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Homme d'honneur, homme sans loi
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 Homme d'honneur, homme sans loi

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MessageSujet: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyMar 1 Sep 2015 - 20:47

Homme d'honneur,
Homme sans loi
Cenhelm & Spic
“L'argent n'a pas d'honneur.”  | ♪♫ musique d'introduction ♪♫

Les pirates étaient connus pour être des mercenaires de l'océan, ne quittant le pont de leur planque voguant sur les flots que pour commettre divers méfaits. Cette chose que l'on racontait sur ces mécréants trouvait bien son origine dans la vérité. Concernant ceux du Crépusculaire, cela se révélait vrai, ni Aaren, ni Selen, ni Spic ne lâchant la barre pour autre chose que des missions de pillages sur les rives de Belfalas, rarement ailleurs. Les villages côtiers se voyaient offrir la visite régulière de ce bâtiment au drapeau noir, une visite dont ils se seraient volontiers passer. Pas mal de villages avaient succombé, mis à feu et à sang tant et tant de fois que les quelques rares rescapés avaient finalement choisi la fuite. Les derniers hameaux encore debout, résistant courageusement aux assauts répétés du Crépusculaire, permettaient seulement à son équipage d'agrandir leur butin à chaque fois qu'ils décidaient d'y jeter l'ancre. Ce jour ne fit pas exception.

Spic, devenu maître d'équipage depuis déjà trois ans à bord du navire d'Aaren, avait émis l'idée à son supérieur d'y amarrer une nouvelle fois, idée qu'Aaren avait rejeté en bloc. Espirek l'avait pris plutôt mal, déjà parce qu'il avait l'habitude qu'Aaren accorde un minimum d'intérêt à ses élucubrations, à ses folies opportunistes et avides, mais aussi parce que cela contrecarrait ses plans d'amasser quelques économies pour se retirer de l'équipage, en douce, et voguer de ses propres voiles sur l'océan. Savoir que cela le remettrait dans la ligne de mire d'Aaren ne l'empêchait pas de nourrir ce rêve. Spic était convaincu d'avoir dans ses veines le sang d'un meneur et non d'un plouc suivant les directives d'un chapeauté barbu ou d'un autre. Il était las de servir et voulait ordonner. Maître d'équipage ne lui suffisait pas ; il voulait plus, toujours plus, à cela on reconnaissait bien là un bon pirate. Les yeux plus gros que le ventre et luisants d'un or tant convoité. La bouche sèche, Spic s'était retiré de la cabane d'Aaren, la tête farcie de ce refus et des façons plus improbables les unes que les autres de faire, tout de même, ce dont il avait envie. La nuit tombait quand il prit la suicidaire décision de filer en douce, alors que les autres dormaient, soûls comme des tonneaux de hale, ronflant au fond de leur hamac.

Il emprunta à court terme la barque de secours, faisant lentement glisser le petit bateau de bois et de fer jusque tout en bas. Lorsque la coque fragile vint embrasser la houle tranquille, en cette belle nuit sans étoiles comme Spic les adorait, il lâcha les cordes qui remontèrent doucement vers le haut. Empoignant les rames, il se mit à pagayer à un rythme soutenu, le dos vers la cote. Il rama ainsi jusqu'à ce que la barque vint s'enfoncer dans le sable gorgé d'eau de mer ; il enjamba le rebord, se trempant les bottes, et marcha d'un pas décidé plus dans les terres. Il lui fallut bien une heure pour voir à l'horizon les petites lumières jaune pisse des chandelles, par les carreaux de fenêtres d'une multitude de maisonnées. Un village. Spic n'avait aucune idée de quel village il s'agissait mais il s'en foutait comme de son premier sabre. Il poussa un léger rire de chacal enragé et pressa l'allure.

Le village, pas si petit que ça au final, était plongé dans un demi-sommeil. Peu d'éclairages trahissaient les quelques insomniaques encore éveillés, le reste n'étant que silence et obscurité. Parfait. Espirek se glissa d'ombre en ombre, le dos voûté, en passant derrière des murets, plaqué contre des murs, regardant furtivement tout autour de lui dans l'appréhension que quelqu'un l'intercepte en plein crime. Depuis qu'il avait adopté son maquillage noir, il était facilement reconnaissable comme un homme ne respectant pas les moeurs et coutumes normales du peuple du Gondor. Si ces traits sombres autour de ses yeux et le long de ses joues n'avaient aucune signification, il lui donnait un air de fou, accentuant ce trait de caractère chez lui. Même dans le noir le plus total, on saurait ce qu'il était, d'où sa façon de se mouvoir tel un serpent d'eau douce ondulant dans les vagues de pénombre. S'il bougeait ainsi, scrutant chaque bâtisse, ce n'était que pour trouver la plus richement meuble, celle qui trahirait la richesse de son propriétaire ; Spic ne voulait pas amassé de petit butin, jamais, il n'avait d'yeux que pour l'or en quantité, clinquant entre ses doigts, et non le terne bronze. Il finit par trouver la perle, une belle demeure au toit de tuiles rutilantes sous le clair de lune, et il fixa la porte, un sourire mauvais aux lèvres.

Après un moment à garder les yeux rivés dessus, il se rendit compte que le champ était libre ou, dans le pire des cas, que les locataires étaient bel et bien assoupis. Vif comme un rat poursuivi, Spic s'élança à grandes foulés sur la maison et, d'un bond, alla s'accrocher à la corniche. Il se trémoussa, suspendu, pour aller poser son pied à hauteur de ses mains et ainsi se hisser jusqu'à y être à califourchon. Serpent, rat... A présent, c'était avec l'allure d'un singe qu'il continuait son ascension, arrivant au premier étage et allant écraser son nez sur la vitre pour voir à l'intérieur. Alors qu'il pensait n'y rencontrer personne, il plaça un couteau dans l'interstice de la fenêtre, glissa la fine lame de l'autre côté pour atteindre le loquet et le faire sauter. Ainsi fait, il put pousser sur la vitre pour ouvrir le carreau et passer une première jambe dans la pièce, puis une seconde, ses bottes vinrent ensuite éclabousser de sable et de boue la moquette couleur crème. Une chance, car cela étouffait le bruit de ses pas. Spic eut envie d'en rire ; c'était tellement facile !

