♦ PSEUDOs : Illabye ♦ MESSAGES : 827 ♦ RÉPUTATION : 4896 ♦ AVATAR : emilie de ravin ♦ DC & co : Raeryan, cármen, farshad, elea, violette ♦ DISPONIBILITÉ RP : ✓ Disponible— RACE DU PERSO : Humaine — ORIGINAIRE DE : Rohan — ÂGE DU PERSO : 28 ans — RANG SOCIAL : Riche — MÉTIER PRATIQUÉ : Second à bord d'une frégate appelée le Crépusculaire — ARMES DU PERSO : Epées, dagues, couteaux — ALLÉGEANCE〣GROUPE : aux pirates du navire et surtout son capitaine; Aaren — VOYAGE AVEC : les pirates du Crépusculaire — AMOUREUSEMENT : s'y aventure dangereusement
Serpentant dans les rues, la bouteille de rhum à la main, Selen avait a priori fait d’Espirek son chaperon. Quelle idée de sortir alors qu’elle était déjà sous bonne emprise de l’alcool ? Et puisqu’il lui devait obéissance, qu’il ait envie de l’accompagner ou pas, le final serait le même. Profitant d’avoir mouillé non loin d’un village portuaire alors que la frégate avait fait le plein de réserves, Selen trainait le maitre d’équipage dans les rues par une nuit noire. Riant aux éclats pour la moindre chose lui donnant matière à discuter, elle offrit son rhum à son collègue quelques instants pour qu’il puisse autant profiter d’une soirée de repos où ils pourraient boire à flots dans une taverne. Ces instants se faisaient rares pour les pirates qui passaient le plus clair de leur temps sur les flots, autant qu’il ne leur était pas toujours donné de gouter à d’autres alcools sur le Crépusculaire. Par manque de place comparé à celle que l’on réservait aux trésors, mais aussi parce que ce n’est pas ce qu’on trouvait le plus facilement sur les navires marchands que l’ont faisait joyeusement couler. Ainsi le quartier maitre de la frégate avait passé son début de soirée à boire allègrement comme si demain n’existait pas, elle était aussi passée par la cabine d’Aaren où l’ivresse en fut décuplée avant de sortir sur le pont et s’achever définitivement à coup de boisson. C’est en ayant épié les lumières du village non loin, la vue déjà embrumée et à peine capable de marcher que l’idée lui était venue de s’y rendre afin d’être sure que sa soirée soit une réussite totale.
Selen avait choisi Espirek parce qu’il serait autant un compagnon de beuverie qu’un rival ou que quelqu’un avec qui rire aux éclats. Elle avait appris à le connaitre et à l’apprécier autant qu’il pouvait l’insupporter et qu’elle se faisait un malin plaisir à lui mettre parfois des bâtons dans les roues, ainsi c’était du plus naturellement du monde qu’elle avait pensé à lui ; une valeur sure. Elle l’avait trouvé, lui baragouinant des directives incompréhensibles concernant un cargo qu’il devait charger hors du navire. Un prétexte qui l’avait sorti de sa cabine en premier lieu mais qui ne passait pas au vu de son état et surtout au vu de l’heure. Allez savoir ce qui fait qu’elle avait réussi à le tirer hors du navire et qu’elle marchait à ses côtés, sans pouvoir aligner un pied devant l’autre. Selen aimait cette sensation de légèreté, où plus rien n’avait de valeur à ses yeux que ses propres ressentis. Elle était néanmoins assez consciente pour se souvenir de ces deux dernières heures, mais aurait sans doute besoin de manger quelque chose sur place pour éponger un peu et y rester le plus logtemps possible. Le but n’était pas non plus d’y arriver ivre morte sous une table à peine arrivée, la pirate comptait bien profiter de cette soirée pour entendre les musiciens chanter et participer à quelques jeux de beuverie.
