La terre recèle monts et merveilles, que l'on parle de la Terre du Milieu ou de ce qui la constitue ; encore faut-il savoir les apprécier. Pour Eefje, ce n'était pas seulement source d'émerveillement, même si elle n'avait jamais perdu son âme d'enfant, s'il s'agit bien de cela ; non, c'était au même titre que pour toutes les espèces de la Terre, source de subsistance. La nature est généreuse pour tout le monde et ceux qui ne le voient pas n'ont qu'à mieux chercher, tout se trouve sous nos yeux.
Eefje n'a jamais eu que ça, la terre pour se nourrir, non pas qu'elle mange littéralement cette dernière ; même s'il lui est déjà arrivé d'en ingérer et qu'elle puisse apprécier le petit goût qu'elle procure à sa nourriture. Il y a bien des choses qu'il lui reste à apprendre mais ce n'est certainement pas à se nourrir. La nature a toujours été généreuse avec elle. La Terre du Milieu lui a fourni maintes et maintes sources de subsistance. Que ce soit les plantes, les racines que l'on trouve dans la terre, les insectes, les petits animaux mais aussi les plus gros et enfin ceux qui sont définitivement hors de portée.
La première source de nourriture qu'elle a pu trouver pour assouvir sa faim, alors qu'elle se trouvait enfermée, cloisonnée entre les racines d'un arbre centenaire voir même sans doute millénaire, ce fut un vers de terre. Long, visqueux, épais, elle n'avait rien trouvé d'autres à se mettre sous la dent en attendant de pouvoir sortir de son trou. Il était là, à se glisser sur le sol de cette façon qui leur est propre et elle l'avait regardé faire, hypnotisée par cette mouvance. Oh quelle aurait aimé être un vers de terre. Elle aurait creusé un trou et elle aurait échappé aux vilains humains qui la poursuivaient. Ces humains tout moche et tout pâle qui avaient tenté de la tuer.
Ce vers de terre l'avait bien tenu occupée quelques heures. Tout d'abord, simplement à le regarder, puis à le tripoter. Elle lui avait parlé, tout doucement, avant d'avoir trop peur qu'on ne l'entend et qu'on se souvienne de son existence. Elle l'avait pris dans ses mains, laissé glissé entre ses doigts tandis qu'il se débattait contre la chaleur de ses doigts qui brûlaient son corps flasque. Il se tortillait et elle trouvait ça amusant, sa façon de se débattre comme elle avait pu le faire entre les doigts épais et gourds du tavernier. L'image s'était ancrée dans sa tête et à se souvenir, elle avait serré le poing, de plus en plus fort jusqu'à ce que le bruit caractéristique, humide et gluant, ne la ramène à la réalité. Elle avait alors ouvert la main, son petit coeur se serrant dans sa poitrine devant ce qu'elle avait fait. Les bouts du vers se tortillaient encore, tandis que ce qui se trouvait entre ne ressemblait plus qu'à un amas de chair sanguinolente. Son ventre se mit à grogner, la bouillie lui donnait faim, comme un morceau de viande encore fraiche avant d'être grillée sur le feu et servie avec des pommes de terre. Et puis elle haussa les épaules avant d'enfourner le vers dans sa bouche, raclant ce qui était collé à sa paume avec ses dents. Après tout, que pouvait-elle faire d'autre, ce n'était qu'un vers et elle avait faim. Un jour, elle rendrait à la terre ce qu'elle lui avait pris, mais pas avant de retourner à la terre. Ce qui ne saurait tarder si elle ne sortait pas bientôt de sa prison de racines.
Invité
Invité
Sujet: Re: Eefje's dinertable Lun 11 Juin 2018 - 19:26
Eefje's hobby
Explorer. Ce n'était pas juste un mot pour elle, c'était bien plus encore. Ce n'était pas juste une expression, c'était un art de vivre. Ce n'était pas juste une activité pour occuper ses journées, c'était une philosophie. Ce n'était pas juste une passion, c'était sa raison d'être.
Explorer. La petite passait ses journées à explorer le monde qui l'entourait et aujourd'hui encore, il ne se passe pas une journée sans qu'elle n'ait exploré avec curiosité le monde environnant. Il arrivait que ce soit par habitude, déambulant comme un pantin mais toujours le coeur était là. Toujours, elle explorait l'aspect sibyllin de la vie sans jamais chercher à n'y mettre de sens. Elle en avait vu des choses dans sa si courte vie. Elle aurait pu citer des actes de procréation tous plus explicites les uns que les autres si seulement elle se donnait la peine de parler.
Explorer. C'était tout aussi proche qu'étudier. Comme étudier l'Homme. L'Homme avec un grand H. Lui, il portait le bonheur comme un masque, à l'instar de la gamine qui se couvrait de boue. Cette boue qui lui servait à étudier la nature avec un grand N magistral, totalement submergée par sa beauté. Il lui arrivait de passer des heures allongée sur le ventre, le nez dans l'humus à tenter de discerner les plus petites bêtes. Elle aurait eu meilleure vu, elle se serait adonnée à l'acarologie mais elle ne voyait pas si bien. Alors elle imaginait. S'il existe des bestioles aussi grosses qu'un homme, il doit bien exister des bestioles aussi petites qu'on ne peut les discerner à l’œil nu. Mais elle n'était pas si intelligente pour creuser plus loin.
Explorer. Ça demandait de temps en temps de donner un peu de soi, voir beaucoup. Elle connaissait par cœur les habitudes des loups et des autres animaux peuplant les bois, les ayant arpenté pas moins de six-cent-soixante-cinq manières. La six-cent-soixante-sixième, quelque chose de nouveau capterait son attention. Sa passion, elle s'y donnait entièrement, l'exécutant en totale submersion, jusqu'à provoquer quelques dermabrasions que sa mère tenterait de lécher pour aider à la cicatrisation. La plupart du temps, elle s'en retournait, grondeuse, n'appréciant guère ce genre d'attention qui nettoyait sa peau si soigneusement sale.
Eefje's dinertable
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum