Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith
Auteur
Message
Invité
Invité
Sujet: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Ven 29 Mai 2015 - 19:39
La belle et le héros
Vaemyr & Ysée
“Il est plus facile d'être héros qu’honnête homme. Héros nous pouvons l'être une fois par hasard ; honnête homme il faut l'être toujours.” Luigi Perandello | ♪♫ musique ♪♫
La Cité Blanche, capitale du Gondor, n'avait gagné ce nom que pour sa couleur éclatante et immaculée transperçant l'horizon tel un immense flambeau blanc. Au sein de ses murs, la bassesse pouvait se trouver comme partout ailleurs, salissant quelque peu cette image virginale qu'on pouvait se faire de cette ville... Comme bassesses, comptons le vol, le viol, les meurtres entre soûlards et les bordels regorgeant de filles de joie n'ayant pas toujours eu le choix de ce genre de vie. Certains établissements pouvaient se vanter d'être un endroit fréquentable où venaient des hommes de haut rang pour prendre un peu de bon temps, loin de leurs responsabilités et, parfois, de leur épouse étouffante. Ysée avait, il fut un temps, été dans l'un de ces lieux où les plus riches seulement avaient le droit de pénétrer dans le bordel comme en elle. Belle comme une fleur à peine éclose, malgré le temps passant sur elle, elle avait une réputation de favorite. On vouait ses éloges non à son talent charnel mais à sa beauté intarissable. Plus que coucher avec elle, on payait pour l'admirer nue. Ysée était heureuse, dans cet endroit, même si cette profession était de loin le moins alléchant pour une femme. Pour elle qui n'avait connu que ça et qui ne pouvait rêver de choses qu'elle ne connaissait pas, cela se rapprochait fortement au bonheur. Avec ses parents adoptifs et les autres catins qui étaient comme des sœurs, c'était ce qui s'apparentait le plus à une famille pour Ysée. Elle s'en contentait, et même mieux que ça : elle n'espérait pas autre chose et aimait cette existence routinière et chaleureuse.
Les choses ne devaient malheureusement pas se dérouler toujours ainsi. On en voulut à son maître et père adoptif, qui reçut bon nombre de menaces. On ne lui en exprima rien mais Ysée sentait bien que sa présence était en partie la cause de tout ce ramdam. On jeta des pierres, la nuit, dans les carreaux de la maison. On égorgea une catin dans l'établissement même, laissant une lettre d'avertissement, et toutes les recherches du monde ne purent aboutir sur une justice, l'assassin restant introuvable. On tenta même d'incendier la maison close, qui fut, fort heureusement, étouffé avant que cela ne dégénère et ne crame tout, les filles avec. Ses collègues et amies, malgré l'idée incertaine qu'Ysée était l'origine de cette jalousie, car c'était bien là le motif de ces crimes et autres tentatives, aucune ne lui en tint rigueur, sauf peut-être une ou deux qui devinrent un peu froides envers elle. Ensemble, elles se soutiennent et se protégèrent, changeant leurs habitudes, qui eut pour effet de perturber la routine des catins et aussi de la clientèle. Celle-ci finit par se raréfier un peu, faisant chuter le chiffre d'affaire. Le Maître, contrarié mais compréhensif, espérait seulement que ces attentats s'achèveraient...
Une brève période sans rien arriva, les laissant souffler et reprendre confiance. Ce fut une erreur. N'étant plus sur la défensive et précautionneux, le Maître finit par être retrouvé battu à mort dans une ruelle non loin de la maison close. Sa femme, perdue sans lui, sombrant dans le chagrin, ne put continuer à tenir le bordel. Ysée, qui était comme sa fille, ne put être d'un grand réconfort malgré ses approches affectueuses envers la femme. En vain. Chaque fille dut alors partir et trouver un autre endroit pour continuer à survivre, sinon ce serait leur fin à toutes. Ysée fut la dernière à laisser la femme seule, derrière elle, abattue. Le cœur brisé, la belle s'en était allée à la recherche d'un autre travail. Ne sachant rien faire d'autre, elle fit le tour des maisons closes. Bien évidemment, ses « soeurs » avaient déjà pris pas mal de places dans chacune d'elles et Ysée dut se rabattre sur l'une des moins bien famées de la Cité Blanche : la Gorge Rouge, tenu par une saloperie de pervers dévoré par le sadisme. Ce détail, Ysée n'en savait rien lorsqu'elle signa le contrat...
La belle qu'elle était se vit enfoncée comme jamais, passant d'un joli bibelot qu'on osait à peine toucher des doigts à une catin comme une autre, un peu plus jolie, mais qu'on prenait plaisir à ramoner par devant, par derrière, comme toutes les autres. Sa vie bascula. Deux fois orpheline, n'ayant aucune estime de personne, haïe et jalousée par les autres putains de sa nouvelle maison car elle était plus désirée qu'elles, sauf une seule, oubliée de tous et de toutes jusqu'à son nom, salie dans l'âme comme son corps, Ysée perdit petit à petit sa raison de vivre. Elle qui était de nature plutôt enjouée, faisant peu d'histoires, se renferma sur elle et devint une coquille vide de tous sentiments. Elle pleurait, souvent, mais cela était bien la dernière chose qu'elle ressentait intensément : le chagrin. L'idée du suicide lui vint. Son Maître la sauva et la châtia de façon magistrale... Séquestrée, violée, affamée, assoiffée et battue. Ysée ne tenta plus jamais de mourir et abandonna tout espoir.
