voir clair. Les rires autour de nous sont plus forts que jamais, et lorsque je vois Bofur se relever un peu plus loin, je comprends que cette fois c'est lui et moi qui sommes les dindons de la farce.


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Et c'est ainsi que la plus glorieuse de nos batailles éclata. Bifur et Bombur ne tardèrent pas à nous rejoindre, bien trop heureux de venir mettre leur grain de sel dans l'histoire, et soucieux de défendre l'honneur familial. Puis Dalor ainsi que les jeunes princes viennent se joindre à la mêlée, avec tant d'entrain que plus personne ne savait vraiment qui combattait qui. Pour ma part, j'ai pas mal bu la tasse depuis le début des hostilités mais je ne baisse pas les bras. J'ai surtout découvert le grand plaisir de la chute d'eau et la satisfaction de plonger dans l'eau pile au bon endroit pour bien éclabousser sa victime. Certes, personne ne peut rivaliser avec les sauts de Bombur, mais ceux-là restent tout de même assez rares. Tant mieux, où il n'y aurait plus beaucoup d'eau dans la fontaine...

On rit, on s'amuse, et la fraîcheur de l'eau fait un bien fou à nos corps fatigués par le voyage. Je crois que c'est le premier moment où on s'amuse autant, sans réfléchir. D'ailleurs, j'ai dû m'arrêter un peu trop longtemps pour penser à la beauté de l'instant car je me prends un méchant plaquage en plein sur le côté, et je me retrouve une fois de plus au fond de l'eau. Je me relève aussi vite que possible, crachant toute l'eau de ma bouche, et Gloìn se la prend en pleine face. Je le sais avant même d'ouvrir les yeux car j'entends son cri scandalisé. Il s'essuie les yeux et j'en profite pour le faire tomber dans l'eau à son tour, avant de m'enfuir en grimpant dans un des bassins du dessus.

Mes cheveux sont complètement décoiffés, et j'en profite pour les dénouer complètement. C'est la catastrophe quand ils sont lâchés comme ça, mais bon ça ne leur fera pas de mal d'être lavés. Balin et Dwalin étaient arrivés eux aussi. Et si l'aîné se contente de nous observer avec amusement, Dwalin lui était entré dans la fontaine – sûrement pendant que j'étais occupé à me défaire de Gloìn. J'ai un petit sourire en le voyant retirer ses vêtements et me dis que je peux bien attendre un peu avant de replonger dans le bassin du dessous. En plus, j'ai des nœuds gros comme mes doigts... des semaines sans se recoiffer, voilà ce à quoi ça nous mène.

Finalement, je n'ai pas le loisir de me défaire de tous ces nœuds car, au même moment que Dwalin sonne la charge en bas, j'entends Bombur crier derrière moi. Oh non.

Bombur dévale la fontaine à toute vitesse, et je me trouve sur son chemin. Je n'ai pas le temps de prendre mes jambes à mon cou qu'il déboule tel un rocher dévalant une pente, emportant tout sur son passage. Il tombe en plein milieu de la bagarre en dessous de lui, provoquant un véritable raz-de-marée. Je pense qu'on en entendra parler jusqu'au Gondor, de cette vague-là.

Quand à moi je tombe la tête la première dans l'eau, avec toute la grâce du monde. Quand je me relève, me débattant avec mes cheveux, c'est la stupeur. Il y a un grand silence, puis tout le monde éclate de rire. Bombur est le roi de la fontaine.

Pour la première fois depuis qu'il était partit de la Comtée, Bilbo se sentait bien. Il était dans la nature, il se sentait en parfaite sécurité, et surtout, surtout, il pouvait dormir à l'abri sur un vrai lit et manger un peu plus à sa faim car, contrairement aux nains qu'il accompagnait, il n'avait rien contre un peu de verdure de temps en temps. Se retrouver parmi les elfes était sans doute la réalisation d'un de ses rêves d'enfant. Qui n'aimerait pas les approcher de plus près ces êtres magnifiques aussi bien au niveau de l'apparence que de l’intellect ? Oh bien entendu, il se doutait que les nains n'étaient pas des plus heureux de se retrouver ici, il était de notoriété publique que ces deux races ne pouvaient pas s'entendre - même si Bilbo n'avait aucune idée de leurs raisons - et il comprenait bien que si Gandalf ne leur avait pas joué un mauvais tours, ils ne seraient jamais passé par là.