Il se redressa et laissa ses yeux s'habituer à l'obscurité, plissant les paupières. Le son d'une lente et profonde respiration lui indiqua qu'il était dans une chambre où quelqu'un dormait. Il marcha vers le lit, lentement, sur la pointe des pieds, par simple curiosité de voir le visage de l'endormi. Il vit un homme, les cheveux coupés courts, d'un âge mûr. Mh, il ne fallait pas le réveiller, il semblait plutôt bien bâti, apte à se défendre... Couard, Spic ne souhaitait pas avoir affaire à quiconque, c'était un voleur efficace mais un piètre combattant. En se retournant, il ne vit pas l'épée dans son fourreau posée contre le mur et donna un coup de pied involontaire dedans, provoquant un bruit métallique qui perturba la quiétude de la nuit. Derrière lui, le ronflement léger avait cessé et le frottement des draps indiqua à Spic que l'endormi ne l'était plus...




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MessageSujet: Re: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyMar 8 Sep 2015 - 15:06


Homme d'honneur, homme sans loi
Le Gondor. Royaume voisin au Rohan, autrefois rival et aujourd'hui partenaire commercial et stratégique privilégié. Cenhelm s'y rendait tous les cinq ans environ pour renouveler des contrats d'échange avec de puissants seigneurs qui lui achetaient chevaux et céréales contre des minéraux et des armes. La route était longue mais les étapes nombreuses et chaleureuses, souvent organisées à l'avance et marquée de soirées conviviales à la table de ses hôtes et partenaires commerciaux. Ces tournées bien que fatigantes et trop cérémonieuses à son goût, étaient nécessaires et ne pouvaient être déléguées à un représentant quelconque. C'était l'occasion pour Cenhelm de renouer des liens avec des personnes qu'il ne voyait que très peu mais avec qui les alliances étaient vitales. Il fallait s'assurer que les accords commerciaux et militaires étaient toujours d'actualité. En cas de guerre ou d'attaques, il fallait s'assurer que l'allié ne disparaîtrait pas dès le début des hostilités, et cela, Cenhelm le faisait autant sur les ordres de son Roi que pour le bien de sa ville et de sa région natale. Ces voyages étaient également l'occasion de s'informer sur les derniers faits et gestes du prince Thengel, exilé au Gondor, et dont le peuple du Rohan espérait un retour dans l'avenir au vu de la folie croissante de son père.
La caravane du Seigneur Chevalin était réduite au strict minimum ; une dizaine de soldats pour assurer la sécurité du convoi, quelques charrettes de marchandise ainsi que cinq chevaux magnifiques en gage de la bonne foi du seigneur, et une demi-douzaine d'hommes pour s'occuper des bêtes et de conduire les charrettes. Les routes n'étaient pas sûres en Terre du Milieu, et les pirates aimaient piller les villages côtiers, mais leur caravane n'était pas vraiment inquiétée en règle générale. Ils ne transportaient que peu d'objets de valeur, et le nombre d'hommes armés suffisait à décourager les plus optimistes des hors-la-loi. Le soir, ils faisaient étape dans des villages où ils étaient accueillis avec hospitalité et confortablement nourris et logés.

Ce soir là ne faisait pas exception ; après une journée passée sur la route, Cenhelm et ses compagnons arrivèrent dans un beau village fleuri, dont les maisons faites de pierre blanches réfléchissaient avec force les derniers rayons du soleil couchant. Cenhelm fut invité à la table de Leisnir, un homme riche à l'embonpoint proéminent qui possédait la plupart des terres cultivées du village. « Alors dis-moi Chevalin, quelle est ta destination cette fois, » lui demanda-t-il au beau milieu du premier plat, alors qu'il vidait sa cinquième coupe de vin fruité. Leisnir avait déjà accueilli Cenhelm par le passé, et lui avait acheté quelques chevaux de traits afin d'améliorer le travail de ses terres. « Dol Amroth. » La destination était toujours la même, à chaque fois. C'était là que les affaires sérieuses avaient lieu. Là que les informations les plus fiables étaient disponibles. Leisnir, prompt à rire et à ne voir que les choses les plus futiles de la vie, leva sa coupe de vin avec un sourire appréciateur. « Ah, Dol Amroth ! Son marché, son argent, ses catins ! Je comprends que tu pousses le voyage jusque là, » Il eut un rire gras et grossier, et Cenhelm lui délivra son sourire froid et sans vie qu'il servait à toutes les sauces pour feindre toute sorte d'amusement. Le repas était bon, la maison chaude et confortable. Mais la compagnie laissait à désirer. « Tu passeras la nuit ici, et tes hommes dormiront dans la maison attenante ou dans l'étable, là où ils trouveront de la place. Je ne voudrais pas qu'on dise de moi que je ne sais pas recevoir ! »
Le dîner sembla durer une éternité mais Cenhelm finit par prendre congé de son hôte et se retira dans la chambre qu'on avait préparé pour lui. La pièce était de taille moyenne, ornée d'une grande fenêtre et d'un lit double au matelas trop mou à son goût. Il posa son épée contre le mur et sa dague de voyage sur la table de chevet avant de retirer ses bottes, sa veste et son pantalon de toile épaisse. La journée avait été longue et monotone, mais il ne restait qu'une journée et demi de route avant d'atteindre la cité de Dol Amroth. C'est sur cette pensée que le seigneur s'endormit rapidement, souhaitant au plus vite reprendre la route.

