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Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]
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 Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]

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MessageSujet: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyDim 25 Mai 2014 - 21:52


   


WHO FUCKING ARE YOU ?!


   « J'y vais, Kali ! »

   Je sortis en trombe de l'auberge où j'avais élu domicile depuis une semaine. Je m'étais prise d'amitié pour l'aubergiste et sa femme, et ils m'avaient offert l'ancienne chambre de leur fils, parti dans les Monts de Fer pour y ouvrir une forge. C'était donc là que je dormais ; la pièce sentait les fleurs qu'y déposait Kali tous les jours ; elle était une naine douce et généreuse, et je me sentais fière de la compter parmi mes amies. Je courus le long de la ruelle qui menait jusque le poste d'entraînement. Je n'avais pas pris mes armes, sachant qu'il y en aurait là-bas.

   J'évitais de penser aux autres nains ; cela faisait exactement trois jours que j'étais là-bas, et les quolibets bon enfant avaient plu sur moi comme une averse. Tu es une femme, donne moi cette hache, elle n'a rien a faire entre ses mains, et autres moqueries qui m'avaient mise sur les dents sans que je n'en montre rien. J'étais venue ici exprès pour me faire valoir. Je voulais montrer ce dont j'étais capable ; je devais attendre et laisser du temps au temps. Petit à petit, ils apprendraient que je savais parfaitement me défendre. Je comptais bien me faire une place parmi eux en tant que guerrière ; je riais avec eux, et l'ambiance était bonne. J'arrivais devant le bâtiment, essoufflée, et pénétrais dans la pièce. Ronde, à colonnades, elle était vide en son milieu pour laisser la place aux guerriers. J'allais déposer ma veste et mon sac à bandoulière en cuir, pour ne rester qu'en pourpoint de cuir et chemise ; rien de féminin en soi. J'avais tressé mes cheveux comme à leur habitude, et comme à leur habitude ils s'étaient détachés à certains endroits, formant des petites mèches qui venaient chatouiller oreille, joue, front. Je les repoussais d'un geste agacé de la main et après avoir mis de l'ordre dans mes bottines fourrées bordées de fourrure grise, je lissais mon pourpoint avec l'emblème de la louve, et allais prendre mes armes.

   Je choisis une lance légère, à la hampe légèrement flexible. Le fer était émoussé pour éviter de tuer mais un coup de cela pouvait aussi briser un os ou blesser. Je m'étirais comme un chat ; il n'y avait encore personne d'arrivé. Je profitais pour faire le tour de la salle ; j'admirais les vitres tintées qui formaient des flaques lumineuses au sol. La pièce sentait le propre, mais quand on se concentrait, il y avait des relents âcres de sueur, et plus discrets, les effluves de la bière et de la nourriture que certains ramenaient pour manger le midi. Je m'amusais un instant à faire quelques mouvements ; je fis glisser la lance entre mes doigts, avec l'agilité qui découlait de l'expérience, et tournoyant sur moi-même, ma tresse voltigeant avec moi, le visage sérieux et barré d'un pli concentré, je fis comme une danse mortelle. Mon arme sifflait dans l'air, décapitant des ennemis imaginaires, brisant genoux et plexus.

   Je m'arrêtais, préférant attendre un compagnon de combat. Je soupirais, allais m'asseoir sur le sol en tailleur, sans aucun distinction. Soudain, les portes s'ouvrirent sur le vieux Beryl, qui riait doucement. Je vis un inconnu à son côté et mon regard pâle se plissa alors que le nain rondouillard se tournait vers moi pour m'apostropher, rieur :

   « Hé bien, Ilhy, déjà là de si bonne heure ? Ha les femmes ! Je te présente ton compagnon de bataille pour aujourd'hui ! Essayez de ne pas vous faire trop mal ! »

   Sa bonne humeur était contagieuse, mais aucun sourire ne me vint aux lèvres. Je restais silencieuse, après m'être relevée. L'inconnu était plus grand que moi, plus baraqué aussi. Je ne savais quoi dire ni que faire ; je dois avouer que j'étais un peu déstabilisée, et je détestais ça. Je plissais encore plus le regard, ma bouche formant un pli soucieux. C'était qui celui-là ? D'un côté, je m'en fichais ; tant qu'il savait se servir d'armes ... Mon regard l'engloba, et je vis deux épées de bonne taille sur lui ; mes prunelles de glace pétillèrent un instant d'intérêt, remplacé de suite par une colère sourde. Allait-il lui aussi me sous-estimer et me prendre avec des pincettes ? Si il me faisait ce déshonneur, je me promis de lui botter le train. Je remarquais son visage aux traits taillés à la serpe et son regard bleu, ses cheveux blonds comme les blés, aussi blonds que les miens étaient roux. Nous étions très dissemblables, mais je ne devais pas me concentrer là-dessus. Beryl s'était éloigné en sifflotant, et nous étions à présent seuls au milieu de la pièce. Devais-je me mettre en garde ? J'hésitais entre lui mettre un bon coup par surprise ou attendre. Je préférais prendre l'assurance de la seconde, et mon corps se hérissa soudain, comme prêt à prendre un coup. Je n'avais toujours pas décoché un sourire ni un mot ; j'étais comme enfermée dans une bulle de silence qui me collait à la peau.

   Qui était-il ?
   

   .



Dernière édition par Ilhy le Mar 27 Mai 2014 - 23:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyDim 25 Mai 2014 - 21:54

Indomptable.

C'est la tête lourde que je me réveillai ce matin-là. La fête avait battu son plein la nuit dernière et j'en avais bien profité, comme à chaque fois. Et comme à chaque fois, j'avais encore un peu trop bu. Bah, j'étais jeune, je profitais et je m'amusais ! Quitte à ce que je finisse par déclamer des vers de poésie elfique à des naines émoustillées. Ou pas... Je me levai donc lentement et précautionneusement de mon lit et vit arriver le sol trop rapidement à mon goût. Bon, ça va être coton ce matin... Beryl avait promis de me trouver un adversaire de choix et moi j'allais me présenter en loqueteux aviné devant lui. Encore fallait-il que j'ai un adversaire, déjà, mais ça n'allait pas faire très bonne impression.

Je me dirigeai vers la vasque et y versait de l'eau croupissant dans un broc depuis hier soir. On avait du me la changer, vu l'odeur agréable qui s'en échappait. Hop, dans la vasque et je pus me débarbouiller. L'eau fraîche me réveilla un peu et me mit dans de meilleures dispositions pour aller m'entraîner. Dwalin mettait un point d'honneur à ce que je fasse de l'exercice, seul ou avec d'autres nains, tous les jours. Ca me maintenait en forme et si je rencontrais des adversaires aux styles différents, cela m'apprendrait à mieux gérer mon propre style de combat. Il n'avait pas eu à me le dire deux fois pour que je m'y mette sérieusement ! Je m'habillai rapidement et allai au poste d'entraînement.

Sur le chemin, je me demandai quel type d'adversaire j'aurais à affronter aujourd'hui. Un plutôt coriace qui avait de l'expérience ou bien un jeune gars (plus jeune que moi en tout cas), fiérot comme pas deux mais qui ne tenait pas bien ses positions ? Tout était bon à prendre, tout me serait utile pour progresser encore.

Le vieux Beryl m'accueillit les bras ouverts, un grand sourire sur son visage mangé par la barbe et me donna l'accolade. C'était un homme bon et je l'appréciais pour son humour et son caractère un peu bourru. Et aussi pour son expérience au combat... Dwalin et lui étaient deux mines de mithril concernant les techniques et postures à adopter et ils avaient fait des merveilles sur le gosse que j'étais autrefois. L'homme se décolla et me reluqua des pieds à la tête et en me poussant vers la porte :

« - Ma foi, tu as encore consommé trop de bière hier soir !
- Hmm... Je suis démasqué. Mais je tiendrais sur mes pieds, ne t'en fais pas ! J'ai déjà été dans un état bien pire !
- Haha je me souviens oui ! Sacré petit gars, va.
»

Son rire m'arracha un grand sourire ravi. Oh que oui, il m'avait vu dans des états pires que celui-ci... Des postures ridicules également, quand Dwalin me bottait le train avec méthode. Sa voix s'éleva à nouveau, mais pas à mon intention.

« Hé bien, Ilhy, déjà là de si bonne heure ? Ha les femmes ! Je te présente ton compagnon de bataille pour aujourd'hui ! Essayez de ne pas vous faire trop mal ! »

Je portais mon regard bleu sur le fameux Ilhy, que je n'avais pas vu en pénétrant dans la salle ronde et fut surpris de constater que c'était "une fameuse".  Les naines étaient réputées pour leur pugnacité dans toute la Terre du Milieu et ma mère, rien que par son caractère, me prouvait tous les jours cette réputation, je jaugeai donc mon adversaire avec un petit sourire en coin. Tiens, les épées à mon côté semblèrent éveiller sa curiosité. Elle semblait déjà sur le qui-vive, ses cheveux flamboyants attachés et son corps prêt à parer ou attaquer. La jeune femme semblait si... Indomptable, si sauvage que j'en restais sans voix un instant.

Je me repris bien vite et posai ma veste à terre, dénudant ainsi mes bras à demi-découvert par ma tunique, roulée aux manches, qui pourraient se pouvoir plus librement. Elle ne semblait pas savoir qui j'étais et ne me donna pas du votre Altesse ou des choses du genre. Pas même un sourire, juste son regard qui suivait mes mouvements et son corps arqué dans l'attente. Je la saluai brièvement de la tête et décidai enfin de briser le silence, sans pour autant me présenter. J'allais apprécier profiter de cet anonymat temporaire.

