Un accueil chaleureux [Thorin]

Un accueil chaleureux

Les Halls où demeuraient l'Héritier de Dùrin se couvraient peu à peu de neige, l'Hiver s'étirait doucement pendant que les dernières présences d'animaux en dehors de leur cycle d'hibernation s'étiolaient. Les feux crépitaient des les foyers, les nains se couvraient de nouvelles couches de vêtement afin de braver le froid.
Le temps était devenu glacial à la cime des Montagnes, les pas des nains crissaient dans la neige sous leurs lourdes bottes.
On avait revêtis les fourrures, sorti de nouveaux édredons, les jeunes nains se tassaient contre leur aînés lorsqu'une brise plus froide se faisait sentir, s'immisçant à travers les tuniques, gelant la chaire.

Le Roi des exilés avait mis fin à une nouvelle réunion avant de sortir, sa tunique bleue aux couleurs de sa lignée arborant avec de gracieuses coutures de la fourrure de petit-gris sur le large col de l'habit. C'était le seul vêtement qui semblait être légèrement ostentatoire pour de nombreux personnes parmi les Hommes mais dont l'utilité les jours de grands froids avait été rapidement démontrée, c'est pourquoi il se permettait de porter cet atours avec sérénité. Ce n'était pas son habitude, car à l'instar de là où il vivait, le nain avait appris à se passer de nombreuses choses superficielles.

Les Montagnes Bleues avaient toujours été bien plus sobres et modestes que ce que les nains avaient un jour bâtis sous la Montagne Solitaire, mais, les années s'étirant, les bâtisseurs avaient pu de nouveau exercer leur art et bien que très humbles, ce que les voyageurs nommaient les Halls de Thorin  car tel état l'endroit où le Roi du Peuple errant résidait, arborait  des piliers et des murs, taillés à même le roc. Les alentours étaient tels qu'on les aurait cru jaillis de la pierre, touché par la grâce du Grand Ilùvatar, mais les enfants d'Aulë prouvaient de nouveau en ces lieux leur savoir faire.

Le roi du peuple errant parcourait les travées où le commerce était devenu d'année en année de plus en plus florissant. Il songea un instant à Fraia qui un jour reprendrait probablement les affaires de son père avec une main de maître, elle les ferait sans doute prospérer encore, mais peut-être cela n'était-il pas ce qu'elle désirait. Après tout, Dis semblait heureuse de part ses fils, ses occupations à la cour et les affaires que sont frère lui laissait gérer en compagnie de ses conseillers lorsqu'il était absent.  La naine brune qui était son amie devait rêver à bien d'autre chose, il l'avait pressenti, il y a longtemps, autour d'une discussion qui s'était assombrie.
Des nains le saluèrent, le tirant de ses pensées, des échanges plein de bienséance au milieu des étals remplis de nourriture et d'accessoires divers. Ils lui demandaient souvent quand comptait-il repartir, il répondait poliment qu'il venait juste de rentrer mais de nouveaux songes envahissaient ses nuits, à propos de son père gisant mort, esseulé, dans un cul de basse-fosse, une oubliette sordide où la folie l'aurait rattrapée . Il ne savait d'où ils provenaient, mais l'idée de retrouver la dépouille de son père le tiraillait, il sentait croître en lui la certitude qu'il devait agir, après tout, depuis près d'un siècle, n'attendait-il pas naïvement le voir revenir ? Mais les informations autour des mouvements de Thrain s'étaient peu à peu tues, il effleurait amèrement l'évidence de la mort de son père. Alors qu'il s'excusait et délaissait ceux qui étaient venu lui témoigner un certain respect, il s'éloigna, les mains croisées dans le dos, continuant sa route.
Au loin résonnait le son des forges, les marteaux s'abattaient sur le métal en cascade et le nain songea à y faire un tour, il n'avait pas réellement eu le temps de se rendre près des brasiers qui faisait fondre le métal et duquel sortaient des pièces de métaux plus ou moins ouvragés depuis qu'il était revenu.

