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Loups oniriques. [PV Arador]
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 Loups oniriques. [PV Arador]

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MessageSujet: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyMar 20 Mai 2014 - 22:13

La nuit tombait, pesante, son manteau noir étouffant le relief de la nature, l'inondant de ses ombres infinies. Elrond, de ses iris gris d'acier, embrassait le paysage, par-delà sa demeure, perdu dans de multiples pensées en accord avec l'obscurité environnante. Il baissa la tête, fermant doucement ses paupières ; un soupir fébrile s'échappa de ses lèvres… Cette pression sur sa poitrine, ce gouffre de terreur pleinement ouvert comme une bouche vorace, ne semblaient pas vouloir le laisser en paix. Torturé, il dut se faire violence, dans le silence des créatures endormies du crépuscule touchant à sa fin. Elrond s'écarta vivement de la balustrade de pierre blanche et nervurée, et dit tout haut :

« Je n’ai pas la force… »

Une brise se leva, caressa son grand front dénudé de sa tiare, et il reçut cela comme un signe bienfaiteur. Malheureusement, cela ne suffit pas à l’apaiser, les sens en ébullition, et il décida de retourner dans ses appartements, au calme, même si ce dernier n’était qu’en apparence. Il s’installa dans un fauteuil blanc aux coussins nacrés et brodés de fils d’argent, après avoir emporté quelques vieux livres au cuir usé de sa bibliothèque personnelle. Confortablement mis, le dos légèrement penché vers l’accoudoir, le coude posé dessus, il ouvrit l’un des bouquins centenaires et en parcourut d’un doigt adroit les pages friables, couvertes d’une poussière aussi vieille que lui. L’encre avait partiellement disparu, effacée par l’humidité, la flamme ou l’usure du temps sur le délicat parchemin, ceci dit, Elrond avait déjà lu ces écrits tant et tant de fois qu’il n’ouvrait l’ouvrage que par habitude. Des paragraphes entiers étaient à moitié dévorés par les ravages des siècles, cela n’empêcha pas le Seigneur de Fondcombe de passer les yeux dessus et de lire, en quelque sorte, tant ces mots avaient été imprimés dans sa splendide mémoire. Il consulta longuement cette relique des temps anciens, rédigée dans la vieille langue elfique, qui contait les histoires d’une époque si lointaine qu’elles semblaient être d’un tout autre univers. Les vieux peuples, plusieurs ayant disparus de la surface de la Terre du Milieu, étaient décrits avec une justesse et un réalisme précieux, sans enjolivure d’aucune sorte, ce qui permettait de se faire une réelle idée de ces peuplades consumées par les âges. Elrond en perdit le sens du présent et se laissa emporter dans les doux torrents d’antan. Son esprit s’oublia.

Dans sa fuite du réel, ses oreilles furent sourdes au bruit de pas retentissant sur sa gauche, du couloir qui menait aux chambres de la maison. Il ne perçut ni l’effleurement des pieds nus sur le plancher, ni même la silhouette svelte et haute de son jeune protégé, Arador.


Dernière édition par Elrond le Dim 5 Oct 2014 - 21:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyDim 25 Mai 2014 - 22:41






« Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. »



La nuit. Le froid. La terre. De ces ténèbres profondes, elle  était reine. Impérieuse, à la lueur de la lune, elle s’avança sans bruit, et la forêt tût son murmure. Les autres, inférieurs, détalaient à son approche. De petites proies s’enfouissaient dans leur terrier. Cela n’avait nulle importance. Sa véritable filature ne les comptait pas comme butin. Insignifiants. Lapins, chevreaux, biche, tous étaient hors de ses pensées alors qu’elle se frayait sinueusement un chemin entre les arbres et les fourrés. Humant l’air, elle grogna dangereusement. Cette odeur. Une odeur familière et honnie. Elle l’avait déjà connue par le passé, et apprit à haïr. Cette odeur agressant ses narines, intruse et persistante. Des humains. Sur ses terres. Et pas n’importe quels humains. Ceux aux longues épées étincelantes, ceux qui  avaient tués ses petits il n’y a pas si longtemps. Innocents. Elle les avait retrouvés, mort, éparpillés autour de leurs cachettes. Éventrés. Égorgés. Elle avait hurlé à la lune, son désespoir et sa tristesse. Puis la rage était venue à elle, telle une lame de fond, balayant tout. Elle avait cherché les responsable, les avait traqué, et quand enfin, ils furent tout proche, les avait massacrés. Mais sa haine n’avait plus de fin. Et son cœur désormais brûlait de déchirer la chair, de broyer les os. Alors elle s’était mise en chasse.

Dans son lit son visage imberbe, sa longue chevelure brune éparpillé sur sa taie, un jeune Arador transpirait, abondement.  Fiévreux. Le sommeil, il l’avait fuit de nombreuses heures ce soir là avant de finalement se rendre, perdant cette manche. Et c’était laborieusement qu’il était parvenu à fermer l’œil. Crispé dans son lit, respirant par à-coups, une boule au ventre, le jeune dunedain était anxieux. Sur ses traits se lisait l’inquiétude. Mais dans sa chambre, nulle âme qui vive pour s’inquiéter de son état. Il était seul avec ses rêves…Et ses cauchemars.  Lui aurait plutôt dit visions, mais trop soucieux de leur véracité, il n’en parlait jamais.

Depuis plusieurs jours déjà, il rêvait chaque nuits d’une lande au nord, battue par les vents, dans laquelle se dressait un campement, petit point de lumière dans les ténèbres. Et d’une louve. Grande, terrifiante, aux crocs acérés, et à la fourrure noire et sauvage. Il l’aurait trouvée incroyablement belle, s’il avait put dépasser cette peur qui le tenaillait à sa vue. Elle marchait dans une grande forêt. Solitaire, ou parfois avec une meute. Elle était une femelle alpha lui paraissait-il…ou peut-être une louve solitaire. Il n’en savait trop rien. Dès lors que ses yeux se fermaient, il ne mettait guère longtemps à se retrouver sur son chemin, suivant ses pas. Elle flairait, humait l’air, ses yeux alertes. Elle  cherchait quelque chose, lui, la suivait silencieusement. Toujours. Et plus elle semblait s’approcher de son but, plus de son côté Arador sentait ce nœud dans son ventre se resserrer, à en devenir extrêmement douloureux. Comme un pressentiment, il avait parfois l’impression que ces rêves qu’il faisait, avaient une signification particulière. Un secret qu’il se devait de percer… Un avertissement à son encontre.  Et ce soir il en aurait la certitude… ses rêves n’étaient pas que de simples rêves.

La forêt s’achevait. Elle n’était pas bien grande. Juste de quoi l’abriter elle et quelques autres. Devant ses yeux jaunes et perçants, se déroulait déjà une lande peu amène. Sans nul endroit où se camoufler, mais qu’importe, elle ne partait pas pour faire dans la discrétion. Elle était en guerre. Martelant le sol de ses pattes, elle se mit à filer sur la plaine herbeuse, fendant l’air. Dans ses narines l’odeur des humains la rendait presque folle. Elle y était presque. Derrière elle, l’avait rejointe sa meute.  Langue pendantes, suivant son rythme, babines retroussées, crocs dehors, frémissant d’impatiences. Devant eux, un campement se rapprochait.

Arador commença à gémir doucement dans son sommeil. Dans son rêve il s’était mis à courir aux côtés de la louve, suivant ses foulées endiablés, son cœur se serrant alors qu’il reconnaissait les landes où ils arrivaient. Elles avaient peuplées ses précédents rêves. Quelque chose allait se passer ici, quelque chose de grave. Il le sentait dans son âme, et il ne pourrait rien y faire. Il connaissait ce campement, petit point de lumière dans la grande nuit sombre. C’était celui-de dunedains, des hommes de son père. Et c’était vers celui-ci que les loups de ses songes s’avançaient à vive allure. Il faillait faire quelque chose ! Les prévenir ! Leur dire de se préparer au combat… Mais ce n’était qu’un rêve…qu’un rêve, n’est-ce pas ? Son corps de jeune adulte endormi, commença  alors à se tourner, se retourner, sa main gauche se tendant comme pour saisir quelque chose.

Ils y étaient presque. Leurs pattes griffaient le sol avec avidité. Devant eux, les humains les avaient sentis arriver. Dommage, elle aurait aimé qu’ils ne se rendent compte de leur présence qu’une fois arrivée à moins de 100 foulées du camp. Mais qu’importe elle se contenterait de sauter à la gorge du premier guetteur, lui arrachant la trachée en guise de trophée. Hurlant à la lune, elle déclarait les hostilités ouvertes, sa meute se lançant dans une véritable boucherie. Elle éventrait à l’aide d’un de ses semblables, un troisième homme, quand soudainement une haute silhouette parut en face d’elle, une longue épée à la main, une torche dans l’autre. A sa vue son poil s’hérissa et elle grogna farouchement. Elle sentait se dégager de lui une odeur particulière,  une aura spéciale. Celle d’un chef. Son visage lui apparut alors et d’instinct elle sut que celui-ci était pour elle. Elle bondit, tous crocs dehors.