« Moi qui me demandais quel genre d'adversaire j'aurais ce matin, je suis agréablement surpris je dois dire. Montrez moi de quel bois vous vous chauffez, Ilhy. »

Je prononçai son prénom comme pour marquer cette inégalité entre elle et moi. Non pas celle du combat mais celle de la connaissance. Je savais qui elle était, mais l'inverse n'était pas vrai, lui. Alors dans un sourire sauvage, mes yeux durent s'allumer de leur lueur habituelle, celle de l'ivresse du combat et je bondis vers elle, véritable Lion de Dùrin. Ce titre était un peu trop ronflant mais je l'aimais bien quand même.

Dégainant une première épée, je visai d'abord son bras et tirai la seconde épée de son fourreau pour viser la jambe. Trop vite paré. Un petit sourire fugace traversa mon visage. Elle était rapide elle aussi.

« Vous semblez forte, comme femme. »

Je n'avais pas dit "pour une femme", car je trouvais qu'il y avait bel et bien une nuance. Le terme que j'avais employé était plus admiratif alors que le "pour une femme" était rabaissant, presque péjoratif. J'avais entendu parler des femmes elfes qui se battaient et même si l'idée me paraissait saugrenue de la part d'êtres si... Si abjects et délicats qu'eux, je restais pensif. J'esquivai de justesse un coup porté à mon visage, sentant l'air balayer ma joue. J'avais eu chaud ce coup-ci et je compris que ce n'était pas le genre de femme à accepter ce genre de remarquer. Tant mieux, je ne veux pas de chochotte pour m'entraîner.

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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyDim 25 Mai 2014 - 21:58


 


WHO FUCKING ARE YOU ?!


 Je le jaugeais, calmement, mes iris le suivant avec la même fixité qu'un félin. Je sentais déjà tout mon corps se hérisser, farouchement combattive. Peu importait qu'il sembla bien plus sérieux que les autres. Peu importait qui j'avais en face de moi ; je voulais me battre, un point c'est tout. Le terrain était à nous ; nous nous regardâmes en silence pendant quelques temps. Puis il sembla se reprendre, et se dévêtit légèrement. Je regardais d'un oeil critique sa corpulence, les cicatrices sur sa peau, les tâches, le tracé de ses veines. Tout cela de façon froide, comme un scientifique. Je ne répondis que imperceptiblement à son salut d'un hochement de tête. Paupières toujours plissées, j'écoutais avec attention ce qu'il me dit.

Agréablement surpris ? Là, ce fut moi qui fut abasourdie ; était-ce parce que j'étais une femme et qu'il pensait me vaincre facilement ? Mes prunelles se mirent à briller sauvagement, tandis que je fronçais mon nez en un rictus amusé. Mon prénom dans sa bouche avait été formé comme quelque chose de dur. Il savait mon prénom ; tant mieux pour lui ; il allait apprendre que ce savoir se payait cher, à coups de bleus et de poings. Durant une seconde je restais immobile, puis il bondit vers moi. Il avait dégainé son épée, mais j'étais déjà passé à droite, plus agile et plus rapide que d'autres nains plus corpulents. Mon sourire avait disparu pour ne laisser place qu'à mon visage aux traits tiraillés par la concentration.

Je retins mon souffle, et tournais sur moi-même pour esquiver un nouveau coup et, lance à la main, je fis jaillir la hampe de bois vers son visage ; mes yeux se posèrent lui, froids et insondables comme de la glace. Comme une femme, hein ? Je détestais que l'on me rappelle ma condition ; dans un rugissement qui perça mes lèvres, je bondis en avant, pour réduire la distance entre nous, et m'abaissais pour faucher ses jambes. Il avait cependant reculé, et je dus me laisser tomber et rouler en arrière pour me relever et échapper à un coup de son épée. Je sentais mon sang battre dans mes veines et mes tempes, et alors que je venais de jauger à qui j'avais à faire, je me décidais enfin à lui adresser la parole.

  « Je ne le semble pas. Je le suis. »

Ma voix tranchait, dure comme le fer, et je profitais pour lui porter un coup à l'estomac qu'il n'esquiva pas. Je roulais de nouveau sur moi-même, et me mis à le harceler de coups, non pas du fer mais de la hampe. Ses épées me frôlèrent, et l'une d'elle m'atteignit à la cuisse où le cuir se déchira en même temps que la peau et la chair. Le sang se mit à couler, chaud et visqueux, mais je n'y fis pas attention ; la douleur aurait le temps de venir après. Pour le moment j'étais uniquement férocité et volonté.

« Hé, les jeunes, évitez de trop vous abîmer, j'aimerais ne pas avoir d'ennuis ! » fit la voix de Beryl toute proche ; nous épiait-il, nous observait-il ?

J'esquivais de peu un coup qui réussit à capturer un morceau de tissu de mon pourpoint et je dus bondir en arrière pour éviter que l'épée ne tranche ma peau. Décidément, il était rapide pour quelqu'un de son envergure. J'eus un sourire, pas vraiment amical mais ironique, plutôt.

 « Qui se frotte à moi cherche les ennuis ! »

C'était autant un avertissement qu'une plaisanterie, et pour bien le marquer, ce n'est plus le côté hampe mais fer que je présentais à présent à mon adversaire. Fini de jouer et de se tourner autour. D'un bond je fonçais sur lui, et si il réussit à pivoter pour esquiver mon coup, nos épaules s'entrechoquèrent au point que ma mâchoire se claqua. Je retins un glapissement et m'écartais aussitôt, pour éviter qu'il n'en profite pour me saisir au sol. Je me mis à tourner, avec lui, gardant une distance respectable ; la lance dans ma main tournait doucement, comme un rappel constant de ce que j'étais capable de faire - ou de ne pas faire.

 « Si je gagne, me donnerez-vous votre nom ? »

Même si mon combat revêtais un aspect plus que sérieux, ce petit enjeu m'amusait d'avance. Non pas que j'eusse cru un instant pouvoir perdre, trop fière pour cela, mais l'idée de le mettre au tapis et d'ainsi gagner décuplait mes forces. Sans attendre sa réponse, je bondis de nouveau, mon fer venant heurter ses tibias alors que son épée passait à trois cheveux de ma tête - cheveux qui tombèrent au sol sous forme d'une petite mèche. Je grimaçais, sans pouvoir m'en empêcher, et sentir mon corps devoir fournir un réel effort transforma mon masque sérieux en un sourire sincère. Avais-je trouvé un adversaire à ma mesure ? J'aimais sa façon souple d'esquiver mes coups, ou même de les absorber ; plutôt que, comme certains nains, de se durcir sous la douleur, il semblait se ramollir un instant. La détente des muscles permettait au coup de paraître moins dure.

Je levais ma lance, à quelques pas de lui, le fer pointé vers sa tête, le bras gauche tendu alors que le droit reposait contre mon flanc. C'était une bravade, un défi ; ce combat n'était pas fini, et je ne voulais pas qu'il finisse, pas encore. J'avais à peine le souffle court, et j'attendais bien plus que cela. De glace, j'étais passé au feu qui bouillonnait en moi. Le sourire qui flottait sur mes lèvres était insolent, sûr de lui ; j'étais comme une lionne affamée, un animal sauvage. Seule la victoire comptait, et j'allais gagner.

« Se faire battre par une ... femme ... Vos amis de la garde ont jugé cela aussi idiot que vous, sûrement. Et pourtant, j'ai prouvé ma valeur. Contre vous aussi, je la prouverais. »

A présent, ce n'était plus l'amusement mais le besoin qui exsudait de ma voix. J'avais besoin que l'on me reconnaisse comme une guerrière ; j'avais besoin que l'on voit autre chose qu'une simple naine chez moi. Je ne voulais pas juste être une noble comme les autres. Je voulais aider mon peuple ; je voulais faire mes preuves. Et, même si j'avais perdu certains combats comme gagné d'autres, je ne me donnais jamais moins que à fond. Je repoussais mes limites ; devrais-je encore le faire longtemps pour que l'on me respecte ? Mes prunelles d'azur flamboyèrent un instant de cette aspiration qui brûlait en moi. Comme une prière, un voeu.

Reconnais-moi.
 

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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyDim 25 Mai 2014 - 22:00

Indomptable.

La jeune femme n'était pas balourde, c'était un fait. Elle n'avait eu aucune peine à esquiver mes premiers coups, que je lançai pour la jauger. Bien, elle n'avait l'air ni d'une débutante, ni d'une femme pataude qui faisait croire qu'elle savait se battre. Un sourire satisfait s'étendit sur mes lèvres et bientôt il disparut, laissant place à une expression concentrée, mes yeux cherchant les ouvertures dans ses positions de combat. Son rugissement me laissa perplexe un instant mais je me repris rapidement avant de me faire battre.

La hampe de sa lance balayant mon visage suffit à me prouver qu'elle était sérieuse. Je vis sa tentative de me faucher avant qu'elle n'y arrive et esquivai à la dernière seconde, de si peu que dans ma tête je me voyais déjà à terre, le fer de lance sur ma gorge mais non. Ilhy me laissa voir son dos un instant et je tentai de la toucher là mais dans un mouvement félin, elle se releva. Déjà, la chaleur monta dans tout mon corps et la sueur commença à recouvrir mon front et mes bras. Eh bien, je ne m'ennuyais vraiment pas ! Pas le temps.

« Je ne le semble pas. Je le suis. »

Petit sourire amusé de ma part.

« Vous me voyez ravi d'avoir un adversaire de choix. »

J'avais prononcé cette phrase d'une façon guerrière, un sourire sauvage sur mon visage. J'aimais combattre, encore plus lorsqu'en face, on m'opposait de la résistance. Elle ne semblait vraiment pas savoir qui j'étais alors elle ne retenait pas ses coups et ça me faisait plaisir. Je n'étais plus Fili de la lignée de Dùrin, j'étais un nain comme les autres, avec sa manière de combattre. Dans la seconde qui suivit, une vive douleur me prit à l'estomac mais l'adrénaline que je ressentais la tut bien vite et j'en profitai pour contre-attaquer, lui déchirant cuir et cuisse d'une épée. Ce combat m'amusait et me faisait vivre...

