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Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...
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 Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...

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MessageSujet: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyVen 23 Mai 2014 - 0:16

« J’étouffe… »

Ysée avait murmuré. Elle fixait le plafond, couchée sur son lit dérangé, d’où s’échappaient l’odeur de plusieurs hommes et qui étouffaient la sienne. Une semi-pénombre enveloppait la chambrée, aux murs rouge sang, dont la peinture s’écaillait progressivement. La moisissure dévorait les recoins de la pièce, emplissant l’atmosphère d’une odeur lourde et désagréable. La jeune fille avait mal au crâne et plissa les yeux, une douleur lancinante lui transperçant les tempes. Elle essayait de dormir depuis un bon moment, en vain. Cela faisait plusieurs nuits que le sommeil l’abandonnait, la laissant plus épuisée de jour en jour, et elle ne supportait vraiment plus les assauts de ces hommes cupides de sexe. Ce soir-là, n’ayant que quelques maigres heures de sommeil depuis une semaine, elle se sentait défaillir. Elle repensait à peine au lendemain, son labeur recommençant dès les premières heures du jour, qu’elle en avait une nausée incroyable. C’est vrai qu’elle avait toujours eu du mal à encaisser cette vie de catin, surtout ces huit dernières années, mais depuis que son Maître actuel l’avait punie à forts coups de reins violentant ses fraîches entrailles, elle en devenait malade.

Deux semaines s’étaient écoulées depuis. Au début, elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, à s’en assécher la gorge et à s’en brûler les yeux comme si elle larmoyait de l’acide. Trois jours passèrent où elle dut bosser plus dure que les autres filles alors qu’elle ne désirait baiser qu’avec la mort. Le Maître la tenait à l’œil, ne la lâchait quasiment jamais, la menaçant du regard si elle osait seulement repenser à mettre fin à sa vie. Sa vie si misérable… D’allongée, elle changea de position dans sa couche, et se mit dans une position fœtale, les genoux rapprochés contre sa poitrine menue et martyrisée par des mains brutales, serrant ses cuisses, la tête enfouie dans ses poings crispés. On aurait pu penser à une enfant d’une dizaine d’années en la voyant là, si maigrichonne, si fragile, si démunie face à ce seul monde étroit qu’elle connaissait. Elle aurait pu se remettre à pleurer, mais non ; cela faisait quelques jours que plus rien n’arrivait à couler de ses yeux devenus aussi secs qu’un désert… Tel son cœur. Elle gardait ses paupières relevées, explorant la lumière tamisée qui ne dévoilait qu’une partie de la pièce. Son cerveau se mit à tourbillonner de diverses pensées. Cela faisait un bon moment qu’elle avait cessé de se plaindre et de se lamenter sur son sort. Ce soir, elle arrivait même à ressentir de la hargne… Son visage se déforma, traversé par une haine immense, sentiment encore maladroit car tout nouveau pour elle. Ysée s’en mordit la lèvre à sang, tant elle aurait voulu sortir de sa chambre et tuer le Maître. Lorsqu’elle sentit la petite douleur à sa bouche, elle en fut surprise et attrapa vivement un mouchoir sale pour éponger le peu de sang qui maculait son menton. Assise dans son lit défoncé, le centre plus bas que la tête et le pied du lit, elle sentit une énergie l’atteindre. La jeune fille se mit à trembler, petits spasmes invisibles, et elle faillit céder à la panique. Son regard se planta à nouveau sur le mur, dans le vague, elle n’arrivait plus à mettre ses idées en place ; elle allait devenir complètement folle.

Partir. Elle devait partir, sans quoi elle perdrait la tête, la seule chose qui lui restait, puisque son corps avait été maintes fois souillé et que son honneur en était détruit. Mais comment faire ? Elle n’avait ni argent, ni nourriture, et cette fichue porte était fermée à clef. Impulsive, elle se dressa brusquement et avança d’un pas décidé vers la porte, attrapa vivement la poignée, tremblante, et la secoua. Fermée, bel et bien fermée ! Ysée gémit, aurait voulu appeler à l’aide, mais qui pourrait bien lui venir en aide ? Le Maître lui ferait subir pis encore que la dernière fois et aucune des autres filles n’oseraient soutenir son escapade. Pourtant, cette idée à peine germée dans sa tête qu’elle ne pourrait plus s’en débarrasser. Elle devait sortir d’ici, et vite ! Même si elle devrait mourir dans peu de temps, au moins aurait-elle connu autre chose que ce cauchemar…

Le cœur battant à s’en rompre les cotes, elle se mit à tourner sur elle-même, se tapant le front de ses paumes, cherchant à tout prix une idée lumineuse pour pouvoir fuir. Sa respiration se faisait saccadée, elle tournicotait, faisait les cent pas, poussant des petits cris d’angoisse, à bout de nerfs. Enfin, elle trouva la seule solution possible. Elle cessa de s’agiter, se rua contre un des murs de sa chambre et, à genoux, se mit à frapper de l'index recroquevillé dans un rythme bien précis. Toc. Toc, toc, toc. Toc. Toc, toc. Et elle recommença, inlassablement, jusqu’à ce qu’un bruit sourd, dans un autre rythme, lui réponde. Ysée soupira, soulagée. Quoique peu enclines à risquer de contrarier le Maître directement, les catins du bordel restaient toujours assez solidaires pour les petits services. Même si ce qu’allait demander Ysée à celle qui lui répondait au-delà du mur était plus qu’un simple petit service, elle espérait de tout cœur qu’elle accepte. Grâce à ce code simple et efficace, Ysée lui communiqua son désir de fuir cet endroit. Vivany lui répondit qu’elle ne devait pas faire ça, sous-entendant ce qu’elle risquait – toutes savaient bien de quoi était capable le Maître, et Ysée était bien placée pour le savoir. Elle grimaça, eut un relent de dégoût en repensant à son viol, faillit lâcher prise… et se reprit. Elle se donna une gifle pour se ressaisir, et se remit à toquer frénétiquement. Elle insista et implora Vivany de trouver les clefs et de la faire sortir de sa chambre, juste de sa chambre. Rien d’autre. Silence. Ysée attendit de longues minutes, le dos voûté, et lorsqu’elle comprit que Vivany refusait d’être complice, elle s’écroula sur la moquette sale. Pour s’empêcher de hurler, elle plaça son maigre poignet entre ses dents et se mordit la chair à sang, étouffant cri sur cri, martelant le sol de son autre main, envahie par le désespoir.

Alors, entre deux plaintes, elle entendit un léger cliquetis. Elle se redressa, assise par terre, et ses yeux se braquèrent sur la serrure. Vivany ! Elle sauta sur ses pieds, aussi agile et silencieuse qu’un chat tout à coup, et contempla Vivany qui pénétrait dans la chambrée. La terreur la défigurait, mais elle était venue... Sans un mot, presque sans respirer, Ysée fonça sur sa sauveuse et la serra contre elle. Elle aurait pu la briser en deux tant sa reconnaissance était immense. Toujours sans rien dire, elle lui prit le visage entre les mains, les yeux embués de larmes, et embrassa ses joues, son front, son nez. Vivany, une noiraude à la peau pâle, de grands yeux bleus baissés, se laissait faire, un demi-sourire étirant sa bouche comme une cerise. Elle susurra à Ysée de se dépêcher, qu’elle puisse remettre le trousseau de clefs là où devait se trouver. La fugueuse acquiesça et bondit sur les rares vêtements qu’elle possédait ainsi qu’un sac peu pratique pour le voyage, mais le seul qu’elle avait. Elle se changea, sans aucune pudeur, retirant l’horrible robe grisâtre et enfilant un pantalon rapiécé et une blouse à manches longues. La nuit étant fraîche, elle se recouvrit d’un maximum de vêtements pour le torse, une chemise d’homme, une autre blouse un peu plus chaude. Elle chaussa ses bottines en piteux état, qui prendraient la première pluie, et se dirigea vers la sortie, son sac en bandoulière sur une épaule, Vivany sur ses talons. Elle ouvrit doucement la porte de la demeure. Ysée inspecta la nuit noire et huma l’air qui sentait la liberté, fit un pas vers elle. Elle se retourna et embrassa Vivany, la remercia pendant de longues minutes où elle la garda contre sa poitrine, les deux jeunes filles prêtes à éclater en sanglots. Ysée était triste de la laisser derrière elle mais elle savait que Vivany n'aurait pas le cran de la suivre. Elle respira profondément, lui fit un ultime adieu, et elle s’élança vers l’inconnu.

La chenille soumise s’était transformée en un papillon désireux de s’envoler, d’être libre. Quitte à mourir demain.

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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyVen 30 Mai 2014 - 12:35





Vers une vie nouvelle...
Gondor






Le Soleil s'était de nombreuses fois levé sur la Cité Blanche, illuminant les piliers des bâtisses, faisant rougir le quartier des tanneurs qui préparaient la peau, qui tannait le cuir afin de fournir la matière nécessaire à ceux qui aurait besoin de telles fournitures.
C'était la dernière journée que la jeune fille Blonde originaire du Vallon des Fleurs passait en ces murs, elle avait pris la décision de partir après ce jour de labeur, elle aurait engrangé la paye des ces derniers temps, son paquetage déjà près elle n'avait plus qu'à saluer ceux avec qui elle avait passé les derniers mois et elle partirait, alors que le Soleil disparaîtrait derrière l'horizon. Elle aurait sans doute peur, froid et faim avant de trouver ce qu'elle cherchait, elle n'en avait d'ailleurs pas vraiment idée, elle savait qu'elle devait partir, un tintement ténu dans son esprit comme une certitude au plus profond de son être. Le son c'était fait de plus en plus lancinant ces derniers temps et lorsqu'elle avait décidé que le moment était venu, il s'était tue.