Un bruit léger mais quelque peu suspect le tira doucement de son sommeil profond, comme un cliquetis, un grincement à peine audible. Une légère brise froide comme la nuit lui chatouilla la nuque, faisant frissonner les cheveux courts et grisonnants du bas de sa tête. Toujours endormi, ses sens cependant étaient en alerte, et une faible voix résonnait dans son esprit, lui criant que quelque chose n'allait pas.
Il y eut alors un bruit métallique plus sourd, et cette fois Cenhelm ouvrit les yeux. Sa main gauche avait déjà attrapé sa dague sur la table de chevet avant même qu'il ne pense à le faire, et il se releva dans son lit, le cœur battant à ses oreilles. La pièce était sombre, mais ses yeux s'adaptèrent vite à l'obscurité, aidés par le clair de lune qui passait à travers la fenêtre. Là, juste à sa droite se tenait une silhouette, debout près du mur, comme figée dans un mouvement de stupeur. Il y eut une seconde de battement où les deux hommes semblèrent aussi surpris l'un que l'autre d'être face à face, avant que Cenhelm ne bondisse sur ses pieds par pur instinct de survie et ne plaque l'homme contre le mur, lui collant sa dague sous le menton. Des dizaines de questions lui vinrent alors à l'esprit, sans qu'il puisse distinctement en formuler une précise, l'adrénaline du moment étant à son comble. Cenhelm plissa les yeux, appuyant un peu plus sa lame contre la peau de l'intrus par pure sécurité. Qui était-il ? Comment était-il entré ? Par la fenêtre, sûrement. Cenhelm jeta un bref coup d’œil vers fenêtre qui était ouverte, de façon prévisible. Il reposa les yeux sur le visage de l'homme, qu'il n'avait pas encore observé. Il sentait la sueur, le vent et... le sel ? Intéressant. Peut-être avait-il une arme. Cenhelm avait le flanc exposé, mais si l'homme tentait quoi que ce soit, il pourrait toujours lui trancher la gorge dans le même mouvement. Et puis si l'intrus avait voulu le tuer, il l'aurait fait pendant qu'il était encore endormi. Simple, rapide et discret, Cenhelm serait en train de mourir en ce moment même. Il serra les dents à cette pensée. « Qui êtes-vous ? » finit-il par demander après quelques secondes, de sa voix froide et dure, le corps encore tendu par l'adrénaline et l'esprit désorienté par un réveil brutal et une exposition soudaine au danger. « Et que faites-vous ici ? » C'était plus une agression verbale qu'une véritable question, mais le seigneur n'avait pas du tout envie de rigoler. Et si la pression contre le cou de l'homme l'empêchait de pouvoir s'exprimer correctement au risque de se couper lui-même, il ne s'en était pas encore vraiment rendu compte.

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MessageSujet: Re: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyMer 9 Sep 2015 - 20:12

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Cenhelm & Spic
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« Humpf ! » fit Spic alors qu'il se faisait attraper par le col par l'autre homme et plaqué au mur.

Malgré sa mauvaise posture, il lança un regard assassin à son « agresseur ». Pas de veine, il était tombé sur un vieux loup, encore assez habile pour le maîtriser, apparemment. Sûrement un fils de militaire ou un noble, en vue de ses apparats pendant au porte-manteau, qui avait du suivre une formation militaire quelconque. Le fait qu'il ait les cheveux plus sel que poivre n'avait pas dénué l'homme d'une force encore bien vigoureuse et, il le sentait, capable de le mettre au tapis s'il lui venait l'idée folle de vouloir se débattre et de riposter. Espirek choisit du coup de rester sage, du moins en apparence, se contentant de braver le regard du vieux noble qui venait de lui poser la seule question valable en de telles circonstances.

« Qu'est-c'que ça peut te foutre ? » lui cracha Spic, un rictus mi-sourire mi-méprisant déformant ses lèvres pâles.

A bien y réfléchir, il ne pouvait décemment pas rester sous le joug de cet homme qu'il avait dérangé en plein sommeil ; s'il était bien un noble, suivant à la lettre les dogmes de cette société, il ne faudrait pas bien longtemps à celui-ci pour le catégoriser d'humain nuisible à cette ô grande société et, de ce fait, appeler la milice. Espirek avait déjà passé quelques nuits au fer, dans un cachot en bonne et due forme, et avait connu aussi les chaînes d'Aaren ; aucun de ses souvenirs ne le ravissaient et il s'était promis d'éviter au maximum de revivre l'un d'eux. Son oeil sombre pointé sur le visage quelque peu ridé, il ne laissa pas entrevoir une seule étincelle qui pourrait trahir ses intentions. Si Spic n'était pas le plus fort des hommes, il rivalisait quiconque en ruse et en agilité. Sa souplesse était également un excellent atout lors de telles situations et il en usa à l'instant ; se contorsionnant à une vitesse subite, il se faufila sur le côté après que sa main, d'un mouvement leste, vint agripper le poing armé de son adversaire pour lui tordre violemment le poignet, cette parade fit glisser la lame contre son cou, lui dessinant près de la jugulaire un fin trait écarlate, mais il s'en moquait.

Ce petit stratagème, pas très respectueux des règles de l'art du combat, le mit en position égale avec l'homme grisonnant. Le pirate avait reculé de quelques pas, se mettant de l'autre côté du plumard, jaugeant enfin à son aise celui qui lui faisait maintenant face, à quelques coudées de lui. Ils se regardèrent en chiens de faïence, méfiants au possible, se demandant tous les deux qui était l'autre et ce qu'il trafiquait. Spic, ne voulant pas paraître faible et démuni, finit par extirper de son veston un surin à la lame plus longue et plus fine que d'habitude, une facture idéale pour le lancer. Il en joua de la pointe sur son index, faisant y perler une goutte de sang qu'il suça aussitôt. Il sourit enfin, se sentant bien mieux que précédemment, et menaça de sa lame l'autre homme.

« Bon. J'n'avais pas du tout prévu de tomber sur quelqu'un. J'ai aucune envie d'faire de casse ou de te blesser. Donne-moi ta bourse ou quoique ce soit d'valeur, et j'me tire d'ici. » dit-il d'un ton péremptoire.

Bien évidemment, Espirek n'avait strictement aucune idée à qui il parlait en cet instant. Sinon, peut-être aurait-il pris la poudre d'escampette sans demander son reste, ni même tenter de soutirer quelque menu objet de valeur. Spic n'était pas connu pour son courage légendaire mais plutôt son talent à se sortir des pires emmerdes ; sauf que, cette fois, il avait eu envie de braver un peu plus que d'habitude, et il était presque certain que cela allait lui coûter cher.




