Un instant de complicité

Je flattais l’encolure de Fuldor avec affection en lui parlant tout bas. Il n’était pas mon étalon favori pour rien, nous nous … complétions je pense. Bien que mon adorable et tendre père m’avait toujours dit qu’il était inutile de s’attacher aux chevaux puisqu’ils étaient destinés à mourir sur les champs de batailles. Connerie que tout ça, comme beaux nombres de choses que me disait mon père. Mon étalon poussa son chanfrein contre ma paume et je lui souris. J’avais passé une bonne partie de la matinée dans mes livres loin du monde et du bruit avant de me préparer avec soin. J’avais quelque chose d’important à faire et à voir. J’eus un large sourire idiot arrêtant un instant de panser mon étalon qui poussa un bref hennissement avant de me pousser de la tête.

« Oui ! Oui ! Je m’occupe de toi mon grand, tu n’es vraiment pas patient. »

Je saluais le palefrenier qui passait par son prénom et il me répondit sur le même ton. J’avais toujours fais en sorte d’être près des gens du peuple et de faire oublier mon titre. Il était vrai que vêtu pauvrement, les cheveux négligemment attaché … je ne faisais guère prince. Prince … Je n’étais prince de rien du tout ! J’avais toujours refusé ce rôle. C’était bien pour ça que j’avais quitté le Rohan après tout : ne plus être prince. Je finis de m’occuper de mon cheval qui devait être magnifique, même s’il l’était de base. Mais il avait une autre bête à s’occuper : moi. Je ne partais pas simplement en balade avec mon étalon, non ! J’accompagnais une lady toute particulière se promener, est-ce qu’elle prendrait la jument que je lui avais offerte ? Et dressée spécialement pour elle.

Cependant, je n’étais pas sûre que venir en puant la transpiration, sale, et décoiffé puisse la séduire. J’abandonnais donc mon pauvre étalon pour aller faire un brin de toilette, je lâchais mes habits simples en grignotant une tranche de pain. Je pris une tunique marron clair brodés d’or et un pantalon en toile, je mis mes belles bottes et peignais mes cheveux avant d’attacher seulement les mèches devants avant de ceindre mon épée et ma cape verte. Quoi que je fasse : je portais des habits typiquement du Rohan : seule la matière changeait.

Je finis de seller Fuldor avant de sortir de l’écurie au trot pour rejoindre le point de rendez-vous. Je gardais un mince sourire sur le visage et je sentais que mon étalon répondait à ma joie et mon impatience en secouant la tête. J’arrivais en premier, mais j’étais en avance. J’attendis alors que Fuldor piaffait d’impatience et finalement je la vis arriver. Dieu … qu’elle était belle. J’effleurais les flancs de ma monture qui se dirigea vers la belle lady. Je m’inclinais devant elle avec un sourire et lui pris délicatement la main pour lui faire un baise-main.

« Dame Morwen, je suis heureux de pouvoir profiter d’une chevauchée à vos côtés. »

Je lui souris doucement.

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Un instant de complicité

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La main de Morwen glissa doucement sur l’encolure de l’animal, caressant son pelage avec délicatesse et attention. D’un mouvement de tête, la jument appuya son museau entre les doigts de la dame et la jeune femme étira un sourire discret. Depuis toute petite qu’elle avait appris l’art de chevaucher et celle-ci avait toujours profondément aimé le sentiment de liberté procurer par la course à travers un champs de fleurs ou l’adrénaline d’une chevauchée entre les arbres qui leur frôlaient la tête de leurs branches un peu trop basses. Morwen sortait donc souvent, parfois seule, parfois accompagnée. Elle possédait plusieurs montures, bien qu’elle affectionnait certaines plus que d’autres. Il y avait Sindal, le vieil étalon que son père lui avait offert, le tout premier. Son pelage était entière noir, à l’exception de cette tâche couleur crème sur son col. Il avait quelques années derrière lui, bien qu’il ne fut qu’un poulain à l’époque. Aujourd’hui, elle le sortait plus rarement et que pour quelques balades tranquilles, car il fatiguait rapidement et n’avait plus sa vigueur d’antan. Néanmoins, l’animal était toujours aussi imposant avec un caractère fort dominant, mais la belle avait su l’apprivoiser et était la seule capable de le monter sans qu’il fasse des siennes.