Elle se souvenait de chaque jours qu'elle avait passé dans la Cité des Rois de Jadis, des rires auxquels elle avait joint le sien, des repas qu'elle avait partagé et il lui avait semblé quitter peu à peu l'enfance alors qu'elle se devait de travailler pour gagner de quoi se nourrir, se vêtir, elle voyait dans la cité des choses pour lesquelles elle n'aurait jamais soupçonné l'existence. Le Lossarnach n'était pas une région immensément riche, mais il n'y avait nulle mendicité, une pauvreté partagée mais pas d'écart si grand entre les nobles et les pauvres hères. Elle avait de nombreuses fois regardé avec pitié ces gens si pauvres à qui elle donnait parfois la moitié de son repas, mais elle ne pouvait se priver pour eux, elle gagnait déjà si peu et la vieille Pom était si bonne avec elle qu'elle se devait de partager son gagne-pain pour l'aide qu'elle lui apportait.
Au tout début, lorsque Pom l'avait aidée à trouver sa place à la tannerie, le travail s'était avéré difficile pour la jeun fille frêle et douce qu'était Isolde. Le nettoyage des peaux de bestiaux parfois encore pleine de sang avait de nombreuses fois donné la nausée à la jeune blonde mais elle avait du surpasser cette répugnance et ce dégoût si elle désirait manger ainsi que mettre quelques piécettes de côté pour se payer une monture qui remplacerait le fidèle ami qu'avait été Belefast, son cheval tué par un Lynx alors quelle tentait de rallier Minas Thirith. Elle avait travaillé avec acharnement pour réussir aussi bien que les tanneurs habitués depuis de longues années à ce travail, mais elle ne désirait pas faire cela toute sa vie.
Ses mains étaient devenus moins douces, sa peau avait perdu son teint de porcelaine, elle ne sentait plus son cœur se soulever à la vue du sang, mais elle n'était pas faite pour tout ceci.

Sa décision avait été mûrement réfléchie, elle ne souhaitait en aucun cas passer le restant de ses jours dans la Citadelle, elle souhait voir l'Argontah, la forêtFangorn bien qu'elle n'oserait sans doute jamais si aventurer, le Rohan et ses Mearas, aller jusqu'en Eriador, loin des plateaux du Mordor, car les nuages paraissaient si clairs de l'autre côté de la Terre du Milieu. Voir la mer aussi, elle en rêvait, peut-être trouverait-elle de quoi s'abriter près des falaises, un petit travail pour l'aider à subsister, mais surtout un cheval pour qu'elle puisse parcourir ces lieux.
Elle avait envie d'apprendre à lire, à écrire et nul archiviste de la Citadelle ne l'aiderait sans lui demandant de monnayer cet enseignement et elle n'en avait pas les moyens, elle voulait partir et non pas attendre que les voyageurs de passage ne comptent les merveilles qu'ils avaient vues.
Elle n'avait plus aucune raison de rester en Gondor si ce n'était la vieille femme si bonne qui l'avait aidée, accueillie et bien qu'elle l'aimât profondément, cette dernière avait toujours su que la jeune fille partirait un jour ou l'autre. Elle lui avait mis quelques provisions dans un baluchon qui contenait désormais un pain sombre qui se conserverait longtemps, quelques morceau de viande séchée et des fruits secs. Tout ceci n'était que maigre victuailles et la demoiselles savait qu'elle devrait s'en procurer d'autre, peut-être même poser de pièges mais n'ayant jamais fait cela, elle espérait simplement arriver le plus rapidement possible dans des bourgades qui lui permettrait, contre travail, de se sustenter.


Elle venait de dépasser les lourdes et grandes portes de Minas Thirith, vérifiant une dernière fois qu'elle avait toutes ses possessions, la ceinture qu'elle avait travaillé avec le cuir qu'elle avait elle-même tanné, sans doute bien moins beau que celui gardé pour la vente car le morceau avait été jugé bon à mettre de côté pour un usage moins noble, ses provisions, sa couverture,et les peu de frusqus qu'elle possédait. Tout semblait y être.
Les gardes de la Citadelle lui demandèrent de faire attention alors qu'elle les dépassait, car au dehors, les choses étaient bien plus sombres à la nuit tombée. Pendant un court instant elle cru rebrousser chemin, mais elle s'abstint, se fustigeant mentalement pour tenir droite et continuer vers le but qu'elle s'était fixée. Si elle renonçait maintenant, ce qu'elle avait sacrifié l'aurait été en vain et elle ne le souhaitait en aucun cas.
Elle marcha quelque temps lorsque le nuit commença à tomber, recouvrant de son voile sombre les environs, elle décida alors qu'il était temps de trouver un abris pour la nuit.
Elle trouva ce qui du être il y a bien longtemps un muret de pierre derrière lequel elle s'abrita dans la perspective d'y passer la nuit. Elle voyait encore les feux qui brûlaient dans la Cité Blanche, comme pour lui rappeler qu'à tout moment elle pouvait revenir. Elle alluma un petit feu avec les restant de fagots branchages qui traînaient là, prenant soin de ne pas s'attarder sur les insectes qui pourrait se trouver à l'intérieur de la vielle souche qu'elle avait récupéré. Elle cacha soigneusement ses provisions avant de mettre en place sa modeste couche, elle avait déjà pris un repas avant de partir et il était inutile de prendre dans ce qu'elle emmenait avec elle. Elle vérifia que la modeste bourse cousue dans des chutes de cuir était toujours présente à l'intérieur de ses robes simples. Une fois la chose faîte, elle rabattit sur elle sa maigre couverture, laissant le petit feu crépité à côté d'elle. Isolde avait d'ailleurs commencé à somnoler en se couchant dessus lorsqu'un bruit lui tira un sursaut, elle ne pu s'empêcher de laisser échapper une interrogation inquiète.

« Qui va-là? »



Il lui avait semblé entendre un bruit, mais peut-être étais-ce son imagination, après tout, cela faisait de longs mois qu'elle n'avait plus ainsi dormis dehors mais plutôt à l'abri dans la petite masure de la vieille Pom. Elle se redressa néanmoins, enflammant comme elle pu un bout de tissu prévu pour être usité comme torche et s'avança, bien naïvement avec son unique ustensile de cuisine qu'elle avait emporté  pour se défendre comme elle l'avait fait avec l'homme ivre à la tannerie le mois dernier en l'assommant. Elle doutait que le récipient de fer ait eût une quelconque utilité dans le cas où le bruit aurait été un orc. Elle priait pour que ce ne fût pas le cas, elle aurait eu bien du mal à se défendre, mais sans doute cela était-il un simple mulot. Elle se dirigea donc vers l'origine du bruit, la gorge serrée d'appréhension, tentant de respirer calmement mal grès la peur qui lui tiraillait le ventre.  











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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyMer 4 Juin 2014 - 1:03

Du bordel à l’entrée de Minas Tirith, il y avait tout de même un bon chemin à parcourir, et Ysée ne le connaissait pas bien. A peine trois ruelles plus loin, elle se sentit perdue, elle avançait, revenait sur ses pas, tournant sur elle-même, le visage tendu d’un côté ou de l’autre, essayant vainement de reconnaître les lieux. Mais comment pouvait-on reconnaître quelque chose qu’on n’avait tout simplement jamais vu ? Prise au dépourvu, elle eut un léger vertige. Elle était tellement pleine d’entrain, pleine de foi pour son avenir, qu’elle avait fui sans même réfléchir. La voilà, idiote, seule et sans le sou, paumée dans sa propre ville, incapable d’en trouver la sortie. Sa liberté, tant rêvée et tant redoutée, avait déjà un goût de fin… A nouveau prise d’assaut par l’angoisse, elle dut se tenir à la façade d’une auberge, d’où sortaient les bruits de vaisselles et les rires des poivrots du coin. Elle eut une moue de dégoût. A cette heure si tardive, on ne trouvait de la vie et des gens qu’en ces  endroits grouillant de salopards, comme ceux qui prenaient un malin plaisir à lui explorer l’utérus à coup de baïonnette organique. Ysée ne put se résoudre à y pénétrer pour demander son chemin ; ce n’était pas la peur d’avoir honte, et qu’on se moquât d’elle – Ysée ne savait même pas ce que voulait dire « être fier » - mais elle craignait d’être tripotée par quelques hommes au passage, qu’on lise sur son visage le métier de son existence et qu’on pense pouvoir quémander, voire voler, ses bas services. Elle hésita, se retrouva face à la grande porte de bois entr’ouverte, d’où s’échappaient les volutes d’alcool et de pipes, puis fit volte-face et trottina loin de ce lieu de déviances. Plus loin, au bout de la rue principale, elle reprit son souffle ainsi qu’une marche plus calme, plus posée… Rue principale ? Elle leva le nez, et porta son regard le plus loin possible dans cette obscurité à peine éclairée de quelques loupiottes faiblardes. Un petit sourire naquit sur sa bouche discrète. Elle se souvenait avoir entendu que les grandes rues des villes se dirigeaient souvent vers leur sortie, elles permettaient aux convois de marchandise de traverser les quartiers plus facilement et plus rapidement. Soudainement guillerette, elle entreprit de marcher le long de la large voie pavée, se demandant à peine si elle allait dans la bonne direction. Peu importe ! Si ce n’était pas le cas, il lui suffirait de faire demi-tour et d’aller à l’autre extrémité. En soi, elle avait maintenant la vie devant elle pour s’approprier la liberté, et ses dangers d’ailleurs ! Enfin… La vie, peut-être pas. Mieux valait pour elle de quitter la cité au plus vite, au risque d’être retrouvée par son ancien Maître. Et Ysée ne voulait même pas essayer d’imaginer le sort qu’il lui réserverait s’il la récupérait…

