Va, existe, et reviens-moi... [ELEASH]

Sujet: Va, existe, et reviens-moi... [ELEASH] Mer 24 Oct 2018 - 19:43

Va, existe,
et reviens-moi...

Eleash

Quand les miasmes, lourds sur mes épaules de craies, s'effacent,
je pense à toi, Lys de lumière, comme si je t'avais inventé...

C'était l'une de ces interminables soirées d'hiver. Le soleil en rase-motte avait peiné à couvrir les jours, peiné à repousser la grisaille, le vent et le brouillard. Il avait neigé la veille, ou était-ce le jour même alors ? Plus personne ne savait segmenter le temps qui traversait le blizzard ambiant. De maigre lueurs subsistaient à l'horizon, dernier bastions de civilisation perdu dans un univers sans début et sans fin. Cela n'avait pas d'importance, la morsure rude du quotidien n'était qu'un poème doucement amer qui se distillaient sans cesse dans l'esprit au creu de la nuit, là, au milieu les effluves d'alcool et le parfum âcre d'une soupe trop diluée. Il se tenait là, entre deux murs, le regard glacial et vague, savourant à peine la chaleur du feu et des bruits qui agitaient la pièce. L'homme préférait détourner les yeux de cette masse grouillante et difforme, l'ignorant en silence. Le voyageur appartenait à ce monde, dans sa hargne comme dans sa laideur, et il n'espérait finalement rien de plus que cette réalité. Le malheur des hommes qu'aucun idéalisme ne pouvait faire chavirer : du pain, une gnole infâme, et des visages porcins rougeaux s’éventrant pour mieux rire d’une condition inextricable. La valse insistante qui lui déplaisait dans ce genre, dans cette espèce récalcitrante et geignarde ne s'exerçait jamais avec plus d'ardeur que durant ces moments là.

Son compagnon, le seul dont il acceptait la présence discrète l’attendait devant la porte, interdit d’accès. L’attente du client se faisait souvent dans le calme, un faux recueillement. Personne n’était assez fou ou assez expérimenté pour braver la tempête et les routes dangereuses si ce n’était Ash, le mutique. On le paierait pour cela, et c’était bien la seule raison qui le poussait à attendre le lendemain ici-même, parmis ses soi-disants congénères. Il ne déplorait même plus de s’y contraindre, faisant avec cette épine qui lui poussait dans la plante du pied dès que son chemin l’attirait dans un village. Avait-il choisi ? Non, et sans raison apparente son rôle lui convenait cependant. La fatigue dessinait son visage, comme la longue traversé des bois environnant pendant des lunes, si bien qu’une barbe drue avait envahi ses joues creusées. L'habit sombre et usé lui conférait cet air inquiétant que peu ici n’osait vraiment braver pour s’assoir à sa table. Tant mieux, la compagnie ne lui était pas plaisante de façon générale.

Aussi taciturne et indifférent qu’il pouvait paraître ses songes étaient peuplés par un soleil mortel. Cette récurrence du passé se perdait dans le continu et le flou d’une mémoire érodée. Les mois s’acharnaient, sans parvenir à dissoudre les images, les sons, et les senteurs d’une parenthèse à milles lieux de sa personne. Son assiette vide recueillaient les copeaux de bois tombé de son ouvrage. Cette habitude ne passait pas même si elle prenait de temps à autre un nouveau visage à travers ses souvenirs. Etait-ce seulement réel et cela avait-il une si grande importance que ce le fût ? A l’évidence, aucune. Elle demeurait, créature fumeuse et brillante, comme une promesse inaccomplie jusqu’alors. Sa présence lui manquait-elle ? Certainement, bien qu’Ash n’y réfléchissait pas vraiment, s’accordant seulement le loisir rare de se demander où et comment sa protégée survivait à présent. Ses doigts caressèrent la figurine aux contours féminins, lentement, précautionneusement ébauchées. Elea avait supplanté Brume dans son inconscient, et chaque femme à la chevelure de blé prenaient ses traits et les dénaturaient inlassablement. Il se souvenait de ses mots, ultime commandement que de sa bouche avare lui avait adressé : « Va. Fais. Tu me trouvera. Au besoin. ». En ce monde, hélas, rien n’était aussi illusoire et altérable que des paroles, fussent-elle pourtant sincères à l’instant de leur naissance.

