‘’Monseigneur...Les hommes de Lacville se plaignent de ne plus pouvoir traverser en paix Mirkwood.’’
Le Souverain de la Forêt Noire fronça ses épais sourcils, signe avant coureur d’un orage intérieur.Il en avait assez, assez de passer des journées complètes à chevaucher, à combattre des ennemis qui se démultipliaient.
Par les Valars, avaient-ils affaire à une myriade d’hydres ?
D’un mouvement à peine perceptible de la main, il indiqua à l’elfe que sa requête avait été entendue.Celui s’inclina profondément, osant à peine lever les yeux sur le Roi qui était nonchalamment assis sur le magnifique trône derrière lequel se déployaient deux immenses cornes d’élan.
Il faut rendre honneur au grand Thrandruil, fils d’Oropher, il était de loin le plus impressionnant dans cette salle magnificente.
Comme à son habitude, ses vêtements étaient d’un certain raffiné, serrant son large buste et modelant ses épaules puissantes, et une immense cape sombre comme une braise presqu’éteinte débordait du siège royal pour s’étendre jusqu’au sol.Son front noble et froid comme le marbre était lui aussi ceint d’une tiare argentée parée de diamants, rappelant un ciel étoilé. Ses longs cheveux descendaient tel un torrent en été, tout en courbes sur les manches et le bois de son séant.
Ses yeux clairs comme un matin de printemps ou aussi assombris qu’une nuit d’hiver fixaient de leur hauteur ceux qui venaient lui adresser leurs doléances.
Etait-ce cela, le prestige de Thrandruil ? Non, car chacun connaissait suffisamment ses actions pour savoir ce qu’il en coûtait de bafouer l’honneur du Souverain ou celui de son Peuple.
« Qu’on m’appelle la capitaine des gardes. »
La voix du Souverain résonna contre les murs, ferme et décidée, mais ne heurta qu’une réponse négative .Tauriel était de sortie, justement.
Il ne sentit pas le besoin de demander pourquoi, tant cela tombait sous le sens.Orcs, araignées, maraudeurs ou pilleurs, que devenait la grandeur de ce monde à laquelle il aspirait lors de son enfance ?
Son père aurait-il imaginé que son peuple doive se terrer loin de ce qu’ils aiment, l’air pur et la clarté d’un ciel sans nuage...La musique s’envolant entre les branches des chênes centenaires de leurs habitations…
Maintenant de tels projets étaient chimères d’enfant, assurément.Et le coeur du Roi n’était plus à la douce somnolence des rêves de ce genre.
Thrandruil descendit avec une froide insouciance les marches du trône, résolu à retrouver par lui-même la capitaine de ses gardes:il fallait purger le problème une bonne fois pour toute, et avec ou sans son appui, il avait décidé de rendre visite à certaines de ses connaissances sous peu.
Accompagné d’une dizaine d’elfes, chevauchant son cerf aux bois d’élans, le Souverain de la Forêt Noire s’élança au petit trot au travers des brumes étranges de la nature.
Derrière lui tintait le fer des équipements, frappaient les sabots des montures sur le sol, et Thrandruil était quasiment disposé à croiser une fois de plus une horde ennemie sur leur route, quelque soit la sorte de créatures.
Alors qu’il avançait en peu en devant de ses soldats, un bruit alerta l’ouïe sensible du monarque, dont les doigts freinèrent l’imposante monture.Son poing levé indiquait aux autres d’attendre ses ordres et qui viendrait.
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