Une bonne heure plus tard, de marche assez intense – elle était quand même pressée de laisser derrière elle cette ville crasseuse, où toutes les rues et les quartiers se ressemblent dans le bas de la cité, et où chaque recoin lui rappelait sa misérable condition – elle vit enfin les grandes portes tant désirées. Quoique l’heure ne fût pas propice à une balade dans les plaines, les gardes n’eurent pas l’air de discuter et la laissèrent passer sans chamboulement quelconque. Elle fut assez soulagée de voir qu’aucun de ces deux hommes ne tenta de la toucher, ceci dit, elle trottina, happée par cette crainte, jusqu’à ce que plusieurs mètres la sépare d’eux. En regardant en arrière, elle les vit rire entre eux, sans même faire attention à elle plus longtemps. Ysée en fut réellement surprise, ce qui la planta sur place un bref instant, presque bouchée bée. Des hommes qui ne voulaient pas son sexe ! L’étonnement passé, elle s’engagea sur la route gravillonneuse, qui lui fit un peu mal aux pieds à peine protégés par des semelles en piteux état, mais elle ne s’en plaignit point, même en son for intérieur. Le vent frais sur son visage, ce parfum des grands espaces la faisait frémir d’une joie timide ; elle était là, enfin,  loin de la puanteur de la ville, surtout dans les quartiers où elle a toujours vécu, où les bicoques fétides étaient mitoyennes aux masures croulantes… Ici, pas de mauvaises odeurs, aucun pestilence venant agresser ses fragiles narines, elle ne sentait que les effluves nocturnes, les délicates senteurs de nombreuses fleurs et autres plantes. Ysée, prise d’une étrange ivresse, écarta les bras en croix, rejeta son visage en arrière, offrant sa gorge à la voûte étoilée, et poussa un long et profond cri d’allégresse. Les Valar pourraient, sans conteste, prendre cela pour un remerciement.

La tête lui tournait, elle ne se sentait plus de joie, elle ne ressentait ni la faim, ni le froid, ni la fatigue. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter, comme elle se sentait à ce moment précis. Son monde venait de changer, irrémédiablement changer, et de façon irréversible, l’espérait-elle. Ses zygomatiques la torturaient, tant elle souriait, à s’en déformer les joues, à se creuser des rides joyeuses cette nuit-même et pour toute sa vie. Jamais elle n’aurait cru pouvoir ressentir une chose pareille. Le pied léger, dansant même, elle engagea son voyage, bien partie pour des jours et des jours à ce rythme effréné. Alors qu’elle passait le long d’un vieux muret de pierre, elle sentit et entendit le doux crépitement d’un feu de bois. Curieuse, juste curieuse, elle ne résista pas à l’envie de jeter un œil par-dessus le muret. Juste une seconde… Le problème, c’est qu’en jouant les grimpeuses équilibristes sur des pierres mal placées entre elles, elle ne put éviter la chute maladroite. L’idiote s’écroula dans l’herbe épaisse, ce qui amortit heureusement sa chute tout un étouffant le bruit mat de son corps s’écrasant dans la terre molle. Une branchette se craqua tout de même sous son poids. Aussitôt, une voix retentit, empreinte de peur :

« Qui va là ? »

Tous ses sens en alerte, Ysée ne bougea plus, terrifiée, tapie dans un buisson où elle s’était furtivement glissée. Après un instant de réflexion, elle se rendit compte que c’était une voix de femme… Qui plus est, elle semblait mal assurée. Ysée ne craignait que les hommes – ignorante du monde, elle n’avait pas connaissance des créatures bien plus dangereuses que les simples hommes de la basse société du Gondor. De ce fait, elle décida de se montrer à l’autre jeune femme. Elle s’avança, à peine éclairée par la lueur hésitante du feu ; juste assez pour révéler sa finesse, ses hanches féminines, son allure générale si frêle qu’elle ne pouvait effrayer personne.

« Excusez-moi… Je ne voulais pas vous effrayer. Je ne faisais que passer… »

Habituée à se morfondre en excuses, elle fit quelques pas de plus, face à l’inconnue, se pencha en avant, tête basse, comme une parfaite soumise. Ainsi, elle prononça encore des excuses, à grands renforts de bafouillements.
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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyDim 15 Juin 2014 - 20:02




Vers une vie nouvelle...
Gondor






Elle avait entendu un cri au loin, avant d'allumer son maigre feu, un cri qui semblait humain, joyeux mais qui dans la nuit et les ombres résonnait lugubrement en écho. Un frisson l'avait parcourue, lui laissant imaginer des êtres bien sinistres qui auraient couru la lande. Elle s'était inquiétée avant de chasser ce malaise pour se préparer une couche sur laquelle passer la nuit après avoir pris soin d'allumer un maigre feu. Elle s'était allongée pour s'endormir tranquillement, bercée par le crépitement du feu
Un craquement avait retentis dans la nuit alors qu'elle venait juste de clore ses yeux, un son sec après un bruit mat, un branchage cassé sous le poids d'un corps, sans doute cela n'était-il qu'une pierre qui avait glissé du mur après une journée trop ensoleillé pour la vieillesse de la construction, un simple caillou qui était tombé lourdement avant de rouler sur un branchage. Elle avait tenté de se persuader que tel était la raison de ces bruits mais la surprise éloignait ces mots qui se voulaient rassurant de son esprit.

Elle s'était en effet dressée, effrayée par le son et les images que son imagination laissait passer. Elle avait peur bien qu'elle tenta de tenir bon, sous une voix qui se voulait assurée mais ne l'était pas du tout,  cherchant du regard  l'origine du bruit, scrutant les buissons, le sol, sans ne rien percevoir. Elle allait se détourner, le cœur battant, encre transit d'effroi à craindre le pire pour elle à cette heure si tardive. Elle allait se glisser dans ses couvertures de nouveau et prier les dieux que rien ne lui arrive avant de passer une nuit peuplée de cauchemars si elle réussissait à trouver le sommeil. Elle allait faire tout cela oui quand soudain, une silhouette apparue, dans les ombres dansantes du feu, au milieu de la pénombre, derrière ce muret de pierre qui s'érigeait comme un rempart entre la jeune blonde du Lossarnach et ce qui était à l'origine du bruit.
Une frêle femme, sans doute pas plus grande qu'elle, qui n'avait rien des créatures terrifiantes qu'elle s'était imaginée . Une dame qui s'excusa tout de suite auprès d'elle de l'avoir surpris alors qu'elle n'y était pour rien si la blonde avait eu peur, après tout, c'était chose courante d'entendre des bruits la nuit, d'autant plus qu'elle était hors de la citadelle.

«  C'est moi, j'ai cru que vous étiez... un orc ou ce genre de chose, mais ce n'est pas le cas on dirait. Enfin non, ce n'est pas le cas du tout, je ne dis pas que vous ressemblez à un orc, mais que justement, vous n'y ressemblez pas et j'en suis bien contente ! »

Elle tenait toujours en main son ustensile de cuisine, comme une arme mais la poêle alla rejoindre le long de sa jambes la laissant se balancer vers l'arrière pour la cacher en bégayant quelques paroles stupides à l'attention de son interlocutrice. Elle se perdait en mots inutile, tentait de se justifier, excusait sa maladresse par une autre. La peur avait fait place au soulagement, à la surprise et prise de court, la jeune blonde ne savait comment réagir réellement sans paraître trouillarde ou réellement stupide d'avoir pris sa vis à vis pour une bête infâme.
Elle alla ranger l'une de ses mèches derrière son oreille, rougissante de honte d'avoir cru que la jeune femme ait pu être un monstre qui hantait les contrées la nuit, elle semblait chétive, sale mais pas effrayante, elle devait être un peu plus âgée qu'elle sans doute mal grès ses habits rapiécés. Cette dernière se confondait en excuses, bafouillant, baissant la tête en s'avançant vers elle et Isolde en fût gênée. Elle était celle qui exprimait le plus souvent ses excuses envers d'autres personnes, surtout lorsqu'elle vagabondait dans les rues a regarder en l'air sans faire attention où elle posait les pieds, ou encore lorsqu'elle fixait un individu avec trop d'attention comme l'aurait fait un enfant un peu trop curieux.
Elle hasarda quelques mots encore à son interlocutrice, tentant de ne pas dire d'idioties plus qu'elle n'avait déjà pu le faire, elle ne voulait pas se monter indiscrète ni trop bavarde. Elle ne l'était d'ailleurs pas d'habitude mais sans doute son cœur qui tambourinait encore dans sa poitrine l'avait fait parler avec rapidité et flot.


