Hadrian [validé]

NOM&PRÉNOM ▬ Hadrian SURNOM ▬ Tête de poisson, seule sa sœur l'appelait comme cela. Les autres noms le désignant ne sont pas aussi affectueux. ÂGE ▬ 28 belles années passées sur cette terre et encore de nombreuses autres à venir. PATRIE, RACE ▬ Homme du Gondor vivant à Pelargir  LIEU DE NAISSANCE ▬ Il est né à Laketown RANG SOCIAL ▬ Il n'est pas riche, loin de là, mais il n'est pas pauvre non plus, du moins a-t-il connu bien pire. Il est d'un rang modeste. PROFESSION ▬ Pour Hadrian, ça se conjugue au pluriel. Il touche un peu à tout ce qui peut lui revenir. Il fut cependant soldat et pratique encore en tant que forgeron. SITUATION AMOUREUSE ▬ Marié depuis cinq ans à Madeleine, une femme d'une grande beauté mais sans réelle présence. POUVOIRS ▬ Le don de faire chavirer le cœur des dames et de briser les couilles des hommes, ce n'est pas donné à tout le monde et c'est un pouvoir qui mérite d'être reconnu.

VOTRE PHYSIONOMIE ▬ Hadrian est aussi brun que Elea est blonde, parfait reflet de sa défunte mère, mais la ressemblance s'arrête là. De taille moyenne, il compense par une carrure aux épaules larges qui lui donne un style imposant. Il n'est pas gros, bien au contraire, mais il n'en est pas moins solide malgré une stature élancée toute en muscle. Il tient cela de ses entraînements, de la rude vie qu'il a mené, de son travail acharné au jour le jour, ce corps, il l'a forgé. Son visage continuellement mangé par une barbe de quelques jours et une courte moustache qu'il entretient régulièrement, est encadré de ses longs cheveux châtains qui ont tendance à onduler en mèches épaisses. Deux yeux gris, francs, sévères, scrutateurs, rehaussés de sourcils venant souvent se rencontrer au dessus d'un nez aquilin. Il possède un visage expressif qui laisse souvent transparaître ce qu'il pense quand il n'est pas simplement fermé à toute émotion. Il montre sa colère, sa fougue, sa haine mais aussi sa joie, son amusement ou encore son excitation. Hadrian ne sourit pas souvent mais ce n'est que pour les offrir à ceux qui en valent la peine, à l'instar des rictus qu'il réserve à ses adversaires.
Il a le corps d'un soldat, la carrure d'un chasseur et les muscles d'un forgeron, son corps tanné par le soleil, ses mains pleines de callosités, il n'est pas comme les riches bien engoncés bien à l'abri chez eux. Il a vécu et son corps porte chaque traces des événements qui ont marqué sa vie, à commencer par ses cicatrices. Cela n'ôte en rien de son charme apparent. Il est beau et il le sait, il n'hésite d'ailleurs pas à user de ce charme quand il veut obtenir quelque chose, toute son attitude découle de cette assurance.
VOTRE STYLE VESTIMENTAIRE ▬ Il porte tout et n'importe quoi du moment que cela lui tient bien chaud et qu'il se sent à l'aise dans ses mouvements. Tissé ou fait de cuir, avec ou sans manches, rembourré ou non, il met ce qu'il a à sa disposition, pas grand chose s'il fait trop chaud. Leur style est principalement gondorien mais il lui arrive de se confectionner des vêtements en fourrure dans le style de ce que portait son père à Laketown. Il possède également une armure, du temps qu'il a passé dans l'armée, mais elle n'est pas de très bonne facture malgré le temps qu'il a passé dessus à essayer de l'améliorer, non content de ce qu'on lui avait fourni.
VOS PARTICULARITÉS ▬ Hadrian n'est pas tatoué mais il possède de nombreuses cicatrices qui ont toutes une histoire. Cela va de celles qu'il s'est fait enfant en tombant bêtement, à celles dont il a écopé en étant blessé au combat, en passant par la marque de morsure de loup qu'il a au bras et qui va de paire avec la cicatrice qu'il a près du cuir chevelu.
VOTRE CARACTÈRE ▬ Le meilleur moyen de décrire Hadrian est par son caractère indépendant. Il n'est pas homme à recevoir ses ordres de n'importe qui et il n'obéit que quand cela va dans son sens, cela lui a d'ailleurs valu de nombreux blâmes pour insubordination. Il n'est pas naturellement désobéissant, il aime seulement agir quand cela lui chante et que cela sert ses intérêts ou qu'il juge cela utile. D'une certaine façon, il peut être qualifié de têtu mais c'est surtout une forme de fierté chez lui. Il n'a qu'un maître dans sa vie et c'est lui.
C'est un être particulièrement ambivalent, à la fois réfléchi et impulsif, l'on ne sait si c'est de la témérité ou si c'est du courage. Hadrian passe beaucoup de temps à réfléchir, sans pour autant aboutir à un résultat quelconque, il aime simplement se poser des questions et en trouver les réponses, c'est là une forme de défi et il n'y a rien qu'il n'aime plus que les défis. Le reste du temps, il se montre particulièrement impulsif, surtout quand il a bu, au point d'en être relativement dangereux et dangereux, il l'est, son passé l'a montré. Il faut se méfier de lui mais pas au point de craindre de lui tourner le dos. C'est un homme de principe, droit et honnête, qui possède une certaine fierté, quoiqu'un peu misogyne sur les bords. Il aime se montrer en spectacle, cela fait partie de lui, de son caractère et de l'assurance qu'il tire de son physique. Il se sait beau, il se sait fort et il aime en retirer la gloire qu'il mérite. C'est quelqu'un attiré par le pouvoir, la richesse et la puissance, mais pas sous forme d'ambition, il ne s'agit là que d'accomplissement personnel.