La pirate entra dans la taverne, enjouée en ayant attrapé Espirek par les épaules. L’arrivée de pirates ne passait jamais inaperçu sur les villes côtières même si celles-ci se rapprochaient bien plus d’Umbar que les riches citées du Gondor.
« Ahoy !! » Fit-elle joyeusement en agitant sa bouteille éclaboussant un peu partout.
On les observa d’un air sceptique et méfiant, même si la pauvre dame était complètement torchée avec un sourire niais étiré tout le long de son jolis minois. Agrippant Espirek malgré qu’il soit plus grand qu’elle, elle fit en sorte de l’utiliser comme béquille jusqu’à se vautrer littéralement sur un fauteuil en ayant presque manqué l’assise. Elle redressa son dos, s’accrochant maladroitement aux bras du fauteuil pour y poser son cul et s’y affaler sans gêne.
« Ca fait du bien quand ça s’arrête hein Spic ? Une balade nocturne pour aller jusqu’à la taverne c’est comme écumer les mers pour aller couler un galion !» Fit-elle dans un rire.
Selen porta le goulot de sa bouteille à ses lèvres mais n’en reçu pas la moindre goute. La bouteille était el et bien vide, elle avait beau chercher en inspectant l’intérieur, même en secouant ça ne sortait plus.
« Y’a jamais de rhum sur ce rafiot ! » fit elle en laissant le cadavre de verre rouler sur le sol.
Selen exigea alors qu’on leur ramène de la bière, ne se gênant pas pour le gueuler depuis sa place. Elle atirait l’attention sur elle, les hommes visiblement surpris par son comportement peu féminin. Ils avaient sans doute déjà vu des femmes pirates, aussi ce devait être pour cette raison qu’on ne tenta pas de la calmer et la remettre à sa place. Qui plus est qu’elle était armée, déjà ivre avant d’avoir pu retirer ses effets. Selen logea le creu de ses jambes sur le bras opposé du fauteuil, fornçant les sourcils lorsqu’arriva leur commande.
« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu... » Courteline
Spic n'avait rien contre l'alcool. Ce qu'il n'aimait pas trop, c'est quand Selen se rajoutait au décor. La jeune femme, quoique son supérieur hiérarchique sur le bateau, n'avait plus aucune allure une fois qu'elle avait bu. Elle se grisait à en perdre toute crédibilité ; en avait-elle seulement conscience ? Quand elle s'était approché de lui, après avoir pénétré à l'intérieur de sa cabine, la pièce embaumait déjà le rhum par sa bouche. Avec une grimace décontenancée, Spic avait salué Selen, sentant le coup fourré venir. Elle lui parla, approximativement, d'un cargo à décharger. Ben tiens. Ce cargo, s'il avait été de rhum, devait être vide, à l'odeur de son haleine. Il avait agité ses mains en signe d'agacement pour finalement la suivre quand même. Comme il s'en était douté, aucun déchargement n'avait été prévu, et il s'était retrouvé à suivre comme un petit chien la pirate. Alors qu'ils marchaient - enfin, qu'il marchait et qu'elle titubait - le long du port, s'avançant vers le quartier des bars de la ville, il ne cessait de jeter des regards noirs à tout ceux osant les regarder un peu trop longuement. Il fit plusieurs fois rutiler son sabre d'un coup de main à son ceinturon dans l'idée de les dissuader s'il leur prenait l'envie folle de leur provoquer des emmerdes. Rien ne se passa de tel et ce fut avec un soulagement évident qu'Espirek entra dans la taverne choisie par sa poivrote de maîtresse. Il jeta un regard sombre et circulaire dans la salle avant de se ruer sur les talons de Selen, ne désirant pas la laisser un instant sans sa protection.