« Vous voyagez toute seule aussi ? C'est peut-être pas prudent de continuer ainsi votre chemin, il paraît qu'il va faire vraiment sombre cette nuit...Du moins, c'est ce qu'ils ont dit et je crois qu'ils n'avaient pas tort.   »

Elle tentait de se rassurer en parlant, se souvenant des paroles des gardes qui parlaient du temps, évidemment, ils avaient également mentionné les créatures qui rôdaient, elle ne les avait d'ailleurs pas mentionné quelques secondes plutôt, après tout, il était inutile d'offrir un sujet d'inquiétude plus grand dans la menue conversation que la nuit sombre et noire. La jeune blonde savait qu'elle rencontrerait sûrement bien trop tôt des créatures qui lui déplairaient fortement et Isolde avait prié de ne jamais en croiser, espérant voyager le plus rapidement possible le jour pour trouver refuge à la nuit tomber dans un endroit où elle serait à l'abri. Elle espérait se rasséréner en se disant qu'elle avait fait le bon choix en s'arrêtant à la lisière de ce muret, mais peut-être n'était-ce pas le cas, qu'elle faisait une erreur et qu'elle aurait du rentrer à la Cité Blanche le plus tôt possible.
Elle lança un regard vers le ciel avant de reposer ses yeux sur la jeune femme. Elle ne voulait pas la retenir, si l'autre passait son chemin, elle ne semblait avoir rien pour survivre en ces terres, elle pourrait toujours partager ses provisions mais elle devrait se mettre à trouver de quoi se nourrir plus vite, seulement, alors qu'elle regardait sa vis à vis, elle ne pouvait s'imaginer la laisser partir ainsi, elle sentait grandir en elle un sentiment de pitié qu'elle refrénait, nombreux était de ceux qui n'aimaient pas qu'on les regarde ainsi mais après tout, elle avait bien une couverture assez grande pour deux alors bien que cela ne soit pas de la pitié, plus certainement un brin d'égoïsme inquiet, la jeune fille aurait préféré ne pas avoir à dormir seule ce soir, même si son interlocutrice était une parfaite inconnue, cette dernière n'allait pas la trucider durant la nuit, elle en était persuadée, après tout, elle n'avait rien qui n'ait pu être l'objet d'un tel méfait ou d'un larcin si ce n'était ses maigres économies qui auraient sans doute fait rire plus d'un brigand de grand chemin. Non, elle ne craignait rien en compagnie de cette femme, sans doute sa naïveté avait pris le dessus en pensant ainsi mais elle en était persuadée.






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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyLun 16 Juin 2014 - 1:59

Assez rapidement, la jeune femme en face d’Ysée cessa d’apparaître menaçante – même si cela ne fonctionnait pas beaucoup, Ysée en restait encore légèrement bouleversée. Elle avait fortement craint pour sa vie, le temps d’un bref instant. Très bref, mais très intense à la fois, ce qui avait fait chavirer son pauvre cœur déjà bien meurtri par les événements du passé. La demoiselle en face d’elle, l’air plus sereine, s’excusa également et ne parut pas une seconde vouloir lui causer du tort. Elle se mit à déblatérer des paroles confuses, parlant d’orcs, la comparant même à ces créatures qu’Ysée avait du mal à imaginer, à concevoir même. Longtemps, elle avait douté de l'existence de ces fameux orcs, se demandant s'ils existaient bel et bien. Selon la jeune blonde qui lui balança une tirade nerveuse en pleine figure, il fallait croire ces histoires de monstres hideux et horriblement malveillants. Ysée en frissonna. Elle avait toujours eu du mal à croire les balivernes des hommes trop plein d’alcools et avait fini par prendre tout ce qu’ils disaient comme des mensonges. Sauf que là, à la place d’un homme saoul comme une barrique de bière se trouvait une frêle femme dans la fleur de l’âge, qui semblait aussi paumée et aussi démunie qu’elle. Ysée en ressentit une sorte de soulagement égoïste ; elle ne demeurait donc pas la seule perdue de ce monde…

Les deux jeunes filles restèrent plantées un assez long moment, là, sans rien dire ni même esquisser un quelconque geste. L’embarras prenait place entre elles, s’insinuant dans le lourd silence qui déjà bien installé. Alors qu’Ysée hésitait presque à partir, elle se reprit et, poussée par un élan de spontanéité inattendue – même par elle-même – elle s’approcha du feu de camp, s’assit et, jetant une œillade timide à la blonde, elle fouilla dans sa besace de cuir usé et un peu troué.

«
Je n’ai pas grand-chose… Mais… Si vous acceptez que je dorme ici cette nuit, je veux bien partager ma maigre pitance. Je vous promets, demain matin, je partirai sans vous déranger plus longtemps. Je ne vous veux aucun mal. Ceci dit… Je vous avoue mon incapacité à faire un feu comme le vôtre… Un feu tout court, en fait. »

Penaude, la catin baissa la tête, dévoilant une nuque bien trop maigrichonne pour son âge. On aurait cru à une fillette à peine formée. Elle faisait un peu peine à voir, pas qu’elle semblait sortir d’un asile ou même d’un taudis vraiment infect, mais l’expression de son visage, malgré ses sourires ravissants et aimables, se figeait malgré elle dans les nuances d’un profond chagrin. De quelques mouvements fébriles, elle sortit un pain un peu sec et du fromage au goût prononcé et à la croûte bien orange. Assise en tailleur, elle plaça ses deux aliments sur ses jambes, et posa un regard interrogateur vers l’autre jeune femme, signifiant qu’elle se demandait si elle accepterait ce petit repas en sa compagnie, et surtout si elle acceptait sa présence, tout simplement.

«
Au fait… Je me nomme Ysée. Et vous ? »

Cela lui paraissait comme le minimum de courtoisie lorsqu’on espérait approfondir une rencontre, même hasardeuse, avec quelqu’un. Elle souligna à nouveau sa phrase d’un large sourire, qui cachait bien plus de secrets qu’elle ne l’admettrait jamais.
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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptySam 13 Sep 2014 - 11:20




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Gondor






Elle s'en voulait un peu d'avoir fait peur à la demoiselle qui lui faisait face. Elle n'était pas plus menaçante qu'un oisillon sortant du nid avec son arme de fortune , cela était plus un moyen de la rassurer que de réellement se défendre. Elle n'avait de toute évidence jamais fait de mal à une mouche, l'idée de devoir chasser pour se nourrir la répugnait car elle n'était pas certaine d'être capable de dépecer une pauvre bête, fût-elle un lapin, alors tuer un individu, cela semblait inconcevable. Elle n'en avait sûrement pas la force, telle était l'évidence qui lui martelait le crâne alors qu'elle abaissait son arme.
Elle se mit ensuite à bafouiller stupidement un flot de parole pour se justifer, s'excuser et chasser au loin la peur qui l'avait étreinte mais cela ne sembla pas être une réussite lorsqu'elle cru voir la jeune femme qui lui faisait face frissonner à la mention des orcs. Elle préfèra donc se taire avant d'empirer la chose. Elle non plus ne croyait pas toujours aux racontars des soldats, mais les êtres hideux qu'étaient les gobelins et autres créatures la terrifiaient au point qu'elle ne tarda pas a accorder du crédits aux dires des hommes qui prétendaient en avoir affronté. L'imagination des saouls pouvait être sans limite, mais pour concorder entre eux tous et parler de fait qui semblaient si réels qu'ils en devenaient cauchemars dans l'esprit de la demoiselle, c'était qu'ils disaient vrai. Elle tenta de s'empêcher d'y penser et cet instant de combat intérieur contre des images inventées par son esprit déposa un lourd silence entre les deux interlocutrices.

Elles étaient plantées là, tels deux arbres silencieux, immobiles, embarrassées. Elle vit son interlocutrice commencer un geste de replis, presque une hésitation avant de repartir. La blonde retenait son souffle, elle priait intérieurement pour que la demoiselle reste et son vœux fût exaucé.

Elle regarda la jeune femme s'approcher du feu de camp, s'asseoir avant de lui lancer une œillade timide. Elles ne semblaient pas en mener bien large ainsi esseulée dans un monde si vaste. Elle la regarda farfouiller dans la petite sacoche de cuir en piteux état avant de redresser la tête lorsque la demoiselle s'adressa à elle. Son coeur bondit dans sa poitrine lorsque son interlocutrice sembla agréer doucement à l'idée de passer la nuit ici, avec elle.
La demoiselle hocha bien vite la tête, cela n'était pas des plus mature pour une jeune fille de son âge mais c'est la joie qui dicta ses mouvements. Elle était rassérenée. La jeune femme ne voulait pas la déranger outre mesure, la petite blonde que c'était en partie de sa faute, à cause de la façon dont elle l'avait accueilli mais peut-être n'était-ce pas le cas.

« Je serai bien idiote de ne pas accepter, vous pouvez rester si vous le désirer et j' ai moi aussi quelques rations de nourriture a partager... »

Elle sourit timidement à la jeune femme en désignant son sac de toile près de la couche provisoire qu'elle s'était faite avant de proposer, sans trop savoir pourquoi, sans doute parce qu'elle avait toujours eu cette proportion a vouloir rendre service et a être sympathique avec tout le monde, son aide en rougissant.