J'entendis à peine la voix de Beryl dans mon dos. Comme d'habitude, il surveillait que je ne sois pas trop amoché et irait faire un petit rapport à Dwalin. Ils ne disaient rien, ces deux là, mais je me doutais bien qu'ils se tenaient au courant de mes progrès. Ilhy sembla distraite un instant et j'en profitai pour pointer mon épée vers son épaule, arrachant un léger morceau de pourpoint. Zut, elle avait esquivé. Son petit badinage - que je pris sur ce ton - me fit sourire, un rictus amusé sur la face.

Et les choses s'accélérèrent, notre échauffement était fini. Le fer de la lance présenté devant mon visage, celui-ci laissa à nouveau transparaître concentration et détermination. C'était une femme mais je n'allais pas retenir mes coups. J'étais trop fier pour perdre et elle ne semblait pas apprécier qu'on la traite comme "de l'autre sexe". Très bien, elle serait mon égale et qu'elle ne vienne pas se plaindre après.

J'esquivai sans peine le coup qu'elle m'envoya, je l'avais prévu tellement il était gros et je ne pus m'empêcher de rendre ma retraite plus violente que de raison, l'envoyant un peu valser avec mon épaule. J'étais plus carré qu'elle, sans aucun mal, alors je profitai un peu de cet avantage. Je voulus lui faire un petit croc-en-jambe avant qu'elle ne se rétablisse complètement mais ce fut trop tard, elle avait repris son équilibre. Petit claquement de langue mécontent et nous reprîmes notre petit manège, nous tournant autour, prédateur contre prédateur, cherchant la faille chez l'autre.

« Si je gagne, me donnerez-vous votre nom ? »

Je réfléchis un instant. L'idée de garder l'anonymat encore un temps me plaisait bien mais je ne pouvais lui refuser une demande si... Attendrissante. Je voulus faire une révérence pour marquer ma promesse mais je n'en eus même pas le temps qu'elle fonçait déjà sur moi et une douleur dans le tibia me fit poser un genou à terre. Ce n'était pas exactement ce à quoi je m'attendais pour lui répondre et après que mon épée eut manqué de la scalper, je me relevai prestement pour lui répondre, toujours sur le qui-vive.

« Alors, gagnez, Ilhy. Et j'accéderais à votre demande, vous avez ma parole. Et si je gagne, hmm... Vous devrez accepter de venir à une fête avec moi. »

C'était une mise au défi et en même temps une invitation, si jamais elle perdait. Eh, j'aimais autant la fête que le combat et avoir une belle femme à mes côtés, c'était également un plaisir alors autant joindre l'utile à l'agréable ! Son sourire sauvage était communicatif et le mien était plutôt joueur. Elle semblait décidé à gagner mais je ne comptais pas la laisser faire aussi facilement. Je répondis à sa provocation tant verbale que gestuelle par l'épée. Si elle voulait me prouver sa valeur, il fallait combattre alors je relançai notre duel, que je trouvais de plus en plus intéressant.

Je tournai à nouveau autour d'elle, attendant à nouveau de trouver une faille et observai également ses yeux. Ils étaient animés d'une lueur étrange que je connaissais bien. C'était la même qui m'habitait quand j'étais avec mon oncle, quand il m'inculquait les valeurs pour être un bon roi. Le besoin de reconnaissance, l'acceptation de l'autre. Mon coeur sauta un battement quand je pris conscience qu'elle avait ce même besoin. Mais je me repris rapidement et m'élançai vers elle, épées croisées d'abord et le mouvement se décomposa jusqu'à ce que je ne tente de faire sauter la hampe de ses mains. En vain.

L'instant d'après, ignorant totalement comment, je sentis une de mes épées partir loin de ma main et je me retrouvai presque manchot. J'aimais avoir le poids de deux armes dans chaque main et je voulus aller reprendre ma deuxième arme... Première tentative, ratée. La lance d'Ilhy l'avait poussée un peu plus loin. Deuxième tentative, ratée également. Ce coup-ci, la jeune femme m'avait très légèrement écrasé sa lance sur l'épaule. La douleur se répandit dans tout mon bras et je décidai finalement de sortir un couteau d'une poche cachée dans mon pantalon de cuir. Je ne pus m'empêcher de sourire car j'étais un homme plein de surprises... Et pas très modeste des fois.

Je bondis à nouveau vers Ilhy, fort d'une nouvelle arme dans ma main droite et lui tailladai le bras de la pointe de mon couteau, alors qu'un nouveau coup vint me cuire la peau du mollet. On ne faisait plus semblant désormais, on enchaînait les coups et peu importait les bleus et les entailles que l'on récoltait, on ne bougeait plus que pour combattre dans l'espoir de gagner. Je sentais bien le regard de Beryl posé sur nous mais je n'y faisais pas plus attention que ça. Je voulais gagner, parce que je devais bien le reconnaître, cette femme était forte. Vraiment.

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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyDim 25 Mai 2014 - 22:33


 


WHO FUCKING ARE YOU ?!


Ma soif de reconnaissance était gigantesque ; un véritable creux en moi, un vide qui ne demandait qu'à être comblé. Jamais jusqu'ici ma mère ne s'était demandé si ce qu'elle désirait pour moi était ce que je désirais, moi. Père avait été plus laxiste, moins ferme ; peut-être parce que j'étais sa seule fille. Mais je ne pense pas qu'il me prenait vraiment au sérieux - peut-être qu'à présent que j'étais partie, il allait réaliser son erreur ?

Mais ce n'était pas le moment d'être distraite. Le jeu était fini - même si il commençait par bien des aspects - et j'allais vraiment me donner à fond. Quand le son de sa voix porta à mes oreilles pour accepter mon défi, y rajoutant une close, je haussais les sourcils ; l'agréable surprise était pour moi désormais. Oh, il acceptait ? Bien, très bien ... Ma charge le surprit, mais il répliqua aussitôt ; ses épées mordaient dans ma tunique et ma chair, mais le fer de ma lance venait également le blesser, et je n'étais pas peu fière de ne pas être en faiblesse devant lui. Je m'en serais voulu de ne pas être à la hauteur - de mes attentes ou de les siennes, en fait.

Nous étions comme deux fauves ; je dois reconnaître qu'il en avait la crinière et l'allure. Ses yeux bleus qui brillaient me faisaient penser aux prunelles d'un félin en chasse, et mon instinct de guerrière s'en sentit non pas émue mais vibrant. Comme si je ressentais sa propre envie de gagner - à travers mon envie de le vaincre. C'était étrange de me retrouver face à quelqu'un qui me prenait sur un pied d'égalité et ne cherchait pas à me dorloter ou me protéger - les bleus et les coupures qui saignaient le prouvaient bien. J'émis un grognement, puis bondis de nouveau. Le fer de ma lance mordit dans son poignet, et d'un geste je fis valser l'une de ses épées. Je refusais qu'il ne la récupère, et ma lance ne tarda pas à l'envoyer rouler plus loin. J'eus un petit reniflement amusé ; comment allait-il s'en sortir ? Son talent d'épéiste à deux armes était fascinant, et je notais sa façon d'agir, de tenir les gardes, de les faire tournoyer. Proprement fascinant, oui, mais je devais quand même gagner.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il ait une autre arme, alors quand il surgit vers moi, un poignard à la main, mon sourire vainqueur se transforma en grimace. Je n'eus le temps que de pivoter ; mon bras se fit douloureux, alors que j'enfonçais la lame de ma lance vers ses chausses, au niveau des tibias, de toute ma petite force. Ma lance se vit bientôt tailladée par son épée et son poignard ; je commençais à perdre du terrain, car même si j'avais l'avantage de la distance, ce nain savait s'approcher et s'immiscer à travers mes failles pour venir me frapper. Je me retrouvais bientôt avec une lance au manche égratigné, plein d'échardes, pleine de sueur et des cheveux dans les yeux. J'inspirais, la gorge sèche et la bouche pâteuse. Depuis combien de temps nous entraînions-nous ?

« Je dois reconnaître que votre technique est remarquable. Deux épées ... Ce n'est pas tous les jours que je rencontre des adversaires aussi coriaces. »

C'était un peu ma façon de briser la glace, si l'on peut dire. J'étais contente d'avoir un tel compagnon d'entraînement aujourd'hui, et si j'avais été froide au début, c'avait été parce que j'étais déstabilisée devant cet inconnu. Je ne savais toujours pas son nom, mais maintenant que je savais que je devais le gagner, cela me donnait encore plus envie de le vaincre. De le mettre au tapis, fer contre sa gorge, et de pouvoir voir dans ses prunelles d'un bleu profond la reconnaissance de ma force. Cela m'était vital, comme le souffle qui brûlait mes poumons. Je ne pouvais être vaincue, ou personne ne me prendrait plus au sérieux. Au delà de notre petit jeu, il y avait bien plus important.

«  Je ne peux pas perdre. »

Mes yeux disaient : je ne peux pas me le permettre. Comprendrait-il ? Je restais un instant immobile, à rechercher mon souffle, et soudain je chargeais de nouveau Je tentais une feinte ; je fis semblant de vouloir projeter ma lance vers lui, et au dernier moment, je lâchais mon arme, me précipitant entre ses bras armés, leur donnais un coup au niveau des biceps et d'un coup de jambe, tentais de le faire tomber au sol. Je roulais moi-même, avec lui,  mais j'étais touchée. Je tombais au sol, désarmée ; j'avais tenté et j'avais échoué. J'eus un grognement et tentais de me redresser, mais à cet instant mes nombreuses coupures se firent savoir à moi et des brûlures intenses me parcoururent dans un frémissement. Hérissée de colère contre moi-même, je jetais au nain un regard incendiaire, blessée dans mon orgueil.


 

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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyDim 25 Mai 2014 - 23:38

Indomptable.