Puis, il y avait Nimael, sa petite dernière, cadeau de la part de Thengel, une jument grise au caractère plutôt affectueux et sociable. Elle et Sindal s’entendaient plutôt bien d’ailleurs. Nimael était vigoureuse et plutôt malléable dans sa personnalité, faisant en sorte qu’il n’avait pas été trop difficile de l’apprivoiser pour la monter. C’était d’ailleurs celle-ci que Morwen choisirait pour sa sortie d’aujourd’hui. Thengel l’avait gentiment invité à aller faire une promenade à cheval, ce qu’elle n’avait su refuser. Elle ne détestait pas sa compagnie, l’idée lui était même agréable. C’était un homme qu’elle avait toujours trouvé intègre, même si elle se désolait de le voir fuir ses responsabilités de prince héritier du Rohan. Mais cette histoire était pour un autre jour. Il ne fallait pas mêler plaisance et affaire politique. Cette journée s’annonçait comme une pause dans l’effervescence des rumeurs sombres qui couraient. Il ne fallait pas la gâcher avec quelques formalités non nécessaires.

Ainsi, elle quitta l’étable en tirant la bride de Nimael qui la suivit docilement, la tête penchée vers le sol. Les palefreniers s’étaient chargés de seller l’animal, il ne restait plus qu’à la monter pour une petite chevaucher. Morwen prit donc le chemin de son point de rendez-vous, juste en dehors des portes de la belle Minas Tirith. Des plaines immenses s’étalaient à perte de vue autour de la cité blanche. Un soleil doux brillait dans le ciel, la journée s’annonçait agréable. Sa chevelure sombre fut balayée par une brise légère lorsqu’elle s’approcha de Thengel qui l’attendait déjà. Celui-ci la gratifia d’un baisemain, geste qui lui arracha un léger sourire.

« Pareillement, Lord Thengel. »

Elle savait comment il détestait être référé à son statu de Prince, alors Morwen s’était toujours contentée d’une appellation un peu moins formelle. La Dame de Lossarnach posa un regard vers l’horizon, ses pupilles auburn scintillant sous les rayons du soleil.

« J’ai pensé que c’était l’occasion idéale pour la première sortie de Nimael. » ajouta la jeune femme en enfourchant sa monture avec grâce.

Morwen caressa doucement l’encolure de l’équidé et l’animal secoua ses oreilles, prêt pour sa chevaucher.

« J’espère que votre étalon a la forme… car la mienne a grand besoin de se dégourdir les jambes… »

Et à ses mots, elle claqua de la langue, faisant détaler Nimael au gallot.

black pumpkin

Je souris en voyant la jument grise que Lady Morwen allait chevaucher : c’était celle que je lui avait offert en cadeau. J’étais heureux qu’elle lui plaise, après tout … je l’avais sélectionné exprès. Fuldor reconnu aussitôt la jument et la salua comme il se doit. Je notai qu’elle utilisait le simple titre de Lord et non celui de prince. J’aurais préféré aucun titre, mais va pour celui de Lord. C’était bien mieux que celui de Prince. Souplement je me mis en selle et Fuldor secoua la tête et se redressa avec fierté. Je souris largement

« L’occasion en effet est belle, tout comme le temps. »

Et pas que le temps … J’essayais de rester discret, mais j’étais attirée par sa beautés et son esprit comme un papillon par une flamme. J’espérais juste ne jamais m’y brûler les ailes. Au mot chevauché Fuldor redressa les oreilles et je passais ma main sur sa robe à la teinte tendre. Je regardais la dame de mon cœur s’élancer comme une vraie Rohanaise. Je relâchais un tout petit peu mes rênes et Fuldor bondit en avant.

Habitué aux chevauchées folles, je me couchais contre l’encolure de mon étalon alezan, savourant le contacte de son pelage contre ma joue, ses crins blancs me fouettaient le visage, mais j’avais l’impression de faire corps avec lui. Il répondait à la moindre de mes sollicitation et ses muscles puissants roulaient sous mes doigts. Je le sentais vouloir se dépasser. Il prit appuie sur le mord et je le laissais faire, sachant pertinemment que je pourrais reprendre la main sans aucune difficulté. Je restais quelques instants à la hauteur de Dame Morwen en lui faisant un signe de main, avant de claquer de la langue pour que Fuldor ne prenne la tête de notre course.

