C'était juste une part de tarte - PV Archibald

Bilbo aimait sa petite vie tranquille et rangée. Du moins, c'était ce que les gens de la Comtée devaient penser sur son compte afin de ne pas trop éveiller les commérages à son sujet. Il y en avait déjà bien assez comme ça sans qu'il n'ait rien fait pour que ça soit le cas. Bien souvent, il se prenait à penser que c'était certainement à cause de sa jeunesse polissonne qui le poursuivait... Comment aurait-ce pût être autrement de toutes manières dans un lieu qui vous avait vu naître et grandir sans que jamais vous ne le quittiez. Tout le monde connaissait tout le monde en Comtée et c'était surement ce qui favorisait autant les commérages et les racontars... Dites ou faites seulement une toute petite chose un tant soit peu inhabituelle à trente ans et on vous en parlera encore comme la pire des idées qu'un hobbit n'ait jamais eut lorsque vous aurez atteint l'âge de cent ans...

Quoi qu'il en soit, Bilbo avait pris l'habitude de se tenir à carreau et de se comporter comme tout bon hobbit bien élevé saurait le faire. Depuis qu'il était devenu maître de Cul-de-sac, ses seules frasques notoires s'étaient produites lorsque sa 'chère' cousine se décidait à venir lui rendre visite, pestant sur le fait que le trou de hobbit ne lui appartienne pas et essayant de lui voler quelques petites affaires au passage comme si elle considérait déjà tout ceci comme étant un héritage durement attendu.

Aujourd'hui encore, elle était venue, seule, et avait tambouriné à sa porte pendant près de deux heures, épiant aux fenêtres, l'appelant à renforts de grands cris avant de s'en prendre à Hamfast qui travaillai dans le potager puis de se résoudre à s'en aller comme elle était venue.   Bilbo était resté caché tout près de sa porte d'entrée, sachant par avance qu'elle ne le verrait pas, peut importe la fenêtre par laquelle elle essaierait de repérer les lieux pour sa prochaine visite impromptue. Il avait eut un peu honte c'est vrai, quand il l'avait entendu hurler après Hamfast, mais de deux mots, il avait choisit le moindre... S'il sortait, elle lui tomberait dessus et il en aurait pour des heures à se débarrasser d'elle puis ensuite à vérifier qu'elle n'avait rien "emprunté" au passage...

Bien que soulagé d'entendre sa cousine partir, Bilbo avait attendu une petite heure de plus en faisant comme s'il n'était pas là avant d'oser mettre le nez hors de sa maison. Sait-on jamais, elle aurait pût avoir la félonie de faire semblant de partir pour le déterrer de son trou si bien fermé. Mais heureusement pour lui, lorsqu'il osa enfin entre-ouvrir sa porte d'entrée pour  y jeter juste un oeil, aucune Lobélia ne lui sauta dessus. Bilbo scruta les alentours et ouvrit un peu plus la porte, cette fois, tout son visage était visible par l'embrasure... Toujours rien à l'horizon... Le hobbit sortit la tête à l'extérieur pour mieux voir alentours et osa même passer une épaule.

- Quelque chose ne va pas m'sieur Bilbo ?!

- HA !!!!

Bilbo sursauta si fort qu'il trouva le moyen de se cogner la tête contre le coin de sa porte au passage et il tourna la tête vers ce pauvre Hamfast qui avait certainement vu son petit manège et s'en inquiétait pour sa santé mentale. Il lui avait fait une de ces peurs...

- Non... Non, non... Lobélia est bien partie n'est-ce pas ?

- Oui m'sieur Bilbo. Sourit alors le jardinier.

Il semblait parfaitement comprendre ce qu'il lui prenait à présent, mais il était plutôt coutumier à ce genre de scène.

- Ah... Bien... Bien...

Bilbo, rassuré, sortit tout à fait de sa maison pour enfin profiter de l'air frais de ce début d'après midi ensoleillé alors qu'Hamfast, ayant terminé son travail et rangé ses outils, s'en retournait chez lui calmement sans chercher plus loin. Il fit quelques pas et s'étira de tout son long comme s'il sortait d'une bonne sieste puis il rejoignit son petit banc juste devant le portail et s'y installa confortablement avant de tirer sa pipe de sa poche.

Que pouvait-il y avoir de mieux dans la vie que de fumer paisiblement dans son domaine tout en regardant la nature environnante et calme, sans l'ombre d'une Lobélia à l'horizon ? Se sentir moins seul peut-être... Il fallait avouer que la vie paisible d'un hobbit adulte bien comme il faut avait tout de même ce petit défaut auquel tous semblaient s'accoutumer aisément : l'ennuis... Oh bien entendu, ceux qui étaient bien obligés de travailler pour gagner leur pain ne devaient pas s'ennuyer tant que ça, mais Bilbo n'avait pas ce genre d'obligation et ne se connaissait pas une passion ou un don quelconque qui l'aurait pousser à vouloir travailler malgré son train de vie aisé.

Le hobbit en était à souffler son troisième parfait rond de fumée lorsqu'il entendit une respiration précipitée troubler le calme environnant de la petite colline. Se redressant sur son banc, il n'eut pas à chercher longtemps avant de voir accourir un petit enfant à toute vitesse, ayant apparemment le diable aux trousses.

