Be aware of the dark shadow

Be aware of the dark shadow

Depuis quelques semaines, arpentant les terres sauvages de la Terre du Milieu, un groupe d’ombres parvenait aux portes de la plus grande ville de cette petite région montagneuse du Gondor. Elle n’était pas aussi belle que Minas Tirith mais sa réputation la précédait dans la mesure où de nombreux riches commerçants y avaient élu domicile. Elle était un carrefour important entre les régions voisines du Gondor mais aussi un point d’étape avant la cité blanche. Il était là le parfait repaire de corrompus, même les tavernes ne laissaient pas place aux affamés n’ayant pas au moins deux pièces d’or dans leur poche. Il y avait eu récemment rumeur d’histoires entre un village voisin et son habituel caravanier qui leur apportait des vivres plus ou moins régulièrement en complément de leurs maigres récoltes. En effet depuis des années ce commerce permettait aux quelques familles vivant là-bas de subsister quand les temps étaient durs.

Le groupe de brigands y avait séjourné, recueillis chaleureusement, les femmes dans le désespoir avec leurs enfants dans les bras s’étaient confiées aux étrangers. Le commerçant avait refusé de leur donner les vivres cette fois-ci, car le paiement n’était pas suffisant suite à un malentendu. Consterné, Farshad avait écouté leurs récits et leurs astuces pour ne pas se laisser abattre par la famine. Deux enfants en bas âge et trois vieillards étaient déjà morts, le village entier portait leur deuil avec tristesse. Déjà en entrant, on avait ressenti ce manque de vie, ces visages consternés, un tableau terne. Les brigands promenant quelques vivres sur eux avaient volontiers partagés, ils étaient allés chasser le sanglier pour que cela profite à tout le monde. De ce fait là, ils avaient proposé leurs services afin de régler ce problème avec le commerçant et la nuit suivante, ils s’étaient mis en route.

Evoluant dans les rues pavées et propres de la ville avec agilité et silence, les brigands avaient réussi à entrer en déjouant l’attention des gardes. A tour de rôle, escaladant les murs, ils avaient alors pénétré la ville aussi aisément qu’un courant d’air. Farshad suivait, faisant preuve de souplesse et s’adaptant aux ordres de leur chef, Taavi. Ils passèrent par les toits lorsque ce dernier le leur demanda et que dans les rues à un moment donné car les gardes arrivaient sur leur chemin. N’ayant pas l’habitude qu’il se passe grand-chose par ici, leur sécurité laissait à désirer et alors il leur fut bien plus facile d’arriver à destination en sautant de toits en toits et en escaladant les obstacles. Farshad ayant déjà une bonne condition physique, avait réussi à finalement pouvoir les suivre sans trop de difficultés. 7 mois après son intégration au sein du groupe, il avait constaté qu’il était de moins en moins essoufflé par ces efforts physiques que demandaient leurs acrobaties. A tel point qu’il s’y faisait et qu’il ne pouvait pas penser à se déplacer discrètement et rapidement sans user de ces techniques là. Le groupe l’avait bien entrainé, Farshad s’était montré sérieux et déterminé, le résultat était là. Ils arrivèrent près de ladite bâtisse aux murs très épais qui renfermait ce commerçant. Farshad observa sa demeure, non sans hausser un sourcil, lui qui aurait largement pu se permettre de leur laisser de l’avance, comment faisait il pour vivre là-dedans alors qu’il laissait tout un village mourir de faim ? Il avait souvenir de son père au palais, alors que lui déjà enfant sortait en cachette pour aller donner des sacs de pain et de semoule au peuple.

Les brigands une fois arrêtés devant la maison, Farshad se trouvait aux côtés de Taavi. Maintenant qu’il voyait à quoi ressemblait le terrain, le brigand se demandait ce qu’il allait décider concernant leur infiltration et quel serait son rôle là-dedans. Jusque là il n’avait pas eu de rôle très important, il espérait que cette fois-ci il puisse avoir l’occasion de lui montrer qu’il était prêt et qu’il était digne de confiance. Farshad ne réclamait pas, il se contentait d’obéir, il n’était pas non plus capricieux là-dessus car Taavi était mieux placé que lui pour savoir s’il était prêt ou pas à avoir plus de responsabilités. La nuit était partiellement dégagée, la pleine Lune leur donnait un peu plus de clarté et une douce brise soufflait. La nuit était idéale pour une infiltration sans encombrements. Farshad se prépara en resserrant son armure, veillant à ce que tout soit bien fixé et tout au bon endroit afin de ne pas avoir de mauvaises surprises avant d’ajuster sa capuche sur sa tête. Un à un, lorsque la voie fut libre, les brigands les rejoignirent afin d’écouter la suite du plan.