Ses yeux embrassaient les commerces alentours et les gens qui discutaient avec plus ou moins d'effervescence, c'est ainsi qu'il avisa une naine qui lui était inconnue, les murmures qui avaient couru des Monts de Fers jusqu'ici par les marchands nains mentionnait une naine qui avait quitté sa famille, plutôt noble semblait-il . Évidement, la race naine étant en émois lorsque telles choses se produisaient, laisser une naine seule, dans la nature, sans défense, n'était que folie.
Nombreux furent ceux qui lui jetèrent des regards curieux, après tout, les naines étaient si rare, que celles résidant dans les Montagnes Bleues étaient connues de tous, ainsi, bien que les rumeurs n'aient pas encore été répétée au plus grand nombre, elle ne demeura pas invisible Elle avait d'ailleurs ôté son capuchon, dévoilant son visage et sa chevelure. Certains lorgnèrent sur les armes qu'elle avait dans son paquetage, ils étaient sans doute bien plus habitués aux haches et aux épées plutôt qu'aux lances. La demoiselle posa d'ailleurs sa main sur ses possessions, comme pour signifier aux badauds qu'elles étaient bien les siennes et qu'elle savait servir.
Un sourire amusé passa fugacement sur le visage du Seigneur des Exilés, il décroisa ses mains avant de de diriger vers la demoiselle. Il s'assit sur le banc à côté de la jeune naine à la tresse rousse silencieusement avant de l'observer et de la détailler rapidement du coin de l’œil. Elle ne devait pas être plus âgée que Kili, elle ne possédait encore nulle trace de barbe seulement un mince duvet qui dans la lumière des Halls devenait visible. Elle ne semblait pas se formaliser de sa tenue peu commune pour les femmes. Des naines qu'il avait côtoyé le plus fréquemment, elles avaient toutes reçues une éducation qui faisait d'elles des dames accomplies, elles pouvaient s'entretenir sans mal au milieu de la société à laquelle elles appartenaient. Mais la rousse semblait bien loin de ses occupations relevant de la cour, elle semblait plus petite, mais plus, guerrière. Chaque nain savait que leurs femmes étaient farouches et aussi fières qu'eux, mais peu étaient de celles qui combattaient de peur qu'elles ne périssent au combat. La race des nains étant en déclin, le spères ne laissaient que très peu leurs filles embrasser une carrière martiale.

«  Il est rare de voir un nain usiter de la Hallebarde, encore plus lorsque ce dernier est une femme... Vous ne passez pas inaperçue. »

Un accueil chaleureux

La demoiselle semblait perdue dans ses pensées lorsqu'il pris place sur le banc à ses côtés, il avait été silencieux, sûrement peu discret puisqu'elle avait demeuré seule sur le siège de pierre avant de voir quelqu'un envahir cet espace de quiétude où elle avait semblé prendre un peu de repos autour d'une choppe de bière aussi rousse que sa chevelure.
Le regard de la naine rousse se posa sur le nain, elle le détailla ainsi qu'il l'avait fait quelques instants plus tôt. Leurs regards se croisèrent, ils se fixèrent un moment ainsi, l'azur rencontrant le ciel, la même pâleur glaciale qui chez la naine, fût muer par un sourire qui se voulait amical. Il arborait ce masque qu'il utilisait le plus souvent, impassible, mais il se permit un léger sourire, les commissures de ses lèvres se relevèrent doucement.

Sa voix, lorsqu'elle arriva aux oreilles du Seigneur des Exilés, lui sembla mélodieuse, douce. Elle énonça ce qui était en fait une évidence, il était clair que les nains ne la fixait pas que pour ses atours quelques peu masculin. Sur cette phrase, il hocha la tête doucement en signe d'accord. La rousse aux cheveux tressé détourna un instant le regard pour observer vers le haut, il eu pendant de courtes secondes l'impression qu'il l'avait dérangé et se serait apprêté à partir si la demoiselle n'avait pas haussé de nouveau la voix, demandant s'il connaissait un endroit où elle pourrait se sustenter et se reposer.

Il avisa ses vêtements, ses bottes portaient encore les stigmates du givre, elles étaient couvertes de neige à présent fondue. Sans doute avait-elle marché durant de longues heures avant d'arriver jusqu'ici et il comprenait parfaitement sa requête. Après la demande, la demoiselle ôta ses gants, probablement pour se présenter.

La main de la rousse semblait encore toute engourdie, sur sa peau claire, des cicatrices, des ecchymoses qui prouvaient qu'elle était bien différente des autres. Une peau qui avait subi le travail, non pas entièrement douce comme l'aurait été celle d'une femme qui avait passé de longues heures a étudier, à coudre. Il se surpris à estimer ce qu'il voyait. Peu nombreuses étaient les naines qui se battaient, il fallait du courage, de l'audace et de la volonté, il appréciait, respectait ces traits de caractères à condition qu'ils puissent être tempérés. Il tendit à son tour la main, habillée par un simple anneau au majeur.