Oui, c'est quelqu'un de bien si l'on oublie la haine qu'il voue ouvertement aux orcs. Il se montre d'ailleurs particulièrement ferme à leur sujet, déterminé à voir leur fin arriver. Ils ont joué un grand rôle dans sa vie, rien dont on peut les remercier, mais il est déterminé à se venger s'ils se mettent à nouveau en travers de son chemin. Quand il a une idée en tête, rien ni personne ne peut se mettre en travers de son chemin et son but est aujourd'hui de retrouver sa petite sœur, Elea. C'est quelqu'un qui change souvent d'avis et qui se lasse facilement de choses et d'autres mais pour ce qu'il en est de sa sœur, il s'agit d'un but fixé depuis des années maintenant et qu'il est fermement décidé à atteindre. Quand il a quelque chose en tête, il n'hésite pas à tout abandonner et malgré sa qualité de papa poule légèrement sur-protecteur, il est prêt à laisser son fils pour partir en quête de sa famille disparue.
Son fils est d'ailleurs la chose la plus importante à ses yeux, avec sa sœur. La seule personne à connaître les facettes cachées de sa personnalité. Celles d'un père aimant, un peu niais et souriant, qui ferait tout pour sa progéniture. D'une certaine façon, ce serait étrange s'il se comportait comme cela avec tout le monde. Hadrian aime les enfants, de manière générale, et se comporte différemment en leur compagnie qu'en celle des adultes. Il se montre alors doux, gentil, drôle, un peu troll sur les bords mais surtout très attentionné. Ce sont sans doute des séquelles qu'il a gardé de sa brusque séparation il y a vingt-quatre ans, alors qu'il se remémore toujours sa petite sœur comme si elle n'avait que quatre ans.
CE QUE VOUS AIMEZ ▬ Il aime particulièrement son fils, Svenn, qu'il chérie de tout son cœur. C'est la prunelle de ses yeux, son soleil, sa joie. Il aime aussi sa sœur, malgré la distance et le temps qui les sépare, jamais il ne pourrait l'oublier. Il aime aussi son cheval, même s'il aimerait parfois s'en tailler un morceau, juste pour lui apprendre à se foutre de lui comme ça. Et il aime se battre, par arrogance mais aussi par accomplissement personnel, lancer des défis c'est ce qu'il préfère, juste pour montrer qu'il est le plus fort et le plus rusé.
VOUS AIMEZ FAIRE LA FÊTE, BOIRE, MANGER ▬ Notre homme est un sacré fêtard. Une bonne boisson, une bonne pitance, de la musique et vous le verrez rire, crier, chanter comme jamais. Il n'est pas rare qu'il se laisse aller à faire la fête sans complexe, chantant à tue-tête avec de nombreuses fausses notes, distribuant des fessées aux dames passant à sa portée mais surtout parce qu'il n'en garde pas beaucoup de souvenir le lendemain matin.
AVEZ VOUS DES PASSIONS DANS LA VIE ▬ Hadrian pratique le chant quand il est bien imbibé mais aussi le lancer de couteau. Il aime forger des choses de ses propres mains, il en tire une immense satisfaction et cela lui rappelle les bons moments passés avec son grand-père du temps où il était encore vivant. Son autre passion, c'est un petit bout de choux du nom de Svenn.
AVEZ-VOUS UN BUT DANS LA VIE ▬ Son but dans la vie, en dehors du fait de pouvoir voir son fils grandir, est de retrouver sa petite sœur, où qu'elle soit. Ils ont été séparé trop longtemps et l'heure est venu pour lui de la retrouver.
CE QUE VOUS DÉTESTEZ ▬ C'est simple, ça tient en trois/quatre lettres : les orcs. Détester, le mot est faible, il leur voue une haine viscérale et n'hésitera pas à tuer le premier qui passera à sa portée.
PROFITEUR OU DÉBROUILLARD ▬ Un peu des deux, pourquoi perdre son temps quand on peut obtenir ce qu'on veut en choisissant les bons mots. Mais la plupart du temps, il est plutôt système D, c'est qu'il n'a pas inventé l'eau chaude alors de là à manipuler quelqu'un.
SUR QUI POUVEZ VOUS COMPTER EN CAS DE PROBLÈME ▬ Lui-même. Il n'aime pas se reposer sur les autres, il a toujours compté que sur lui-même depuis ses onze ans et cela ne va pas changer du jour au lendemain. Il aime autant régler ses problèmes tout seul plutôt que de recevoir de l'aide, quitte à employer la manière forte pour résoudre ces dits problèmes.
COMMENT RÉAGISSEZ-VOUS FACE AU DANGER ▬ Il n'a pas peur du danger. Il réfléchit et réplique quand le moment vient.
UN SECRET QUE VOUS GARDEZ ▬ Hadrian parle rarement, pour ne pas dire jamais, de ce qui lui est arrivé. Sa femme ne sait rien de lui hormis ce qu'il a bien voulu lui dire, et elle ne sait certainement pas quel sort funeste a connu sa famille, ni qu'il est en réalité le domestique d'un marchand du Rohan.
QU'EST-CE QUI VOUS FAIT HONTE ▬ Il a honte de ne pas avoir pu protéger sa famille, de ne pas avoir été assez fort pour sauver sa mère, assez fort pour ne pas tomber de la charrette, assez rapide pour retrouver sa sœur avant qu'elle ne disparaisse. C'est un fait qui le ronge et dont il ne parle jamais.
QUEL TYPE D'ARME AVEZ-VOUS ▬ Il possède un arc, principalement pour la chasse, ainsi qu'une épée qu'il manie parfaitement, une dague aussi, ainsi qu'une flèche brisée mais toutefois redoutable, même si elle ne lui sert pas d'arme mais seulement de souvenir.
QUELLE EST VOTRE PEUR ▬ Il a peur de ne jamais retrouver sa sœur. Il est persuadé qu'elle est encore en vie, quelque part mais il n'en a aucune preuve alors maintenant qu'il est parti à sa recherche, il craint de lui découvrir un sort funeste.

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VOUS ET LA TERRE DU MILIEU ▬ Hadrian est bien placé pour savoir qu'un mal ronge la Terre du Milieu, il en a lui-même été victime quand il était encore un enfant. Les orcs lui ont tout pris, sa vie, sa famille et depuis, il leur voue une haine féroce, dans l'attente d'éradiquer leur présence de la terre. Pour ce qui est des pirates, il est également bien conscient de leurs agissements, que ce soit en tant que soldat dans l'armée du Gondor qu'en tant que simple habitant de Pélargir. Les pirates sont là, de plus en plus présents à prendre toujours plus de liberté sur des terres qui ne leur appartiennent pas et il a aidé à les repousser plusieurs fois déjà.

