A Dance with Dragon [Smaug]

A Dance with Dragon Ft. Smaug

ONE BY ONE. HOLLOW HEROES SEPARATE. AS THEY RUN. YOU'RE SO COLD. KEEP YOUR HAND IN MINE. WISE MEN WONDER WHILE STRONG MEN DIE.

L’horizon était en feu, incendié par un crépuscule crépitant. Le ciel, épuré, diffusait sur toute sa surface ces nuances orangées qui s’étendaient tel un voile enflammé. Bientôt, le monde sombrerait dans les ténèbres, blotti dans son manteau de nuit où les créatures abyssales s’éveilleraient à mesure que les étoiles apparaîtraient. Un silence inquiétant s’était emparé des bois qui bordaient les Montagnes Grises. Une peur grandissante avait fait taire le vent et figer la forêt. Plus aucun oiseau ne volait. Les derniers retardataires diurnes à 4 pattes regagnèrent leur tanière avant que ne tombe la nuit. Bientôt, il ne resta plus âme qui vive. L’ombre des montagnes se profila doucement, avalant la lumière pour permettre aux sbires de la nuit d’œuvrer librement. Les premiers hululements enchantèrent les bois invitant les chauves souris pour un balai aérien. Moins impétueuses, les gracieuses lucioles se contentèrent de flotter paisiblement dans l’atmosphère offrant une touche mystique au décor. L’air était lourd et pesant, comme si quelque chose de terrible se préparait dans l’ombre.

Perchait au sommet d’un puissant chêne, Luthien profitait en toute innocence de la nuit, ignorant le danger. Les bras puissants de l’arbre formaient autour d’elle comme une forteresse protectrice qui la maintenait éloignée de toute menace. La cime feuillue lui offrait un camouflage certain. Cependant, si Luthien s’était invitée sur le chêne, ce n’était guère pour s’y cacher. L'ambiance magique de la nuit la séduisait. Bien qu’emprunt de pureté, Luthien était une elfe qui admirait et vouait un grand amour à la nuit. Il suffisait d’observer la splendeur de sa chevelure d’argent et son grain de peau satiné pour supposer que la lune en soit à l’origine. Livrant l’intégralité de son esprit à la nuit, la jeune femme s’égara un instant hors de la pensée et du temps, les paupières closes, derrière lesquelles tout un monde féerique prenait forme. Son corps au repos, elle laissa ses sens s’éveiller et entrer en osmose avec la nature ambiante. Elle voyagea ainsi, un long moment durant lequel elle explora les endroits les plus reculés de son imagination. Son rêve ne semblait avoir ni de début ni de fin. Elle fredonna des mélodies improvisées que lui inspirée l’harmonie donnait par Mère nature.