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Farshad acquiesça d’un mouvement de tête, heureux qu’enfin il lui fasse assez confiance pour lui confier une tâche assez risquée car le seigneur pouvait donner l’alerte et réveiller le village entier. Le suderon ajusta sa capuche sur sa tête et observa le chef partir dans une direction pendant que lui et son coéquipier partaient de l’autre côté. Il n’avait pas le droit à l’erreur, le moment était venu pour lui de confirmer le fait qu’il ait sa place dans leur groupe. Car depuis son exil, le jeune homme n’avait pas trouvé d’alliés et encore moins des gens qui réfléchissaient et qui avaient les mêmes principes que lui. Car on les appelait brigands mais ils étaient de véritables héros qui risquaient leur vie pour les plus démunis, vivant en marge pour pallier aux nombreuses injustices et aux dictatures imposées par les seigneurs qui se pensaient invincibles du moment où ils avaient des terres en leur possession. En tant que roi, lui aurait pu faire en sorte que jamais cela ne se produise sur ses terres mais puisque les seigneurs avaient craint son règne, ils s’étaient associés à Sufyan pour le jeter hors de ses terres et il s’était retrouvé seul. Farshad était toujours sous couverture, il était un vagabond, un gitan qui errait sans but alors que des objectifs, il en avait en réalité beaucoup. Mais pour ne pas créer de la méfiance, il avait été obligé de taire qui il était réellement et sa vie semblait bien plus tranquille désormais qu’il n’était plus cet héritier.

Adamnan et Farshad entreprirent de longer les bâtiments jusqu’à se retrouver sur la façade qui donnait sur les appartements du bourgeois. Ils firent le choix d’escalader celle-ci pour arriver jusqu’à la chambre de l’homme et ainsi exécuter les ordres de leur chef. Tous deux firent ainsi preuve d’agilité et de souplesse pour parvenir jusqu’à la pièce jouxtant la chambre et s’y infiltrèrent. A l’intérieur, c’était sombre mais ils savaient qu’il n’y aurait personne. Farshad se faufila dans l’ouverture de la fenêtre qu’ils avaient créée et ils se dirigèrent à pas de loup jusque dans la chambre. Farshad s’empressa d’aller vers le lit, tirant sur la couverture, il se rendit compte qu’il n’y était pas. Fronçant les sourcils, le jeune homme se tourna vers Adamnan qui lui aussi était surpris de ne pas l’y trouver. Cela signifiait qu’il les avait entendus mais rien ne prouvait qu’il avait quitté la pièce. C’était souvent ainsi : les bourgeois s’habituaient à avoir des gardes pour leur protection, si bien qu’eux même ne savaient plus se défendre. Ainsi le suderon n’eut qu’à tendre la main sous le lit pour tirer l’homme qui s’y était caché par les pieds. Au moins il lui évitait un rude combat, ce qui fit bien rire Adamnan de voir qu’ils avaient à faire à une grande gueule et qui en réalité ne valait pas grand-chose. Il le ligota solidement puis fit en sorte qu’il ne puisse pas appeler au secours en enfournant un tissu dans sa bouche gardant ses mâchoires ouvertes et qui étoufferaient le moindre de ses cris et il s’empressa de le remettre dans sa cachette tout en ricanant en compagnie d’Adamnan.

Le suderon se redressa et les deux brigands s’empressèrent de vider les coffres à bijoux qu’il avait dans sa chambre, rangeant tout dans leurs deux besaces. De l’or, des pierres précieuses, cela permettrait aux villageois d’acheter des vivres et à leur groupe d’acheter de nouvelles armes ou de quoi vivre aussi. Ceci fait, les deux brigands passèrent de nouveau par la fenêtre de la chambre et continuèrent leur ascension du bâtiment jusque sur le toit où de loin ils virent que l’autre groupe avait déjà commencé à piller les réserves.

« Allons-y, nous devons brûler la tour et s’occuper du propriétaire. » Fit Adamnan.

Farshad suivit son comparse, quand ils se dirigèrent vers la tour après être redescendus du bâtiment. Farshad tua le garde à l’entrée et ils y pénétrèrent sans grand mal après avoir cassé la serrure en usant d’outils. Farshad prit les devants, progressant dans la tour, ils furent en mesure de trouver le propriétaire et ils s’empressèrent de l’extirper de son habitacle. Une fois encore ce fut sans grand mal mais une poignée de gardes interpellés par les mouvements arrivèrent jusqu’à eux. Les deux brigands entreprirent de se battre tout en veillant à ce que le propriétaire ne s’échappe pas, il y eu alors de nombreux morts une nouvelle fois et les brigands prouvèrent leur force une fois de plus. Tout ce qu’ils étaient c’était grâce à Taavi qui les entrainait durement. Adamnan retira les vêtements de leur prisonnier, puis l’emmena à l’avant du domaine pour le pendre par les pieds. Au petit matin il serait alors exposé à la vue de tous et pendant ce temps là, Farshad avait commencé à répandre du foin imbibé d’huile de lampe au rez de chaussé de la tour. Il balança une torche sur le foyer avant de refermer la porte derrière lui et retrouva son compagnon.