La course dura encore quelques instants puis je me redressais et Fuldor ralentit progressivement sa course. Il avait sur la croupe quelques traînées de sueur blanchâtres. Je fis revenir mon étalon vers la jument d’argent et souris à la jeune femme. Je tendis la main et tapotais l’encolure de sa jument. J’avais bien choisis sa jument.

« Belle course ma dame ! Nulle doute que bientôt vous me dépasserez. »

Fuldor s’agita et s’ébroua de nouveau en redressant la tête. Je tapotais son encolure avec un sourire et je repris mes rênes. Je sentais sous mes jambes qu’il était entrain de reprendre son souffle. Pour un peu je proposerais à Lady Morwen de venir s’entraîner au combat à cheval. Chose que tout bon cavalier du Rohan devait être capable de faire et donc moi aussi par extension. Je restais un instant pensif en me souvenant des courses avec les jeunes recrues de l’armée de mon père, les entraînements … Cela remontait à plus de vingt ans. Je secouai la tête avant de reprendre la route. C’était presque dommage que je n’ai pas pris mon arc : j’aurais pus faire une démonstration … Thengel, parfois tu es stupide. Je repris la parole

« Comment vous portez vous Ma dame ? Avez-vous pus trouver quelques bonnes nouvelles en ces temps sombres ? »

Dés que j’étais avec elle, l’art de la conversation me fuyait. J’avais l’impression d’être un ours pataud et ridicule. J’étais même sûr que Fuldor était plus habile à lui parler que moi.

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Un instant de complicité

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Sa monture avait décollée à vive allure dans les plaines du Gondor. Un vent siffla dans sa chevelure, alors que son corps se cambra contre celui de son destrier, cherchant cette position plus aérodynamique qui lui permettrait d’acquérir de la vitesse. Nimael n’était pas une coureuse expérimentée, encore jeune et un peu fougueuse, mais elle répondait bien au commande de sa cavalière qui la faisait galoper à plein régime. Morwen désirait tester un peu la force et l’endurance de sa jument, histoire d’assurer le choix que Thengel avait fait en la lui offrant. Le paysage défilait rapidement, l’horizon se fondant en une ligne indistincte. Une sensation de liberté submergea l’espace d’un instant la poitrine de la jeune femme, alors qu’il n’exista plus autour d’elle que la brise rugissante et le son des sabots tapant la terre. La journée était belle et le moment parfait. Elle avait toujours adoré faire la course dans les contrées bordant Minas Tirith. Depuis sa plus tendre enfance, la brune ne s’était jamais lassée de voir les collines verdoyantes et les vastes étendues d’herbe et de blé. Avec du recul, la montagne sur laquelle reposait la cité se découpait dans le ciel, semblant plus immense encore de leur position.

Néanmoins, cette bulle qui s’était créée autour d’elle disparut lorsque la silhouette de Thengel se dessina à ses côtés et qu’il la rattrapa avec son destrier. Morwen lui répondit par un large sourire et son regard brilla brièvement d’un bonheur pur. La chevauchée folle s’étala encore un bref instant, alors que le Prince exilé la dépassa au gallot. Fort de compétition, la Dame de Lossarnarch poussa davantage sa monture pour le talonner de près, sans néanmoins parvenir à le dépasser. Lorsqu’enfin vint le temps d’offrir une pause méritée aux deux bêtes exténuées, la brune ralentit l’élan de Nimael qui trotta à proximité du second étalon.

« Ne vous méprenez pas, je vous ai simplement laissé gagner. » claqua-t-elle d’un ton qui se voulait sur la plaisanterie, mais qui laissait transparaître un brin d’orgueil.

Sans arrière pensée, la prochaine fois, elle le devancerait dans la course. Néanmoins, ce n’était guère une compétition, mais qu’une course amicale. En d’autres termes, elle aurait peut-être été un tantinet plus agressive dans sa course. Se laissant glisser en bas de sa monture, Morwen replaça sa chevelure décoiffée par la vent, lissant les mèches échelées qui se dressaient indisciplinées sur son front. Le soleil fit reluire ses pupilles auburn.

« Je me porte à merveille, monseigneur. » dit-elle, un sourire aimable sur le visage. « J’ai ma cousine de Dol Amorth qui viendra me visiter sous peu… mais il n’est guère l’heure pour ce genre de discussions ! » dévia-t-elle.

La belle attrapa la sangle de son destrier pour que Nimael la suive, ce qu’elle fit docilement.