Dans une chambre de Fondcombe, un cri de pure terreur se fit entendre. S’étant réveillé en sursaut, tremblant, trempé de sueurs froides, le jeune Arador avait encore du mal à se réhabituer à la douce quiétude de Fondcombe quand résonnait encore dans sa tête les cris de douleurs des hommes qu’il avait vu mourir, les hurlement des loups qui attaquait le camp, le bruits des chairs qu’ils déchiraient. Son cœur battait à la chamade, il respirait comme après deux heures de course, et son esprit s’emballait. Il puait la peur. Ce dernier visage. Celui de l’homme qui s’était dressé devant la louve…il le connaissait. Il ne le connaissait que trop bien. C’était celui de son père. son père biologique. Argonui, 13ème chef des dunedains. Que faisait son père dans son rêve ! S’il pouvait encore appeler ça un rêve. Il avait au plus profond de lui la certitude que ce n’était pas juste un simple songe…Mais bien une prémonition, un avertissement. Pourtant il était encore confus, et apeuré. Et dans ces moments là, il avait besoin de parler.

Trop longtemps il avait gardé ses craintes pour lui. Le sac devenait trop lourd à porter. Il avait besoin de se décharger quelques peu. De comprendre surtout. Et pour cela il n’y avait qu’ne seule personne à des lieux à la ronde capable de l’aider. Enfant c’était toujours vers lui qu’il se tournait lorsqu’il ne comprenait pas quelque chose ou qu’il avait peur. Et il ne lui avait jamais fait faux bond, aujourd’hui ne serait pas l’exception. Même si on était au beau milieu de la nuit, il savait le sommeil des elfes variable…Et si il y en avait bien un qui ne dormait pas encore à cette heure c’était bien le seigneur de la dernière maison simple. Elrond saurait l’aider. Après tout n’était-il pas comme un fils pour lui ?

Sautant de son lit, encore fébrile, omettant de mettre des chaussures, le jeune homme se précipita dans les couloirs frais de la demeure elfique. Pieds nus sur le dallage, il parcourut à grands pas, les nombreuses allées qui le séparaient de la chambre de son mentor et père d’adoption. Mais quand il arriva enfin devant la porte convoité, toutes ses certitudes se fissuraient. Le doute l’assaillait. Devait-il vraiment parler de cela avec Elrond ? Pourrait-il réellement le conseiller, l’apaiser comme il l’avait toujours fait ? Après tout il n’était plus un enfant, et il ne se contenterait pas des mots habituels ! Il voudrait de véritables réponse…le maître des lieux serait-il prêt à les lui donner ? Il ne savait plus trop quoi faire, après s’être ainsi précipité. Mais le mal était fait, il était hors de sa chambre, désormais éveillé, et ne risquait pas de se rendormir avant longtemps. Autant aller jusqu’au bout de son idée première.

Sans frapper, il pénétra le cabinet du Peredhel en poussant légèrement la porte de bois ouvragé lui faisant face. Avec un certain plaisir mêlée de nostalgie il apprécia la sensation du sol de l’endroit sous ses pieds. Quand était-ce la dernière fois qu’il était venu ici de nuit, se plaindre d’un cauchemar ou d’une insomnie ? Cela lui paraissait si loin maintenant. A pas de loups, leste, il s’approcha de la haut figure, noble et sans âge qui le surplombait encore, toujours. Il était hésitant, se sentant redevenir un enfant devant cette figure paternelle et puissante, qui avait toujours drainé une partie de son admiration.  

-Ada… murmura-t-il, certain que les oreilles pointues d’Elrond l’aurait perçues depuis bien longtemps.

Le mot était sorti, tout petit. Craintif. Presque suppliant. Père. Il y avait longtemps qu’il ne l’avait plus appelé ainsi. Et depuis son retour à Fondcombe il y a quelques semaines, il s’était employé à ne plus le faire. Il y mettait beaucoup de volonté. Le cordon devait être coupé. Mais c’était plus fort que lui. Malgré son âge, pour lui Elrond serait toujours un père. Et il ne cesserait jamais d’être son enfant. Et  les choses pour lui devaient rester ainsi. Du moins il l’espérait de tout son cœur.

- Pardonnez-moi si je trouble votre repos…

Il ne savait pas trop par où commencer. Il avait surtout peur de la réaction du seigneur elfes s’il lui déclarait bêtement « j’ai fait un rêve ». Allons ! Tu n’es plus un enfant, était la réponse à laquelle il s’attendait. Et qu’il redoutait. Non il n’était plus un enfant, mais ses rêves n’étaient pas de simples rêves. Il en était convaincu. Aussi il préféra, un peu lâchement peut-être, attendre que le sage lui demande la raison de sa venue.





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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyJeu 29 Mai 2014 - 16:28

« Pardonnez-moi si je trouble votre repos… »

Elrond abandonna sa lecture et leva des yeux surpris sur le jeune homme. C’était celui qu’il appelait, parfois, son fils, à très bonne raison car Elrond l’avait adopté, ni plus, ni moins. Arador faisait partie d’une lignée de chefs Dunedains, il était promis à un grand avenir – enfin, tout cela dépendrait bien évidemment de ses actes à venir… Elrond, Seigneur de Fondcombe, reconnu comme le plus sage seigneur elfe de la Terre du Milieu, s’était promis de prendre soin d’Arador, ainsi que de son père, avant lui, et certainement de sa future progéniture. Par cet accueil, depuis sa prime enfance, Arador et lui avaient tissé un lien très proche de celui d’un père et d’un fils. Elrond avait rapidement pris le comportement paternel et l’enfant y avait répondu par une attitude de fils, tout naturellement. Les années s’étaient écoulées et Arador était maintenant un jeune homme, dans la fleur de l’âge, ayant presque atteint l’âge adulte. Presque, seulement, ce qui le faisait passer encore pour un adolescent irréfléchi aux yeux d’Elrond, qui n’autorisait pas beaucoup d’initiatives personnelles de la part de son protégé. Quasiment tout ce qu’Arador désirait accomplir, tant qu’il ne serait pas un adulte aux yeux d’Elrond, était synonyme de futilité et de danger inconscient. Cela provoquait fréquemment des discussions virulentes, s’achevant sur une note de rancœur… Pourtant, jusqu’ici, jamais rien n’avait altéré leur relation, et ils étaient restés très proches, Arador finissant toujours par reconnaître la sagesse dans les refus d’Elrond et sa propre innocence face à la vie.
A moitié encore dans l’ombre, seul le bas de son corps nimbé de rayons lunaires, le jeune garçon était quasiment invisible dans l’embrasure de l’arche. L’étonnement passé, Elrond sourit aimablement à son protégé. Il referma d’un geste ferme son énorme vieux livre, le bruit mat retentissant dans la quiétude de la nuit, un nuage épais de poussière se volatilisant dans la fraîcheur, et le déposa respectueusement sur la table basse en bois sombre située devant lui. Il tapota ensuite la place à ses côtés, souriant, et invita par ce signe Arador à s’asseoir près de lui.


« Ne reste pas planté là, viens auprès de moi. »

Sa voix, quoique douce et chaude, ne permettait pas qu’on puisse dénigrer sa demande. Il attendit qu’Arador soit installé avant de l’interroger sur la raison de sa venue inattendue.

« Tu sais que tu peux tout me dire, Arador. Je le vois bien, que tu n’as pas l’esprit tranquille… Parle sans crainte de ce qui te tourmente. »
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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyJeu 29 Mai 2014 - 19:11






« Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. »



« Ne reste pas planté là, viens auprès de moi. »

Les mots avaient été prononcés avec douceur. Une certaine sérénité. La voix du seigneur Elfe était chaleureuse, mais jamais n’aurait souffert d’un refus. Il était sous son autorité, même implicite, et cela exigeait de lui obéissance. Il n’avait d’ailleurs aucune intention de se dérober. C’était ce qu’il attendait. Aussi il s’avança. Avec lenteur au début, puis retrouvant un certain entrain, se dépêcha de rejoindre l’endroit qu’Elrond lui montrait de sa main. Près de lui, le jeune dunedains sentit quelques-unes de ses craintes le quitter. L’elfe possédait sur lui tout un effet apaisant qu’il n’avait jamais réussit à déjouer.  Il avait parfois eut quelques éclats à l’encontre de cette figure sage et solennel, mais jamais leurs désaccord n’avaient durés bien longtemps. Chacun sachant reconnaitre où était sa place, quels étaient ses torts, et accepter dans son cas, la sagesse et l’expérience que lui dispensait le Peredhel par ses conseils.  Il n’avait dans sa mémoire aucun souvenir d’un conflit qui ait duré plus de deux jours. La nuit portait souvent conseil, et il en usait souvent pour se remettre les idées en place.