« Pour le feu de camp, je peux essayer de vous apprendre si vous voulez. »

La jeune femme en face d'elle avait baissé la tête lorsqu'elle s'était tue après sa proposition de partage de repas. Elle semblait bien plus fragile que la blonde, elle était plus fébrile, plus maigre. Isolde avait dû apprendre à tanner le cuir, à travailler, ses rondeurs d'enfants avaient presque totalement disparues mais elle ne donnait pas l'impression d'être frêle et chétive, à Minas Thirith, on l'avait nourris convenablement, bien que ce ne fût jamais un festin de roi, elle n'avait pas souffert de la faim. Mais la jeune femme qui lui faisait face ne semblait pas en aussi bonne santé qu'elle, elle donnait l'impression d'avoir manqué de beaucoup de chose plus jeune et bien que la blonde ne regarda pas son interlocutrice avec pitié, elle regretta cette injustice. Elle savait cependant que chaque famille n'avait pas toujours la chance de nourrir convenablement les sien et même dans le Lossarnach, elle avait eu vent de quelques histoires à propos de gens dont les parents envoyaient leurs enfants chez des oncles et des tantes plus aisés pour qu'ils les éduquent et les nourrissent en contrepartie de leur travail.

La jeune blonde laissa ses pensées revenir vers celle qui lui faisait face, regardant la nourriture qu'elle sortait de son sac avant de tirer le sien vers elle pour en faire de même si elles avaient encore faim. Elle rougit devant le regard interrogateur de la jeune femme. Bien sûr qu'elle acceptait de partager ces maigres rations en sa compagnie et elle acceptait par dessus out sa présence. Elle ne serait ainsi pas seule cette nuit et cela était bien mieux ainsi. Elle hocha donc la tête, remerciant ainsi la jeune femme de partager avec elle ses denrées ainsi que son intention de rester. Elle se répéta le nom de la demoiselle pour s'en souvenir, elle n'avait jamais entendu quelqu'un se prénommer ainsi auparavant.

« J'aime beaucoup votre prénom. Je m'appelle Isolde, et je serai ravie de partager ce repas avec vous et même mes couvertures si vous désirez passer la nuit. »

Elle laissa une petite seconde de suspend avant de tirer son outre pleine d'eau de son sac au cas où elles auraient soif avant de demander timidement :

«  Est-ce que je peux vous demander vers où vous voyagez ? »

La question n'était pas purement désintéressée, car sans doute voyageraient-elles dans la même direction, cela en serait fort heureux et peut-être Ysée accepterait-elle de voyager en sa compagnie.









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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyDim 5 Oct 2014 - 0:49

Quel heureux hasard, tout de même, d’être tombée sur cette jeune fille, dans une situation similaire à la sienne, alors qu’elle venait tout juste de quitter la cité blanche. Ysée en aurait presque pleuré de joie et de gratitude envers les divins de ce monde tant cette chance lui était exceptionnelle. Elle qui n’avait vécu que dans la peur, la douleur et l’humiliation, la honte de sa nature l’amenant jusqu’à s’oublier totalement, ce coup du destin lui donnait un fabuleux baume au cœur. Elle souriait, sans même s’en rendre compte, même lorsqu’elle mangeait du bout des lèvres sa part du repas rustique qu’Isolde et elle partageaient. L’ex-catin apprécia le compliment, plus rare encore que la sympathie, qu’Isolde lui offrit aussi naturellement que cela était possible. Ysée en eut le feu aux joues. Son patronyme, beau, appréciable ? Jamais elle n’avait soupçonné que ce fut possible qu’on en fasse un certain éloge. Elle murmura un faible remerciement, ne sachant même pas comme réagir face à un compliment. Les yeux baissés sur les flammes, elle continua de manger, savourant chaque saveur. Le bonheur avait le don de donner un meilleur goût aux aliments, et elle en faisait l’expérience.

Elle avait bien regardé et mémorisé la technique pour faire du feu, histoire de pouvoir se débrouiller seule par la suite. Au fond d’elle, elle espérait ne pas se séparer d’Isolde, quoiqu’elle ne la connaisse que depuis quelques minutes… La jeune femme lui inspirait une immense bonté et elle avait aussitôt souhaité rester auprès d’elle le plus longuement possible. Elle n’avait pas beaucoup d’espoir, mais qui pouvait savoir ? Ysée s’apprêtait, timidement, à poser la question à Isolde, mais les mots ne voulurent pas sortirent de sa bouche, bloqué par la peur de la brusquer, de la gêner. A son grand étonnement, sa compagne émit l’interrogation qu’Ysée rechignait à prononcer… Les traits de la catin en fuite s’illuminèrent littéralement, s’ouvrirent sur un sourire plus large encore que les précédents, et elle hocha vivement du chef par enthousiasme. Elle bégaya ensuite, se sentant tout à coup un peu stupide :

«
Je… Je… Je n’ai pas de destination, en fait. Tant que je m’éloigne le plus possible de cette ville… » Elle posa son regard sur l’ombre pâle de Minas Tirith, coincé dans sa roche éternelle, et eut une mine à la fois apeurée et dégoûtée. « Je ne veux plus y retourner, je veux m’essayer à une vie toute autre que celle que j’ai connu jusqu’ici. N’importe où, je pense, serait mieux. Où allez-vous, du coup ? Peut-être que… »

Elle déglutit. Non, elle n’osait pas s’imposer à Isolde. Elle était trop inapte aux voyages, trop ignorante, trop gourde. La blonde finirait tôt ou tard par se lasser de son incompétence, de devoir tout faire pour elle et de l’assister dans tout. Ysée se mordit la lèvre, baissa la tête, et sa réjouissance s’évanouit quelque peu. Elle ne se sentait pas capable de voyager en duo tant elle s’apparaissait comme un fardeau. Elle secoua un peu la tête, se refusant ce privilège à elle-même, sans savoir qu’Isolde, dans le fond, préférait également sa compagnie, même maladroite et ignare comme pas deux, plutôt que de voyager en solitaire, soumise au moindre danger des routes. Laissant sa phrase inachevée, elle demanda :

«
Et vous, vous allez où ? »

Ce n’était que par simple politesse qu’Ysée posait cette question à son tour car, dans sa tête, elle se promit de ne pas être un boulet pour Isolde et que, dès demain, elle se séparerait d’elle. Plutôt mourir, désœuvrée face au monde, qu’encore lire le mépris et l’agacement dans les yeux d’autrui.

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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyMar 14 Oct 2014 - 10:37




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Gondor






Sa vis à vis semblait apprécier le repas qu'elle partageait, un sourire égayait son visage et la jeune fille songea que, dans des habits plus seyants et avec moins de maigreur, elle devait être très jolie. Cependant, la jeune gondorienne ne se serait jamais permise de demander à son interlocutrice d'où elle tenait de pareil vêtements rapiécé et pourquoi était-elle si maigre. Parfois, il était préférable que chacun garde ses secrets, cela était mieux ainsi. Isolde souriait aussi en mangeant, trop heureuse de partager son repas avec quelqu'un, elle appréhendait grandement la nuit et cet instant semblait illuminer les ombres alentours, faisant s'évaporer doucement sa peur.
Lorsque la blonde complimenta Ysée sur son prénom, elle vit cette dernière rougir t elle cru un instant l'avoir profondément gêné, mais la jeune femme la remercia dans un murmure avant de continuer à manger, son regard se perdant dans les flammes, Isolde en faisant de même.
Le feu crépitait doucement et lorsqu'elle l'avait allumé, la demoiselle avait bien essayé d'agir doucement afin que celle qui partageait son repas puisse se souvenir des gestes et elle espérait que cette dernière avait réussi.
Les flammes étaient d'autant plus appréciables qu'elles étaient partagées. La jeune fille du Lossarnach appréciait la compagnie d'Ysée, elle ne la connaissait que depuis quelques minutes mais elle semblait aussi gênée qu'elle et cela rassérénait Isolde de savoir qu'elle n'était pas toute seule dans ce cas. Pourtant, la blonde était capable d'accorder sa confiance à n'importe qui, fort heureusement pour elle, il ne lui était rien arrivé de mal à cause de ce trait de caractère mais elle avait tendance à apprécier instantanément un grand nombre de personne et c'était exactement ce qui était entrain de se passer avec Ysée. Elle commençait à voir en elle une possible amie et compagne de voyage, ce qui n'était pas des plus intelligent si jamais la jeune femme ne désirait pas emprunter le même chemin qu'elle et suivre la route à ses côté.
La petite blonde sembla remarquer que son interlocutrice alait prendre la parole, mais rien ne voulait sortir de sa bouche et elle «était à peu près dans le même état qu'elle. Cependant, la timidité qui l'a fit rougir ne retint ses mots qu'un court instant alors que la question passait les barrières de ses lèvres.
Le visage de sa vis à vis s'illumina d'un sourire bien plus large que ceux qu'elle avait pu lui adresser, sans doute heureuse et enthousiaste, elle opina quant à la question de la jeune femme avant de s'exprimer bégayante. La réponse laissa Isolde exprimer un mince soupir de soulagement. Elle aussi désirait ardemment quitter cette ville, bien qu'Ysée sembla vouloir partir loin de la cité blanche pour des raisons bien plus désagréables.
Isolde lui sourit timidement, elle comprenait ce besoin de changement, peut-être pas dans son intégralité car elles n'avaient sans doute pas vécu la même chose. Elle ne termina pas sa phrase, enchaînant par le retour de la question comme pour dissiper une autre interrogation.
La blonde sourit, elle avait eu le temps de préparer une réponse convenable depuis le moment où elle avait annoncé qu'elle souhaitait partir aux femmes des tanneries avec lesquels elle travaillait. Elle bafouilla bien moins qu'elle n'aurait pu le faire quelques semaines plus tôt à l'idée d'aller ainsi vers l'inconnu.