Beaucoup diraient que c'était un comble de protéger ainsi celle qui avait failli le tuer, quelques années plus tôt. Pourtant, si on était un pirate, ce genre de choses n'était pas si extravagante et illogique. Des pirates s'entre-tuant pour finir, peu de temps après, à picoler joyeusement ensemble, ce n'était pas rare. Parmi les mercenaires de l'océan, soif de sang et soif d'alcool étaient très proches et la vie n'avait pas la même importance que pour le reste du peuple. Mourir de la main de l'un ou d'un autre, quelle différence cela avait-il ? Aucune, ou presque. Selen et Spic, pour leur part, avaient évolué sur le Crépusculaire ensemble ces derniers temps et malgré leur lien houleux du début, ils avaient fini par apprécier les compétences de l'un et de l'autre, à se respecter un tant soit peu pour finir par ressentir une amitié toute relative. Relative car, chez les corsaires, l'amitié n'avait que le nom. On n'était jamais à l'abri d'un retournement de veste. La confiance ? Oui, lors des batailles, et encore. On ne sauvait un membre du sien que pour le bien du navire, pour qu'il ne sombre pas, pour éviter que l'adversaire soit en surnombre par la suite. La vie de Selen lui importait autant que le sienne, voire moins. Mais elle était maîtresse de quartier du Crépusculaire, avait donc une certaine importance dans le maintien du rafiot aux côtés d'Aaren. Il pourrait prétendre à prendre sa place, certes, mais rien n'était moins sûr. Il devenait donc assez vital qu'elle vive, pour que le navire ne connaisse pas de mutinerie. Ce serait malheureux. Pour les plans de Spic, ce n'était pas à son avantage.
Il déplorait totalement l'attitude de sa supérieure lorsque d'une voix de ténor, elle hurla tel un porc pour qu'on lui serve de la bière. Pas très discret. D'un claquement de doigt et du regard, Spic indiqua au même serveur de lui rapporter la même chose. Une fois qu'ils furent servis, Selen manquant de courtoisie vis-à-vis du pauvre gars, Spic eut un petit rire et le renvoya d'un mouvement frénétique des mains, comme s'il voulait se débarrasser d'un moustique. Il porta alors la hale à sa bouche, décorant sa moustache mal taillée d'une épaisse mousse. Le goût était âcre sur sa langue, ce n'était pas vraiment de la très bonne bière. Selen but également mais ne parut pas s'étonner de ce goût douteux. Spic haussa les épaules ; depuis quand les femmes avaient-elles du goût pour l'alcool, de toute façon ? Il envoya toute la boisson dans le fond de sa gorge. Si c'était dégueulasse, il n'allait pas prendre la peine de prendre son temps à la dégustation ! D'une voix ferme, il héla le serveur qui, tout penaud, un jeune garçon au regard de chien battu, revint près d'eux. Spic l'attrapa d'une main vive par le col et le tira jusqu'à ce que leurs nez se touchent presque. Sa voix siffla dans son oreille, comme le ferait la langue du cobra :
« Trouve-moi mieux qu'ça, gamin, que j'n'aie pas à m'abreuver d'ton sang qu'j'imagine bien meilleur. »
Spic fit passer sa fine langue sur ses lèvres. Le jeune garçon se débattit faiblement, chouinant déjà, et Spic le lâcha, gardant la main ouverte en l'air, un air hilare sur son visage aux yeux luisants. Sa main s'abattit sur la joue du garçon pour finir par la lui tapoter, presque gentiment. Le jeune serveur leur lâcha un regard terrorisé et s'encourut, renversant au passage quelques verres qui éclatèrent en morceaux au sol, sans qu'il ne daigne se retourner. On entendit l'aubergiste, derrière le comptoir, lui passer un savon, ce qui fit éclater de rire Spic.