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MessageSujet: Re: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyJeu 17 Sep 2015 - 19:43


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Du cran, ou de la stupidité, Cenhelm avait du mal à choisir. Le regard meurtrier que l'intrus lui lançait et les paroles qu'il lui crachait alors qu'il avait une lame sur la gorge étaient en tout cas démonstratifs d'une chose : qui qu'il soit, il avait vécu bien pire dans sa vie pour ne pas trembler comme une feuille en s'étant fait prendre la main dans le sac. Un voleur expérimenté, certainement. Tellement expérimenté qu'il parvint en un geste rapide et précis, à repousser le bras armé du seigneur et à se dégager de son étreinte en un mouvement fluide. Agile, donc. En même temps, il avait escaladé le mur pour entrer dans la fenêtre, alors il fallait s'y attendre. Il ne semblait pas s'inquiéter plus que ça du fait que la peau de son cou avait été entaillée légèrement par la lame de la dague dans sa fuite ; téméraire était à ajouter à la liste.
Cenhelm se remit rapidement en garde, sa dague toujours en main, ne quittant pas des yeux le voleur. L'homme fit prestement le tour du lit et se posta en face de lui, sortant une lame de ses vêtements. Le clair de lune illumina brièvement son visage, et Cenhelm remarqua les traces noires qui couraient sous ses yeux, comme si l'homme avait pleuré de sinistre larmes. Il était un peu plus grand que Cenhelm mais plus longiligne, moins trapu. Il joua avec son arme en en pressant la pointe sur son index jusqu'à faire perler le sang qu'il suça dans un geste nonchalant, un rictus sur les lèvres. L'ensemble donnait l'image d'un homme sans scrupules et peu recommandable, c'était le moins que l'on puisse dire. L'odeur de sel, ces marques sous les yeux... il semblait évident que cet individu ne soit pas simplement un voleur mais un pirate de quelque sorte.
« Bon. J'n'avais pas du tout prévu de tomber sur quelqu'un. J'ai aucune envie d'faire de casse ou de te blesser. Donne-moi ta bourse ou quoique ce soit d'valeur, et j'me tire d'ici. » Présomptueux ; voilà qui arracha un sourire en coin amusé au seigneur, qui releva légèrement sa dague, loin de se laisser impressionner par la posture menaçante de son adversaire. Un voleur ne demande pas, d'habitude, il prend. Celui-ci avait du cran en tout cas, et beaucoup d'imagination s'il s'attendait à être « payé » pour sa performance. « Tu as choisi de passer par la mauvaise fenêtre, » fit-il remarquer de sa voix dure et calme. Ils restèrent face à face, arme au poing. Il suffirait que l'un d'eux n'amorce un mouvement agressif quelconque pour que tout s'enchaîne. Cenhelm recula doucement d'un pas, se rapprochant du mur contre lequel son épée était toujours posée. Pas sûr qu'il en ait besoin, cependant, au corps à corps et dans un espace aussi fermé, la dague était une arme bien plus redoutable. « Tu es l'un de ces pirates qui pillent sans relâche les villages côtiers. » Ce n'était pas une question, plutôt une affirmation se rapprochant presque d'une accusation. « Rends toi maintenant et tu auras la vie sauve, » lui déclara-t-il fermement, ce qui sans nul doute sonnerait ridicule aux oreilles de son adversaire, mais il se devait de proposer cette alternative à cet homme avant toute autre chose.
Ils s'observèrent encore pendant quelques secondes, la tension dans la pièce à couper au couteau, puis les deux hommes se mirent en route d'un même mouvement. Alors que Cenhelm contournait le lit, dague au point, à une vitesse que ses cheveux grisonnants n'auraient pas laisser soupçonner, l'intrus sauta se précipita vers la fenêtre. Il sauta tout simplement, dans un bond d'une agilité déconcertante.
Cenhelm fut assez contrarié par cette tournure des événements, mais il ne perdit pas de temps et sortit de la chambre en courant, tambourinant au passage sur les portes des chambres qui étaient sur son chemin. « Un pirate ! Alerte ! » s'égosilla-t-il avant de descendre quatre à quatre les escaliers et de sortir par la porte de derrière. Cette maison était certes luxueuse mais pas d'une taille démesurée, et Cenhelm fut bien vite arrivé du côté de la fenêtre de sa chambre. Ce satané pirate n'allait pas s'en tirer comme ça...


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MessageSujet: Re: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyVen 18 Sep 2015 - 19:40

Homme d'honneur,
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Cenhelm & Spic
“L'argent n'a pas d'honneur.”  | ♪♫ musique d'introduction ♪♫

Tels deux chiens enragés prêts à se sauter à la gorge, les deux antagonistes se jaugeaient d'un regard embrasé. Bien évidemment, à la demande de Spic, l'homme d'âge mûr dont il ignorait tout ne céda pas, lui rétorquant même à la place une autre proposition à laquelle le pirate ne réagit pas différemment. Il se gaussa même de lui, jouant du poignet pour tournoyer son surin qu'il avait tant envie d'enfoncer dans la gorge de ce foutu noble pédant.

« Ben tiens... C'mal me connaître, mon vieux. » fit-il, lui lâchant un sourire de chacal.