« Venez, j’aimerais vous montrer un endroit. »

Depuis sa jeunesse, la noble dame aimait faire des escapades en secret hors de Minas Tirith lorsqu’elle venait en voyage ici pour les affaires de son père. Très jeune, vers l’âge de peut-être huit ou neuf ans, elle s’était esquivée une nuit, volant une jument dans l’écurie de la Maison du Roi. Et elle s’était promenée autour durant plusieurs heures jusqu’à trouver ce lieu bien précis où elle était retournée régulièrement depuis, un petit havres de paix. En s’approchant un peu des grandes montagnes escarpées qui sillonnaient le paysage, les grands herbes hautes des champs s’estompèrent pour dévoiler une rivière rayant le territoire du Gondor. C’était l’Anduin, la grande rivière, qui se jetait dans l’océan plus au sud. À cet endroit, la rivière rapetissait et longeait le flanc d’une falaise. L’eau y était plus calme. Des pierres et une végétation luxuriante parsemaient la zone.

Morwen laissa Nimael s’abreuver près de la rive pour se désaltérer. La bête était fatiguée et avait besoin de boire, ainsi que de se reposer un peu avant de retourner à Minas Tirith.

« J’aime bien venir ici me retirer pour réfléchir. » souffla-t-elle, ses doigts effleurant la surface d’une grande roche où elle avait pour habitude se poser pour observer le paysage idyllique.

Son regard pétilla doucement et elle grimpa sur son perchoir d’un pas agile, venant prendre sa hauteur. De jour, l’effet était différent, mais le soleil donnait sa couleur dorée au champs de blé. La nuit, c’était le ciel étoilé qui était magnifique.

« Que faites-vous lorsque votre esprit a besoin de calme ? »

La Dame de Lossarnach avait le cœur un peu plus philosophique que son compagnon, mais ce n’était là que le reflet d’une intelligence effilée qui s’intéressait davantage à se qui résidait dans l’âme de ses semblables.

black pumpkin

Nul n’était plus rapide que les cavaliers du Rohan. À part les cavaliers elfes, mais ceci était une autre histoire. De plus Fuldor était taillé et pour la vitesse et pour l’endurance et je ne portais que des vêtements légers, nullement une lourde armure. Bien que les cavaliers du Rohan ne portaient les armures du Gondor. Quoi que je fasse, je revenais toujours à des vêtements venant du Rohan, malgré toute la culture dont je m’abreuvais, pour moi rien ne valait la simplicité des tenues Rohanaises. C’était ainsi. Je souris simplement à la plus belle des femmes de cette terres. Elle m’avait laissé gagner ? J’aimais ce petit ton sûr dans sa voix. Peut-être qu’un jour je la laisserais gagner. Mais pas aujourd’hui. Elle allait bien et bientôt une de ses cousines venant de Dol Amorth viendrait la voir.

Mais visiblement elle ne voulait pas simplement discuter à cheval puisqu’elle venait d’en descendre pour se recoiffer. Je l’imitais et sentis le regard curieux de Fuldor sur mon dos, Roh ! Il ne comprenait rien à l’amour. Morwen voulait me montrer un endroit, j’allais la suivre. Fuldor s’ébroua avec vigueur et me suivit sans perdre un instant. Aussi silencieux qu’une ombre, je la suivis le long de la rivière, laissant mon cheval respirer longuement. C’était un beau paysage qui s’étendait sous mes yeux, peut-être devrais-je venir ici plus souvent ? Des pierres étaient laissées à disposition du marcheur ou du cavalier pour se reposer, et la végétation rendait l’endroit charmant. J’ôtais mon gant un instant pour vérifier la température de l’eau. Elle n’était pas trop fraîche. Je laissais mon étalon se désaltérer avec sa grâce et son calme légendaire.

Je suivi des yeux la lady grimper sur un perchoir de rocher es après un instant d’hésitation, je la rejoignis. Devant nous, un champ d’or liquide se ridait au bourrasque de vent. Je croisais mes mains dans le dos et restais silencieux avant de baisser le regard vers lady Morwen et de réfléchir en dessinant dans mon esprit les traits de son visage. Finalement, je reviens à la contemplation muette du paysage un petit moment avant de répondre lentement.