Mais lui, il était content de faire une petite pause dans cette aventure qu'il avait finalement accepté trop vite, et il ne comptait pas le cacher. Tant pi si Thorin et compagnie le lui reprochaient par la suite. Il n'était pas un être des montagnes fait pour être cloitré sous terre dans le noir et sans verdure. Il aimait la nature lui, l'herbe, les arbres, les fleurs, les petites abeilles, les fruits , les bons légumes du potager... Il était un hobbit, n'en déplaise à cette bande de nains rustres mais attachants finalement.

Afin de profiter au maximum de son petit séjour chez les elfes, Bilbo, craignant de déranger malgré tout, s'organisait de petites balades solitaires pour découvrir les lieux en toute tranquillité et à son rythme, c'est à dire qu'il pouvait avoir besoin de la matinée entière pour faire le tours d'une petite place où se trouvait quelques belles plantes. Mais il n'avait pas grand chose de plus constructif à faire tant qu'ils seraient ici. Les histoires de nain ne le concernaient pas et il se voyait mal demander un plan quelconque à Thorin histoire de préparer son infraction dans la montagne solitaire.

De toutes façons, être un peu seul lui faisait le plus grand bien. Il n'était pas encore asociale, même s'il n'en n'était pas loin. Mais il s'était habitué à vivre seul la plus part du temps et devoir partager son quotidien avec quinze autres personne a longueur de temps n'était pas pour le rendre très à l'aise dans le fond.

Aujourd'hui encore, il avait décidé d'explorer un peu les environs, les belles constructions des elfes, les massifs de fleurs toutes écloses et le soleil à travers les branches de ces grands arbres protecteurs. Parfois, il croisait un elfe ou deux, mais à part le regarder avec une certaine curiosité, ils ne lui disaient rien et il entendait bien passer comme s'il ne les avait pas vu. Il voulait être tout seule et profiter du calme seulement troublé par les chants des oiseaux.

Perdu dans ses pensées, il ne aperçue pas tout de suite que le chant des oiseaux se faisait concurrencé par d'autres bruits plus brutaux. Le vent dans les feuilles et les gazouillis étaient remplacés par des bruits d'éclaboussure et des rires gras et peu discrets. Mais Bilbo songeait à la Comtée, à son cher Hamfast qu'il n'avait eut le temps de prévenir à propos de son départ précipité et à Cul-de-Sac qu'il espérait rester en bon état. Aussi, il avançait avec confiance de son pas lent et calme, les mains dans le dos, vers la fontaine actuellement occupée par les nains en quêtes de fraîcheur.

SPLASH !

Et voila notre hobbit tout arrosé, l'air hagard, stoppé au milieu de son chemin. Il fallait le comprendre aussi, il se promenait tranquillement l'esprit ailleurs, profitant de la douceur tiède de quelques rayons à travers les branches quand tout à coup il se retrouvait trempé de la tête aux pieds sans avoir compris comment ou pourquoi.

Raide comme un piquet, le bras écartés du corps et les cheveux collés à son front, Bilbo en avait eut le souffle coupé. Si bien qu'il n'avait émis aucun son lorsque l'eau l'avait atteint par surprise. Il mis tout de même quelques minutes supplémentaires à reprendre pied avec la réalité et là... Il reçu le plus gros choc de toute sa vie...

Des nains... Certes, mais des nains complètement nus qui batifolaient dans la fontaine tels des enfants en pleine découvertes des joies du bain... Les yeux du hobbit s'arrondirent comme des soucoupes, ses joues se colorèrent en rouge en un rien de temps et il lui fallut juste le temps de comprendre où il se trouvait et ce qu'il y voyait avant de détaller comme un lapin pour se rendre le plus loin possible de ce groupe de nains pas possibles....