Elle abandonna tellement cet espoir d'une autre existence que le Maître, la menaçant de recommencer si elle s'enfuyait, avait suffisamment « confiance » en elle pour l'envoyer au marché, tel une esclave, faire les courses qu'il ne voulait pas faire par paresse. C'était la fin de l'hiver, durant une belle matinée au ciel blanc et cotonneux, le givre encore collée aux herbes folles entre le dallage. Ysée avait obéi avec une docilité effarante et était sortie, se dirigeant ensuite vers la place où le marché se situait. Elle déambula tel un fantôme parmi les divers étalages, ne portant un regard intéressé à quelques petits objets, bijoux et autres outils de forge, qu'avec un air profondément intimidé. Si quelqu'un la poussait, elle ne cherchait même pas à demander des excuses et détallait aussitôt. L'esprit d'Ysée avait été brisée, n'importe qui qui l'observerait pourrait le voir.
Au détour d'un stand de fruits et légumes, Ysée entendit un borborygme s'élever de son propre estomac. Les filles avaient rarement droit à un petit-déjeuner, seulement selon ce qu'elles ramenaient à la maison... Il arrivait parfois que certaines mangent tandis que d'autres non, et Ysée ne mangeait jamais le matin, ayant l'air trop triste pour attirer des clients dans son simulacre de lit - quelques planches avec un sommier bancal, un matelas bourré de pailles piquant la peau et même pas de coussin à proprement parlé. La jeune fille avait faim et elle se rendit compte avec tristesse que son Maître l'avait envoyé au marché à l'heure du repas de midi... Le connaissant, ce n'était pas un hasard. Elle ne mangerait rien avant le soir, et encore, s'il le désirait... Elle récoltait si peu d'argent que cela ne serait pas étonnant qu'il finisse par prendre la décision de la laisser mourir de faim. Tout à ces sombres idées, la catin passa près d'une caisse où se trouvaient plein de belles pommes rouges. La salive lui monta à la bouche. Si seulement elle osait... Cette pomme pourrait être mon seul repas de la journée, pensa-t-elle, la faim et la peur au ventre. Elle fit quelques pas en avant, trop effrayée à l'idée d'être prise, puis finalement revint sur ses pas. Dos aux pommes, elle essaya d'en prendre une à l'aveuglette, feignant le fait qu'elle attendait quelqu'un. Sauf que son petit manège fut repéré par le marchand qui la prit la main dans le sac. « 'spèce de petite voleuse ! 'm'en vais d'trancher cette paluche de gourg'dine, moi ! » dit-il, sortant aussitôt un coutelas de son ceinturon. Ysée poussa un cri déchirant qui n'eut pour seul effet que de faire se retourner quelques visages, mais personne pour lui venir en aide.
Sujet: Re: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Mar 23 Juin 2015 - 17:19
Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme...
ft. Ysée & Vaemyr
« Quand je vois mourir un honnête homme et vivre tant de scélérats, je sens bien emphatiquement la force de ce passage des psaumes : Dieu ne veut pas la mort du pécheur - Laurence Sterne »
Après n'avoir vécu que dans la petite ville du sud que l'on nomme Umbar, arriver devant la vaste Cité Blanche avait quelque chose d'irréel. Il faut dire que c'était tout comme un choc culturel. Si Umbar avait été construite sur le bord de l'océan, Minas Tirith avait, littéralement, été construite sur le flanc d'un montagne. La ville, d'un blanc éclatant, surplombait la plaine de sa hauteur vertigineuse. Tout ici était fait de pierre blanche, ce qui semblait faire briller la grande cité. Visiter tout cela pouvait être bien long, mais Vaemyr avait tout son temps devant lui. Nouvellement voyageur, il découvrait ainsi pour la première fois un nouveau mode de vie, des coutumes différentes et des gens différents. Il faut dire que, par cette belle journée de fin d'hiver, il était bien rare de croiser des habitants avec le teint hâlé comme le vagabond. Tous avait le teint plutôt pâle à cause de l'hiver.
L'hiver et la neige. Cela aussi avait été une découverte pour le jeune homme. Au sud, il y avait bien sûr un hiver, mais il ne faisait jamais aussi froid qu'ici et, surtout, la neige était une sorte de mythe. Ainsi, alors qu'il se dirigeait de plus en plus vers le nord, il s'était vite rendu compte que ses vêtements n'étaient pas assez chauds et avait dû poursuivre son chemin en s'emmitouflant dans sa couverture, jusqu'à ce qu'il tombe sur un petit village et puisse s'acheter des vêtements adaptés au froid de l'hiver. Au cours de son chemin, il avait également découvert la neige, cette froide poudre blanche qui était plutôt gênante lorsqu'on se déplaçait. Les pieds s'y enfonçaient facilement. Parfois, le voyageur avait dû descendre de son cheval afin de marcher à ses côtés pour que la tâche lui soit plus facile. Le jeune l'avouait, les journées se réchauffant de plus en plus en vue de l'arrivée du printemps furent les bienvenues. Comme cette journée, par exemple, bien que les nuages blancs s'amassant au dessus de la ville bloquaient les chauds rayons du soleil. Il faisait donc un peu plus froid et le givre recouvrait les quelques brins d'herbes arrivant à pousser entre les dalles.