Laketown, autrefois connue sous le nom d'Esgaroth, un nom datant d'une époque maintenant révolue, une époque que Hadrian n'avait pas connu. C'était une époque plus glorieuse et florissante pour la ville sur le lac aujourd'hui réduite à des morceaux de bois flottant sur l'eau grâce à la seule force du destin. Depuis quelques années maintenant, le terrible ver qui avait élu domicile dans le Mont Solitaire surplombant l'étendue d'eau, le maudis Smaug, n'était pas venu réclamer son du et les habitants s'efforçaient de mener une vie un tant soit peu convenable et paisible en maintenant leur ville à flot. Reflet des piliers s'élevant hors de l'eau à ses côtés, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Citée autrefois riche et prospère vivant de son commerce, sous la protection de la montagne, la vie était difficile depuis que cette dernière avait trouvé un nouveau locataire, forçant les nains à quitter leur illustre demeure. La pauvreté s'y répandait comme une maladie contagieuse et seul son glorieux passé perdurait dans le cœur des gens, enflammant les esprits comme une traînée de poudre. C'est dans cette ville qu'était né Hadrian, fils de Mirenda et de Tedd, bercé par les récits de son grand-père qu'il n'écoutait cependant plus que d'une oreille. Ce n'était toutefois pas le cas de sa sœur cadette, Eleanor, née 7 ans après lui, dont les yeux brillaient éclairés de milles étoiles en imaginant ce qui avait été, en vain.
Hadrian comprenait ce qu'elle ressentait, il avait été comme elle à son âge, innocent. Il aurait passé des heures à écouter Asabiarn lui parler de richesse, il l'avait. Tout ce qui aurait pu lui faire oublier ses vêtements humides et le grondement de son jeune estomac avait été le bienvenue. Mais les rêves ne nourrissaient que l'esprit, pas le ventre. La vie était difficile à Laketown et Hadrian, âgé d'à peine 11 ans, s'efforçait d'aider au mieux ses parents plutôt que de représenter le bête fardeau d'une bouche inutile à nourrir. Il en était ainsi à Laketown, il en était ainsi partout. Maintenant assez grand pour accompagner son père à la pêche sans l'encombrer de sa présence, assez fort pour remonter le filet sans tomber à l'eau pour rejoindre les poissons au milieu de l'eau glaciale ; faire sa part des choses, comme un homme. Dans quelques années, il trouverait femme et fonderait à son tour un foyer dans un taudis flottant jusqu'à ce que ses rêves ne soient réduit à néant par le poids des responsabilités s'accumulant comme de lourds nuages de pluie. Depuis tout jeune, il faisait ce qu'il pouvait pour alléger la charge de sa famille, il n'y avait pas de raison pour qu'il reste à la maison à ne rien faire quand il était suffisamment grand et fort pour se rendre utile. Il aidait son grand-père à la forge, l'observant travailler avec avidité, ramassait du bois de chauffage et vaquait à divers tâches et occupations quotidiennes.

Il n'était pas malheureux, non, pas vraiment. Après tout, tout le monde vivait les pieds dans l'eau, tout le monde ou presque. Il n'avait pas de bon point de comparaison si ce n'était les histoires contées par son grand-père qui lui avaient mis des rêves plein la tête, des rêves de gloire et de richesse. Il lui arrivait de fixer la villa du maire avec jalousie et cupidité, cet homme qui vivait au dessus de tout le monde, bien au sec.
Mais l'arrivée d'un nouveau membre dans la famille porta un jour nouveau sur sa vie. Eleanor, sa petite Elea, était le soleil qui manquait à ses journées, la petite tige de blé qui manquait à ses repas, la force qui l'aidait à se lever le matin, même si c'était en le tirant par la manche. Avec elle, tout semblait beaucoup plus beau, lumineux, agréable et chaleureux, elle avait fait entrer une nouvelle force dans la maison à force de sourire et l'avenir lui semblait bien moins lugubre grâce à sa présence à ses côtés. C'était une petite bouffée d'air frais qui avait mis de la vie dans la maison, à la plus grande joie de Hadrian, mais aussi de Asabiarn qui avait trouvé là une nouvelle oreille à prêter à ses récits. Pour la première fois depuis longtemps, il l'avait écouté, entendu, redécouvrant ses histoires sous un jour nouveau. Ce qu'il aimait le plus, c'était de la voir sourire, de l'entendre rire. Parfois, il s'amusait à l'embêter, la taquiner juste pour pouvoir lui faire retrouver le sourire, un sourire éclatant d'innocence. Il passait le plus de temps possible en sa compagnie, l'embarquant parfois pour des soi-disant missions en ville avec lui, juste pour s'amuser. Et puis des fois, il s'évertuait à la semer pour avoir la paix, surtout quand elle le traitait de tête de poisson, cette petite tête d'enclume. Mais il l'aimait, à n'en pas douter, il l'aimait plus que tout l'or du monde qu'on pouvait retrouver dans ses cheveux les jours ensoleillés. Il souhaitait que ces jours ne cessent jamais.

Que seraient les jours ensoleillés sans les jours de pluie ? Est-ce que l'on saurait les apprécier à leur juste valeur s'il faisait beau tous les jours ? La réflexion de Hadrian n'allait pas jusque là mais les jours heureux finirent par s'évanouir en même temps que le sourire de sa petite sœur. Ils étaient tous abattus par la disparition soudaine de Asabiarn, cet idéaliste, mais sa mort semblait avoir touché plus durement la petite Elea, si jeune et si fragile. Mais il n'était pas dupe, pas plus qu'il n'était sourd. Il n'était pas toujours d'accord avec sa mère, comme tout enfant en âge de se rebeller. Lui aussi, il avait ses rêves et il ne voyait pas d'un très bon œil sa volonté de faire tomber sa petite sœur de son nuage doré. Protecteur qu'il était, il avait bien conscience qu'elle aurait un jour besoin de connaître la vérité mais il se chargeait de la préparer à sa façon. Elle était juste jeune et naïve, bien tôt serait venu le temps pour elle d'ouvrir les yeux devant la misère, mais pas de cette façon.
Le changement qui s'était opéré en Elea lui fendait le cœur. Il travaillait dur à lui faire retrouver le sourire, si dur qu'il aurait pu abandonner, la réalité de la vie le frappait à nouveau de plein fouet, plus durement que jamais, mais il n'était pas prêt à baisser les bras, pas encore.