Inconsciente de la menace qui rodait en ces lieux sinistres, la nouvelle citoyenne de Mirkwood – qui à cette époque, ne s’imaginait pas qu’un jour elle rejoindrait la garde royale de Thranduil – s’adonnait aux rêves tant dis qu’aux pieds des arbres une cohorte d’orcs pénétrait les bois. Si Luthien s’était montrée plus attentive et prévoyante, ses oreilles auraient pu reconnaître la symphonie belligérante de l’artillerie lourde qui venait déranger la tranquillité olympienne des bois. Les arbres frissonnèrent tout à coup, saisis d’effroi. Dans les nids, les oiseaux s’agitaient. La chouette chanteuse ne vocalisait désormais plus qu’un signal d’alarme, intimant la présence d’un danger réel. Le moindre buisson se transformait en fort. Seule Luthien ignorait ce qui se tramait plus bas. Le son enchanteur de sa voix avait attiré les rejetons de Morgoth, friand de chasse et de sang. Ils savaient pertinemment à quel danger ils se confrontaient en pénétrant dans le bois sylvain, mais il arrivait quelque fois qu’un vent favorable souffle pour eux au grand dam de leurs victimes. Égarée dans ses chimères, elle ne vit pas que sa forteresse était sur le point d’être infiltré, mettant ainsi sa vie ne péril. Quand elle prit conscience qu’on l’observait, il était trop tard. Le pestiféré se tenait au dessus d’elle, dominant et résolu. Son regard était animal. Il y brillait une folie dévorante qui eut vite fait de terrifier l’immortelle. Un cri de détresse qu’elle avait pourtant poussé mourut dans le bâillon qui agressait sa bouche parfaite. L’acrobate transporta l’elfe avec lui tout en redescendant de l’arbre avec une agilité féline. Il présenta sa trouvaille au reste de la troupe qui braillèrent tel des bêtes enragées. Luthien se débattit du mieux qu’elle put mais rien ne faisait, l’ennemi l’avait surprise et désormais il l’a maîtrisé. Elle avait été sauvée de justesse une fois par Legolas, elle doutait qu’elle ait la même aubaine cette fois-ci. Les orcs s’exprimèrent en langue noire, certainement en train de débattre sur la façon dont ils allaient s’amuser avec l’elfe quand soudain, un bruit terrible déchira le ciel en deux. Les cieux n’avaient point paru courroucés tout à l’heure pour que l’orage gronde… Terrifiés, les orques piaillèrent, jetant des coups d’oeils inquisiteurs aux firmament. La horde ne tarda pas à se dissoudre, s’éparpillant ici et là lorsque l’un d’eux poussa un râle puissant qui mit un terme à la débandade. Il devait certainement s’agir de leur chef. Les déserteurs rachetèrent leur conduite en regagnant le groupe, de toute façon ils avaient plus à perdre livrés à eux-mêmes. Luthien ne pouvait pas parler, mais elle assistait à la scène. Aussi quand le mâle alpha des orcs s’approcha d’elle et qu’il plaqua sa main noire sur son visage de porcelaine dans le but de l'examiner, l’elfe éprouva un dégoût et une peur évidente. Qu’allait-il advenir d’elle ? Quelle satisfaction espéraient-ils en tirer ? Qui pourrait lui venir en aide si loin au nord, aux pieds des montagnes grises où, non loin de là, se dressait le pic solitaire, demeure des nains de Durin ? Le souffle de son haleine fétide balaya le visage de la jeune femme qui ferma les yeux, déjà paralysée par le poison que véhiculaient les paroles du monstre.

- Regardez ce qui pousse dans les arbres, mes amis ! De la chaire elfique ! Ricanements.

- Arrête de nous faire languir ! Je crève de faim alors démembrons-là, éviscérons-là et mangeons-là ! J’aime pas traîner dans l’coin. Si les elfes rappliquent, on est cuit !

Déclara un impatient. A ces mots, le chef relâcha l’elfe et se dirigea vers l’impertinent qui venait de lui manquer de respect. Son sourire était faux, tout comme sa démarche décontractée. Enveloppant les épaules de l’insolant d’un bras « amical », le chef émit un rire compulsif qui invita rapidement le reste de la troupe, ainsi que ce dernier à se joindre à l’hilarité injustifiée. Quelque chose clochait, Luthien l’avait remarqué à cette attitude suspecte de la part du leader. Cette proximité n’avait rien de rassurant et l’orc en paya les frais…Sa gorge servit de fourreau à l’épée du leader qu’il enfonça jusqu’à son estomac. Ce n’est pas que sa perte fut grande, mais être témoin de ce genre de scène a de quoi vous retourner le cœur. Ces créatures étaient terrifiantes, pas seulement par leur aspect, mais parce qu’elles étaient dénuées de tout sentiments et ne répondaient qu’à des instincts primaires. Il n’y avait aucun code d’honneur chez eux, sinon la loi du plus fort. Luthien observa l’orc agoniser au sol, se noyant dans son propre sang. On voyait qu’il voulait hurler mais que ses cordes vocales avaient été rompues. Ses yeux menaçaient de s’extraire de leurs orbites et alors qu’il luttait pour se raccrocher au moindre souffle de vie, dans une ultime convulsion, il périt. La jeune femme détourna le regard. La mort ne la laissait jamais insensible, quelque soit l’être qui était fauché par sa faux diabolique.

- Commence par avaler ça et donne m’en des nouvelles ! Puis il cracha sur la dépouille. Je défis quiconque de me donner des ordres, comprit, sales chiens ?! Ils acquiescèrent docilement. Bien, maintenant à toi. Il désigna l’elfe. Plus il se rapprochait et plus Luthien gesticulait, haletante. Ses doigts crochus blasphémèrent sa chevelure en glissant dessus et alors qu’il reniflait le parfum qui émanait de sa chaire opaline, Luthien se sentit tout à coup souillée. Ses complaintes et gémissements ne furent entendus que par ses assaillants, sous le regard impuissants et absents des animaux qui patientaient tranquillement que l’atmosphère se calme pour montrer de nouveau le bout de leur nez. Ce soir, tu danseras avec le dragon. Glissa t-il au creux de son oreille. Attachez-là ! Que voulait-il dire par « dragon » ? Etait-ce qu’une figure de style ou devait-elle le prendre aux mots ? Faisaient-ils mention de…Smaug le Terrible ? L’énorme bruit de tout à l’heure qui avait pétrifié le ciel à en faire disparaître les étoiles provenait-il du dragon en question ?

