Sujet: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 12:14
Dalor ne se sentait jamais aussi bien que dans les montagnes bleues. C'était peut-être idiot parce qu'il avait réellement touché le fond en ces lieux, mais c'était sa maison, il avait toujours vécu ici et il connaissait la plus part des galeries comme sa poche. À l'extérieur, il était sans cesse sur le qui vive et devait se méfier de tout ce qui bougeait ou ne bougeait pas. Il en devenait paranoïaque surtout quand les marchands qu'il escortait transportaient des objets de grande valeur... (donc en réalité presque à chaque voyage). Quand il rentrait enfin et pouvait dormir dans sa petite maison, il se sentait enfin apaisé. Il pouvait cesser de se sentir responsable de la vie des autres et de leurs biens. Il n'avait plus à se dire que si un objet manquait ou qu'une vie était prise, il en serait entièrement responsable et même si cela faisait à présent une bonne vingtaine d'années qu'il faisait ce travail, il trouvait les allés retours toujours aussi éprouvants pour ses nerfs.
Comme à chaque fois qu'il rentrait, il était allé faire son petit rapport à Baìn. Il était important pour lui qu'il sache s'ils avaient été attaqués ou s'ils avaient croisé quelqu'un d'important pour les affaires. Cette fois-ci cependant, Dalor n'avait pas eut grand chose à raconter à son patron comme le voyage s'était fait dans le calme et la facilité. Ils n'avaient pas été bien loin, c'était sans doute pour cette raison qu'ils n'avaient croisé que peu de personnes et pas un seul brigand ou une seule créature puante à l'horizon, que ce soit pour aller jusqu'à Ered Luin ou bien pour en revenir. Son petit passage par chez Baìn n'avait donc pas duré bien longtemps et il avait décidé de faire un petit tours dans la montagne pour croiser du monde.
Il ne voulait pas vraiment discuter avec ceux qu'il croiserait, juste les croiser, voir des nains, des nains et encore des nains. C'était d'un réconfortant de ne croiser que des gens de sa taille, même si les hommes ne lui faisaient absolument pas peur. Dalor n'était pas très sociable, il fallait se l'avouer, mais parfois, un petit bain de foule l'empêchait de retomber dans la dépression. Lui qui vivait seul quand il ne partait pas en voyage... Et qui d'ailleurs, restait généralement dans son coin à surveiller tout ce qu'il pouvait voir ou entendre pendant ses voyages... Il ne fallait pas qu'il se laisse aller à déprimer de nouveau en broyant du noir. Sinon, avec son infirmière, il ne donnerait pas cher de sa peau.
Tout à sa petite promenade dès plus discrète parmi les autres nains et naines qui faisaient leur petit train train quotidien, Dalor se mis à songer au meilleur moment où il pourrait aller à la rencontre de Raeryan pour lui rapporter les plantes médicinales qu'il avait pût cueillir sur le retours. Il ne prenait pas vraiment attention à ce qui l'entourait, se perdant dans ses pensées tandis qu'il se demandait s'il aurait le temps de vendre quelques perles avant de devoir repartir en escorte. Le nain s'arrêta devant un stand et paya un bon morceau de fromage avant de continuer son chemin tout en grignotant pensivement sans vraiment chercher une destination précise. Cette fois-ci, il n'y avait pas eut de grands changements durant son absence, il n'avait donc pas grande réflexion à se faire...
Dernière édition par Dalor le Mar 1 Déc 2015 - 7:23, édité 1 fois
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 12:35
Découverte compromettante
La vie dans la garde était une joie incroyable. Pouvoir se battre pour les siens était un réconfort que Ilhy goûtait chaque jour. Elle s'était fait des amis ici, en tant que naine capable de se battre. Tous l'acceptaient, même si ils avaient mis du temps avant de s'habituer au fait qu'une femelle pouvait être leur égale. Ilhy avait trouvé du soutien chez Raeryan, sa mère de substitution, sa meilleure amie, sa confidente, mais aussi en Dwalin, son protecteur, et en ses autres amis. Quand elle avait un vague à l'âme, Kili était là pour boire avec elle. Tout ce qui comptait, tout ce à quoi elle avait rêvé se trouvait là, et sa vie était plus précieuse qu'elle ne l'avait jamais été. Un sourire aux lèvres, elle quitta le poste de garde pour aller prendre une collation. L'entraînement venait de se finir et, vêtue d'une cotte de maille, d'une large chemise et d'un capuchon de fourrure, elle ressemblait plus que jamais à un nain.
Les joues rouges, fière de la barbe qui commençait à pousser sur ses joues et son menton, elle s'approcha d'une place peuplée et apprécia quelques instants le bruit et les échos des conversations. Elle observa avec satisfaction les nains autour d'elle, qu'elle connaissait relativement bien, de nom ou personnellement. Elle s'approcha d'un stand, acheta en bon argent une chope de bière et s'avança de nouveau dans la foule. Alors qu'elle buvait tranquillement, une silhouette distraite passa près d'elle et, leurs épaules se rencontrant brutalement, lui fit renverser sa boisson. Grande gueule et insolente, fière de sa promotion, Ilhy ne pu retenir un grognement.
« Fais un peu attention ! »
Elle fusilla du regard le nain, de sous sa capuche. Autour d'eux, personne ne s'était réellement arrêté. Les bagarres étaient monnaie courante, et la plupart du temps sans gravité. Ilhy toisa le nain et eut un reniflement méprisant.
« Grâce à ton peu d'attention, ma bière est par terre. Merci » ironisa t-elle d'un air mauvais, un sourire découvrant ses dents comme un animal aux abois.
Ilhy détestait qu'on gâche de la bonne bière. Elle était certaine que tout nain dans la même situation aurait déjà frappé. Mais son regard, à présent habitué à jauger un ennemi, lui disait que le nain face à elle n'était pas du genre à se retrouver facilement étalé par terre. Elle avait bien sa pique dans son dos, et ses armes à sa ceinture, mais il aurait été mal avisé de sortir une arme. Ce n'était pas aussi grave que ça.
« Je t'autorise à m'offrir une nouvelle bière, et ça sera oublié. »
Comme si elle lui faisait une fleur, et qu'il avait intérêt à sauter sur l'occasion. Ilhy n'était pas sans avoir une fierté de nain, et cela risquait de tourner court : elle était prête à se battre, non pas à cause de la bière, dans le fond, mais parce que chaque seconde qui passait, elle devait réaffirmer sa place. Pourtant ... Il était évident que le nain ne la connaissait pas. Et qu'il ne savait pas qu'elle était une naine. Intéressant, vraiment intéressant ...
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 13:18
Ah les joies de la foule, pour le moment, Dalor y goutait avec plaisir et satisfaction, il aimait à passer totalement inaperçu entre les nombreux nains qui faisaient leurs emplettes d'un pas plus ou moins pressé. Il aimait entendre les différents marchand gueuler à tous les stands pour attirer le client et ensuite le baratiner pour qu'il achète le plus possible, ou bien alors batailler dur avec un fin négociateur un peu trop grippe sous qui tenait absolument à marchander les prix... Parfois, il restait sciemment à portée de voix juste pour rire tout seul dans son coin en les entendant se disputer.
Mais aujourd'hui, il savait que son envie de voir du monde ne durerait pas assez longtemps pour s'offrir ce genre de petit spectacle. En fait, il commençait déjà à songer à rentrer se terrer dans son petit chez lui jusqu'à ce que Baìn le rappelle pour l'envoyer Mahal sait où afin d'y protéger ses marchands et leurs marchandises. Il continuait cependant d'aller droit devant lui sans trop prendre garde à qui il croisait, quand il se sentit percuté à l'épaule gauche avant d'entendre une voix râler sous son capuchon.
« Fais un peu attention ! »
Dalor s'empêcha de justesse de porter sa main à son bras gauche, ne voulant pas dévoiler si facilement ses faiblesses. Il n'avait pas eut mal, il y avait déjà longtemps qu'un petit choc ne le faisait plus souffrir, mais il avait toujours cette crainte que son bras ne casse une seconde fois, c'était plus fort que lui. Il leva les yeux vers la personne qu'il venait de percuter à cause de son manque d'attention et il le fusilla du regard sans rien dire pour le moment.
« Grâce à ton peu d'attention, ma bière est par terre. Merci »
Le nain jeta un bref coup d'oeil sur la pauvre bière qui avait fini sa courte existence sur le sol de pierres avant de relever le regard tout aussi vivement en entendant la suite.
« Je t'autorise à m'offrir une nouvelle bière, et ça sera oublié. »
L'ancien garde royal à la carrière prometteuse haussa les sourcils aussi haut qu'il lui était possible de le faire avant de répondre avec une attitude tout aussi hautaine et méprisante que ce jeune nain.
- Et puis quoi encore ? Tu crois que je vais dépenser mon argent pour toi mon gars ? Je vais te dire une bonne chose, tu ne porte pas la bonne tenue pour ça....
Dalor sous entendait bien entendu qu'elle portait un uniforme de la garde royale, celle là même qu'il méprisait depuis plus de vingt ans à cause du peu de soutien (c'est a dire aucun) qu'il avait eut de la part de ses anciens collègues lors de son renvois abusif et arbitraire. Mais pas une seule seconde, il ne s'était dit que sa phrase pouvait porter à confusion et il enchaîna tout aussi froidement.
- Et puis pourquoi tu m'accuses c'est toi qui m'est rentré dedans... Si tu aimes gâcher ton argent, c'est ton soucis. Allez pousse toi de mon chemin, prétentieux et reviens me voir quand t'auras un peu plus de poils au menton.
Il commença à s'éloigner en marmonnant pour lui-même.
- Ca a à peine la barbe qui pousse et ça se prend déjà pour un grand...
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 13:32
Découverte compromettante
Ilhy toisait le nain face à elle. Il semblait prêt à se battre lui aussi : ils étaient tous les deux tendus, et heureusement personne ne semblait faire attention à eux. Le regard d'acier bleuté de la naine ne lâchait pas le visage du nain. Elle avait passé assez de temps aux Montagnes Bleues pour savoir qu'elle ne le connaissait pas. Une lueur de curiosité repoussa quelques secondes sa colère : qui était-il ? Que faisait-il là ? Et, surtout, savait-il se battre ? La prendrait-il de haut quand il saurait ? Car il ne savait pas, et c'était là tout l'avantage de la rousse.
Il sembla réagir enfin, et la naine fronça le nez. Elle lui avait laissé une chance de s'excuser, de lui racheter une bière et de laisser cette histoire retomber. Mais, fier comme un nain et refusant tout compromis, comme elle s'y attendait, il avait préféré refuser. Mais une chose l'avait rendu folle de joie. Mon gars. Il la prenait vraiment pour un nain. Etait-ce à cause de sa jolie barbe qui poussait ? Non, elle n'était pas encore assez fournie. C'était sûrement du à son uniforme qui rendait le peu de formes qu'elle avait totalement invisibles. Remerciant Mahal de cette opportunité cocasse, elle grogna de nouveau. Pourtant, la remarque sur sa tenue la piqua au vif. Elle porta ses mains à ses hanches et dans une attitude à la fois insolente et bravache, elle rétorqua.
« Pas la bonne tenue ? Allons bon, tu parles de cette superbe tenue de garde ? Tiens tiens, serais-tu jaloux ? C'est normal - tous ne sont pas assez bon pour rejoindre l'élite. Il faut savoir se battre. »
L'accent méprisant était contrefait. En réalité, elle n'avait pas eu l'intention de jouer sur ce terrain là mais c'était trop tard. Elle ne méprisait pas ceux qui ne savaient pas se battre, même si elle s'amusait grandement à les tancer quand elle gagnait. C'est à dire très souvent. Elle cherchait à le pousser dans ses retranchements, à créer une réaction. C'était son côté joueur et malicieux. Kili aurait été fier d'elle, supposa t-elle.
« C'est toi qui ne faisait pas attention ! Tu regardais en l'air, ou je ne sais quoi ! Hey ! J'en ai pas fini avec toi ! »
Elle était totalement offusquée qu'il ose s'éloigner, imaginant qu'il pouvait lui tourner le dos sans rien craindre. Elle vit rouge, et sortant sa lance, lui donna un coup du bout de la hampe de bois dans le dos. Rien de bien méchant, mais histoire de lui faire comprendre qu'elle était là. Son regard lançait des éclairs et elle s'était mise à parler plus fort qu'elle ne le voulait. Autour d'eux, quelques regards s'attardaient sur les deux nains. Certains la reconnurent, mais ne dirent rien. Ils avaient l'habitude. Pas l'inconnu.
« Tu oses me tourner le dos ? Qui de nous deux est prétentieux ? Je t'ai offert la chance de réparer ton erreur en me rachetant ma bière, tu as refusé. Cesses donc de prendre ma pilosité comme excuse, à moins que tu n'aies peur que je ne te battes si nous en venions aux mains ? »
Quelques rires polis saluèrent la pique. Ilhy eut un sourire revêche. Elle ne savait pas si elle voulait vraiment se battre, ou juste lancer une espèce de duel d'insultes. Elle en avait appris pas mal, dans la garde. La curiosité la poussa à assouvir cette envie de savoir.
« T'aimes pas les gardes. Pourquoi ? Tu préférerais que j'enlève ma tunique, peut-être ? »
D'autres gloussements montèrent des gens autour. Mais pas pour la raison que le nain pouvait s'imaginer. Si il avait su qu'une naine avait dit ça .. C'était un peu indécent, mais elle savait qu'il ne savait pas et qu'il ne réfléchirait pas à cela. La lance au fer tourné vers la terre, dans une attitude non pas bagarreuse mais méfiante, elle continua de le toiser, le sourire joueur aux lèvres.
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 14:03
Non mais... La notion de respect se perdait... Ou bien c'était lui qui commençait à se faire trop vieux et qui devenait insupportable comme les pépés trouvant n'importe quel prétexte pour tout mettre sur le dos de la jeunesse tout en restant aussi invivable qu'une colonie de puces sur le dos d'un chien. Non... C'était ce jeune nain qui avait la fierté un peu trop remontée...
D'ailleurs il avait quoi ? Soixante-dix ans à peine ? Et il croyait lui faire peur ? L'impressionner ? Il avait quand même tenu tête à plus vieux et plus gros que ce petit bout de nain là... Et le plus drôle dans tout ça, c'était qu'il était sur de lui le bonhomme... Sur de ses capacités à lui botter le cul en cas de problèmes... Il ne savait même pas à qui il avait à faire... Dalor était d'ailleurs un peu perturbé dans ses habitudes parce que vu son physique impressionnant et son passé plus ou moins connu de tout ceux assez vieux pour ça, il n'y en avait plus des masses pour le sous-estimer le nain.
« Pas la bonne tenue ? Allons bon, tu parles de cette superbe tenue de garde ? Tiens tiens, serais-tu jaloux ? C'est normal - tous ne sont pas assez bon pour rejoindre l'élite. Il faut savoir se battre. »
Jaloux ? Jaloux ?! Et puis quoi encore ? Se doutait-il une seule seconde que quarante ans plus tôt, c'était lui qui avait l'insigne honneur de porter la tenue de la garde ? Bien sur que non, s'il avait sût à qui il parlait, il aurait surement fait moins le fier ce petit gringalet haut comme trois pommes que Dalor était certain de faire voler à trois kilomètres d'une simple pichenette.
D'ailleurs, étant partit du principe de ne pas trop chercher les ennuis quand il n'était pas au travail, Dalor avait pris sur lui de 'gentiment' envoyer balader le nain qui cherchait la bagarre avant de commencer à s'éloigner de lui tout en râlant pour lui-même à propos des sottises que vous faisait faire l’inexpérience de la jeunesse.
« C'est toi qui ne faisait pas attention ! Tu regardais en l'air, ou je ne sais quoi ! Hey ! J'en ai pas fini avec toi ! »
Dalor sentit un coup dans son dos et il se retourna aussi sec pour se rendre compte que le petit insolant avait sortit les armes et même s'il avait eut la délicatesse de frapper avec le manche plutôt qu'avec le pic, il venait ni plus ni moins de le frapper... A la bonne heure... Il pourrait plaider la légitime défense après lui avoir mis une bonne raclée.
« Tu oses me tourner le dos ? Qui de nous deux est prétentieux ? Je t'ai offert la chance de réparer ton erreur en me rachetant ma bière, tu as refusé. Cesses donc de prendre ma pilosité comme excuse, à moins que tu n'aies peur que je ne te battes si nous en venions aux mains ? »
Dalor eut un rire méprisant en entendant le sous-entendu de l'inconnu provocateur. Lui ? Avoir peur d'un avorton de son genre ? Et puis quoi encore ? Il fallait arrêter de croire au père noel...