Ils restèrent ainsi, aucun des deux ne semblant vouloir se rendre ni même engager la lutte. Le temps paraissait s'être arrêté ; nul son, nul murmure, pas même une bise soufflant dans la pièce ne venait soulager l'atmosphère lourde. Les hommes étaient inertes, comme des statuts, et ce fut bien là l'erreur que le nobliau commit ; s'il n'était pas resté aussi immobile, son mouvement soudain serait passé plus inaperçu et il aurait gagné en surprise. Spic était vivace, de corps comme d'esprit, et n'eut aucun mal à réagir à la seconde près. Alors que son assaillant, armé d'un poignard, se ruait vers lui en contournant le lit, Espirek fit un saut de côté, évita la fine lame qui siffla dans l'air près de sa maigre poitrine et, riant comme un possédé, il courut vers la fenêtre encore ouverte. D'un saut de cerf, il crapahuta par-dessus le seuil et tomba un étage plus bas. Beaucoup de personnes se tordraient les chevilles, mais Spic avait l'habitude d'agir en singe et savait se réceptionner de façon à éviter le pire. Il atterrit en position accroupie, regarda de tous côtés le meilleur chemin pour s'enfuir. Dans son dos, il pouvait entendre l'olibrius bien sapé hurler au voleur, au pirate, et cela le fit sourire dans le noir. Quel idiot... Avant même que la plupart ouvre les yeux et se mette en route à sa poursuite, il aurait déjà déserté ce village.

Il serait seul. Seul à le courser, seul à tenter vraiment de l'attraper. Spic ne savait pas qui était cet homme mais il lui trouvait une singulière volonté à vouloir le mettre aux fers. Etait-il tombé sur un représentant de l'ordre ? Un homme se prenant pour un justicier, muni d'une belle épée ? Il aurait voulu le savoir, à cet instant, car cela changerait pas mal son regard sur lui et les mesures de précaution à prendre. En tout cas, il était pire qu'un chien de chasse flairant sa proie, déterminé à lui mettre le grappin dessus. Ceci était, toutefois, hors de question. S'il ne rentrait pas sur le Crépusculaire ce soir, Aaren aurait vent de son escapade en solitaire, et cela ne serait pas bon pour sa pomme... Pas bon du tout. Alors qu'il se redressait, s'époussetant la chemise, il vit surgir sur sa gauche le gars qu'il avait dérangé pendant son sommeil. Le pirate sursauta, réellement surpris de le voir déjà près de lui. Ramenant son bras en arrière, celui dont la main tenait toujours son couteau, il lança sa lame sur l'autre homme avant de pivoter des talons et de se mettre à courir, sans même regarder en arrière pour voir s'il avait atteint sa cible. Qu'importe ! Dans le meilleur des cas, il serait blessé, au pire, il aurait été légèrement retardé par cette tentative et il avait gagné quelques secondes, ce qui, dans de telles situations, pouvait lui sauver la peau.

Alors qu'il se précipitait vers la plage, là où sa barque devait toujours être, l'attendant sagement, il entendit claquer des bottines derrière lui. Il était donc bel et bien pourchassé. Pouah ! Il s'était fait prendre comme un bleu, et cela le foutait en rogne ! Sans cesser de cavaler, il se mit à pester, à jurer, à hurler de rage ; il regarda alors derrière lui et vit avec effarement que l'autre homme était proche de lui, trop proche, pas loin de le rattraper. Comment pouvait-il se faire rattraper par un vieux type !? Choqué, énervé, le souffle court, Spic accéléra l'allure, ignorant ses poumons en feu, sa gorge brûlante et le point de côté qui aurait pourfendrait bientôt son torse. Il continua de galoper dans l'eau, éclaboussant des gerbes d'écume autour de lui, autant que cela fut possible alors qu'il l'avait jusqu'aux cuisses, et bondit dans sa barque de fortune. A cet instant, il fit face à son traqueur et le vit à quelques pas de lui. Il eut à peine le temps d'agripper désespérément les rames que le vieux prit son élan et l'empoigna, les faisant tous deux chuter dans l'eau salée. La tête immergée, Spic, ayant à peine eut le temps de reprendre son souffle, sentit sa respiration se couper brutalement, avant qu'il ait pu se rengorger les poumons d'oxygène. Sous ses paupières, le sel le piquait méchamment, et l'eau pénétra jusque dans sa bouche puis sa gorge, lui faisant boire la tasse. Allait-il le noyer ? Oserait-il le tuer, ce noble décrépi, ou avait-il de l'honneur ? C'était si stupide... Sa cupidité allait lui faire rencontrer la Grande Faucheuse, de la façon la plus ridicule pour un pillard des océans.




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MessageSujet: Re: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyMar 13 Oct 2015 - 13:35


Homme d'honneur, homme sans loi
Les pirates... véritable plaie qui infestait les côtes du Gondor un peu plus chaque année. Ils pillaient, violaient, tuaient, n'avait d'autre honneur que celui de tirer le plus grand profit de leurs méfaits. En tant qu'homme du Rohan, Cenhelm n'avait que peu à faire à eux mais cela ne voulait pas dire qu'il allait fermer les yeux devant une telle audace. La loi, la justice étaient des valeurs inscrites au plus profond de lui et il ne laisserait personne les bafouer s'il avait son mot à dire.
En l’occurrence, les mots ne servaient pas à grand chose. Les actions, elles, étaient primordiales. A peine arrivé sous la fenêtre d'où le pirate avait sauté, Cenhelm eut à éviter un jet de couteau diablement précis et lancé avec force ; la lame lui frôla le bras, déchirant la toile de sa tunique, et rebondit sur le mur derrière lui avant de tomber au sol et de se perdre dans l'obscurité de la pelouse. Cette attaque stoppa net l'élan du seigneur qui mit quelques secondes à se remettre en action, ses yeux suivant la course du pirate qui en avait intelligemment profité pour se carapater. La mâchoire serrée, Cenhelm démarra sans plus tarder, sans plus réfléchir ; aller chercher un cheval lui aurait assuré de rattraper l'homme en un rien de temps, mais perdre sa cible des yeux l'espace de quelques secondes dans cette obscurité représentait un risque bien trop grand de le perdre. Ses jambes encore puissantes pour son âge le portèrent sans qu'il sente ses muscles travailler, courant comme un jeune homme, poussé par l'adrénaline et son objectif bien précis.