Le voyageur ne pouvait se servir du soleil pour déterminer l'heure, les rayons de celui-ci étant cachés par les nuages, mais au gargouillis que faisait son ventre, il pouvait se douter qu'il était dans les environs de midi. Vaemyr décida donc de se rendre au marché, afin de s'acheter un repas, mais aussi de faire ses provisions lorsqu'il quitterait la ville pour poursuivre son voyage. Il pénétra donc à l'intérieur du marché et fit le tour des étals, découvrant toutes sortes de choses aussi variées les unes que les autres. Le jeune homme acheta surtout de la viande séchée, mets qui se conservait longtemps, ainsi que quelques fruits. Il était justement en train de faire le tours des étals de fruits, lorsqu'un cri déchirant venant de l'étal d'à côté le fit sursauter, manquant de foncer dans un habitant qui faisait lui aussi des achats. Le jeune homme se tourna dans la direction du cri, comme bien d'autres gens, et vit le marchand de fruit se tenant devant une jeune femme, tenant un couteau à la main. C'était sans doute elle qui avait poussé ce cri. Vaemyr jeta un bref regard autour de lui: personne ne semblait vouloir venir en aide à la jeune femme, comme s'ils étaient tous indifférents face à la situation. Mais pourquoi rester indifférent face à une personne en danger? Car, qu'on se le dise bien, le marchand semblait tout sauf sympathique en ce moment. Peut-être que tous ces gens n'avaient pas, comme le vagabond, cette bonté à venir en aide à son prochain. Il était comme cela, lui, toujours prêt à venir en aide à ceux qui étaient en détresse. Aussi, il se rapprocha de la scène, et il fut bien le seul à le faire. Il vint se placer à côté de la pauvre jeune femme et fixa le marchand droit dans les yeux. Il lui adressa la parole d'un ton calme et posé. '' Oh là! Doucement monsieur. Que vous a fait cette jeune dame pour mériter d'être ainsi menacée?'' Le marchand, sans doute un peu surpris par l'apparition soudaine du vagabond, ne dit rien sur le coup, regardant tour à tour le nouveau venu, puis reculant d'un pas, sans toutefois baisser son coutelas.
code by ORICYA.
Invité
Invité
Sujet: Re: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Mar 30 Juin 2015 - 17:13
La belle et le héros
Vaemyr & Ysée
“Il est plus facile d'être héros qu’honnête homme. Héros nous pouvons l'être une fois par hasard ; honnête homme il faut l'être toujours.” Luigi Perandello | ♪♫ musique ♪♫
Ysée était convaincue qu'elle avait perdre sa main et s'était mise à sangloter sans que le vendeur de fruits ne daigne desserrer sa poigne sur son avant-bras. Il avait une telle force que lorsqu'il la lâcha, la marque rouge de ses doigts restait imprégnée dans la chair de la catin. Elle cessa de pleurnicher et s'aperçut seulement qu'un homme s'était rué à son secours. Elle le dévisagea, plus éberluée que soulagée de prime abord ; il était tellement rare que les habitants de cette ville vienne en aide, allant à l'encontre du bourreau pour extirper la victime d'un sort peu enviable. Ils étaient tous plutôt lâches, surtout lorsqu'une machette leur était agité sous le nez. Mais cet homme-là, de toute évidence, n'était pas du coin. Il portait de bien drôles d'habits et son teint buriné par le soleil le décrivait sans mot dit qu'il venait du sud. Ysée n'avait aucune connaissance géographique pour en savoir plus, la seule chose de sûre ce fut qu'il venait du sud, là où le soleil éblouissait de ses rayons avec plus d'intensité et plus longuement qu'ici.
Le marchand de fruits s'était écarté d'elle, Ysée en profita de ce fait pour reculer à son tour, se positionnant inconsciemment à la droite de son défenseur. Elle lui jeta une œillade craintive tout en massant son poignet endolori. Quoique soulagée, d'autres émotions disputaient son esprit étriqué par les sévices, l'isolement et son ignorance : la curiosité, la méfiance qu'elle avait acquis à l'adresse de tous les hommes, et le doute. Avec un peu de chance, ce type lui quémanderait des services charnels en guise de remerciement... Au moins garderait-elle sa main, n'est-ce pas ? Cette pensée la révulsait pourtant. Elle resta plantée aux côtés de l'homme du sud, les yeux baissés, l'air maussade, attendant sagement que l'altercation entre lui et le marchand s'achève et qu'elle n'ait plus qu'à écarter les cuisses pour prouver sa gratitude...
« Elle a tenté d'm'voler ! C'te pomme, là, r'gardez ! » vociféra l'homme bourru et ventripotent, agitant alors le fameux larcin qu'il avait récupéré devant le visage de l'étranger. « Elle a touché ! Qui va ben v'loir ach'ter ça après qu'c'te salop'rie y a touché, hein, dis-moi m'gars ! »
Il ne cessa pas de postillonner son dégoût pour Ysée, sa frustration, clamant hors et fort que les gens ne pouvaient pas agir ainsi sans assumer les conséquences, la conséquence pour le vol, ici, étant une main coupée. Il poussa alors l'étranger pour rattraper la putain, menaçant l'homme de sa machette s'il osait s'interposer en travers des lois de la ville. Ysée glapit, prise par surprise.