« T'aimes pas les gardes. Pourquoi ? Tu préférerais que j'enlève ma tunique, peut-être ? »
Ne prenant absolument pas garde au fait que l'attention des passants soit de plus en plus porter sur leur petite dispute, Dalor attrapa le bout de l'arme toujours trop proche de lui à son gout et tira d'un coup sec dessus sans la lâcher, dans l'unique but d'obliger son vis à vis à se rapprocher avant de répondre d'un ton venimeux.
- Enlève la ta tunique et je prendrais un mâlin plaisir à te botter le cul comme tu aurais mérité d'y avoir le droit plus souvent... Un conseil gamin, quand on ne sait pas à qui on parle et qu'en plus on est le plus jeune, il vaut mieux fermer sa grande bouche...
Dalor méprisait les membres de la garde, particulièrement ceux avec qui il avait servit de son temps, mais il n'était pas fou au point d'attaquer ouvertement l'un d'entre eux encore en uniforme, parce que légitime défense ou pas, dès que son identité serait donné, on l'accuserait surement de tous les mots en prétextant une quelconque vengeance à retardement.
Dalor fronça légèrement les sourcils en observant le visage du nain. Un truc clochait chez celui-là, mais il n'aurait sût dire quoi... Peut-être avait-il des traits un peu trop doux pour ceux d'un nain... Mais après tout, il avait l'air encore bien jeune alors peut-être n'avait-il pas encore perdu ses "traits de bébé". Et puis ça n'était pas évident d'être sur avec cette foutue capuche.
- Tu veux une autre bière ? Va te la payer tout seul comme un grand avec ta solde et arrête d'espérer que je dépense un centime pour te faire plaisir... Ah et... Juste au cas où ça ne serait pas assez clair... Je n'ai pas peur de toi...
Non mais ho... Pour quel genre de couard le prenait-on ? Et puis qu'avaient-ils tous à rire sous cape tout autours ?!
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 14:22
Découverte compromettante
Ils se regardaient comme deux chiens de faïence. Dire qu'ils se jaugeaient n'aurait pas été loin de la réalité. Ilhy savait qu'elle ne faisait pas le point niveau carrure ou force - elle était réaliste sur ce point - mais elle avait tout misé, lors de ses entraînements, sur son agilité et sa rapidité. La lance était l'arme de prédilection de la naine, et armée ainsi, elle était capable de beaucoup. La plupart des gardes l'avaient sous-estimée, et grand mal leur en avait fait. Ils s'étaient quasiment tous retrouvés cul par dessus tête, à se demander ce qui s'était passé. Certains, plus rares, avaient démontré leur force et leur endurance, et elle avait appris d'eux plus que de quiconque. Mais le nain qu'elle respectait le plus, son protecteur, celui en qui elle plaçait une confiance aveugle restait Dwalin. Il avait cru en elle, comme Thorin, dans le fond. Ici, ils lui avaient donné une place et une chance, et elle avait saisi la vie qu'elle rêvait.
Peut-être, par contre, qu'elle aurait dû faire un effort sur l'humilité. Ilhy était encore jeune, et la fierté d'être une garde, d'être capable de se battre parmi les naines en robes et bijoux, la rendait exultante, et elle avait tendance à perdre parfois la tête dans toute cette joie et ce bonheur. Peut-être aurait-il du s'excuser, et partir, avant de prendre un mauvais coup. C'est qu'il avait l'air fort, quand même. Mais elle s'en fichait : elle tenait plus à jouer avec lui qu'autre chose. Elle trouvait la situation tellement cocasse !
« Non, j'ai une meilleure idée : enlève-la moi toi-même ? »
Cela aurait pu passer pour de la drague, si il avait su. Ce n'en était pas - c'était une bravade pure et simple, comme si elle l'invitait à la frapper. C'était presque ça. Ilhy avait envie de voir jusqu'où la patience de ce nain pouvait aller.
« Si tu penses que j'ai besoin d'une leçon, viens donc me la donner, comme je mérite. Je continue de penser que toi non plus, tu ne sais pas à qui tu as affaire, mon brave. »
Petit gloussement insolent. Elle aimait jouer. Elle aimait pousser les gens dans leurs retranchements. Ilhy ne laissait jamais indifférent : on l'appréciait ou on la détestait. En cet instant, elle était surtout une tête à claque. Le public s'amusait du quiproquo, mais elle aurait préféré être seule : elle ne voulait pas l'humilier, juste le mettre face à son manque d'attention tout court. Mais sa capuche l'aidait à camoufler encore son identité et son sexe.
« Tu as fait tomber ma bière. C'est justice que te demander remboursement. Tu n'as pas peur de moi ? Bien. Moi non plus. »
Et d'un pas, puis de deux, Ilhy approcha. Elle avait perdu sa lance, mais l'avait lâchée pour contrôler ses mouvements. Il était plus rapide que ce qu'il n'ait l'air. Elle continua de le fusiller du regard, mais la colère avait laissé place à une malice joueuse. Ses prunelles bleues lançaient des éclairs espiègles, plein d'un défi fougueux.
« Tu attends quoi ? Le déluge, mon mignon ? »
Tout était bon pour le rendre assez en colère pour le pousser à s'approcher à son tour. Ilhy savait qu'elle ne tiendrait pas longtemps face à lui. Sa carrure était de celle trop immenses pour qu'elle sache le repousser. Mais elle était prête à toute éventualité. Elle ponctua sa phrase ironique par un sourire qui disait clairement : viens donc t'y frotter si tu oses.
Ilhy songea un instant à Dwalin. Que dirait-il d'elle, en cet instant ? Elle était à des lieux de se douter que le nain inconnu avait fait partie de la garde et qu'il avait connu son protecteur. Ilhy vénérait presque le vieux nain. Elle repoussa l'idée qu'il la gronderait, et se concentra sur le moment présent. Elle aurait le temps de discuter avec sa conscience plus tard.
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 15:36
« Non, j'ai une meilleure idée : enlève-la moi toi-même ? »
En toute honnêteté, il s'en serait étouffé tout seul s'il avait été en train de manger ou boire un truc en entendant une phrase pareille. Mais c'était quoi ce nain qui invitait les autres à le déshabiller ? Même si Dalor se doutait bien que ça n'était que de la pure provocation, il semblait tout de même ne pas encore connaitre ses propres limites... Il allait lui arriver des bricoles un jour à ce garçon si jamais il continuait sur sa lancée...
« Si tu penses que j'ai besoin d'une leçon, viens donc me la donner, comme je mérite. Je continue de penser que toi non plus, tu ne sais pas à qui tu as affaire, mon brave. »
Et il en remettait une couche... Etait-il simplement assez stupide pour risquer de se faire laminer dans les règles en moins de deux secondes ou était-ce ce genre de nain freluquet qui cachait bien son jeu avant la bataille ?! A méditer... Quoi qu'il en soit, Dalor était certain d'une chose, il menaçait, mais il ne le frapperait pas tant qu'il porterait les couleurs de la garde sur le dos... Peut-être que s'il le recroisait sans trop de témoins et sans qu'il soit en uniforme... Mais bon... Il avait vieillit et même si ça ne lui plaisait pas tant que ça, il avait tout de même le sang moins chaud que vingt ans plus tôt... Sa décente aux enfers lui avait appris à voir les choses différemment... Ca et l'entêtement de Raeryan aussi surement.
« Tu as fait tomber ma bière. C'est justice que te demander remboursement. Tu n'as pas peur de moi ? Bien. Moi non plus. »
Toisant le plus jeune nain du regard, Dalor se demandait s'il était courageux ou simplement stupide à s'entêter ainsi à cause d'une bière qu'il avait fait tomber tout seul, Dalor n'en démordrait pas... Il n'avait qu'à mieux la tenir et regarder, lui aussi où il allait, parce que s'il l'avait vu arrivé, il se serait arrangé pour l'éviter...Ou bien l'avait-il fait exprès dans l'unique but de trouver un prétexte pour se défouler un peu... Comme lui dans ses jeunes années en fait... Quand il avait à peine soixante-dix ans et que tout était bon à une bonne bagarre...
Tout à ses réflexions, Dalor remarqua l'inconnu se rapprocher en lâchant son arme sans pitié dans les mains de son adversaire qui l'observa de haut en bas. Il avait la réponse à sa question... Courageux et stupide... Et sans doute masochiste doublé de suicidaire....
« Tu attends quoi ? Le déluge, mon mignon ? »
Là s'en était trop, surtout quand Dalor entendit de nouveaux gloussements bien peu discret tout autours de lui. Les railleries, les insultes, les moqueries, les ricanements, il en avait assez supporté quand il n'était vu que comme un poivrot déchut, un rebut de la société incapable de rebondir après son renvois, plus jamais on ne se moquerait de lui publiquement sans en payer les conséquences.
Il laissa tomber la lance sans trop s'en soucier et attrapa vivement le nain par le col de sa tunique, le soulevant légèrement, juste de quoi lui décoller les talons du sol. Son unique but était de lui foutre la trouille de sa vie et il lança presque en même temps.
- Je te conseil d'arrêter tout de suite ton petit jeu sinon ! Et puis retires ça quand tu provoque quelqu'un ! Ne sois pas lâche ! Lança-t-il tout en retirant lui-même la capuche de la tête du nain.
Du... Du... Ou plutôt de la... De la...
- Une fille ! S'exclama-t-il sans pouvoir se retenir une fois le choc passé. Par Mahal c'est une naine !
Comme s'il s'était soudainement brulé au contact de sa chemise, Dalor la relâcha vivement et fit trois pas en arrière, se passant la main dans les cheveux, totalement abasourdi avant de relever les yeux vers la jeune naine ainsi découverte.
- Mais vous êtes complètement folle ?! S'exclama-t-il d'un ton accusateur.
D'accord, il savait a présent qu'elle n'était pas un homme, mais ça n'allait pas l'empêcher de lui dire le fond de sa pensée... Juste l'empêcher de lui taper dessus.
- C'est dans la garde qu'on vous apprend a être aussi stupide et suicidaire ?
Par tous les poils de sa barbe, il avait faillit devenir ce qu'il méprisait... Il avait été très violent dans ses jeunes années, et même dans les moins jeunes d'ailleurs, l'alcool ne l'aidant pas à rester calme, mais jamais au grand jamais il n'avait levé la main sur une naine, même sur la plus têtue qu'il avait rencontré jusqu'alors (c'est à dire Raeryan qui avait le don de se pointer quand il était complètement saoul à l'époque pour l'engueuler vertement). Et là, parce qu'elle le laissait joyeusement penser qu'elle était un nain, il avait faillit renier un de ses plus vieux principe. (oui, bourru, asocial mais avec des principes)
- Et puis depuis quand on engage des naines dans la garde ?!
C'est vrai quoi ?! Elle ne pouvait pas mettre des robes comme toutes les autres ? Et... Oh par toute la lignée de Durin... Elle lui avait proposé de lui retirer sa tunique tout à l'heure !!! Et elle... Dalor devint tout pâle puis tout rouge en moins d'une demi-seconde. Tout à coup, il se rendait compte à quel point leur conversation avait pût porter à confusion pour tous les gens qui s'amusaient bien à ses dépends... Les salauds devaient savoir qu'elle était en réalité une naine... Et naturellement, ils avaient pris tout les doubles sens de ce qu'elle avait dit et de ce qu'il avait dit aussi sans s'en rendre compte.
- Je suis maudit... Une gamine en plus... Faut que je boive un verre. Marmonna-t-il alors qu'il se repassait les propos provoquant qu'ils s'étaient échangé.
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 15:57
Découverte compromettante
La colère était une émotion consciente. Ilhy savait qu'elle faisait naître ce sentiment chez le nain : c'était exactement son but. Si elle avait réfléchi, plutôt que de se laisser guider par sa spontanéité, elle aurait refusé un tel jeu puéril. Elle se jouait de cet inconnu, parce qu'il ne savait pas ce qui se cachait sous le cuir, la fourrure et la cotte de maille. Elle avançait cachée, et c'était quelque peu mesquin de sa part. Pourtant, l'amusement était réel, accroché, chevillé à son ventre. Peut-être était-ce stupide, mais elle savait que beaucoup la prenait encore pour une naine fragile. On la traitait comme une noble, alors qu'elle avait été reniée, et malgré qu'elle trouve sa place en tant que guerrière, on évitait de la malmener. Ce nain-là avait quelque chose de rafraîchissant, de pur et de franc. Et elle appréciait ça, par Mahal.
Elle avait pénétré son territoire, son espace vital. Ses pas l'avaient mené près de lui, trop proche peut-être. C'était un défi de chaque seconde, et sa peau se hérissa d'un frisson agréable. Elle se sentait, non pas en danger, mais en prise de risque. Il pouvait choisir de la frapper au visage. Elle pouvait perdre une dent ou deux, ou avoir une cicatrice. Mais Ilhy était prête à ça. Non pas qu'elle cherchât la douleur, mais l'égalité - le droit des autres à ne pas la négliger.
Dans un nouveau frisson, il chargea littéralement. Sa voix grondait comme un orage, et Ilhy écarquilla les yeux sous les mots qui pleuvaient comme des coutelas. Elle se laissa saisir, parce qu'il fut rapide et qu'elle en avait presque envie. Le jeu tirait sur sa fin, songea t-elle. Sa capuche fut arrachée, retomba sur ses épaules, flasque. Sa masse de cheveux roux tressée cascada sur ses épaules, révélant enfin toute la finesse de ses traits et l'arrogance de son regard bleu. Et si la poitrine n'était plus visible, il était à présent évident aux yeux de tout le monde, et surtout à ceux de celui qui la tenait par le col, qu'elle était une naine. Voyant son visage se décomposer, elle eut un rire et quand il la lâche, comme si il s'était brûlé, elle se réceptionna avant de rire. Le public autour d'eux apprécia la chute de cette situation et se dispersa finalement, en voyant que tout était fini. Mais cela ne faisait que commencer, décida Ilhy avec un sourire victorieux.
« Voilà qu'on passe au vouvoiement ? Parce que je suis une fille ? »
Si l'air restait espiègle, elle n'avait pu cacher l'amertume de sa voix. Le timbre aigri. Une réaction à laquelle elle s'attendait. Ilhy était presque déçue : toute sa vie, parce qu'elle était née avec le sexe féminin, on l'avait regardé ainsi, on l'avait gardé à distance, on l'avait vouvoyé, on restait poli avec elle. On la couvait, on la choyait. On la disputait si elle s'écorchait les mains.
« C'est dans la garde que j'ai appris à protéger les miens et à me battre. »
Elle avait rétorqué presque par réflexe. Le voir rougir, blanchir, s'écarter d'elle, c'était comme une blessure. Elle digérait mal cet état de fait, mais elle l'avait cherché, non ? Elle le toisa froidement, vexée et mécontente. Elle avait espéré avoir plus de plaisir à voir son visage se décomposer.
« On m'a engagée parce que je le voulais et que j'ai prouvé ma valeur ! Fais attention je pourrais toujours te botter les fesses, monsieur je-ne-sais-pas-reconnaître-une-naine. »
Elle continuait de se moquer de lui, mais le coeur n'y était plus. Il semblait réellement choqué de se retrouver face à une femme, et elle n'appréciait pas ça. Elle haussa les épaules et recula d'un pas, levant fièrement le menton. Elle n'avait rien à cacher ni aucune honte à avoir d'être ce qu'elle voulait être. Mais certains n'étaient pas habitués à la côtoyer. Certains avaient du mal à se faire à l'idée. Dans un soupir elle s'approcha de lui et tapota son épaule d'un air amical. Elle ramassa sa lance et la rangea dans son fourreau dans le dos avant de sourire.
« Comme ce petit quiproquo est de ma faute, je t'offre le verre. Et je suis pas une gamine, d'accord ? Bon. Je viens de réaliser qu'on a failli se battre, mais qu'on ne se connaît pas. Je m'appelle Ilhy. Et oui, tu ne rêves pas : je suis une naine et je me bats. Habitues-toi à ça, et profites de la bière que je vais te payer, d'accord, mon mignon ?»
Elle lui fit un clin d'oeil amusé avant de s'étirer. La tension qui l'avait habitée s'était dissipée, et elle espérait qu'il n'allait pas s'en aller sans demander son reste en la croyant folle. Elle aimait bien sa façon d'être. Il l'avait traitée comme son égal, quand il n'avait pas su.
« Arrêtes tes idioties. Tutoies-moi. Fais comme si j'étais toujours un nain. Je déteste quand on me fait des courbettes ou qu'on me traite comme une naine. Enfin, une de celles qui mettent des robes et des fanfreluches.»
Elle grimaça avant de rire de nouveau. Elle tentait de faire ami-ami, parce que ce nain là lui plaisait bien. Il avait été franc et elle était certaine de pouvoir mettre à profit son côté bourru et franc. Si elle arrivait à le faire la traiter comme son égale, ce serait une petite victoire. Elle se remémora sa prise de conscience et gloussa de nouveau. Ca avait été aussi amusant que prévu, en fait.