On la dressa au sommet d’un bûcher, fermement enchaînée en croix à un pieu. On lui libéra la bouche afin de la laisser hurler et attirer d’avantage la bête par ici. Elle puisa dans ses forces, même dans celles qu’elle n’avait pas pour s’extraire de cette situation mais c’était inutile. Le fer était solide et meurtrissait ses poignets délicats. Un froid silence tomba tout à coup. Il n’y eu plus de rire, plus de cri, l’aiguille du temps elle-même marqua un arrêt funeste. Il arrivait.


 

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A Dance with Dragon Ft. Smaug

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Le silence se fit criant envahissant l’atmosphère et pétrifiant toute chose en mouvement. Le monde lui-même suspendit sa rotation durant ce court instant qui annonçait la présence de la Mort en personne. On la connaissait sous bien des noms et sous bien des formes par delà le monde mais pour les martyrs de Mirkwood, tous, sans aucun doute, la reconnaissait sous l’apparence reptilienne de Smaug Le Doré, dernier grand dragon ailé venu, somme toute, satisfaire son appétit de l’Or en s’emparant de la demeure des nains du Durin. Inconscient étaient ces mineurs et leur obsession maladive de l’or pour attirer pareille abomination sur les contrés en paix de la Terre du Milieu. Ce n’était plus qu’une question de temps pour que l’infâme dragon ne s’attaque à la Montagne Solitaire et ne fasse disparaître des générations de nobles nains. Il avait déjà commencé son œuvre sur le peuple de Tranduil, assassinant par pur plaisir et égoïsme ses sujets, flattant ainsi sa suprématie. Depuis l’attaque, les elfes se relevaient doucement de l’épreuve subie, déplorant d’innombrables pertes irremplaçables. Luthien ne parvenait plus à demeurer au palais, trop bouleversée par le paysage désolé qui restait de sa terre d’adoption. Si la journée, elle participait à la reconstruction mais aussi au soutient physique et morale des blessés, la nuit, c’est dans la forêt qu’elle allait trouver refuge, sous les branchages solides et réconfortants des arbres que le feu divin du dragon n’avait pas calciné. Mais au dehors, plus qu’ailleurs encore, le danger était présent, ce dont aurait forcément dû songer la jeune musicienne. L’attention des Mikwoodiens était bien trop préoccupée à gérer la crise actuelle du royaume pour s’attarder sur la surveillance de la forêt. Un manque de vigilance qui laissa filtrer des orcs et présager le pire.

Le vrombissement sinistre d’un battement d’ailes fendit l’air, balayant tout sur son passage dans un souffle incandescent. Une tempête venue du ciel se préparait à déverser toute sa rage sur les pauvres créatures foulant la terre. Luthien, à première vue terrifiée, n’osa défier le ciel des yeux, craignant un courroux encore plus terrible de la part de la bête. Chaque rotation, chaque mouvement aérien brutalisait les pauvres arbres qui se mirent à gémir sous le coup des rafales brûlantes. Leur souplesse fut mise à rude épreuve et certains d’entre eux plièrent sous la force du vent. Un rugissement plus puissant que le tonnerre pétrifia les bois tandis que des langues de feu défigurèrent le dôme étoilé. Parmi celles qui ne périrent pas, les dernières lucioles se volatilisèrent dans les bois, fuyant la colère de Smaug. Un sentiment de solitude envahie alors tout l’être de Luthien et à mesure que l’ombre du monstre la plongeait dans les ténèbres, toute espoir de survie s’évapora alors de son esprit. Elle s’abandonna au sort qui l’attendait, résignée mais le cœur lourd de regret de ne pas avoir su livrer ses sentiments à son roi quand l’opportunité s’était présentée chaque jour. Quelques siècles auparavant, elle aurait accueilli la mort à bras ouvert. Combien de fois l’avait-elle appelé de ses voeux sans qu’elle ne daigne lui répondre, sourde à ses réclamations pendant que la solitude et l’affliction lui rongeaient l’âme, la soumettant à l’agonie la plus inhumaine ? Alors qu’elle avait réapprit le goût de vivre aux côtés des elfes de Mirkwood, voilà que la faucheuse d’âme se décidait à écourter sa rencontre avec la descendante de Indis. Lutter était dérisoire. Rien n’échappait au dragon.