« Je ne sais pas. J'aimerai bien avoir un cheval, pour voyager, mais le peu que j'ai travaillé ne permettrait même pas de m'en payer une oreille. J'aimerai bien voir la mer aussi, là où je vivais, il y avait des caravanes qui passait de gens venus des ports du Sud, certains racontent qu'elle n'a pas de fin . »

Ces rêves était encore ceux d'une enfant, candides, naïfs et pourtant appréciables. Elle désirait voir des chose qu'elle ne pouvait s'imaginer qu'en songe, elle souhaitait attester des dires de ces ménestrels qui parfois s'arrêtaient dans les plateaux du Lossarnach, en une halte avant la cité blanche et qui contre un repas chantaient milles chansons sur des choses qui furent et des endroits qui auraient coupé le souffle à un sonneur de cor. Elle savait qu'a pied, ces vœux s'éloignait d'autant plus, i lui fallait trouver du travail, elle aurait pu rester à Minas Thirith mais avant d'avoir assez d'argent pour acheter un cheval, elle aurait été bien sotte d'entreprendre pareil voyage. La jeunesse et l'insouciance rendaient les choses bien plus belles, inconsciemment, elle espérait en profiter.
La demoiselle marcherait donc vers le Sud, elle apercevrait au loin les pâturages et champs qui l'avait vu naître avant de traverser l'Ithillien, puis elle trouvait du travail dans un port et chaque jour, elle contemplerait la mère avant que sa solde ne puisse lui permettre de s'en détourner. A mois que cette étendue d'eau ne soit si magnifique qu'elle ne désire plus jamais la quitter des yeux. Elle essayait d'imaginer ce qu'elle pourrait faire dans ce proche avenir, mais il y avait tant de surprises et d'inconnu qu'elle ne faisiat qu'échafauder des théories grotesques. Du moins, c'était ce qu'elle se répétait. Elle hasarda, en réponse à la a sa déclaration précédente, comme en échos aux pensées de son interlocutrice qui lui étaient inconnues

« Peut-être que si nous allons dans la même direction... »


Elle se fustigea mentalement. Ysée n'allait pas s'encombrer d'une gamine qui n'avait pas plus de jugeote qu'un rossignol et qui risquerait de lui causer plus de soucis qu'elle pourrait en avoir. Elle savait qu'elle n'était pas très dégourdie, incapable de tenir tête à qui que ce soit bien longtemps, excepté là fois où elle avait refusé à ses parents le droit de la marier, mais elle ne préférait pas s'en souvenir. Peut-être aurait-elle mieux fait, elle serait peut-être déjà enceinte et son époux aurait préparé les provisions nécessaire à l'arrivée de cet événement. Mais il demeurait en elle cette petite voix qu'elle n'aurait jamais été heureuse. Bien sûr, elle l'aurait été tant qu'elle aurait eu ses enfants près d'elle, nulle doute qu'il aurait tenu à en avoir plusieurs, mais une fois ces jours heureux derrière elle, une fois cet époux trop vieux pour s'occuper de ses champs et de son épouse, elle aurait été si seule. Non, elle ne regrettait pas sa décision, elle aura été incapable de l'aimer, incapable d'être entourée et pourtant si seule. Elle préféra l'amie qu'était la liberté bien que cela la poussa à demeurer seule, plutôt que d'avoir suivit le destin que lui avait dessiné ses parents et d'être désormais en cage, eût-elle une des fenêtre, une porte, un toit et un jardinet.







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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyVen 21 Nov 2014 - 21:01

La mer ? Ysée se souvenait vaguement d'en avoir entendu parler, surtout lorsqu'il s'agissait de pirates. Elle n'avait entendu que des histoires de massacre, de pillages, causés par ces brigands des océans. Du coup, la jeune brune ne comprenait pas l'attirance que ressentait sa compagne envers cette étendue d'eau, salée qui plus est, et donc impossible à boire. Peut-être Ysée en avait-elle eu une image faussée à cause de tous ces horribles récits, mais, en cet instant, elle eut du mal à imaginer la mer et les plages autrement que des champs de bataille. Elle offrit donc un regard un peu perplexe à Isolde, on pouvait lire l'interrogation d'Ysée dans ses prunelles. Peut-être que c'était elle qui avait raison, en fait... Finalement, pourquoi pas voir la mer. Surtout que, finalement, faisant bondir de joie le cœur de l'ancienne putain, la blonde suggéra la proposition qu'Ysée redoutait tant de prononcer. Elle semblait souhaiter qu'elles voyagent ensemble ! La jeune femme ne paraissait pas très à l'aise, pourtant, sans qu'Ysée n'en comprenne la raison. Hésitait-elle, au fond d'elle, à s'embarrasser d'Ysée, avait-elle perçu à jour l'inuilité et l'incapacité de la jeune femme ?

Ysée avala sa dernière bouchée, s'en lécha les lèvres, laissant un petit silence se prolonger. Elle devrait accepter... Elle pourrait apprendre des choses, auprès d'Isolde, puisqu'elle ne savait faire qu'une chose : écarter les cuisses et nettoyer des chambres. Ce qu'Isolde n'avait certainement jamais du faire. Elle n'avait pas l'allure d'une grande dame, mais elle avait déjà une bien plus belle apparence qu'Ysée en ce moment-même. Tant pis. Quitte à ressentir encore la honte, elle devait mettre toutes ses chances de son côté. Il n'était plus temps de faire sa gênée, ou même sa fière, elle devait savoir se débrouiller, et qui mieux qu'une seconde personne pour l'amener vers un avenir plus rose ?

« Nous pouvons faire ça, oui. J'en serais ravie. »

Ysée sourit de toutes ses dents, un sourire légèrement forcé car, en elle, se bataillaient deux versions sur la suite des événements. Soit tout cela se passait à merveille, elles s'entendaient bien, unissaient leurs forces et leurs maigres connaissances pour survivre, et vivaient d'inestimables aventures de jeunes filles en quête de liberté, soit... Soit elles mourraient, se détestaient, se maudiraient, ou quoi d'autre encore qui puisse être désagréable, très désagréable à subir pour l'une comme pour l'autre.

« Tu as... une carte ? Je n'ai même pas pu en prendre une... Je suis incapable de me repérer. »

Autant tout de suite avouer, de but en blanc, qu'elle n'avait rien, n'était préparée à rien et était aussi nue qu'un oisillon sans plumes tombé du nid.
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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptySam 27 Déc 2014 - 10:36




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Gondor






Son interlocutrice la regarda avec une certaine perplexité, emplie d'une interrogation non feinte quant à ce désir de voir la mer. Cela était un rêve, bien entendu, une demoiselle telle qu'elle était ne pouvait rêver d'aventure, de voyage et de découvertes. Elle était sans ressources, sans la moindre expérience, incapable de se débrouiller véritablement seule. C'était pour cela que la présence de la jeune femme qu'était Ysée était la bienvenue, elle avait sans doute bien plus de vécu que la jeune blonde qui n'avait découvert que tardivement la véritable vie, bien loin de son innocente enfance de la région des fleurs. Évidemment, exercer une telle demande la mettait des plus mal à l'aise. Comment pouvait-elle se permettre de demander ainsi à un jeune femme de se convier à elle ? Cela ne semblait pas déranger son interlocutrice mais cette dernière se fatiguerait sans doute bien vite de sa présence.
Sa vis à vis déglutit, terminant sa bouchée avant de laisser un court silence s'installer. Isolde en profita pour remuer les braises avant que son interlocutrice ne reprenne la parole, gonflant ainsi le cœur de la jeune fille de joie. Elle acceptait de l'accompagner et bien qu'elle lui ai offert un sourire qui aurait pu semblé forcé Isolde répondit par un rictus du même acabit, trop heureuse de savoir qu'elle ne serait pas seule à errer vers une vie nouvelle, bien loin de la cité blanche, des dernières choses qui la rattacherait à ses parents. Elle ignorait combien de temps cela prendrait, ce qu'elles pourraient rencontrée et si elle seraient attaquée. Elle ne l'espérait pas, elle ne savait se défendre, elle avait déjà bien grand mal à chasser quelques souris hors de sa paillasse.
Alors son interlocutrice lui posa une question des plus pertinentes, question à laquelle elle n'avait pas songé, question qui démontrait bien qu'elle n'était absolument pas prête pour ce genre de choses. Elle aurait mieux fait d'épouser cette homme plutôt que de vouloir vivre sa vie. Du moins, ce fût la première pensée qui lui traversa l'esprit avant qu'elle ne la chasse. Elle regarda Ysée, légèrement penaude, rougissante. Non, elle ne disposait d'aucune carte, elle avait marché jusqu'à Minas Thirith car depuis les plaines du Lossarnarch la cité blanche était visible lors des jours de beaux temps et elle escomptait faire le trajets en sens inverse. Mais peut-être la végétation aurait déjà repoussée, peut-être qu'elle ne retrouverait jamais la route qu'elle avait emprunté, peut-être même que le bûcher qu'elle avait monté pour Belefast avait déjà été mangé par les insectes et qu'il n'en resterait plus une seule trace.
Elle ne savait pas lire, voilà surtout ce qui lui réduisait la possibilité d'avoir une carte, elle ne savait pas réellement s'orienter non plus, du moins elle saurait retrouver son chemin et elle aurait pu reconnaître les contrées qui l’avait vu naître mais elle aurait été capable de prendre la carte dans le mauvais sens.