Une chose était sûre, j'avais en face de moi un adversaire que j'avais sous-estimé et qui se battait avec la rage d'un félin, tout comme je le faisais, ce qui rendait le combat encore plus intéressant. Si j'étais le lion de Dùrin, elle aurait pu être la lionne de je ne sais trop quoi ou la tigresse. Oui, plutôt une tigresse flamboyante. Avec ses cheveux en désordre, son air sauvage, c'était exactement ça. Fauve contre fauve, nous nous percutions dans un fracas métallique, brassant l'air aussi sûrement que le ferait le vent. Entre nos grognements et l'odeur âcre de la sueur, on se serait crus dans une arène.

Le fait qu'elle ne me laisse pas récupérer ma seconde arme m'indiqua une chose : elle avait noté ma capacité à me battre avec des "jumelles". Je pouvais le faire avec n'importe quelle arme, me battre à une main mais je devais avouer que deux épées dans les mains, ça relevait de l'équilibre et cette balance était presque rassurante, c'est pourquoi je préférais ce style. Et ma surprise, une lame plus petite dans la main veuve, sembla ne pas beaucoup lui plaire, faisant naître un sourire carnassier sur mon visage. L'effet de surprise fonctionna plutôt bien car je lui tailladai la peau à la pointe de mon couteau.

Mes poumons commençaient à légèrement me brûler mais je n'y fis pas attention, je devais gagner et la douleur ne m'aiderait pas dans cette quête de victoire. J'esquivai les mouvements de sa lance pour me rapprocher de son espace, pour pouvoir être à portée de ses bras, ses épaules ou sa tête, car son ventre et ses jambes étaient généralement bien gardées, je devais le reconnaître. Bientôt, je creusai le bois de sa lance au fil de mes armes. Si elle tenait à sa lance, bientôt elle voudrait la lâcher à cause des échardes... C'était un peu fourbe, je l'avouais mais je voulais gagner. Elle était forte mais si je perdais contre une femme pour son premier combat contre moi, on allait m'appeler le Chaton de Dùrin encore longtemps, je le sentais parfaitement venir.

« Vous me voyez ravi du compliment. J'ose espérer que vous êtes aussi douée avec d'autres armes que la lance. »

Je me rendis compte après coup que ma phrase pouvait être interprétée autrement que dans le sens où je l'entendais mais je ne me repris pas pour autant. Elle reconnaissait ma valeur au combat et j'ignorais si c'est ce qu'elle voulait entendre ou non, mais je lui avais fait une sorte de compliment déguisé... J'étais sincère en lui disant ça, j'espérais ne pas l'avoir vexée comme au début en disant qu'elle était une femme. Mes yeux cherchèrent la fenêtre de la salle ronde et je m'aperçus que le soleil avait déjà bien entamé sa course dans le ciel... Depuis combien de temps combattions-nous ? Je l'ignorais mais je trouvais cela vraiment rafraîchissant, de me battre contre Ilhy. J'espérais qu'elle n'était pas simplement de passage.

« - Je ne peux pas perdre.
- Et je ne peux vous laisser gagner, ce qui est fort embêtant.
»

Nous nous reposâmes quelques secondes, le temps de rechercher notre souffle et j'en profitai pour essuyer la sueur qui perlait sur mon front, afin de ne pas être gêné pour la suite de notre combat et Ilhy prit la décision que la pause était finie. Très bien. Mes armes préparées, au même titre que mon corps, j'allais esquiver sa lance quand elle la lâcha, à ma grande surprise. Je me retrouvai donc à protéger mon visage de ce javelot improvisé et sentis le sol se rapprocher de mon dos. Je suis... Tombé dans sa feinte... J'avais un peu honte, je devais l'avouer mais je n'étais pas un sur-nain et ça me prouvait qu'elle n'était pas seulement forte physiquement mais aussi mentalement.

Nous roulâmes, tentant de faire ployer l'autre mais très vite, Ilhy sembla à bout de force et de souffle et s'affala mollement à terre, me jetant par la même occasion un regard qui m'aurait tué sur place s'il s'était agi de deux dragons. Je ne pus m'empêcher d'affirmer ma victoire en m'asseyant tranquillement, non sans grimacer de douleur et en sortant une petite lame de belle facture d'une autre poche cachée à ma cuisse pour lui mettre sous la gorge, un sourire brillant aux lèvres.

« Chère Ilhy, vous serez donc un de mes compagnons pour la fête qui a lieu bientôt. Et nous pourrons danser un autre jour avec du fer entre les mains, si vous le souhaitez. »

Parfois je me sentais l'âme d'un poète, à parler ainsi, alors que dans le fond, à ce moment-là, je ne songeais qu'à une bière fraîche et un bain pour reposer mes muscles endoloris. Je me relevai tant bien que mal, sentant des brûlures cuisantes sur tout mon corps, là où Ilhy m'avait touché et lui tendis la main, pour l'aider à se relever.

« Vous avez mérité également de connaître mon nom. Je suis Fili, neveu de Thorin Oakenshield. Enchanté de pouvoir me présenter dûment à vous. »

Je voulus faire une petite révérence qui se finit dans une grimace de douleur. On ne s'était pas ménagés, elle et moi... J'étais presque partant pour me refaire un petit entraînement avec elle, tellement j'étais excité comme un gamin attendant un présent, au souvenir encore tout frais du combat que nous venions de livrer. Sauf que mon corps me disait, non me hurlait même "STOP je veux de la bière et de la nourriture !"

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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyLun 26 Mai 2014 - 0:19




WHO FUCKING ARE YOU ?!


J'étais douée pour les armes telles que la hallebarde et la lance, même si mon agilité avec cette dernière était plus poussée que les autres. Je plissais les yeux, ne voulant pas être distraite, mais sa phrase fit naître un petit sourire sur mes lèvres qui disparut aussitôt. Personne ne pouvait donc perdre ; c'était, oui embêtant, c'était le mot. Alors, quand je réussis à le faire tomber avec moi, me feinte ayant fonctionné, je me crus vainqueur de ce combat pour lequel j'avais si durement bataillé. Mais ... Non. Par la barbe des nains ! J'étais trop frêle comparée à lui, trop légère, et mes muscles endoloris ne réussirent pas à le repousser. L'un en face de l'autre, mon regard brutal et égratigné rencontra le sien, alors que je sentais la morsure froide de la lame sous ma gorge. Je formais un rictus, alors que je m'avouais vaincue.

J'avais perdu.

Une vague de honte me submergea alors qu'il souriait. J'aurais voulu être à sa place, pouvoir arborer ce sourire. J'aurais voulu être un homme, et pouvoir être aussi forte à terre que debout. J'aurais voulu qu'on me reconnaisse égale aux autres, mais avec cet échec, j'allais sûrement voir mes espérances jetées aux orties.

Sa réplique sur la fête fit naître une grimace ; je n'avais rien dit, et j'eus un instant l'intention de l'envoyer paître. Mais je n'en eu pas le coeur ; il avait gagné, à la loyale. J'avais perdu, et même si cela me mettait le coeur au bord des lèvres, il avait également gagné ma présence à cette ... fête, truc, chose. Si il comptait sur moi pour mettre des robes, il pouvait se mettre son épée dans l'oeil. Je le dévisageais, brûlante d'une froide colère, et faillis accepter sa main. Mais lorsqu'il se présenta, ma main s'immobilisa en l'air, à quelques centimètres de la sienne. J'écarquillais les yeux, entre effarement et colère.

Fili, neveu de Thorin Oakenshield ? Je m'étais battu contre un ... NOBLE ? Je me relevais d'un bond en m'époussetant, dédaignant sa main ; je n'avais rien contre lui personnellement, au contraire, et je me retrouvais au pied du mur ; je haïssais les nobles, ou du moins leur portait un profond dégoût. Eux et leurs manières si détestables ! J'avais baigné là-dedans, et je détestais cet entourage. Mais je devais convenir que face à moi, ce n'était pas un nain apprêté que j'avais. Il n'avait rien à voir avec les aristocrates que j'avais vu par le passé. Ma colère sembla retomber comme un soufflé et je pourrais un soupir en repoussant négligemment une mèche de cheveux flamboyant.

« Félicitations pour votre victoire » fis-je aussi poliment que possible ; pour quelqu'un qui détestait perdre, c'était difficile de dire de tels mots, comme si je les arrachais à ma bouche.

Je soupirais encore, puis me massais les épaules. J'étais percluse de courbatures et de douleurs ; des entailles à mes mains, mes bras et mes jambes tiraient et brûlaient. J'aurais bien mérité mon bain, ce soir ! Mais tout d'abord, l'appel du ventre ! Après une telle danse mortelle, mon corps reprenait ses droits et mon estomac gargouilla de façon peu discrète. Bien décidée à en apprendre plus sur la façon de se battre de ce nain - Fili - je repris la parole, un peu plus amicale :

« Nous avons bien mérité notre repas, Fili. »

J'appuyais sur son nom ; quelle étrangeté pour moi. Je ne le connaissais pas, hier encore, et savoir un nom me donnait l'illusion d'avoir du pouvoir. Je repoussais cette pensée et continuais sur ma lancée, un sourire aux lèvres :

« Je vous offre un repas à l'auberge si vous m'en dites plus sur votre incroyable technique à lames jumelles. »

C'était ce qui se rapprochait le plus d'une approche amicale. J'avais fait un pas vers lui ; si il osait me repousser ou se moquer de moi, je me promis de lui mettre mon poing dans l'oeil. Je grognais et détournais le regard ; mes prunelles pâles rencontrèrent le regard vert et amusé de Beryl. Il avait tout observé, et semblait extrêmement satisfait. Allez savoir pourquoi.


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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyLun 26 Mai 2014 - 17:55

Indomptable.

J'étais fier d'avoir gagné contre cette femme et heureux d'avoir combattu contre elle. Ilhy m'avait prouvé plutôt deux fois qu'une qu'elle était un adversaire de valeur et ma peau cuisante et blessée me l'avouait également. Je sentais des millions de coeurs battre dans chaque blessure et sur chaque bleu qui parsemaient mon corps. J'étais fatigué mais souriant. Cela ne semblait pas lui plaire mais tant pis.