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 19:10
Il avait faillit frapper une naine devant toute une foule de curieux, sans que personne n'ait la bonne idée de l'avertir avant tout en sachant parfaitement ce qu'il risquait fort de faire comme bêtise monumentale et maintenant que tout ce petit public se rendait compte qu'avec sa découverte, il n'y aurait pas de bagarre et les laissait donc en paix, elle se permettait de se moquer de lui en riant à gorge déployée de son malheur.
La teigne se riait de lui maintenant qu'elle pouvait contempler à loisir le fier nain se décomposer comme un bonhomme de neige en pleine canicule. C'était vraiment pas sympa, aussi bien de sa part à elle que de celle de tout ceux qui avaient sut dès le début qu'elle n'était pas un homme et qui n'avaient fait aucun mouvement pour le lui dire avant qu'il ne commette l'irréparable.
« Voilà qu'on passe au vouvoiement ? Parce que je suis une fille ? »
Il l'avait vouvoyé ?! Dalor en était le premier surpris. En général, il ne vouvoyait pas grand monde, et à vrai dire, les seules personnes qui avaient le droit à cette marque de respect pour le moment étaient Baìn, sa fille et Raeryan pour qui il avait beaucoup d'estime. Là, il pouvait aisément mettre ce petit écart sur le choc de la découverte et surtout de tout ce qu'il ne pouvait s'empêcher de se repasser par la tête maintenant que toutes leurs paroles ne pouvaient pas avoir le même sens que si elle avait été un jeune nain. Toujours en colère et retourné par ce qu'il était en train de faire tourner et retourner dans sa tête, il lui demanda si c'était dans la garde qu'on lui avait appris à être suicidaire et naturellement, les femmes nains n'ayant rien à envier aux hommes de ce coté là, elle fut piquée au vif.
« C'est dans la garde que j'ai appris à protéger les miens et à me battre. »
Oui bah... A vrai dire, il avait surtout eut cette réflexion parce que l'uniforme l'avait induit en erreur en premier lieu. Avouez qu'une naine qui se bat et porte les armes, ça ne court pas les galeries des montagnes... Alors il était bêtement partit du principe qu'elle ne pouvait être qu'un nain. Et puis elle se cachait sous sa capuche et s'était bien gardée de le reprendre quand il l'avait appelé "mon gars"... Heureusement qu'il aimait à voir sur qui il tapait avant de donner les coups...
« On m'a engagée parce que je le voulais et que j'ai prouvé ma valeur ! Fais attention je pourrais toujours te botter les fesses, monsieur je-ne-sais-pas-reconnaître-une-naine. »
Cette fois-ci, c'était au tours de Dalor de la fusiller du regard. Il avait des circonstances atténuantes et il n'allait pas passer sa vie à les répéter. Muet comme une carpe pour le moment, essayant de reprendre un minimum de contenance, Dalor l'observa s'approcher et lui tapoter l'épaule avant de ramasser et ranger son arme. Bon, au moins elle ne semblait plus vouloir lui refaire le portrait pour sa foutue bière.
« Comme ce petit quiproquo est de ma faute, je t'offre le verre. Et je suis pas une gamine, d'accord ? Bon. Je viens de réaliser qu'on a failli se battre, mais qu'on ne se connaît pas. Je m'appelle Ilhy. Et oui, tu ne rêves pas : je suis une naine et je me bats. Habitues-toi à ça, et profites de la bière que je vais te payer, d'accord, mon mignon ?»
C'était quoi ce surnom ?! Elle n'allait quand même pas continuer à l'appeler comme ça ? Et pas devant témoin en prime ?! Quelque chose lui disait que si, bien au contraire, elle prendrait surement un malin plaisir à le faire... C'était tout à fait le genre de caractère... Le début de leur rencontre le prouvait bien assez d'ailleurs.
- Dalor... Et je ne suis pas mignon. Mais il râlait surtout pour la forme, se faisant déjà une raison quant au fait d'entendre souvent ce surnom de cette voix provocatrice.
D'ailleurs, à bien y penser, il devrait peut-être éviter de lui faire comprendre que le surnom en question le mettait mal à l'aise... Mais quelque chose lui disait que c'était déjà trop tard et qu'elle l'avait déjà bien compris et enregistré....
« Arrêtes tes idioties. Tutoies-moi. Fais comme si j'étais toujours un nain. Je déteste quand on me fait des courbettes ou qu'on me traite comme une naine. Enfin, une de celles qui mettent des robes et des fanfreluches.»
Oui bah pour la tutoyer il n'allait certainement pas se gêner... Tout à l'heure, il avait été perturbé voila tout... Et puis quand il était pris de court, il ne savait plus trop ce qu'il disait... Il n'était pas vraiment à l'aise quand on bouleversait ses habitudes.
- Qu'est-ce que tu crois ? Pour que je vouvoie il faut le mériter... Et pour l'instant c'est loin d'être ton cas gamine....
Oui bon... Il était bourru, mais quelque part, c'était bon signe, ça voulait dire qu'il reprenait totalement le contrôle de lui-même et donc qu'il redevenait naturel avec la donzelle. En tout cas le message était clair, il ne comptait pas la vouvoyer. Mais elle pouvait être rassurée, il n'était plus agressif, juste un peu trop brute de décoffrage dans sa façon de parler. D'ailleurs, il la suivait même pour aller boire cette fameuse bière.
- Y en a beaucoup des naines dans la garde ? Demanda-t-il avec curiosité.
On ne sait jamais, dès fois qu'il se ferait avoir une deuxième fois...
- Moi je travail pour Baìn... Tu connais je suppose ?
Après tout, il savait pour qui elle travaillait, il était juste qu'elle soit également au courant et puis cela lui permettait de savoir indirectement qu'elle avait à faire avec un nain honnête et fréquentable. Enfin... Pas un saoulaud tout juste bon à profiter de l'argent des autres.
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 19:34
Découverte compromettante
Elle s'amusait comme une petite folle. C'était mal, car c'était aux dépends du pauvre nain, mais dans le fond, il n'y avait pas mort d'homme. Ni mort de nain, d'ailleurs. Et c'était le plus important. Leurs comparses se désintéressaient d'eux, et ils pouvaient à présent reprendre une conversation débutée de façon quelque peu désordonnée. Ilhy le jaugea plus méticuleusement, notant le crâne partiellement rasé, avec les tresses dans la moustache et le visage aux traits virils. Elle apprécia la franchise de ses faciès et de son regard, même si pour le moment, il avait plus l'air gêné qu'autre chose. Néanmoins, elle ne doutait pas qu'il allait rapidement reprendre ses esprits. Restait à voir comment il allait réagir.
Apparemment, le surnom ne lui plu pas, et c'est à cause de cela qu'il fut immédiatement adopté. Mon mignon lui allait comme un gant. Il y avait juste ce qu'il fallait de taquinerie, de familiarité et de sarcasme pour Ilhy. Non pas qu'il fut mignon - enfin, peut-être, elle ne faisait jamais attention à ça - mais pour un nain, c'était quasiment une insulte. D'un autre côté, si il s'y mettait lui aussi, ça risquait d'être très amusant.
« Si tu le dis, Dalor l'ours bourru. Non, mon mignon ça te va mieux.»
Elle eut un sourire taquin et espiègle, le défiant presque du regard de l'empêcher de prononcer les mots. La suite la fit moins rire et elle grimaça. Elle l'avait cherché, elle n'en doutait pas, mais il avait une façon très brute de prononcer ses mots. Elle réalisa qu'elle préférait ça à l'hypocrisie enrobée de sucre dont tous les gens avaient souvent fait preuve à son égard. Pas vraiment ici, aux Ered Luin, mais aux Monts de fer. Elle haussa les épaules et retint difficilement un tirage de langue en règle.
« Attention je pourrais te prendre au pied de la lettre et essayer de gagner ton estime. Non pas que cela m'importe, mais ... comme un défi, vois-tu. »
La fierté proverbiale des nains, qui les poussait souvent à aller au-devant du danger, juste pour prouver qu'ils n'étaient ni faibles ni couards. Ilhy passa la main dans sa crinière rousse et ébouriffée malgré sa tresse puis regarda autour d'elle. Elle comptait bien tenir sa parole et offrir une bière à ce nain. Dalor. Le nom roula dans son esprit, alors qu'elle le prononçait sans aucun son. Elle retiendrait ce prénom là, plus facile qu'aucun coup ou blessure. Parce que, quand elle voyait la manière dont ce nain la traitait, après la surprise qu'elle lui avait fait, elle se sentait acceptée comme ce qu'elle avait fait - une petite naine égocentrique et ridicule. Pas de faveur, pas de douceur. Juste son franc parler et sa manière de la regarder. Elle se sentit immédiatement en confiance.
« Non, juste moi. Je dois être la seule assez folle pour désirer me battre. Je dois aussi être la seule à qui les ecchymoses vont bien. Les bleus me sied bien. »
Elle pouffa et bougea les épaules. Elle avait eu un entraînement éprouvant, et elle n'espérait qu'une chose, manger un morceau et boire un coup. Peut-être, après, aller dormir. Mais si elle avait eu envie d'aller se coucher, ce désir était mort quand elle avait heurté Dalor. A présent, elle préférait faire connaissance avec lui. Histoire qu'il ne se fourvoie pas et ne pense pas qu'elle était toujours aussi ridiculement enquiquinante.
« Oui, je crois voir qui c'est. Quel genre de travail tu fais pour lui ? Allez, suis-moi. Au chaud dans la taverne, autour d'une chope de bière, on pourra discuter plus tranquillement. »
Elle espérait titiller sa curiosité. On ne croisait pas de naines guerrières tous les jours, et si elle l'exaspérait sûrement, Ilhy aimait cette impression qu'elle donnait aux gens qu'elle croisait. Elle n'avait jamais aimé être dans les lignes, suivre les règles. Ils pénétrèrent dans l'auberge et s'installèrent confortablement. Elle retira ses paquets et ses fourrures, révélant plus en détails l'uniforme. Elle songea qu'il avait vraiment eu l'air de détester ce dernier. Elle le toisa plus curieusement.
« Tu avais vraiment l'air de détester le fait que je sois de la Garde. Une vieille histoire ? »
Elle lui laissait, avec cette question simple, le choix de répondre oui, ou plus en détails. Elle passa commande, laissant Dalor choisir à son tour et s'étira en arrière à la manière d'un chat. Ses yeux bleus comme la glace ne quittaient pas le visage inhabituel devant elle, comme si elle craignait qu'il ne disparaisse si elle détournait les yeux. Plus elle l'observait fixement, et plus elle se disait qu'elle avait eu de la chance de ne pas avoir à se battre contre lui. Elle avait été un peu présomptueuse sur ce point.
« Je ne t'ai jamais vu ici avant, pourtant cela fait un moment que j'y ai emménagé. Mais je suis ravie de te rencontrer, en tout cas. »
Il ne savait donc pas. Rien sur elle ou ce qu'elle avait été. Seuls quelques rares connaissaient l'histoire derrière l'anomalie. Noble reniée, déchue de ses droits et de son héritage. Cela valait mieux, mais ceux qui étaient informés s'amusaient parfois à la traiter comme une noble, ce qu'elle détestait. D'un geste agacé, elle décrocha la cotte de maille et la posa dans un bruit de ferraille à côté d'elle, pour éviter de devoir la porter, lourde comme elle était.
« Je n'avais pas l'intention de t'humilier, tout à l'heure. Mais avoue que tu ne t'y attendais pas ! »
Cela aurait pu ressembler à des excuses maladroits, si elle n'avait pas eu un sourire aussi fier d'elle. Elle remercia la tavernière qui vint leur apporter leur commande et après avoir hésité, tendit sa chope devant elle.
« Je bois à la santé du nain le plus franc que j'ai jamais rencontré. »
Décidément, il était spécial, celui-là. Et elle appréciait ça. Si il n'était pas si ouvertement contre la Garde, peut-être lui aurait-elle demandé de venir s'entraîner contre elle. Face à un être aussi costaud, elle aurait sûrement pu en apprendre beaucoup. Mais elle préférait garder ça pour elle. Et puis, Dwalin n'aurait pas été content qu'elle amène un inconnu, comme ça.
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 20:54
La petite prétentieuse comptait bien continuer à l'enquiquiner avec ce surnom ridicule et quelque peu diminuant pour un nain à la fierté mal placée. Soit... Puisqu'elle ne semblait pas apprécier qu'il lui rappelle son jeune âge, il allait se faire un malin plaisir à l'appeler gamine dès qu'elle oserait l'appeler "mignon". Après tout, Dalor avait toujours été partisan de l'adage : oeil pour oeil, dent pour dent. C'était sans doute en grande partie la cause de son passé mouvementé.
Il n'insista donc pas plus sur le sujet et préféra demander, à tout hasard, s'il y avait d'autre naines dans les rangs de la garde, même s'il ne pensait pas que ça soit le cas. Les femmes naines n'étaient pas faites pour aimer la baston, même si elles avaient un sacré caractère et qu'elles auraient aisément pût passer pour un homme nain à cause de leur pilosité développée. La grande majorité d'entre elles préféraient terroriser les nains... Cela leur suffisait amplement pour toute une vie.
« Non, juste moi. Je dois être la seule assez folle pour désirer me battre. Je dois aussi être la seule à qui les ecchymoses vont bien. Les bleus me sied bien. »
Dalor eut un rire bref avant de lancer sans avoir pensé à s'en empêcher.
- C'est les cheveux roux ça.. Ca s'assortit très bien avec le bleu / jaune.
Ca n'était qu'une petite boutade sans méchanceté. Dalor n'avait d'ailleurs rien contre sa couleur de cheveux qui lui allait très bien soit disant passant. Il enchaîna donc en lui donnant son métier histoire d'être d'avantage sur un pied d'égalité quant à ce qu'ils savaient désormais l'un de l'autre. Et puis il avait été un laissé pour compte tellement longtemps que maintenant qu'il pouvait être autre chose qu'un boulet alcoolisé, il tenait à ce que les gens ne se méprennent plus à son sujet.
« Oui, je crois voir qui c'est. Quel genre de travail tu fais pour lui ? Allez, suis-moi. Au chaud dans la taverne, autour d'une chope de bière, on pourra discuter plus tranquillement. »
Il la suivit sans faire d'histoire et une fois installé en face d'elle autours d'une table libre, il retira sa cape de fourrure qu'il pausa sur le dossier de son siège, le laissant ainsi vêtu de sa chemise aux manches rapidement remontées sur ses coudes pour laisser apparaitre ses bracelets de forces en cuir aux deux poignets. Dalor n'avait qu'un seul tatouage, sur son coude gauche, juste au dessus d'une extrémité de sa cicatrice qui lui mangeait une bonne partie du bras. La rune naine signifiant loyauté. C'était le seul tatouage qu'il avait voulu jusqu'à maintenant parce qu'il avait une grande signification pour lui.
Il commanda à la serveuse et attendit qu'Ilhy ait fait de même avant de répondre à la question qu'elle lui avait pausé avant d'arriver dans l'établissement encore à moitié vide.
- J'escorte ses caravanes marchandes... Je suis leur garde du corps... J'ai à ma charge la totalité des marchandises et de leurs vendeurs...
Et il aimait bien ça, même si c'était un travail assez rude pour ses nerfs. Il avait eut quelques difficultés à devoir vivre 24h sur 24h avec les marchands au début, mais maintenant, il s'y était fait et prétextait des rondes de garde quand il voulait être un peu seul.
« Tu avais vraiment l'air de détester le fait que je sois de la Garde. Une vieille histoire ? »
Vrillant ses yeux noirs sur la naine, Dalor se demanda s'il allait réellement répondre en détail à cette question ou non. Elle n'avait pas l'air d'avoir entendu parler de lui, ou alors elle avait bel et bien entendu l'histoire sans pour autant connaitre le nom du concerné... Ca ne l'aurait étonné qu'à moitié dans le fond car il avait fait un sacré scandale quand il avait appris son renvois "temporaire" de la garde lorsque son bras avait été cassé. Peut-être allait-il simplement se contenter du minimum pour le moment. Il ne voulait pas qu'elle le prenne en pitié.
« Je ne t'ai jamais vu ici avant, pourtant cela fait un moment que j'y ai emménagé. Mais je suis ravie de te rencontrer, en tout cas. »
Dalor eut un sourire en coin en entendant ça... Peut-être bien que lorsqu'ils étaient sur le point de se battre pour une broutille, elle n'était pas si ravie que ça...
- J'ai fait partit de la garde il y a quelques années... Mais j'suis pas resté... Et si tu m'as jamais croisé... C'est surement parce que je passe beaucoup de temps hors de la montagne pour mon travail et en général, quand j'suis là, je me repose et je profite de ma solitude... En fait à part mon patron et mon ancienne infirmière, je parle pas à grand monde.