« Je...Non. Je comptais suivre en sens inverse le chemin que j'avais pris pour atteindre Minas Thirith, je viens du Lossarnach…. »

Le Lossarnach, révérait-elle un jour la bâtisse où elle avait passé son enfance, ces années bien loin derrière elle lui semblaient révolues, pourtant, elle n'avait passé qu'une demi-année dans la citadelle du Gondor, mais elle avait grandit, bien plus qu'elle ne l'avait fait durant ses dix-sept années , comme si le cocon qu'elle avait quitté lui avait permis de découvrir bon nombre de choses. Il lui en restait évidemment bien d'autres et elle était encore bien naïve, trop candide sur bon nombre de chose et la réponse qu'elle offrit à son interlocutrice sembla le révéler.

« Si nous allons au Sud, alors nous trouverons la mer, enfin sauf si ce n'est pas ta destination... on m'a toujours dit qu'elle était au Sud. »


Elle parla, bafouillant, elle n'avait aucune idée du chemin à suivre, mais elle était certaine de l'endroit où elle voulait aller, voir la mer était son rêve, plus tard, lorsqu'elle aurait réussis à s'acheter un cheval, aurait-elle dû travailler, se restreindre durant bon nombre d'année, mais elle se rendrait au passage des rois, elle verrait l'Argonath dont ceux qui se souvenaient encore des histoires du passé parlaient. Mais pour le moment, ceci n'était qu'un souhait éloigné et en compagnie d'Ysée, elle devrait déjà atteindre le Sud.






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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyJeu 8 Jan 2015 - 17:24

Quel spectacle elles devaient offrir, ces deux jeunes filles au coin d’un maigre feu, discutant timidement au sujet d’un voyage qu’elles engageaient toutes les deux pour la première fois, chacune pleine d’hésitations, de doutes, de craintes diverses, mais tout cela mêlé d’une excitation palpable ! Leur soif d’aventure passait d’un instant à l’autre derrière un voile de peur pure mais jamais ne s’en irait totalement. Ysée se rendit compte de l’impression qu’elles devaient donner et, un court moment, elle eut presque envie d’en rire. L’autodérision était un terme qu’elle ne connaissait pas, cependant, elle commençait tout doucement à en user… Quoi de plus drôle que cette situation singulière où deux empotées telles qu’Isolde et Ysée essayant, espérant voyager en toute sérénité, avec d’aussi faibles capacités en la matière ? Elles risquaient leur vie au nom de la liberté. Ca en avait quelque chose de ridicule, mais aussi, au fond, de magnifique. C’était un comportement gonflé d’espoir et quelqu’un d’un peu sensible serait ému de les savoir ainsi. Sauf que nous étions en Terre du Milieu et les êtres sensibles ne couraient pas les vallées, il ne fallait donc pas espérer grand-chose d’autre que du danger de la part de leurs semblables, ou même des autres races. Si Ysée n’avait aucune connaissance des autres peuplades parcourant par monts et par vaux les grandes étendues des pays constituant la Terre du Milieu, elle se doutait bien que la population humaine était loin d’être l’unique. De là à s’imaginer leurs apparences, leurs caractères… Il y avait un monde de différence. Tout lui était inconnu, tout. Est-ce qu’Isolde en savait-elle plus ?
Ysée était tentée de le lui demander mais, sans crier gare, un bâillement s’échappa de sa gorge et la fit presque trembler. Elle regarda Isolde et eut un sourire gêné.

« Pardon. J’ai très peu dormi la nuit passée… L’impatience de partir, la peur de me faire prendre… »

Elle cessa aussitôt de parler. Elle avait voulu ne rien dire sur sa véritable nature, ni même révéler qu’elle était en fuite, mais voilà qu’elle venait de se trahir. Ses yeux s’agrandirent, fuyants tout à coup ceux d’Isolde, elle s’injuria intérieurement en espérant que sa compagne ne relèverait pas ce détail. Oh, et puis, si c’était le cas… Au final, qu’est-ce qu’Isolde pourrait en faire, de ce secret ? Nombre de personnes savaient sa profession avant son nom, à Minas Tirith… Isolde, au moins, ce serait l’inverse. Elle aurait su son nom avant de connaître son horrible métier. Maigre consolation, certes. La jeune catin espérait seulement qu’Isolde ne la jugerait pas trop vite, qu’elle ne la regarderait pas, tout à coup, avec un profond dégoût comme si elle était une pestiférée. Ysée aurait du mal à le supporter, elle n’avait aucun ami et Isolde était, jusqu’ici, la personne qui ressemblait le plus à ce qui s’en rapprochait, même si cela ne faisait même pas une heure qu’elles s’étaient rencontrées.

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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyMar 20 Jan 2015 - 23:45




Vers une vie nouvelle...
Gondor







Le silence s'était de nouveau installé entre elles, leur laissant la liberté de penser. Si elles avaient su qu'elles pensaient toutes deux presque à la même chose sans doute auraient-elle ris de bon cœur. Il était vrai qu'elles se ressemblaient sur bon nombres de poins en cet instant, rêvant toutes deux d'aventures et de liberté mais étant complètement livrée à elle-même, quasiment incapable de se débrouiller seule. Il était heureux qu'elles soient tomber l'une sur l’autre, à deux elles seraient plus fortes et l'espoir qui guidait leur cœur ne faiblirait pas devant l'adversité puisqu'elles seraient deux à le surmonter, du moins, durant le temps où elles voyageraient ensemble. Isolde remua le feux, rajoutant un branchage sec en songeant à tout cela et se maudissant d'être une parfaite idiote de n'avoir plus avant réfléchis la suite de son périple avec certitude, espérant qu'Ysée ne lui en tiendrait pas rigueur. Elle était aussi innocente et perdue face à ce monde qu'elle ne connaissait que très peu et dont elle avait entendu le reste dans les récits des troubadours de passage ou des rumeurs de marchands. Ysée laissa échapper un bâillement prononcé, s'excusant aussi tôt en fixant la jeune blonde du Gondor avec un sourire gêné, faisant sortir cette dernière de ses réflexions. La jeune fille sourit en retour, excusant ce qui n'avait pas besoin d'excuses, il était tard et la journée avait sans doute été bien rude.
Néanmoins, sa vis à vis lui révéla qu'elle n'avait que peu dormis la nuit dernière, elle comprenait cette impatience, cette hâte à l'idée de partir. Elle avait eu bien du mal elle aussi a trouver le sommeil, se tournant, se retournant, cherchant en vain que les songes ne viennent, ce qu'il avait finis par faire bien des heures après que la blonde ne se soit couchée. Elle Se souvenait de son départ de cette maison qui l'avait vu naître là-bas, sur les con-flancs des Montagnes Blanches, mais ce n'était pas l'excitation qui l'avait alors saisi mais plutôt le désespoir, celui de devoir quitter ses parents pour laver le déshonneur qu'elle avait jeté sur eux, celui de dire adieu aux autres jeunes gens du village avec lesquels elle avait grandis. Elle n'avait jamais voulu ça, mais la chose était ainsi faîte et depuis une demi-année, le Lossarnach c'était mis parfois à lui manquer. Elle ignorait cependant ce qui avait poussé son interlocutrice hors de la cité, mais de ce qu'elle en avait laissé échapper, elle s'était probablement enfui. Peut-être avait-elle été servante pour un noble qui ne la traitait pas correctement ? Ou bien les percepteurs avaient décidé de lui faire quitter son logis. La blonde, rosissant légèrement avança une question.

« Vous étiez retenue contre votre gré pour avoir eu peur de vous faire prendre ? Si vous vous êtes enfuie, vous devez être bien courageuse... »

Elle ne pu dissimuler l'once d'admiration qui perçait dans sa voix, la jeune fille n'était pas certaine qu'elle eût été capable de s'enfuir d'où que ce soit. Elle avait bien vu qu'Ysée avait cessé de parler après ses révélations, ses yeux s'écarquillant pour quitter ceux d'Isolde dans lesquels ils s'étaient fichés, mais la demoiselle de la région des fleurs n'avait pu faire taire sa curiosité et elle avait été poussée par ce sentiment a lui poser la question, se maudissant après coup d'être si indiscrète alors qu'elle ne connaissait à peine la jeune femme. Elle ne se souvenait pas l'avoir croisé dans les rues de Minas Thirith mais elle s'y promenait peu, la vieille Pom l'ayant avertis de ces dangers qui pouvaient rôder dans une cité et la jeune blonde s'était contentée de demeurer dans le quartier des tanneurs sans trop de regrets. Elle ignorait totalement ainsi le métier qu'avait fait son interlocutrice dans la Cité Blanche et si elle en le sachant, elle devait se montrer outrée, cela ne serait pas contre son interlocutrice mais contre ces gens qui venaient quérir leur services. Mais elle ignorait tout cela et elle se contenta de regardé la jeune femme la tête légèrement baissée.
Évidemment, si elles étaient amenées à voyager ensemble, le trajet serait plus appréciable si toutes les deux ne demeuraient pas muettes au fil des lieux. Elle étouffa un bâillement a son tour, le dissimulant derrière sa main, il se faisait tard et si toutes deux avaient fort mal dormis, sans doute une bonne nuit de sommeil serait bienvenue. Il fallait prier pour que rien ne vienne les troubler cependant durant les heures de quiétude que leur offrirait la nuit.