« Eh ! Tête d'enclume ! Arrête de coller ton nez à la vitre où ça va te faire un nez de cochon ! »

Une énième raillerie pour tenter de la faire réagir, une dernière fois. Il ne comprenait pas ce qui la rendait ainsi, il ne parvenait pas à mesurer l'ampleur des dégâts provoqués par les révélations de sa mère cette nuit-là mais il était là, pour elle. Cela lui prendrait le temps qu'il faudrait mais elle finirait bien par s'en remettre, comme il s'en était lui-même remis. Il espérait juste qu'elle retrouverait son sourire d'avant, celui qui lui réchauffait le cœur et lui permettait de trouver ses journées moins longue et moins merdique. Il ne pouvait pas vraiment en vouloir à sa mère, il n'était pas insensible à la peine qu'elle éprouvait en regardant sa fille, son front se plissant de tristesse chaque fois que ses yeux se posaient sur elle ; mais il aurait voulu trouver un coupable pour tout cela, quelque chose pour évacuer sa propre peine.



Sa vie prit cependant un nouveau tour du jour au lendemain. Trop jeune, il restait en dehors des plans de ses parents qui ne jugeaient pas utile de le mêler à leurs affaires d'adultes malgré les messes-basses qu'il arrivait à capter de temps à autre. Il avait bien senti que quelque chose se tramait et un sentiment mêlé d'espoir et de peine l'envahit quand on leur annonça leur décision de quitter Laketown pour se trouver une vie meilleure, ailleurs. Hadrian avait vécu toute sa vie ici, onze longue années dans cette ville au bois pourri. Il connaissait cette ville comme sa poche, elle recelait de nombreux souvenirs et c'était aussi ici qu'il avait dis au revoir à de nombreux êtres chers. Il avait ses amis, une fille ou deux qu'il aimait particulièrement bien et puis ses petits secrets mais il n'avait pas son mot à dire, trop jeune pour être écouté.
Ce nouveau départ, c'était aussi un nouvel espoir que tout aille mieux, que tout rentre enfin dans l'ordre. Il acceptait tout cela pour sa sœur, en espérant qu'elle retrouve le sourire où qu'ils aillent. Il avait eu peur que son état empire en disant au revoir à cette montagne qu'elle aimait tant, elle qui passait ses journées collée à la fenêtre à la contempler, mais qu'est-ce qui aurait pu être pire qu'une petite sœur qui ne sourit ni ne pleure ? Alors il avait dis au revoir à la montagne, se joignant à la petite blonde assise à ses côtés dans la charrette que ses parents étaient parvenus à se payer pour le voyage. Ils avaient rassemblé leur maigre ressources dans le seul but de prendre un nouveau départ pour leurs enfants. Il avait dis au revoir à son ancienne vie avec un petit pincement au cœur, après tout, à 11 ans, il avait encore toute la vie devant lui pour se faire de nouveaux souvenirs, des souvenirs qui ne pouvaient être que plus ensoleillés comparés à ceux qu'il s'était fait sous ce ciel gris.

Il y avait déjà un mieux. Il faisait beau, ses chaussures ne prenaient pas l'eau, il ne sentait pas le poisson et sa sœur l'embêtait à nouveau, comme avant ou presque. Il se laissait faire, ses pieds battant à l'unisson à ses côtés, regardant la charrette avaler les lieues à un rythme brinquebalant. Il préférait largement se faire embêter que rien du tout. Le chemin était long et ce n'était que le début, ils avaient prévus de partir jusqu'au Gondor comme ça, tout là-bas dans le sud, une région qu'il n'avait encore jamais vu et qu'il avait bien du mal à situer. Il espérait que le soleil régnait sur ces contrées, qu'ils pourraient faire des colliers de fleurs et se rouler dans les champs de blé ; à nouveau, il espérait, comme s'il avait à nouveau 5 ans et que son grand-père lui racontait des histoires. Le plus difficile avait été pour eux la traversée de la forêt noire, il se montrait beaucoup moins confiant que ses parents face aux mises en garde des elfes de la forêt mais il avait envie d'y croire. Forcément, il avait été soulagé de retrouver la lumière du jour qui perçait difficilement ces bois sombres. Ce voyage lui faisait voir du pays, lui qui n'avait quitté la surface du lac que pour ramasser du bois, le voilà qui traversait des champs, des arbres s'étendant à perte de vue et il avait envie d'y croire, envie de croire que ce changement de vie serai bénéfique pour tous. Il avait senti un net changement chez ses parents qui étaient bien plus enjoués, bien plus positifs qu'autrefois, et il s'était mis à sourire avec eux, sourire sans réelle raison de le faire, juste parce qu'il en avait envie.
Son cœur n'avait fait qu'un bond dans sa poitrine quand sa petite sœur avait bondi sur ses pieds en criant de joie à la vue des Monts Brumeux, un immense sourire se fendant sur son visage face à cette réaction inattendue. Pour lui, une montagne restait une montagne, même si celles ci lui paressaient bien moins inquiétante que celle qui surplombait le lac. Mais qui savait ce que celles-ci abritaient ? Une interrogation qui faisait écho aux nombreuses autres de la petite fille qui ne se taisait plus après son long mutisme. Il était bien content de la voir comme cela et il encouragea son père à détourner leurs chevaux de leur route pour s'approcher plus près des montagnes.

Jamais il ne regretta plus cette décision que cette nuit là. Ils avaient fait un grand détour pour se rapprocher des Monts qui bordaient leur chemin mais à ce moment là, il aurait fait n'importe quoi pour voir sa sœur sourire et rire comme elle l'avait fait. Elle était vivante à nouveau, rien à voir avec la poupée de chiffon qu'elle était devenue depuis la mort de leur grand-père. Mais il leur fallut rattraper le temps qu'ils avaient perdu et ses parents avaient décidé de le rattraper en cheminant de nuit. Assoupit à l'arrière de la charrette, blottit contre sa sœur bien au chaud sous une couverture, ils étaient bercés par le mouvement du véhicule se mouvant sous leurs corps. Hadrian ne dormait pas totalement, du moins pas profondément et la voix de son père acheva de le tirer des bras de Morphée. Allongé, il ouvrit grand les yeux, devinant les silhouettes de ses parents assis à l'avant sous le ciel étoilé. La charrette n'avançait plus et il devina que quelque chose se passait. Serrant sa petite sœur contre lui, il se tint immobile, inquiet. Le petit garçon savait que ce voyage n'était pas sans danger, les elfes le leur avaient suffisamment répété pour qu'une peur sourde l'envahisse peu à peu alors que son père disait avoir entendu quelque chose derrière eux.



