Take what is ours!

Sujet: Take what is ours! Mer 13 Jan 2016 - 15:00

Take what is ours!

Glorfindel & Selen

L’aube se levait sur le Gondor, redonnant aux forêts et aux villages côtiers leurs couleurs chaudes. Le soleil s’imposant sur l’obscurité réchauffait les foyers, une douce matinée s’annonçait pour le plus commun du monde. Il n’y avait bien qu’à la taverne, contrainte de rester ouverte toute la nuit que cela sonnait bien moins poétique. Celle du Perroquet boiteux avait eu particulièrement du succès ce soir là par la venue de saltimbanques venus animer la soirée, ameutant du monde autour des tables. Un bien pour un mal, si es cernes creusaient les yeux de la serveuse, au moins elle avait gagné bien plus de pièces que d’habitude. Cette dernière ramassait d’ailleurs les quelques bourses éclatées au sol, se frayant un chemin entre les ivrognes endormis. Leurs ronflements sonores couvraient le bruit de ses talons sur le plancher, elle évoluait sereinement pour remplir son tablier replié en poche pour s’enrichir un peu plus. Habilement, la serveuse fit le tour, voyant qu’elle n’avait qu’à tendre la main pour ramasser son dû jusqu’à prendre confiance en elle et commencer à voler à même les clients lorsqu’elles étaient à portée de main. Un sourire satisfait sur les lèvres, aveuglée par la couleur de l’or elle entreprit d’aller la chercher à la ceinture d’un jeune homme dos contre le mur et son chapeau cachant ses yeux, indiquant un sommeil. Baissée, sans la moindre prudence, celle-ci glissa sa main sur la ceinture du jeune homme, renfermant entre ses doigts la bourse en cuir pleine de piécettes.

Sans crier gare, le jeune homme réveillé s’empara du poignet de la serveuse, serrant avec violence ce poignet entre ses mains pourtant fines et releva les yeux vers elle, noirs de mépris.

« Je te coupe la main si t’essaye. » Fit-il en grinçant des dents.

Soren relâcha d’un mouvement sec le poignet de la jeune fille qui s’empressa de faire demi-tour, les joues rougies de honte. Du regard il la suivit avant que son regard ne se pose sur la personne qu’il avait surveillée toute la soirée. C’était bien sa veine qu’autant de monde vienne remplir l’établissement, lui qui avait prévu de récupérer ce qu’il était venu chercher en quelques heures seulement. Le moussaillon donna un coup de coude à son coéquipier venu l’accompagner, ce dernier avait fini par se laisser tenter par l’alcool, ivre mort. Soren soupira, elle avait au moins eu la décence de rester sobre afin de récupérer le butin à l’insu de sa victime sans que cela n’ameute la centaine de personne qui avait rempli la taverne. Le pirate se redressa sur ses jambes, décidant de ne pas attendre que son compagnon se réveille pour agir. Il comprenait qu’il avait s’agit d’une mise à l’épreuve puisque jamais on ne lui avait donné telle mission. On comptait alors sur sa discrétion, sur son agilité mais forcément on lui avait collé un chaperon pour être sur qu’elle ne trahisse pas le capitaine Redmund du Crépusculaire. A quoi bon le trahir ? Soren n’avait d’existence que par ses pirates qui avaient bien accepté de ne pas le jeter par-dessus bord alors qu’il était arrivé par erreur sur le navire. Une fillette, forcément, on ne lui faisait pas autant confiance qu’un matelot lambda, déguisée en homme ou pas.

Soren comptait bien profiter de cette occasion pour prouver sa loyauté envers le capitaine, rendre Aaren fier et confirmer son allégeance à la frégate. Soren avait déjà fait ses preuves en tant que pirate, en tant que navigateur mais aussi en tant que combattant. Si on ne le voyait pas sur le pont les armes à la main avant un abordage, c’est qu’il y avait de quoi s’inquiéter. Car sa vie désormais tournait autour de ces désordres, de ces conflits, si bien qu’il n’en ressentait pas le moindre remord. La gamine était devenu un prédateur hors pair, un vrai démon qui à ce moment là progressait vers sa victime avec une aisance sans pareille. Alors il n’avait qu’à avoir besoin de se baisser légèrement, agrippant la hanse de la besace au passage, l’enfiler à l’épaule et sortir de la taverne comme si de rien était.