Les pirates étaient des adversaires roublards et capables de s'adapter à toutes les situations, mais ils manquaient de concentration et de discipline. Cenhelm ne perdit pas le pirate des yeux, gagnant quelques mètres sur lui à chaque pas, avantagé par le fait qu'il n'avait pas à réfléchir au chemin qu'il emprunterait. Le pirate se dirigeait vers la plage, sans trop de surprise. Qu'arriverait-il si ses équipiers l'attendaient non loin de là, renforts certainement trop nombreux pour que Cenhelm s'en sorte vivant ? Voilà bien une question qu'il ne se posa pas, forçant sur ses pieds alors qu'ils couraient maintenant dans le sable. Le pirate entra dans l'eau et Cenhelm donna de toute sa force pour perdre le moins de vitesse possible alors que l'autre se précipitait dans ce qui semblait être une barque. Courir dans l'eau était une épreuve plus délicate que de courir sur le sable, mais l'adrénaline et la détermination étaient des moteurs surpuissants lorsqu'utilisés de façon optimale, et Cenhelm fondit sur la petite embarcation comme s'il était certain de la briser en deux. Alors il fit la chose la plus animale qui soit : il sauta sur le pirate de toutes ses forces, faisant valdinguer la barque sur leur poids, et ils se retrouvèrent tous les deux plongés dans l'eau salée.
La force de son assaut donna à Cenhelm l'avantage d'être plus près de la surface et il put se mettre plus rapidement sur ses pieds pour retrouver son équilibre. Quelque peu aveuglé par l'eau salée, ses poings ne relâchèrent cependant pas le vêtement du pirate qu'il maintint sous l'eau par pur instinct de survie. Après une telle cavale et cette débauche d'énergie, Cenhelm sentait que ses muscles commenceraient bientôt à fatiguer s'il relâchait un tant soi peu la pression ; il était important qu'il reste en mouvement.

Il serra les dents, tout son corps animé par l'adrénaline de la chasse et la satisfaction très animale d'avoir pris le dessus sur sa proie, de la tenir entre ses griffes. Il cligna des yeux plusieurs fois pour se débarrasser autant que possible de l'eau salée, ignorant les picotements qu'il pouvait ressentir lorsqu'il ouvrait les paupières. Ses poings serrés maintenaient le pirate sous l'eau, il le secoua sans ménagement pour contrer ses mouvements. Il essayait de se débattre, mais Cenhelm forçait de plus en plus, réagissant par pur instinct. Jamais encore il n'avait tué quelqu'un en le noyant. S'il accentuait la pression pendant encore une poignée de secondes, ce sale pirate cesserait de se débattre, manquant d'oxygène pour alimenter ses gestes. Il deviendrait certainement aussi immobile qu'un cadavre avant de le devenir pour de bon. Cenhelm serra un peu plus les dents, grognant presque comme un prédateur, plaquant un peu plus l'homme au fond de l'eau. S'il le tuait, cela enverrait certainement un message à tous ses vauriens de comparses qui se croyaient tout permis. Ils seraient prévenus qu'on ne pille pas en toute impunité. Mais le tuer n'était pas juste.

Cenhelm ouvrit les yeux un peu plus clairement, la lucidité chassant de son esprit ces mauvaises intentions, et il tira le pirate vers lui, sortant sa tête de l'eau. Il ne perdit pas de temps et le traîna sans ménagement sur la plage, l'allongeant sur le sol et l'observant reprendre son souffle avec sévérité. Il posa une main sur son torse et entreprit de chercher de potentielles armes sur sa personne. Il fallait qu'il le ligote, mais il n'avait rien emporté qui puisse servir de lien. Il réfléchit une seconde et s'apprêta à sacrifier sa ceinture lorsque le pirate lui attrapa le poignet et lui planta ses ongles sales dans la peau. Cenhelm fut surpris par la vitesse avec laquelle l'homme s'était remis de sa presque-noyade ; après tout, il était un pirate, ce n'était certainement pas la première fois que cela lui arrivait. Dans un geste furtif, le seigneur tenta de s'emparer de sa dague qu'il avait à la ceinture, mais l'homme lui asséna un coup dans le nez qui suffit à le déstabiliser – trois fois cassé, son nez restait assez sensible au moindre choc. Le pirate profita de cette ouverture pour le pousser en arrière et se relever péniblement dans le sable. Une fois la douleur passée, Cenhelm se releva à son tour, maudissant ce pirate pour ce qui lui semblait être la centième fois depuis qu'il l'avait réveillé. Il empoigna sa dague dans une main rageuse et bondit à la poursuite du mécréant. « Tu ne t'échapperas pas ! » lui promit-il, plus motivé que jamais.


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MessageSujet: Re: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyJeu 22 Oct 2015 - 22:46

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“L'argent n'a pas d'honneur.”  | ♪♫ musique d'introduction ♪♫

La lutte que les deux hommes engagèrent, à moitié dans l'eau - quoique Spic, lui, était totalement englouti sous la surface malgré la grande énergie qu'il mettait à essayer de s'extirper de cette noyade - avait entamé énormément de leurs forces mutuelles. Espirek ne sut dire si ce fut par lucidité soudaine et élan de moralité digne d'un bon citoyen ou un simple manque de souffle de sa part, mais, en tout cas, son assaillant lâcha quelque peu sa prise sur lui, ce qui lui permit avec soulagement d'inspirer une longue goulée d'air bénéfique à sa survie qui, il faut le dire, fut de justesse. Il tremblotait encore à cause de la panique qu'il avait eu à se voir mourir ainsi, stupidement noyé, toutefois, Espirek était né pirate et gardait cette réserve de férocité en toutes circonstances. Le temps que le vieux guerrier le tire hors de l'eau tel un vulgaire sac de grains, il avait repris assez d'oxygène et de motivation pour sursauter comme un poisson hors de son habitant naturel, gigotant frénétiquement pour se dégager de la poigne sévère qui le maintenait, jusqu'ici, à la merci de cet inconnu coriace.