Assis sur la place que l’Elfe lui avait attibué auprès de lui, Arador se sentait vraiment redevenir tout petit. Et ce n’était pas une sensation des plus agréables. Il était gêné. Et cela se sentait. Il avait toujours tout fait pour grandir vite et prendre sa place de seigneur. Il s’était très vite passionné pour son histoire et avait emplis sa tête de rêves et de projets. Avant de voir la réalité de la vie des rôdeurs en face, alors qu’il accompagnait son père dans ses excursions. Depuis il avait décidé de laisser derrière lui toutes ses infantilités et de devenir un homme d’honneur, sage et avisé. Chose plus facile à dire qu’à faire, la tâche lui paraissant parfois infinie. Et Lindir avait beau lui dire qu’il aurait une assez longue vie pour le devenir, lui était pressé de faire ses preuves en tant que chef. Encore une attitude juvénile et impulsive.

« Tu sais que tu peux tout me dire, Arador. Je le vois bien, que tu n’as pas l’esprit tranquille… Parle sans crainte de ce qui te tourmente. »

Croisant ses mains devant lui, le regard un moment tourné vers le sol, indécis, le jeune homme réfléchit à ce qu’il allait dire. L’elfe avait toujours su parfaitement lire les gens. Et si cela lui enlevait parfois une épine du pied, n’ayant pas à exprimer se sentiments à voix haute, celui-ci le décelant de ses yeux perçant, parfois ils le mettaient dans l’embarras, comme maintenant.  Il ne voulait pas paraitre apeuré ou tourmenté, même si c’était le cas. Il ne voulait pas sembler enfantin, même si par moment il l’était. Il ne voulait pas laisser croire à des hallucinations. Il voulait paraitre adulte. Il voulait qu’on l’écoute, qu’on le croit, et qu’on le conseil. Mais aucun mot ne lui semblait approprié pour révéler ses songes sur l’heure. Alors finalement, il releva ses yeux gris clairs sous la lune, lumineux d’une certaine innocence encore, et les planta dans ceux de son mentor. Il devait s’exprimer. Seule la vérité, l’expression pure de ses sentiments lui semblait juste et appropriée sur l’heure.

-J’ai rêvé de mon père…Enfin non, pas vraiment de lui. J’ai rêvé d’une grande louve noire. Elle et sa meute attaquaient le campement de mon père, dans des landes plus au nord d’ici, je me rappel y être déjà allé une fois. Elle prenait le camp par surprise, égorgeaient deux hommes, puis un troisième avec un autre loup, avant de se jeter sur mon père et le mordre à la jambe.

Il marqua un temps de pause. Prit une respiration, et passa une main lasse dans ses cheveux, massant son cuir chevelu pour détendre un peu toute la tension qu’il accumulait au fur et à mesure des mots qu’il proférait. En parler ainsi, rendait les choses tellement plus réelles. Et cela, il le craignait plus que tout. Que sa vision fut réelle.

-Cela va faire plusieurs jours que je fais ces rêves. Où je me retrouve dans une forêt, suivant toujours les pas de la bête. Mais jusqu’à ce soir, elle n’était jamais allée aussi loin de sa tanière. Elle n’avait jamais attaqué personne. Je la suivais, c’était tout. Parfois j’avais presque l’impression qu’elle se sentait surveillée, par moi peut-être, je n’en sais rien. Et puis ce soir tout s’est accélérer…je ne comprends pas…

C’était difficile pour lui qui avait toujours été d’un naturel plutôt rationnel, d’admettre qu’il avait suivit en rêve une créature qui n’existait peut-être même pas. Mais quelque part au fond de lui, une espèce de certitude, un instinct, lui soufflait qu’elle fût bien réelle. Il aurait aimé le nier, mais il ne le pouvait réellement.

-Vous m’avez dit une fois, que les dunedains, pouvait avoir des dons de voyance… qu’ils pouvaient sentir les choses arriver au travers de leurs rêves…Pensez-vous que mon rêve soit réel ?...J’ai peur…je suis terrifié à l’idée qu’il le soit… questionna-t-il d’une voix incertaine, qui sur les derniers mots, mourut doucement, pour laisser de nouveau régner le silence.

Il regardait dans les yeux du seigneur Elfe, y cherchant …quoi…il ne savait pas trop. Peut-être la vérité. Peut-être un mensonge qui le rassurerait. Mais il ne voulait pas de mensonge. Il ne voulait pas non plus de pitié. Il n'était plus un enfant. Désormais la bombe était lâché. Il avait pour la première fois depuis une certain temps dévoilé plus de ses sentiments qu'il n'aurait voulu. Et même si cela l’embarrassait, il n'en restait pas moins ferme et décidé à avoir une réponse.



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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyDim 1 Juin 2014 - 20:30

Elrond posa un regard bienveillant sur Arador tandis que le jeune garçon, le visage troublé, le regard bas, prenait place à ses côtés. Il parut hésiter un court moment, ce qu'Elrond pouvait comprendre... Le Seigneur, par son grand âge et son expérience liée à sa longévité, impressionnait quiconque, et ce malgré lui. Si cela l'avait souvent gêné dans certaines de ses relations, il avait fini par s'y faire, par ignorer ce léger détail qu'il se refusât longtemps d'admettre, et parfois même, à en tirer profit. Ce dernier point n'était pas vraiment quelque chose qu'on pouvait imaginé venant d'un tel homme, droit, juste, loyal et sincère, mais il ne fallait pas se leurrer. Elrond avait déjà eu, rarement, certes, recours à ce genre de petites manigances. Oh, rien de bien méchant. Il fallait bien sauter sur les moindres occasions à certaines époques, surtout lors des plus sombres, où même la trahison devenait un lot quotidien. Le bien, le mal, deux éléments si contraires et pourtant si proches, se mélangeant à leur guise, histoire de tourmenter toutes les âmes, jusqu'aux plus solides.

Ce fut ainsi qu'il avait fréquemment entreprit des discussions avec autrui. Mais pas ce soir. Ce soir, il était en présence d'Arador, un jeune homme vigoureux mais encore bien fragile à bien des égards, et il ne désirait pas écraser cet être cher à son cœur sous une démonstration futile de son autorité. Se faisant bien plus père que seigneur, il l'écouta, le regard empreint d'empathie. Le garçon entama une tirade, dut reprendre son souffle pour l'achever, et lorsqu'il eut fini, Elrond sentit bien qu'Arador n'avait pas totalement fini. Il laissa le silence s'estomper tandis que le Dunedaìn reprenait la parole, lâchant ses interrogations comme si elles étaient des gerbes de venin. Elles jaillirent de sa bouche, vite, comme si Arador craignait de ne plus oser les émettre. De quoi avait-il peur ? Qu'Elrond, son père en quelque sorte, ne se moquât de lui ? Quand même bien le Seigneur de Fondcombe le considérait encore comme un empoté à peine conscient de la valeur de la vie - même de sa propre vie - et des dangers qu'il courait à vagabonder dans ce monde, il ne jugeait pas ses peurs comme stupides.

Arador, ayant véritablement fini, le regardait intensément dans les yeux. Elrond s'en sentit troublé. Il ne pouvait lui mentir, histoire d'apaiser sa crainte... Mais lui dire la vérité dans son entièreté ne serait-il pas une décision plus dangereuse encore ? Sans quitter Arador des yeux, d'une voix claire, il lui répondit :


« Oui, il est fort possible que ton rêve soit plutôt une vision. Mais rien n'est moins sûre que cela et... Je pense que tu es peut-être encore trop jeune pour en avoir. Dis-moi, qu'arrive-t-il exactement à ton père ? Le loup le mord, et ensuite ? Te réveilles-tu à ce moment-là ? »

Il se pencha un peu en avant, enfonçant encore plus son regard d'acier dans celui d'Arador.

« Mon avis est que, si tu te réveilles à cet instant précis, ce ne serait qu'un rêve. Tu ne devrais pas te morfondre plus longtemps, je suis certain que ton père ne craint rien de tel. »

Elrond, d'habitude si confiant, se sentit défaillir au plus profond de lui. En était-il tellement sûr ? N'était-il pas en train de tenter de se convaincre, par le biais d'Arador, que son père ne risquait aucun danger ? Car, Elrond le savait, si son géniteur frôlait la mort, d'une façon ou d'une autre, le jeune garçon ne pourrait rester là sans agir, et se ruerait tête baissée dans la gueule du loup pour le sauver, en vain. Car Arador, si peu expérimenté de la région et du combat, mourrait avec son père... Blême, celui qu'on nommait Peredhel se redressa de son siège, s'avança quelque peu dans le clair de lune, puis se retourna pour faire face à Arador, toujours assis. Le doute planait sur son visage, Elrond le vit. Il n'était pas dupe... Peut-être que le Seigneur sous-estimait ce jeune Dunedaín.