Sujet: Re: Va, existe, et reviens-moi... [ELEASH] Ven 2 Nov 2018 - 9:22

Va, existe et reviens moi

Ash & Elea

Aller en avant et lui garder de la soupe. Consignes laissées par Endriad à Elea quand elles arrivent dans ce village. La tempête fait rage, chaque flocon de neige est une lame de rasoir sur le visage. Et le vent paralyse presque ses gestes. Inutile de continuer la traversé, ce soir elles restent sur place et par chance c'est ce village qui s'est présenté sur leur chemin. Elle regarde Endriad se dépêcher vers une boutique qui leur permettra d'avoir de nouveaux équipement et pendant ce temps là elle se diriger vers une auberge. L'établissement se tient là, contre le blizzard, le village est paralysé par la neige mais ce lieu là est le seul qui montre des signes de vie. Elle a bien besoin d'une soupe, perçoit même les effluves de champignon alors qu'elle se trouve devant la porte. Elea renifle, observe les lumières à travers la vitre s'animer et ouvre la porte. Gestes précipités pour ne pas laisser le froid et la neige entrer dans ce lieu où la chaleur la prend rapidement, les regards tournés vers elle parce qu'une entrée comme celle-ci avec le vent qui hurle ne passe pas inaperçu. Et la seconde d'après elle fait parti du paysage. A l'entrée elle tape ses bottes pleines de neige, ne peut en retirer la totalité mais au moins ça évitera de trop mouiller le sol. Le contraste de température est impressionnant, elle retire sa capuche, frotte ses cheveux blonds dont les extrémités sont mouillées. Le bout du nez rougit, elle s'approche du comptoir et demande d'abord de l'eau. On lui donne une soupe, sans qu'elle le demande, la solidarité ici est de mise et donc elle ne crache pas dessus. Elea retire les moufles de laine, si humides que ses doigts en dessous sont presque bleus. Endriad lui donne une espèce de pommade tous les jours, veille à ce qu'elle ne perde pas ses doigts à cause du froid et ses doigts délicats bien que refroidis ont toujours gardé cette même douceur. Elea s'hydrate d'abord, assoiffée, et quand le gobelet rencontre le bois du comptoir elle remarque au loin une tignasse non inconnue. Elea écarquille les yeux, ne s'était pas attendue à croiser Ash ici et pourtant c'est bien lui.

Le cœur cogne, ses joues s'empourprent et elle attrape sa soupe et son morceau de pain pour aller dans sa direction. Debout à ses côtés, il ne l'a pas vue, Ash, il ne vit que très eu les gens qui passent à côté de lui. Mais cette petite statuette entre ses mains lui donnent l'impression d'un souvenir. Les traits lui ressemblent trop pour qu'elle laisse passer cette éventualité. Sa main libre se glisse sur la sienne, attire son attention et quand il lève les yeux vers elle, c'est un large sourire qu'elle lui offre. Merveilleux hasard qui vient réchauffer son cœur, tellement qu'elle envisage de laisser sa veste. Elle pose alors son petit plateau avec sa soupe et son pain sur la place en face et s'assied sur le banc. Petit rire nerveux, les mots lui manquent, elle ne saurait décrire cette joie qui la traverse. « Je suis contente de te voir » Cela se voit déjà suffisamment sur son visage sur ses joues roses, tant par la chaleur que par la présence de Ash. Elle a beaucoup grandi depuis leur dernière rencontre, les choses ont changé pour elle, l'eau a coulé sous les ponts et elle se sent bien plus proche de son origine humaine. « Je voyage avec ma belle-soeur, nous avons remonté les terres depuis Imladris » Petite explication, qu'il visualise le chemin qu'elle a fait . « Et nous avons fait quelques détours dans le Rohan, dans les montagnes... »

Elle attrape son bol de soupe et vient poser ses lèvres sur le rebord pour en boire un peu. Soupir de soulagement, ça fait beaucoup de bien. Elea s'acclimate bien à la vie de voyageur, elle n'est pas difficile, volontaire, attentive, elle comprend vite et parvient à suivre le rythme. Endriad lui a appris toutes sortes de choses qui lui sont fort utiles et qui lui permettent aussi de voir la vie autrement. Elle est définitivement plus forte, plus solide là où la fleur se voyait arracher ses pétales, elles est désormais aussi solide qu'un tronc de cèdre. Visage épanoui, face à cet autre qu'elle a vu en rêve à maintes reprises. L'attachement qu'elle a pour lui est intact, elle se demande si il la tolère toujours autant. Vu la petite statuette, il se pourrait qu'elle soit aussi restée dans ses pensées, ce qui la rend particulièrement heureuse. D'ailleurs, elle sort de sa poche la petite figurine qu'il lui a donnée avant de partir, elle la garde, comme un porte bonheur, pour se souvenir de la chance qu'elle a eu d'avoir croisé sa route. « Je n'ai pas pu emmener les autres, mais celle-ci m'accompagne » Nouveau sourire, elle en prend soin de sa petite statuette, elle la serre dans ses mains quand elle doute d'elle-même. « Ça fait longtemps que tu es dans le coin? »