Sujet: Re: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Sam 4 Juil 2015 - 18:16
Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme...
ft. Ysée & Vaemyr
« Quand je vois mourir un honnête homme et vivre tant de scélérats, je sens bien emphatiquement la force de ce passage des psaumes : Dieu ne veut pas la mort du pécheur - Laurence Sterne »
Voilà que le marchand, l'air toujours mécontent cependant, relâcha sa victime et s'en écarta afin de faire face au nouveau venu. Vaemyr jeta un bref regard autour de lui; les gens de la ville s'étaient remis à vaquer à leurs occupations, alors que certains autres étaient restés, sans doute curieux de connaitre la suite des choses, voulant savoir comment allait réagir le marchand à tout cela. Ils restaient cependant tous à une distance respectueuse. Décidément, les habitants de Minas Tirith ne semblaient pas très courageux. Le marchand dévisagea le vagabond pendant un court instant. En effet, celui-ci avait la peau basanée et son accoutrement était différent de ceux venant de la Cité Blanche. Certains devaient se demander ce qu'un homme provenant du Sud pouvait bien venir faire ici. Peut-être même croyaient-ils qu'il s'agissait d'un pirate, car une grande majorité de ceux-ci venaient, justement, des régions se trouvant plus au sud de la carte de la Terre du Milieu. Quant à la demoiselle, celle-ci avait profité du fait que le marchand l'aie lâchée pour reculer vers Vaemyr, venant se placer à sa droite. La main près de son épée qui pendait à ses côtés, le jeune homme attendait de voir la prochaine réaction du marchand, prêt à réagir. Et, vu son attitude, le vagabond pouvait prédire que son interlocuteur ne se calmerait pas.
« Elle a tenté d'm'voler ! C'te pomme, là, r'gardez ! Elle a touché ! Qui va ben v'loir ach'ter ça après qu'c'te salop'rie y a touché, hein, dis-moi m'gars ! »
L'homme, assez imposant, saisit la pomme en question entre ses mains et se mit à l'agiter furieusement sous le nez de Vaemyr. Le marchand ne cessait de vociférer, de postillonner, répétant sans cesse à quel point il était dégoûté par la jeune femme, qu'il se permettait d'ailleurs d'insulter, au grand désarroi du voyageur. Pour une simple pomme, cet homme se permettait d'insulter la jeune femme... Il lui en fallait bien peu. Et puis, après tout, sa pomme était encore vendable. Ce n'était pas comme si le fruit avait été échappé sur le sol, ce qui, dans ce cas, aurait réellement affecté sa qualité. Ainsi, Vaemyr laissa l'homme parler, attendant que celui-ci ait vidé tout son sac d'émotion avant de reprendre la parole. Lorsque le marchand clama que la conséquence d'un vol était d'en perdre sa main, le vagabond fut choqué. Bien sûr, il n'était pas inconnu à cette technique, mais il trouvait cela plutôt abusé, surtout lorsqu'il s'agissait d'un vol mineur, comme celui de cette pomme. Soudainement, Vaemyr fut poussé par le marchand, qui se rua sur la jeune femme, voulant à tout prix faire respecter cette loi de la ville. L'homme pointait sa machette vers l'impertinent qui osait contrer les lois de la ville, le menaçant. Vif, le vagabond dégaina son épée. Il y avait d'autre moyens que de couper la main de la voleuse pour régler l'affaire, et Vaemyr était bien déterminé à ne pas laisser le marchand passer à l'acte. '' Je ne pense pas que vous ne vouliez en arriver au point où je devrai utiliser mon épée. Je ne le souhaites pas moi-même. '' De nouveaux curieux s'étaient arrêtés, trouvant peut-être la situation de plus en plus intéressante... '' Vous pensez que personne ne voudra acheter votre pomme? Je vais vous l'acheter, au double de son prix si cela peut vous empêcher de couper la main de cette jeune femme. ''
code by ORICYA.
Invité
Invité
Sujet: Re: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Sam 1 Aoû 2015 - 16:26
La belle et le héros
Vaemyr & Ysée
“Il est plus facile d'être héros qu’honnête homme. Héros nous pouvons l'être une fois par hasard ; honnête homme il faut l'être toujours.” Luigi Perandello | ♪♫ musique ♪♫
La catin était convaincue que ses dernières heures arrivaient lorsque la poigne du marchand lui frôla l'avant-bras. Mais ne put l'attraper réellement. Ayant fermé les yeux par la peur, Ysée les rouvrit en ne sentant rien venir, et fut interloquée de voir que le jeune voyageur avait stoppé net les agissements du vendeur de pommes. Elle suivit la scène un mélange d'émotions sur son visage ; tantôt de l'effarement, tantôt de l'étonnement, mais ensuite de l'embarras. Cet inconnu la protégeait, elle, une putain sans nom et sans avenir, sans les moyens de le remercier décemment, qui ne valait pas plus que cette pomme. Elle baissa les yeux, croulant sous la honte que lui faisait sentir cette situation délicate. Que pouvait-elle faire d'autre que se taire et prier que pour que tout cela finisse vite, et non dans le sang ? La machette était une arme violente et barbare, parfaite pour trancher les membres et dissuader les bandits, mais une épée était une arme bien plus noble et plus apte à défendre son propriétaire. Ysée aurait aimé se réjouir de savoir qu'en cas de combat, son protecteur gagnerait sans aucun doute. Il avait la posture d'un homme brave et doué pour les duels de lames. Il tuerait ce marchand véreux sans dommage pour lui-même, ou si peu, et avec facilité, elle le pressentait. N'empêche qu'elle ne désirait pas réellement qu'une telle chose arrive et elle continua de prier pour que tout cesse sans effusions écarlates.