« Je pense que ta séparation a duré trop longtemps et qu'il te faudrait le revoir. Cela ferait disparaître ces cauchemars. Je lui ferais parvenir une missive aussitôt que possible. Le souhaites-tu ? »

A quoi jouait-il ? Dans son for intérieur, Elrond eut l'impression de trahir son protégé. Mais il ne pouvait se résoudre à lui dire la vérité toute crue, il prendrait le risque certain qu'Arador s'échappe de Fondcombe à la recherche de son père. Il ne pouvait le laisser se mettre en danger de mort de façon aussi stupide, même s'il dut pour cela attiser la haine envers lui, une haine qui serait justifiée et qu'Elrond était prêt à subir. Mieux vaut la haine, vivace, qu'une mort froide supplémentaire qui viendrait glacer son cœur à jamais.
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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyMar 3 Juin 2014 - 14:24






« Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. »



Religieusement, Arador écouta la voix claire et apaisante du seigneur elfe, lui livrer des paroles éclairées. Luisants sous l’émotion contenue, ses yeux étaient toujours fixés dans ceux de son mentor, le dunedain restant muet. Il avait appris au fil des années, que lorsque le seigneur elfe parlait ou s’adressait personnellement à lui, le plus sage et respectueux qu’il puisse faire était de l’écouter en silence. Mais la tâche se révélait cette fois bien ardue, son esprit troublé et incapable de réellement se concentrer sur les mots lui étant adressés. Dans sa tête défilaient en boucle la vision dont il avait été témoins en songe. Et plus il les revivait, ces images, plus dans son cœur grandissait une peur sourde et un besoin toujours plus pressant de partir s’assurer de lui-même que son père allait bien. Que tout ceci n’était pas réel.

« Oui, il est fort possible que ton rêve soit plutôt une vision. Mais rien n'est moins sûre que cela et... Je pense que tu es peut-être encore trop jeune pour en avoir. Dis-moi, qu'arrive-t-il exactement à ton père ? Le loup le mord, et ensuite ? Te réveilles-tu à ce moment-là ? »

Son cœur avait beau tambouriner dans sa poitrine, ses pensées s’entremêler, Arador tenta de garder son calme. Il avait toujours été un garçon fougueux et prompt. Plus souvent impulsif que réfléchi. Et se retenir ainsi lui coutait beaucoup. Il avait beau avoir grandi en taille, en force, et en âge, son caractère s’étant pour beaucoup apaisé, il n’en restait pas moins très primesautier par moment. Les mots d’Elrond, il les entendit, mais étrangement, loin de se sentir apaisé, ce fut une pointe de contrariété qui le saisit. Et lorsque le Noldor se pencha vers lui, son regard sonda le sien comme il savait si bien le faire, Arador fut tenté de laisser la peur et la colère avoir raison de son calme. L’elfe lui disait une chose pour en suite lui présenter le contraire ! Soit il avait eu une vision, soit il n’en avait pas eu ! Il ne voulait pas que son rêve en soit une, mais en même temps, cela avait été si vrai ! Lui faire croire que cela n’était pas possible que ce rêve soit quelque chose de plus le mettait encore un peu plus en détresse. Il était complètement perdu. Confus, dans ses désirs et dans ses émotions. Une seule chose pour lui demeurant claire. Il voulait retrouver son père.

-La louve. Dans ma vision, la louve le mordait férocement, je l’entendais crier puis tomber. Je me suis senti moi-même tomber, avant de me réveiller en sursaut dans ma chambre.

Il expliqua cela en insistant sur chaque mot. Comme si chacun avait son importance. Come pour bien faire comprendre au Peredhel qu’il ne prenait absolument pas la chose à la légère.  Chaque seconde qui passait à réexpliquer son rêve, lui ajoutant un stress supplémentaire.

« Mon avis est que, si tu te réveilles à cet instant précis, ce ne serait qu'un rêve. Tu ne devrais pas te morfondre plus longtemps, je suis certain que ton père ne craint rien de tel. »

Secouant sa tête dans une dénégation accablée, le jeune homme se leva lourdement de sa place. Ses yeux anxieux, il les posait partout ailleurs que sur Elrond, alors que d’un pas agité, il commençait à faire les cents pas dans le cabinet seigneurial. Ce n’était pas un rêve. Ce n’était pas un simple rêve. Une partie de lui désirait croire le contraire, mais au plus profond de ses entrailles nouées par l’inquiétude, il pressentait que ce qu’il avait vu n’était pas simplement le fruit de son inconscient. Pourtant Elrond lui affirmait qu’il n’avait rien à craindre. Que devait-il croire ? Que voulait-il croire ? Il était perdu entre raison et instinct, entre la parole d’un sage, et la foi en son intuition,  ne sachant en  lequel placer sa confiance.  Cette situation usait ses maigres réserves. Et ce fut sans réellement s’en apercevoir, que l’héritier d’Isildur , s’exprima à voix haute sur son débat intérieur.

-Et si au contraire il s’avérait réel…si je vous écoutais, et cessait de m’inquiéter, pour qu’au final mon père ait été réellement  en danger…ou mort…je ne me le pardonnerais pas.   Souffla sa voix grave, alors que ses mains se tordaient douloureusement.

Et il recommença à faire les cents pas, dans sa tête, commençant à se former l’idée d’une échappée dans les terres du nord. Une petite patrouille, simplement pour vérifier que tout allait bien du côté des Rôdeurs. Elrond ne pourraient lui refuser cela. Lui et son père avaient toujours été en bons termes, et les elfes avait toujours été d’une aide précieuse aux dunedains. Ce ne serait pas long. S’il partaient cette nuit avec une petite troupe compagnie, il serait de retour surement le lendemain soir s’ils chevauchaient hâtivement. Dans son esprit, c’était tout à fait faisable.

« Je pense que ta séparation a duré trop longtemps et qu'il te faudrait le revoir. Cela ferait disparaître ces cauchemars. Je lui ferais parvenir une missive aussitôt que possible. Le souhaites-tu ? »

Le jeune homme s’arrêta un moment de marcher pour regarder le seigneur elfe, hésitant mais surtout, nostalgique. Avait-il été séparé de son père depuis si longtemps ? Il n’avait jamais pensé à cela auparavant, et n’avait jamais ressentit un besoin particulier de sen soucier. Avant qu’Elrond n’en parle. Fondcombe était première maison, et Elrond sa première figure paternelle. Il se sentait bien ici, même si parfois ses pensées vagabondaient jusqu’à ses semblable, pour rien au moins il ne se serait dit malheureux en ces lieux.  Pourtant l’Efle sembla le penser. Où peut-être était-ce un autre moyen pour lui de clore le débat sur ce rêve qui le hantait depuis plusieurs jours ? Arador, s’il ne le montra point, était méfiant. Il ne voulait pas être congédié s’il disait oui à la proposition de l’Elfe. Il n’en avait pas encore terminé.


-Une lettre prendrait trop de temps à lui parvenir. J’ai besoin de savoir. De le voir de mes propres yeux. Et le plus rapidement possible.

Disant cela, le jeune homme se demanda si c’était le bon moment pour exposer son idée au Noldor. Mais chaque seconde qu’il passait à hésiter, lui semblait-il,  chaque seconde de vie, son père pourrait-il être en train de perdre. Il ne pouvait pas se permettre d’attendre et de voir. Il n’était pas un elfe. Il n’avait pas de magie pour voir les choses qui se passaient ailleurs, et pas l’éternité pour les voir arriver, ou encore les déjouer. Cela lui faisait parfois mal de l’admettre, mais il était un homme. Certes dotée d’une espérance de vie plutôt longue, mais un homme tout de même. Et pour ceux de sa race, le temps était une denrée précieuse. Lui ne pouvait la dispenser en attentisme. Certainement respectueux envers les elfes, il n’avait nul envie de leur ressembler sur ce point. Pour lui agir était primordial.

-Si vous me le permettez Seigneur Elrond, je souhaiterais mener une petite expédition dans les Landes d’Eten, m’assurer de mes yeux que mon père est en bonne santé, et lui recommander la plus grande prudence dans les bois. Avec  trois de vos cavaliers, et des coursiers rapides, nous serions de retour demain dans la nuit.  

Il ne voulait pas avoir l’air de supplier, mais alors qu’il prononçait ses prochains mots, sa voix se trouva prise par l’émotion.

-Il n’y a que cela qui puisse apaiser mon esprit…S’il vous plait.