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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyMer 21 Jan 2015 - 12:52

Ysée ne put en vouloir réellement à Isolde d’avoir posé cette question, c’était normal de le demander, c’était assez intriguant qu’une jeune fille telle qu’elle s’enfuit d’un lieu quelconque, les fuyardes ne courraient pas les rues – ni les forêts ou les vallées, en fin de compte. Ysée était consciente d’être une rareté car la plupart des jeunes filles ne vivaient pas comme elle, ça, elle en était sûre. Et tant bien même certaines connaissaient son quotidien – enfin, son ancien quotidien, qu’elle refoulait derrière elle à présent – elles avaient rarement le cran d’agir comme elle l’avait fait. Qu’Isolde, sans en savoir plus, dise qu’elle avait fait preuve de courage en s’échappant, la dérouta quelque peu. Elle la regarda avec des yeux comme des billes puis éclata d’un petit rire bref. Ysée n’avait pas le sentiment d’avoir fait un acte de bravoure. Il aurait été clairement plus courageux de rester sur place et de, justement, continuer à supporter sa vie et les coups de son maître – coups de poings et coups de reins… Elle n’avait agi qu’inconsciemment, le cœur bordé d’un immense espoir qui la dévorait depuis des nuits, depuis la visite incongrue de ce pirate qui ne l’avait même pas touchée. Enfin, si, mais touchée en son âme, et non son corps maladif. Il l’avait bercée d’une illusion qui l’avait littéralement dévorée durant des jours, pour finalement la pousser à commettre la folie d’une fugue.

Ysée sourit, d’un air un peu triste, regarda à droite, à gauche, en haut, ne sachant pas trop que lui répondre. Isolde semblait d’être une fille pure – sûrement encore vierge – et Ysée avait du mal à s’imaginer lui révéler la vérité toute crue sur son passé. Elle avait aussi un peu peur de sa réaction, oui. Ce serait malheureux de perdre déjà ces prémices d’amitié. Elle ouvrit la bouche, la referma, réfléchit encore un court instant puis déclara enfin d’une voix un peu hésitante :

« Contre mon gré, oui... J’ai du voler la clef de ma chambre et… » Elle faillit dire qu’une autre catin avait du l’aider, mais elle se retint à temps. « Ca m’aurait coûtée la vie certainement. Si le… » Le mot « maître » mourut dans sa gorge avant d’être prononcé. « Si on m’avait attrapée, oui, on aurait pu me tuer ou me battre assez pour que j’en meurs. »

Le moment qui suivit cette révélation fut assez gênant, peut-être plus pour Ysée que pour Isolde. La putain fixa le feu, incapable de regarder sa compagne en face, les yeux un peu humides de larmes naissantes. Elle ne pleura cependant pas. Tout ça était fini, elle était assez loin et, quand bien même on voulait la chercher, le Maître n’aurait pas idée d’aller voir en-dehors de la ville. Il penserait sûrement qu’elle serait trop couarde pour aller en pleine nature et il aurait pu avoir raison si Ysée n’avait pas eu si peur que son précédent aveu ne soit la vérité pure et dure. Elle était convaincue qu’il l’aurait tuée et, de ce fait, rester dans la ville, se tapir quelque part dans la Cité Blanche, lui avait apparu comme la pire des idées. De toute façon, tout, là-bas, lui aurait rappelé sa vie misérable, elle n’avait aucun avenir au sein des remparts blancs et, qui plus est, elle aurait vécu éternellement dans la terreur d’être retrouvée… La logique des choses avait fait qu’elle s’était aventuré au-delà des enceintes, bravant les dangers inconnus qui, l’espérait-elle, seraient moins grands que celui d’un Maître à ses trousses, prêt à lui donner la dérouillée de sa vie. Ysée, pensive jusqu’à maintenant, regarda à nouveau la blonde et lui demanda, histoire de changer de sujet :

« Et toi, que t’est-il arrivé ? Tu as fui aussi ? »

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MessageSujet: Re: Minas Tirith - Vers une vie nouvelle...   Minas Tirith - Vers une vie nouvelle... EmptyMar 10 Fév 2015 - 17:15




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Son interlocutrice soutint son regard un instant, hébété, avant d'éclater d'un rire bref, comme si les paroles de la jeune fille blonde étaient bien idiotes. Isolde rougit tandis que de nouveau le silence s'installait. Sans doute son interlocutrice ne se trouvait-elle pas si courageuse.
Ysée lui sourit, tristement avant de laisser son regard se perdre sur les côtés et vers la voûte céleste, comme si elle cherchait ses mots. La jeune fille blonde du Lossarnach rougit dans ses cheveux, sans doute n'aurait-elle pas dû poser la question, elle aurait mieux fait de se taire. Elle avait le don de mettre ainsi dans l'embarra ses interlocuteurs et cela n'était pas bon. La preuve étant que sa vis à vis se mit a ouvrir la bouche pour mieux la refermer, comme un poisson hors de l'eau avant de s'arrêter, semble-t-il pour réfléchir de nouveau avant de lui répondre, avec hésitation, sur la raison de sa fuite. Isolde écarquilla ses grands yeux avec effarement, on avait retenu cette jeune femme qui lui faisait face, contre son gré ? Mais cela était impossible, on ne pouvait faire une telle chose a quelqu'un d'Innocent, seul les criminels allaient croupir dans un cul de basse-fosse. Mais ce n'était pas une prisonnière, puisqu'elle avait mentionné une chambre et elle n'avait pas l'air dangereuse, certainement un peu plus qu'Isolde elle-même cela étant dit.
Ainsi, on l'avait retenu quelque part, contre son gré, seul son courage lui avait permis de s'en tirer et elle aurait pu en mourir si elle avait échoué. La. jeune fille blonde ignorait quel individu abject pouvait faire cela à d'autres mais elle ne pu dissimuler l'admiration qu'elle avait pour la jeune femme devant tant de courage.
La révélation sembla déposer une chape de silence entre elles, Ysée s'était mise a fixer le feu sans mots dire, fuyant le regard d'Isolde. L'ourlet de larmes qui s'était fait autour de ses iris n'était cependant pas invisible pour la jeune blonde. Lorsqu'enfin son interlocutrice finit par sortir de ses pensées, ce fût  pour la questionner à son tour sur les raisons de sa présence ici. Mais Isolde n'avait pas fui, elle n'était pas si courageuse, elle avait cru mourir de peur à chaque minute qu'elle avait passé à l'extérieur, elle avait regretté amèrement son seul et unique coup de colère qui lui avait fait refuser un époux, qui l'avait fait s'éloigner de sa famille. Non, elle n'avait pas fuit et la vérité lui brûlait la gorge.

« Mes parents m’ont... »Bannie, répudiée, déshéritée ? Elle ne trouvait pas le mot adéquat pour définir ce qu'elle avait vécu mais elle n'ignorait pas que sa condition était du à son entière faute. Si elle avait accepté d’épouser cet homme qu'on lui destinait, elle serait sans doute à l’abri du besoin et aurait un toit sous lequel habiter. Mais elle avait refusé, catégoriquement, et ses parents auraient pu être bien plus sévère dans leur sanction, l'obligeant à trouver un mari vite au lieu de lui enjoindre de partir. Alors elle reprit la parole après ce court instant où les mots s'étaient étranglés dans sa gorge.« Mes parents m'ont demandé de quitter leur maison … Parce que j’avais répudié l’homme que je devais épouser. Alors je suis partie, pour ne pas les déshonorer plus et les couvrir de honte… ensuite, j'ai travaillé ici, dans Minas Thirith, mais ce n'est pas ce que je souhaitais...  »

Elle dissimula la peine qui l'étreignait et avait déjà embué ses yeux en détournant le regard. Elle posa ce dernier loin vers Minas Thirith, en direction de la ville qui les avaient toutes deux quittées pour des raisons bien différentes. Elle étouffa un bâillement avec sa main, la sortie de la ville, cette légère marche pédestre et la frayeur qu'elle avait eue plus tôt ne l'aidant pas à trouver le sommeil l'avait quelques peu exténuée et elle était certaine qu'une bonne nuit de sommeil leur ferait du bien autant à l'une que l'autre. On était au printemps, les nuits étaient  parfois encore bien fraîche mais avec les couvertures et l feu de camps, nul doute que si elle n'était pas troublée par quelques dangers que ce soit elles passeraient une bonne nuit. Elle dissimula un second bâillement avant de s'adresser de nouveau à Ysée après s'être levée pour approcher un rondin de bois plus gros que ceux déjà présent dans le feu. Elle avait essayé de prendre une voix ferme, pleine de certitude et de volonté mais elle semblait pouvoir vaciller au moindre instant.

« Je crois que nous devrions dormir, demain nous mettrons autant de distance que possible entre nous et la Cité Blanche. »

Elle tenta un sourire vers son interlocutrice, elles n'auraient pas froid ce soir, les maigres couvertures et le feu qu'il faudrait ré-alimenter les tiendrait au chaud pour la nuit. Lorsqu'elle s'assit de nouveau, elle s’emmitoufla dans une de ses couvertures avant d'approcher l'autre de sa vis à vis, ainsi près du foyer, les soucis qu'elles avaient quittés et ceux à venir semblaient bien lointain, déjà, Isolde s'était mise à dodeliner de la tête, le regard perdu dans les flammes.






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