Fraìa || Diary & Secrets

Invité

Tout ce qu'elle aurait pu espérer

Ce jour-là, on était venu la chercher dans ses quartiers, vérifiant sa tenue, ses cheveux, sa mère lui glissant quelques mots de conseils et d’encouragement, le tout dans un rythme effréné tout en la conduisant vers la petite salle de réception qu’elle utilisait quand elle recevait des visites courtoises. Fraìa n’avait pas eu le temps de poser de questions, ni de comprendre réellement d’où venait toute cette agitation soudaine. Elle n’avait pas de visite de programmée aujourd’hui, normalement… Elle fut presque poussée dans la pièce, et marqua une pause, d’abord pour collecter ses esprits, ensuite parce que son regard était tombé sur son visiteur et elle venait de comprendre d’où venait toute cette agitation.

Il était tout ce qu’elle aurait pu espérer.

Son roi se tenait là. Grand, large, sa crinière régalienne tombant massivement sur ses épaules. Et même si sa barbe était coupée courte, elle devait admettre qu’il n’en était pas moins séduisant. Elle s’était avancée pour le saluer comme elle se devait de le faire en présence de son souverain, avant de lui tendre sa main et de l’inviter à s’asseoir. La conversation était restée courtoise, et s’était révélée très intéressante. Thorin avait su ne pas monopoliser la parole, ni tenter de se mettre désespérément en avant, ce qui était rafraîchissant. Elle l’avait vu hausser un sourcil une ou deux fois, comme s’il avait été étonné du savoir qu’elle possédait. Fraìa s’était contenté d’un petit sourire entendu, en une réponse muette. Elle n’était pas qu’une beauté, et s’estimait même assez éclairée pour pouvoir appuyer son roi dans ses tâches, si elle devait un jour devenir sa reine...

Il était tout ce qu’elle aurait pu espérer, et nul doute qu’elle fut parfaite pour le rôle auquel il la destinait.

Pourtant elle avait blêmi quand il avait fait sa demande. Il était son roi, un homme très plaisant à l’oeil, et à la compagnie tout à fait agréable. Elle devait bien avouer qu’elle appréciait énormément sa présence en sa demeure, mais… en toute honnêteté, elle ne voulait pas devenir sa reine. Elle avait déjà tout le pouvoir et l’argent qu’elle pouvait souhaiter et plus encore. A ses yeux, obtenir ce titre ne voulait rien dire, si c’était pour vivre aux côté d’un homme qui ne l’aimait pas. L’amour, elle le voyait tous les jours dans les yeux de ses parents, et elle se le laissait conter encore et encore. Suffisamment pour savoir qu’il n’y avait pas cette flamme dans les yeux de Thorin. Elle en était venu à se questionner sur la raison réelle de la venue de son roi, et il ne lui avait pas fallut longtemps avant de songer à la notion d’héritier. Mais malgré cela, elle savait que ce ne serait pas leur faire une faveur, à aucun d’entre eux, que d’accepter. Même s’ils semblaient s’entendre à merveille, elle craignait qu’ils ne puissent jamais être que de bons amis, tout au plus. Et elle ne voulait pas vivre sa vie ainsi. Alors elle patienterait, encore.

Il était tout ce qu’elle aurait pu espérer, mais il n’était pas ce qu’elle désirait. Et elle n’était pas celle qu’il attendait non plus.

Invité

Une page

(Rondeau)

Une page de plus qui se plie sous le poids
D’espoirs qui perdurent, sur mon chemin de croix.
Mais malgré les années, mon coeur reste inviolé ;
Ce sanctuaire attend d’être enfin maculé.
Où est donc cet amour dont on vante les lois ?

Il n’est pas apparu, à mon grand désarroi
Ni ici ni là-bas, inconnu sous ce toit.
Une page de plus, bonne à laisser brûler

Car ces mots ne seront toujours lus que par moi
Et dans ce silence, j’attends encor l’émoi
Que tu provoqueras ; ce goût acidulé
Qui n’est qu’un songe hélas, car je reste esseulée.
Une page noircie, car je rêve de toi.

Invité

Confession

Entend la confession d’un coeur pur et sincère :
Je ne veux que t’aimer ; que ta chair soit ma chair,
Mes mains seront ta peau, je soufflerai ton air,
Et je m'agripperai à ta douce crinière.

Tu me feras chanter sous tes assauts experts
Où tes baisers seront offrande salutaire,
Plus brûlants sur ma peau que les rayons solaires.
Le plaisir ultime nous prendra de concert

Et jamais plus ce lit ne restera désert.
Lorsque j’aurais été de tes bras prisonnière
Enfin je connaîtrais le bonheur légendaire
Et je pourrais mourir, ayant vu l’Univers…

Invité

Tienne

(Rondel)

J’aimerais être tienne
Autant que tu sois mien,
Pour qu’au creux de tes mains
J’abandonne mes peines.

J’accueillerais tes graines
Au tréfonds de mes reins.
J’aimerais être tienne
Autant que tu sois mien...

Je l’affirme sans gène :
Cet amour quotidien,
Nous le ferons très bien.
Fais-donc de moi ta reine
J’aimerais être tienne !

Invité

Murmure

(Rondel)

La nuit murmure à mon oreille
Mille et un mots trop indécents.
C’est un tourment qui me réveille,
Un rêve au ton peu innocent.

Au creux de mon corps languissant,
Elle embrase un feu sans pareille.
La nuit murmure à mon oreille
Mille et un mots trop indécents.

Mais ce désir étourdissant
Qui me transporte et m’émerveille
Rappelle à moi ce qui m’effraye :
Qu’à jamais l’Autre soit absent.
La nuit murmure à mon oreille.

Invité

Tu seras

Comme un soleil
Arrivé dans le sang
D’une aube tant attendue,
Tu seras salvateur.

Tu seras le bonheur
Que toutes attendent un jour
Pour baigner de lumière
Une vie rendue morose,

Tout comme la bouffée d’air
Qui manque à mes poumons
Pour me faire oublier
Que je vis en prison ;

Celui pour qui je sais
Qu’un amour fou naîtra
Car il n’est de limite
Dans le coeur d’une mère,
Quand bien même ce fils
N’est pas encore né.

Invité

Le penseur et le coeur

Mes sentiments naissants se font envahissants
Un nain fut si charmant qu'étourdie je me sens.
Le souvenir frappant d’un contact indécent
Affole mon esprit qui devient réticent,
Inquiet de se savoir un appétit grivois.
Si le penseur confus laisse entendre sa voix,
L'amour en pâtira. Tue donc ce scélérat
Qui m'envoie loin de toi et prends moi dans tes bras.

Invité

L'absence

Errant comme une ombre sur votre solitude
Elle plonge son dard dans votre lendemain ;
Le venin se répand sur votre incertitude
Et meurtrit vos espoirs d’un revers de sa main.

Sur votre coeur à vif son poignard s’obstine
Lacère vos pensées, fait naître le néant
puis se rit de vos maux, de ce coeur qu’il piétine,
Ne laissant en son sein qu’un hiatus béant

Car voici l’absence dans toute son horreur,
Son regard si obscur qu’il glace votre sang.
Quand vous pensiez enfin avoir droit au bonheur
Elle brûle vos rêves sous vos yeux impuissants.

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