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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyJeu 5 Juin 2014 - 0:50

Elrond ne se sentait pas à l’aise. Il avait délibérément dissimulé ses véritables pensées concernant ces fameux rêves qu’Arador faisait chaque nuit, semblait-il. Ce n’était pas dans l’accoutumée de l’elfe d’agir ainsi, mais il lui suffisait de se remémorer les longues nuits de douleur qu’il avait passé depuis la mort de Celebrían pour se convaincre d’avoir bien fait. Arador, quoique n’étant pas son fils biologique, était à ses yeux aussi importants que sa fille, Arwen, et ses fils Elladan et Elrohir. D’ailleurs, Arador n’avait-il pas également leurs cheveux sombres, ne les tenait-il pas presque aussi longs que ses propres enfants ? Ce simple petit détail mêlait l’image du jeune homme à sa progéniture elfique, et ainsi, les confondait en une fratrie unique. Non, il ne pouvait pas le perdre, comme il ne pourrait survivre à la mort d’Arwen, d’Elladan ou d’Elrohir. Qu’Arador soit né elfe, homme ou Dunedaín n’y changeait rien, qu’il soit sorti du ventre chaud de sa femme ou de celui d’une autre, aucune importance. Le regard que Peredhel posait sur Arador était le même, exactement le même, que celui qui effleurait le visage de ses trois enfants, chaque jour que ce monde lui offrait de répéter, inlassablement, ce doux privilège. Son cœur se remplissait alors d’orgueil, d’une incommensurable joie, au point qu’Elrond en oubliait parfois de respirer. En entendant les paroles d’Arador émettre le désir de ne pas attendre l’option de la missive et de vérifier de ses propres yeux que tout allait bien, la réaction impulsive d’Elrond aurait été d’entrer dans une colère sourde et froide, de lâcher des paroles cinglantes, quoique toujours empreintes de bon sens. A la place, il tourna lentement le dos au dunedaín, le laissant continuer de parler tout en cachant l’émotion que trahirait son visage s’il était resté face à lui.

Le Seigneur de Fondcombe, feignant l’écoute attentive tout en contemplant – réellement, d’un œil aveugle – les basses ruelles d’Imladris, se prit la suite des mots d’Arador comme autant de gifles. Son cœur se contracta, comme lacéré, cherchant à se protéger, vainement. On aurait dit qu’il voulait tout simplement cesser de battre, de se battre contre les peines de la réalité… Arador était trop jeune pour comprendre ce qu’était vraiment la perte d’un être cher. Il le redoutait, à l’instant, mais savait-il seulement ce que cela faisait au corps, à l’âme, à un être dans son entièreté ? Se rendait-il compte qu’en énonçant l’hypothèse d’une telle mission, malgré des gardes chevauchant à ses côtés, il mettait son mentor au supplice de la pire des peurs ? Certainement pas… Elrond, pour cela, s’obligea à la magnanimité. Si son interlocuteur aurait été un elfe centenaire, voire millénaire, il n’aurait pas pu pardonner un tel manque de considération. Dans le cas d’Arador, c’était juste une sorte d’inconscience… Lui aussi, il y a de cela très longtemps, il avait cruellement manqué de finesse dans ses propos, et de maturité dans ses actes. A l’époque, on ne l’avait que peu blâmé et on avait laissé le temps et l’expérience agir sur l’esprit torrentueux du jeune Elrond. Le Seigneur vivait maintenant la même scène, mais dans le sens inverse.

Quoique ayant pris la décision de ne pas disputer son protégé plus que nécessaire, le Seigneur elfe était bien loin de vouloir céder à sa requête. Il inspira, en silence et profondément, et fit volte-face. A nouveau, les regards des deux hommes se croisèrent. Celui d’Elrond se fit sévère, sourcils froncés, bouche tordue en une légère moue désapprobatrice. Il fit quelques pas dans la pièce, vers Arador, et lui imposa une main ferme sur l’épaule, le forçant à cesser de gesticuler. Il lâcha son épaule avec plus de lenteur et continua de le regarder, cherchant simplement à calmer ainsi son énervement. Lorsque le jeune homme lui exprima sa certitude comme quoi seule une chevauchée vers les landes d’Eten pourrait lui rendre le sommeil du juste, Elrond poussa un léger soupir et secoua doucement la tête en signe de négation.


« Il est hors de question que certains de mes hommes partent en vadrouille pour une simple histoire de rêve. »

Elrond se tue un instant. Ce silence, tout réfléchi, pouvait laisser croire à Arador qu’il le laisserait alors partir seul, ou alors que lui-même viendrait avec lui…

« Et je t’interdis formellement de t’y rendre en solitaire. » ajouta-t-il, d’un ton sec. « Ces régions ne sont pas sûres, même en temps de paix et de lumière. Ton sang n’a pas besoin d’abreuver les landes et se doit de rester dans tes veines, mon garçon ! »

Sans que rien ne l’aie présagé, un début de colère perça dans la voix du Seigneur. Il toisa de plus bel le jeune homme.

« Tu es bien plus utile en vie que mort. Que deviendrait ta lignée si Arador, premier du nom, venait à mourir stupidement dans une nature qu’il ne connait pas, attaqué par on ne sait quelle bête sauvage affamée, simplement parce qu’il aurait fait quelques cauchemars ? »

Et moi, que deviendrais-je si tu venais à mourir si vite ? pensa Elrond, le cœur en lambeaux.
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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyLun 9 Juin 2014 - 14:26






« Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. »



[justify]Stoppé dans son va-et-vient incessant, Arador avait désormais ses yeux rivés sur la figure altière qui lui tournait dos. Elrond, après qu’il lui ait formulé sa pressante demande, avait gardé d’abord un visage inchangé, avant de se lever, s’approcher du balcon sans un mot, son regard devant surement se perdre dans la beauté des allées d’Imladris. Le rôdeur lui, s’il fut inquiété par cette absence de réponse immédiate, ne dit rien. Une tension palpable s’était installée en lui et menaçait de d’entamer sa politesse et son respect pour le Seigneur elfe. Il était de plus en plus anxieux. Plus les minutes passaient, plus se formaient dans son esprits de scénarios tous plus horrible les uns que les autres où son père mourrait dans une débauche de sang et de violence. Son esprit ayant toujours été très créatif, lui jouait des tours ce soir là en lui glissant sournoisement des visions horrifiantes. Tellement, qu’il ne pouvait même plus dire laquelle était la plus plausible d’être celle d’origine. Et alors qui se tordait toujours intensément les mains, mordant sa lèvre, ne cachant plus un stress alors devenu évident, le jeune homme vit les épaules de l’Elfe se soulever, signe d’une inspiration profonde. Elrond fit volte-face, et au regard que le Noldor lui adressa, Arador sentit ses espoirs s’émietter, son cœur lui descendant dans les talons.

Ce visage aux, il le connaissait bien. Des traits durcis, à la moue sévère et réprobatrice en passant par le regard perçant, le rôdeur savait reconnaitre les signes d’un profond mécontentement chez le Peredhel. Celui-ci, lui posa une main ferme sur l’épaule, le figeant sur place, stoppant net ses gesticulations. Et après quelques instants, cette main rassurante quitta son épaule, prenant avec elle une partie de son agitation, mais pas le doute ni l’angoisse que lui envoyaient les yeux sévère du Haut-elfe.

Arador lui avait parlé de son souhait, mais le sage, eut à ses mots une réaction qui finit de l’enfoncer. Son soupir et le mouvement de tête négatif qu’il lui adressa furent assez pour le déstabiliser profondément. L’elfe lui refuserait-il cela ? Ne ferait-il donc rien ? Cela, le jeune dunedain ne pouvait se l’imaginer. Il avait toujours vu Elrond comme une pierre de touche, une figure héroïque, quelqu’un sur qui il était sûr de pouvoir compter. Mais pourtant ce soir là, il fut saisit d’un doute.

« Il est hors de question que certains de mes hommes partent en vadrouille pour une simple histoire de rêve. »

Les mots que l’Elfe prononca de sa voix calme comme le Lac Evendim, mais profonde comme ses eaux, lui firent l’effet d’une pierre que l’on faisait tomber lourdement dans son estomac. Il resta un moment pantois, ne voulant presque pas en croire ses oreilles. La surprise et l’incompréhension devaient se lire sur son visage, car ses lèvres, s’entrouvrant comme pour dire quelque chose, ne parvenaient pas à formuler le moindre mot. Il était saisit. Et ce silence, ce silence que l’elfe venait de créer, achevait de lui ôter toute voix. L'elfe n'avait jamais prit son récit au sérieux! Son "histoire de rêve" ne valait pas la peine de s'y pencher plus sérieusement. Et cela lui fit plus mal que tout ce qui vint par le suite. Pourtant quelque part au fond de lui, il gardait espoir. Espoir que l’elfe accepte, même à quelques conditions, de le laisser aller retrouver son père.