Il ne voulait pas rentrer dans les détails quant aux raisons de son renvois. Il ne voulait pas donner de nom ni même réellement parler de sa blessure et surtout de l'enfer dans lequel il s'était joyeusement noyé de son plein gré pendant près de dix ans.
« Je n'avais pas l'intention de t'humilier, tout à l'heure. Mais avoue que tu ne t'y attendais pas ! »
- Bien sur que non ! S'exclama-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence.
Et d'ailleurs s'en était une, il ne s'attendait certainement pas à voir une naine avec l'uniforme de la garde... Et il s'attendait encore moins à ce que la naine en question ne le détrompe pas immédiatement quand elle avait compris qu'il l'avait prise pour un homme.
« Je bois à la santé du nain le plus franc que j'ai jamais rencontré. »
C'était ce qu'elle s'était exclamé lorsqu'elle avait enfin vu arriver son verre avant de le lever. Dalor, légèrement septique, leva malgré tout son verre avant d'en boire une longue gorgée, trinquant avec elle. Il reposa le récipian sur la table avant de reprendre.
- Le plus franc ? T'as pas dût croiser grand monde de franc alors... Moi, j'dis ce que je pense quand je le pense... Ca peut me créer des ennuis parfois et il parait que c'est un manque d'éducation... Mais j'suis pas issu de la noblesse, je le cache pas et dans le fond, je m'en fou un peu de tout ça... Mais j'sais lire... un peu...
Et ça n'était pas si courant que ça dans le fond. Beaucoup de nains ne savaient pas lire, à cause de leur rang social généralement et puis pour être un bon tailleur de pierre ou un bon fabriquant de jouet, il n'y avait pas besoin de savoir lire, il suffisait d'avoir eut un bon professeur.
Dalor s'arrêta de parler à tors et à travers, parfois, il avait la langue un peu trop pendue et il le savait bien, il parlait plus vite qu'il ne pensait et bien souvent, il disait des choses qu'il ne fallait pas.
- Comment est-ce qu'un petit brin de naine comme toi à fini par vouloir arriver dans la garde ? C'est quand même pas courant de voir ça... Sans vouloir te vexer.
Ou même sans avoir l'air d'insister, mais ça l'intriguait vraiment cette histoire. La plus part des naines qu'il croisait ne semblaient avoir pour ambition que de se marier et faire des enfants... Certaines aimaient à travailler, mais d'avantage dans des métiers sans risquer de se prendre des baffes ou des coups de hache...
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Sujet: Re: [FINI] Découverte compromettante [PV Ilhy] Dim 29 Nov 2015 - 22:06
Découverte compromettante
« Le roux, ça va avec tout.. »
Elle eut un grand sourire amusé, à cause de son petit dicton, puis emmena Dalor jusqu'à la taverne. La chaleur lui sauta au visage, comparé à l'air froid du dehors, et Ilhy se sentit aussitôt chez elle. L'endroit était fréquenté, souvent par les gardes, mais elle ne croisa le regard d'aucun. La plupart était encore en entraînement à cette heure, ou tout simplement chez à eux à attendre de devoir faire la relève. Une fois installés, elle s'étendit et s'étira d'un air félin en fixant le nain face à elle. Il y avait une espèce de franchise aussi dans son regard, comme si elle se fichait de l'étiquette ou des mondes qui pouvaient les séparer, qu'ils soient à l'origine de classe ou de milieux. Elle écouta avec attention la réponse et hocha la tête. C'était tout à fait logique - Bain étant un marchand, après tout. Cela la renvoya à l'époque de sa jeunesse. Son père était lui aussi un riche marchand noble, et elle se souvenait des caravanes, des étoffes et des fourrures qui allaient et venaient. Elle se souvenait des bijoux que ramenaient son père, puis des livres ou des objets exotiques quand il remarqua qu'elle avait des goûts assez peu féminins. Tout cela semblait loin, très loin dans sa mémoire, mais n'évoqua aucune nostalgie comme on aurait pu le croire. Ilhy était bien là où elle était, et ne regrettait rien.
« C'est un métier qui demande une grande résistance et pas mal d'adaptation. C'est un beau métier. Vous avez dû voir beaucoup de régions et de pays, dans vos voyages. »
Ilhy eut un petit coup d'oeil curieux, comme si elle l'invitait à parler. Après tout, si il avait envie de raconter un de ses derniers voyages, il était tout à fait libre. Elle-même, malgré son voyage des Monts de Fer jusqu'ici, n'avait pas eu exactement le loisir de voir autant de choses que ce qu'elle aurait aimé. Elle rêvait de voir les elfes et les hobbits, les plaines et les grandes forêts.
Sa curiosité s'étiolait en questions plus ou moins précises. Elle lançait les sujets comme autant de balles un jongleur. Ilhy était de nature curieuse, et voulait toujours tout savoir, elle était comme un jeune animal fougueux et impétueux. Elle s'était presque attendue à ce qu'il refuse de répondre, mais contre toute attente, il continua sur sa lancée et exprime quelques mots à son interrogation, faisant briller les prunelles bleues de convoitise. Ainsi, il avait été garde, lui aussi ? La question qui lui brûla les lèvres c'était si il avait connu Dwalin plus jeune - c'est à dire avec des cheveux. Elle faillit pouffer à sa question mentale, mais la retint. Ce n'était ni poli ni de bon aloi. Elle grava dans sa mémoire les informations, hocha très lentement la tête comme si elle réfléchissait à toute vitesse.
« Je vois. Je peux comprendre que tu n'aimes pas la garde, si tu as dû en partir. Ton ancienne infirmière, hein ? Tu ne parlerais pas de Raeryan ? »
Elle avait demandé ça avec un grand sourire. Parce que la seule médecin compétente qu'elle connaissait à peu près, c'était bien elle, sa maman de substitution. Rae était un peu son étincelle de joie dans sa vie, toute d'expansivité et de maternalisme. Elle était l'une des seules naines à savoir s'y prendre avec Ilhy sans la dégoûter des femelles. L'exclamation du nain quant à la surprise la ravit plus encore et elle cache un sourire derrière sa main, les yeux remplis d'un amusement enfantin.
Ils trinquèrent et elle but une gorgée pensivement, en souriant toujours. Il avait l'air perplexe, le bougre. Elle s'était peut-être mal exprimée.
« Je veux dire par-là que la plupart des gens voient mon sexe et mon rang, enfin mon ancien rang, avant ce que je suis. On me fait des courbettes parce que je suis une noble de naissance, mais non. J'ai été reniée par mes parents car je ne voulais pas de la vie qu'ils me confiaient, et je ne regrette pas d'être devenue une naine du peuple. C'est cela que j'entends par franc. Parce que tu ne me fait ni révérence, et que tu continues de m'observer avec ton air grognon. Je ne trouve pas que ce soit un manque d'éducation - je trouve ça ... agréable. De ne pas être prise pour une faible uniquement parce que je suis une femme. »
La voilà qui bavassait comme une outre crevée. Elle haussa une épaule, habituée à parler, mais pas vraiment d'elle-même. Allons bon, il dévoilait un peu de son passé, et la voilà qui lui expliquait sa vie dans les moindres détails ? Par Mahal, elle allait le faire fuir à toutes jambes en le saoûlant non pas de bière mais de paroles ! Elle toussota et but son alcool, autant pour rafraîchir sa gorge que pour se taire un peu et lui laisser l'occasion d'en placer une. Le pauvre, il était noyé sous le flot de ses paroles. Qu'il soit du peuple ne changeait rien pour elle. Noble ou non, les gens révélaient leurs valeurs en étant eux-même, et il existait des couards cruels chez les nobles comme chez le bas peuple.
« Tu as appris à lire où ? »
Ce n'était pas courant que les nains non nobles sachent lire. Elle hésita pour lui proposer son aide, mais c'était peut-être inapproprié, ils venaient tout juste de se rencontrer. Elle retint donc sa proposition, sachant être subtile pour une fois. Elle éclata de rire devant l'étonnement du nain. Non, elle n'était pas vexé, mais plutôt fière de ce qu'elle avait accompli.
« Il faut croire que je ne suis pas comme les autres. Je sais que je suis une exception. Peu de femmes, de tous peuples à dire vrai, prennent les armes. Mais ... C'est une réflexion que je me suis faite quand j'étais petite : les naines sont le trésor des nains, et l'on nous protège, mais si l'on nous apprenait à nous défendre nous-même, vous n'auriez plus besoin d'avoir peur pour nous. Je n'ai jamais aimé les poupées, les bijoux, les robes. Je préférais aller crapahuter. De fil en aiguille, j'ai réalisé que j'aimais tant ma race et ma famille, mes amis, que je voulais me battre pour eux. Pourquoi les nains pouvaient-ils, et pas moi ? Durant des années, j'ai été malheureuse de vivre une vie qui ne me convenait pas. Jusqu'au jour où j'ai sauté le pas et que je suis parti pour ici. J'ai appris à me battre, avec mon cousin et avec les gardes d'ici. J'ai saisi la chance qu'on m'a offert, pour prouver ma valeur. Ce n'est ni simple ni facile, mais c'est ce pour quoi je suis faite. Le mouvement fluide de ma lance au bout de mon bras, quand je met à terre un adversaire, toute cette adrénaline, c'est ce dont j'ai toujours rêvé. Et je réalise que je parle trop ! »
Elle était bavarde, mais pas à ce point-là. Est-ce qu'elle essayait de lui prouver quelque chose ? A lui, à elle-même peut-être ? Elle gratta le début de duvet roux sur son visage et toussota en finissant sa bière. Elle n'avait pas pour habitude de s'excuser, et surtout pas de parler, mais elle avait bien failli. Elle glissa un coup d'oeil rapide et sourit à Dalor.
« D'où est-ce que tu es originaire ? Tes parents escortaient eux aussi des caravanes ? »
Parce que la conversation ne pouvait pas tourner autour d'elle. Et qu'elle avait toujours envie d'en apprendre plus sur lui. La curiosité est un vilain défaut - ne dit-on pas qu'il a tué le chat ?
« C'est un métier qui demande une grande résistance et pas mal d'adaptation. C'est un beau métier. Vous avez dû voir beaucoup de régions et de pays, dans vos voyages. »
Dalor eut un petit sourire en coin alors qu'il observait sa tasse, pensif. Oui, c'était vrai, depuis le temps, il en avait vu pas mal, même s'il côtoyait généralement les nains et les hommes.Il avait vu une bonne partie de la terre du Milieu.
- J'ai parcouru pas mal de kilomètres... Mais j'ai pas beaucoup fréquenté les peuples elfes jusqu'à maintenant.
C'était logique, les nains et les elfes n'étaient plus en bon thermes depuis tellement longtemps qu'au final, ils ne savaient plus vraiment quel était le sujet de leur dispute. Les elfes disaient que la faute revenait aux nains et les nains soutenaient mordicus que tout était à cause des elfes... Dalor pensait qu'ils étaient simplement trop différents les uns des autres pour réussir à vivre ensembles...
Dalor enchaîna sur la raison de son aversion pour les membres de la garde royale. Bien entendu, il avait bien conscience qu'en trente ans, les choses avaient bien pût changer, mais il restait sur ses à priori. Observant la jeune naine, Dalor se fit cependant que la réflexion qu'Ilhy semblait être le genre de nain avec qui il aurait aimé servir... Il était sur que si elle avait été là à l'époque, elle aurait pris sa défense... (ou peut-être pas... Il était plutôt insupportable de prétention quand il était à peine majeur.)
Il lui donna donc la raison de son aversion en se gardant bien de lui dire avec qui il s'était battu pour en arriver là. Il ne lui parla même pas de sa blessure, sa plus grande honte, peut-être qu'avec le temps, il le ferait, mais pas tout de suite... Et si jamais c'était le cas un jour, il ne nommerait pas Dwalin, il ne voulait pas se plaindre du nain dans le dos de ce dernier, attitude qu'il trouvait extrêmement lâche.S'il avait à régler ses vieux démons un jour, il le ferait directement avec l'objet de sa colère. Mais pas tout de suite, il ne serait pas capable de lui hurler dessus sans repartir dans une bagarre et Dwalin connaissait sa faiblesse, forcément, c'était lui qui lui avait cassé le bras.
« Je vois. Je peux comprendre que tu n'aimes pas la garde, si tu as dû en partir. Ton ancienne infirmière, hein ? Tu ne parlerais pas de Raeryan ? »
Dalor confirma d'un signe de tête dans un petit sourire. Oui, il parlait bien de Raeryan. Au tout début, il ne pouvait pas la supporter, moins il la voyait et mieux il se portait (du moins c'était ce qu'il prétendait). Mais la naine avait tenu bon et Dalor s'était finalement habitué à la voir débarquer tous les quatre matins pour vérifier qu'il n'était pas mort tout seul dans le fond d'un trou. À présent, Dalor considérait Raeryan comme une soeur qu'il n'avait jamais eut, mais ça, il le gardait encore bien secret pour lui tout seul, même si la naine se doutait forcément qu'il l'appréciait.
Dalor ne s'étala pas sur le sujet car Ilhy semblait connaitre Raeryan, il n'était donc pas nécessaire aux yeux du nain de faire son éloge. Et puis il n'aimait pas trop s'étendre sur les choses ou les gens qu'il aimait bien, juste au cas où il n'aurait pas le bon mot, la bonne expression et où on comprendrait tout de travers. Dalor s'exprima ensuite à propos de son honnêteté et du fait qu'Ilhy n'avait surement pas croisé tant de nain honnêtes dans sa vie pour vouloir boire à la santé de la sienne (qui était généralement pointée du doigt).
Son ancien rang ? Mais qui était-elle donc pour qu'elle en parle ainsi avec une telle amertume ? Dalor, qui était prêt à boire une autre gorgée de sa bière lorsqu'elle lui avoua être de sang bleu, s'arrêta, la chope contre les lèvres, le coude à moitié levé et le liquide ambré au bord des lèves. Il posa un regard fixe sur Ilhy, se demandant une seconde quelle folie pouvait pousser une noble à quitter tout ce confort, puis il continua de boire sa bière comme si elle ne lui avait rien annoncé de bien extraordinaire
- J'sais pas si t'es faible, mais en tout cas t'as un sacré culot... Lança-t-il en reposant sa choppe sur la table.
Ca n'était pas un reproche, ça pouvait même aisément passer pour un compliment. Mais Dalor pensait ce qu'il disait, elle avait du culot de s'en être prise à lui alors qu'il devait être au moins deux fois plus large qu'elle. Il aurait pût lui mettre la tête au carré sans qu'elle n'ait beaucoup de chance de lui rendre la pareille et elle était pourtant restée campée sur ses positions.
« Tu as appris à lire où ? »
- À la garde... J'voulais monter en grade et pour ça, c'était un plus de savoir lire.
Il le savait bien, les chefs savaient lire... Les chefs étaient généralement des riches d'ailleurs et c'était aussi pour ça qu'ils savaient lire et écrire. Alors Dalor avait mis sa fierté dans sa poche et il avait demandé à apprendre. Mais il avait été renvoyé avant d'avoir terminé son apprentissage... Dalor enchaîna en s'étonnant une nouvelle fois qu'elle soit dans la garde alors qu'elle était une femme. Ca n'était pas tellement le fait qu'elle soit une femme qui le dérangeait, mais plutôt qu'elle ait choisit de prendre les armes ce qui était peut commun, voir même pas du tout habituel dans le peuple nain. Dalor avait entendu dire que ça se faisait d'avantage chez les elfes, et parfois chez les hommes, mais les nains veillaient sur leurs femmes et leurs enfants comme sur la huitième merveille du monde car ils étaient peu nombreux.
A voir la passion avec laquelle Ilhy lui répondit, s'emportant dans son discourt, elle aimait ce qu'elle était devenue, tant pi si cela faisait d'elle une marginale qui ne trouverait surement pas facilement à se marier. On avait beau dire que les nains aimaient les caractères bien trempés de leurs femmes, ils n'y en avait certainement beaucoup moins qui seraient prêt à en épouser une qui se comportait comme un homme et avait un travail jusqu'alors réservé aux hommes.
- Non... Tu aimes ce que tu fais, c'est tout à ton honneur et puis tu as raison d'être fier de qui tu es... Personne ne le sera à ta place.
Il avait envie de lui dire de se méfier de la loyauté qu'on apprenait pourtant aux gardes, mais il se retint. Ca n'était pas son rôle et il ne pouvait pas ouvertement mettre tous les gardes, nouveaux comme anciens, dans le même panier.
« D'où est-ce que tu es originaire ? Tes parents escortaient eux aussi des caravanes ? »
Ah, elle semblait vouloir en connaitre d'avantage à propos de son interlocuteur et c'était tout à fait légitime. Il ne voyait d'ailleurs aucun problème pour le lui dire, ça n'était pas un secret d'état et il n'avait pas honte de l'endroit d'où il venait.
