Rencontre inattendue

Aujourd’hui était un grand jour pour Aragorn qui allait sortir d’Imladris pour la première fois depuis tellement longtemps qu’il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait eut le droit de mettre les pieds hors des frontières du seigneur Elrond. Mais cette fois-ci, il avait parfaitement le droit car le seigneur Elrond, pour le récompenser de son attitude sage des derniers temps, l’avait autorisé à accompagner son émissaire en Lorien. Il ne savait pas tellement ce qu’il devait aller faire au juste dans le royaume de Dame Galadriel, mais il était sur d’une chose : il avait le droit de voyager et rien que pour ça, ça valait le coup d’endurer, plusieurs heures durant, les recommandations de sa maman…

Ils étaient partit très tôt, le soleil se levait à peine et Aragorn était encore à moitié endormi lorsqu’il grimpa sur sa monture. Heureusement pour lui, grâce aux leçons qu’il avait reçut, il avait déjà l’impression d’être né assis sur le dos d’un cheval. Ce qu’il n’avait pas anticipé le moins du monde par contre, c’était de devoir passer autant de temps assis sur sa monture … Les deux premiers jours, malgré les haltes imposées par son accompagnateur, Aragorn souffrit de plusieurs courbatures, notamment aux jambes et au postérieur, mais il ne s’en plaignit pas. Il n’aurait manqué plus que ça que son chaperon aille le répéter au Seigneur Elrond à leur retours et que ce dernier ne le laisse plus sortir si loin après…

La Lorien n’était qu’à 5 jours de chevauchée, quand on était habitué et que le temps était clément. Mais pour Aragorn, c’était l’autre bout du monde déjà. Du haut de ses sept ans, il ne se souvenait que des limites du royaume du seigneur Elrond et même s’il avait déjà croisé des personnes venant d’ailleurs, comme la Dame de Lorien, il n’avait jamais quitté les frontières du monde qu’il connaissait désormais presque comme sa poche.

Sur le chemin, bien qu’il soit admiratif de la beauté tellement changeante du paysage, Aragorn suivit les recommandations à la lettre et ne quittait pas son accompagnateur d’une semelle (ou plutôt d’un sabot) ce dernier ne se laissant pas distancer par le plus jeune, veillant consciencieusement sur le petit humain. La nuit, il dormais tout près de l’elfe, se sentant en sécurité malgré le fait qu’ils soient en pleine nature et ils repartaient le soleil à peine levé. Durant le troisième jour, Aragorn voulu savoir pourquoi les nuits étaient si courtes et l’elfe lui répondit que de partir si tôt leur permettait de faire plus de pauses et donc d’aller plus avant dans la journée. Il lui fallut tout de même toute la matinée pour comprendre le raisonnement de l’elfe, mais une fois de plus, il n’en dit rien, ne voulant pas passer pour quelqu’un de lent.

Le quatrième jour, ils jouèrent de malchance et durent endurer la pluie à flanc de montagne une bonne partie du temps. Trempé jusqu’aux os une bonne partie de la journée et de la nuit, Aragorn avait attrapé un vilain rhume le lendemain matin. Mais qu’était-ce qu’un rhume ? Le nez qui coule et la gorge légèrement douloureuse ?! Il pouvait supporter pire, assurément. La descente de la montagne fut tout de même plus aisée, surtout parce que la pluie avait cessé et que plus ils descendaient et moins le vent se faisait fort.

Le cinquième jour, son accompagnateur eut une bonne nouvelle à annoncer : ils n’étaient plus très loin et le chemin se ferait clément jusqu’aux frontières de la Lorien où ils devraient se faire conduire par l’un des gardes car le chemin restait caché aux étrangers. Mais avec un peu de chance, puisqu’ils venaient de la maison d’Elrond, ils n’auraient pas les yeux bandés. Le soir du cinquième jour, ils avaient fait un petit écart pour se rendre près de la rivière et ainsi désaltéré leur chevaux. Le lendemain matin, ils purent même faire un brun de toilette pour être plus présentables lorsqu’ils arriveraient en présence du seigneur Celeborn et de la dame Galadriel (la moindre des choses tout de même). Ils s’étaient donc levé encore plus tôt que les jours précédents pour partir avant que le soleil ne se lève et arriver en vue de la forêt au petit matin.

- Alors c’est ça la forêt de Lorien ? Demanda le petit garçon émerveillé.

- Oui… Reste bien à côté de moi à présent. Répondit l’elfe.

Aragorn, toujours obéissant pour maximiser au mieux ses chances de ressortir d’Imladris, mis son cheval au pas et se plaça tout à côté de celui de son accompagnateur. D’après Elrond, apprendre la diplomatie était très important dans la vie, alors il allait bien voir comment se passait une visite diplomatique entre elfes. L’allure lente, ils atteignirent bientôt la lisière de la foret et Aragorn arrêta sa monture au même niveau que celle de l’elfe l’accompagnant.

- On fait quoi maintenant ?

L’elfe brun descendit de cheval et Aragorn l’imita, prenant la monture par la bride.