Elle put soupire de soulagement lorsque sa prière sembla s’exaucer. Vu que le souci était cette pomme apparemment devenue invendable depuis qu'Ysée l'avait touchée, l'étranger proposa de l'acheter. Et au double du prix. Ysée ouvrit d'énormes yeux ronds, comme sa bouche qui s'arrondit en même temps. Qui était-il pour en arriver à ça, pour la défendre au point d'acheter lui-même une pomme au prix déjà exorbitant de base ? Il devait être un pirate, vue son allure. Ysée se souvint alors de Shadow, le pirate qui l'avait asticoté de façon odieuse il y a de cela quelques mois. Elle fronça les sourcils et la méfiance prit le dessus sur sa reconnaissance. S'il était un de ces pillards des océans, elle ne devait pas lui offrir sa confiance, même s'il l'avait sauvée sans avoir l'air de lui demander quelque chose en retour. Elle vit le marchand abdiquer, attraper d'une main vive les deux pièces de bronze offertes par le voyageur, puis tourner le dos au jeune homme sans un mot de plus. Il jeta un regard sombre à Ysée qui signifiait bien évidemment qu'elle n'avait pas intérêt à rôder à nouveau près de son étal, puis il retourna à la vente de ses fruits. Le voyageur lui intima de le suivre à l'écart de cette agitation et la jeune fille accepta silencieusement, sur ses gardes.
Lorsqu'ils se furent écartés de la foule, l'homme lui donna la pomme. Elle hésita mais finit par croquer avidement dedans. Le jus lui coula sur le menton. La saveur sucrée emplit sa bouche et elle sourit malgré son envie de garder sa vigilance vis-à-vis de cet homme. Elle ne dégusta pas le fruit mais le dévora littéralement, sentant quelques forces lui revenir à chaque bouchée. Une fois avoir sucé le trognon jusqu'à ses limites, elle le jeta dans des buissons qui entouraient une petite fontaine, où elle se dirigea ensuite pour se désaltérer et enfin s'asseoir sur le rebord de pierre blanche. Elle jeta alors ses yeux dans ceux de l'étranger, mais ceux-ci étaient si intenses au milieu de cette peau basanée, qu'elle les baissa aussitôt. Elle repensa à sa possible nature de pirate et prit tout à coup peur ; cet endroit isolé était parfait s'il désirait d'elle le présent de son corps de femme.
« Je vous remercie, messire. Je suis en sûreté maintenant, je ne vous dérangerai pas plus longtemps. » dit-elle rapidement, mue par cette crainte, avant de se relever d'un bond pour s'éloigner de lui.
Elle courut presque mais un de ses chaussons, troué, se prit dans un brin de ronce qui poussait entre les larges dalles. Son soulier resta accroché et elle trébucha, se récupérant de justesse. Elle voulut faire rapidement marche arrière pour le reprendre mais l'étranger était déjà en train de ramasser l'objet perdu...
Sujet: Re: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Dim 9 Aoû 2015 - 17:49
Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme...
ft. Ysée & Vaemyr
« Quand je vois mourir un honnête homme et vivre tant de scélérats, je sens bien emphatiquement la force de ce passage des psaumes : Dieu ne veut pas la mort du pécheur - Laurence Sterne »
Le vagabond n'avait aucune envie que tout cela se termine en bain de sang. Non, il ne pouvait tuer ce marchand pour la simple raison qu'il avait brusqué une jeune femme à cause d'une pomme volée et rendue invendable. Mais si le marchand décidait de se rendre jusqu'à un duel, décidait d'attaquer celui qui l'empêchait de faire respecter la loi lorsqu'un vol survenait; soit une main en moins au-dit voleur, Vaemyr se verrait bien de répliquer afin de se défendre. Bien sûr, il avait avantage avec son épée et pourrait plus facilement infliger de graves blessures à son adversaire, mais cela valait-il vraiment la peine? Non. Si le marchand venait à attaquer, lui arracher sa machette d'un coup d'épée viendrait sans doute le dissuader de poursuivre le duel. Mais cela ne se déroula pas ainsi. L'homme sembla préférer la solution la plus raisonnable: soit accepter de vendre le fruit au vagabond, et ce au double du prix, comme promis. Vaemyr sortit alors deux pièces de bronze de sa bourse et les tendit au marchand, qui les empocha vivement. Une pomme pour le prix de deux, il avait eu de quoi accepter. Il venait même de faire un plus grand profit qu'à l'habitude, en quelque sorte. Une fois l'argent dans ses poches, le marchand donna, presque en la lançant, la pomme à l'acheteur avant de lui tourner le dos. Il n'avait même pas remercié le voyageur et son attitude voulait clairement dire qu'il était préférable aux deux jeunes gens de partir le plus vite possible du marché. Le marchand ne voulait plus les voir, surtout celle qui avait tenté de le voler. Les spectateurs restés silencieux depuis le début de la scène se remirent à arpenter le marché, retournant vaquer à leurs occupations. D'un signe de tête, Vaemyr demanda à la jeune femme de le suivre; il préférait quitter l'agitation du marché.
