Let's meet again old friend (Feat. Raeryan & Loìn)

Arracher, mélanger, mesurer, couper…Là était le dur labeur de l’élaboration d’une tarte aux fraises fraichement cueillies. A force de métier précis et rigoureux même la plus simple des tâches pouvaient s’avérer être un vrai casse-tête pour la guérisseuse, qui s’essuyait le front d’un revers de main.  Il y en avait partout dans la cuisine, semblable à un champ de bataille avec ses traces rougies et les signes d’une lutte acharnée. Et lorsqu’elle se retourna c’est avec horreur qu’elle découvrit le spectacle, elle qui avait passé tant d’heures à récurer la cuisine, elle était bien partie pour tout recommencer. En voulant replacer une mèche de son visage, quelque chose de collant sur sa joue l’en empêcha. Elle ne s’était pas loupée non plus, tout comme son tablier n’avait servit a rien puisque sa robe avait eu droit aussi à son jus de fraise. Ça lui avait pris une bonne partie de la matinée, et elle n’avait même pas vu le temps passer. Si bien qu’elle n’avait pas entendu qu’elle était demandée à la porte d’entrée, et pourtant elle était habituée à voir les gens entrer et sortir chez elle comme dans un moulin. Mais le monde aurait pu brûler à l’extérieur que rien n’aurait pu la troubler…Car lorsque Raeryan demeurait concentrée sur quelque chose, elle ne faisait pas semblant. C’est alors une fois sa belle tarte enfournée qu’elle redescendit complètement sur terre, couverte de cendres en ayant tenté maintes fois d’allumer le feu de bois. La cuisson allait alors faire le reste du travail, ça allait donc lui laisser du temps pour aller se nettoyer. Et c’est en traversant le salon qu’elle aperçu alors la porte d’entrée ouverte. Quelle surprise !! Elle ne se souvenait pas l’avoir laissée ouverte avec toute l’inattention du monde dont elle pouvait faire preuve parfois. Il y avait manifestement quelqu’un chez elle mais elle n’avait pas de rendez-vous prévu…Une urgence peut être ? La guérisseuse fit quelques pas de plus afin de voir de quoi il en retournait dans le salon. A ce moment là elle découvrit Bofur, le nez en l’air qui semblait la chercher. Un large sourire étira ses lèvres tandis qu’elle s’approchait de lui pour aller le saluer et l’accueillir.


La joie de le retrouver laissa soudainement place à quelques interrogations alors que l’odeur du sang lui monta au nez. Elle ne connaissait que trop bien cette odeur de fer pour l’avoir souvent reniflée dans sa vie professionnelle, elle pouvait la reconnaitre plus facilement que l’odeur d’une tarte en train de brûler. Le mouchoir qu’il tenait dans sa main en étant imprégné, elle comprit donc assez vite la raison de sa venue jusqu’ici.


Pas le temps pour retirer le jus de fraise qui collait ses cheveux sur ses joues, il fallait d’abord qu’elle s’occupe de son ami puisqu’il semblait déjà avoir perdu pas mal de sang. Elle l’entraina alors par le bras sans attendre la moindre explication de sa part, l’incitant à s’asseoir sur un fauteuil de son salon le temps qu’elle aille chercher de quoi le soigner dans la pièce d’à côté. Elle nettoya ses mains jusqu’à ses avants bras avant de prendre quoi que ce soit, peinant à retirer les traces de sa lutte malgré le savon puissant. Elle remonta ses manches, tant pis pour le reste, ça attendrait… Puis elle revint vers son invité, une boite pleine d’ustensiles, de remèdes, tout le nécessaire pour lui venir en aide. Raeryan adressa un nouveau sourire à Bofur alors qu’elle lui prit la main en ayant pris place en face de lui et retira le tissu afin d’inspecter sa plaie. Pas de doute, son métier demandant de manipuler des outils tranchants et le bois pouvant facilement lacérer la peau, il avait dû se blesser en confectionnant un jouet. Ça arrivait souvent, et lorsqu’il n’était pas dans la mesure de se faire quelques soins lui-même il savait qu’elle serait toujours là en cas de blessure trop importante. D’ailleurs, lui non plus ne s’était pas loupé ; elle découvrit l’entaille dans la paume de sa main rougie par le sang. Cette zone étant très fragile malgré ses mains habituées, il était alors normal qu’il n’ait pu faire en sorte de stopper l’hémorragie. La guérisseuse fronça les sourcils, observant son patient d’un air faussement sévère.