♦ PSEUDOs : Illabye ♦ MESSAGES : 827 ♦ RÉPUTATION : 4896 ♦ AVATAR : emilie de ravin ♦ DC & co : Raeryan, cármen, farshad, elea, violette ♦ DISPONIBILITÉ RP : ✓ Disponible— RACE DU PERSO : Humaine — ORIGINAIRE DE : Rohan — ÂGE DU PERSO : 28 ans — RANG SOCIAL : Riche — MÉTIER PRATIQUÉ : Second à bord d'une frégate appelée le Crépusculaire — ARMES DU PERSO : Epées, dagues, couteaux — ALLÉGEANCE〣GROUPE : aux pirates du navire et surtout son capitaine; Aaren — VOYAGE AVEC : les pirates du Crépusculaire — AMOUREUSEMENT : s'y aventure dangereusement
Une joyeuse musique s’élevait dans la taverne grâce aux quelques musiciens qui subsistaient visiblement tout aussi embrumés par l’alcool à en entendre les fausses notes. Oh ce n’était pas réellement là-dessus que Selen se concentrait, Ce qui lui importait le plus c’était de boire, boire jusqu’à ce que son ventre ne soit plus qu’un océan de rhum. Le rêve absolu de tous les pirates ! Mais pas de rhum cette fois-ci, Selen avait eu envie de bière et c’est ce qu’on lui apporta. Selen tendit les mains, comme si le manque d’alcool de ces deux minutes lui faisait déjà ressentir les effets secondaires. La jeune femme s’affala sur sa place, portant la bière à ses lèvres pour commencer à la boire en grosses gorgées. Elle n’avait aucun idée si ce qu’elle buvait était de la bonne bière, elle ne ne souvenait même pas si c’était de la bière qu’elle avait demandé à vrai dire. Quoi qu’il en soit, le ressenti était le même, elle avait horriblement chaud et se sentait libérée de ses chaines. Encore faut il qu’elle en ait ; la vie de pirate se résumant déjà à la liberté, essayez alors d’imaginer le cran au dessus. Elle éclata de rire en entendant son ami rire aux éclats. Elle aimait bien sa tête quand il riait, voilà la seule et unique raison. Elle avait vaguement entendu le pirate menacer un pauvre adolescent qui s’en était allé complètement apeuré, concernant le reste elle n’était pas sure qu’il lui reste assez de sang non alcoolisé dans les veines pour comprendre. Puisque ça faisait rire son camarade, ça la faisait forcément rire, c’était là le principal.
Elle le vit laisser sa boisson de côté en attendant autre chose. Les yeux brillants comme l’or au soleil, Selen se demanda alors s’il en avait laissé ou pas. Elle avait déjà descendu la sienne, elle était prête à se sacrifier pour lui éviter de la finir de peur de gaspiller. Son grand cœur encore une fois, l’avait menée à faire une bonne action.
« T’as aucun gout Spic ! Donne moi ta gnole j’en fais mon affaire a la manière des grands seigneurs ! »
Allongeant le bras, Selen attrapa la pinte après en avoir renversé la moitié sur le sol.
« Hey mais dis leur qu’ils investissent là, c’est pire quand ça tangue sur l’eau » Fit elle embêtée
Ses paroles n’avaient plus réellement de sens, quoi qu’il en soit elle se comprenait elle-même, c’était amplement suffisant. Selen porta la boisson à ses lèvres et termina le fond d’une seule traite. Les bulles d’air endolorissaient déjà son ventre, elle les senti remonter mais se contenait quelques secondes de plus dans le but de faire sa seconde bonne action de la soirée. Elle voulait absolument que Spic voie ça, pour sûr qu’il allait aimer.
« Hey pssst !! hey Spic !! Pssst !! Spic !! Spic !! R’garde donc ça ! »
Selen se leva difficilement de sa place et chancela sur quelques mètres jusqu’à tomber sur les genoux d’un homme aux muscles saillants venu ici avec quelques uns de ses proches. D’un sourire charmeur, la jeune femme glissa son doigt sur la mâchoire de l’homme qui visiblement pris de charme pour elle s’empressa de poser l’une de ses mains sur sa cuisse. Il en fallait très peu pour les hommes une fois une femme sur les genoux tout comme il leur en fallait moins une fois qu’ils avaient croisé l’azur de ses yeux. Selen n’attendit alors pas plus longtemps pour lui roter au nez. La réaction de l’homme ne se fit pas prier qui pris d’un sursaut d’étonnement la laissa s’échouer au sol en la bousculant. Selen se retrouva dos au sol, se roulant dans un fou rire des plus fous. Elle se prit une vague d’insultes qui ressemblaient bien plus à des cris de goélands que de véritables mots. La pirate se releva en s’agrippant au jeune garçon qui avait d’autres boissons comme le lui avait suggéré Spic quelques minutes plus tôt. Il l’escorta ainsi malgré lui jusqu’à son ami, montant par-dessus la table basse au lieu d’en faire le contour et sauta sur le fauteuil avant de s’y asseoir correctement.