Ils trouvèrent le calme près d'une fontaine. Là, le voyageur tendit la pomme à la jeune femme. '' Tenez, c'est pour vous. '' Après une légère hésitation, son interlocutrice se saisit de la pomme et croqua avidement dedans. Le jus lui dégoulinait sur le menton et elle souriait. Elle dévora si vite le fruit que Vaemyr vint à se demander depuis combien de temps elle n'avait pas mangé. L'observant alors un peu plus, il remarqua sa maigreur, son teint pâle et ses vieux habits. De toutes évidences, elle vivait dans la pauvreté. Elle était jolie, le vagabond pouvait l'avouer et une lueur de tristesse semblait flotter en permanence dans ses yeux, sauf lorsqu'elle avait dévoré la pomme. Elle avait souri et un peu de tristesse s'était envolée. Après avoir dévoré le fruit rouge, elle se rapprocha de la fontaine et s'y désaltéra, avant de s'asseoir sur son rebord, ou elle leva les yeux vers le voyageur. Ils eurent un contact visuel, mais celui-ci ne dura que durant peu de temps, car elle baissa bien vite son regard vers le sol. Vaemyr allait parler, lorsque la jeune femme prit soudainement un air effrayé et se leva d'un bond après avoir remercié le vagabond. Il la regarda partir rapidement pendant un instant, un peu sous le choc de brusque départ. Quelle mouche l'avait donc piquée? Qu'est-ce qui l'avait effrayée ainsi? Lui-même? Si c'était le cas, pourquoi ? Voulant s'excuser de lui avoir fait peur pour une raison qui lui était inconnue, Vaemyr se lança à la poursuite de la jeune femme. Il la vit trébucher, perdre son soulier, se rattraper de justesse avant de chuter... Elle avait fait quelques pas pour reprendre son équilibre et se trouvait maintenant à quelques mètres de son soulier. Le vagabond s'était penché pour le ramasser et le lui redonner. Leurs regards se croisèrent. Elle s'était retournée, sans doute pour aller chercher ce qu'elle avait perdu. L'homme ne bougea pas pendant quelques instants, ne sachant pas trop si la jeune femme allait préférer reprendre la fuite sans son soulier...
Comme elle ne bougeait pas, l'air figée, Vaemyr se rapprocha d'elle tranquillement. Il ne voulait pas lui faire peur à nouveau. S'arrêtant à une distance respectueuse, il lui tendit le soulier. '' Je crois que vous avez perdu ceci en chemin... '' Elle lui saisit vivement l'objet et le vagabond l'observa le remettre à son pied. Ne sachant pas quoi dire et ne voulant pas la fixer trop longtemps, le voyageur se mit à observer les lieux autour de lui; le sol, les bâtiments de pierre blanche, le ciel gris... Jusqu'à ce qu'il ne repose son regard sur la jeune femme. Il devrait peut-être s'excuser de l'avoir effrayée, bien qu'il ne savait pas comment il l'avait fait. '' Quoi que j'ai pu faire pour vous effrayer tout à l'heure, sachez que je m'en excuse. '' Il espéra que la demoiselle ne reparte pas aussi rapidement que la première fois. Il voulait savoir ce qu'il avait pu faire pour lui faire peur...
code by ORICYA.
Invité
Invité
Sujet: Re: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Mar 18 Aoû 2015 - 16:51
La belle et le héros
Vaemyr & Ysée
“Il est plus facile d'être héros qu’honnête homme. Héros nous pouvons l'être une fois par hasard ; honnête homme il faut l'être toujours.” Luigi Perandello | ♪♫ musique ♪♫
« Par tous les Valar ! » jura Ysée dans un murmure, en revenant sur ses pas.
Elle pila net, figée, son regard planté dans ceux de l'étranger au visage hâlé et aux yeux trop bleus. Il dépliait ses jambes, tenant en main le petit chausson de toile troué et lui tendant aimablement. Méfiante, la jeune catin s'approcha cependant et l'attrapa d'une main leste avant de s'écarter pour le remettre à son pied. Elle frémissait, d'une légère angoisse qu'elle-même avait du mal à comprendre. Ne l'avait-il pas secourue, juste auparavant ? Elle craignait toutefois que cet acte héroïque n'avait qu'un but, lui soutirer un quelconque remerciement qu'Ysée n'avait aucunement envie de faire. La jeune femme n'avait connu que ça, des hommes ; leur soif insatiable de son corps, de sa présence, de pouvoir tour à tour la contempler ou juste la fourrer tout leur soûl, jusqu'à lui faire mal au plus profond d'elle-même, au sens figuré comme réel. Elle n'avait qu'une vision de ces êtres au cinquième membre, celle d'être aux côtés de prédateurs sexuels, cruels, égoïstes et en manque total de douceur. Que cet homme, en face d'elle, ait pu lui vouloir du bien sans arrière pensée ne lui effleurait à peine l'esprit. C'était une pensée furtive, bien trop emplie d'espoir pour être seulement réaliste pour la jeune femme. Elle s'écarta d'un pas de lui, prête à reprendre le cours de sa misérable vie et l'oublier aussitôt, mais il se remit à lui parler d'une voix qui ne ressemblait en rien aux autres voix masculines qu'elle avait entendu dans toute sa vie. La sienne était douce, inquiète et prévenante. Factice ? Elle le fixa dans les yeux, les siens obscurcis par ses sourcils froncés, ne cillant pas tandis qu'elle le jaugeait.
« Quoi que j'ai pu faire pour vous effrayer tout à l'heure, sachez que je m'en excuse. »
Elle arqua un sourcil, s'arrêtant de reculer. Elle secoua un peu la tête, sa tignasse mal peignée voletant dans la brise chaude de l'après-midi, ses lèvres se pincèrent en une drôle de moue. Était-il sincère ? Ysée voulait le croire mais avait énormément du mal avec ce qu'on appelait la confiance. Elle ne se rapprocha guère de lui mais ne chercha plus à fuir, se tenant plus droite, essayant, malgré son anatomie de rat mouillé, de paraître un peu brave.