- Et bien, et bien... Où cours-tu comme ça ? S'étonna le plus âgé lorsque le gamin fut à portée de voix.

- Le... Le cuisinier...

Le pauvre gamin était tellement essoufflé qu'il n'arrivait plus à s'exprimer correctement. Malgré tout, il avait pris la peine de faire une pause pour répondre à Bilbo qui croyait malgré tout comprendre la raison d'une telle course.

- Que lui as-tu fais pour qu'il te cours après ?

Remarquant que Bilbo semblait plus amusé de sa situation qu'en colère, le gamin se permis de lui répondre, vaguement penaud.

- C'était juste une part de tarte... Et elle sentait si bon...

Peut-être ne disait-il pas toute la vérité, mais comment lui en vouloir ? Bilbo savait bien que ce petit chenapan était un vrais gourmand. Il lui rappelait souvent ses jeunes années qui n'étaient pourtant pas bien loin derrière lui. Se décidant rapidement, il se leva de son banc et tendit les bras par dessus sa barrière de bois.

- Allez, viens te cacher dans la maison avant qu'il ne te rattrape.  

Le gamin ne se le fit pas dire deux fois et laissa Bilbo le hisser par dessus les planches de bois avant de le déposer à ses pieds.

- Prends toi un verre de citronnade et quand tu auras récupéré ton souffle, sort par derrière en te faisant discret... Mais attention, la prochaine fois, je ne t'aiderais pas.

Le gamin confirma d'un signe de tête et disparu rapidement derrière la porte d'entrée. Bilbo eut même le temps de se réinstaller convenablement sur son banc avant de voir arriver le fameux cuisinier dans son champ de vision. Une fois encore, il attendit que ce dernier soit presque à sa hauteur pour lui adresser la parole.

- Hey... Où allez vous donc d'un air si pressé ?

Il avait sauvé la mise du gamin, il n'allait quand même pas laisser ce pauvre Archibald lui courir après tout l'après midi...

Certes, aider ce petit garnement à se cacher n'était peut-être pas la meilleure des choses à faire car cela risquait de l'encourager à recommencer en espérant qu'une autre bonne âme vienne à son secours sans rien demander en échange. Mais Bilbo ne pouvait décidément pas laisser ce petit garçon se prendre une belle fessée pourtant méritée pour son crime avoué en toute hâte. Comme disait sa chère maman : faute avouée, à moitié pardonnée... Et n'avait-il pas déjà eut une belle frayeur de se faire ainsi courser par le cuisinier en colère sur une bonne partie du quartier ouest ?! Surement que si... Le petit garçon devait certainement avoir vu sa vie proche de son thermes.

Aussi, il ne regrettait finalement pas son geste de vouloir aider le petit garnement qui ne recommencerait certainement pas son exploit de si tôt. Et puis comme il le lui avait dit, il ne faudrait pas qu'il compte sur son aide une deuxième fois. Tout à ses réflexions, Bilbo vit arriver Archibald, rouge de colère, fouillant méticuleusement buissons et arbustes sur son passage pour vérifier que le gamin ne s'y cachait pas et Maître Baggins se fit la réflexion, qu'avec Archibald Saglebuc aux trousses, il aurait également eut peur pour sa vie... Il fallait dire que le hobbit avait la réputation d'avoir le sang chaud et de ne surtout pas avoir la langue dans sa poche... Il n'était pas un mauvais hobbit, il ne fallait pas l'ennuyer voila tout.

Bilbo attendit qu'Archibald se soit calmé un tant soit peu pour s'adresser à lui et le regretter presque immédiatement lorsqu'il remarqua la manière on ne peut plus courroucée avec laquelle le pauvre cuistot pausa les yeux sur lui.

« Je cherche un sale petit voleur ! Vous l'auriez vu ? Non ? J'espère que non, pour vous, sinon ça va barder, je vous préviens, pour lui ET pour vous ! »

Voila autre chose... Il venait aux nouvelles et il se faisait proprement menacer par un cuisinier furieux et essoufflé de sa course folle et infructueuse... Rien que pour ça, il ne risquait pas de vendre le pauvre gamin... Après avoir pris un air outré sans avoir pût s'en empêcher, Bilbo fit de son mieux pour paraître aussi innocent que possible (et avec toutes ces années a attendrir sa mère, il fallait admettre qu'il avait de la pratique dans le domaine).

- Voleur ?! Et qu'a-t-il bien pût vous voler qui vous mette dans un tel état d'énervement ?

Le gamin avait parlé d'une part de tarte et Bilbo n'était pas assez sot pour penser qu'il n'ait pas un peu minimisé son larcin, mais tout de même, il pensait que le garnement avait mangé toute la tarte plutôt qu'une part et cela n'expliquait certainement pas une telle colère... Même quand on avait tendance à monter facilement en pression.

- De toutes manières, depuis la visite de ma cousine que j'ai réussit à éviter avec brio soi-disant passant, je n'ai vu que mon brave Hamfast dans les parages... Et tout hobbit en colère que vous êtes, si vous pensez que de me menacer de représailles puisse m'intimider, il va falloir revoir votre méthode...

