In This World or the One Below

In This World or the One Below

Get high by the beach, baby baby bye bye.

Laissée à terre au large d'Umbar, la sirène se préparait à reprendre l’eau. Observant les ronds d’ondées à la surface, Selen avait fini par trouver le lagon qu’elle cherchait depuis de longues semaines. Les informations aussi maigres soient elles l’avaient guidée jusque là. Il était vain de penser qu’enfouir ses biens dans les tréfonds dissuaderait les voleurs. Il avait sans doute omis qu’il existait en cette terre des gens habitués aux courants et aux abysses, habiles à la nage et surtout déterminés. Ses yeux azurés balayèrent l’espace qui s’offrait à elle. Il n’y avait personne dans les environs, pour en avoir fait dix fois la vérification, Selen pouvait se dévêtir sans éveiller les soupçons ni attirer les regards trop curieux. Ils seraient surpris de ce qu’ils pourraient voir, pas maintenant mais lorsqu’elle allait revenir avec un trésor…

La jeune femme délaissa ses bottes et ses effets afin de ne pas être gênée, mais conserva quelques couteaux dans le besoin. Habituée à explorer les fonds marins, Selen savait de quelle manière se préparer pour être optimale sans risquer de se noyer. Elle retira alors sa veste et noua sa blouse d’un solide nœud découvrant la peau de son ventre avant de retrousser ses manches et le bas de son pantalon pour que tout tienne bien en place une fois dans l’eau. Ceci fait, la pirate entra dans l’eau, plongeant en une seule fois sans avoir pris la peine de prendre la température de celle-ci. Qu’elle soit chaude ou gelée, Selen n’était pas à ça près ni même adepte de tout annuler sous prétexte d’être frileuse. Ayant complètement immergé sa tête le temps de quelques secondes, elle releva la tête hors de l’eau afin de jeter un dernier regard aux alentours puis à ses affaires avant de plonger à nouveau pour ne plus refaire surface. Aussitôt l’environnement changé, le vacarme du vent laissa place à une mystérieuse quiétude. Assourdissant, enveloppant, les eaux et ses multiples facettes s’offraient à elle lorsqu’elle fut assez habituée pour ouvrir les yeux. L’eau était ici bien assez transparente pour qu’elle puisse voir à quelques mètres, elle nagea habilement dans la direction où devait se trouver les coffres. Arrivé plus loin au niveau de là ou ces derniers devaient se trouver, Selen reprit une dernière fois sa respiration avant de plonger en profondeur. Elle passait de nombreuses heures sous l’eau, pas seulement pour y extirper des bien abandonnés mais aussi parce qu’elle aimait ça et que les bancs de poissons étaient souvent bien plus aimables que les humains. Il y avait là une sensation de légèreté, de liberté, elle était bien plus à l’aise dans ses mouvements par expérience et pouvait ainsi atteindre rapidement le fond. Entre les algues, les rayons du soleil éclairaient le sable de ses faisceaux lumineux transperçant la surface. Les couleurs bleutées du lagon se révélèrent, une farandole de poissons aux multiples couleurs nageait sur le courant. Les plus curieux osaient s’approcher d’elle tandis que le reste s’écartait à son passage. Les lagons et rivières étaient bien moins dangereux que le fond des océans, les seules créatures maritimes y logeant ne risquaient pas de lui arracher les membres d’une seule bouchée. Ainsi, Selen se sentait bien plus à l’aise et prenait son temps. A tâtons, la jeune femme plongea ses mains dans le sable blanc, en dégageant le plus possible jusqu’à tenter de déceler une surface dure trahissant la présence d’un objet non naturel à ces lieux d’une beauté incroyable. Il n’y avait rien que des cailloux, rien qui pouvait lui indiquer que ce qu’elle cherchait se trouvait ici. Elle avait encore un peu de marge concernant l’oxygène, rester en apnée n’était pas un problème tant qu’elle ne bougeait pas trop.