La jeune naine n'avait pas l'air d'apprécier non plus d'être invitée à une fête mais eh, je demandais simplement sa présence parce que cela me faisait plaisir, pas de faire des courbettes et se parer de fioritures ! Je l'observai alors qu'elle allait accepter mon aide pour se relever mais quand je me présentai, quelque chose sembla provoquer un déclic en elle. Et voilà encore une fois... Je suis l'héritier du trône et on va me brosser dans le sens de la barbe. Non, dans son regard, je lisais autre chose mais cette lueur passa bien vite. Cette femme m'intriguait, c'était un fait.

« Vous êtes valeureuse, cette victoire est d'autant plus savoureuse car le combat a été serré. J'ai bien cru avoir perdu à cause de votre feinte. La prochaine fois, ne vous attendez pas à de la loyauté si vous employez encore ça ! »

Je préférais la prévenir, car avec toutes mes armes cachées, on ne pouvait pas dire que je me battais de manière toujours très loyale. Son estomac qui gargouillait me fit sourire joyeusement, nous étions dans le même état... Les corps douloureux et les estomacs vides. Le mien n'avait pas encore fait de bruit et je ne m'en plaignais pas mais je sentais les griffes de la faim me broyer le ventre.

La manière dont elle prononça mon nom, comme moi au début de notre combat, me fit sourire un peu plus. Utiliser la même technique que moi, c'était petit mais amusant. Déjà je supposai que nous allions bien nous entendre et me dire que connaître une personne de confiance en plus, ce ne pouvait être que bénéfique. Une personne forte physiquement, qui plus est.

« Quelle auberge ? Celle de Kali et Derin ou celle qui n'a pas très bonne réputation ? Ou une autre que je n'ai jamais fréquenté peut-être. En tout cas, un repas me va parfaitement, je pourrais dévorer un Warg entier... » Si tant est qu'un Warg soit comestible...

Comme pour appuyer mes paroles, mon estomac se rappela à ma bonne volonté et je tirai une tête de six pieds de long, suivi d'un petit regard gêné. Qu'on m'offre le repas, c'était assez inhabituel pour moi... Je n'aimais pas qu'on me fasse des courbettes ou juste qu'on me paye mes repas. Je paierais sûrement ma propre part sans qu'elle le remarque, je ne voulais pas mourir ni la vexer.

« Quant à ma technique, c'est un secret héhé. Donc ce sera moi qui offrirais le repas ! » Cette parade...

Je me dirigeai vers la sortie, non sans avoir fait un signe de tête à Beryl pour le saluer et le remercier. D'autres nains étaient arrivés entre temps mais nous ne les avions même pas remarqués, concentrés dans notre combat comme nous étions, et le fracas des lames nous accompagna encore un bout de temps, alors que nous nous éloignions du poste d'entraînement. Je décidai de faire un peu connaissance avec Ilhy, ça ne mangerait pas de pain.

« Je ne vous avais jamais vue avant, vous êtes nouvelle ici n'est-ce pas ? Vous venez d'où au juste ? Et là où vous habitiez avant, vous avez battus tous les autres nains j'espère ! »

Je lui servis un grand sourire après mon trait d'humour. Encore une fois, c'était un compliment déguisé. Habituellement, aux femmes, je leur disais des choses du genre "vous êtes très belle" et parfois "vous avez une barbe magnifique" avant de courir très loin mais là, j'ignorais comment m'y prendre avec elle. Parce qu'elle était une guerrière, sûrement ?

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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyLun 26 Mai 2014 - 18:27




WHO FUCKING ARE YOU ?!


Je fis mentalement le point : j'étais épuisée, affamée aussi, je ne dirais pas non à une bonne bière, mais je n'avais rien de cassé. J'y avais échappé à certains moments, et je pense qu'il ne m'avait pas ménagée. Cette pensée me redonna un peu d'espoir et de fierté, pansant mon orgueil blessé par mon échec. Et puis, il avait réussi à me redonner un fin sourire avec ses paroles. Je n'y voyais que politesse, mais quand même. Je m'époussetais, amusée, bien décidée à percer ses secrets de combat. Quand je me donnais à fond, il était rare que je me fasse battre, même si cela arrivait bien entendu. Une fois, mais pas deux ; la prochaine fois, ce serait moi qui aurait le dessus. Moi qui viendrais presser une lame contre la chair de son cou. Moi qui verrais son regard vaincu, son regard si bleu et perçant.

« Oui, je loge chez Kali pour le moment.»

J'eus un haussement de sourcil, et j'allais même lui répliquer que si il voulait manger un warg, qu'il le fasse volontiers, et que je voulais absolument voir ça, écoeurée déjà en pensant au goût que pouvait avoir un tel animal, mais je me retins ; j'avais face à moi l'héritier de Thorin. Je ne pouvais pas me permettre de dire de telles âneries. Nos ventres semblaient apprendre à communiquer, et j'éclatais d'un rire vrai et sincère - ma bonne humeur reprenait le pas sur mon caractère combattif. Je fronçais le nez à sa répartie, mais haussais les épaules, mi-figue mi-raisin. Je refusais qu'il paye ; j'allais lui tirer les vers du nez si il le fallait. Mon regard pâle observa autour de nous les autres nains combattre, alors que nous sortions. L'air plus frais me fit du bien et j'inspirais profondément, mon coeur tambourinant encore dans ma poitrine. J'avais préféré laisser mes affaires dans le bâtiment ; je reviendrais les rechercher après le repas. Et peut-être que Fili me ferait l'honneur d'une nouvelle danse de mort ?

Tout en me massant le cou et le dos, j'avançais et réfléchis à la manière d'amener la vérité sans la dire tout entière, aux questions de Fili. Je ne voulais pas lui mentir ; il m'était sympathique, et je voulais vraiment m'en faire un ami - et cela n'avait rien à voir avec son rang, j'espérais qu'il n'en douterait pas. Je ne savais pas si je devais lui faire des courbettes ou ce genre de choses ; je ne voulais pas, et ma colère contre la caste aristocrate restait là, profondément enfouie avec la même rage de mon propre rang. Je décidais d'être amicale, polie et courtoise, mais pas exagérément. Et si il se révélait quelqu'un de bien, j'aviserais.

« Cela fait ... Quelques jours que je suis arrivée, environ une semaine. Je viens des Monts de Fer. » Ma voix était plus calme, plus réfléchie ; je devais bien peser mes mots. Même si il était noble, je ne voulais pas qu'on sache que j'étais sensée l'être moi aussi. Hors de question qu'il sache que j'étais une Sombrelande des Monts de Fer. Je lui fis un petit sourire amusé, quant à son compliment à peine voilé. Voilà le genre de mots que je préférais à belle ou raffinée ; mieux valait être valeureuse ou courageuse, quitte à choisir, non ?

« Disons que j'y ai appris à me battre, et que ma façon de combattre les a impressionnés. »

J'étais vague, volontairement ; je ne pouvais pas lui expliquer que, même si j'avais appris à me battre, je n'avais pas eu le droit de le faire. Parce que j'étais une noble, et que mon précepteur avait accepté ma requête juste pour rire. En y repensant, je sentis mes mâchoires se serrer, mais je repoussais l'émotion sombre qui voulait parvenir à la surface, et longeais les bâtiments de la ruelle jusqu'à l'auberge. J'y pénétrais, suivie de Fili, et le joyeux brouhaha de la pièce enfumée des relents de cuisine me percuta comme une gifle. J'inspirais avec un sourire ; j'approchais de Kali qui leva son regard vert vers moi. Je la vis écarquiller les yeux vers Fili et son sourire amical devint joyeux.

« Tu as de la place pour nous, Kali ? Il y a du monde !  » fis-je, en regardant autour de moi.

La naine passa la main dans sa barbe, comme si elle réfléchissait, puis sortir son sourire le plus beau, le plus brillant, elle déclara :

« J'ai toujours de la place pour l'héritier de Durin. »

Je haussais les sourcils et la regardais s'éloigner, cherchant un endroit où nous installer ; je ne voyais pas son mari qui devait oeuvrer en cuisine. J'eus soudain l'impression dure, comme un caillou au fond du ventre, que l'Héritier de Durin passait avant Fili. Tout le monde ne devait voir que son rang ; que voyait-il chez les sourires de ses amis, de ses compagnons ? Cette brusque lucidité me fit tourner la tête  - à moins que ce ne fut la faim. Je n'aimais toujours pas les nobles, mais j'eus un élan de compassion pour ce nain qui devait avoir un poids énorme sur les épaules. Je me tournais vers lui, un petit sourire aux lèvres.

« Je compte bien m'entraîner jusqu'à gagner contre vous . »

C'était aussi une manière de lui dire que, premièrement, j'acceptais de le voir comme un compagnon d'armes, lui laissant le choix de faire de même ou non. Et je reconnaissais non seulement sa victoire mais sa puissance. A présent que je n'avais plus d'arme en main et que j'allais manger, j'avais changé d'humeur ; plus amicale et ouverte, je restais toujours cependant un peu méfiante. Je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance, mais il savait se battre, et j'avais envie d'en savoir plus sur lui.

Kali vint nous chercher et nous installa à une table près de la cheminée. Je mourrais déjà de chaud et retirais ma veste de cuir et fourrure, pour ne rester qu'en corset et chemise. Ici, ma vêture n'avait pas d'importance ; peu importait si je paraissais plus féminine. Installée en face de Fili, je continuais de l'observer. Il ressemblait réellement à un lion ; sa peau luisait aux lumières de l'auberge et son regard pétillait de lueurs nouvelles. Je baissais les yeux, incapable de résister plus longtemps ; son port était un peu altier, mais également simple. C'était étrange de voir tout cela chez une même personne, et il me déstabilisait : je ne savais pas si je devais l'apprécier totalement ou le haïr. Etait-ce bien de le détester juste parce qu'il était né ? Non, bien sûr que non. Il n'a pas choisi.