Elle avait pu le constater alors que le sang avait déjà bien coagulé, mais la blessure peinait à cicatriser seule. Quoi qu’il en soit, il ne fallait plus trainer, alors elle commença par nettoyer à l’aide d’un linge propre, ignorant les sursauts que cela pouvait lui infliger de temps à autre. Puis elle imbiba un nouveau linge d’une solution d’huiles essentielles cicatrisantes mélangées à un aseptisant puissant qu’elle appliqua par tapotements autour de la coupure en effectuant des pressions plus ou moins importantes selon les endroits. Une fois la plaie complètement désinfectée, elle appliqua un baume épais d’une plante assez rare qui avait pour effet de favoriser la régénération cellulaire et donc permettre de cicatriser bien plus vite que la normale. C’était pile ce dont il avait besoin car la coupure n’était pas assez profonde pour avoir besoin de points de suture. Ça allait également le soulager un peu, puisqu’elle l’avait laissée froide, ça allait anesthésier la zone et faire en sorte qu’il ne la sente plus durant les heures à venir.

C’était traité comme il faut, Raeryan était plutôt optimiste à sa guérison mais elle demanderait tout de même un suivit régulier, ne sait-on jamais. C’était allé plutôt vite, mais ce n’était pas fini : la guérisseuse commença alors le bandage, épais, avec de nombreux tours. C’était important pour les premières heures de guérison et au vu de son métier, ça ne l’handicaperait pas d’avantage.

Raeryan relâcha enfin la main de son ami, après avoir vérifié que le pansement tenait convenablement et que le sang ne coulait plus. Ca suffirait amplement, et elle était contente de vir qu’il suivrait ses conseils à la lettre. Ho ; il avait plutôt intérêt car sinon il serait contraint de boire des remèdes peu gouteux pour accélérer la guérison…Bofur connaissait désormais la chanson et elle pouvait désormais le croire lorsqu’il lui promit de faire attention. Il ne la gênait absolument pas, il ne la gênerait jamais car il faisait parti de ceux qu’elle se plaisait à considérer comme un ami proche, dont la présence avait le don de lui réchauffer le cœur. La guérisseuse soupira d’exaspération, levant les yeux au ciel pour qu’il cesse de dire de telles bêtises.


Elle ? Attendre quelqu’un ? Il essayait probablement de la charrier ! Il n’y avait personne d’autre qu’elle aurait pu attendre, que des patients qui viennent se faire soigner car il ne lui restait que très peu de famille, ceux-ci bien trop vieux pour se déplacer jusque chez elle n’auraient pas pu s’y trouver. Mais aussi puisqu’elle n’était pas mariée et sans enfants il n’y avait pas d’autre présence susceptible de faire son apparition - pour le restant de la journée du moins, après le destin changera peut être. Le lourd silence de sa maison pouvait d’ailleurs témoigner de la solitude dan laquelle elle se trouvait depuis plusieurs années. Cependant beaucoup de nains avaient l’espoir pour elle qu’elle finisse par s’occuper un peu de sa vie au lieu de passer son temps à courir après les remèdes et les pansements. Pour le moment ça ne lui pesait pas, sa vie était bien trop remplie par son métier pour lui laisser le temps d’y songer d’ailleurs.