Soren quitta les lieux, veillant à ce que les portes ne battent pas et les referma tranquillement derrière lui. A l’extérieur, la clarté de l’astre l’obligea à plisser des yeux, il entreprit de fuir un moment la lumière pour se poster à l’ombre, s’adossa sur un muret afin de vérifier l’état de son butin. Il ouvrit alors la besace, et y trouva comme prévu les documents et les cartes concernant un cargo qui avait pris le large il y a de cela deux jours. Une cible, une dinde bien grasse à consommer allègrement pour le Crépusculaire qui se mettrait à sa poursuite dès la possession de ces documents. C’est alors qu’en fouillant la besace, il mit la main sur un objet qui piqua sa curiosité. Fronçant les sourcils, n’ayant pas prévu qu’un tel objet s’y trouve, il l’observa attentivement. Une relique elfique visiblement ou un bibelot du genre, quoi qu’il en soit cela devait couter bien assez cher pour offrir au navire de nouvelles pièces de bordure, de quoi ravir le capitaine de son travail.

« Rends-moi ça petit con ! »

Soren releva soudainement les yeux, découvrant l’homme a qui il avait volé la besace, accompagné de ses comparses dont deux ou trois tenaient difficilement encore difficilement debout. Ils puaient l’alcool et le tabac en plus de leurs odeurs corporelles respectives. A six contre lui, Soren avait bien vu qu’il n’avait aucune chance de s’en sortir. Alors il étira un vif sourire avant de se laisser glisser contre le muret d’une pirouette qui le fit atterrir plus bas de l’autre côté, pile sur les pieds avec une agilité inouïe. Les yeux écarquillés, ne revenant même pas lui-même de son culot, Soren ne perdit cependant pas de temps pour se mettre à courir alors que les gars avaient eux-mêmes entreprit de passer par-dessus le muret. La course poursuite débuta hors du village, par besoin de ne pas trouver d’obstacles sur son chemin et pour éviter d’ameuter plus de personnes qui se rejoindraient à la course puisqu’il était manifestement en tort.

Le pas léger, tandis qu’il courait jusqu’à la lisière de la forêt, Soren perdit son chapeau en chemin, ce qui l’obligea un court instant à s’arrêter puisque ses cheveux s’étaient détachés et que l’on voyait maintenant clairement qu’il s’agissait d’une femme.

« Le voilà !!! Attrapez-le et coupez-lui les jambes !! »

Soren ne prit pas le risque de reprendre son couvre-chef qui avait cet avantage de cacher son regard et tromper sur son genre. Si ses formes demeuraient dissimulées, certains traits de son visage ne trompaient pas. Soren conserva son sang froid et continua de courir jusqu’à ce qu’il trébuche sur une racine hors terre en ayant entreprit de jeter un regard par-dessus son épaule. L’un des hommes arriva à sa hauteur et l’empoigna par les cheveux pour le relever et le plaquer contre un arbre. D’une plainte, Soren senti sa peau s’effriter au contact de l’écorce.

« Ca par exemple !! » Fit l’homme en ricanant tout en les rejoignant. « Je t’ai déjà vu, t’es un chien de ce satané Redmund ! J’ignorais que ce connard recrutait dans les bordels, hein ma chérie ? »

Soren lui cracha au visage, s’agitant soudainement et manqua d’échapper à l’emprise de celui qui la tenait lorsqu’un deuxième homme arriva pour l’aider à l’immobiliser. A partir du moment où sa couverture était fichue, ils avaient deux manières de réagir : soit ils la sous-estimaient soient ils essayaient d’en profiter. Quoi qu’il en soit la découvrir était aussi justification à leur ôter la vie. Ils lui prirent la besace, le propriétaire l’ouvrit afin de vérifier que tout était dedans et s’aperçu qu’il manquait quelque chose.

« Il est ou ? Tu l’as mis où ? » Demanda t-il manifestement en parlant de l’objet elfique.
« Tu sais où il est !! Viens le chercher ! » Ricana t-elle.

On relâcha l’emprise sur elle, visiblement dans le but de la retourner pour la fouiller et Soren en profita pour sortir son sabre qu’elle planta dans l’abdomen d’un des hommes qui hurla de douleur. Les autres se mirent alors en garde, faisant de même et tentèrent de la stopper. Soren se montra plus agile, plus rapide et plus surprenante et les tua les uns après les autres sans ménagement. Tandis qu’elle écrasa la gorge du dernier dans un acte barbare où le sang jaillissait abondamment, la pirate récupéra la besace et sorti de l’intérieur de sa veste l’objet elfique pour le remettre dedans et l’enfiler comme si de rien était.

Elle lança un regard carnassier aux cadavres, satisfaite. Il ne lui retsait plus qu'à retourner à la taverne pour réveiller son coéquipier et ils n'avaient plus qu'à se rendre sur le port pour remonter à bord.

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