« Vous êtes déjà venu ici ? En tout cas, les lits sont confortables. C'est toujours mieux qu'une caravane» fis-je avec un petit sourire.

Kali choisit cet instant pour venir chercher nos commandes ; je pris une pièce de viande et une bière brune. Je m'adossais à ma chaise au bois sculpté, en souriant toujours mais sans oser soutenir son regard, sans même oser le dévisager. Savoir qu'il était prince avait changé beaucoup de choses, mais au fond, j'avais quand même envie d'en savoir plus sur lui. Cette contradiction pulsait en moi au rythme de mon coeur. Et presque insolemment, comme si je n'en avais pas eu le droit, mes prunelles de glace se posèrent sur son visage, insolentes et flamboyantes. Je ne remarquais que maintenant les reflets blonds profonds de sa chevelure ; les reflets métalliques des bijoux dans ses tresses à ses moustaches ; ses mains aux doigts rudes et enflés, comme les miens, à cause du combat. Je bougeais les épaules pour les détendre avec une grimace complice, contente de détourner le regard - ce regard qu'il avait était pur, trop pur pour que je m'y plonge. Cela me troublait plus que de raison.

« En tout cas je vous remercie de ne pas y être allé de main morte. Vous êtes l'un des premiers à ne pas vous moquer de ma volonté de me battre. La plupart des nains ne voient en moi qu'une femme, bonne à me marier et enfanter. Mais je suis plus que cela ; je veux servir et être utile. Je veux être reconnue. Je suppose que vous avez ce même genre de problèmes, en tant qu'héritier. »

Les mots étaient sortis plus vite que je ne les avais pensé. Je me mordillais la lèvre, gênée d'avoir été aussi peu subtile. Mais c'était là, entre nous, comme une arme dégainée ; allait-on se blesser avec ces mots que j'avais jeté négligemment ? Je n'avais pas pensé à mal ; je pensais juste que ma volonté d'être reconnue devait être partagé par le nain qui était sensé hériter - et qui devait sûrement faire ses preuves lui aussi. Je soupirais, et m'adossais de nouveau à ma chaise, ne sachant que dire pour m'excuser.




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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyMar 27 Mai 2014 - 1:14

Indomptable.

Je mourrais de chaud et je n'avais pas vraiment envie de reposer ma veste sur mes épaules, je la laissai donc à la salle d'entraînement. J'étais un nain, je n'avais jamais froid ! Hem, ou pas, mais ceci était une autre histoire. J'étais vraiment curieux d'entendre les récits d'Ilhy à propos de sa vie ou tout du moins connaître les détails que j'avais demandé. Ce n'était pas de la curiosité mal placée, du moins je l'espérais, mais un réel désir de connaître celle avec qui j'avais combattu.

« - Cela fait ... Quelques jours que je suis arrivée, environ une semaine. Je viens des Monts de Fer.
- Une semaine ? Hmm... Je pesai sa réponse un instant, comme un nain évaluerait la valeur de l'or ou du mithril et la jugeai acceptable - juste pour le style. Etonnant que je ne vous ai pas vue plus tôt. »

J'avais probablement du arriver plus tard qu'elle à chaque fois, ou l'inverse, c'était tout. Et les Montagnes Bleues étaient grandes, beaucoup de gens me connaissaient par mon nom mais moi, je ne connaissais pas tout le monde. Son petit sourire m'indiqua que j'avais visé juste en pointant sa valeur et non sa beauté, même si je devais avouer qu'elle n'était pas en reste de ce côté là non plus.

"Disons que", hein ? Je n'étais pas né de la dernière pluie, Ilhy tentait d'esquiver ma question mais si c'était son désir, alors je ne pouvais que le respecter. Nous ne nous connaissions que depuis quelques heures maintenant, je ne pouvais décemment pas la forcer à parler de ce qu'elle ne voulait pas dire, j'étais un homme courtois. J'attendrais donc patiemment qu'elle veuille se livrer, si jamais elle restait ici.

Je la suivis jusque chez Kali et quand nous rentrâmes, je fus assailli par les douces odeurs de viande qui cuisait, de bière et de fumée. Les meilleures odeurs, avant même celles de la sueur et des draps propres. Mon ventre confirma mes pensées en gargouillant furieusement, me laissant tout penaud devant le bruit. Mais mon sourire s'agrandit quand je vis Kali et je lui fis un petit signe de la main avec autant de joie qu'elle. J'aimais venir ici pour manger un morceau et ce, depuis que j'étais tout petit. La naine barbue assura qu'elle avait toujours de la place pour l'héritier de Dùrin - moi en l'occurrence - et un petit sourire ourla mes lèvres, sous ma moustache tressée. Elle savait que je payais toujours ma part et même plus et sa cuisine était divine... Et justement parce que j'étais un futur roi. C'était gênant d'être traité de la sorte mais c'était mon destin et je l'acceptais avec humilité, comme Thorin me l'apprenait chaque jour.

Je m'installai dos à la cheminée et je sentis mon sang entrer en ébullition. Déjà que l'exercice m'avait bien échauffé, le feu qui craquait dans l'âtre ne m'aida absolument pas. Je ramenais quelques mèches de mes cheveux blonds en arrière, alors qu'ils collaient à mon front en nage et soupirai d'un trop-plein de chaleur. Ma chemise de tissu et celle de cuir collaient à ma peau et je pensai que j'allais fondre, pendant un instant. Ilhy décida, quant à elle, de se dévêtir pour laisser paraître une chemise  et un corset. Je me retins de hausser un sourcil interloqué et écoutai sa question avec un sourire.

« Je viens souvent manger ici mais je n'ai jamais dormi ici. J'ai ma chambre qui n'est pas loin, vous voyez. »

Petite référence à mon statut, que j'avais fait ironiquement. Et puis mon appartenance à la cité était indéniable et comme tous les gens qui habitaient dans les environs, je n'avais pas besoin de louer une chambre. J'allai m'excuser quand je me rendis compte que c'était un peu inutile... Je gobai l'air comme un poisson l'espace d'un instant et commandai de la viande, du fromage ainsi que du pain, avec une pinte de bière évidemment. Je retins un bâillement à grande peine - la nuit avait été courte... - et observait la jeune naine alors qu'elle me lançait un air entendu sur notre douleur. Elle semblait vraiment parcourue de blessures et de bleus... Mais ce qu'elle me dit me surprit vraiment, me laissant hésitant sur la réponse.

« - En tout cas je vous remercie de ne pas y être allé de main morte. Vous êtes l'un des premiers à ne pas vous moquer de ma volonté de me battre.
- Eh bien... Euh, c'était un plaisir. Je n'aime pas ménager mes adversaires, débutants ou vétérans, hommes ou femmes. Vous êtes une des rares femmes avec qui j'ai eu le plaisir de combattre et parmi les meilleures. »

Je n'osai pas lui dire qu'elle était la meilleure car les deux autres femmes que j'avais combattu, malgré leur hargne, n'étaient pas vraiment douées et je les avais défaites en quelques passes... Le reste de sa phrase fut couvée par une moue compréhensive de ma part. Comme je la comprenais... Ce besoin de reconnaissance que j'avais vu dans son regard et que je partageais, surtout quand j'étais à côté de mon oncle, je le comprenais trop bien. Je vis son petit air gêné et cela me fit sourire. Elle semblait penser avoir fait une bourde, selon moi, alors que ça ne me gênait franchement pas. J'appréciais le naturel des gens, et non la contrefaçon qu'ils entretenaient juste parce que j'étais l'héritier de Dùrin. Ils me devaient le respect, certes, mais je n'aimais pas les courbettes hypocrites.

« Ne prenez pas cet air gêné, je comprends votre position. Enfin... Je ne suis pas une femme, donc c'est un peu bête mais... Je ne peux pas vous donner tort quant à mes responsabilités et mon besoin de savoir que je fais bien - ou non. »

Je ne voulais pas trop la gêner avec mes discours plaintifs sur mon rang et de toute façon, c'était un problème que je devais gérer seul, si tant est que ce fut réellement un problème. Oncle Thorin règnerait avant moi et j'aurais tout le loisir d'apprendre encore et encore de lui et de le voir à l'oeuvre. Je me rassurai en me disant qu'il serait toujours là pour me remettre dans le droit chemin si je m'en écartais un jour, malgré l'application dont je faisais preuve pour mettre en oeuvre ses conseils et enseignements. Je soupirai à mon tour en pensant à tout cela et vit avec bonheur arriver notre repas. On était toujours servis rapidement ici.

Mes yeux durent se mettre à briller d'une lueur avide alors que j'arrachais un morceau de fromage et un morceau de pain que je fourrai rapidement dans ma bouche, oubliant même la politesse et les convenances.

« Hum pardonnez-moi... Bon appétit à vous Ilhy ! J'ai l'impression d'être un sauvage impoli à me jeter sur la nourriture comme ça mais... C'est tout moi haha ! »

Je ris d'un air bon enfant, vraiment heureux d'être là aujourd'hui. Et je pris une gorgée de bière fraîche, qui me fit frissonner tellement c'était agréable. La bière naine, plus belle invention en Terre du Milieu depuis la nuit des temps !


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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyMar 27 Mai 2014 - 2:01




WHO FUCKING ARE YOU ?!


J'étais bête d'avoir posé cette question, mais au moins, ça le faisait parler, hein ? Oui, je devais l'avouer, sa voix grave était agréable à l'écoute. Peut-être était-ce son rang de prince, mais il avait ce talent orateur, ou du moins un début de talent. Ses mots étaient non pas hypnotiques mais doux à l'oreille. Je souris à ses paroles ; il semblait avoir chaud avec le feu qui ronflait derrière lui. Les effluves qui parvenaient à mes narines étaient ceux de la viande fumée, du fromage, de la bière brassée, de la sueur et des produits de nettoyage.