La guérisseuse se leva donc, dans l’intention de laisser Bofur quelques minutes le temps qu’elle se change et qu’elle retire les traces d’un long combat acharné contre des fraises. Puisqu’il était ici, il était logique qu’elle l’invite à en manger aussi et alors la soigneuse se transformait en simple hôte, qui ne pouvait donc pas recevoir dans un état aussi lamentable. Ce dernier fait l’interpela d’ailleurs, alors qu’elle s’apprêtait à sortir de la pièce car ça faisait en réalité pas mal de coïncidences… La naine tourna à nouveau les talons, les poings sur les hanches avec l’intention d’éclaircir ses pensées, un sourire taquin sur les lèvres.

Ca semblait gros, voire beaucoup trop exagéré mais Raeryan trouvait la situation et le hasard plutôt comique puisqu’il avait eu l’air de pas mal s’intéresser à ce qu’il se passait dans sa cuisine. Un rire joyeux effaça l’air faussement sévère de la naine qui s’en retourna à nouveau cette fois pour quitter la pièce après qu’elle l’ait convié à rester pour qu’il puisse tester sa nouvelle recette. C’était plus sympathique comme ça, même si elle comptait en offrir à ses voisins avant que celle-ci ne finisse par sécher et finir en nourriture pour les animaux. Au moins avec Bofur, elle était sure de ne pas gâcher son travail. Elle l’appréciait énormément, et ce depuis de longues années alors c’était avec beaucoup de joie qu’elle le recevait chez elle. Maintenant qu’il était là, il ne pourrait pas s’en aller si vite !! Tant qu’il n’y avait personne à soigner elle comptait bien profiter de sa présence pour discuter un peu et se changer les idées.

La naine se dirigea alors à l’étage, nettoya son visage et les quelques mèches de ses cheveux encore collants de fraise et changea ensuite sa robe. Ce n’était qu’une question de minutes avant qu’elle ne redescende pour retrouver son ami qu’elle avait laissé en bas. Les senteurs de fruits rouges avaient bien envahi son habitation,  si bien qu’elle aurait pu deviner la cuisson rien qu’à l’odeur. Elle espérait maintenant que cette odeur sucrée n’ameute pas d’autres nains autrement elle ne pourrait même pas y gouter !! Car si ses patients venaient à reculons pour boire des remèdes, lorsqu’il s’agissait de sa cuisine, il arrivait souvent qu’elle se voit obligée d’improviser une fête entre ceux qui n’ont pas le temps de gouter et ceux qui en reveulent. Pour le moment, personne n’avait frappé à la porte et Raeryan retrouva Bofur dans le salon. Elle lui adressa un joli sourire, et reprit place.


Raeryan admirait le talent de Bofur, il sculptait les matériaux avec une telle précision que les jouets qu’il fabriquait pourraient être considérés comme de véritables œuvres d’art. Un joli métier, qui demandait beaucoup de patience et d’expérience, et du coup elle lui demandait régulièrement moyennant finances qu’il lui fabrique quelques outils, décorations et autres objets qu’elle gardait précieusement.

Qand on parle de guerre, de conflit à venir, c’est avec un énorme nœud dans le ventre que Raeryan accueillait ce nouveau sujet de conversation. Rien qu’à penser aux immenses pertes, aux innombrables maux que cela pouvait causer à son peuple, elle en avait des sueurs froides. La guerre n’est jamais quelque chose que l’on apprécie, sauf lorsque l’on est un Orc manifestement, en revanche quand c’est inévitable, se voiler la face n’est pas la bonne attitude à avoir. Alors Raeryan pensait aussi aux signes qu’elle avait pu observer et constater ces derniers temps et qui pour elle étaient signe d’un bouleversement à venir. Le mal grandissait au dehors, la tension commençait à être de plus en plus palpable et plus on attendait plus ça empirerait. La guérisseuse était inquiète, très inquiète de la suite à venir et devait toujours s’attendre au pire pour ne pas défaillir et être là au moment où l’on aurait besoin d’elle et de ses connaissances plus que jamais. La mine habituellement rayonnante de la guérisseuse ternissait à vue d’œil jusqu’aux derniers mots de son ami, elle baissa la tête, confuse et approuvait ainsi ses ressentis.