« Je ne suis pas effrayée ! » dit-elle d'un ton un peu offusqué. « Je suis juste... Je... Je n'ai juste pas confiance. Je ne vous connais pas. »
Quelque chose en elle, l'instinct allié à son expérience, la sommait de s'en aller aussi vite que possible. Mais le regard translucide, dénué de mal, en apparence du moins, de cet homme, lui donnait envie de rester là, de voir s'il différait des autres hommes. Soyons honnête, Ysée avait rarement l'occasion de parler à d'autres types que ceux de sa clientèle. Une rapide réflexion lui dicta que, peut-être, si un homme n'avait pas l'habitude de traîner dans les bordels, c'était peut-être un homme de bien. Et celui-là, côtoyait-il les lieux de plaisir charnel, ou non ? Plus elle le regardait, moi elle pensait cela possible. En tout cas, il ne ressemblait vraiment pas aux brutes épaisses qui la chevauchaient chaque jour, ni à ces scélérats sadiques qui, derrière leur belle attitude, n'étaient que des pervers tout en sournoiseries. Ces derniers étaient de loin les pires. L'étranger ne lui évoquait aucun de ces deux types de clients de la Gorge Rouge. Sa méfiance descendit d'un cran, ses nerfs se relâchèrent et une grande fatigue l'empoigna alors. Elle se sentit tout à coup bien faible et alla se rasseoir, marchant en traînant les pieds, au bord de la fontaine. La catin dénuda ses pieds et les fit glisser sur la surface de l'eau claire, la nuque raide penchée en avant.
« Je ne vous connais pas, mais vous avez l'air différent. »
Une petite boule de crainte restait tapie en elle, dans le creux de son ventre, et une légère sueur sur son front venait en témoigner. Toutefois, elle avait un peu de temps devant elle, un peu de ce temps précieux où elle pouvait avoir un semblant de vie différente que la sienne. Peut-être pouvait-elle vivre ces instants si rares en compagnie d'un homme comme cet étranger, qui semblait... bienveillant. Peut-être finirait-il par la violer, qui sait ? Dans le fond, qu'est-ce que cela changerait par rapport à son quotidien ? Une petite larme vint perler au coin de ses yeux. Elle était vraiment lasse de son existence, jusqu'à s'épuiser face à sa peur de vouloir prendre le risque de s'offrir un brin, une miette de répit...
Sujet: Re: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Lun 7 Sep 2015 - 17:54
Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme...
ft. Ysée & Vaemyr
« Quand je vois mourir un honnête homme et vivre tant de scélérats, je sens bien emphatiquement la force de ce passage des psaumes : Dieu ne veut pas la mort du pécheur - Laurence Sterne »
Elle se saisit de son petit soulier troué, s'écartant directement après afin de le replacer. Elle ne semblait pas à l'aise face au vagabond. Cela pouvait sans doute se comprendre. Il était un parfait inconnu pour elle et la Valar savent Ô combien les hommes peuvent être pris de mauvaises intentions envers de jeunes femmes offensives. Vaemyr avait pu voir de nombreux hommes se comporter de façon complètement ignobles envers les femmes dans les rares auberges qu'il avait pu fréquenter durant son voyage. Certains hommes étaient de vraies brutes, c'était un fait qu'il était impossible de nier. Le vagabond lui-même aurait pu devenir un de ces hommes, oui, il aurait pu, mais le traumatisme de son père alcoolique et violent suite au décès de sa mère l'avait dégoutté de ce genre d'homme. Si certains pouvaient croire que l'on obtenait mieux les choses par la violence et la force, Vaemyr, lui, avait appris que l'honnêteté réussissait beaucoup mieux. la violence n'apportait que la peur, alors qu'avec l'honnêteté, l'on pouvait gagner la confiance. C'était beaucoup mieux d'avoir la confiance de quelqu'un. Voir la jeune femme reculer ainsi lui montrait qu'elle avait peur de lui, qu'elle n'avait pas confiance en lui.
Lorsqu'elle entendit la voix du voyageur, Vaemyr remarqua qu'elle s'arrêta de reculer. Elle secoua un instant sa chevelure emmêlée, pinçant ses lèvres. Elle s'adressa à lui d'un ton qui se voulait offusqué, lui confirmant alors ce qu'il s'avait déjà: elle n'avait aucune confiance en lui, car elle ne le connaissait pas. Normal.
« Je ne suis pas effrayée ! Je suis juste... Je... Je n'ai juste pas confiance. Je ne vous connais pas. »
Quoi répondre? N'ayez crainte, je ne vous veux aucun mal? Ça risquait de sonner faux. Pas qu'il voulait du mal à la jeune femme, loin de là. Seulement, le voyageur trouvait que cela ressemblait à une phrase que pouvaient dire les hommes de mauvaises intentions. Ne sachant donc pas quoi répondre, Vaemyr ne dit rien et regarda la demoiselle qui retournait s'asseoir sur le bord de la fontaine, l'ai soudainement lasse. Il la regarda retirer ses chaussons, puis tremper ses pieds nus dans le bassin d'eau. La tête penchée vers l'avant, elle lui dit quelque chose, quelque chose comme quoi il était différent.