- Je suis né à Ered Luin... Ma mère ne travaillait pas et mon père bossait principalement dans les mines... Il avait pas beaucoup d'ambition mon père... Et puis il aimait pas la violence... C'était un nain bizarrement calme et passe partout... Quand j'étais petit, on est venu ici... Et j'ai fait la connaissance de la garde royale... J'avais une quinzaine d'année...
C'était là qu'il avait décidé qu'il serait un des gardes quand il serait plus grand. Soixante ans plus tard, il avait touché son rêve du bout des doigts et en avait profité une petite dizaine d'année avant de le voir lui échapper parce qu'il avait le sang trop chaud et que Dwalin était plus fort que lui...
- Et toi ? De quel royaume tu viens ? T'es certainement pas née ici, parce que sinon, reniée ou pas, ils t'auraient jamais pris dans la garde s'ils avaient eut ton père sur le dos.
Sous-entendait-il que les gardes étaient lâches ? Peut-être, mais en tout cas, la garde devait obéir à son seigneur et Dalor imaginait difficilement un père reniant sa fille accepter qu'elle ne le déshonore encore plus en faisant partit de sa garde royale.
Parcouru pas mal de kilomètres ? Et il s'arrêtait là ? Ce nain n'était guère loquace, et sa manière plutôt simple de parler attisait plus encore la curiosité de la rousse. Comme si il prenait tout comme cela venait, sans se poser de questions, lui. Pourtant, il devait forcément s'en poser - ils étaient là, en face l'un de l'autre, à boire une bière plutôt qu'à se casser le nez. C'était un très bon revirement de situation. Il aurait pu s'en aller de façon indignée. Mais il avait accepté. Ilhy ressentait pour lui une espèce de reconnaissance bizarre, pour ne pas la traiter en petite chose fragile. Et, à dire vrai, le peu de choses qu'elle savait à présent sur lui forçaient son admiration.
« Jamais vu d'elfes non plus. Paraît que c'est tout grand, tout en os et en muscles. De longs cheveux, mais aucune barbe. Plutôt laid, quand on les décrit comme ça. »
Petit sourire malicieux. Les critères de beauté n'étaient les mêmes nulle part. Là où un homme aimera une femme plus ou moins poilue, avec plus ou moins de cheveux et de formes, un elfe devait avoir des sentiments plus ambigus vis-à-vis de la forme et des critères. Quant aux nains, ils aimaient leurs femmes bien en chair, avec un caractère d'acier ou doux et calme. Dans le fond, ce n'était pas d'un peuple à l'autre que cela variait, mais d'une personne à l'autre. Ilhy ne s'était jamais posé la question de ce qui lui plaisait ou non. Cela ne lui était jamais venu à l'esprit, et en réalité, étant donné qu'elle ne plaisait pas à grand monde, elle préférait garder cela pour plus tard. Si, un jour, elle finissait par se marier - ce qu'elle refusait ardemment encore à présent. La liberté s'arrêtait là où le nain prenait le pas sur la naine. Elle ne voulait pas d'un mari bougon qui lui ordonnerait de mettre des robes. La royauté était très à cheval là-dessus. Un mari noble, quoi de pire ? Quand elle voyait Kili et les responsabilités qui pouvaient lui échouer, elle en frissonnait d'horreur.
Le sourire de la rousse s'agrandit. Ainsi, ils avaient une amie commune ? Loin de s'en inquiéter, elle nota de poser beaucoup de questions à Raeryan sur ce nain-là. Le genre de questions qu'on ne pose pas en face, étiquette oblige. Rien de méchant, juste de quoi assouvir son besoin de curiosité insatiable.
J'sais pas si t'es faible, mais en tout cas t'as un sacré culot. Ilhy se stoppa à son tour comme un animal pris dans la torche d'une lueur, et jeta un regard à Dalor. Pour un peu, elle aurait rougi. Du culot ? Elle prenait cela pour un compliment. Elle se faisait un point d'honneur à être insolente, à remuer les foules et les gens, juste pour faire son petit effet. Pas exactement par égocentrisme, mais pour que les esprits s'habituent à l'état de fait : une naine qui aimait se battre et qui n'agissait ni docilement ni doucement. C'était ainsi, point barre. Elle toussota et maugréa un « merci » presque timide, qui tranchait avec le caractère très ouvert et exubérant de la demoiselle. Elle but une nouvelle gorgée pour se donner contenance.
« C'est vrai que ça aide. En temps de guerre, savoir lire les missives, ou pouvoir écrire et donner des informations à ses alliés est très utile. »
Elle lui souriait. D'une façon simple, très calmement, sans plus aucune once d'agressivité dans le regard. Pour une fois qu'elle ne courrait pas partout ou ne cherchait pas à prendre toute la place disponible dans l'attention. C'était une première. Son attention était totalement fixée sur Dalor, en face d'elle. Peut-être que ce n'était pas poli de le fixer comme ça, d'observer ses mimiques et ses traits, mais peu importait. On apprenait autant sur quelqu'un en le regardant bouger qu'en lui parlant ; elle avait appris ça à la Garde.
Cette fois-ci, elle rougit pour de bon et se cache derrière sa chope à présent vide. Elle ne pouvait même pas boire pour donner un certain aspect normal à cette scène. Ilhy détourna les yeux, en se mordillant la lèvre. Il avait raison. Si elle n'apprenait pas à être fière de ce qu'elle faisait et qu'elle attendait toujours que les autres le soient à sa place, elle ne serait jamais satisfaite. Elle ponctua la répartie du nain par un haussement d'épaules et un petit sourire enjoué. Sourire qui se fit bien plus doux et plus attendri quand il parla de la jeunesse de ses quinze ans. Ilhy l'imaginait, sans barbe, avec moins de cheveux, jeune, rêveur et optimiste. Il y avait peut-être eu un couac quelque part, mais pas niveau pilosité. Qu'est-ce qui avait pu le pousser à partir de la garde ? Avait-il trouvé quelque chose ? Une naine, peut-être.
« Quand on a quinze ans, la Garde doit paraître le rêve de tous. Mais je peux comprendre que tu en sois parti. Ce n'est pas forcément un monde où l'on reste. Tu es parti pour une naine ? Certains partent, par amour, en déménageant pour suivre leur belle. »
Simple supposition. Les questions revinrent sur elle et elle se mordilla la lèvre. Il avait vu juste, bien plus juste que certains ici ne l'auraient jamais fait et elle posa sa chope sur la table en s'adossant plus confortablement à sa chaise. La chaleur ne l'endormait pas mais lui donnait la sensation de prendre un bain sec toute habillée. Comme si on l'avait fourrée dans du coton tiède et doux.
« Je viens des Monts de Fer. J'ai bien essayé d'être embauchée là-bas, mais comme tu le dis, avec mon père à l'appui ... Ce n'est qu'un riche marchand noble, mais il a des influences. Heureusement, ses influences ne viennent pas jusqu'ici. »
Naïvement, la rousse ne croyait pas que son père pouvait l'atteindre. Il en était tout autre : Thorin et Dwalin avaient bel et bien échangé avec lui, et il avait finalement donné son accord en même temps que les deux autres nains. Ilhy le voyait comme un père trop responsable et trop directif. Elle ne s'imaginait pas à quel point il désirait qu'elle soit uniquement heureuse.
« Si t'es né ici, tu dois connaître pas mal de monde. Ne serait-ce que ta famille. Mais cela doit être étrange que de passer un bout de temps de sa vie à escorter d'autres gens, à voyager sans avoir d'attaches. Enfin, je suppose que tu n'en a pas vraiment. Les gens que tu escortent, ce sont des nobles ? »
Ilhy s'était soudain demandé si, par le plus grand de tous les hasards, il n'avait jamais escorté une caravane de son père. Elle hésita à demander : cela ne ferait-il pas trop vaniteux, trop intéressé ? Pourtant, la question lui brûla les lèvres et s'en échappa d'une voix douce.
« Sombrelande, dans les Monts de Fer. Tu connais cette famille ? »
Ils n'étaient pas les plus connus, mais pas insignifiants non plus. Notamment sa mère, qui poussait son père à des ambitions démesurées. Elle tentait par tous les moyens de s'approprier du pouvoir, naine horripilante et vénale. Ilhy la haïssait à valeur égale qu'elle aimait se battre. Elle pencha la tête sur le côté et repoussa ses cheveux roux d'un geste agacé.
« Si tu es déjà allé aux Monts de Fer, tu dois connaître ma mère. Rhéa Sombrelande. »
Pas de quoi être fière. Le ton était, non pas nostalgique, mais aigri, grinçant, presque grondant. Ilhy toussota et haussa les épaules d'un air faussement fataliste, avant d'avoir un sourire narquois. Elle se moquait d'elle-même, avant toute chose. Il fallait savoir se prendre au sérieux tout comme posséder de l'auto-dérision.
« On ne choisit pas sa famille. Ni qui on aime, je suppose, quand je pense à mon père. »
Elle haussa de nouveau les épaules, réalisant qu'elle ne cessait de dévier la conversation sur elle. On ne parle bien que de soi, après tout. Elle héla la tavernière et recommanda une bière en laissant Dalor commander si l'envie lui plaisait. Elle l'invitait, après tout, et elle ne serait pas fâchée d'en avoir pour son argent. La curiosité valait bien quelques piécettes d'argent.
« Alors, dis-moi. Quelles étaient tes armes favorites, quand tu étais à la garde ? Tu as une carrure forte et puissante. Je dirais bien la hache ou le marteau, sans trop m'avancer, mais peut-être que tu vas me surprendre. »
Comme si elle l'invitait presque à le faire. A lui avouer que, non, il se battait à la fronde, à poings nus, ou avec des ratons laveurs morts. Bon. La dernière solution était surprenante de façon bizarre, mais étonnante quand même. Elle lui sourit de par-derrière sa chope de nouveau pleine et but une gorgée, le regard luisant et amusé posé sur lui.
Sans en avoir l'air, Dalor était à la fois surpris et soulagé devant la réaction d'Ilhy. Soulagé parce qu'elle n'avait pas mal pris sa petite remarque à propos de son culot et surpris parce qu'elle semblait réellement l'avoir pris comme un grand compliment alors qu'il avait simplement parlé plus vite qu'il n'avait pensé, encore une fois. Mais à la réflexion, s'en était bien un... Dalor avait juste de la chance d'avoir une naine en face de lui, parce qu'elle avait compris... Un homme ou un elfe n'aurait peut-être pas pris les choses de la bonne façon... Enfin bref, elle ne savait plus où se mettre et le petit "merci" à peine murmuré qu'elle avait sortit en était la preuve flagrante.
Sa gène ne dura pas bien longtemps cependant comme Dalor enchaînait, répondant à sa question à propos de la lecture et du pourquoi il avait voulu apprendre, même à un âge déjà avancé. C'était bien connu, plus on apprenait jeune et plus il était facile d'enregistrer ce qu'on apprenait.
Au fil de la conversation qui se faisait curieusement facile et fluide pour deux inconnus qui étaient à deux doigts de se taper dessus à peine une heure plus tôt, Dalor réussit à lui faire un peu parler d'elle et de son parcours. Puis il lui fit remarquer qu'elle ne devait pas craindre de s'emporter quand elle parlait de ce qu'elle avait accompli, parce qu'il fallait être fier de soit... Elle avait l'air plutôt d'accord s'il pouvait en juger par l'air gêné qu'elle arbora encore avant de le questionner à son tours sur son passé.
Le nain répondit sans se faire prier, ne rentrant pas trop dans les détails comme à son habitude, mais pour ce qui était de son enfance plutôt solitaire, il n'avait vraiment pas grand chose d'intéressant à en dire. Quant à son passage dans la garde... Il préférait ne pas en parler plus que ça... Ne pas ruminer le passé... Un conseil de Raeryan qu'il se devait de suivre au mieux pour ne pas sombrer une nouvelle fois.
« Quand on a quinze ans, la Garde doit paraître le rêve de tous. Mais je peux comprendre que tu en sois parti. Ce n'est pas forcément un monde où l'on reste. Tu es parti pour une naine ? Certains partent, par amour, en déménageant pour suivre leur belle. »
Le pauvre Dalor n'aurait pas dût profiter qu'elle prenne la parole pour vider sa bière car au moment où elle supposa qu'il avait peut-être quitté la garde pour l'amour d'une naine, il recracha tout dans un bruit de trompette en ayant tout de même le réflexe de tourner la tête pour que ça ne lui atterrisse pas en plein visage.
- Désolé. Lança-t-il à la serveuse qui s'était précipité avec un chiffon pour éponger. Laissez je vais le faire.
De toutes façons, il ne lui avait pas laissé le choix puisqu'il lui avait carrément pris son torchon des mains avant de se mettre en devoir de réparer ses bêtises. Cela lui permis de reprendre un minimum de contenance avant de répondre à Ilhy.
- Pour une naine... J'ai l'air d'un nain marié ?! J'suis partit parce que j'ai été blessé... Ca a pris du temps pour guérir et après... Disons que j'ai surement trop gueulé pour envisager la possibilité qu'ils me reprennent.
Gueulé et frappé aussi... Et puis il ne se serait pas vu retourner travailler aux côté de Dwalin sans essayer de lui tordre le cou... De toutes façons, avec sa faiblesse, il n'était plus apte à être un membre de la garde royale, même s'il aurait eut une chance, il ne pouvait pas envisager de partir à la bataille en ayant toujours peur de perdre son bras. Afin de ne pas continuer sur ce sujet qui le mettait encore mal-à-l'aise, Dalor demanda finalement à Ilhy de quel royaume elle venait exactement. Il connaissait les sept royaumes des nains, que ce soit de nom ou parce qu'il y avait déjà accompagné des caravanes, mais il restait généralement dans son coin et ne faisait ami-ami avec personne.
« Je viens des Monts de Fer. J'ai bien essayé d'être embauchée là-bas, mais comme tu le dis, avec mon père à l'appui ... Ce n'est qu'un riche marchand noble, mais il a des influences. Heureusement, ses influences ne viennent pas jusqu'ici. »
Mouais... ou peut-être que si... Les nains étaient tous plus ou moins cousins, particulièrement dans les familles nobles... Alors aussi éloignés que soient les monts de fer, il y avait des chances pour que son paternel ait des amis ou de la famille dans le coin... En plus, Baìn l'avait déjà envoyé plusieurs fois jusque de l'autre côté de la terre du milieu pour affaire...
« Si t'es né ici, tu dois connaître pas mal de monde. Ne serait-ce que ta famille. Mais cela doit être étrange que de passer un bout de temps de sa vie à escorter d'autres gens, à voyager sans avoir d'attaches. Enfin, je suppose que tu n'en a pas vraiment. Les gens que tu escortent, ce sont des nobles ? »
Dalor haussa les épaules. Il ne s'intéressait pas vraiment aux autres et ne ressentait aucune curiosité à leur égards. Pour lui, c'était le travail, et il ne souhaitait pas vraiment mélanger le travail et la vie de tous les jours. Il avait besoin de garder son petit temps de solitude.
- C'est des marchands... Riches ou pas, j'en sais rien mais vu les marchandises que certains transportent, je suppose qu'ils sont plutôt riches... Ils passent par Baìn pour réclamer la protection d'une escorte... Moi je règle les détails avec lui et pendant les voyages, je m'intéresse pas vraiment à eux... Juste au fait qu'ils restent en vie et entiers.
Elle le questionna ensuite sur une famille, les Sombrelande... Elle voulait savoir s'il connaissait, mais à bien y réfléchir, il ne pensait pas que ça soit le cas... Ou alors il avait bel et bien escorté une caravane de cette famille et n'avait simplement pas fait attention au nom. C'était possible, tout comme il était possible qu'il ait déjà entendu ce nom dans une conversation sans pour autant juger nécessaire de le retenir. Il se contenta donc de hausser les épaules tout en faisant un signe négatif de la tête, signe que ça ne lui disait rien.
- J'suis déjà allé jusqu'au royaume du seigneur Dàin.. Mais le nom ne me dit rien... Mais bon ça veut rien dire, si ça se trouve je les ait déjà vu et je m'en souviens plus... J'fais pas vraiment attention à ça...
Dalor avait plus de faciliter à se souvenir de ceux qui l'enquiquinaient ou lui créaient des problèmes parce qu'il se faisait un devoir de bien enregistrer leur visage dans sa mémoire histoire de se méfier la prochaine fois qu'il aurait à les croiser.
« On ne choisit pas sa famille. Ni qui on aime, je suppose, quand je pense à mon père. »
Il y avait un dicton qui disait qu'on choisit ses amis mais pas sa famille et c'était vrai, même si Dalor ne l'avait pas forcément ressortit comme il était dit habituellement. Mais parfois, à son sens, on pouvait se créer sa propre famille de coeur et en souder des liens bien plus fort qu'avec celle du sang.