« Et je t’interdis formellement de t’y rendre en solitaire. » déclara le Semi-Efle, d’un ton sec, brisant la silence qui s’était installé. « Ces régions ne sont pas sûres, même en temps de paix et de lumière. Ton sang n’a pas besoin d’abreuver les landes et se doit de rester dans tes veines, mon garçon ! »

Arador, se sentit couler. Debout droit, faisant face à l’elfe, il 'en restait pas moins anéantit. Impassible, il sentit néanmoins la colère s’insinuant de les paroles de l'elfe, et ainsi Arador sut que tout espoir d’un oui, était désormais à bannir. Il y avait cru pourtant. Il avait vraiment espéré qu’Elrond accède à sa requête. Mais l’elfe avait détruit tous ses espoirs de quelques mots. Il aurait dû s’en douter de toute manière. De mémoire, il ne se rappelait pas être sorti une seule fois de Fondcombe seul. Ses seules escapade en dehors des murs de la cité, se faisaient lorsque les deux fils du Seigneur d’Imladris, Elladan et Elrohir, partaient chasser les quelques orcs s’approchant trop près des frontières du Rhudaur. Et même là, ils ne s’éloignaient jamais trop de lui. S’il avait été 20 ans plus jeunes, Arador en aurait pleuré. Rage et de déception emplissaient son cœur alors que ce refus s’imprimait clairement dans son esprit comme un renvoi causé par son « jeune » âge. « Mon garçon ». Il n’était plus un garçon, il était un homme maintenant ! Il n’était plus un enfant que l’elfe pouvait commander. Il voulait, il pouvait faire ses propres choix et en assumer les conséquences ! Son sang lui appartenait ! Et ce n’était pas le siens qui seraient versé, mais bien celui de toute créature qui voudrait s’en prendre à sa famille. Quant à ces régions peu sûres, il était appelé à devenir un rôdeur…et c’était aussi ses terres. Il ne pouvait accepter cela sans rien dire. C’était injuste.

« Tu es bien plus utile en vie que mort. Que deviendrait ta lignée si Arador, premier du nom, venait à mourir stupidement dans une nature qu’il ne connait pas, attaqué par on ne sait quelle bête sauvage affamée, simplement parce qu’il aurait fait quelques cauchemars ? »

Respirant difficilement, une émotion sourde entravant ses poumons, Arador fixait toujours le visage d’Elrond, ne sachant pas sur le moment s’il devait l’aimer ou le détester. Certes la préoccupation que montrait le seigneur elfe pour sa vie le touchait, mais sa manie de le tenir toujours en laisse de peur qu’il ne s’éloigne trop de lui, avait fait pénétrer dans son cœur une colère vibrante. Et même si ces mots avaient du sens, le jeune homme les réfutait obstinément. Il aurait voulu s’énerver, crier, et tempêter contre le sage éternel, lacérer de ses peur ce visage immuables, et inchangé depuis bientôt des millénaires, mais il n’était pas fou. Tenace, audacieux, et un peu orgueilleux, mais pas fou. Il savait pertinemment que s’énerver ne lui ferait gagner que du mépris de la part de l’elfe, et qu’alors la discussion tournerait court. Le Noldor le congédierait après quelques éclats de voix, et lui interdirait de toute façon de sortir. Ce n’était pas ça qu’il fallait qu’il fasse. Il devait garder son calme, ou du moins sa façade calme. Il devait donner l’illusion d’accepter la décision de son père adoptif, pour mieux la contourner. Il devait feindre l’obéissance, pour mieux désobéir. Et même si cette idée, le rebuta au départ, il repense aux cris de douleurs et aux morts qu’il avait vus en rêve, et cette répugnance s’évanouit aussi vite qu’elle était apparue.

Arador baissa les yeux, sur son visage se lisait frustration, et contrariété, il resta un moment ainsi à regarder le sol, triturant sa lèvre. Lorsqu’il releva les yeux pourtant, malgré l’air maussade de ses traits, il y avait une certaine résignation en ceux-ci. Il ne pouvait mentir ni même cacher ses émotions à Elrond, celui-ci savait trop bien le lire pour qu’il ne puisse même y songer. Ce qu’il faisait était donc simplement, il laissait son visage exprimer des émotions qui correspondaient avec ses pensées, des pensées qui elles en revanchent, lui restaient intimes.

-Je suis désolé, père…c’est juste que, je pensais bien faire…Il me manque, et je dois avouer que le savoir dans des endroits toujours plus dangereux, peut avoir joué sur mon esprit…Peut-être avez-vous raison après tout…peut-être n’est-ce qu’un cauchemar…murmura d’une voix tremblante, un Arador, le regard plein d’embarras, qui pensait en lui à toutes les fois où Elrond avait eu raison, tentant de se convaincre –sans succès- que peut-être cette fois aussi, il ne se trompait pas. Même si au fond de lui…il n’y avait pas de doutes



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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptySam 14 Juin 2014 - 23:51

Le Seigneur n’était pas fier. Quoique discrète, une expression coupable avait déformé ses traits tandis qu’il voyait, petit à petit, à mesure qu’il étalait son refus, la déception et le chagrin envahir le visage d’Arador. Elrond était tout à fait conscient d’avoir fait du mal à son fils adoptif. Il avait relégué ses rêves, peut-être bien prémonitoires, au rang de pacotille puéril sans aucun intérêt quelconque, et lui avait arraché un droit primordial pour tout jeune homme, quoique à la fleur de l’âge : celui de sauver son géniteur lorsque celui-ci courait le danger. Le semi-elfe se demanda s’il n’avait pas eu tort, même pendant qu’il parlait et s’adonnait à une petite moquerie méprisante dans l’espoir qu’Arador se sente ridicule. Avait-il bien agi, cette fois ? Est-ce qu’avec les siècles derrière lui, il n’avait pas pris trop d’assurance ? Ne devait-il pas délaissé ses obligations seigneuriales et accompagner Arador dans ces contrées, vérifier que tout cela était faux et rentrer, ensemble, sereins ? Il hésita… Il faillit ouvrir la bouche, s’excuser de son imbécilité et lui accorder sa permission. Cependant, il ne put s’y résoudre, au final. Il ne pouvait quitter son poste en cette période, puisqu’Arador semblait pressé de partir – Elrond comprenait que le lendemain serait le jour du départ. Se ressaisissant, il resta campé sur sa décision, laissant de côté sa compassion parfois trop dévorante envers ses enfants.

A son grand étonnement, et soulagement aussi, Arador parut se résigner. Peut-être un peu trop facilement, connaissant son caractère tempétueux. Elrond entendit ses paroles, avouant qu’il aurait pu se tromper, n’avoir peut-être bien eu que des cauchemars sans plus d’importance que cela, et acceptant de ne rien faire. Le Peredhel haussa les sourcils. Vraiment ? Il eut un sourire empreint d’ironie, qu’il s’empressa de transformer en une mine réellement ravie. Arador se moquait-il de lui ? De toute façon, si c’était bel et bien le cas, que pouvait faire Elrond dans une telle situation ? A part acquiescer à ces mots, il ne pouvait pas dire grand-chose.


« Je suis content de te l’entendre dire. »

Il ne put en dire davantage. Cela aurait presque été un mensonge, dans ce cas, puisqu’il ne croyait que très mal ce que lui déclarait Arador. Ce jeune homme, il le connaissait bien, et il ne s’attendait pas à ce qu’il ne tente même pas de lutter contre son avis. Depuis sa prime enfance, il avait toujours eu un esprit doux mais rebelle. Pas du genre à chercher les misères, mais pas à se soumettre aisément aux diverses autorités, ni même celle de son mentor. Souvent, il avait rejeté l’évidence qu’Elrond en savait plus sur la vie que lui pour absolument vouloir n’en faire qu’à sa tête. Lorsqu’il n’était qu’un bambin haut comme trois pommes, ces situations étaient toujours drôles, ne témoignant d’aucun danger mortel. Aujourd’hui, c’était bien différent. La vie du jeune dunedaín était en jeu. Et le Seigneur d’Imladris n’était pas de ces êtres aimant joué avec la vie d’autrui, ni à s’en désintéresser…

« Il n’y a plus lieu de s’inquiéter, à présent. »

Il alla vers les cuisines, fit bouillir de l’eau et prit sur une étagère un bocal d’où il extirpa quelques feuilles à petites fleurs jaunes séchées. De la camomille. Quelques gouttes de miel dans une tasse, et lorsque l’eau se mit à bouillir, il en versa dans deux récipients identiques. Il déposa quelques fleurs à la surface de l’eau, qui coulèrent lentement, teintant rapidement le liquide brûlant d’un jaune pâle. Elrond revint avec les deux tasses et en tendit une à Arador, un sourire paternel revenut sur son visage sans âge.