Spic avait peu de valeurs, et dans ce peu de valeurs, on ne pouvait pas compter sur la loyauté envers les règles du combat. C'était un pirate des plus lâches, se permettant n'importe quel coup lors d'une lutte tant qu'il pouvait en sortir vivant et entier, et surtout libre. Ainsi, dans cet esprit minable, il enfonça ses ongles dans la chair fine des mains de son adversaire, ce qui le fit lâcher davantage sa prise, et Espirek en profita pour se trémousser suffisamment pour être totalement libéré de son entrave. Là, il lui asséna un coup de boule odieux dans son nez, faisant aussitôt crier l'agressé et faire gicler une gerbe carmine de ses narines endommagées. Sans se soucier de son image, Spic ricana, reculant encore loin de lui avant de s'élancer à nouveau sur ses jambes toujours un peu flageolantes. Derrière lui, malgré sa douleur et son sang aspergeant le bas de son visage dont sa bouche qui devait en être recouverte voire emplie, l'homme lui fit comme une promesse. Le pirate ignora cette espèce de supplique et continua de courir, fuyant la plage et sa barque, décidant, cette fois, de rester sur la terre ferme et d'y trouver une cachette sûre. Mais où ? Il connaissait mal ce coin du rivage et il devrait un peu trop compter sur la chance, ce qu'il n'aimait pas beaucoup dans ce genre de situation.

Il courut, courut à perdre haleine, toujours son cher acolyte sur ses talons, plus tenace qu'une tique. A croire qu'il était tombé amoureux ! Ne pouvait-il donc pas le lâcher ? C'était agaçant, à la fin ! Qu'avait-il à le poursuivre ainsi comme si sa vie en dépendant ? Comme si sa capture pouvait lui valoir un quelconque mérite ? Espirek était loin d'être un pirate célèbre avec une énorme prime sur le dos, donc pourquoi s'acharner autant sur lui ? N'y comprenant juste rien, hésitant presque à cesser sa course pour le lui demander directement, il continua pourtant de détaler tel un lièvre, son regard dépouillant le paysage à la recherche d'un petit recoin plus obscur que le reste où il pourrait enrouler sa souple silhouette et se terrer, en bon petit rat qu'il était. Il finit, à l'orée d'une futaie aux allures de verger, par apercevoir des ruches aux abeilles endormies. Un léger bourdonnement s'échappait des petits royaumes de miel. D'un bond agile, Spic se glissa entre deux des ruches et se tapit dans leur ombre, à moitié englouti par les fines branches touffues d'une haie mal entretenue. Espérons que ce foutu nobliau soit découragé, maintenant, car il commençait sérieusement à être fatigué et atteignait doucement ses limites...




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MessageSujet: Re: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyJeu 17 Déc 2015 - 23:52


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La poursuite reprenait de plus belle, et cette fois il n'y avait pas que la notion de justice qui motivait la course de Cenhelm. Il l'avait attrapé, l'avait battu, l'avait à sa merci. Et pourtant il s'était une nouvelle fois fait duper par ce lâche pirate, qui aurait dû se montrer reconnaissant qu'il ne le laisse pas mourir sous l'eau. Était-ce réellement surprenant ? Pas le moins du monde, et Cenhelm aurait certainement agi de la sorte si les rôles avaient été inversés. Ce qui n'avait pas la moindre chance d'arriver, d'ailleurs. Les pirates étaient des hommes suivant un code d'honneur à des lieues du sien et de toute notion de civilisation. Ils étaient tout juste bons à voler les honnêtes gens la nuit pendant leur sommeil, et leur trancher la gorge si l'envie leur prenait. Cenhelm ne pouvait pas le laisser s'enfuir, surtout pas maintenant qu'il sentait son sang couler au fond de sa gorge. Il ne lui laisserait pas de répit, pas avant de le voir enfermé dans une cage pour répondre de ses actes.
Le pirate avait pris de l'avance sur lui et courait malgré ses jambes affaiblies par l'épreuve qu'il venait de vivre, porté par l'instinct de survie. Cenhelm accéléra, usant sa colère et son ego blessé comme une source d'énergie supplémentaire, et ayant l'avantage de ne pas avoir à réfléchir à la route à suivre. Il n'avait qu'à ne pas lâcher des yeux sa cible, tel un chasseur coursant sa proie. Il ne savait pas où ils étaient, ne connaissant pas aussi bien ces lieux que son Rohan natal, et il espérait que le pirate ne le menait pas dans un traquenard.
Soudain, l'homme disparut dans un petit bois, et Cenhelm ralentit sa course avant de s'arrêter. Il observa tout autour de lui, aux aguets, prêt à se défendre en cas de besoin. Un léger bourdonnement provenait de ruches endormies sur sa gauche, et Cenhelm fronça les sourcils. Il y avait de grandes chances pour que le pirate se soit caché là. Des ruches endormies pouvaient tout à fait être réveillées, et les abeilles énervées n'étaient pas le meilleur des alliés... Cenhelm fit un tour dans les arbres de la futaie les plus proches de lui, observant les coins d'ombre sans succès. Qu'aurait-il fait, à la place de ce pirate, épuisé et pourchassé, atterrissant dans ce petit bois ? Ses yeux se posèrent sur la demi-douzaine de ruches bourdonnantes, calculateurs. Bien. Qu'il se cache, soit. Cenhelm resta à bonne distance des ruches et ramassa quelques gros cailloux qu'il se mit à lancer avec force sur les petites maisons de bois. Ce n'était peut-être pas la meilleure des idées, mais les abeilles commencèrent à se réveiller et à sortir petit à petit de leur tanière, en colère. Le bourdonnement quelque peu comateux se transforma rapidement en un bourdonnement plus menaçant et plus nerveux au fur et à mesure que les ruches s'animaient. Cenhelm recula doucement d'un pas, ne négligeant pas la menace que représentait un essaim d'abeilles en colère. Il attendit quelques minutes, déliant sa ceinture et la tenant dans la main, prête à l'emploi s'il réussissait à attraper ce satané pirate. Le bourdonnement se faisait de plus en plus insistant, et Cenhelm épiait chaque mouvement, attendant le moment inévitable où il prendrait ses jambes à son cou. Le sang coulait encore sur son menton et il frotta avec la manche, ignorant la douleur lancinante qu'il ressentait dans les sinus. Bon sang, ce pirate ne l'avait pas raté.
Dans l'obscurité, il ne pouvait pas voir les abeilles qui commençaient à tourner autour des ruches, mais elles étaient bien là, en colère d'avoir été dérangées dans leur sommeil. Bientôt, et c'était prévisible, il y eut du mouvement entre deux ruches, suivi par un petit cri de surprise. Le pirate surgit soudainement et ne se fit pas prier pour s'enfuir ; il savait que s'il évitait aux abeilles, il serait repéré, et malheureusement pour lui il se rua dans la mauvaise direction. Cenhelm l'attrapa au vol et le fit trébucher d'un croche-patte bien indiqué. Il s'étala sur le sol, et cette fois Cenhelm ne perdit pas de temps, lui plantant son genou dans le dos pour le maintenir, et attrapant sans ménagement ses mains qu'il entreprit de ligoter à l'aide de sa ceinture. Le pirate pestait et pestait encore plus, mais Cenhelm ne lui prêta pas attention, et le fit se relever de mauvaise grâce. Quelques-unes des abeilles l'avaient suivi et se ramenaient. Cenhelm le saisit par le bras et se remit à courir pour son plus grand déplaisir, jusqu'à ce que les abeilles lâchent l'affaire. Ils ne s'en sortirent pas indemne, cependant. Le pirate s'était déjà fait piquer près des ruches, et avait écopé de quelques piqûres de plus dans cette épopée rocambolesque. Cenhelm n'y avait pas non plus échappé, le fin tissu de son haut ne représentant qu'un maigre bouclier contre la fureur d'une bande d'abeilles revanchardes.
Peu importait. Il tenait le pirate désormais, et ils s'en retournaient à la maison de Leisnir. Cenhelm sentait maintenant le contrecoup de toute cette cavale, mais le pirate semblait être dans un état de fatigue pire encore. « Je t'emmène chez l'homme que tu as voulu cambrioler, » dit-il simplement. « Tu devras répondre de tes actes, pirate. » Déjà au loin ils entendaient les voix d'hommes et pouvaient apercevoir les lueurs mouvantes des torches agitées dans la nuit. Les hommes cherchaient le voleur, et ils ne tarderaient pas à les rencontrer.