« Tout dépend de la période et du lieu. Lorsque j’étais jeune homme dès que j’avais besoin de calme et de repos, je prenais le premier cheval venu et je galopais aussi loin et aussi vite que possible. Jusqu’à ce qu’on me ramène de force à Edoras. Ensuite, je me perdais dans les livres ou dans l’écurie, à m’occuper de mes montures. Et maintenant… Je m’installe simplement devant un beau paysage et je laisse mes pensées errer jusqu’à ce que je me sente mieux. »

À chaque fois c’était une fuite de toutes mes responsabilités. À Edoras ce n’était pas que des fuites éperdues avant d’être ramené devant mon père, c’était parfois des combats plus que féroces avec mon maîtres d’armes qui ne me ménageait pas. Ce n’était que depuis quelques temps que j’acceptais de me poser calmement, face avec moi-même, et de confronter mes pensées entre elle pendant un long moment avant d’accepter de bouger à nouveau. Je n’avais pas quitté des yeux le beau visage de Morwen, délicatement je replaçais une de ses mèches de cheveux, qui s’était enfuie lors de la course, derrière son oreille. Je lui souris

« Je crains n’être qu’un homme des plus simples Lady Morwen. Mais je vous remercie, vous m’avez fait découvrir un endroit magnifiques. »

Je soutiens son regard avant de détourner la tête pour siffler Fuldor qui commençait à tourner un peu trop autour de la jument de Morwen. Je reviens vers la jeune femme

« Nimael a l’air de vous convenir. N’hésitez pas à me demandez si elle fait quelque chose qui n’est pas convenable. »

Après tout, c'était bien l'une des rares choses dans laquelle j'étais doué : dresser les chevaux.

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Un instant de complicité

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Le bruissement de la rivière laissa pénétrer le calme dans l’esprit de Morwen qui, assise contre le rocher surplombant l’eau, appréciait l’air frais qu’offrait le ruisseau. La présence de Thengel à ses côtés donnait une touche différente à ses escapades habituelles où elle venait seule pour se réfugier ici. Si son père avait su, durant ses jeunes années, qu’elle se sauvait la nuit pour venir explorer les lieux, il se serait empressé de l’enfermer à double tour dans sa chambre et de mettre des gardes autour de ses fenêtres et sa porte pour assurer qu’elle y passerait la nuit sans s’éclipser. Heureusement, il ne s’en était jamais rendu compte… ou si c’était le cas, il avait tourné l’œil et fait comme s’il ne l’avait jamais réalisé. Son père lui accordait un amour et une confiance dont peu d’homme savait faire preuve et lui avait montré les véritables qualités d’un noble digne de son amour et de sa fidélité. Elle ne choisirait pas de prétendant dont les qualités seraient moindres que ce que lui avait démontré son paternel. Que les aspirants se le tiennent pour dit.

Thengel était un homme charmant et elle aimait découvrir un peu à chacune de leur rencontre ce qui se cachait derrière l’armure du rohirrim. Il avait l’air d’un noble humble qui veillait à sa tâche avec beaucoup d’assiduité, mais la gondorienne savait qu’il subsistait davantage derrière l’apparence et c’était ce qu’elle observait un peu plus chaque fois qu’ils partageaient du temps. Elle sourit doucement devant sa modestie, il n’était pas de ceux qui aimaient se croire unique ou différent, il aurait eu l’opportunité d’être un homme simple qu’il l’aurait prise. Et pourtant, Morwen voyait en lui un potentiel qu’il se refusait, alors qu’il aurait pu changer une partie du monde s’il le souhaitait. Son ambition n’était pas à la hauteur de ses capacités. Ou peut-être ne demandait-elle qu’à fleurir encore, camouflée sous un linceul timide.

« Je ne crois pas que vous soyez aussi simple que vous le prétendez. »

Il aimait peut-être croire qu’il l’était, mais la belle savait que son cœur ne l’était pas autant qu’il l’aurait souhaité. L’esprit humain n’avait rien de simple et son âme non plus. C’était un feu, une étincelle qu’il fallait constamment alimenter. La vie était trop courte pour la regarder passer en restant assis à se complaire. Et même si la Dame de Lossarnach était bénie d’une vie un peu plus longue que ses semblables, il n’en restait pas moins que l’âge la rattraperait un jour quand même. Elle devait donc faire quelque chose de sa vie et elle était plutôt bien partie pour cela.

Nimael broutait doucement l’herbe en bordure de la rivière, semblant bien heureuse et paisible de cette pause méritée suite à sa course effrénée. C’était la première fois que sa maîtresse la sortait pour une si longue chevauchée, alors qu’elle ne l’avait testée que dans la cours de sa demeure pour se familiariser avec la jument.