La naine se pinça les lèvres, achevant son témoignage en relevant finalement la tête. Elle s’était alors perdue dans le regard confus et préoccupé de Bofur, qui, finalement changea de sujet lorsqu’il croisa celui de la guérisseuse. Du moins pour le moment, car Raeryan redoutait tôt ou tard de devoir en reparler d’ici peu si la terre du milieu continuait à être empoisonnée de parasites fanatiques. Quoi qu’il en soit, il était important de profiter de ces petits moments de tranquillité que leur offrait le destin accompagné d’un vieil ami assis tranquillement à discuter sous les arômes subtils d’une tarte caramélisant.

Le sourire de la naine retrouva sa place attitrée alors que Bofur lui avouait vouloir l’avoir près de lui lorsqu’il s’en allait d’Ered Luin. C’était ces petits mots qui pour Raeryan comptaient le plus et qui faisaient la beauté de son métier. Etre appréciée, se sentir presqu’indispensable et la confiance que l’on pouvait lui accorder étaient des sentiments qui provoquaient en Raeryan une idée de victoire, d’accomplissement de ses vœux d’autrefois. Du moment où on la quémandait, elle avait alors tout gagné et venant d’un ami de longue date, ça avait alors le double don de lui faire monter le rose aux joues. Un petit rire nerveux fit plisser le bout de son nez et la naine lui répondit d’abord d’un geste de main modeste.


Les rares fois où la naine sortait des montagnes bleues, c’était en tant que membre d’une expédition avec des guérisseurs pour la cueillette ou pour partager et découvrir de nouvelles choses avec d’autres guérisseurs presque toutes races confondues. S’absenter trop longtemps sans être sure d’être remplacée était quelque chose de tout à fait impossible à faire pour Raeryan. Et même lorsqu’elle s’en allait, l’idée qu’il puisse se passer quelque chose sans qu’elle soit présente la hantait. En revanche, il avait raison sur le fait qu’elle ferait bien de penser à prendre un apprenti sous peu, histoire de transmettre ses connaissances, d’être aidée et de laisser sa place lorsqu’elle n’aura plus la force de faire tout ce qu’elle fait. Ce temps était encore loin, mais former quelqu’un est  un dur labeur, qui demande du temps et beaucoup de pédagogie.


A peine le temps de terminer sa phrase que Raeryan donna une tape sur la main non blessée de son ami alors qu’il s’aventurait à se gratter après avoir eu son accord pour fumer tranquillement. Il ne fallait surtout pas qu’il fasse cela sous peine d’infecter la plaie et de compromettre les soins qu’elle lui avait offerts.


La naine avait tout à fait conscience que ce geste pouvait devenir instinctif mais pour sa bonne guérison il devait absolument faire attention. Et puisqu’il n’avait pas fait attention, il était alors important de lui faire une piqure de rappel sur la situation et sur les mesures qu’elle pourrait éventuellement prendre dans le cas où il ne serait pas assez attentif. Raeryan voulait à tout prix lui éviter de perdre sa main, et même s’il en était loin, tout commence par une lésion !


Sans oublier le fait qu’elle serait on-ne peut-plus capable de le faire.

Bofur comprendrait tout à fait, et lorsqu’il cessa de se gratter - dans la mesure où elle ne lui avait absolument pas laissé le choix soit dit en passant, la jeune naine retrouva son beau sourire. Elle était attendrie par son ami, ayant tout de même de la peine par la frustration que pourrait lui faire cette blessure entre les démangeaisons, la douleur et la nécessité d’être prudent. Pour quelqu’un qui a besoin de ses deux mains pour gagner sa vie c’était réellement un manque de chance…Mais Bofur n’avait juste qu’à se montrer patient, prudent et les choses allaient alors rapidement rentrer dans l’ordre. Raeryan se leva soudainement, sans prévenir pour quitter la pièce alors qu’elle venait soudainement de se rendre compte qu’elle ne lui avait rien proposé à boire. Elle en oubliait ses manières à force de recevoir à l’improviste pour des blessures !! Et du coup, même si habituellement elle avait la généreuse tendance à offrir de la bière coulant à flots, le fait qu’il soit blessé le dispensait temporairement d’alcool. Alors c’est non sans surprise qu’elle revint avec du thé, émanant de douces senteurs hespéridées et citronnées choisies spécialement pour soutenir le gout de la tarte qui arriverait sous peu.