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MessageSujet: Re: Homme d'honneur, homme sans loi   Homme d'honneur, homme sans loi EmptyMer 20 Avr 2016 - 20:39

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Quelle idée stupide avait-il eu ! Ces foutues abeilles représentaient le pire piège dans lequel il aurait pu se fourrer à des lieux à la ronde. Le voilà entouré par ces insectes au dard titillé et dont les nerfs s'échauffaient doucement alors que cet homme venait à les déranger dans leur paisible quiétude. Espirek, bêtement, se dit qu'il pourrait se mettre en boule et se faire si discret qu'elles l'oublieraient, mais que nenni. Ces saloperies bourdonnantes le trouvèrent rapidement, en premier bien entendu, vu l'endroit où il était resté tapi, et, rapidement, il ne put plus tenir. La première piqûre le fit sursauter en poussant un cri misérable, tandis qu'une seconde piqûre dans son cou le fit bondir. Dans la direction qu'il ne fallait, justement, pas choisir.

Un seul saut lui fut fatal. L'étranger l'ayant poursuivi et piégé comme un rat le coinça aussitôt, avec habileté, celle qui prouvait une grande expérience en la matière. Son corps devenu tout flasque par la fatigue et le venin faisant doucement effet, Spic se sentit attrapé, flanqué dans la poussière humide, le visage s'étouffant à même l'herbe rare, et ses bras furent tirés violemment en arrière et ses poignets enfin ligotés. Il ne put que se débattre faiblement, la tête engourdi et le corps souffreteux tandis que d'autres abeilles lui enfonçaient leurs dards avec fureur. Par les petits gémissements et par ses gestes fort hâtifs, Espirek sut sans mal que l'homme lui-même se faisait attaquer, et cela eut l'effet de le faire ricaner. Pas bien longtemps cependant car, de toute manière, ils y avaient droit tous les deux et, entre les deux, il était bien le plus mal barré. Se rendant compte, tandis qu'il se faisait relevé avec force poigne, qu'il était foutu, il aurait bien gémi davantage. Mais sa fierté, enfin, le peu qu'il en avait pour sa personne, l'empêcha de geindre, et il accepta pour sa simple peau de courir en compagnie de ce noble, maudit soit-il. Malgré qu'il aurait pu le laisser pourrir au milieu de l'essaim, maudit soit-il.

Le bougre l'emmena à la maison qu'il avait tenté de cambrioler un peu plus tôt dans la soirée. Des hommes, l'air farouche à la lueur vacillante de leurs nombreuses torches, les attendaient. L'homme qui le tenait toujours puissamment, les bras tordus douloureusement dans le dos, leur présenta sa prise, ce qui fit s'exclamer, victorieux, la bande de clampins. Espirek, l'esprit provocateur, cracha dans le visage de l'un d'eux qui n'eut d'autre réflexe que lui décocher une droite. Pour ne pas changer, le pirate regretta quelque peu sa conduite, qui, dans une telle posture, ne lui apportait que des emmerdes, au final. Ne pouvait-il donc pas se retenir lorsqu'il s'agissait d'attiser encore plus le feu de la colère chez ses ennemis tandis qu'il était à même de se faire tuer sans sommation ni procès ? Il lâcha un soupir, ajouta alors une parole cinglante à celui qui l'avait eu, alors qu'il passait de mains en mains pour affronter sa sentence :

- J'te retrouverai, toi et les tiens. Même mort, j'te retrouverai. Je n'irais pas en enfer tout seul, maraud en dorures.

L'un des autres hommes lui asséna un violent coup à l'arrière du crâne, achevant par cet ultime geste sa tendance à la menace. Espirek finit par se taire, abdiquant totalement, et se laissa presque docilement amené plus loin. Pour ainsi dire, il avait peur. Peur qu'on ne le mette à mort. Ainsi devait se terminer l'épopée d'Espirek, le Pirate, sans avoir atteint les prémices de son unique rêve ? Impossible...




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