« Buvons ensemble. Ensuite, tu iras te coucher, l’esprit plus apaisé. »

Le Peredhel retourna vers son fauteuil et s’y installa comme il avait l’habitude de le faire. Déjà, ses lèvres effleuraient le bord de sa tasse, soufflant doucement pour refroidir l’infusion, intensifiant les volutes vaporeuses. Il ne proposa pas à Arador de le rejoindre sur le fauteuil, mais il le regardait intensément. A la fois pour lui signifier qu’il ne le congédiait pas, qu’il pouvait toujours se confier à lui s’il le désirait, mais également pour ne rien lui imposer de plus que son précédent refus. Il n’était pas bon de vouloir trop contrôler une personne, cela ne faisait que lui donner envie de fuir puisque cela donnait un sentiment d’être prisonnier. Arador avait-il déjà ce ressentis ? se demanda Elrond.



HRP : Je ne t'ai pas congédié tout de suite pour te laisser le choix de rester avec Elrond, de parler encore, ou alors d'achever maintenant le RP. J'ai dans l'idée qu'on peut faire un petit saut dans le temps et faire une ou deux rép' pour jouer le moment où Elrond se rend compte qu'Arador a fui pour rejoindre son père, qu'en dis-tu ? Meow Ah et j'espère que le côté "doux et rebelle" que j'ai donné à Arador te convient, sinon tu me le dis et j'édite !
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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyMar 9 Sep 2014 - 21:43






« Le père ou le fils? Choisis, vite! »




Une tasse d’eau fumante et parfumée en main, le regard baissé sur les volutes s’en échappant, le jeune dunedain, gardait le silence. Ses yeux, fuyant ceux de l’elfe -qui pour sûr n’était pas dupe quant à sa soudaine résignation- Arador repensait à toutes ces fois où Elrond –sur des conflits divers et variés- avait eu raison, du plus loin qu’il s’en souvienne. Depuis tout petit il avait toujours considérer d’une certaine façon que les paroles du maitre de Fondcombe faisait office de lois. Que même s’il ne se résolvait pas à l’admettre, il tenait toujours des propos d’une grande sagesse qu’il convenait d’écouter. Mais cela, il l’avait admit dans des contextes autrement moins complexe émotionnellement, moins truffés de non-dits, que celui dans lequel il se trouvait ce soir-là. Entre le « père » et son fils adoptif, se jouait en cet instant un vilain jeu de dupe qui ne convainquait personne, et surtout pas eux-mêmes. Ayant vécu ensemble trop longtemps, et malgré de louables efforts, et une certaine complaisance de la part d’Elrond, les deux antagoniste ne parvenaient pas à avaler décemment la couleuvre qu’ils se servaient l’un l’autre.  Arador lui, ne partageait pas le retour à l'amabilité que tentait Elrond, et essayait de mesurer les chances de réussite de sa future action, imaginée sur un coup de sang, et probablement inconsciente; en pesait le pour et le contre. Et si la logique le mènerait implacablement à suivre les recommandations prudents du seigneur, son cœur lui, emplit de cette fouge et cette passion propre aux hommes, mais plus généralement à la jeunesse, l’encourageait à défier ces sages paroles. Quitte à y perdre. Y perdre beaucoup.

Que l’on ne s’y trompe pas, Arador aurait surement reconsidéré son idée de fuite, il l’aurait vraiment fait si seulement dans son esprit ne se rejouait pas en boucle le cauchemar de cette nuit. S’il ne revoyait pas clairement le visage de son père, l’imaginant alors ravagé par des crocs féroces.  Et si le calme et la légèreté d’Elrond ne le faisait pas tiquer sévèrement. Ces images que la peur et le doute créaient dans son esprit, avaient raison des principes de sagesse et de prudences qu’ait put lui inculquer lors de son éducation l’elfe immortel. Et si Elrond ne se rendait pas compte de cela maintenant, alors que le Dunedain portait à ses lèvres sa tasse, il risquait de se réveiller avec une mauvaise surprise. Mais le mal serait alors déjà fait. Si à l’instant où les yeux du jeune rôdeur se tournaient vers le nord un étrange éclat dans leurs iris gris perle, le Peredhel ne devinait pas les pensées du rebelle, et ne tentait pas de les contrecarrer…s’il le laissait quitter son cabinet sans avoir eu la garantie –forcée ou pas- qu’Arador ne quitterait point Fondcombe ce soir…Le réveil se révèlerait difficile. Pour l’un comme pour l’autre.

Malheureusement quelques fois l’engrenage des prises de décisions, suivies d’actions, d’une personne peut tourner si vite, qu’un intervenant extérieur ne peut pas même songer à y glisser un caillou pour en stopper le déroulement, qu’il est déjà trop tard. Aussi, après un timide sourire pour son mentor, et un temps silencieux passé à ses côtés à siroter une camomille savamment préparée, Arador sembla se congédier de lui-même des quartiers d’Elrond, prétextant vouloir récupérer son sommeil perdu et terminer sa soirée dans ses quartiers. Pourtant avant de tourner définitivement dos à l’Eldar, le jeune Edain prit tout de même sur lui pour lui poser une dernière question. Une question qui a ses yeux avait toute son importance dans la réalisation de sa prochaine action. Une question qui définirait ses futures relations avec l’elfe.  Ce n’était pas une question facile. Elle était même franchement perverse. Il ne s’en cacherait pas. Mais elle avait ce soir pour Arador, toute son importance. Et s’il n’y avait jamais réellement pensé plus tôt, s’il ne s’était pas plus penché sur cette idée auparavant, c’est surtout qu’elle lui paraissait alors complètement saugrenue. Impensable voir même obscène.

-Par simple curiosité, si par hasard, un jour, la vie vous mettait en fasse du choix de  sauver la vie de mon père ou la mienne…que feriez-vous ?

Les yeux gris d’Arador, éclairés et rendus translucides par l’éclat d’une lune pleine, confrontèrent ceux du Peredhel. Il n’y avait en eu aucune accusation infantile, simplement un intérêt masquant bien d’autres pensées qui elles, ne s’exprimeraient pas. Il les gardait précieusement pour lui sur l’heure. Car s’il parlait de trop alors surement trouverait-il devant sa porte au moment de mettre son projet à exécution quelques guerriers elfes. Envoyés par Elronds, ils se monteraient surement bien décidés à le garder au lit comme un enfant récalcitrant. Aussi après cette ultime question, il feindrait la soumission pour mieux se rebeller.




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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptySam 4 Oct 2014 - 1:32

Était-ce la seule lune qui illuminait les iris d’Arador, si sombres le jour, où Elrond pouvait-il y lire une clarté révélatrice ? L’elfe, d’âge incalculable, à la sagesse renommée, ne réussissait pas à savoir s’il imaginait les émotions de son protégé, conduit par une peur viscérale et un dégoût des plus obscures prémonitions traversant son grand mais vieil esprit, ou si elles existaient réellement. La lune se moquerait peut-être bien de lui, ainsi que ses sentiments envers le jeune garçon, et les deux combinés auraient pu le rendre fou. De légères et brèves crispations parcoururent les traits du Peredhel. Ce dernier aurait voulu qu’Arador s’évapore et le laisse à sa peine qu’il souhaitait ardemment garder secrète. Avait-il seulement encore assez de colère pour dissimuler derrière elle le chagrin qui le consumait ? Comme si cela n’était pas suffisant, Arador posa une question, une horrible question, qui tortura Elrond.
Peu de personnes ayant côtoyé le Seigneur d’Imladris peuvent se vanter de l’avoir perturbé. Plus encore étaient rares ceux qui ont pu contempler d’aussi près l’effet qu’ils avaient sur le Seigneur-Elfe. Le dernier mot, aux notes interrogatives, fut prononcé par le jeune dunedaín, et eut l’effet d’une foudre s’abattant sur l’elfe. Il tourna son visage à l’air si impassible d’accoutumée. Arador pouvait alors y lire toute l’horreur que sa demande avait provoqué chez son mentor. Horreur, dégoût, mépris, tristesse sans nom.


« Arador… »

Son prénom fut émis avec une douceur étranglée, comme si une douleur cuisante déchirait la gorge de celui qui le prononçait. Une larme perla à la commissure de ses paupières, délicate. Contrastant avec l’effarement le figeant sur place, il posa la tasse si brutalement sur la table qu’elle aurait pu se briser, et le bras de l’elfe vint agripper avec fermeté l’épaule d’Arador. Le Seigneur attira avec une violence rare Arador contre lui pour une étreinte à la fois chaleureuse et douloureuse. Elrond ne fondit pas en larmes comme on aurait pu s’y attendre, le temps faisant oublier la force des pleurs aux immortels, mais le langage de son corps tremblant suffisait à faire comprendre dans quel émoi Arador l’avait amené. Sa voix fut hésitante lorsque, dans l’oreille de son fils adoptif, il répondit :

« Si un troisième choix s’offrait à moi, je mourrais à la place de ton père et de la tienne. »

Il s’écarta vivement. Plongeant son regard dans celui du dunedaìn, il insista sur ses dires.