- Avançons.

De plus en plus surpris, Aragorn préféra ne poser aucune question et suivre celui qui l’avait sous sa responsabilité.

Heureux comme tout de découvrir d'autres lieux que les terres du seigneur Elrond. En venant ici, il avait vu tellement de paysages, tellement d'horizons différents qu'il avait cru changer de terre presque tous les jours. Bien entendu, il savait que c'était ridicule comme pensée, mais c'était ainsi qu'il l'avait ressentit au fond de lui. Tout le long du voyage, il s'était retenu de poser mille et une question à son accompagnateur, il ne voulait pas qu'il ailles faire un mauvais rapport au seigneur Elrond et que ce dernier décide qu'il n'était pas encore assez sage pour ressortir avant longtemps. Pourtant, il aimait à tester la patience légendaire des elfes.

Une fois à l’orée de la forêt, il avait été grandement impressionné par cette masse compacte d'arbres et s'était demandé s'ils y verraient réellement une fois cachés en dessous. Mais à présent qu'il marchait tranquillement à côté de l'elfe, il constatait qu'ils y voyaient parfaitement, même lui qui n'était qu'un humain. La forêt était tout aussi impressionnante vue de l'intérieur avec ces nombreux arbres qui montaient jusqu'au ciel, tellement haut qu'Aragorn ne pouvait en voir la cime. Les troncs, imposants et nombreux, leur laissaient tout de même un large passage pour qu'ils puissent progresser sans trop de difficulté. La forêt semblait très accueillante, mais peut-être était-ce simplement parce qu'Aragorn était accompagné d'un elfe. On racontait que les terres de la dame Galadriel et du seigneur Celeborn étaient extrêmement bien gardées et Aragorn voulait bien le croire, même si pour le moment, il ne voyait aucune trace de garde. Mais il se fit bientôt la remarque intérieur que bien qu'il connaisse parfaitement les terres d'Imladris, il lui arrivait souvent de ne pas voir les gardes qui étaient pourtant à leurs postes.

Pris dans sa contemplation, Aragorn avançait en regardant vers le ciel pour essayer de voir toutes les couleurs des feuilles des arbres. Il aurait aimé essayer d'y grimper mais il doutait que l'elfe l'aurait laissé faire, à la fois pour qu'il ne se blesse pas et pour qu'il ne les retardent pas. Le fait de l'avoir accompagné avait surement déjà bien retardé le voyage. De temps en temps, la bouche légèrement entre ouverte, il baissait la tête pour regarder où il allait et ne pas risquer de rentrer dans un tronc d'arbre. Après trois fois à se rendre compte qu'il se faisait distancer par l'elfe qui marchait pourtant d'un pas lent et léger, comme si'l attendait quelqu'un, Aragorn glissa simplement sa main dans celle de l'elfe brun qui ne sembla pas s'offusquer plus que ça.

L'elfe semblait tendu, mais Aragorn n'y prenait pas garde et s'il avait été en leçon il se serait certainement fait reprendre d'être ainsi si peu attentif à son environnement, mais les arbres étaient tellement différents de ceux d'Imladris et tellement beaux eux aussi. Il voulait en voir le plus possible afin de bien les graver dans sa mémoire et de voyager par la pensée si jamais on lui interdisait de remettre les pieds hors du royaume d'Elrond.  Soudain, la progression stoppa et Aragorn eut juste le temps de tourner la tête devant lui pour voir ce qu'il se passait quand un corps tomba souplement au sol à quelques pas devant lui. Le petit garçon sursauta en retenant un cri de frayeur avant que le corps ne se redresse et qu'il ne se rende compte qu'il s'agissait d'un elfe.

La bouche grande ouverte, bien qu'il ait vu Elladan et Elrohir faire ce genre de choses plusieurs fois, Aragorn se remettait de sa petite frayeur alors que l'elfe blond s'adressait à eux d'une voix plutôt amicale, c'était bon signe.

"Bienvenue en Lothlorien. Je suis Haldir, capitaine des Galadhrims. Quel est le but de votre visite dans la Forêt d'Or ?"

L'elfe qui accompagnait Aragorn et qui lui tenait toujours la main comme s'il craignait qu'il ne s'enfuie en courant, se pencha légèrement pour saluer leur interlocuteur imprévu.

- Merci, je suis Lómion et voici Estel. Le seigneur Elrond m'envois porter un message à Dame Galadriel, mais je ne peux le délivré qu'à sa destinataire. S'excusa-t-il.

Aragron, encore impressionné par Hladir, ne bronchait pas.

- Soit poli Estel. Réprimenda doucement Lómion dans un léger sourire.

- Pardon. S'excusa aussitôt Aragorn en rougissant légèrement. Ravis de faire votre connaissance, Haldir, capitaine des Galadhrims.

Lómion sembla satisfait du petit humain puisqu'il ne le repris pas cette fois-ci et qu'il s'adressa de nouveau à Haldir.

- Vous laisserez nous passer ? Demandait-il simplement.