Là, ça lui écarterait l’envie de se gratter.

Bofur avait arrêté de se gratter sous les semblants de menaces qu’elle lui avait proférées. Il n’en risquait pas tant à vrai dire même si elle en était bien capable mais ça avait eu le bon avantage de l’inciter à arrêter voire de ne plus recommencer et c’était tant mieux. Elle le remercia alors d’un sourire qui creusa ses joues de ses deux fossettes tandis qu’il avait l’air assez déçu d’avoir un thé au premier abord. Ah ! Ça, elle s’y était attendu, car tout nain qui se respecte boit de la bière comme il mine et dort. Mais pas cette fois ci, pas en cas de blessure et encore, elle avait eu la bonté de l’accompagner dans une tasse de thé alors qu’elle, rien ne la privait de boire une bonne bière puisqu’elle était en parfaite santé. Mais non, elle n’aurait jamais pensé le faire et du coup cette petite entrevue continua sur une dégustation d’un bon thé. Même Bofur semblait finalement y avoir pris gout alors qu’il avait deviné les intentions de la guérisseuse. Bofur est un nain fort heureusement qui comprend très bien et très vite les choses. Ce trait de caractère avait aussi contribué à ce qu’ils deviennent de bons amis dans la mesure où ils savent faire la par des choses et qu’ils se comprennent sans avoir besoin de justifier quoi que ce soit.


Les nains ont la main lourde lorsqu’il s’agit de boire, il n’est pas rare que bon nombre d’entre eux se blessent de manière inconsciente alors qu’ils ont festoyé juste avant de travailler. C’était dans les coutumes, elle ne disait rien et n’avait absolument rien contre la consommation de bière, mais parfois c’était assez exaspérant d’en voir des blessés de manière aussi stupide que comme cela.

Lorsque Bofur tomba à la renverse rien qu’à l’idée de changer de couleur, Raeryan pouffa de rire, elle ne s’y attendait jamais bien qu’elle soit habituée à ce qu’il soit très expressif. Pas pour se moquer, bien au contraire, elle appréciait grandement le tempérament bon vivant de Bofur et surtout sa capacité à dérider n’importe qui juste en s’esclaffant de rire. Elle n’avait jamais besoin de dédramatiser les choses, il le faisait déjà très bien tout seul mais il ne fallait pas non plus qu’il perde conscience qu’il pourrait effectivement se faire contaminer s’il ne faisait pas attention ou si par malheur il continuait de se gratter. Ainsi Raeryan comme un véritable ange gardien penserait à lui donner deux trois choses plus tard afin d’être sure qu’il ne prenne pas non plus la fièvre. Mais en attendant elle l’aida un peu plus en lui prêtant le bras pour qu’il se relève sans mal. Elle lui remit aussi son chapeau sur la tête après l’avoir épousseté. Là, il était adorable ! Elle avait beaucoup de chance de l’avoir dans son entourage et son sourire lui apporterait de la motivation pour plusieurs jours à venir. Une fois remis sur place, Raeryan lui lança un doux sourire, tapotant sur sa tête pour le rassurer quand même.