C’est une ombre qui la perturba, dissimulant les rayons du soleil et l’amena à regarder à la surface. Une barque passait par ici ; Ce qui était fortement ennuyant. Selen ignorait s’ils étaient sur le coup du coffre eux aussi, quoi qu’il en soit il était hors de question qu’elle se laisse doubler ou qu’on vienne lui voler dans les plumes. La jeune femme remonta doucement vers la surface, ondulant lentement contre l’onde sans prévenir de sa présence. Tel un monstre marin dérangé dans son environnement par des parasites, Selen tapa d’un coup sec dans la coque, provoquant des vibrations dans le bois peu naturelles et qui les interpellerait forcément. Elle ne les entendait pas depuis là où elle était mais pouvait percevoir les gigotements des deux occupants en gardant les mains sur le bateau. Elle donna d’autres coups, menaçant de retourner la barque. Leurs cris de surprise étaient désormais presque audibles mais puisque ça ne suffisait pas elle planta l’une de ses lames dans le bois, traversant la coque là où elle était le plus vulnérable pour créer une fuite. Les rames tranchant la surface furent ainsi le signe de leur abandon, ils s’en allèrent suffisamment vite et Selen eu ainsi l’occasion de remonter à la surface pour reprendre son souffle. D’un regard elle observa les aventuriers ratés s’éloigner, étira un large sourire satisfait avant de replonger dans le fond. Vu de haut elle pouvait voir les fouilles qu’elle avait déjà faites, les traces de son passage dessinaient de larges sillons sur le sable blanc et lui permit ainsi de remarquer la présence d’une corde. Intriguée, Selen s’en empara, tirant sur celle-ci afin de la déterrer. Elle menait quelque part, y étant attachée. La pirate ne se pria pas pour suivre son parcours, s’aidant de celle-ci pour se hisser sur les quelques mètres qui la menèrent à une grotte sous-terraine. Dégageant les parois des algues, Selen entra dans la grotte et remarqua ainsi la présence d’une poche d’air à la surface. L’endroit était éclairé par un passage du soleil au travers des trois creusés depuis la surface. Selen se hissa sur un semblant de rive afin d’inspecter les parois du lieu. La pierre était froide et épaisse, sans doute accessible si l’on se doutait de son existence mais il était surement dissimulé par la végétation. Il n’y avait pas de trace d’une entrée forcée, ce qui signifiait que les seules personnes étaient venues jusque là avait emprunté le passage sous l’eau. Un endroit idéal où cacher ses richesses et ses trouvailles d’un avare trop peu confiant du monde. Il était là, posé sur un rocher, scellé. Un coffre en bois déjà recouvert de plantes grimpantes mélangé à de la poussière. Selen s’agenouilla près du coffre ; il n’était pas très grand mais semblait renfermer quelque chose de très précieux dont elle avait déjà idée de ce dont il pouvait s‘agir. Selen logea sa lame à la fermeture et appuya d’un coup sec pour faire céder le verrou. Il se brisa au bout de quelques reprises, le coffre s’ouvrit brutalement et offrit à Selen le plus beau des cadeaux. Elle brillait de mile feux, transcendée par le halo de lumière, elle réfléchissait ses couleurs aux quatre coins de la grotte. Une pierre précieuse, de rouge, de sang aussi rare que possible, convoitée de tous et surtout aux prix des plus hauts étant donné la taille de celle-ci. C’était inespéré et tellement satisfaisant que Selen laissa échapper un rire moqueur avant de ranger la pierre dans une pochette qu’elle portait à sa ceinture. Elle laissa le coffre éventré à sa place, décidant qu’il était temps pour elle de s’en aller et replongea à nouveau. Aucun trésor ne serait inaccessible à Selen tant qu’elle serait assez entêtée pour aller les chercher.

Elle nagea sur le chemin inverse, regagnant peu à peu la côte, elle avait hâte de vendre ce trésor et n’hésiterait sans doute pas à faire grimper les enchères aux plus extrêmes afin de s’enrichir encore et toujours plus. La nymphe des eaux regagna la rive, progressant avec les vagues qu’elle provoquait qui s’exténuaient à mesure que le niveau d’eau y était moins important. On la rendit à son état naturel, trempée jusqu’aux os, elle ramassa ses affaires et quitta la plage.

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