A l'arrière de la charrette, le corps tremblant contre celui de sa petite sœur assoupie, il retenait sa respiration pour essayer d'entendre le bruit perçu par son père, sans succès. Il n'entendait rien de plus que le son des battements de son sang dans ses oreilles, son cœur s'emballant dans sa poitrine, au risque d'exploser. Il avait peur, s'attendant au pire pendant cette attente interminable qui s'installa et aurait tout fait pour le briser quand subitement, sa mère se mit à crier d'une voix stridente, criant aux orcs qui les attaquaient. Son père fouetta les chevaux qui tiraient leur charrette et il se cramponna au bord de la charrette, tenant sa sœur d'une main en se sentant emporté par le mouvement. Maintenant tout à fait réveillés, leur mère les tenant fermement pour les empêcher d'être éjectés alors qu'ils étaient secoués dans tous les sens dans cette course effrénée, il regardait avec horreur les monstres qui les poursuivaient juchés sur des montures improbables. Il était incapable d'esquisser un mouvement et ne tenta même pas de protéger sa petite sœur confrontée à la même vision. L'un des orcs banda son arc, visant dans leur direction et il n'eut pas le temps de cligner des yeux que la flèche vint se planter dans la tête de la mère qui mourut sur le coup. Dans un éclair de lucidité, il s'était redressé pour protéger sa sœur de son corps et dans un sursaut du véhicule sur lequel il se tenait presque debout, il perdit l'équilibre et se sentit happer par la route, atterrissant lourdement face contre terre. Il entendit plus qu'il ne vit la charrette s'éloigner en le laissant là, à la merci des orcs qui passèrent devant lui sans s'arrêter. Sans doute ne l'avaient-ils pas vu. Peut-être étaient-ils trop occupés à poursuivre la charrette pour leur plus grand plaisir, comme des chiens affamés jouant avec leur proie. Toujours est-il qu'ils ne se préoccupèrent pas de l'enfant qui était tombé hors du véhicule.
Allongé sur le ventre, le visage écrasé sur le sol, il se repassait en boucle la vision de sa mère embrochée par une flèche, l'expression sur son visage à ce moment, ajoutant quelques fantaisies alors qu'une douleur sourde s'emparait de son corps. Bientôt, le son de la charrette mourut totalement et il ne perçut plus que ses propres gémissements, au prix d'un gros effort, il se mit debout, il avait le visage en feu et portant une main à son front, il comprit qu'il avait été blessé dans sa chute en retirant une main pleine de sang. Il se mit à tituber, essuyant sa main sur ses vêtements souillés, son pantalon déchiré au genou eut le don de le faire pleurer ; sa mère ne repriserait plus jamais ses vêtements. Ce constat lui broyait le cœur, le faisant suffoquer, il avait envie de se rouler en boule sur le sol pour se laisser aller à pleurer, de s’abandonner totalement à la peine qui l’envahissait. Tirant sur sa tunique à hauteur de son cœur, se tenant immobile au milieu de la route où se dessinait encore les traces fraîches des roues de la charrette poursuivie par les monstres, le visage de sa jeune sœur s’imposa dans sa tête, fuyant les orcs en compagnie de son père. Cette vision lui donna la force et le courage nécessaire pour faire un pas en avant sur les traces de sa famille disparue.

Il marcha pendant des heures, usant la semelle de ses chaussures à force de traîner les pieds sur le sol rocailleux. Il avait mal aux pieds, au dos, aux jambes, à la tête mais ce n’était rien comparé à la douleur qui siégeait dans sa poitrine, menaçant de le consumer totalement. Peu de temps après avoir pris la route, il était tombé sur le corps de sa mère, abandonnée à son sort sur le bord de la route. La flèche qui l'avait tuée était encore plantée dans sa tête, cassée au milieu pendant sa chute. Il resta debout devant le corps, le fixant sans bouger. Il n'aurait su dire ce qui lui passait par la tête parce que celle-ci n'était plus qu'un immense vide emplie d'un bruit blanc. Apathique, il n'entendait rien, ne voyant plus que le cadavre de celle qui lui avait donné la vie, toute douleur s'était évanouie hormis celle qui le menaçait, grandissante, dans sa poitrine. Il aurait voulu pouvoir lui donner une sépulture décente, comme on l'avait fait pour le reste de sa famille, mais il ne put que traîner laborieusement son corps hors de la route, l'abandonnant aux charognards sans pouvoir l'enterrer hors de leur portée. Avec difficulté, il arracha la flèche qui l'avait tuée, le sang souillant ses mains se mêlant à celui de sa mère, et se releva pour reprendre son chemin, plus déterminé que jamais. La haine et la douleur déformait ses traits alors qu'il serrait la flèche dans son poing à s'en faire mal, blanchissant ses jointures. Il marchait plus vite, suivant les traces du passage de la charrette qui, heureusement pour lui, étaient plutôt fraîche. Petit à petit, il tomba sur des affaires qui leur appartenaient. Au début, il les avait ramassées avant de réaliser qu'elles étaient trop nombreuses pour ses petits bras. Alors il les avait posées en tas sur le sol, à un endroit bien en évidence pour qu'ils puissent les récupérer en repassant par là. Il était optimiste, ils étaient en vie, il le savait. Ils avaient simplement fuit le plus loin possible et mettaient du temps à revenir pour lui. Près de mourir de soif et de faim, il s'efforçait de trouver un peu de quoi se sustenter tout en marchant, repoussant ses limites malgré la douleur lancinante de son crâne.
Proche de l'abandon, alors qu'il perdait peu à peu espoir de retrouver le reste de sa famille, se reposant sur le peu de connaissances qu'il possédait en matière de traque et ayant dépassé depuis longtemps la charrette abandonnée, alors qu'il cédait peu à peu à la petite voix qui lui répétait qu'il faisait tout cela en vain, il aperçu une masse inerte sur le sol. Il s'arrêta, figé, fixant ce qu'il reconnaissait comme étant la couverture qu'avait sa sœur dans la charrette. Tremblant, il n'osait parcourir les quelques mètres qui l'en séparait, craignant ce qu'il trouverait et à raison. Alors qu'il trouvait enfin le courage de s'approcher, soulevant doucement la petite couverture qui couvrait un corps bien trop grand pour être celui de sa sœur, il trouva le visage de son père qui semblait presque endormi. Il avait envie de croire que son immobilité était due au sommeil mais les derniers événements avaient définitivement altéré sa vision des choses et lâchant la couverture, il appela sa sœur, la suppliant d'une voix aiguë, la priant de revenir.Il cria, il hurla, il pleura, l'appelant encore et encore jusqu'à ne plus avoir de voix. Les heures passèrent et la nuit tomba à nouveau, noyant le paysage dans les ténèbres de l'obscurité. Assis à côté du corps de son père, se balançant d'avant en arrière tout en serrant la petite couverture contre lui, ses yeux lui brûlaient sans qu'il soit capable de pleurer tant il mourrait de soif. Mais que ce soit la douleur de sa tête blessée, le tiraillement de ses lèvres gercées à l'instar de sa gorge aussi aride que le Harad, toutes se substituaient à celle qui menaçait de faire exploser son petit cœur. Il avait tellement mal qu'il aurait voulu mourir, là, maintenant, s'abandonner totalement pour oublier sa peine. Alors il s'allongea contre son père, tenant sa main dure et glacée d'une main et la flèche qui avait tuée sa mère de l'autre, en priant pour qu'on vienne l'effacer lui aussi.