Avec une autre naine, sans doute aurait-il privilégié le baise-main, un geste qui seyait à son rang mais il lui semblait que la forme de salut ne conviendrait en aucun cas à la naine rousse. C'est pourquoi il avait à son tour présenté sa main, large, calleuse et non pas douce comme pourrait l'être celle de nombreux rois habitués aux onguents et non aux batailles. Il serra celle d'Ilhy, paume contre paume, un mouvement de haut en bas à allure modéré, non pas pour asseoir un quelqu'un rapport de force, mais plus par curiosité et par soucis de ne pas la froisser. Elle n'était pas ces naines de la cour, elle aurait pu en avoir le port altier et fier, mais elle avait sur ses trait l'audace d'une guerrière, alors il aurait été inconvenant de rabaisser cette flamme qui semblait crépiter en elle.
Il la fixa avec un peu plus d'attention, le prénom de la demoiselle lui disait quelques chose, lorsqu'il avait rendu visite à son cousin, le régent des Monts de Fer, Dain, on lui avait mentionné au détour d'une conversation, sur la prospérité du peuple qui bénissait Mahal de ce côté du Rhovanion, qu'une enfant avait vu récemment le jour dans une famille aisée des Montagnes. Le terme « récent » chez les nains pouvait être légèrement utilisé pour une décennie mais on avait cru bon de lui signaler la nouvelle. Évidemment, la naissance d'une fille ne passait que très rarement inaperçu et c'est sans doute pour cela qu'il s'en souvenait. Ainsi, lorsqu'il la regarda, les rumeurs qu'il avait entendu, il se surpris à penser qu'elle aurait pu être la fille de ces nobles de nains de la lignée Sombrelande, mais peut-être était-ce une erreur, son esprit embrumé par le froid mélangeait les choses.
A cela s'ajouta l'idée que si la demoiselle avait décidé de quitter les siens pour venir ici, c'est qu'elle avait vraisemblablement une excellente raison. Il laissa ses pensées dériver quelques secondes avant de se promettre d'assurer au père de la jeune fille, si elle était bien celle présumée, que tout allait bien, les caravanes marchandes partiraient sûrement au début du printemps, d'ici là, avec ce qu'il aurait appris, il aurait de quoi rasséréner la famille de la demoiselle à moins qu'elle n'ait décidé de rentrer.


Elle avait pris un air faussement soutenu, adouci par un sourire plus détendu pour se présenter. Après ses courtes réflexions qui durent s'étendre sur de fébriles secondes, Thorin hocha la tête avant de lâcher la main de son interlocutrice après que cette dernière se soit présentée. Il reposa alors sur elle son regard azur, ouvrant la bouche pour déclarer d'un ton neutre :

«  L'Auberge des Trois Haches est sans doute le meilleur établissement par ici, les voyageurs y trouvent repos et réconfort nécessaire. »

Il se leva sans ajouter quoique ce soit à ses paroles, éludant la question sur son identité. Après tout, en avait-elle réellement besoin ? N'avait-elle pas éclipsé toutes autres informations que son simple nom ? Rien qui ne donnait un lieu d'attache, une famille à laquelle appartenir.
Non, il avait décidé pour l'instant d'éviter le nom, certains nains agissaient différemment lorsqu'ils avaient connaissances de qui il était.
Ainsi, une simple naine, venant des Monts de Fers solliciterait sûrement sous peu du travail, mais si en révélant son statut, elle tentait naïvement de paraître sous son meilleur jour telle une écervelée, cela serait tout à son déshonneur.
Alors il chassa pour le moment la question qu'elle avait posée d'un geste de la main avant d'utiliser cette même paume pour lui désigner qu'il comptait avancer et qu'elle pouvait le suive si elle le désirait.
Il avait vu ses efforts pour se tenir tranquille s'envoler plusieurs fois alors qu'elle oscillait sur le banc. Il avait perçu une légère grimace au travers du regard scrutateur qu'il avait posé sur la rousse. Il voyait là son neveu Kili qui ne tenait que très peu de temps en place, il s'y reconnaissait aussi, légèrement, c'est pourquoi il avait décidé de la conduire à l'auberge qu'il lui avait indiqué, ils pourraient ainsi continuer de discuter en chemin et elle ne se perdrait pas dans les méandres de l'Ered Luin afin d'y trouver ce qu'elle cherchait.