« Je n’hésiterai pas à donner ma vie pour la vôtre. Jamais, tu m’entends, jamais je ne pourrais voir l’un ou l’autre de vous deux mourir sans agir. »


Elrond se leva du siège et, d’un pas lent, retourna à la rambarde de sa terrasse. Il se mit à contempler les étoiles, poussa un long et profond soupir. Il jeta une œillade à Arador, toujours assis, et le jeune homme put y voir un certain reproche. L’elfe lui en voulait de le soumettre à une telle épreuve. Elrond avait vu tant de morts autour de lui, pas seulement sa femme… Tant de guerres et de batailles lui avaient perdre des amis qu’il aimait profondément et qu’il avait vu se faire tuer sous ses yeux. Six mille ans d’existence, c’était long, même pour un elfe, et l’usure du temps exerçait son terrible pouvoir sur lui comme sur n’importe qui. On disait qu’un elfe pouvait mourir de chagrin… Elrond, souvent, pensait que son heure était venu, tant son cœur se serrait à certains souvenirs. Arador ne pouvait lui infliger davantage de poids sur ses épaules, de peine en lui. Mais qui était Elrond pour l’empêcher de tout faire pour ne pas vivre ce que lui vivait ?

Elrond se rendit compte qu’un lourd silence, où ses pensées intimes se bousculaient sous son crâne, avait noyé l’air ambiant. D’une voix faible, Elrond ordonna :


« Va-t’en, à présent. Nous en reparlerons demain. »

Il tourna le dos à Arador, mettant clairement un terme à la discussion.


Dernière édition par Elrond le Dim 5 Oct 2014 - 21:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Loups oniriques. [PV Arador]   Loups oniriques. [PV Arador] EmptyDim 5 Oct 2014 - 18:50

« Arador »

A ses oreilles, son nom prononcé ainsi fut plus douloureux que milles coups d’épée. Poignant mais d’une douceur bouleversante, il vint bousculer ses certitudes et l’ébranla plus qu’il ne l’aurait voulu. Il se sentait faiblir et pâlir au fur et à mesure que s’imprimaient en lui la portée que pouvaient avoir eu ses mots sur celui qui avait toujours tenu à le traiter comme son propre fils. Dans sa tête le son de cette voix d’habitude si profonde, sure et apaisante, provoquait en lui plus d’émoi que de satisfaction. Non il n’était pas satisfait de son acte. Quelle satisfaction y avait-il dans la souffrance. Il avait fait du mal à l’Elfe déjà bien éprouvé par l’existence, et cela de façon consciente. Il avait voulu le mettre en position délicate, il avait voulu le tourmenter et tirer de lui une réponse à ses peurs les plus malsaines, en sachant bien au fond de lui que ses mots allaient avoir une portée lourde sur l’esprit d’Elrond. Mais il n’imaginait pas que celui-ci serait aussi choqué, voir meurtri par ses paroles. Désormais, plus forte que la colère ou la tristesse, c’était la honte qui l’envahissait. Il se sentait sale, dégoutant, laid et ingrat. Et la larme qui naquit au coin des yeux d’Elrond finit de le désemparer. Il détourna son regard, baissant les yeux au sol, alors qu’il sentait monter en lui une vague d’émotions lui tordant les tripes.

« Ada… »

Son murmure se perdit dans le bruit d’une tasse reposée violement, et s’étouffa dans l’étreinte puissante d’émotions dans laquelle l’enserra l’elfe millénaire. Pétrifié au départ, tendu comme un arc sous la surprise, le jeune dunedain laissa son corps se détendre et sa tête reposer contre l’épaule de sa figure paternelle, abandonnant pour l’heure une querelle qui n’avait pas lieu d’être. Qui n’aurait jamais dû être. La gorge nouée, Arador ne pouvait piper mot, et se contentait, délicatement, de rendre son étreinte au Peredhel. Une étreinte comme il ne se souvenait pas en avoir eu dans sa prime enfance passée aux côté du Seigneur de Fondcombe. Une étreinte puissante mêlant douleur et amour, qui eu le don de lui faire oublier momentanément ses griefs contre Elrond. Une étreinte qui se passait bien de mots, sa seule rareté montrant bien à quel point le moment était grave. Une main timide allant se poser dans le dos d’Elrond, effleurant avec une certaine nostalgie, la longue chevelure sombre de l’elfe, le jeune homme se sentit trembler d’émois. Il n’avait pas voulu ça. Cela n’était pas son souhait. Il voulait juste que tout le monde aille bien. Il voulait juste s’assurer que tout le monde aille bien. Il n’avait pas voulu causer toute cette souffrance à son père adoptif. Mais le mal était fait, et il le regrettait au plus profond de lui sans pour autant pouvoir l’exprimer.

« Si un troisième choix s’offrait à moi, je mourrais à la place de ton père et de la tienne. »

Chuchotés à son oreille ces mots eurent l’effet d’une douche froide sur les pulsions téméraires d’Arador. Ses plans et ses desseins furent bien émoussés par cette réponse. Une réponse à laquelle il ne s’attendait pas, une réponse qui ne répondait pas véritablement à sa question -car malheureusement, il ny avait pas de troisième choix-, mais une réponse dont la sincérité écartait tout déni. A cela, si sa gorge avait bien voulu se dénouer et ses lèvres bouger, il aurait murmuré contre l’épaule du Semi-elfe, un « Je sais père, je sais ». Mais ceux-ci refusaient de formuler sa pensée. Aussi il resta muet sentant poindre dans ses yeux, cachés de ceux de l’elfe, des larmes. Il n’était pas aussi vieux que l’immortel pour en avoir oublié la force. Trop jeune encore pour savoir en refouler les flots complètement. Mais sa fierté et son entêtement furent suffisants au moins pour les empêcher de rouler sur ses joues. Elles restèrent accrochées à ses cils, bordant ses yeux, alors que son visage devenu de pierre sous l’effort, gardait le silence.
Lorsqu’Elrond s’écarta de lui, Arador sut qu’il ne pourrait pas partir comme il l’avait d’abord pensé. Il ne pouvait pas faire ça. Pas à lui. Pas après cette étreinte. Ce serait au-dessus de ses force avait-il l’impression. Pourtant dieux seul sait ce que la peur peut faire faire aux hommes. Et la nuit n’était pas encore finie.

« Je n’hésiterai pas à donner ma vie pour la vôtre. Jamais, tu m’entends, jamais je ne pourrais voir l’un ou l’autre de vous deux mourir sans agir. »

Son regard mouillé accrochée à celui de son père adoptif, Arador, comme un enfant, ne put qu’hocher la tète silencieusement en assentiment, les mots se refusant à lui. Il regarda alors Elrond se lever et s’approcher de la rambarde de sa terrasse, le visage tourné vers les étoiles, un long et profond soupir s’échappant de sa poitrine. Le Dunedain, muet de honte, adressa un regard embarrassé à l’elfe quand celui-ci le darda d’une œillade teintée d’un certain reproche. Il aurait voulu disparaitre sur l’instant. Et après cet échange un regard, un long et lourd silence s’installant, s’éternisant alors que chacun s’enfonçait dans ses pensées.

« Va-t’en, à présent. Nous en reparlerons demain. »

Congédié sans autre forme de procès, Arador, eut tout de même beaucoup de mal à quitter les lieux. Le temps que l’information fusse claire pour lui, et qu’il se décide enfin à partir, passèrent quelques minutes. Ils en reparleraient demain ? Au plus profond de lui, Arador, n’en était pas certain. Une sorte de pressentiment. Une angoisse qui le prenait à la gorge. Il ne savait pas de quoi serait fait ce lendemain. Son père serait-il en vie demain ? Son rêve n’aurait alors été qu’un rêve ? Ou bien…une missive portée à dos de faucon, lui apprendrait peut-être demain, que son père était décédé pendant la nuit. Il n’en savait rien. Demain se révélait ce soir là, d’une grande incertitude. Et bien malgré lui, la peur revient le hanter. Mais il ne pouvait plus rien faire désormais. Il n’avait plus l’envie de contester Elrond, la force non plus. Il ne pouvait que se détourner de lui, et prendre le chemin de la sortie. Pourtant, arrivé à quelques décimètres de la porte en bois, il fut pris d’une soudaine impulsion. Dans sa bouche, des mots étranglés parvinrent enfin à se faire entendre.

-Je suis désolé…je ne voulais pas… Gerich meleth nîn, ada (vous avez tout mon amour, père).

Et derrière eux, se referma dans un grincement sourd, la porte de cette discussion tourmentée. Arador retournant à ses quartier, plus désemparés qu’il ne les avait quittés. Elrond, lui, le regard tourné vers les étoiles, pansant un peu plus les plaies de son âme, de douloureuses pensées tournoyant dans son esprit. Pour eux deux, la nuit serait longue et agité de ténèbres. Et ce lendemain tant redouté, risquait de leur réserver bien des désillusions.
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