Une déesse rendant visite à un pauvre homme [Avec Galadriel]

Recevoir une invitation de mon grand ami Saroumane est toujours un plaisir. Voilà donc pourquoi, après avoir préparé mes bagages et laissé les rênes de ma Lorien entre les mains fermes et efficaces de mon époux, j’ai pris la route. Évidemment, je ne voyage pas seule : en ces temps troublés, rares sont ceux qui osent voyager sans escorte, et ce n’est définitivement pas mon cas. D’une part, mon cher mari ne me laisserait jamais faire, de l’autre, ce serait simplement suicidaire. Alors, nous voilà partis, mon escorte et moi, pour quelques jours en Isengard.

Je vous épargnerais les détails du voyage. Un voyage c’est ennuyeux. Des heures et des heures de cheval, quelques pauses pour éviter que les animaux ne s’épuisent et nous permettre de manger, et puis le soir, ce moment autour du campement. Ce moment où mes hommes oublient que je suis leur Dame et où ils sont simplement eux-mêmes. Alors, là j’aime à me retrouver parmi eux, silencieuse sous mon capuchon relevé sur mes longs cheveux blonds, une choppe d’hydromel entre mes longs doigts fins, à simplement rire de leurs blagues et secouer la tête devant leurs mésaventures. Oui, ces moments-là, je les apprécie particulièrement. Ces moments où je n’ai plus aucune autre responsabilité sur les épaules que celle de me retenir de leur raconter mes propres mésaventures passées. Oui, voilà comment se passent mes voyages, lorsque je suis seule avec mes hommes. Lorsque Celeborn est là, les choses sont bien plus… Protocolaires. Et, c’est dommage.

Mais, finalement, voilà que l’Isengard se dresse devant nous, en plein milieu de la forêt, et nous nous arrêtons tous pour observer la tour noire de Saroumane. Quelque part, je peux le dire : cet endroit me donne la chair de poule. Je n’ai jamais su pourquoi, pas réellement. Peut-être est-ce parce que cette tour répond à celle qui se trouvait autrefois au Mordor, et qui est en ruines aujourd’hui, du moins je le pense. Tant de misère ont eu lieu à cette époque, tant de choses ont été brisées… Alors, oui, j’ai parfois peur de cet endroit. Cependant, tant que Saroumane y vivra, cet endroit sera voué à la paix. Cet endroit pourra être un des sanctuaires des Terres du milieu.

Nous reprenons donc notre chemin, et nous nous dirigeons jusqu’à l’entrée de la tour. Là, je descends de cheval la première pour entrer dans l’immense hall vide. Mes hommes, dans mon dos, préparent les cadeaux pour Saroumane : de l’hydromel, des gâteaux que j’ai préparés moi-même, et qui sont bien meilleurs après quelques jours de repos, mais aussi la fourrure soyeuse d’un ours qui a hanté les bois de Lorien durant deux hivers entiers avant d’être attrapés. Je ne me déplace jamais les mains vides lorsque je viens rendre visite à un ami.

- Saroumane ?

Le timbre clair de ma voix se répercute contre les parois de la tour et grimpe dans les hauteurs. Je me doute que Saroumane a du nous voir arriver de loin, mes hommes et moi, cependant j’éprouve le besoin de l’appeler, pour signaler ma présence. Ne suis-je pas entrée dans le hall sans attendre sa permission ? Certes, il est celui qui m’a invité, et je ne peux qu’être la bienvenue, mais il est des usages et des coutumes qui font qu’on n’entre pas chez les gens sans les prévenir. Cependant, bon courage si Saroumane est au dernier, et que vous frappez au rez de chaussée…