« Ah t’as vu leur tronche ? Hein petit ? T’as aimé ma blague ? Tu veux que j’te rote à la gueule aussi ? Essaye avec Spic c’est mieux !! T’auras pas besoin de faire semblant d’être malade ! »
« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu... » Courteline
Avec un sourire malicieux aux lèvres, Spic avait suivi d'un regard où pétillait déjà un début d'hilarité les manigances de Selen. Il avait appris à la connaître suffisamment pour comprendre à peu de choses près son petit jeu et il ne fit pas mine de s'étonner en la voyant se lever pour s'asseoir lourdement, sans aucune grâce, sur les genoux d'un pur étranger. Il ne fit pas un geste, prenant plutôt sa nouvelle chope d'ale plus correcte à ses lèvres, alors que le type mettait sa main sur sa jambe, dans l'intention évidente de se l'enrouler. Il plongea son regard dans sa boisson, souriant davantage, sachant ce qui risquait d'arriver. En effet, un rot sonore survint, venu tout droit du gosier de sa supérieure, et le bruit de chute le fit rire si fort qu'il se renversa lui-même une bonne flopée de bière sur sa chemise. Son rire était franc, railleur au possible, tandis qu'il fixait d'un regard pénétrant le pauvre victime de Selen. L'homme en question jura et insulta copieusement Selen, ce qui ne fit qu'accroître l'hilarité des deux compagnons du Crépusculaire. Spic ne bougea toujours pas, la laissant à sa guise se faire embarquer par le malheureux serveur qui sentait bien que sa soirée risquait fort d'être mouvementée, et pas dans le bon sens pour lui. A la provocation qu'il reçut de Selen, il sourit toujours mais fit un doigt d'honneur à la jeune femme.
Cela aurait pu être pris pour un reproche, mais ça se voyait qu'il se retenait de rire encore, étouffant son envie irrépressible dans une gorgée supplémentaire, longue, qui fit danser sa pomme d'Adam jusqu'à ce que la chope soit vide. Spic buvait peu, mais buvait bien, et il héla le serveur qui sursauta tant que son plateau - heureusement vide - lui échappa des mains. Il était, pour sa part, bien décidé à enquiquiner ce garçon, chez qui il avait trouvé la victime parfaite pour ses moqueries.
« Une autre, mon pote ! » Avec une œillade à Selen, il ajouta : « Mais oublie celle-là ! L'est aussi noyée d'alcool que la baleine l'est d'eau salée ! Oublie-la, j'te dis, et sers-m'en ton meilleur cru ! »
Jamais il n'avait vu quelqu'un détaler aussi vite et être autant pressé de s'éloigner de lui. Il lui en fallait décidément peu ! Ce serait un jeu d'enfants de lui causer tant de soucis, ce soir, qu'il en ferait des cauchemars. Il haïssait les esprits faibles et s'amusait tellement à les houspiller jusqu'à les faire pleurer à sa botte. N'avait-il pas vécu lui-même les pires sévices morales ? Avait-il pleuré, alors qu'il avait l'âge de ce gamin en culotte courte ? Certainement pas ! Au même âge, il rendait déjà coup pour coup. Pour Spic, cela lui suffisait à juger faible ce petit serveur, à peine capable de faire bonne figure et de ne pas montrer à quel point il était terrifié. A son retour, il lui offrit le sourire le plus carnassier qu'il put ; son regard, assombri d'épais traits noirs, l'inspecta des pieds à la tête. Il prit sans un mot la chope qu'il déposa sur un tonneau servant de table, à sa gauche, avant de se pencher vers l'avant. Le garçon eut un mouvement de recul mais Spic l'avait déjà chopé par sa manche et fait tomber à ses pieds.