Toujours prostré contre le cadavre de son père qui ne se réchauffait pas, il se préparait à mourir, se sentant emporté dans les bras de Morphée. Mourir, il n'attendait plus que ça maintenant qu'il n'avait plus ni père, ni mère et qu'il ne trouvait trace de sa sœur. Il l'avait appelée, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne perd la voix, ne s'arrêtant que parce que ses forces l'abandonnaient peu à peu. Il avait marché des heures, sans s'arrêter, ne mangeant que le peu de choses qu'il parvenait à trouver sur son chemin. Tremblant de froid, un bruit le fit sursauter. Immédiatement, il bondit sur ses pieds dans un regain d'énergie provoqué par l'espoir de voir sa sœur arriver. Ce n'était que pure folie et il le réalisa en apercevant un loup à la lueur des étoiles. L'animal s'avança doucement, sur le qui-vive, maigre et rachitique. Il fixait le jeune garçon de ses yeux dorés, lui tournant doucement autour sans le lâcher des yeux. Hadrian pivota sur lui-même pour ne pas le quitter des yeux, serrant toujours la couverture contre lui. Il tremblait toujours, de froid, de faim, de peur, la bête ne semblait pas décidée à partir, le fixant toujours tout en reniflant l'air nocturne. Le garçon tituba, tombant à genoux alors que sa tête lui tournait, la douleur lancinante s'accroissant. Il n'en fallut pas plus pour le loup qui sentit sa faiblesse et s'approcha soudainement du cadavre de son père qu'il attrapa par la gorge, peinant à le traîner. Ses crocs s'enfonçaient dans sa chair, la déchirant alors qu'il tirait dessus. Hadrian le regarda, immobile, s'étonnant de ne pas voir de sang couler de la plaie béante de sa gorge lacérée, ne pouvant se détacher de la scène morbide de cet animal sauvage lui arrachant son père pour la deuxième fois. La haine montait en lui, gonflant doucement en lui. Toujours à genoux, il abandonna la couverture sur le sol, serrant la flèche qui avait tuée sa mère dans sa main.
Sa respiration s'accélérait peu à peu tandis que la rage l'envahissait, le poing serré au point de lui ôter toute sensation dans le bras. Il bondit, soudainement, rapidement, plongeant sur le loup qui n'eut pas le temps de fuir. L'animal lâcha le corps sous la surprise, lui jetant un regard apeuré avant que la flèche brisée ne vienne se planter dans sa côtes. Le garçon leva le bras, abattant son arme qui vint se planter entre les côtes de l'animal qui se retourna contre lui, plantant ses crocs dans l'autre bras à sa portée. Il ignora la douleur des crocs lui tailladant le bras tandis qu'il répétait son geste, allant pour le cou, les yeux, il abattit encore et encore la flèche dans le corps de l'animal trop faible pour lui résister, jusqu'à ce qu'il ne s'affaisse totalement, sans vie. Il respirait vite, trop vite, contemplant la flèche encore plantée dans la tête du loup, le sang de l'animal se mêlant à celui de sa mère et au sien, plus frais alors qu'il s'était écorché la paume en la frottant contre le fût de la flèche. Alors il se redressa en titubant, arrachant l'arme avant de s'asseoir à côté, réalisant petit à petit la portée de son geste. Il avait l'impression d'être devenu fou sous la pression menaçant son crâne tandis que son corps pleurait des larmes incapables de couler. Au prix d'un terrible effort, il se releva, surplombant les deux cadavres de sa petite hauteur avant de s'en aller.

Il n'avait eu qu'une hésitation avant de partir, celle de se repaître du carnivore rachitique qu'il avait tué. Il ne prit rien, ni sa chair, ni son sang, pas même sa fourrure pour se tenir chaud, abandonnant les deux corps à la nature à laquelle ils appartenaient. La couverture dans une main et la flèche dans l'autre, il avait trouvé la force de se battre à nouveau pour survivre. Sa sœur était là, quelque part, il le savait, le sentait. Il ne savait pas où elle se trouvait, ni ce qui lui était arrivé mais il savait qu'un jour, il la retrouverait, où qu'elle soit ; il en avait l'instinct, la boule au fond de son ventre le lui disait.