Il avait une façon très simple et très sincère de me répondre ; j'appréciais immédiatement ça. Malgré le fait qu'il soit Prince, il ne s'armait pas de mots ronflants ou de phrasés distingués, juste pour se faire mousser. Son compliment semblait tout aussi sincère, et je rougis vaguement en détournant le regard. J'étais un peu surprise ; habituellement j'aurais eu le droit à un discours moralisateur sur le fait que je devais ne pas courir de risques, que j'avais comme premier devoir d'enfanter et de faire perdurer ma lignée, ma race. Il montait dans mon estime sans que je le veuilles, et j'avais le sentiment de perdre pied face à lui, cette fois ci mentalement. Je ne sais si c'était également un échec, comme sa victoire de tout à l'heure sur moi ; je me déciderais plus tard. En attendant, je m'étais tue, gênée, mais il le brisa de nouveau, pas le moins du monde embarrassé.

Comment répondre à de telles paroles ? Dire que j'étais touchée aurait été trop faible. Il s'était donc mis un instant dans ma position, et j'avais fait mouche : nos situations pouvaient sembler semblable. Je me mordillais la lèvre, hésitante à lui dire toute la vérité. Fili me semblait de plus en plus acceptable, et digne de confiance. Mais Kali arriva et me tira de mes pensées. Elle posa la nourriture et la bière, et le blond face à moi se jeta littéralement sur la nourriture. J'éclatais de rire devant ses excuses que je balayais d'un geste.

« Trop de manières, ce n'est pas mon style non plus ! Mangeons, sans nous soucier des convenances ; vous n'avez pas à vous excuser de votre appétit. »

Et je me mis à manger aussi. Et, si habituellement je me fichais pas mal de la graisse qui coulait sur mon menton ou d'un bout de viande entre mes dents, je dois avouer que cette fois je fis attention. Oh, je mangeais avec appétit, mais disons que je portais plus de soin à ma tenue. Et cela n'avait rien à voir avec Fili ; je voulais juste éviter de passer pour une rustre, voilà tout ... Le pain était moelleux, encore chaud, la viande tendre et savoureuse. C'était un vrai délice, et quand j'eus finis mon assiette, je m'adossais au banc, le ventre plein. Je soupirais de bien être et bus une gorgée de bière, pensive. Le goût était âcre, pétillant sur la langue, une saveur étonnante et unique au monde.

« C'était délicieux, merci Kali. »

Je remerciais la naine, qui vint prendre nos couverts emplis des reliefs rares de notre repas et s'en alla après nous avoir sourit doucement. Je sortis de l'intérieur de ma tunique une petite pipe de bois ouvragée et la bourrais un instant d'herbe puis posais la petite blatte au milieu de la table libre ; Fili se servirait si il le désirait ou non. Cela m'aidait à me calmer et à digérer, mais aussi à réfléchir. Je ne voulais pas me lever, pas tout de suite ; j'étais bien ici, l'endroit était agréable et le brouhaha s'était mué en doux murmure des conversations. C'était un cadre que j'appréciais, et d'autant plus que la personne en face de moi m'était agréable. Sa crinière était ébouriffée, le faisant d'autant plus ressembler à un félin ; son regard était toujours aussi troublant, d'un bleu parfois sombre, parfois clair, pur de par ses émotions simples et sincères. Je crois que je n'avais jamais connu quelqu'un comme lui. Je pense que c'est ce qui m'incita à parler. Je ne m'étais pour le moment pas réellement épanchée sur mon passé, mais allez savoir, peut-être que je gardais ça depuis trop de temps, ou que savoir qu'il partageait une situation semblable où le poids d'un rang le gênait. Certes, je n'étais pas princesse, mais cela ne m'empêchait pas d'être blessée.

« Je me suis échappée de chez moi. Aux monts de fer, je suis une Sombrelande, une noble. Mais je n'ai jamais été très robes, rubans et politesse, courbettes et soirées interminables. Je ne suis moi-même qu'une lance à la main, le coeur rempli de la volonté dure comme le fer d'être utile. Réellement utile. »

Ma voix était vibrante d'émotion, et en même temps étrangement calme. Mon regard était posé sur la blatte de tabac sur la table ; je refusais de regarder Fili dans les yeux. Trop de sentiments m'étreignaient, et je ne voulais pas qu'il voit le maëlstrom qui s'acharnait en moi. J'expirais doucement une bouffée odorante de fumée ; le goût fumé et un peu râpeux s'attarda sur ma langue et je le goûtais calmement avant de reprendre d'une voix toujours douce, caressante :

« J'ai toujours aimé les armes. On m'a entraîné, en se moquant de moi ; je n'étais pas sensé être élevé dans les fers de bataille, et si on m'a autorisé à le faire, c'est parce que mon précepteur a cru bon qu'une naine sache réellement se battre. Il ne s'imaginait pas que je puisse avoir vocation au combat. Mais rester assise à attendre de me marier à un nain que je n'aimerais pas et lui faire une tripotée d'enfants, ce n'est pas ce à quoi j'aspire ... »

J'eus un petit soupir et haussais les épaules ; j'étais un peu désolée de m'exprimer aussi crûment et maladroitement mais je ne savais pas comment dire autrement ce que j'avais sur le coeur. Bizarrement parler de chez moi élevait chez moi une émotion étrange ; le mal du pays ? Non, pas vraiment. Je ne savais pas ce que c'était, et m'écartais de cette émotion inconnue, comme je m'écarterais devant une herbe médicinale dont je ne connaitrais pas les propriétés.

« Je suis venue ici en caravane. Pour, disons, avoir une seconde chance. Je cache à tout le monde mes origines nobles, parce que je n'ai toujours eu que rancoeur pour ce milieu pour lequel je n'étais qu'une femme. »

J'avais craché ce surnom, écho de ce que j'avais entendu plus jeune. Je soupirais encore, et souris vaillamment pour finir, pour arriver là où je voulais en venir. Je m'étais peut-être un peu perdue, mais je pensais que c'était mieux d'être totalement honnête. Pas de faux-semblants. J'appréciais le peu que je savais de Fili, et j'avais vraiment envie de lier quelque chose avec lui.

« Pour le moment, même si les nains d'ici se moquent encore de moi, Dwalin et vous m'avez donné une chance. Peut-être pourrais-je réellement être reconnue comme je le désire. Pardonnez-moi d'avoir autant pris la parole, c'était maladroit de ma part de m'épancher autant ... J'espère ne pas vous avoir trop ennuyé avec mes paroles à rallonge » fis-je en grattant ma joue où poussait un fin chaume encore pâle.

Pas de barbe, une poitrine, voilà les ingrédients mauvais pour une recette de guerrier selon la plupart des nains. Mais j'étais là, capable et utile. Presque doucement, je relevais les yeux pour accrocher mes prunelles de glace dans celles plus sombres de Fili. J'avais peur de son jugement, comme j'aurais eu peur du jugement d'un autre ; j'avais appris à dédaigner les avis des gens qui m'entouraient, mais ce n'était pas pareil. Ici, cela m'importait, cela était important car je voulais être estimée. Je rallumais avec une bougie de la table ma pipe éteinte et tirais une bouffée forte que j'expirais par les narines, m'enveloppant un instant dans le nuage pâle. La silhouette du blond s'y dessina, floue, mais les lueurs de ses iris quasi félin brillaient toujours, hypnotiques.

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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyMar 27 Mai 2014 - 20:43

[
Indomptable.

J'ignorais si mes réponses lui convenaient mais je n'avais pas l'habitude de broder pour plaire aux autres. J'étais comme j'étais, avec mes défauts et mes qualités - même si j'essayais de travailler un peu mes défauts pour les atténuer... -  et je tenais à ce qu'on me voit tel que je me présentais. Thorin me répétait souvent qu'un roi se devait d'être humble et simple.

Le compliment à peine voilé que je fis à Ilhy sembla ajouter un peu de couleur sous son duvet presque invisible, mais je me méprenais peut-être en confondant les rougeurs de gêne avec celles dues à la chaleur du feu... Avec les femmes, j'étais rarement modeste, malheureusement... Mon appétit de troll la fit éclater de rire à mon étonnement. Habituellement, on me servait du "roh voyons, ce ne sont pas des manières pour un prince !" ou "quelle élégance !". A fortiori, je préférais la deuxième phrase que l' on me disait car c'était généralement pour blaguer, mais la première... J'avais beau être prince, il n'empêchait que j'étais un nain et que j'avais des besoins naturels comme tous les autres, on ne pourrait pas me l'enlever ! Certes, je n'avais pas été très distingué en me jetant sur la nourriture mais Ilhy me rassura et cela me fit sourire un peu plus, sous mon air penaud.

Je découpai mon morceau de fromage et tendis la moitié à la jeune naine, comme ça. Je me disais qu'elle avait peut-être envie d'y goûter et puis un repas chez Kali ne serait pas complet sans le fromage qui allait avec... Habituellement je demandais aussi quelques fruits mais ce midi là, j'avais un besoin irrépressible de viande et de protéines, pas de sucre. Je repris souvent des gorgées de bière pour me désaltérer et à un moment, un rot sonore sortit de ma gorge. Je m'excusai par réflexe, parce que j'étais avec quelqu'un que je ne connaissais pas mais quand j'étais avec Kili ou même des amis, je ne me gênais pas vraiment. Quand Kali vint reprendre nos couverts et assiettes vides, je la remerciai chaleureusement comme à chaque fois et elle nous honora d'un sourire joyeux.

J'observai Ilhy sortir sa pipe et son herbe et cherchai la mienne dans mes poches. En vain... Je n'avais que des armes blanches. Je fis une moue triste en me souvenant que j'avais laissé ma propre pipe dans ma veste, elle-même encore dans la salle d'entraînement. Je soupirai et m'exprimai.