« Elle est parfaite, je n’ai rien à redire… Et son caractère un peu fougueux n’est du qu’à son jeune âge, nul doute qu’elle se tempérera avec le temps… »

Et de toute manière, son tempérament plus brûlant collait bien au sien, donc Nimael lui convenait en tout point.

« Vous ennuyez vous de vos contrées parfois ? »

Il lui arrivait parfois de regretter Dol Amroth et la Belfalas, là où elle était née et avait vécu son enfance. Lossarnach était un lieu de vie paisible et sublime, avec ses champs de fleur, mais les vagues de la mer lui manquaient par moment. Elle s’ennuyait de ses balades sur les plages et près des récifs escarpés. Voilà un moment, d’ailleurs, que Morwen n’y avait pas mis les pieds. Il fallait dire que la vie politique à Minas Tirith l’occupait largement et qu’elle avait su lentement y faire sa place. Et ce, grâce à Thengel, notamment.

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Je souris calmement face à la belle femme qui affirme que ne je suis pas si simple que je le dis tout haut. Avec un petit soupire désabusé je m’assis sur les pierres, à une distance convenable, aux côtés de Morwen. C’est vrai : je ne suis pas si simple que je souhaiterais l’être. Je suis un prince, appelé à régner, chose que je ne veux pas, sur une terre que j’adore, mais que j’ai fuis par peur de mon propre père. Je suis risible, stupide, et foncièrement pas si simple que cela. Je regarde un instant mon étalon qui broute près de la jument. Il finit par me rendre un regard emplit de questions, mai je détourne la tête en la hochant. Si Nimael convient à Morwen alors… tout est bon. Je tourne à nouveau le regard surpris avant de me lever pour revenir près des chevaux silencieux en réfléchissant.

Je siffle doucement et Fuldor vient vers moi en trottinant. Je saisis les rênes d’une main et flatte son encolure sans rien dire. C’est tellement difficile à expliquer ce que je ressens pour mes propres terres. Terres que n’a jamais parcouru Fuldor. Je suis sûr qu’il plairait à beaucoup de Rohirim. Un étalon dans son genre ne se trouve pas partout. C’est un véritable honneur de pouvoir en posséder un. Je sais très bien que je donne l’impression de fuir la question, mais je prends mon temps, appelant à moi les image du Rohan que je conserve, ainsi que les récits récents que j’ai entendu. Je retiens un soupire et frotte le chanfrein de mon cheval avant de répondre lentement.

« Je ne serais qu’un immonde menteur en disant que le Rohan ne me manque pas. Oui le Rohan me manque beaucoup, avec ses grandes plaines, La majesté d’Edoras ou la force tranquille du Gouffre de Helm. Ce sont des lieux rustiques bien sûr, emplit d’une simplicité tranquille et d’une fragilité… touchante. Je suis bien mal placé pour le dire, mais le Rohan est une terre magnifique et si je trouve le Gondor tout aussi intéressant… Le Rohan me manque terriblement certains moments. En particuliers quand j’entends de ses sombres nouvelles. Cependant, je crains de ne rien pouvoir y faire. »

Je m’assombris en pensant à ce que mon père fait subir au peuple du Rohan… Fuldor sent facilement la colère et la honte qui monte dans mes veines et me donne un coup de museau. Je le repousse délicatement pour qu’il retourne brouter. Je finis par hausser les épaules sans rien rajouter, préférant presser mes paumes l’une contre l’autre. En réalité je sais très bien que je pourrais y faire quelque chose… Mais qui serais-je aux yeux des autres seigneurs Rohirim ? Rien d’autres qu’un profiteur stupide. Je me retourne vers dame Morwen.

« Et vous Dame Morwen ? Votre chez vous ne vous manque-t-il pas ? Et si oui : qu’est ce qu’il vous manque le plus ? Je suis curieux de le savoir. »

Je suis curieux de tout d’elle. C’est tout aussi simple que cela, je veux tout savoir d’elle. Je finis par m’allonger sur les rochers, sans la lâcher des yeux. Ce n’est pas une invitation ou quoi : j’aime simplement fixer le ciel au-dessus de ma tête. Et les rochers chauds sont un excellent matelas.

» Elanor Duinhiriell - Intrépide à chaque instant.