Hadrian marchait depuis des heures, survivant comme il pouvait au triple drame qui l'avait frappé. De fils de pêcheur de onze ans, il était passé à orphelin vagabondant. Il ne sait pas où il est et encore moins où il va mais une force invisible le pousse à continuer sa route, ne s'arrêtant que rarement pour se reposer. Sa tête le fait toujours souffrir mais la douleur s'estompe peu à peu, sans tout à fait disparaître. Le sang tâchant son visage lui tire la peau, ses vêtements sales et déchirés sentent la mort et il tuerait pour avoir quelque chose de consistant à manger tant le vide qui creuse son estomac commence à le ronger. Mais maintenant, il y est habitué. Il a eut le temps de réfléchir en marchant, mesurant la chance qu'il avait finalement, d'avoir un semblant de toit et assez de nourriture pour ne pas mourir totalement de faim et il payerait cher pour pouvoir revenir en arrière à cette époque bénie où il n'était pas seul.
Il avait perdu toute notion du temps quand il croisa le chemin d'une caravane. C'était le premier signe de vie depuis qu'il était tombé de la charrette de ses parents et il aurait pu en pleurer de joie, pourtant, aucun sentiment particulier ne l’assaillit alors que la caravane ralentit pour finalement s'arrêter à sa hauteur. Pas de joie de voir des êtres humains, pas de soulagement de ne plus être seul, pas d'espoir de pouvoir retrouver son chemin, juste le vide. Apathique, totalement indifférent à la situation, il fixa l'homme qui se pencha vers lui d'un regard glacial. Il avait passé la flèche  sa ceinture et portait la couverture ses épaules pour se tenir chaud, aucun sourire ne vint éclairer son visage quand on l'invita à monter. Le petit garçon grimpa sans un mot, gardant volontairement pour lui ce qui lui était arrivé.

Le groupe de la caravane, exclusivement composé d'homme, n'était pas constitué de banal marchands mais de marchand d'esclave faisant route pour le sud, pour le peu que cela pouvait importer au jeune garçon qui avait embarqué avec eux. Il resta avec eux quelques jours, aidant peu et mangeant autant qu'il pouvait alors qu'il ne savait pas combien de temps il aurait la chance de manger ainsi à sa faim. Il n'était pas vraiment inquiet pour son avenir, juste satisfait d'être encore en vie après tout ce qui était arrivé ; cela ne pouvait pas aller en s'aggravant. Peut-être que s'il avait aidé plus qu'il n'avait été un poids, peut-être que s'il avait été plus ouvert que refermé sur lui-même, alors peut-être qu'il aurait pu rester avec la caravane. Mais à onze ans, têtu comme une mule et aussi ouvert qu'une prison, il était plus une gène qu'une aide pour le groupe qui comptait déjà suffisamment de main d’œuvre. Ce dernier le vendit à un riche marchand dans une ville qu'ils traversèrent, un choix auquel Hadrian ne s'opposa pas. A ce moment-là, il s'en moquait bien, d'être vendu ou non, de finir comme domestique, marchand d'esclave ou autre, et au final, cela le servit bien. A son sens, il avait beau être redevable envers l'homme qui l'avait acheté, il n'était pas vraiment un domestique dans sa tête. Il n'était pas libre pour autant mais il ne se sentait pas enchaîné non plus, cette situation, il l'avait voulue et il s'y complaisait.
Son maître était un riche marchand d'Edoras, la capitale du Rohan. Le destin faisait drôlement les choses en le menant directement là où il comptait aller. Après tout, ses parents partaient pour le sud dans leur quête d'un plus bel avenir pour leurs enfants. Il en était venu à chercher sa petite sœur dans les petites têtes blondes qu'il avait l'occasion de croiser, plus par habitude qu'avec un réel espoir de la trouver comme ça. Il y avait si peu de chance qu'elle ait pu faire tout ce chemin toute seule et si elle avait été prise par des marchands d'esclave tout comme lui, ils pouvaient l'avoir vendue n'importe où. Alors il se contentait de vivre sa vie, profitant du marchand tout autant que ce dernier profitait de ses services. Cette vie ne le changeait pas particulièrement de celle qu'il avait connu à Laketown si ce n'était que la météo était plus clémente et qu'il n'avait pas à se soucier de ce qu'il allait manger, seulement des tâches qu'il avait à accomplir chaque jour. Il n'était pas malheureux, mais pas heureux non plus, juste indifférent. Au début, il exerçait des tâches banales, sans grand intérêt pour lui mais qui lui permirent de se muscler un peu et de se renforcer. Au bout d'un certain temps, il attira l'attention du maître forgeron qui avait remarqué son intérêt pour la forge, seul lien qui lui rappelait sa vie d'avant. Quand il passait près de la forge, il ne pouvait s'empêcher de s'arrêter pour écouter le bruit de l'enclume sonnant sur le métal, la chaleur qui émanait des lieux, la vapeur s'échappant de l'eau en petits nuages et l'odeur du métal chauffé à blanc. Cela lui rappelait son grand-père, quand il l'aidait à la forge et que ce dernier lui montrait quelques trucs. Le maître forgeron lui rappelait un peu son grand-père et ce dernier se prit d'affection pour lui, ce lien lui fit le plus grand bien, au même titre que les connaissances qu'il acquit en pratiquant à ses côtés pendant son temps libre. Il apprit également à manier l'épée à ses côtés, poussé par son désir de devenir toujours plus fort, toujours plus indépendant. Il voulait être capable de se défendre seul et le moment venu, de se venger des orcs qui lui avaient pris sa famille.