Le sang froid entama son atterrissage légèrement houleux – que Luthien mit sur le compte de la hâte – sur le bord de la falaise, faisant dorénavant face à sa proie offerte en sacrifice par les immondices orquiennes. Luthien ne remarqua pas aux premiers abords la blessure suintante à son œil, trop préoccupée à fixer ses dents et ses pattes redoutables qui allait lui servir de linceul. Elle n’avait pas peur de mourir, depuis des âges elle s’y était préparée mais disparaître dans un monde où Thranduil n’existait pas reviendrait à préférer l’enfer au paradis. Ca lui était tout simplement inconcevable, elle refusait cette idée d’une existence sans lui et quand bien même Smaug tenait entre ses griffes les rênes de son immortalité, il ne briserait jamais sa volonté. Armée de courage, la jeune elfe redressa alors la tête pour faire face à son destin. Dans sa poitrine, son cœur affolé menaçait à tout instant de rompre la cage dans laquelle il était maintenu. Son regard saisissant s’accrocha à celui du dragon et c’est alors qu’elle put remarquer l’enflure qui s’était emparée de son œil. Que lui était-il arrivé ? Ainsi donc le grand et terrible Smaug n’était pas l’être si invincible qu’il se prétendait être ? Vaniteux. Il n’empêche que sa blessure était salement infectée et inutile d’être un elfe possédant quelques propriétés médicinales pour en faire la constatation. Si son œil gauche demeurait aux abonnés absent, son second n’avait en rien perdu de ses capacités intimidantes. La fente étroite de sa pupille striée de flammes lui donnait un aperçu du seuil de l’enfer et des tourments qui attendaient ceux qui s’y aventuraient. Luthien l’observa un moment, moins agitée qu’auparavant songeant à l’avantage qu’elle pourrait tirer de cette situation. Néanmoins, elle doutait de l’honnêteté du dragon et le pensait dénué de toute loyauté. C’était une valeur qui lui était inconnu et surtout frivole pour un conquérant de son envergure que seule la force et la terreur guidait. Pourtant, c’est la seule chance qui lui restait de grappiller du temps et espérer survivre à cette aventure. Le son sinistre, tout droit provenu d’outre-tombe, de ses paroles arrachera une série de frissons qui parcoura l’échine dorsale de l’elfe. Elle sursauta naturellement quand elle vit ses énormes griffes lacérer le sol sans discerner s’il s’agissait d’une excitation ou des douleurs provoquées par son œil.

- Quel plaisir...de pouvoir te torturer afin que Thranduil...entende tes cris et sache que...je suis toujours là et qu’en une seconde...sa vie peut basculer…

Thranduil l’appréciait beaucoup, c’était évident, mais de là à la faire passer avant son royaume, Smaug se carrait la griffe dans le dernier œil qui lui restait. D’une part elle se félicitait que cela n’ait pas l’impacte escompté sur le Roi mais d’autre part, dans son fort intérieur, elle ne cachait pas son désir de vouloir compter parmi les êtres indispensable à la vie et au bien être de son monarque tant aimé. Mais tel était le court naturel des priorités du roi et Luthien ne le discuterait jamais, bien au contraire. Elle allait devoir faire preuve de tact, de discernement et surtout de prudence avec lui.

- Détrompez-vous. Vous avez attaqué son royaume, vous l’avez ouvertement provoqué. La seule satisfaction qu’il pourrait tirer partie c’est de vous voir dans un tel état de faiblesse. Désirez-vous réellement ruiner votre réputation en prouvant à Thranduil que vous n’êtes pas invulnérable ?

Elle le toisa avec fierté mettant son propre courage à la hauteur de sa puissance draconique.

- Je n’ai aucune valeur pour lui. En revanche,  elle marqua un temps durant lequel elle indiqua du menton sa blessure, je peux en avoir pour vous. Que dîtes-vous ?  Elle tira fermement sur les ficelles qui entravaient ses poignets cherchant impérativement à s'en dégager mais rien n'y faisait, elle était à son entière merci.


 

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