Un accueil chaleureux

Le Seigneur du Peuple errant était un nain silencieux, avare d'éclats de rire et paroles inutiles depuis bien longtemps. Il contrastait avec la jeune naine à la tresse rousse qui semblait pouvoir meubler une conversation à elle seule. Il perçut son sourire lorsqu'il éluda la question de la présentation, elle acceptait sa poignée de main sans hésitation, comme pour sceller ce sentiment de respect mutuel qui commençait à germer dans l'esprit du roi.
Il la guida et elle se laissa conduire vers l'auberge qu'il lui avait indiqué après qu'elle ait pris le temps de s'étirer un instant, le corps raidit sûrement par la marche. Il n'y avait rien de mieux que de se dresser sur ses jambes pour évacuer quelque peu la fatigue, surtout si le but de la manœuvre était d'aller trouver refuge, abris , chaleur et de quoi se sustenter.
Les nombreux nains présents dans la rue qu'ils traversaient les dévisageaient. Il avait cru un instant que les regards convergeaient avec curiosité vers celle qui se prénommait Ilhy, mais au bout de quelques mètres, certains des badauds commencèrent à saluer leur roi qui leur rendait leur salut d'un hochement de tête, il ne pouvait décemment faire comme s'il ne les avait vu. Certains s'écartèrent parfois pour le laisser s'avancer. Il n'était pas le plus grands des nains que la Terre du Milieu ait porté, mais nombreux étaient ceux qui le respectait, son visage plein de fierté, neutre, sa crinière onyx au stries blanches imposait, asseyait sa position régalienne là où sa barbe courte attirait des regards curieux, parfois gênés, d'autres fois tristes. Ils arrivèrent rapidement à l'auberge où trois haches s'entrelaçaient sur le panneau de bois qui servait d'enseigne. Il en poussa la porte, l'ai chaud venait agresser leur visages, des odeurs propres aux tavernes et les bruits qui allaient de paire avec ne les rebuta pas, ils entrèrent.

Il sourit doucement à l'exclamation de la jeune femme, acquiesça d'un geste à sa proposition à partager avec elle, non pas un repas car il ne ressentait pas le tiraillement de la fin et boire une simple bière ne paraîtrait pas inconvenant s'il refusait le repas. Il salua l'aubergiste qui le connaissait bien avant de laisser Ilhy en faire de même avant qu'elle ne prenne les devants pour s'asseoir à une table excentrée. Dans l'auberge, les nains étaient venus faire passer cette courte journée d'hiver, discutant devant l'âtre à l'intérieur duquel un feu crépitait doucement. Les créations d'Aulë parlaient, riaient certains s'étaient arrêtés au milieu de leur conversation pour incliner la tête devant leur Roi avant de les reprendre leurs affaires. Il résonnait dans le lieux un peu de musique et l'héritier de Dùrin se laissa un instant à apprécier les accords qu'il entendait avant de voir la rousse à la tresse s'étirer en cherchant son regard. Leurs yeux se rencontrèrent un instant avant que les mots de la naine ne parviennent jusqu'à lui.

A l'entente des paroles de son interlocutrice, ses épaules furent secouées d'un rire silencieux, la rousse n'était évidemment pas dupe ni sotte mais cela ne l'avait pas empêché de remarquer qu'effectivement, qu'elle soit une naine, à l'allure guerrière, était quelque fois éclipsée par celui qui l'accompagnait.
Elle retira sa grosse veste de voyage, découvrant des habits plus féminin et le Seigneur de l'Ered Luin ne pu que détourner le regard pendant qu'elle faisait cela. Il avait pu apercevoir que le vêtement était plus confortables que très féminins mais il était indécent de fixer une dame lorsque cette dernière se mettait à son aise. Elle semblait faîte de ce même acabit, tout en elle semblait voué aux choses pratiques et non ps superficielles, les vêtements qui permettaient des gestes amples pour les combats, des cheveux tressés pour ne pas rétrécir un champ de vision qui se devait d'être vif ou que cette chevelure ne devienne un point faible.
De nouveau la rousse s'adressa à lui alors qu'il était demeuré silencieux. De ses mots transparaissait une légèreté agréable, qui aux oreilles du Roi sonnaient justes. Ils avaient une saveur de vérité qu'il ne pouvait pourtant se permettre. Peut-être que pour la demoiselle, le rang importait peu, mais il en avait un à tenir, il ne pouvait se permettre de se comporter comme un vulgaire roturier, ainsi qu'elle l'avait si bien dit.