Autant dire qu'il était offusqué.

- Je ne suis point du genre violent, mais je sais me défendre...

Il était relativement contrarié de s'être fait parler sur ce ton alors qu'à priori, il n'avait rien fait qui puisse mettre le hobbit en colère après lui, si ce n'est s'enquérir des raisons d'une telle course. Bilbo pris une bonne inspiration et repris d'un air plus calme.

- Allons... Calmez vous donc un peu... De toutes manières, votre voleur doit être bien à l'abri dans son propre trou à l'heure qu'il est... Ne pensez vous pas ?

Il se voulait conciliant, mais après tout, il n'allait pas laisser ce pauvre Archibald continuer à chercher alors qu'il savait bien, au fond de lui-même, qu'il ne risquait pas de retrouver le gamin...

« Je menace qui je veux et je n'en ai rien à faire que vous puissiez vous défendre ou non. Ah, mon bon monsieur, ça se voit que vous me connaissiez bien mal, voire pas du tout, sinon, croyez-moi... vous mouilleriez vos chausses ! »

Bilbo se contenta de hausser les sourcils, peu impressionné bien qu'une certaine partie de lui (la plus prudente) ne craigne qu'il ne mette ses menaces à exécution, emporté par sa colère qui ne semblait pas vouloir se calmer pour un sous. Ca n'était pas bon de rester énervé de la sorte, et tout bon hobbit savait bien ça... Bilbo tenta donc une nouvelle fois, de façon plus calme et civilisée, de raisonner le cuisinier en colère... Mais cela ne sembla avoir guère plus d'effet.

« Si vous l'avez aidé, certainement qu'il a réussi à m'glisser entre les doigts ! Nom d'un fromage ! Si j'apprends que... »

Mais pourquoi s'acharnait-il à l'accuser alors qu'il n'avait absolument aucune preuve que Bilbo ait effectivement aidé le petit voleur ?! Bon oui, d'accord, il avait permis au petit sacripant de pouvoir échapper à la correction qu'il aurait mérité, mais tout de même... Avait-il si mauvaise réputation que cela pour qu'on l'accuse ainsi de pousser les autres au vice ?! Il se souvenait d'avoir été un jeune hobbit plutôt turbulent, mais tout de même, il avait passé cinquante ans à présent et il était nettement plus calme et posé qu'avant.

Contre toute attente, le pâtissier sembla se calmer d'un seul coup comme Bilbo voyait ses épaules s'affaisser et son doigt menaçant retomber mollement le long de son corps.

« Une si bonne tarte... »

Un pot de fleur paya le vol du petit hobbit et fini en miettes sans qu'Archibald ou même Bilbo ne semblent s'en préoccuper plus que ça. Oui bon... Une tarte... Certes, il était fâcheux de se voir ainsi voler le fruit de son labeur, mais ça n'était qu'une tarte, ça n'était pas non plus le contenu de son coffre fort.

« Il a tout mangé, tout, vous dis-je ! Un vrai glouton ! Si tout le monde agissait ainsi, je pourrais fermer boutique. Voilà bien la raison de mon emportement ; si je ne punis pas sévèrement tout ceux qui me volent, ils viendront recommencer et d'autres le feront aussi, et c'en ai fini de mon auberge ! Cela ne doit pas resté impuni ! J'exige justice et réparation ! »

Bilbo le vit fouiller dans sa poche et eut peur, pendant un instant, qu'il n'en sorte un couteau ou un autre objet des plus dangereux dans sa hâte à vouloir se faire justice tout seul. Mais il fut rapidement soulagé lorsqu'il le vit en sortir une pipe finement taillée et la bourrer avant de l'allumer après avoir pris place sur un banc. Bilbo, toujours bien à l'abri dans son propre petit jardin, juste derrière la barrière que l'autre Hobbit aurait pourtant aisément put enjamber pour l'étriper sur place histoire de calmer ses nerfs sur quelqu'un, préféra l'observer de loin, se demandant s'il s'était réellement calmé où si une nouvelle crise de colère pointerait le bout de son nez : il ne tenait pas franchement à se prendre la pipe allumée en pleine tête.

Mais, bien que son regard ombrageux semble dire le contraire, Bilbo vit bientôt Archibald lui présenter calmement sa pipe dans une invite silencieuse à l'aider à calmer ses nerfs autrement qu'en lui tapant dessus. Après un bref mouvement d'hésitation qui passa presque inaperçu, Bilbo s'approcha, se sentant tout de même un peu coupable d'avoir aidé le gamin à filer à l'anglaise et il pris la pipe entre ses doigts.

- Merci bien.

Il en tira une bonne bouffée avant de la rendre à son propriétaire et grogna de satisfaction avant de laisser s'échapper un long nuage de fumée.

« Vous comprenez, je suppose, que je ne peux pas laisser de telles actions se dérouler sans réagir ? Ce n'est pas la première fois qu'on vient me voler. C'est mon travail, tout de même. »

Alors qu'il écoutait le hobbit lui exposer son point de vue de manière plus calme et posée, Bilbo sortit sa propre pipe et la prépara avec du vieux Tobbie, son herbe préférée avant de l'allume à son tours puis de la présenter à Archibald. Après tout, il avait pût profiter de sa feuille de langoulet non ?!