La naine trempa ses lèvres dans le thé qui la réchauffa instantanément. C’est qu’il ne faisait pas très chaud ces temps-ci, ce qui ne contribuait pas à la bonne santé des nains. Ils avaient beau être robustes et résistants, quand le rhume est là mieux vaut ne pas laisser les choses aller de pire en pire car après ça peut tourner en un véritable désastre ! En parlant de désastre, elle se leva soudainement après avoir jeté un œil à la pendule. Sa tarte devait être prête et si elle attendait trop, ça allait carboniser…


Raeryan se dirigea vers la cuisine dans de grandes foulées. Elle avait alors oublié le désordre et Bofur pouvait contempler le carnage qu’elle avait fait dans sa cuisine. La naine senti le rouge lui monter aux joues, honteuse qu’il voie un tel spectacle alors qu’un médecin se devait d’être irréprochable. Comme quoi on a tous ses petits défauts et parfois ils sont plus importants que ce qu’on imagine. Raeryan a toujours été quelqu’un d’assez maladroit en vérité et qui a aussi souvent le chic pour se retrouver dans des situations délicates. Avec le temps ça s’est arrangé mais il n’est pas rare de la voir dans des situations parfois inconfortables et encore, là c’était gentil…Se stoppant net sur le seuil, prise de ce gros malaise, elle se retourna vers son ami un large sourire gêné aux lèvres pour tenter de le préserver de cette vision qui la décrédibiliserait. Et finalement elle attrapa deux assiettes propres sur le côté et les lui donna avant de l’inviter à les installer le temps qu’elle arrange tout ça. La naine ferma la porte et s’empressa de donner un coup de balai vite fait bien fait pour évacuer toute la farine au sol. Elle jeta les ustensiles usagés dans l’évier dans le but de les nettoyer plus tard et passa enfin un coup de propre sur son plan de travail, le tout en quelques minutes. C’était vite fait bien fait mais ça avait pris plus de temps que nécessaire à la tarte de caraméliser. Ce n’était pas l’odeur qui commençait à être de plus en plus présente mais parce qu’elle venait juste de se demander ce qu’elle était venue faire ici finalement. Elle s’empressa vers le four, ouvrit la vitre de protection et fort heureusement ça ne fumait pas encore. Dans la panique, elle failli oublier de se protéger les mains avant d’empoigner le plat alors elle avait dû stopper son élan, faire demi-tour, attraper des gants et plongea les bras dans le four pour en extirper la tarte. Enfin ! Raeryan posa le plat sur son plan de travail et s’essuya le front après avoir retiré ses gants. Elle n’avait pas trop subi, comme à chaque fois elle s’en tirait de justesse et du coup elle pourrait la présenter à Bofur sans craindre qu’il ne grimace.
La naine revint dans le salon, la tarte bien présentée sur un plateau qu’elle posa sur la table. Elle était alors fière de son dur labeur qui lui avait causé des salissures, de la honte et une tonne de vaisselle à faire. Mais ce ne serait rien à côté du bon moment passé en compagnie de son ami.

Son ami confectionneur de jouets n’avait jamais été avare de compliments tout comme son hôte ne retenait jamais ses larges sourires. Elle appréciait grandement Bofur pour sa simplicité, le fait qu’il ne s’embarrasse pas de sous entendus et qu’il savait apprécier le travail des autres à leur juste valeur. Alors l’entendre la féliciter sur sa tarte, c’était toujours très agréable pour Raeryan, tout comme le fait qu’il l’aurait aisément imaginée cuisinière si elle n’avait pas choisi la voie des remèdes. Un dernier compliment qui arracha d’ailleurs un peu plus de sourires à la guérisseuse tandis qu’elle dégustait encore sa part. opur sûr elle le prendrait comme apprenti si c’est ce qu’il voulait, étant aussi habile de ses mains, il ne lui faisait pas de doute que Bofur saurait aussi bien se défendre en matière de pâtisseries. De plus, Bombur en serait d’autant plus ravi…Le fait de mélanger la cuisine aux remèdes lui remémorait cette nuit où elle avait soigné Fili et qu’il lui avait suggéré de rendre certains remèdes plus agréables au gout avec ses talents de cuisinière. Ce n’était pas infaisable mais ça demanderait beaucoup de travail de recherche dans le sens ou certaines plantes ne pouvaient être mélangées avec certaines substances sous peine de perdre leurs vertus.