- On est pas obligé d'aimer sa famille... Moi j'avais que mes parents et ils sont morts depuis longtemps... L'avantage que j'ai, par rapport au sang bleu, c'est que si je me marie un jour, personne ne m'aura imposé celle que j'épouserai...
Et dans le fond, c'était aussi vrai pour Ilhy puisque son père l'avait reniée, il ne pouvait plus prétendre a avoir le moindre droit sur elle... Enfin ça c'était la logique simple et efficace de Dalor qui ne s'encombrait pas de questions et faisait au plus rapide et pratique pour ne pas avoir à trop se prendre la tête.
« Alors, dis-moi. Quelles étaient tes armes favorites, quand tu étais à la garde ? Tu as une carrure forte et puissante. Je dirais bien la hache ou le marteau, sans trop m'avancer, mais peut-être que tu vas me surprendre. »
Dalor ne pouvait manier ni la lance ni l'arc correctement depuis qu'il avait été blessé au bras. Dans l'impossibilité d'avoir autre chose, il pourrait éventuellement s'en servir, mais il n'aurait pas été très efficace car il avait bien moins de forces qu'avant dans le bras gauche, même si sa musculature disait le contraire.
- Je manie la hache et l'épée... Et sinon... Je prend ce qui me tombe sous la main ou même juste mes poings... Parfois un bon coup de genou bien placé est tout aussi efficace....
Dalor n'était pas franchement de ceux qui tenaient absolument à respecter les règles et le choix des armes, pour lui, tout était bon si ça pouvait lui permettre de sauver sa vie.
- Toi tu manies la lance, c'est pas courant en dehors des batailles... Tu porte la hache aussi ?
Une naine avec une hache à la main, ça devait donner un sacré spectacle quand même.
Ilhy avait innocemment fait référence à une possible naine. Après tout, Dalor semblait plus âgé qu'elle, et la plupart des nains qui étaient plus vieux qu'elle était marié. Alors quand elle l'entendit et le vit recracher sa bière, elle haussa très haut les sourcils, estomaquée, avant de se retenir de rire, ses épaules bougeant alors qu'elle cachait son sourire. Elle l'observa essuyer la bière, retenant son hilarité comme elle pouvait. Elle reprit ses esprits en quelques secondes, mais en tout cas, rien que pour voir la surprise si grande qu'il avait expulsé sa bière, sa question valait la peine.
« Bah écoute j'en sais rien. Les nains mariés ont l'air de quelque chose de spécial ? Je vois pas pourquoi tu l'aurais pas été ... Et puis ... Les bagarres à la Garde sont régulières. Après, c'était il y a quelque temps d'après ce que j'ai compris. Peut-être que ... si tu avais envie ... je sais pas, de revenir ... ? »
L'idée d'avoir un camarade comme lui était tentante, mais la rousse ne pouvait se douter de ce qui s'était passé. Elle ne cherchait pas à fureter, et elle se disait même qu'elle aurait pu plaider en sa faveur. Il avait l'air honnête, il était rigolo et amical, bien qu'un peu bourru. Bizarrement, il lui sembla qu'il aurait pu faire une sacré paire avec Dwalin. Deux gros ours côte à côte. L'image avait de quoi effrayer les plus jeunes, mais cela lui plaisait. La conversation suivait son cours sans que ni l'un ni l'autre n'ait besoin de se forcer à trouver un sujet, et c'était agréable de parler comme ça, sans avoir besoin de faire attention à ce que l'on disait de peur d'être jugé.
« Les caravanes sont souvent attaquées ou pas ? Je suppose que les nobles - ou les marchands en tout cas, nobles ou non - que tu escortes ont tendance à te laisser gérer quand il y a un pépin. Tu as déjà combattu des Orcs ? »
Pour Ilhy, la noblesse telle qu'elle la connaissait, hormis de rares nains de sa connaissance, était connue pour laisser faire autour d'elle. Ou bien elle jaillissait dans les combats pour mieux montrer ses belles armures, ses belles armes. Son oncle avait été comme ça - avant d'être tué. C'était ridicule, ce besoin constant de montrer le faste et l'opulence à tous, d'une manière ou d'une autre. Elle n'aimait pas ça. La suite la surprit agréablement : il n'avait pas l'air de connaître sa famille. Bien ! Un bon point pour elle et pour lui.
« Et à quoi tu fais attention ? Au danger ? A leur intégrité ? Et en dehors de tes missions, tiens, il y a autre chose qui t'intéresses que de renverser les bières des braves naines qui se font passer pour des nains ? »
Elle le taquinait, avec un petit sourire espiègle. Elle s'intéressait, comme on peut s'intéresser à quelqu'un dont on ne connait rien. Qu'est-ce qu'il aimait ? Qu'est-ce qu'il détestait ? Autant d'informations qui pouvaient se révéler aussi utiles qu'intéressantes. En tout cas, les paroles qu'il formulait faisaient écho dans le coeur de Ilhy qui resta pensive quelques secondes, réfléchissant aux mots sur la famille. Elle finit par hocher la tête.
« Il serait parfois plus simple de pouvoir choisir ses origines. Mais je me suis effectivement trouvé une seconde famille ici. Assez peu de gens savent que je viens d'une famille noble, et c'est très bien. Je ne suis plus noble. Mon sang n'est pas bleu. Et je suis libre. Libre de choisir de me marier ou non. Il semblerait que ce soit vu d'un mauvais oeil si j'en venais à finir vieille fille. Mais mon comportement a de quoi rebuter n'importe quel nain. »
Elle eut un petit rire. Elle avait longtemps envié la liberté des autres. On l'avait quasiment forcé, étant petite, à choisir un parti. Elle avait refusé - refusé de se marier à son cousin Réhur, refusé de se marier à ses prétendants qui cherchaient à avoir la main mise sur une naine au caractère entier ou sur sa fortune. Elle avait refusé, parce qu'elle préférait ne pas se marier du tout. Ces derniers temps, cette conviction commençait à s'estomper : il lui arrivait de se dire que, peut-être, un jour ... Mais elle ne se faisait pas d'illusions. Comme l'avait dit Dalor, une naine qui se bat c'était exceptionnel. C'était aussi étrange, et beaucoup de ses comparses ne voyait en elle qu'un rouage tordu de a société. Elle n'était pas attirante et n'avait jamais souhaité l'être. Trouver un mari n'était pas sur sa liste d'objectifs. Et ça, peu de gens le comprenait. Par contre, elle saisissait avec lucidité l'envie de Dalor de choisir celle qui partagerait sa vie, plutôt qu'on ne lui impose.
Elle écouta avec attention la réponse de Dalor et son sourire s'accentua un peu. La hache, hein ? Elle l'aurait parié. Elle eut même un petit rire en imaginant le genre de baston naine. Celle où tout ou n'importe quoi peut servir d'arme et où, en dernier recours, le crâne, la main, le genou peuvent servir à assommer ou à faire mal. Tout était bon dans une telle rixe pour prendre le dessus. C'était assez bestial, mais très salutaire pour les tensions.
« J'ai appris à manier la hache, oui, mais ce n'est pas mon arme favorite. Je n'ai pas assez de force. Les coups que je porte ne sont pas aussi puissants que ce que je pourrais espérer. La lance, par contre, est l'extrémité de mon corps. L'épée aussi. Et l'arc. Je me débrouille pas mal au corps à corps avec mes poings. Mais c'est parce que mes adversaires ont peur de me faire mal ou de tomber sur quelque protubérance femelle qu'ils ne désirent pas sentir. »
Elle eut un ricanement. Combien de fois avait-elle profité du moment d'hésitation d'un nain la saisissant et faisant attention à ne surtout pas frôler la poitrine qui se cachait sous le tas de fourrure et de mailles pour les balayer et les mettre à terre ? Pourtant, elle n'en avait aucune satisfaction. Au-dehors, contre de vrais ennemis, qu'elle soit une naine ou non n'aurait aucun impact.
« Les coups en douce, j'ai appris ça toute seule. Mais parfois, ça permet de sauver une vie ou de surprendre un adversaire. C'est toujours ça de pris. »
Elle se demanda curieusement si elle aurait réellement eu la moindre chance face à Dalor. L'aurait-il sous-estimée ? Peut-être pas. Elle ne savait rien de sa blessure et de sa faiblesse, mais elle savait que tout un chacun possède un point douloureux qu'il est facile de frapper. Pour les nains, cela se situait en dessous de la ceinture. Bien entendu, elle s'en serait voulu d'en arriver à telles extrémités avec lui, mais si ils en venaient aux mains, elle n'hésiterait pas. Comme lui, de toute évidence - cela aurait pu être un combat assez excitant, dans le fond. Elle ne doutait pas qu'il se battrait comme un lion, avec férocité et ténacité.
« Je suppose que tu es de repos : tu viens de finir une escorte ? Tu es là pour longtemps, ou tu reprends bientôt la route ? »
Cela aurait pu ressembler à un interrogatoire, mais encore une fois, elle ne faisait que s'intéresser. Elle voulait aussi savoir, innocemment, si elle pouvait le recroiser par la suite et l'inviter à boire un nouveau verre. Pourquoi pas avec Raeryan, tiens. La naine serait peut-être ravie de retrouver Dalor ?
Ne souhaitant pas exposer ses faiblesses tout de suite, Dalor ignora tout simplement la proposition d'Ilhy tendue comme une perche. Revenir ? Non... S'il devait réellement y réfléchir, il ne pourrait pas revenir pour plusieurs raisons. Mais la principale était surtout ses propres craintes que tout recommence et également le fait qu'il ne pourrait plus faire confiance à un membre de la garde en combat. Avant, il aurait mis sa vie entre les mains de n'importe lequel de ses collègues, mais maintenant, il en était incapable. Sa vie, il ne la confiait qu'à lui-même... Même Raeryan n'aurait pas le droit de l'avoir, sait-on jamais, elle pourrait essayer de le rendre sociable et sympathique.
« Les caravanes sont souvent attaquées ou pas ? Je suppose que les nobles - ou les marchands en tout cas, nobles ou non - que tu escortes ont tendance à te laisser gérer quand il y a un pépin. Tu as déjà combattu des Orcs ? »
Elle n'avait vraiment pas la noblesse dans son estime... Mais après tout, elle était bien placée pour juger parce qu'elle en avait fait partit, elle avait grandit dans ce milieu là et dans de telles conditions, c'était toujours plus facile de connaitre la face cachée...
- Ca dépend des endroits... Et les marchands ne sont pas des guerriers, on ne peut pas le leur reprocher et puis entre nous, si c'est pour qu'ils me créent plus d'ennuis qu'autre chose, je préfère qu'ils me laissent gérer... Et oui, j'ai déjà combattu orcs, gobelins et Warg... Mais là c'est plus compliqué.
Dalor avait la malchance d'être allergique aux poils de warg et de s'en être rendu compte alors que la caravane se cachait d'un petit groupe d'orcs les chevauchant en quête de pillages... La conversation se continuant à propos d'une famille qui était sans nul doute celle d'Ilhy, Dalor lui confia ne pas vraiment faire attention aux noms des gens ni même à leur fortune ou leur rang social, il n'était pas un nain intéressé par ce genre de gloire basée sur la richesse et la possession. Dans sa jeunesse, il aurait put, mais tomber plus bas que terre lui avait fait voir bien nombre de choses sous un angle différent.
A quoi faisait-il attention ? A remplir correctement son contrat, donc à amener d'un point A à un point B tout ce qu'il avait à transporter et sans que ça ne soit abîmé au passage. Cela comprenait donc les marchands et leurs marchandises. Et au retours, lorsque Baìn ne désirait pas échanger ses ventes, il faisait également attention à l'argent qu'il surveillait lui-même nuit et jour. Personne n'a jamais prétendu que les marchands étaient forcément honnêtes...
- Je fais ce pour quoi on me paie... Savoir qui je protège n'a que peu d'importance... Du moment que je le fais bien.
En ce qui concernait ses autres loisirs, il en avait bien un, mais il le gardait pour lui celui là... Dalor aimait à tailler des perles... Sans grandes raisons, sans occasion particulière et même sans idées précise pour ce qu'il en ferait par la suite... Généralement, il les revendait en prétendant les avoir acheté ailleurs lorsqu'on lui demandait d'où elles venaient.... Parfois, et au minimum une fois par an, il en offrait une à Raeryan, témoignage de sa gratitude pour tout ce qu'elle avait fait et continuait à faire pour lui.
Mais le taillage et la décoration de petites perles ornementales n'étant pas une activité pouvant être qualifiée de virile, Dalor ne le disait à personne et Raeryan elle-même ne savait pas qu'il était le créateur de chaque perle qu'il lui avait offert ces 20 dernières années... Ne voulant pas risquer de réveller son secret, il laissa donc la conversation se continuer, chose aisée car elle semblait bien curieuse la demoiselle.
« Il serait parfois plus simple de pouvoir choisir ses origines. Mais je me suis effectivement trouvé une seconde famille ici. Assez peu de gens savent que je viens d'une famille noble, et c'est très bien. Je ne suis plus noble. Mon sang n'est pas bleu. Et je suis libre. Libre de choisir de me marier ou non. Il semblerait que ce soit vu d'un mauvais oeil si j'en venais à finir vieille fille. Mais mon comportement a de quoi rebuter n'importe quel nain. »
Vaguement sceptique quant à la fin de sa réponse, Dalor ne pouvait s'empêcher de penser qu'il devait bien y avoir au moins un nain que ça ne dérangerait pas tant que ça puisqu'il paraissait qu'ils étaient fait pour aller par deux... Mais effectivement, les naines ne se mariant pas étaient fort rares puisqu'elles étaient peu nombreuses et qu'il fallait bien faire perdurer l'espèce...
- Si le nain en question t'aime réellement, alors il acceptera que tu fasses partit de la garde et que tu t'habilles comme un homme... Après tout ce ne sont que des vêtements...
Bon, il n'irait pas jusqu'à porter une robe pour le prouver, mais l’habit ne faisait pas le moine... Mais il comprenait aussi l'absence d'envie de se marier d'Ilhy, lui même n'en n'avait encore jamais ressentit le besoin ou l'envie... Il ne regardait que peu la gente féminine, même s'il lui arrivait de trouver certaines femmes naines très belles, ça n'était pas au point de s'imaginer leur faire la cours et les marier...
La conversation dériva totalement sur les armes et Dalor se sentit nettement plus à son aise sur le sujet. L'amour, les sentiments tout ça, il ne connaissait pas et il n'était même pas sur qu'il les reconnaîtrait s'ils se décidaient à venir l'habiter un jour.
« J'ai appris à manier la hache, oui, mais ce n'est pas mon arme favorite. Je n'ai pas assez de force. Les coups que je porte ne sont pas aussi puissants que ce que je pourrais espérer. La lance, par contre, est l'extrémité de mon corps. L'épée aussi. Et l'arc. Je me débrouille pas mal au corps à corps avec mes poings. Mais c'est parce que mes adversaires ont peur de me faire mal ou de tomber sur quelque protubérance femelle qu'ils ne désirent pas sentir. »
Ne surtout pas baisser les yeux... Naturellement, Dalor avait bien compris de quelle protubérance elle parlait exactement. Mais pour tout avouer, il se demandait réellement si on sentirait quoi que ce soit à travers ses vêtements, sa cotte de maille et sa fourrure qui la camouflaient bien... Naturellement, il n'avait pas dans l'idée de tester non plus... Et à la réflexion, ça lui aurait surement fait tout drôle de sentir des bosses là où un homme n'était pas sensé en avoir si jamais ils avaient réellement été jusqu'aux mains un peu plus tôt.
« Les coups en douce, j'ai appris ça toute seule. Mais parfois, ça permet de sauver une vie ou de surprendre un adversaire. C'est toujours ça de pris. »
En bataille, c'était comme à la vie, tous les coups étaient permis, surtout s'ils te permettaient de ne pas passer l'arme à gauche... Dalor n'était pas partisan du fair-play lorsqu'il se battait, pour lui, c'était la loi de la jungle, Comme pour l'échelle allimentaire : priorité à celui qui peut bouffer l'autre... Alors s'il fallait qu'il bouffe du nain pour ne pas se faire bouffer, il le ferait (il ne valait mieux pas l'avoir près de sois en cas de gros pépin...)
« Je suppose que tu es de repos : tu viens de finir une escorte ? Tu es là pour longtemps, ou tu reprends bientôt la route ? »
Dalor eut un sourire amusé. Elle ne lui laissait même pas le temps de répondre qu'elle pausait déjà une autre question... D'un certain côté, ça trahissait sa jeunesse car seuls les enfants agissaient de la sorte. Mais c'était une attitude plus amusante qu'agaçante alors il ne lui fit pas de remarque quant à son comportement. En plus, étant ce qu'il était, il aurait été bien mal placé pour s'en plaindre.