La rousse haussa les épaules au beau milieu de sa phrase, mais elle avait raison, peu importait le rang, la caste ou la richesse, seule comptait la valeur et il se surpris à l'estimer un peu plus. Il reposa sur elle son attention.
Le regard ciel de la jeune femme sembla s'éclairer, briller un instant. Elle souhaitait réellement s'investir dans une tâche au cœur des Montagnes Bleues. L'idée qu'elle intenta parce biais de prouver qu'elle pouvait se débrouiller seule, être l'égale de nombreux nains effleura l'esprit du Seigneur des Exilés. Il laissa son esprit y réfléchir quelques secondes pendant que la rousse commandait un plat de ragoût de ce qu'il entendit et une pinte de bière. Il se décida à l'accompagner avec une choppe d'hydromel qu'il savait bon dans cette auberge avant de reporter son attention sur la demoiselle, un sourire s'éternisait sur les lèvres de la jeune naine, il vrilla son regard céruléen dans celui de son interlocutrice en attendant que leur commande ne daignent arriver, il ouvrit la bouche pour répondre à sa vis à vis, sa voix caverneuse s'élevant doucement.

« Cela dépend de ce que vous souhaitez effectuer ici. Les forges sont vastes, la garde a besoin de nains volontaires et valeureux. »

Un accueil chaleureux

Le silence veillait depuis longtemps sur sa façon d'être, d'agir et de parler. Il préférait se taire et observer plutôt que d'être un individu volubile qui, inconstant, changeait d'avis aussi rapidement que s'écoulait le flot des cascades. Sans doute cela lui conférait-il des traits bien mystérieux pour ceux qui ne le connaissait que très peu. Néanmoins, lorsqu'il se mettait à proférer quelques paroles, celles-ci étaient savamment pesées et c'est sans doute pourquoi, l'évocation de la garde sembla provoquer un élan difficilement descriptible chez son interlocutrice, mais il en aperçu les stigmates dans le regard de cette dernière. En mentionnant la garde, il lui donnait l'opportunité d'en faire partie à condition qu'elle prouve sa valeur et son implication dans une telle carrière. Il lui laissait entrevoir une myriade de futurs possibles de par cette vocation qui semblait faire échos en elle. Il lui offrait semble-t-il ce qu'elle était en partie venue quérir jusqu'ici.
Cela était peut-être le rôle du Seigneur des Exilés, de redonner a son peuple ce qu'il avait perdu où ce qu'il cherchait depuis longtemps.
Au travers de la jeune naine rousse il vit tout ceci et l'idée qui avait depuis plusieurs années enfoncée ses racines dans son esprit semblait sur le point d'éclore. Il aurait suffit d'un dernier rayon de soleil pour que le Roi du Peuple Errant n'accomplisse ce qu'il aurait toujours du faire, en redonnant à ses sujets ce qu'ils espéraient depuis si longtemps, mais également, ce qu'il espérait ardemment depuis si longtemps

Il demeura un instant perdu dans ces pensées qui le travaillaient, lui envahissaient l'esprit de lus en plus fréquemment avant de voir sa vis à vis poser son dos contre son siège, accrochant son regard au sien. C'est dans les yeux à la couleur des lacs claires qu'il pu percevoir le flots d'émotion qui se déversaient en elle, cascadant d'une vérité éclatante, la garde était ce qu'elle recherchait, cette reconnaissance de sa valeur, de son courage. Il lui sembla ainsi plongé dans cette étendue de volonté que la rousse n'accordait plus aucune attention à ce qui le entourait.
Le rire avait été remplacé par un visage aux traits plus sérieux, comme pour laisser au regard de la rousse exprimer tout ce que l'impassibilité de sa face ne pouvait dire.

Alors, lorsqu'elle ouvrit de nouveau la bouche, il l'écouta avec une attention redoublée. Ses mots sonnaient plein de fougue et de certitudes communes aux jeunes nains. Elle parlait de la gloire de leur race, du déclin de cette dernière, elle voulait redorer le blason de ce fier peuple et sa vocation faisait écho au lus profond du cœur du régent des Montagnes Bleues.