« Tu sais qui j'suis, mon p'tit gars ? »
Le serveur, les larmes aux yeux, fit non lentement de la tête, craignant les conséquences de sa réponse. Spic poussa un long et profond soupir, tout à fait exagéré, et se pencha davantage vers lui qui gisait toujours au sol, ne sachant pas s'il pouvait bouger ou pas. Spic posa un talon sur son dos, puis un second et fit d'un ton glacial, alors que l'amusement luisait dans ses yeux :
« Celui qui a l'droit de t'utiliser comme bon lui semble. C'est tout c'que t'as besoin de savoir. »
Stupidement, le gamin fit oui de la tête cette fois, se retenant visiblement de pleurer, sa tête bourdonnant de suppositions sur ce qu'il pouvait, devait, saurait faire dans cette situation. Il n'avait visiblement pas l'habitude de tels clients. En même temps, combien de clients se comportaient comme Selen et Espirek le faisaient ? Pas beaucoup, même dans la piraterie. Du coin de l'oeil, Spic vit sa compagne s'amuser de la situation comme ils s'étaient amusés de sa vanne avec l'armoire à glace. En parlant du loup...
« Vous vous comportez comme... comme... Cela ne se peut ! » rugit celui qui avait reçu le rot en pleine face.
Faisant rutiler la lame de son sabre, bien en évidence à son ceinturon, Spic leva un regard irrité vers lui.
« Comme des pirates, tu voulais dire ? »
Apparemment mal à l'aise à cette idée, le gaillard regarda de droite et de gauche, cherchant de toute évidence si d'autres pirates, proches d'eux, se trouvaient ici. Il ne souhaitait certainement pas se coltiner une ribambelle de mercenaires des océans. Enfonçant l'appréhension de celui qui avait osé le déranger, Spic ajouta, d'un ton faussement suave et innocent :
« C'vrai que ceux du Crépusculaire, on a des manières pas très respectées... Devrais-je m'excuser, selon toi ? »
Figé sur place, bloqué dans sa propre tentative, l'intrus regarda tour à tour Spic et Selen, la sueur perlant à son front et trahissant son embarras. Spic sourit, un loup au milieu des moutons.
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Selen se leva de sa place en ricanant et alla s’asseoir aux côtés de son collègue sur le canapé de manière totalement transparente en riant même aux moqueries qu’il avait à son égard. Ces petites broutilles, c’était habituel, pas besoin de prendre la mouche pour si peu et puis elle les lui rendait bien. Entre eux c’était développé une grande complicité, qui l’aurait cru ? Pendant longtemps Espirek était de ces gens qu’elle voulait voir agoniser, aujourdhui c’était sans contredit une personne très proche d’elle. Il y avait Aaren, et puis il y avait lui. Elle avait reconnu ses talents et puis s’était pris de sympathie pour lui jusqu’à oublier complètement les rancœurs. Ses journées sur sa frégate ne s’en portait que mieux ; car rien de pire que la frustration d’avoir un ennemi à bord et de ne pas pouvoir lui trancher la gorge. Espirek était devenu son ami, quelqu’un auprès de qui elle aimait passer du temps et elle se plaisait d’imaginer que c’était réciproque. Selen profita du fait qu’il s’occupe du garçon pour voler sa choppe en douce et commençait à la descendre en grandes gorgées. Elle la reposa ni vu ni connu lorsqu’il reporta son attention sur elle et s’affala à nouveau.