« Je ne vous connais pas, mais vous avez l'air différent. »
Vaemyr se rapprocha tranquillement, mais ne s'assit pas, restant plutôt debout près de la jeune femme. Différent de quoi? Différent de quoi? Des autres hommes? Bien sûr, il était le contraire de ces hommes qui pouvaient agir comme de vrais malotrus, mais il n'était pas le seul homme qui était ainsi, non? Qu'avait bien pu vivre la demoiselle pour parler ainsi? '' Différent? De quoi donc suis-je différent? '' Il vit alors une larme perler au coin des yeux de la demoiselle. Elle semblait alors si lasse et si triste. Le vagabond d'assit alors à côté d'elle, à une distance respectueuse, et lui demanda, d'une voix douce: '' Quelque chose ne va pas? '' Lui qui était toujours prêt à aider son prochain, voir la jeune femme dans cet état ne lui donnait qu'une envie: l'aider.
code by ORICYA.
Invité
Invité
Sujet: Re: Il est plus facile d'être un héros qu'un honnête homme... | Minas Tirith Dim 27 Sep 2015 - 17:01
La belle et le héros
Vaemyr & Ysée
“Il est plus facile d'être héros qu’honnête homme. Héros nous pouvons l'être une fois par hasard ; honnête homme il faut l'être toujours.” Luigi Perandello | ♪♫ musique ♪♫
Différent en quoi ? Ysée leva les yeux sur l'homme en face d'elle, des yeux écarquillés par l'étonnement. Il ne le savait réellement pas ? Peut-être elle-même jugeait-elle la gente masculine trop hâtivement. Mais, pour ce qu'elle en voyait chaque jour, les hommes n'étaient que des bêtes assoiffés de sa chair, labourant son intimité comme des chiens sans maître, n'écoutant que leur plaisir égoïste en ignorant totalement le sien. Chaque jour, elle se faisait violentée, violée presque, n'ayant de consentement que sa soumission la plus totale, son obéissance qui lui valait d'avoir encore la vie sauve. Si elle se refusait, elle ne donnerait pas cher de sa peau... Tout ça à cause du maquereau qui lui mettait, parfois réellement, le couteau à la gorge. Tais-toi, accroupis-toi, allonge-toi, écarte les cuisses, bouffe, va dormir et recommence. Ainsi allait sa vie. Et bien sûr, encore un homme. La seule compagnie masculine qu'avait Ysée au quotidien ne venait que pour la souiller davantage, la menacer, la brutaliser, arracher de son âme ses dernières parcelles de dignité, jusqu'à la dernière miette. Comment cet homme-là, à ses côtés, pouvait-il ignorer une telle chose ? En un élan d'esprit clair, elle se souvint bêtement que sa profession misérable ne se voyait pas sur son visage. Il ne savait rien d'elle. Ce qu'elle faisait pour survivre, ce qu'elle subissait chaque jour.
« J'en rencontre peu, d'hommes comme vous. Pour ainsi dire jamais... »
Jamais était le mot approprié. Non peu, mais jamais. Depuis sa prime enfance, elle avait évolué dans un bordel, quoique choyée, bien nourrie, elle n'avait d'avenir que ce qu'elle vivait maintenant. Elle avait été promise, dès le départ, à assouvir l'appétit sexuel des verges avides d'un tas d'hommes, tellement d'hommes que chacun des visages se noyaient en un seul, se confondaient en une ombre, et disparaissaient de sa mémoire aussitôt que la porte se fusse refermée derrière le dernier client. La monotonie de cette vie avait au moins cet avantage : ses bourreaux n'avaient aucun identité. Avantage ? A bien y penser, peut-être était-ce là une malédiction de plus. Incapable qu'elle était de se souvenir d'eux pour attiser sa haine, le soir, et de rêver à une vengeance sanglante dont elle se savait, pourtant, bien incapable... Alors que l'étranger s'approchait encore et s'asseyait, à une distance qu'elle jugea appréciable de sa part, il lui demanda si quelque chose n'allait pas. Comment lui dire ? Il l'avait sauvée d'une amputation en place publique et la voilà qu'elle pleurait, certes, il avait de quoi se questionner sur ses pensées intimes ! Ysée était, par contre, incapable d'en dire davantage. Que pouvait-il faire ? Tuer le maquereau ? Elle se retrouverait à la rue, pis encore qu'actuellement, si cela était possible, et les autres prostituées trouveraient le même sort peu enviable. Elle se rendit compte de l'impasse dans laquelle elle se trouvait et cela lui arracha un rire amer qui se mua en un sanglot, bref, intense et désespéré.
« Ma vie. Ma vie ne va pas. Rien ne va. » lâcha-t-elle malgré elle, d'une respiration hachée par ses pleurs.
Elle croisa le regard de l'inconnu. Il semblait si bon, si bienveillant, si sincère, dans son attitude, ses gestes, ses paroles... et son acte précédent. Il avait agi en héros, pensa-t-elle alors. En était-il un ? Elle sécha ses larmes avec vigueur, sans aucune grâce, et inspira profondément, reprenant douloureusement le contrôle sur elle-même.
« D'où venez-vous ? Vous me semblez bien ignorant de ce qui peut se passer ici pour me poser de telles questions... Vous venez de loin, n'est-ce pas ? »
Peut-être... Peut-être pourrait-il l'aider à fuir. Un espoir aussi vivace qu'une bougie mourante s'alluma en Ysée, seconder aussitôt par une voix dans sa tête qui lui hurlait de se méfier. Ce n'était qu'un homme ! Comment faire confiance à un homme, après ce qu'elle savait d'eux ? Une boule lui monta à la gorge. Ceci dit, il était le premier à se soucier d'elle... Il ne pouvait pas être si mauvais. Pas comme les autres.