« Malheureusement je ne peux pas me joindre à vous dans cette période digestive, je suis une buse... J'ai oublié ma pipe. Tant pis, une autre fois ! Je digérerai avec ma chope de bière ! »

Un jour, j'arriverai à me rappeler des détails qui pouvaient se révéler être importants... Oh ça ne m'arrivait que rarement et ce n'était qu'une pipe mais le jour où j'oublierai un objet ou autre qui m'était essentiel pour avancer, je n'aurais plus que mes yeux pour pleurer et ma langue pour proférer une malédiction à mon encontre... Pour marquer mes paroles, je portai ma chope à mes lèvres et bus une longue gorgée, pour essuyer finalement la mousse sur mes moustaches tressées. Et sa voix s'éleva.

« Je me suis échappée de chez moi. »

Cela sonnait comme une sentence à mes oreilles mais j'étais curieux. Ilhy me parla d'elle et ce qu'elle me révéla me laissa à la fois songeur et surpris. J'étais vraiment étonné qu'elle me dise ça à moi, qui était quasiment inconnu. À vrai dire, même si j'étais intrigué par cette personne, je n'avais rien demandé clairement et cela mettait du baume à mon orgueil qu'elle se confie à moi. Sombrelande... En effet, ce nom me disait quelque chose. Vaguement, mais je l'avais entendu.

« Les Monts de Fer hein ? Vous avez du faire un long voyage, ma pauvre Ilhy. J'aimerais voir le monde aussi. »

C'était une constatation qui était sortie toute seule mais je n'avais pas l'intention de la retirer. Je bus encore un peu alors qu'elle reprit son histoire. Je comprenais un peu mieux son besoin de reconnaissance désormais. Il était vrai que les femmes nobles n'étaient généralement pas prises au sérieux et les femmes "du peuple" que j'avais combattu avaient généralement moins peur de se faire mal. Non pas que les naines eurent peur de se casser un ongle comme les humains ou les elfes mais la réticence du combat planait toujours. Enfin, ce n'était que mon avis. Les yeux pétillants de malice, je ne pus m'empêcher de jeter une petite blague au tournant, en désignant sa poitrine des yeux et du menton.

« Certes vous êtes une femme, mais vous en êtes une sacrée, on ne peut pas vous l'enlever ! Puis je repris en calmant mon petit rire. Je comprends mieux votre réaction et pour la caravane, je ne veux même pas imaginer l'inconfort de la chose... »

Ma voix était sérieuse et grave. Plus qu'à l'accoutumée, car je voulais être franc avec elle. Je voulais qu'elle sache ce que j'avais pensé au début, même si cela devait m'apporter une chope en bois dans la tête ou des insultes bien arrangées. Sa dernière petite intervention me fit sourire. Je ne l'avais pas coupée dans ses paroles parce que ça m'intéressait et je haussai les épaules, dans un élan de compassion et de compréhension mêlées.

« Je souhaite que cette vision change alors. Je vous avouerai que j'étais surpris ce matin quand je suis arrivé à la salle d'entraînement, quand j'ai vu une femme. Je me suis vraiment demandé quel était votre niveau et si j'allais devoir vous materner ou non. Beryl m'a fait comprendre que je devais rester l'habituel Fili et j'ai bien fait d'écouter son conseil. »

J'observai Ilhy faire des volutes de fumée et je jaugeai son regard, son air, en essayant de deviner ce qu'elle pensait. Mais je n'étais pas un mage - j'ignorais même s'ils étaient capable de faire cela - mais j'étais curieux de savoir comment elle se sentait. Quand elle ralluma sa pipe, je soufflai sur la fumée comme un gosse, pour lui renvoyer dans le visage et lui lançai un superbe sourire. Je plongeai mon nez dans ma chope de bière pour en boire les dernières gouttes et contemplai tristement le bois du fond.

« Vous revoulez de la bière ? C'est moi qui offre. Par contre je serais d'avis que nous ne retournions pas nous battre après... Prudence est mère de sûreté, et ce n'est pas oncle Thorin qui m'a appris ça haha ! »

Je badinai parce que je me sentais bien, la bière et un bon repas dans le ventre aidant un peu. C'était étrange le contraste qu'il y avait avec la Ilhy que j'avais rencontré plus tôt ce matin et celle qui se tenait en face de moi maintenant. Elle avait toujours le même physique - même cheveux roux flamboyants, même regard de glace - mais son sourire la transformait. Elle ressemblait toujours à une tigresse mais plus douce. La chasse était terminée.

Et je me souvins... Non, pas de bière en plus, surtout pas. Oncle Thorin m'attendait dans l'après-midi et je me devais de rester présentable. Je soupirai et mes épaules s'affaissèrent un instant. Puis relevant le regard vers la jeune naine, je lui expliquais le pourquoi du comment.

« J'avais oublié mais j'ai une entrevue privée avec mon oncle d'ici peu et je ne voudrais pas sentir le fauve, vous comprenez. Je suis désolé de partir si précipitamment mais je risque d'être privé de dessert si je suis en retard ! »

Je haussai les épaules avec un immense sourire et portai mon poing sur le coeur pour finalement tendre ma main à Ilhy.

« Ce fut un plaisir de faire votre connaissance, Ilhy. J'espère que nous nous recroiserons et que nos fers feront de même ! »

Puis je partis en quête de mes effets restés dans la salle d'entraînement, non sans avoir donné la somme de mon repas à Kali avant de partir. Je lui avais glissé un mot concernant ma part et celle d'Ilhy, que celle-ci n'aurait pas à payer.


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MessageSujet: Re: Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé]   Who are you ? [Fili][Flashback][Terminé] EmptyMar 27 Mai 2014 - 23:26




WHO FUCKING ARE YOU ?!


Je lui aurais bien proposé de partager ma pipe, mais ça aurait pu paraître déplacé. Et hélas, je n'avais guère d'autre instrument à herbe sur moi. Peut-être qu'elle avait moisi, ou la bière était-elle trop forte ? Ou peut-être juste que ce nain me mettait en confiance, sans que je sache pourquoi. Cela dit, je m'épanchais telle une gamine. Je n'avais aucune honte à cela, car ça me faisait trop de bien pour que j'en conçoive un sentiment négatif, mais quand j'y repense, j'aurais du le faire avec plus de panache je crois. Je n'avais nulle envie de paraître faible, et pourtant, c'est l'impression que je me donnais.

Il aimerait voir le monde ? Etrange qu'un prince ne l'ait pas vu plus que ça. Je retins un froncement de sourcils ; je n'étais pas là pour juger. Mais n'était-il pas sensé en apprendre plus sur ce qui était à l'extérieur ? Même en étant noble, je n'avais sûrement pas été aussi enfermée que lui. Quel poids avait-il sur les épaules ? Celui, non pas d'un monde, mais d'un peuple ; quelle différence cela faisait-il ?

Je ne m'attendais pas à sa répartie et eus un petit rire gracile, comme un son de cloche fêlé, trille légère et hésitante. Je n'étais pas attirante ; j'étais une guerrière et toute ma vie on m'avait expliqué qu'une naine sans robe ni atours n'était pas digne d'être désirable. Jamais les nains n'avaient vu autre chose en moi qu'une espèce de bizarrerie, sauvageonne née chez les nobles. Je ne me voyais pas comme autre chose qu'une extension de ma lance ; je n'étais pas quelqu'un digne d'amour, voilà tout. C'était aussi pourquoi je m'entendais sûrement aussi bien avec les mâles : il n'y avait pas de désir, pas d'envie étrange. Personne ne m'avait jamais troublée au point que j'en perdais la tête ; il me semblait inconcevable qu'un tel amour puisse naître, chez quiconque et surtout chez moi. L'amour était surfait, matière pour les poètes et les artistes de bohème.

Pourtant, ses paroles résonnaient en moi comme un carillon. Son honnêteté était bonne à prendre, et je préférais cela à des mensonges. Mais je ne savais pas comment réagir à sa franchise ; dire merci aurait été étrange et maladroit. Je mâchouillais ma pipe avant de la rallumer ; quand le nain blond souffla au visage ma propre fumée, j'eus un hoquet et toussais un peu, puis accompagnais son rire grave. Le voir être ... aussi simple était ... Je ne saurais dire les mots. C'était inconcevable dans mon esprit qu'on se comporte ainsi avec moi et pourtant c'était le cas. J'étais acceptée. Le mot se gravait en moi au fer, meurtrissant mon coeur et mon esprit. Acceptée. Comme un homme cherchant le pardon, j'avais cherché cette émotion et je l'avais trouvé en la personne de Fili. Je souris doucement, presque avec hésitation, comme si j'allais me casser en formant quelque chose d'aussi délicat. C'était un sentiment aussi fragile que du cristal qui m'étreignait à cet instant, et comme lorsqu'on capture avec son esprit un paysage à la beauté glorieuse et majestueuse, j'emprisonnais en ma mémoire ce moment précis. Ce moment où Fili me souriait, où nous riions, où la complicité venait de naître.

Et puis, ce fut tout. Je le regardais s'excuser, et eus un geste pour lui dire que ce n'était rien. Je l'observais calmement se lever et hochais la tête sans plus rien dire. Mettre de mots sur la reconnaissance qui gonflait en moi comme les voiles d'un bateau au coeur de la tempête était trop précis pour moi. Je me contentais de lui sourire avec gentillesse et joie. Il s'éloigna, et je le suivis de mes prunelles pâles. C'était comme une danse hypnotique que sa marche bienheureuse. Je soupirais et détournais le regard, plus troublée qu'à l'accoutumée. La bière n'était pourtant pas forte. Je soupirais et inspirais encore une bouffée de ma pipe.

« Soyez sûr que nous nous recroiserons mon prince » prononçais-je à voix basse, un sourire dans les tons modulés de mes sons.

J'avais pris grand plaisir à cette matinée, et j'allais de ce pas rejoindre les autres nains. Mais au moment de payer, je ne pu car il avait déjà réglé pour moi. Je poussais un fort juron : était-ce la marque de fabriquer des Durin de payer mes repas quand je les invitais ?! Je grognais, agacée et amusée, et sortis en trombe. Il était temps pour moi de me remettre au travail.

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