- Les bonnes manières se perdent malheureusement... Mais je ne peux m'empêcher de penser que lorsque nous étions si jeunes, nous aurions surement fait le même genre de méfait en n'écoutant que nos estomacs alléchés par de si bonnes odeurs sans même penser commettre un crime.

La jeunesse n'excusait pas tout, mais Bilbo continuait de penser que de se voir courser sur une bonne partie du quartier Ouest par un Archibald en colère avait eut de quoi effrayer le gamin pour les dix années à venir.

- Bien sur, je ne dis pas qu'il ne s'agit pas d'un crime car le vol reste le vol... Tempéra-t-il. Et je conçoit également qu'il soit rageant de se faire usurper ainsi le fruit de son travail si durement effectué... Voudriez-vous que je vous dédommage du prix de votre tarte pour que votre journée ne soit pas totalement perdue ?

Ça n'était que pure proposition et si le cuisinier acceptait, ma fois, il lui donnerait son argent. Bilbo n'était pas Hobbit à parler pour ne rien dire et il tiendrait parole car il avait un sens aigu de l'honneur et ne supportait pas ceux qui n'en n'avait pas le moindre.

« Je ne me souviens pas, pour ma part, avoir eu une telle attitude en étant un gamin... Mais peut-être avez-vous raison pour ce qui est des autres Hobbits. Enfin, cela ne l'excuse en rien, comme vous avez la sagesse de l'exprimer vous-même. »

Vraiment ? Peut-être avait-il réellement été un enfant trop espiègle et extravagant en son jeune temps alors... Il en plaindrait presque sa défunte mère... Mais il ne pensait pas avoir été un jeune hobbit si peu facile à éduquer malgré ses nombreuses bêtises... Bilbo haussa les épaules, qui était-il pour juger de cela ? Il n'avait lui-même ni femme ni enfant pour le moment, alors il ne pouvait pas juger de ses propres frasques enfantines.

Continuant sur sa lancée et le devoir qu'il s'était donné d'apaiser la colère du cuisinier, il lui proposa même de lui payer son travail si facilement volé, mais à la réaction du concerné, il compris tout de suite qu'il refuserait et il commença à se demander s'il n'aurait pas malheureusement offusqué son interlocuteur avec une telle proposition.

« Non, non, non, voyons ! Je me suis emporté sur vous, à tort, veuillez m'en excuser. »

Bilbo fit un signe de la main pour dire que ça n'était rien. Il avait certes été un peu vexé sur l'instant d'être si vite mis dans le panier de l'affreux complice de crime, mais c'était passé désormais et il comprenait parfaitement l'emportement d'Archibald.

« Ce n'est pas votre faute. Ne payez pas pour l'éducation douteuse des autres sur leurs rejetons. Je... Je n'ai pas besoin d'argent. Du vôtre, du moins. Gardez-le. Je vous remercie, cependant, j'apprécie le geste. »

Bien, au moins il ne l'avait pas vexé avec sa proposition faite en tout bien tout honneur. Il n'avait aucunement eut l'intention de le remettre en colère, mais il devait bien admettre qu'il avait pris un risque avec ce caractère apparemment bien emporté. Peut-être trop pour un hobbit, mais dans le fond... C'était un côté qu'il aimait bien, lui, Bilbo le toqué comme certains aimaient à l'appeler en pensant qu'il ne le savait pas.

« Belle soirée, en-dehors de ce délicat petit incident. »

Bilbo, fumant tranquillement lui aussi, confirma d'un signe de tête accompagné d'un grognement approbateur. C'était une belle soirée, au ciel éclairé, à l'air encore doux et au silence apaisant où seuls les bruits de la campagnes somnolente venaient troubler le silence.

« Enfin, du coup... Vous ne l'auriez réellement pas vu passé ? Je vous promets ne rien commettre à son encontre. Rien de bien fâcheux. Je ne dirais pas non à lui indiquer - gentiment, cela dit - que ce ne sont pas des choses à faire et que la prochaine fois ne passera pas aussi bien. Je vous en fais la promesse solennelle. »

Que faire ? Bilbo était plutôt embarrassé... Il pouvait continuer de nier farouchement avoir aperçu le gamin, mais ce serait s'enliser dans son mensonge et il avait toujours essayé d'être le plus honnête possible... Bien sur, il avait sciemment menti à Archibald lorsque celui-ci était arrivé hors de lui, mais c'était pour une bonne cause... Pour sauver ce pauvre diable et pour éviter à Archibald d'avoir des actions inconsidérées et pour lesquelles il culpabiliserait certainement beaucoup trop une fois la colère retombée...  

D'un autre côté, s'il lui avouait avoir aidé le garnement à le fuir, il prenait le gros risque de le remettre en colère et après lui cette fois-ci... Bien qu'il se soit venté de savoir se défendre, Bilbo n'avait jamais fait de mal à une mouche... Même sa viande et son poisson étaient tués par d'autres et il se contentait de les acheter une fois morts et dépecés... L'imbécile qu'il était serait capable de se laisser taper dessus sans chercher à se défendre bien qu'il crie ses opinions plus souvent qu'à son tours.