Après quelques années passées au service du riche marchand, ce dernier ne lui apportait plus rien d'utile à son développement personnel. Leur relation en fut détruite et ne trouvant plus de raison de rester, malgré le fait qu'il en était la propriété, Hadrian s'enfuit une nuit, décidé à s'enrôler dans l'armée. Il n'avait qu'une idée en tête, devenir toujours plus fort, toujours plus puissant, quoi de plus puissant que l'armée du Gondor. Commençant au bas de l'échelle, il fut prompt à faire ses preuves grâce à l’entraînement prodigué par son mentor et grimpa petit à petit les échelons, sans atteindre le rang d'officier cependant. Il ne resta qu'un simple soldat mais cela le satisfaisait amplement. Il aimait être au front, au cœur de l'action, pas comme les décideur restant bien à l’abri en arrière-garde. Il éprouvait beaucoup de satisfaction à pourfendre l'ennemi, affrontant plus fort que lui pour le simple plaisir de se surpasser, qu'il appartienne à l'ennemi ou à son propre camp. Plusieurs fois, il fut mis à pied pour insubordination, prenant des initiatives quand on lui demandait de rester sagement à sa place, il était bien trop fier pour se laisser faire à recevoir des ordres. Quand il n'était pas en service, il lançait des défis à ses camarades dans le seul but de trouver plus fort que lui, de se trouver un but à atteindre. Mais son ardeur s’essouffla bien vite après qu'il eut fait le tour des adversaires à sa disposition. Au bout de quelques années, il finit par se lasser totalement de sa situation. L'armée ne lui apportait plus rien et ne l’intéressait plus, il avait par ailleurs parcourut l'ensemble du Gondor sans trouver trace de sa petite sœur qu'il recherchait toujours, implicitement. Elle n'avait jamais quitté ses pensées, pas une seule seconde et il conservait toujours avec lui la couverture dans laquelle elle était enveloppée la dernière fois qu'il l'avait vu ainsi que la flèche qui avait tué sa mère ; des souvenirs de l'incident qui avait bouleversé sa vie. Pendant des jours et des jours, il s'était endormi en s'enveloppant de la couverture en reniflant son odeur, jusqu'à regretter cette habitude qui avait fini par estomper l'odeur de sa famille. Il ne restait plus que la sienne mais elle restait sa couverture et il n'était pas prêt à l'abandonner. Lui paraissant plus petite que quand il n'avait que onze ans, elle restait soigneusement pliée, renfermant la flèche brisée trempée de sang.

Lassé de l'armée comme il était, il décida de partir pour la capitale du Gondor, Minas Tirith, où il  trouva un emploi de forgeron. Le temps passé à l'armée avait été long, il en aurait presque oublié ce qu'il avait appris si ce n'avait été profondément ancré en lui. Il ressentait le besoin de se poser quelque temps, de réfléchir à sa vie telle qu'elle était et à la façon de retrouver sa sœur. Malheureusement, ses réflexions n'eurent pas le temps d'aller bien loin. Il y avait Madeleine, cette femme qu'il avait rencontré en sortant de la taverne un soir. Elle était belle Madeleine, très belle, surtout quand on avait bien bu. Belle, douce, aimante, bien qu'il fut attiré par elle, il ne l'aimait pas comme on pouvait aimer une femme. Cependant, il l'épousa alors qu'il lui avait fait un enfant. Ce n'était pas pour elle, bien qu'il se sentit responsable d'avoir ainsi entaché sa réputation, elle qui se montrait si gentille avec lui. Il éprouvait un certain attachement à son encontre mais il aurait éprouvé la même chose pour un chien particulièrement docile. Non, ce n'était pas pour elle mais pour l'enfant qu'il l'avait épousé. Son fils, Svenn. Dès l'instant où il posa les yeux sur lui, il avait su qu'il avait fait la bonne chose. Il égaye ses journées, ensoleille sa vie et pour la première fois depuis longtemps, il se sent vraiment heureux. Pour lui, il décide de l'emmener, ainsi que sa femme, à Pélargir, où il sait qu'ils pourront vivre tranquillement. D'ailleurs, la ville lui rappelle un peu Laketown pour sa proximité avec l'eau mais elle n'a rien de plus en commun. Là, il exerce le métier de forgeron, ainsi que quelques menus travaux pour arrondir les fins de mois et mener une vie plus confortable, il pèche, il chasse, accompagne parfois des caravanes en prêtant son épée mais fait tout pour ne pas rester trop éloigné de son fils qui fait sa plus grande joie. Il aime le voir grandir, comptant les jours à ses côtés comme autant de souvenirs précieux alors qu'il observe son épouse s'effacer peu à peu. Elle n'est pas très nette, un peu trop tête en l'air et il lui arrive souvent d'oublier ce qu'elle faisait. L'inquiétude le tenaille légèrement mais il est bien plus inquiet de l'impact que cela pourrait avoir sur son fils que sur lui-même.



Svenn est un petit garçon enjoué, rieur, taquin, aux cheveux blond comme les prés et au rire carillonnant. Il aime le voir sourire et l'entendre rire, faisant avec lui ce que son père n'avait jamais pu faire à son âge. Pour la première fois, il se roula dans un champ de blé, s'allongeant pour le simple plaisir d'observer les papillons voler au dessus de sa tête au milieu du ciel immaculé. Mais un sombre nuage menace sa paisible existence. Hadrian est inquiet, autant pour la sécurité de son fils que pour celle de sa sœur qui se rappelle à lui chaque fois qu'il pose les yeux sur sa progéniture. De plus en plus, depuis que le petit garçon a atteint ses quatre ans, il repense à cet incident qui l'a séparé de sa petite sœur qui avait alors le même âge.
Que devient-elle ? Où est-elle ? Comment vit-elle ? Tant de questions restant sans réponses et il n'est pas rassuré. Les orcs se font de plus en plus nombreux, semant le chaos sur leur passage et détruisant fermes et récoltes, sans oublier les pirates qui se font toujours plus présents sur la côte, s'aventurant toujours plus loin dans les terres. Il sait que, malgré toute la bonne volonté du monde, il ne serait jamais assez fort pour affronter ces menaces tout seul et il n'est pas prêt à menacer la vie de son fils par simple arrogance. Tiraillé entre le désir de rester avec son fils et celui de retrouver sa sœur trop longtemps disparue, il finit par prendre la décision de le laisser entre les mains de sa femme ainsi que d'un ami et son épouse en qui il avait confiance pour veiller sur la prunelle de ses yeux. Les routes étaient trop dangereuses pour un petit garçon de son âge et il ne souhaitait prendre le risque de le perdre à son tour, de la même façon qu'il avait perdu sa famille ; mais il avait attendu trop longtemps de retrouver la tête d'enclume qui lui servait de sœur, il avait besoin de vérifier son pressentiment après toute ces années passées à sa recherche et pour cela, il se rendrait là où tout avait commencé.

Maintenant mon brave, je t'invite à te créer une fiche de relationship ici ; c'est conseillé pour te dépatouiller des relations de ton personnage ! ici, tu pourras lister tes RPs en tout genre, encore une fois pour voir clair ! Pense à mettre les liens vers ta fiche et ces différentes petites choses dans ton profil, c'est bien pratique !
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Et voilà, je t'ai tout dit à présent. J'espère que tu t'amuseras bien parmi nous, Hadrian... En espérant que tu survives en Terre du Milieu !