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Winter Soldier

Sujet: Re: Va, existe, et reviens-moi... [ELEASH] Ven 2 Nov 2018 - 18:38

Blanche et douce était la main qui avait interrompu le sculpteur. C’était une manœuvre déjà rapiécée quand les mots ne parvenaient plus jusqu’à des oreilles érodés, usée par des femelles cherchant à se mettre quelques pièces dans la poche avec un compagnon de quelques heures, et encore. Ces mains là étaient bien trop fraiches en comparaison, mais il ne se fiait qu’à un jugement incertain plus qu’éculé. Ash consenti à lever un oeil alors qu’il repoussait cette main d’un geste sec plus qu’évocateur de son absence d’intérêt pour ce genre de commerce. Le sourire qui trônait sur ce visage le laissa pensif un moment, comme s’il peinait à distinguer sa véracité éclatante au milieu des hallucinations roturières habituelles. Il ne dit rien mais il l’observa longuement pendant que la jeune femme assiégeait sa table avec son repas, rompant sa solitude confortable. Puis, enfin, sa voix tomba comme une ultime preuve que l’alcool n’avait pas ravagé suffisamment ses neurones pour lui jouer cette farce onirique. Elea… Elle lui semblait revenir d’un lointain songe, identique dans ses traits et pourtant différente dans son allure profondément encrée dans son présent. Cette affirmation qui aurait été mensonge dans n’importe quelle bouche ne pouvait être remise en cause lorsqu’il s’agissait de son ancienne protégée.

Mais lui, était-il content de la voir ? Pour l’instant, il n’en savait rien. Cela aurait demander trop de réflexion et Ash se contentait le plus souvent du moment et de ce qu’il y avait à en prendre. Sa compagnie plus inespérée encore qu’inattendue suffisait à vider cette pièce de toutes ces choses qui l’agaçaient tant. Elle était là, devenant un centre où se focaliser dans le chaos, c’était aussi simple de ça. Le froid avait coloré ses joues, et ses vêtements, pas si commun dans ce coin du monde quand on s’y attardait un peu, lui conféraient plus de maturité. Son discourt, qui n’attendait toujours pas d’invitation de sa part pour couler, confirmait qu’Imladris était loin derrière. Elle avait donc suivi une nouvelle direction, cela ne lui allait pas si mal, car à en juger ainsi son assurance avait poussé jusqu’à sortir de terre.

Ash ne se rappelait pas avoir entendu parlé d’une belle-soeur, ou peut-être que si, mais cela lui était sorti de la tête depuis bien longtemps. Au moins ne voyageait-elle pas seule sur les routes évoquées tantôt et qui étaient loin d’être d’une grande sureté. Le voyage forgeait l’endurance et la ténacité, jusqu’à quel point cependant ? Il acquiesça, toujours aussi peu communicatif malgré son attention, et se faisant ses mains avait repoussé les copeaux de bois sur le bord de la table pour laisser plus de place à la jeune femme pour se nourrir. Ce langage non verbal ne se décryptait pas toujours aisément, mais enfin, si on y était attentif il était suffisant pour comprendre que sa présence ne lui pesait pas, contrairement au reste de ses congénères. Il reposa la sculpture sur la table et rangea son couteau pour boire dans sa choppe.

Ces figurines n’avaient aucune valeur, mais oui, l’homme pensait parfois qu’elles avaient ce don de protéger les autres, telle une magie ancestrale dont l’origine lui était inconnue mais dont le créateur ne pouvait totalement ignorer l’existence en son fort intérieur. Ash n’avait jamais cherché à comprendre pourquoi, et d’ailleurs, cela avait-il une importance ? Il ne cherchait fatalement pas à en faire commerce. Si cela avait un impact Elea méritait bien d’en profiter en la gardant près d’elle. « Non. Repars demain. » Laconique étaient ses réponses comme brève étaient ses haltes. Son quotidien n’avait rien de bien fascinant, ni de bien nouveau depuis la dernière fois. A quand cela remontait-il d’ailleurs ? Peut-être bien une année, peut-être plus, peut-être moins… Elea devait s’en souvenir bien mieux, et pour eux deux. Bien trop tranquille, ses yeux ne décollèrent pas de son visage lorsqu’ils eurent quitté la statuette, attendant… Rien au juste, que de la voir manger et parler, expliquer le monde à sa façon, comme avant. Oui, tout ça, ça lui suffisait, comme si ce fait était la chose la plus exceptionnelle à ses yeux.

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