Au bout d'un instant, se disant que de toutes manières son hésitation avait trahi la vérité et qu'il ne ferait qu’aggraver son cas en s'enfonçant dans un mensonge éhonté... Bilbo se décida à affronter les conséquences de ses actes, il n'était plus un enfant, il ne pouvait plus agir comme tel en espérant avoir de la chance.

- Je vous avoue, à ma grande honte, que je vous ai menti... Finit-il par dire d'une voix plate accompagnée d'un air contrit. Le gamin vous a précédé de quelques minutes à peine... Mais en vous voyant si remonté, j'admet avoir craint que vous n'agissiez sans réfléchir, emporté par votre colère et que vous n'ayez des gestes que vous auriez regretté ensuite...

Il n'allait pas jusqu'à dire qu'il avait craint pour la vie du petit garçon hobbit, mais pas loin... Du moins, il pouvait aisément imaginer que le pauvre bougre aurait eut des bleus aux fesses pendants plusieurs semaines si jamais le cuisinier avait réussi à mettre la main dessus alors qu'il se laissait dominer par sa colère.

- Comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, je n'excuse pas les actes de cet enfant, mais il reste malgré tout un enfant et à cet âge là, vous voir le poursuivre sur une bonne partie du quartier ouest lui fera certainement faire des cauchemars pendant plusieurs semaines... N'est-ce pas une punition assez suffisante ? Peut-être pas à hauteur de son crime ou de l'injustice que vous vivez... Mais bien assez pour un enfant qui ne dois pas payer les mêmes conséquences qu'un adulte en pleine possession de ses capacités à discerner le bien du mal.

Se faisait-il philosophe ? Peut-être un peu... Quoi qu'il en soit, que le hobbit se mette en colère après lui ou non, il devrait bien affronter la suite la tête haute et sur de son bon droit d'avoir agit ainsi.

Il l'avait contrarié... C'était évident, il n'y avait qu'a voir la difficulté avec laquelle il tentait de garder le contrôle de ses nerfs et vu la petite crise à laquelle Bilbo avait assisté un peu plus tôt, il pensait avoir de bonnes raisons de s'en faire pour sa vie... Cependant, il avait été honnête, peut-être pas entièrement puisqu'il n'avait pas été jusqu'à lui avouer qu'il avait aidé le gamin à filer à l'anglaise, mais au moins, il n'avait pas menti. Il avait effectivement vu le gamin et avait fait en sorte qu'il distance Archibald.

Retenant son souffle le plus discrètement possible, Bilbo se dit que s'il devait mourir, il le ferait comme un hobbit honnête au moins, mais apparemment, le ciel était avec lui car Archibald semblait garder le contrôle et se raisonner en lui-même pour ne pas tout simplement passer ses nerfs sur son interlocuteur. Bien qu'il renverse une partie de son tabac sur ses genoux, il repris le contrôle de ses mains et ne trembla plus lorsqu'il repris la parole un brin contrarié malgré tout.

« Bien. Très bien. Vous avez, encore une fois, raison. Je le laisserai donc tranquille en espérant que cette expérience lui aura suffi pour un bon moment. »

- Quant à moi, si jamais il recommence, je le retiendrais jusqu'à ce que vous arriviez pour lui flanquer une bonne correction.

Ça n'était que justice après tout et puis il avait prévenu le gamin qu'il ne devait pas s'attendre à une aide de sa part en cas de récidive. Il voulait bien être indulgent, mais il ne pouvait excuser une deuxième bêtise identique à la première, ça n'aurait pas été productif pour le gamin en question.

Archibald bourra sa pipe une seconde fois, ayant apparemment besoin de calmer ses nerfs et il était vrai que Bilbo aimait à fumer lorsqu'il se sentait qu'il était trop tendu. Une mauvaise habitude sans doute, mais tellement agréable. Il laissa donc le hobbit brun reprendre son calme de son côté. Peut-être serait-il trop énervé après lui pour vouloir rester en sa compagnie plus longtemps sans avoir envie de lui mettre son poing dans la figure.

Les minutes passant en silence lui prouvèrent le contraire. Apparemment, Archibald n'avait pas envie de retourner seul chez lui pour le moment. Pas que cela ennuis Bilbo, bien au contraire. A cause de son caractère emporté et de son franc parlé, Archibald était un peu comme lui, mis de coté, regardé de travers et catalogué comme trop original pour être un hobbit fréquentable. Bilbo avait souvent eut de la curiosité pour le cuisinier, mais il n'avait jamais osé l'aborder. C'était idiot, mais il craignait de mal s'y prendre ou bien de le faire au mauvais moment et de simplement se faire envoyer sur les roses sans sommation.

« Je vous connais mal personnellement, Monsieur Sacquet, cela dit, j'entends beaucoup parler de vous. Vous devez être au courant des rumeurs circulant à votre encontre. »

Bilbo eut un petit rire amusé par la manière dont il lui annonçait ça. Oh naturellement, il n'était pas au courant de tout ce qu'on pouvait raconter à son sujet, mais il savait bien qu'il devait alimenter les veillées au coin du feu plus souvent qu'à son tours... Cela faisait pourtant si longtemps qu'il vivait aussi tranquillement que n'importe quel hobbit.