- J'suis rentré d'Ered Luin hier soir et Baìn ne m'a pas parlé d'un autre voyage... Il me fera signe quand il aura besoin de moi... Alors j'suis en repos pour un temps indéterminé...
De toutes façons, il n'avait aucune attache alors il pouvait bien partir du jour au lendemain sans se soucier d'avoir à prévenir quelqu'un... Parfois, quand il était prévenu assez longtemps à l'avance, il allait prévenir Raeryan pour lui demander si elle avait besoin qu'il profite de la route pour lui rapporter quelques plantes ou autres ingrédients médicinaux au passage. Mais parfois, il était prévenu la veille au soir pour partir tôt le lendemain alors il n'avait pas la possibilité de prévenir qui que ce soit.
- Et toi ? Tu es en permission ?
Finalement, les tours de garde c'était un peu comme les escortes de caravanes, tu ne choisissais pas quand il fallait les faire et entre chaque tours, tu cherchais à t'occuper hors de chez toi.
Elle bavassait assez pour ne pas noter qu'il n'avait pas répondu à sa question. Et puis, c'était son droit. Elle fouillait un peu trop, parfois, et les gens n'appréciaient pas. Au moins, Dalor ne l'envoyait pas sur les roses. Il était sympa, pour un mec bourru : intéressant, il arrivait à aiguiller la curiosité de Ilhy en la satisfaisant un minimum. Il répondait à ses questions et il se montrait à son tour curieux. Ce qui en faisait, aux yeux de Ilhy, quelqu'un d'un minimum sociable. Son côté franc et direct était également très apprécié par la rousse, qui avait hâte de découvrir les limites, les tenants et les aboutissants de tout cela. Elle devinait que cela pouvait se révéler très drôle. En tout cas, il avait affronté du vrai danger, pas quelques orcs perdus qu'elle avait elle-même tué. Cette histoire l'avait embêté. Et puis, Fili avait failli - non, en fait il en avait eu - avoir des ennuis à cause d'elle. Cela commençait à dater, mais elle n'oubliait pas ses erreurs. Elle espérait s'être rattrapée depuis. C'était quelque chose dont elle ne tenait pas à parler. Et y penser la mettait mal à l'aise, lui donnait mal au ventre et au coeur. Elle noya ses souvenirs dans la boisson.
« Sérieux ? Wow. J'aimerai bien pouvoir moi aussi partir un peu d'ici, mais avec mon rôle de garde, c'est difficile. Je n'ai jamais vu de Warg, ils sont aussi féroces et superbes qu'on le dit ? Je suppose que ce qu'on raconte sur eux et quand on en a un tout près, ce n'est pas la même chose. Paraît qu'ils ont des yeux jaunes et fendus, qu'ils sont gigantesques et que les orcs en montent parfois ? »
La jeunesse permettait de voir la beauté dans le danger. Pourtant, Ilhy avait depuis quelques temps compris que le danger, c'était juste des risques et la mort. Elle se souvenait de cette mission au-dehors organisé avec le jeune prince. Des sentiments qu'elle avait cru avoir pour Fili, des nains qui étaient morts dans l'embuscade, de la blessure du prince et de leur baiser. Cela semblait remonter à des siècles, et elle avait depuis compris que Fili n'était qu'un frère d'arme, et non pas quelqu'un qu'elle aimait, même si elle l'avait cru. Elle avait espéré ressentir ce fourmillement dans le ventre dont on lui parlait, quand on lui racontait l'amour. Dans le fond, elle n'était jamais tombée amoureuse, et elle avait fait ce jour-là plus d'une erreur. Elle s'en mordait encore les doigts.
Un nain loyal, sur qui on pouvait compter, en somme. Il n'avait pas vraiment répondu par rapport à ses loisirs, aussi n'insista t-elle pas. Peut-être était-ce trop intime, ou qu'il préférait ne pas en parler, ou qu'il n'en avait pas. Elle-même, après tout, commençait seulement à s'intéresser à autre chose qu'au combat. Raeryan avait fait naître chez elle l'envie d'apprendre la couture et la médecine douce, celle des herbes. Elle s'était mise à lire autre chose que d'obscurs bouquins sur la guerre, et s'intéressait enfin à la géographie et aux différents peuples. Après, elle ne faisait rien de ses mains, par contre, elle apprenait à jouer de la musique. Notamment d'un petit ocarina de terre cuite, dont elle tirait surtout des notes dissonantes pour le moment. Rien de glorieux.
La question du mariage et de l'amour était délicate. Le nain en face d'elle n'était pas marié, elle ne l'était pas, et elle se demanda si l'un ou l'autre y connaissait quoi que ce soit là-dessus. Elle fit une moue pensive et plissa les yeux. Moui, elle y croyait moyen, le coup du : si un nain t'aime, il t'aime pour toi, blablabla. Il avait raison, ça ne restait que des vêtements, mais au-delà de ça, il y avait le comportement. Elle soupira un peu.
« Moui. Je suppose. Encore faudrait-il qu'il n'ait pas peur de se faire battre par moi. »
Elle s'était promis, plus jeune, de ne se marier qu'avec un nain capable de la battre au combat. Cela lui promettait quelqu'un de plus fort qu'elle, capable de respecter la guerrière et la naine. Mais c'était idiot, et peu de nains appréciaient de voir une naine avec des armes. Du moins, d'imaginer qu'elle pourrait être leur femme. Elle s'en fichait, de toute façon. En attendant, lancer des choses aussi indécentes était très rigolo et égayait son quotidien. Elle se demandait ce à quoi il pouvait bien penser. Elle aurait donné cher pour connaître ses pensées face à sa réflexion. En tout cas, cela ne l'arrêta pas dans ses remarques et ses interrogations.
« Je vois. Du coup tu ne sais pas quand tu repartiras .... Moi ? On peut dire ça. J'ai été de garde cette nuit, et j'ai fini mon entraînement de ce matin. J'allais rentrer chez moi me reposer quand on s'est ... disons, rencontré. Mais je ne suis plus du tout fatiguée maintenant. »
Elle fit un petit sourire malicieux. C'était une espèce de compliment, dans le fond : il était assez intéressant et intriguant pour chasser toute fatigue du corps de Ilhy. Bon, les courbatures, c'était une autre histoire, mais elle ne demandait pas mieux que d'apprendre à le connaître.
« Alors comme ça, tu connais Rae ? C'est amusant. Je vis à côté de chez elle. Nous sommes très amies. Elle t'a donc aidé, je suppose, avec une blessure ? Vous vous connaissez bien ? Depuis longtemps ? »
Oui, Ilhy était très curieuse vis à vis de cela. C'était également pour noter si Raeryan saurait répondre à ses autres questions par rapport à Dalor. Elle souriait d'un air innocent. Elle se demandait soudain si il était possible que Raeryan lui ai caché quelque chose par rapport à un nain comme Dalor. Après tout, Raeryan n'était pas mariée et peut-être que ... L'imagination de Ilhy commençait déjà à s'activer ridiculement.
« En tout cas, je n'aurai jamais cru passer une matinée aussi intense. Quand je me dis qu'il n'y a plus grand chose d'amusant dans le coin, et voilà que tu débarques. Par Mahal, je suis bien contente. Il n'aurait manqué qu'une petite bagarre pour parfaire le tout, mon mignon. »
Large sourire. Ca faisait longtemps. Elle s'amusait beaucoup, et la situation était excitante pour Ilhy. Elle continuait de se demander si elle aurait eu une chance face à lui. Mais si elle combattait sans souci les gardes, un nain comme ça ... Elle fit signe de la main à certains gardes qui entrèrent et s'installèrent plus loin pour les saluer, et re-concentra son attention sur Dalor.
« Je vois. Du coup tu ne sais pas quand tu repartiras .... Moi ? On peut dire ça. J'ai été de garde cette nuit, et j'ai fini mon entraînement de ce matin. J'allais rentrer chez moi me reposer quand on s'est ... disons, rencontré. Mais je ne suis plus du tout fatiguée maintenant. »
C'était amusant dans le fond quand on savait que Dalor s'apprêtait aussi à renter tranquillement chez lui quand ils s'étaient percutés... Lui, ça n'était pas par fatigue, juste par ennuis. Il n'avait rien de précis à faire et rien ne l'avait intéressé en particulier à ce moment là, jusqu'à ce que Ilhy mette un peu d'ambiance dirons nous.
« Alors comme ça, tu connais Rae ? C'est amusant. Je vis à côté de chez elle. Nous sommes très amies. Elle t'a donc aidé, je suppose, avec une blessure ? Vous vous connaissez bien ? Depuis longtemps ? »
Dalor confirma d'abord d'un signe de tête, oui il connaissait Raeryan et naturellement elle l'avait aidé avec une blessure parce que dans le cas contraire, il ne pensait pas qu'ils auraient été amenés à se rencontrer tout les deux. Dalor était bien réputé pour être une sorte d'homme des cavernes mal léché alors peu de personnes avaient envie de venir l'enquiquiner au risque de se faire vertement envoyer sur les roses, que ce soit parce qu'il était mal luné ou parce qu'il voulait simplement être seul.
- Ca fait plus de vingt ans maintenant... Elle m'a sauvé la vie. Avoua-t-il finalement.
Dans ses yeux noirs, on pouvait aisément lire le profond respect qu'il éprouvait pour la naine infirmière. Certes, il n'avait pas eut la vie en danger à cause de sa blessure, mais sans elle, il serait surement mort de faim ou à cause d'un trop plein d'alcool depuis longtemps... Alors c'était tout comme et même s'il l'en avait maudite à l'époque, à présent, il lui en était fort reconnaissant.
« En tout cas, je n'aurai jamais cru passer une matinée aussi intense. Quand je me dis qu'il n'y a plus grand chose d'amusant dans le coin, et voilà que tu débarques. Par Mahal, je suis bien contente. Il n'aurait manqué qu'une petite bagarre pour parfaire le tout, mon mignon. »
- Ca peut toujours s'arranger si tu continues à m'appeler comme ça gamine
Vengeance !
Une fois de plus, c'était sortit tout seul, du tac au tac... Il la vit saluer quelqu'un et jeta simplement un coup d'oeil le temps de se rendre compte qu'il s'agissait d'autres gardes. Surement des collègues ou des amis à elle, qui sait. Lui, il ne s'encombra certainement pas d'être poli et se contenta de les ignorer royalement.
- En ce qui concerne les Wargs... Oui, ils on les yeux jaunes et ils sont bien deux fois plus haut que moi... Certains ont une musculature impressionnantes, d'autes ressembles à de vieilles charognes décrépies... Les mâles dominés je suppose... En tout cas c'est une saloperie à abattre... Ils pourraient bien te manger toute crue d'un seul coup de crocs...
Et lui aussi surement s'il leur en laissait le temps... Mais pour un nain allergique aux wargs, ce serait un comble de mourir dans l'estomac de l'un d'entre eux.
- Et oui, certains se laissent monter par des orcs et des gobelins... J'imagine qu'ils y trouvent leur compte chacun de leur côté...
Dalor se tut un instant avant de regarder Ilhy avec curiosité puis d'oser demander presque aussitôt.
- T'es déjà sortie de la montagne depuis que tu es arrivée ici toi ? Qu'est-ce que tu as déjà combattue ? Moi, je me suis battu plein de fois, mais je n'ai jamais fait la guerre encore... J'aurai voulu partir à la bataille pour la Moria... mais j'étais trop jeune, ils voulaient pas de moi.
Il aurait pût y aller quand même remarquez... Mais à l'époque il était encore assez intéressé par l'idée d'intégrer la garde et d'y gravir les échelons pour ne pas enfreindre ouvertement les ordres.
Vingt ans. Cela semblait énorme à Ilhy. Elle avait dépassé les soixante-dix ans, et pour sa race, vingts années n'étaient pas si extraordinaires que cela, pourtant, Ilhy se demandait quel sentiment on pouvait garder de connaître quelqu'un depuis aussi longtemps. Puis elle réalisa que son cousin, que ses amis, elle les connaissait depuis un paquet d'années aussi. Le temps passait plus vite qu'elle n'y pensait. Par réflexe, elle tenta de donner un âge à Dalor : il ne semblait pas vieux, mais il devait bien avoir une trentaine d'années de plus qu'elle. Une broutille chez les nains. Ilhy remarqua cependant l'admiration limpide dans les yeux du nain. Le genre d'émotion qu'on ne pouvait pas rater. Elle cligna stupidement des yeux puis les baissa pour regarder sa chope. Elle comprenait l'émotion car elle la partageait.
« Tout à fait son genre de faire ça. Sauver les gens, les aider, que ce soit avec leurs blessures ou par les paroles, par les actes. Tout à fait son genre oui.»
Elle avait dit ça avec affection. Elle ne connaissait pas Raeryan depuis très longtemps, mais elle l'affectionnait particulièrement. Elle jouait le rôle de mère et de confidente, et elle avait remplacé la haine farouche de Ilhy pour les naines par une sorte de compréhension mâtinée de curiosité. Elle la faisait s'intéresser, s'ouvrir, et Ilhy découvrait avec bonheur la joie de se faire des amies naines.
Elle eut un rire de gorge en plantant de nouveau ses yeux bleus acier dans ceux d'un noir profond de Dalor. Leur petite joute verbale était très divertissante, elle ne pouvait pas le nier. Elle se pencha sur la table, l'air d'un félin en chasse, une tresse tombant de son épaule pour frôler le bois de la table. Elle s'arrêta à quelques centimètres du visage de Dalor, le regard fixé dans le sien, comme si elle allait lui souffler quelque secret. Un large sourire mutin fendait ses lèvres, et elle avait l'air de jouer à un jeu dangereux dont le gagnant était aléatoire.
« Outre le fait que je ne sois pas une gamine, ça me plairait toujours autant de me confronter à toi. De manière un peu plus amicale que ce que j'avais escompté tout à l'heure. Mais à voir ta carrure, je suis sûre que tu peux m'étonner comme je peux te surprendre. Un bon combat, ça rapproche, comme on dit. Mon mignon. »
Les derniers mots avaient été assénés comme un coup de poing titillant sur l'épaule, comme un doigt s'enfonçant dans votre joue, comme une manche qu'on tire, tout cela pour attirer l'attention et agacer. Le surnom ne lui plaisait pas ? Tant mieux ! Il croyait quoi ? Qu'elle allait laisser tomber un tel amusement ? Par contre, gamine ... Elle n'était plus une enfant. Au moins ne l'insultait-il pas de fille. Ce qui aurait conduit à une marque rouge sur sa joue, en forme de main - ou de poing, à voir. Elle se redressa, les narines s'évasant. Elle s'amusait comme une petite folle. La plupart des nains alentours n'avaient pas le tempérament aussi joueur. Elle avait trouvé là un comparse de jeu des plus intéressants.
« Ce genre de bestioles est fascinante, mais je n'aimerais pas avoir à me retrouver face à l'une d'elle. Faut croire qu'entre parasites, ils s'attirent. »
Elle grogna un peu toute la haine ancestrale de leur race pour celle des Gobelins et celle des Orcs. Pourtant, elle aurait bien aimé voir les uns et les autres. Histoire d'en fracasser quelques uns. Pour le moment, elle avait tué deux orcs, dans un combat qui s'était passé dans un blizzard. Fili avait aidé, et les autres nains aussi, au péril de leurs vies. Certains n'en avaient pas échappés. Deux étaient tombés. Deux qui restaient gravés sur l'ardoise karmique de la naine. Elle se souviendrait de leurs noms et de leurs visages. Mais au-delà de cela, elle voulait tout voir, voyager et voir le monde. Et elle jalousait un peu Dalor d'être aussi libre que cela. Elle aurait pu, elle aussi, mais elle était bien dans la Garde. Ce paradoxe soulevait des émotions contradictoires chez la naine. Elle eut un petit sourire attendri. La guerre. L'idéal de tous les combattants - elle même frissonnait en y songeant, son âme guerrière trépidant d'une impatience ancestrale.
« Quand j'étais toute fraîchement prise dans la garde, je m'entraînais pas mal avec le Prince Fili. Une fois, j'ai eu ... la mauvaise idée de former une expédition pour sortir. Le blizzard nous est tombé dessus, comme les orcs. La première fois que j'en voyais. On a combattu. On a dû se réfugier dans une grotte, le Prince et moi, pour survivre. Surtout qu'il a été blessé. On a reçu un sacré savon, et j'ai tenté d'exprimer que c'était entièrement ma faute. C'était moi qui l'avait voulu - mais je crois que Thorin en voulait surtout à Fili d'avoir accepté. »
Bien entendu, elle ne disait pas tout. Elle ne parlait pas des deux nains morts, et du baiser échangé rapidement. Une erreur. Une broutille. Déjà fait, déjà oublié. A présent, quand elle pensait à Fili, c'était comme un frère. Elle haussa une épaule et jeta un regard par la fenêtre.
