Dans le sang ou dans la bière ? (PV Álfdís)

Quelle idée mais quelle idée... Mais franchement, qu'est-ce qui avait bien pu passer dans son crâne de piaf ?Quel humain normalement constitué aurait partagé les mêmes pensées que lui en voyant une caverne sombre et humide ? C'est simple : aucun. Crétin. La seule satisfaction que l'on pouvait tirer de la situation dans laquelle il s'était -une nouvelle fois- fourré, c'est que les efforts mis en place pour risquer sa peau l'entretenaient physiquement. 
Il sentait ses muscles se tendre et se tordre dans ses jambes qui s'acharnaient à le sortir de ce nouveau pétrin aussi vite que possible. Son cœur tambourinait de façon frénétique pendant que ses poumons se vidaient et se remplissaient en rythme pour empêcher toute apparition de point. Tout son corps était en émoi.
Un simple regard en arrière et la pensée qu'il pouvait peut-être faire une pause s'évanouit. Non, ce n'était pas DU TOUT le moment de traînasser. À sa poursuite, enchaînant pas lourds sur pas lourds, un troll affamé qui n'avait probablement pas apprécié l'apparition inopinée d'un casse-croûte sur pattes dans son domicile.

Donc voilà, si vous voulez vous imaginer la scène, retenez ceci : d'un côté, vous retrouvez Thenulf héros de nos aventures, pourfendeur des mers, force de la nature, homme galant et brave -comme il se décrirait avant de conter une histoire.
Et de l'autre, à quelques mètres de lui et rappelant sa présence par d'immondes grognements, un troll des cavernes mesurant un bon six mètre vingt cinq, frustré, affamé et énervé dont les pieds écrasaient toute chose sur son chemin avec une férocité sans nom. Quel brave guerrier n'aurait pas fait face au monstre, glaive au poing et cheveux aux vents ? Thenulf. Et il n'en avait pas honte. Engager un combat face à un monstre pareil équivaudrait à un suicide assisté et tout le monde sait à quel point notre natif du Gondor tient à sa petite existence. C'est pourquoi, à peine son regard ayant croisé celui de la bête, il avait eu la présence d'esprit de prendre ses jambes à son cou avant d'y laisser des plumes, s'était extirpé de la grotte non sans un cri et avait couru à grandes enjambées en attendant que lui vienne une idée. Une chance que ce gros balourd derrière soit simple d'esprit puisque cela lui avait permis de gagner un peu de temps en le faisant zigzaguer entre les nombreux rochers qui brisaient l'harmonie de la plaine verte qui s'étendait autour de lui sur des miles et des miles. Enfin, pour une fois, il pouvait bien les remercier, ces cailloux. Toujours est-il que le brave vagabond qu'il était commençait à avoir épuisé sa machine à idées.

Il avait presque tout envisagé : attendre que le soleil se lève fut l'une des premières. Elle fut néanmoins abandonnée quand il réalisa que le manteau bleuté venait juste de recouvrir la vallée et qu'il faudrait attendre de bonnes heures avant le retour de l'astre jaune. Il avait donc songé à le semer dans une forêt mais il se rappela bien vite qu'aucun bois convenable à l'échafaudage de son plan ne se trouvait dans son périmètre de survie. Ou alors se glisser dans un trou trop petit pour le monstre et attendre qu'il se lasse ou ne se change pas en sculpture de pierre. Le problème, c'est qu'il n'avait encore trouvé aucun terrier pas trop grand ni trop petit. Et qui sait sur quelle bestiole il serait tombé, une fois rentré ? Hm ? Des araignées ? Des gobelins ? Ces choses puantes, difformes et chauves ? Bah !
Il aurait également pu retourner au village en courant, le monstre se serait attaqué aux habitants et il aurait pu se faufiler parmi les fuyards. Malheureusement, il n'était pas assez cruel pour mettre à bien une telle idée. Évitant le semblant de bond du troll, Thenulf vira sur la gauche, passa derrière une nouvelle roche et reprit sa route vers l'ouest. Avec un peu de chance, cette direction l'inspirerait plus que la précédente.

FICHE © SINENOMINEVULGUS, modifiée par Junya.

Face contre terre, la chute qu'il venait de faire l'avait pourtant persuadé qu'il allait y passer. Il se demandait ce que ça faisait, d'être dans l'estomac de quelqu'un. Il aurait l'occasion de se faire une idée, puisque le monstre se rapprochait de lui dans un grognement sourd et le saisit par le pied, comme un bout de viande quelconque. La pression sur sa cheville lui arracha une nouvelle grimace. 
Et, alors que sa route semblait se terminer dans les mains disproportionnées de ce troll des cavernes, une fée vint lui indiquer un sentier parmi les épines qui l'emprisonnaient.
De là où il était, elle lui semblait être un ange tombé du ciel, ni plus ni moins. Un ange lourdement armé, quand même. Sa voix cristalline brisa d'un coup ne l'angoisse qui gouvernait les lieux.Une conversation sembla s'engager entre la belle et la bête, laissant Thenulf pantois. S'il avait su, lui aussi aurait tenu le crachoir au troll... Enfin, ça ne l'aurait pas évité de finir en rôti, vu le tact dont il faisait preuve.
En revanche, plus que parler, l'inconnue avait convaincu le monstre de la présence d'une corne d'abondance qui surprit aussi bien l'humain que la chose. Était-ce vrai ? Dans ce cas, son instinct ne l'avait pas trompé en le guidant jusqu'ici. Oh, il se voyait déjà, nageant dans de la nourriture à profusion... Combien pouvait-on gagner en

En revanche, plus que parler, l'inconnue avait convaincu le monstre de la présence d'une corne d'abondance qui surprit aussi bien l'humain que la chose. Était-ce vrai ? Dans ce cas, son instinct ne l'avait pas trompé en le guidant jusqu'ici. Oh, il se voyait déjà, nageant dans de la nourriture à profusion... Combien pouvait-on gagner en revendant cet objet mythique ? Hm...Probablement un bon pactole... Cette idée l'attirait fortement.
Malheureusement, elle disparut lorsqu'un puissant coup sur la tête le fit revenir sur terre. Le troll l'avait lâché pour s'empresser de rechercher cette fameuse corne. Poussant un aïe plein de conviction, Thenulf se massa le crâne avant d'être une nouvelle fois happé par une main -bien différente, toutefois- qui l'extirpa de la caverne où ils étaient. L'air frais de la nuit revigora son visage et ses membres semblaient libérés de leurs engourdissements. Il était libre, il était sauvé, il était vivant.
Reprenant son souffle, il remercia chaleureusement son héroïne avant de réfléchir à quelque chose.


« Comment ça des parasites ?! » S'exclama-t-il, outré.


Cette bribe de conversation venait de lui flageller le cerveau. Non mais pour qui elle se prenait ? Des parasites, non mais ! Au loin un hurlement qui ne lui était plus inconnu le fit sursauté. 
Son regard resta longtemps figé sur la sortie de la grotte, cherchant un quelconque signe de retour du propriétaire des lieux. Mais non. Apparemment, ce cri n'était qu'expression démontrant sa motivation à trouver la fameuse corne d'abondance. Alors que tout cela n'était qu'un vil mensonge. Ou pas.

« Il n'y a pas vraiment une corne d'abondance dans cette grotte, pas vrai ? »

Il aurait aimé s'en rassurer, oui. Passer à coté d'un objet si important serait vraiment un manque de conscience. Ou la preuve d'une incapacité profonde à vivre dans cet univers carnassier

FICHE © SINENOMINEVULGUS, modifiée par Junya.