« On dit que vous fuyez la compagnie de vos voisins, que vous vous isolez pour on-ne-sait quelle drôle d'activité et que vous alimentez des rêves qui sont... disons... impropres à la nature d'un Hobbit de bonne éducation. »

C'était vrai, dans une certaine mesure. Bilbo n'était pas un hobbit très sociable et même pas sociable du tout si l'on pensait comme un hobbit lambda. La raison en était toute simple, il avait toujours plus ou moins été montré du doigt et toutes ces années de calme depuis la mort de sa chère maman n'avaient rien arrangé de ce que les gens pensaient de lui. Ils pensaient tous plus ou moins savoir comme il était mais peu d'entre eux pouvaient réellement se venter de dire la vérité en toute connaissance de cause. Aussi préférait-il les laisser affabuler dans leur coin et ne pas fréquenter une bande d'hypocrites tout juste bon à vouloir l'approcher pour alimenter de nouveaux ragots tout aussi farfelus les uns que les autres.

- C'était vrai... Il y a longtemps... Mais les idées reçues semblent avoir la vie dure... Répondit-il avec un petit sourire.

Sa pipe étant éteinte, il la vida à même le sol et la rangea dans une poche de son veston avant de reprendre avec un petit air rêveur alors qu'il se perdait un instant dans ses souvenirs.

- Tout ça vient d'une enfance sans doute trop turbulente... Rit-il. Quand j'étais encore un tout jeune hobbit, je passais mes journées à courir les champs et à chasser troll et dragons imaginaires à longueur de temps... Je m'approchait des frontières, même si je ne les ai jamais dépassées et je grimpais aux arbres pour y cueillir des fruits... Sans parler du nombre de fois où j'ai visité les cultures de la mère Magotte pour y piquer quelques champignons... Enfin jusqu'à ce que son fils me surprenne et que son père me mette une belle fessée...

Son propre père avait été très en colère après lui ce jour là lorsqu'il avait appris qu'il avait été chaparder dans les champs voisins, mais cela ne l'avait pas empêché d'aller trouver le vieux Magotte pour lui donner sa façon de penser sur la manière dont il se croyait le droit de pouvoir corriger les enfants des autres. Bilbo l'avait appris des années plus tard.

- Avec les années, il est vrai que j'ai souvent penser à partir en voyage... Le monde extérieur m'intrigue tellement... Je possède pas mal de cartes de la terre du milieu et toutes ces contrées semblent tellement attirantes puisque inconnues... J'aurai aimé aller jusqu'à Bree pour commencer... Mais mon père est mort et je ne pouvais pas laisser ma mère dans une telle détresse...

Non, il n'avait pas pût laisser sa pauvre maman pleurer son défunt mari sans lui, même si cela n'avait été que pour quelques jours d'absence, elle avait tellement fait pour lui, il n'aurait jamais pût l'abandonner à son chagrin sans essayer de la soutenir. Bilbo soupira.

- Et puis ce fut au tour de ma pauvre mère de passer de vie à trépas et j'ai hérité de Cul-de-Sac... Mes rêves de voyages et d'aventures sont alors peut à peut devenu des rêves d'enfants... Parfois je le regrette... Je pense à partir en voyage et puis je renonce... C'est idiot...

Peut-être était-il trop seul et trop mélancolique pour songer à avoir la force et la réelle envie de voyager...

- J'imagine qu'à présent je vous semble encore plus bizarre qu'avant. Sourit-il.

Après tout, ça n'était pas bien grave, il avait l'habitude de passer pour un original (et dans la bouche d'un hobbit ça n'était pas un compliment) et puis il avait compris depuis longtemps que quoi qu'il fasse, ça ne changerait pas l'opinion des autres hobbits.

- Vous savez sans doute qu'on en raconte de belles à votre sujet également... La plus part des parents doivent vous faire passer pour le croc-mitaine auprès de leurs enfants pour les tenir sages... Plaisanta-t-il.

Enfin il y avait peu de chance pour qu'Archibald n'ait pas même un doute sur le sujet étant donné son caractère. Même si les autres n'auraient surement jamais le cran de lui annoncer en face que parfois, il faisait peur, même au plus hardi d'entre eux.

Malgré son côté loup solitaire bien connu de la plus part des hobbits vivants près de chez lui, Bilbo était un sacré bavard quand il s'y mettait et il aimait à se replonger dans ses vieux souvenirs, même sans avoir quelqu'un avec qui en discuter. D'ailleurs, ayant eut une enfance plutôt solitaire, il ne pensait pas avoir un seul vieil ami qui puisse prétendre se souvenir du bon vieux temps en sa compagnie... Car même Hamfast avec qui il s'entendait pourtant si bien, n'avait pas couru les champs en sa compagnie lorsqu'ils n'étaient encore haut que comme trois champignons.