« Tous les combattants rêvent d'une guerre où montrer leurs prouesses. La bataille de la Moria ... Splendide bataille. Je pense que si tu veux guerroyer, tu auras d'autres occasions dans le futur. T'es pas encore trop décrépi comme nain, tu devrais faire l'affaire, une hache à la main. »
Elle se moquait gentiment, en sous-entendant qu'il était vieux. Il voulait la traiter de gamine ? Elle pouvait rétorquer aussi, non mais. Un sourire goguenard aux lèvres, elle but sa bière et s'étira de nouveau, les épaules ankylosées de son entraînement du matin. Elle passerait chez Rae pour lui piquer quelques herbes pour mieux dormir et faire passer la douleur.
« J'espère bien que, maintenant que nous avons fait connaissance et que tu es disponible pour une durée indéterminée, nous allons nous revoir. Je ne voudrais pas avoir à regretter de t'avoir lâché des yeux. Ne m'oblige pas à tirer les vers du nez de Raeryan. J'ai beau me battre comme un nain, je suis très forte au jeu des potins entre naines. »
Elle eut un petit gloussement amusé. C'est vrai qu'elle n'avait jamais connu ce petit jeu, mais elle le trouvait particulièrement agréable. Raeryan et elle aimaient à se tenir informées de ce qui se passait dans la cité, et elles passaient parfois du temps autour d'une tisane à discuter et à faire des hypothèses. Ilhy, qui n'avait pas l'air d'y toucher, adorait savoir tout des amourettes et des coucheries de qui avec qui. Faute d'avoir elle même une vie sentimentale, on peut dire qu'elle vivait pas procuration celle des autres.
Par pure vengeance, il l'avait à nouveau traité de gamine parce qu'elle l'avait appelé "mon mignon" un surnom qui le mettait mal à l'aise et qui lui donnait l'impression d'être un gros nounours incapable de faire du mal à une mouche. Sauf qu'il n'était pas ça ! Il n'était pas un nain sympathique et prêt à rigoler et picoler avec n'importe quel crétin qui lui souriait un tant soi peut. Il n'était pas le genre de nain à qualifier le premier abruti qui lui payait un verre, d'ami, non l'amitié on la méritait, elle devait avoir de la valeur au yeux de ceux qui la partageaient... Elle ne se faisait pas en un jour ou en une heure... Dalor ne voulait pas qu'on s'imagine qu'il était devenu doux comme un agneau parce qu'il avait bêtement confondu une naine avec un nain juste parce qu'elle portait l'uniforme de la garde et qu'elle se cachait sous sa capuche...
Prise par le jeu, Ilhy se leva pour se pencher au dessus de la table et s'arrêter à quelques centimètres du visage d'un Dalor qui avait beaucoup de mal à la regarder dans les yeux sans loucher. Mais il n'avait pas reculé d'un pouce, se contentant de rester de marbre et de ne pas baisser les yeux.
« Outre le fait que je ne sois pas une gamine, ça me plairait toujours autant de me confronter à toi. De manière un peu plus amicale que ce que j'avais escompté tout à l'heure. Mais à voir ta carrure, je suis sûre que tu peux m'étonner comme je peux te surprendre. Un bon combat, ça rapproche, comme on dit. Mon mignon. »
Dalor plissa les yeux sans réagir et bientôt la conversation revint sur les wargs à cause de lui qui avait mis du temps à répondre à ses questions. Elle lui avoua trouver les Wargs fascinants, lui il trouvait simplement qu'ils puaient et ressemblaient à une grosse épine dans son pied quand il voulait rester discret. Mais peut-être était-ce simplement parce qu'elle n'en n'avait jamais vu. On avait tous tendance à idéaliser les choses qu'on n'avait encore jamais vu en vrai.
En parlant de choses vues en vraies, Dalor s'interrogea sur ce qu'elle avait déjà vaincu comme ennemi et si elle avait déjà eut l'occasion de sortir de la montagne depuis qu'elle y était arrivée pour s'y établir. Elle sembla se perdre un instant dans ses pensées avant de lui répondre. Ainsi, elle connaissait Fili, le neveux de Thorin Ecu-de-chêne. En écoutant la suite, il ne fut pas surpris que Fili se soit fait vertement enguirlandé par son oncle, après tout, jusqu'à ce que Thorin trouve femme et fasse un enfant en espérant que ça soit un garçon... Fili était son premier héritier...
- Normal qu'il lui en ait mis plein la tronche... Si Thorin récupère un jour son trône à Erebor, Fili est le premier à pouvoir prétendre lui succéder... Il parait qu'ils sont tous plus strictes avec ceux qui leur succéderont.
Dalor n'était pas noble et n'y connaissait pas grand chose à leurs façons de faire, mais il avait vu pas mal de nobles et de riches parler à leurs aînés et il avait lui-même fini par comprendre que ces derniers avaient moins de chance que leurs éventuels cadets à qui on laissait volontiers plus de liberté.
« Tous les combattants rêvent d'une guerre où montrer leurs prouesses. La bataille de la Moria ... Splendide bataille. Je pense que si tu veux guerroyer, tu auras d'autres occasions dans le futur. T'es pas encore trop décrépi comme nain, tu devrais faire l'affaire, une hache à la main. »
Et voila qu'elle le traitait de vieux maintenant... Remarquez, c'était moins vexant que "mon mignon"... Mais elle trahissait ainsi son agacement à ce qu'il la traite de gamine... C'était intéressant à savoir. Pour ce qui était de ses éventualités de bataille, il se satisfaisait des quelques embuscades que lui tendaient certains bandits de temps en temps durant ses voyages.
« J'espère bien que, maintenant que nous avons fait connaissance et que tu es disponible pour une durée indéterminée, nous allons nous revoir. Je ne voudrais pas avoir à regretter de t'avoir lâché des yeux. Ne m'oblige pas à tirer les vers du nez de Raeryan. J'ai beau me battre comme un nain, je suis très forte au jeu des potins entre naines. »
Elle eut un petit rire amusé et Dalor l'observa pensivement un instant. Elle avait joué les nains bougons au début, mais finalement elle était plutôt du genre joyeuse comme naine. Il s'était distraitement fait la remarque qu'elle riait souvent, peut-être était-ce une habitude ou peut-être était-ce parce qu'elle se sentait bien en sa compagnie (chose à laquelle Dalor n'était absolument pas habitué)
- Regretter de m'avoir lâché des yeux ?! Demanda-t-il lentement. Et de quoi as-tu peur exactement ? Que je disparaisse sans laisser de traces ? Je te rassure ma mignonne je n'ai pas envie de déménager pour le moment...
Quoi ? Elle le traitait de vieux, il pouvait bien lui piquer son surnom débile aussi...
Dalor eut un sourire en coin et sortit de quoi payer les commandes en déposant le tout sur la table.
- Cette fois-ci, c'est pour moi... Je me ferais invité la prochaine fois...
Il s'attendait à ce qu'elle proteste qu'elle n'était pas une naine à qui il fallait offrir un verre par galanterie alors il pris les devants.
- Dit toi que c'est en remboursement de ta bière et du temps qu'il va te falloir pour détacher ta tunique parce que je compte pas faire ta lessive au passage...
Le nain attendit un instant puis il lança, taquin à son tours.
- Si tu tiens à tirer les verres du nez de Raeryan... Tu n'auras qu'a lui demander où j'habite si jamais tu veux me trouver... Moi... Je frapperait à toutes les portes voisines de la sienne... Je finirais bien par trouver la tienne.
Et il serait parfaitement capable de le faire... Qui sait, un jour où il s'ennuierait... Ou bien il irait tout simplement demander discrètement à Raeryan où vivait Ilhy exactement histoire de ne pas s'afficher devant tous leurs voisins.
Elle s'était réinstallée dans son siège avec la satisfaction enfantine du gosse qui vient de faire la blague finale. Elle était fière d'elle-même. Il n'avait pas bougé d'un cil, d'un poil, et elle avait espéré le faire réagir, mais au moins elle avait joué sa dernière carte. Etonnant qu'il n'ai d'ailleurs pas répliqué. Ca cachait définitivement quelque chose. Ou il se faisait vieux, peut-être ? Elle eut cependant une grimace quand il exprima son avis sur ce qu'elle avait fait. Encore maintenant, elle se sentait totalement coupable. Il n'avait pas tord, bien entendu, mais elle s'était senti tellement horrible pour lui. Pauvre Fili.
« Je me doute bien que Thorin ne lui a pas remonté les bretelles par plaisir. Mais j'étais clairement en faute : j'ai influencé Fili pour l'amener à faire cette mission. Sans moi il n'aurait pas été blessé et risqué sa vie. J'aurai dû être bien plus punie que je ne l'ai été. Et Fili aurait dû être ... traité avec plus d'indulgence. »
Elle soupira un peu et joua une seconde avec sa chope, faisant tourner le fond de bière qui traînait encore dans son récipient. Elle se souvenait souvent de ce moment, notamment pendant les entraînements. Une ribambelles de et si affleuraient dans son esprit. Et si elle avait été plus forte, plus rapide ? Si elle avait été plus mature, plus responsable ? Mais cela ne servait à rien. Et elle travaillait quinze fois plus dur, pour pallier à ses faiblesses, sous l'oeil aguerri et sage de Dwalin.
Elle se forçai à être optimiste. Ou, plutôt, elle avait délaissé ses pensées sombres pour ne garde en elle que cette joie de vivre commune avec les enfants, cette fougue et cette passion qui faisaient d'elle quelqu'un de bien. Elle était une naine un peu bourrue elle aussi, au caractère bien trempé, mais elle avait toujours refusé de se laisser abattre. Sa volonté de fer quant à ce qu'elle désirait être avait été forgée à l'aune de ses désirs. Si elle avait laissé tomber trop facilement les bras, elle ne serait pas là. Elle avait le rire facile, la répartie plus facile encore, les accolades et le réconfort généreux. Elle cessa de rire et cligna des cils vers Dalor, les yeux brillants d'impatience pour voir les réparties qu'il allait encore lancer.
« Tu n'oserais pas partir sans laisser de tra- » commença t-elle avant de s'arrêter, ahurie parce qu'elle avait entendu. Attendez, attendez ... Il l'avait appelé ma mignonne ?! Elle écarquilla les yeux, rendue muette de surprise.
C'était bien la première fois qu'on lui disait ça. C'était par amusement, par moquerie, elle en avait clairement conscience, mais cela la remua plus que de raisons. Elle reprit ses esprits, un peu tard, et le fusilla du regard d'un air à la fois outré et terriblement - agréablement - surpris. Elle fronça les sourcils, mais encore cette fois, il fut plus rapide.
« Je t'en dois une. La prochaine fois, c'est festin et c'est pour moi. Et si tu refuses, tu risques d'avoir de gros problèmes, Dalor. »
Pas de surnom. Juste le nom qui roule sur les lèvres comme un sortilège, prononcé avec une voix rauque et amusée. Elle hausse les épaules. Ce n'est pas désagréable qu'on l'invite à boire un coup, finalement.
« Ma fourrure va empester la bière pendant des jours. Et il me faudra expliquer à tout le monde, Rae comprise, quel nain rustre et bougon m'a renversé ma bière et a finalement attisé ma curiosité. J'essayerais de parler de toi e, bons termes. »
Elle le défia du regard et se leva à son tour. Elle comprenait que leur discussion touchait à leur fin. Après tout, il devait avoir des choses à faire, elle-même devait aller dormir et se reposer. Elle était en train de réajuster sa cotte de mailles quand elle réalisa ce qu'il venait de dire. Et à quel point ça pouvait paraître, eh bien, mignon. Elle lui lança un regard intrigué puis eut un sourire touché.
« Je t'aurai bien donné l'adresse exacte, mais ça serai tellement moins amusant. Comptes sur moi pour demander beaucoup plus de choses que ton adresse sur son compte à Raeryan » fit-elle en souriant d'un air mystérieux. Elle avait beaucoup de choses à demander, en fin de compte. Elle s'arrêta à côté de Dalor et lui jeta un regard malicieux. « A bientôt, Dalor le Mignon. »
Elle partit d'un grand rire, frôla son bras de sa main et, son barda sur l'épaule, rejoignit ses comparses gardes pour les saluer. Elle fixa cependant par régularité la silhouette de Dalor jusqu'à ce qu'il ne parte. Elle poussa un soupir, sentant une soudaine tension s'évaporer. Elle salua une dernière fois ses comparses et marcha rapidement jusque chez elle. Elle aurait dû passer par chez Raeryan, mais elle avait envie de s'allonger, de se reposer. Et de penser, de réfléchir. Les prochains jours, elle allait être vigilante. Elle ne tenait pas à manquer les bruits à la porte.
La conversation touchait à sa fin et Dalor le sentait aussi bien qu'Ilhy. Pour sa part, il avait envie de rentrer dormir. Il aimait bien discuter avec elle, c'était amusant de voir ce petit bout de femme lui tenir tête et jouer avec le feu et puis elle avait de la conversation, pas comme la plus part des naines à parler de la dernière robe ou de la meilleure façon de cuir le repas du soir... Ca pouvait paraître macho cette remarque, mais certaines étaient réellement comme ça et Dalor se fichait bien comme de l'an quarante de la cuisson du repas ou même de tous les sujets de bonnes femmes à qui il ne portait aucun intérêt.
« Tu n'oserais pas partir sans laisser de tra- »
Tien, tien, tien... Il semblerait que l'emplois du petit "ma mignonne" ait quelque peu fait déraillé la petite rouquine... Intéressant... Ainsi il était beaucoup moins facile de se faire appeler ainsi plutôt que d'asticoter le vieil ours mal léché qu'était Dalor avec.
S'amusant de la voir se tortiller clairement mal à l'aise, Dalor répondit avec un petit sourire insolant lorsqu'elle le fusilla du regard et il ne lui laissa pas le temps de répliquer quoi que ce soit avant de sortir de quoi payer les boissons tout en expliquant son geste et en s'assurant qu'elle ne refuse pas l'offre. Il n'était pas souvent généreux le Dalor, il fallait qu'elle en profite.
« Je t'en dois une. La prochaine fois, c'est festin et c'est pour moi. Et si tu refuses, tu risques d'avoir de gros problèmes, Dalor. »
Le nain fixa son regard sur la naine. Elle l'avait appelé par son prénom... Allez savoir pourquoi, ça lui avait fait bizarre sur le coup. Pourtant, c'était son prénom et tout le monde l'appelait ainsi, ça n'avait rien d’extraordinaire... Peut-être était-ce le ton sur lequel elle l'avait prononcé, peut-être était-ce parce qu'il ne s'y attendait tout simplement pas, allez savoir. Il se contenta seulement de confirmer et d'accepter l'invitation d'un signe de tête avant de se lever lentement.
« Ma fourrure va empester la bière pendant des jours. Et il me faudra expliquer à tout le monde, Rae comprise, quel nain rustre et bougon m'a renversé ma bière et a finalement attisé ma curiosité. J'essayerais de parler de toi en bons termes. »
- Ou tu leur laisse croire que tu avais trop bu et que tu as renversé ta bière toute seule... Lança-t-il malicieusement.
Il continua sur sa lancée, voulant prouver sa bonne foie quand il disait qu'ils se reverraient. Peut-être qu'il n'irait pas jusqu'à frapper à la porte de tout le monde, peut-être bien qu'il le ferait, tout dépendrait de son humeur le jour où il lui prendrait l'envie de découvrir où la naine vivait et d'en profiter pour se faire payer un verre.
« Je t'aurai bien donné l'adresse exacte, mais ça serai tellement moins amusant. Comptes sur moi pour demander beaucoup plus de choses que ton adresse sur son compte à Raeryan »
C'était décidé, il frapperait aux portes... On verrait bien quelle serait sa réaction lorsqu'il lui annoncerait le nombre de voisin qu'il avait inutilement dérangé avant de la trouver. Elle remis ses affaires et s'approcha de lui.
« A bientôt, Dalor le Mignon. »
Il eut juste le temps de faire un grognement contrarié avant qu'elle ne s'éloigne sans plus s'attarder. Il la regarda rejoindre ses collègues, se faisant la remarque qu'une fois encore, elle lui avait touché le bras au passage. Dalor n'avait que peux de contacts physiques, aussi minimes soient-ils, il n'était lui-même pas quelqu'un de très tactile, cela lui était donc rapidement sauté aux yeux.
Il aurait pût lui répondre, lui lancer une pique juste avant de partir, mais puisqu'elle était en compagnie d'autres gardes, il préféra la laisser avec ses amis et ne pas se faire remarquer par ceux là. Il vérifia du coin de l'oeil que la serveuse ramassait bien son argent et il sortit de la taverne sans chercher plus loin. À présent, tout son esprit était tourné vers une bonne sieste dans son lit.