« Je te remercie Bofur !!!» Lui répondit-elle en rougissant légèrement

Quoi qu’il en soit Bofur voyait ça sous un autre angle et ses dernières remarques furent tout aussi bien accueillies que ses compliments


En y réfléchissant, peut être que c’tait pour cela qu’elle en mettait de partout à chaque fois qu’elle essayait de cuisiner car cela relève plus de l’habitude que de formules précises ; Elle avait alors cette fâcheuse tendance à se laisser vite déborder lorsque rien n’était mesuré au gramme près. Mais au final, c’était toujours le résultat d’un travail acharné sur lequel louchait encore Bofur après cette première part engloutie. Elle le savait gourmand, heureusement qu’il y en avait bien assez pour qu’il puisse en profiter !!

Mais alors qu’elle se redressa pour lui servir une autre part, trois coups secs retentirent contre la porte. Coupée court dans son élan, elle reposa la tarte dans le plat et s’excusa auprès de Bofur, lui indiquant qu’elle devait aller ouvrir.

Elle savait très bien de qui il s’agissait, aussi elle se dirigea vers la porte d’un pas hâtif et l’ouvrit sans plus attendre. Loin avait passé la matinée chez la tante de la guérisseuse alors qu’elle avait souhaité lui confectionner quelques vêtements. La naine avait déjà ce sourire radieux aux lèvres rien qu’en devinant qui se tenait sur le seuil de sa maison ; Et Il n’en fut que plus grand lorsqu’elle rencontra ces grands yeux bleus pourtant encore abîmés par les évènements. La guérisseuse se baissa à la hauteur de Loin et, comme elle avait l’habitude de le faire, elle lui offrit ses bras pour le serrer contre elle. Elle avait énormément d’affection pour ce jeune nain dont la présence chez elle était presque devenu évident. Même s’il n’était pas destiné à rester, la guérisseuse souhaitait profiter de ces instants là où elle donnait tout de sa personne pour lui rendre le sourire. N’ayant pas eu d’enfant jusque là, cette soudaine compagnie avait changé bien des choses chez Raeryan ; elle paraissait moins stressée et plus heureuse. Pourtant avoir Loin n’était pas de tout repos étant donné les faits qu’il avait subi mais il n’en était pas moins sage, intelligent et il appréciait aussi les petits signes d’affection qu’elle lui démontrait. Ce n’était pas de la pitié, ni de la compassion, elle avait juste envie de lui faire plaisir et de l’aider à grandir comme tous les nains de son âge et tout le monde sait que la bienveillance de Raeryan ne connait aucune limite. D’ailleurs, il serait probablement content de savoir qu’aujourd’hui elle avait fait une belle tarte aux fraises, probablement qu’il l’avait déjà sentie depuis l’extérieur. Loin était accompagné de l’oncle de la guérisseuse qui avait dû se proposer pour le ramener jusque chez elle. Ce dernier se faisait très vieux mais lorsqu’il s’agissait de rester avec Loin il pouvait faire au moins trois ou quatre fois l’aller retour. Toutefois il eut le droit à un regard lourd de sermons de la part de sa nièce guérisseuse qui lui avait pourtant restreint ses déplacements au vu de ses problèmes alors qu’elle se redressait pour lui faire face.


Le nain étouffa un rire avant de saluer une dernière fois les deux nains et disparu au détour du chemin pour rentrer chez lui. La guérisseuse quand à elle laissa le jeune nain entrer, et découvrir de lui-même l’agréable compagnie qu’ils avaient ce jour là. La maison de Raeryan était alors un semblant de foyer pour Loin alors qu’elle lui laissait se mettre à ses aises, se servir dans les placards, comme s’il était chez lui et ce depuis le jour de son arrivée.