Il n'y avait aucune ironie en ces mots, seulement une ferveur palpable , comme celle qu'avaient de nombreux guerriers devant les portes de la Moria. Mais le crescendo d'émotion retomba doucement alors qu'elle rappelait que leur race n'envoyait jamais de femmes se battre.
De nouveaux, les sentiments qui faisaient battre le cœur de son interlocutrice affluèrent, comment dictant ses mots avant d'être éclairé par un sourire qui se confondis en excuse.

Il l'avait écoutée, entendue et comprise, mais c'est un air grave qu'il reposa sur elle, non pour la démobiliser mais pour lui énoncé avec clarté la réalité dure de ce qu'elle cherchait avec autant de frénésie.

«  Si vous ne souhaitez pas mourir, alors il vous faudra être excellente, beaucoup trop son mort au combat sans en avoir l'intention. »

Le nombre des morts qu'il avait vu, d'amis, de compagnons, de frères d'armes , avait été au-delà des mots. Nul ne pouvait prétendre à la guerre, aux batailles sans un payer le fer prix. Qu'elle ait été un femme de leur race ou non, les choses restaient aussi terrible. Se battre pour un idéal conduisait non pas toujours à la gloire, à la félicité et à la paix, mais également à la douleur, à la tristesse et à la ruine.
L'Héritier de Dùrin porta son verre à ses lèvres, prenant une large gorgée en repensant à ces soldats, à ces guerriers qui avaient été depuis longtemps perdus, priant pour que sa race ne subisse plus de telles pertes.
Il laissa son regard dériver alors qu'il songeait encore à ces événements des temps jadis avant que la voix de la rousse ne le tire de sa torpeur. Les questions fusèrent, il les écouta de nouveau, en retourna les réponses dans sa tête avant de vriller son regard dans celui de la naine.


« Si vous souhaitez vous engager dans la garde, il vous faudra demander Dwalin. Il est de bon conseil et un valeureux guerrier. Je lui confierai ma vie, alors ne doutez pas de son enseignement ni de son jugement. Décrivez moi à lui en lui apprenant que je vous ai envoyé à sa personne. »

il avait répondu à la partie la plus importante des interrogations de sa vis à vis, il devait maintenant répondre au reste. Il termina sa choppe doucement, il avait fait en sorte de ne pas avoir à se présenter et il ne comptait toujours pas le faire. Il ne souhaitait en aucun cas mettre mal à l'aise son interlocutrice, elle qui s'excusait déjà d'avoir perdu les formules de convenances de la cour, il ne lui ferait pas l'affront de la déposer dans une situation humiliante pour elle qui s'adressait ainsi à lui. Il passa une main dans sa barbe pour s'assurer que nulle gouttes de bières n'y perlait avant de reposer sur elle son regard céruléen afin de répondre à sa question.

« Quant aux Montagnes Bleues, vous y serez sans nul doute la bienvenue. On nomme leur seigneur, Thorin Oakenshield. »

Parler de lui à la troisième personne était étrange, comme s'il se regardait à travers le regard d'un autre, peut-être se serait-il avancé à se dépeindre s'il avait eu une idée de la façon dont ses sujets le voyaient. Il aurait sans mal dit qu'il était taciturne, silencieux et parfois fuyant, lorsqu'il disparaissait de longs mois hors de l'Ered Luin, sévère aussi, envers les siens et envers lui même. Il ne savait comment réellement se décrire et il était heureux de n'avoir à énoncer que son nom.

Il remerciait la légère maladresse des propos de la rousse et son silence qui lui avait permis de réfléchir à la façon de la conduire vers son ami, son frère Dwalin. Il reposa son regard sur elle un instant puis repoussa sa choppe.

Il se leva, repoussant sa chaise avant de s'incliner respectueusement devant la naine rousse. Il paya le repas de cette dernière et sa propre consommation, puis il se fraya un chemin entre les nains présents dans l'auberge, sentant naître en lui à la sortie de la taverne un rire muet. Il imaginait d'ores et déjà la surprise qui se peindrait sur le visage de Dwalin en voyant la demoiselle mais il savait qu'il ferait d'elle une bien meilleure combattante qu'elle devait l'être.