Bilbo n'avait pas franchement vu l'intérêt de ne pas s'étendre sur son passé. Pour lui, bien qu'il soit conscient que ses souvenirs feraient fuir plus d'un hobbit tout à fait recommandable, il ne voyait aucune raison de faire tout un mystère de son passé. Certes, il avait eut une imagination et une énergie tout à fait débordante, mais il n'avait jamais fait de mal à une mouche et n'avait jamais fait de bêtises trop graves qui aurait pût amener le chirif à venir voir ses parents pour s'en plaindre. De plus, à son sens, évoquer son passé avec Archibald lui permettait de rétablir un peu de vérité sur tout ce qu'on racontait de farfelu à son sujet car s'il était jugé et mis au ban de la société par les autres hobbits, ces derniers ne manquaient pas d'imagination pour rajouter une belle couche de loufoquerie à ses frasques enfantines. Mais dans le fond, il ne leur en voulait pas. Il était un original, il le savait fort bien et ça n'était pas de la faute des autres.

Il avait enchaîné sa petite remontée de souvenirs en sous entendant à Archibald que tout comme lui, il n'était pas franchement vu comme un hobbit tout à fait fréquentable par le reste de leur communauté. Bilbo ne savait pas franchement les raisons précises pour lesquelles le cuisinier était ainsi montré du doigt, mais il pouvait aisément penser sans trop se tromper que son caractère emporté si peu propre à leur race en soit en grande partie la cause. Aussi, puisqu'il le voyait se détendre progressivement, il lança une petite perche. Rien de bien méchant, mais il voulait savoir comment son interlocuteur prendrait la chose. Et à la grande surprise de Bilbo, cela le fit rire, tant et si bien qu'une fois de plus son pauvre tabac fut à moitié gâché sur sa pelouse.

- Croc-mitaine ! Moi !?

Avec un petit sourire en coin mi-gêné mi-fier de lui, Bilbo lui laissa le temps de se calmer et de reprendre ses esprits sans rien ajouter. Pour tout avouer, il était plutôt content d'avoir si bien détendu l'atmosphère car la soirée avait plutôt mal débuté et bien qu'il n'avait pas été dans ses intentions de le faire rire à ce point, il en était heureux car cela prométait une conversation désormais moins tendue.

- Il paraît, il paraît. C'est ce qu'on raconte à mon sujet. J'en avais des doutes, vous venez de les confirmer.

Et bien le hobbit était aussi lucide que lui à propos des racontards qui étaient monnaie courante dans toute la Comtée.

. Vous m'en avez dit des choses... Quelle confidence vous venez de m'offrir ! Ce doit être votre jour de chance, Monsieur Sacquet. Je souhaiterai ardemment vous montrer quelque chose, chez moi - c'est par là,

Etonné d'une telle remarque, Bilbo rosi légèrement, se demandant soudainement s'il aurait mieux fait de se montrer plus réservé et méfiant envers un hobbit auquel il adressait la parole autrement que pour quelques politesses pour la première fois. Mais très vite, il se dit qu'il ne regrettait pas d'avoir ainsi bavassé sur son passé car il n'en n'avait pas honte et il n'avait rien raconté de bien répréenssible, juste quelques vieux souvenirs. La curiosité du hobbit fut immédiatement mise à l'épreuve, lui faisant rapidement oublier le fait d'assurer à Archibald qu'il n'avait pas aussi ours mal léché qu'on se plaisait à le croire dans la Comtée. Quelque chose à lui montrer ? Voila qui avait de quoi le piquer au vif.

On y sera vite. Ca ne devrait pas durer très longtemps... Enfin, ça dépendra de vous, et de votre intérêt.

Une chose était certaine, le hobbit savait comment s'y prendre pour susciter l'intérêt de ses interlocuteur. Il savait y mettre son petit effet et cela marchait fort bien sur Bilbo en tout cas. Mais le hobbit étant de nature curieuse en règle générale, il devait bien faire sur effet sur n'importe lequel d'entre eux. La seule différence chez Bilbo résultait sans doute dans le fait que contrairement à la majorité presque absolue de ses congénère, il n'écoutait pas la petite sonnerie d'alarme qui l'enjoignait presque immédiatement à ne surtout pas se risquer dans une chose qui semblait si mystérieuse, en parler, c'était bien, le faire c'était une toute autre histoire.

- Et bien... Fit-il légèrement hésitant.

Car il fallait admettre qu'il se demandait pourquoi lui ? Pourquoi, soudainement, alors qu'il pointait sa sottise de bavasser ainsi sur son passé avec un presque inconnu, l'inconnu en question l'invitait tout bonnement à venir le visiter à l'instant pour lui montrer quelque chose.

Mais Bilbo était curieux, surement trop curieux pour son propre bien et s'il avait vécu dans le monde des grandes gens, il aurait peut-être immédiatement refusé une telle offre faite si vite après ce qui semblait vouloir devenir une relation tout à fait sympathique, peut-être même, par la suite, amicale. Mais les hobbits n'étaient pas pour voir le mal chez tout le monde et Archibald lui semblait être un hobbit tout à fait honnête.

- Pour tout vous avouer, je n'ai rien de particulièrement intéressant à faire et je suis curieux de savoir ce que vous tenez tant à me montrer si soudainement.