« Nous devons retrouver Taavi maintenant, la tour sera complètement en feu d’ici quelques minutes, il nous faut partir. »

Farshad acquiesça de nouveau et suivit l’homme jusqu’à ce qu’ils puissent retrouver leur chef. C’est en courant qu’ils s’y dirigèrent et pendant qu’Adamnan retrouva Taavi pour faire son rapport, Farshad aida ses frères à charger les caisses dans la charrette qui les avait suivit pour récupérer les vivres.

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Rejoignant le groupe, le suderon entendit que leurs poursuivants derrière tombaient comme des mouches. Taavi au loin était en train de les couvrir, alors il se mit à courir plus vite afin de pouvoir lever le camp vite fait bien fait avec la marchandise. Il monta sur son fidèle destrier au pas de course après avoir fait un signe de tête à Taavi et lui signifier qu’ils avaient réussi la mission, désormais il leur fallait quitter cet endroit au plus vite. La course commença alors, els brigands protégeaient la charrette qui était déjà lancée à vive allure. Ils furent rapidement rattrapés par un groupe de gardes à cheval également qui tiraient des flèches. L’un des brigands se prit une flèche dans l’épaule, déstabilisé, son cheval ne comprit pas ses ordres et commença à dévier. Heureusement le suderon qui était à côté de lui parvint à attraper les rênes de son cheval pour le remettre sur le droit chemin.

Puis,  Farshad dégaina son sabre et se détacha du groupe avec son cheval pour finalement se mettre derrière les gardes et les attaquer mais aussi les désorienter puisqu’ils auraient intérêt à faire attention devant eux et maintenant derrière eux. D’un geste habile il vint trancher la tête d’une garde, tenant fermement les rênes de son cheval qui galopait bien plus vite que les chevaux des gardes. Alors il arriva un moment où il chevauchait dans leur groupe, évitant au mieux d’aller trop vite, il donnait des coups de sabre au hasard pour blesser les cavaliers mais laisser les chevaux s’échapper. Le combat était rude, d’autant par la vitesse que par tous les paramètres à prendre en compte tout en dirigeant son cheval. Mais celui de Farshad avait l’habitude de ces choses là, et puisqu’il était familier avec les chevaux des bandits, il savait qu’il devait aller dans cette direction là.

Farshad décima quatre gardes de plus dans un combat acharné pendant lequel il mettait sa vie en péril pour protéger les siens mais surtout la charrette qui transportait tout ce qu’ils avaient volé au seigneur avare. Il s’était pris des coups, et les entailles saignaient sur ses bras mais il lui en fallait bien plus pour tomber. Les autres brigands aussi avaient fait preuve d’imagination pour venir à bout des autres gardes, le risque, c’est ce qu’on apprenait avec Taavi et à la fin on avait plus peur de faire des folies, il suffisait d’avoir confiance en soi et de faire honneur aux promesses que l’on fait au credo.

Farshad avait beaucoup appris avec lui, des conseils qui l’avaient guidé aussi bien dans sa manière de se battre mais aussi et surtout dans sa manière de penser et de voir le monde. Assurément s’il reprenait son trône, ces bandits seraient les premiers qu’il viendrait honorer pour l’avoir accueilli et entrainé pour devenir ce redoutable combattant qu’il était. La charrette était abimée, l’un des chevaux avait péri sur le chemin mais ce qu’ils avaient dérobé était intact grâce à leur esprit d’équipe et leur capacité à  faire face. Farshad descendit de son cheval lorsqu’il n’y eut plus personne contre eux afin de venir en aide à ceux qui en avaient besoin ou qui avaient été blessés. Des flèches plantées, des coups de couteaux, la routine mais tous étaient bien vivants et c’était le principal. Ils s’étaient éloignés de plusieurs kilomètres, le jour commençait à se faire clair dans le ciel et ceux qui n’avaient rien à faire s’affairaient à réparer ce qui pouvait l’être afin qu’ils puissent vite reprendre la route sans doute vers un village pour distribuer les vivres.

Farshad soigna la jambe de l’un de ses camarades avant de revenir vers Taavi.

« Penses tu qu’ils vont nous renvoyer des gardes ? S’ils savent où nous livrons tout ça, ils risquent de prendre colère contre le village, comment ferons nous ? »

Farshad n’était avec eux que depuis peu, ils n’avaient jamais vraiment eu confrontation à ce genre de situation mais cette fois-ci il semblerait que leurs ennemis avaient bien plus de moyens pour les retrouver en un rien de temps et avaient sans aucun doute des gardes dans les recoins de cette forêt. Cela inquiétait Farshad, il ne voulait pas voir un village brûlé par leur faute, mais il savait aussi que Taavi était malin et qu’il trouverait une solution pour que tout se passe bien. Alors tout ce qui avait été volé serait comme volatilisé, ainsi que cela se déroulait toujours.

«Peut être que le groupe de gitans est dans le coin ? Ils pourraient nous dissimuler ? »