Pour bien montrer son envie de découvrir ce mystère, Bilbo levant son séant du petit banc et lissa les plis de son pantalon avant d'attendre Archibald. Naturellement, il ne savait pas où il vivait exactement, même s'il avait dans l'idée que sa maison devait logiquement se trouver non loin de son lieu de travail. Il ne pouvait en être sur et puis il n'allait pas devancer celui qui l'invitait à venir chez lui, ça aurait été extrêmement impoli de sa part.

- Je me demande bien de quoi il s'agit... Marmonna-t-il impatient de découvrir comme un enfant qui reçoit son cadeau d'anniversaire et qui déchirerait le papier cadeau avant même qu'on lui eut tout à fait donné le paquet.

Alors qu'il suivait un Archibald gai comme un pinçon, Bilbo ne pouvait s'empêcher de sourire tout seul. Peu de personnes pouvaient se venter d'avoir vu le cuisinier de si bonne humeur, lui qui montrait habituellement un air ronchon et toujours prêt à hurler sa mauvaise humeur au premier qui oserait prononcer une critique quelconque trop près de ses oreilles. Il se demandait si c'était grâce à lui... Peut-être bien en partie... Peut-être bien que le hobbit était contant de pouvoir partager un peu de ses secrets inavouables avec un autre hobbit sans tout de suite passer pour un hurluberlu.

Bilbo comprenait ça, et il pensait être sur la bonne voie en pensant que c'était ce qui rendait Archibald si gai. Lui-même aurait adoré pouvoir échanger plus souvent sur tous les mystères qui peuplaient le monde extérieur à la Comté sans tout de suite passer pour le roi des fous. Peut-être qu'il aurait pût paraître normal avec quelqu'un d'une autre race que la sienne, mais il n'y en avait pas des masses dans le coin, ou alors de passage et Bilbo était assez regardé de travers alors qu'il n'avait rien fait d'extraordinaire depuis de nombreuses années, il n'allait pas se risquer à parler à des inconnus au grand jour...

Chemin faisant, Bilbo en aurait presque regretté que personne ne soit d'humeur à vouloir observer les étoiles pour les voir passer de si bonne humeur. La réaction du hobbit en question aurait surement valu son pesant d'or... Mais il ne pouvait pas se réjouir d'un tel spectacle, alors il se contenta de profiter de la bonne humeur de son futur hôte. En toute honnêteté, Archibald était nettement plus agréable à vivre lorsqu'il n'était pas en colère, on aurait presque cru deux hobbits totalement différents.

Ils arrivèrent finalement dans la maison du brun qui ouvrait déjà sa grande porte orange avant d'inviter le hobbit à y entrer avec une certaine fébrilité qui trahissait son plaisir d'avoir de la visite. Bilbo, tout sourire, le suivit volontiers à l'intérieur de ce petit trou de hobbit joliment douillet et pris place sans se faire prier lorsqu'il y fut invité. Archibald tournait comme un poisson dans l'eau en attrapant plusieurs livres sur les étagères bien garnies dans lesquelles Bilbo aurait bien fourré son nez curieux.

Tout fier de sa collection, Archibald ne tarda pas à revenir vers Bilbo, les bras chargés avant de tout déposer sur la petite table qui faisait face au siège qu'occupait monsieur Baggins.

- Voici certainement les plus beaux ouvrages en ma possession ! Fiez-vous à moi quand je vous dis que peu de Hobbits ont de telles perles dans leur demeure. Je vous défie d'en trouver un surpassant ma propre bibliothèque !

Bilbo ne comptait pas le contredire. Il avait lui-même quelques beaux ouvrages, mais les perles de sa propre collection concernaient surtout les nombreuses cartes de la terre du milieu qu'il avait en sa possession. Il avait quelques recueils de poèmes, surtout elfiques, langue qu'il pouvait se venter de comprendre, même s'il ne le parlait pas vraiment bien, mais vraiment, ce qu'il préférait chez lui, c'étaient ses cartes, particulièrement celle qu'il avait accroché et où il avait patiemment tracé tous les chemins de randonnées préférées à l'intérieur de la Comtée.

- Bref, assez de bavardage ! Faites-vous plaisir. Du thé ?

- Avec joie. Répondit-il moitié dans le vide comme le cuisinier partait déjà vers ce qui devait être sa cuisine.

Bilbo resta un instant a observer les étagères avant de reporter ses yeux vers les ouvrages qu'il l'autorisait à compulser. Il se sentait réellement privilégié de voir une telle chose et il comptait prendre le plus grand soin de ces livres tant qu'il les aurait si près de ses mains. Il Lut les titres qu'il avait à portée de vue et passait à peine la pulpe de ses doigts sur la couverture de l'un d'entre eux, le frôlant à peine craignant de l'abimer malgré lui lorsqu'il vit Archibald revenir.

- Pour tout vous avouer... Je ne sais par lequel commencer... Ils ont tous l'air si fascinant... Avoua-t-il un peu timide.

Il attendit quelques secondes avant d'oser.

- Lequel préférez vous ?

Car après tout, s'il était son préféré, il devait être fabuleux.