C’est alors que l’homme sur lequel elle avait joué plus tôt avait brisé l’ambiance de la salle, déplorant leur attitude et n’osant finir sa phrase d’ailleurs. Ils avaient pourtant bien compris ce qu’il essayait de dire mais au vu de leurs regards noirs, il n’osait le cracher. L’attitude de Selen avait alors changé du tout au tout, sentant l’excitation déferler dans ses veines alors qu’elle se serait bien jeté sur lui pour lui découper le ventre et lui faire manger ses entrailles. C’est Espirek qui prit la parole, terminant sa phrase sans que cela ne soit un tabou ; s’il avait quelque chose à leur reprocher, qu’il assume, voilà tout. Visiblement mal à l’aise l’homme chercha du soutien du regard autant qu’il espérait ne pas être le seul honnête homme de la salle. A priori, il y avait quelques pirates terrés dans un autre coin qui ricanaient et qui l’imitaient ouvertement. Espirek continua sur sa lancée et cita le nm de la frégate comme pour appuyer ses propos alors qu’il sous entendait clairement leur provenance. Selen n’avait rien dit malgré le fait qu’elle préférait éviter que cela se sache, car elle était curieuse de voir la tournure des choses.
Au vu des yeux de l’homme se décomposant après avoir entendu le nom de la frégate, il en avait sans doute entendu parler. Le Crépusculaire abordait les côtes, faisant sombrer les villages portiers qu’elle abordait dans la plus grande terreur. Selen l’observa un petit sourire en coin, se demandant s’il serait de ces gens croyant qu’elle n’était qu’une légende où s’il fut déjà menacé de l’un de ses matelots. L’homme se rassit sagement, déglutissant, il porta ses lèvres à sa choppe pour boire avant de regarder ses camarades.
« On dit que les voiles sont enduites de sang et de vin et qu’il est celui qui a coulé l’Allegria, le gros Galion des côtes nord qui a disparu. On dit que même les caraques ne sont pas à l’abri de ses canons. »
Sous les flammes des bougies, la salle s’était réduite au silence, alors que les hommes s’étaient retournés pour écouter les histoires que cet homme avait entendues à propos du Crépusculaire. Haussant les sourcils, Selen aussi s’était tue par curiosité, si mêmes les plus gros bâtiments les craignaient ils avaient tout à gagner. Un brouhaha fit suite quand à la véracité de ces propos. Les plus sceptiques criaient au mensonge, disant qu’un tel navire ne pouvait faire autant de ravages sans finir de se faire avoir par les chasseurs de pirates. D’autres affirmaient l’avoir vu, des victimes de ses abordages et enchérissaient les propos en dénonçant la violence de leurs pillages. Jusqu’au moment ou un jeune mousse se leva, de sa voix aigue, il interpella tout le monde et témoigna à son tour.
« Moi je l’ai vue cette frégate ! J’étais sur un canonnier, le navire nous a frôlé il a glissé à côté de nous en nous ignorant. D’un seul coup, il n’y avait plus de lumière, c’était en plein milieu de l’après midi mais il avait plongé l’océan dans la pénombre.»
A l’entente de ces balivernes, Selen lança un regard à Espirek avant d’éclater de rire. Son fou rire à gorge déployée eu pour effet d’interpeller chaque personne présente qui écoutait ces histoires, tandis qu’ils avaient tous été fasciné par les racontars du jeune homme. Si leur réputation allait jusqu’à les accuser de sorcellerie, elle n’imaginait pas le nombre d’entre ces capitaines qui feraient sombrer leur navire plutôt que de se laisser aborder. Selen n’allait pas manquer de raconter cela à Aaren, il serait sans doute surpris de savoir que même en faisant de l’ombre à grande voile déferlée ils arrivaient à nourrir les plus gros cauchemars. Le premier homme qui avait parlé et qui avait été sa première victime de beuverie se leva, la pointant du doigt, menaçant.
« Hey la catin pourquoi tu ris comme ça? J’ose même pas imaginer c’qu’ils f’raient d’toi ces pirates ! » « A moi rien, mais je ne donne pas cher de vos têtes. Si on les utilisait comme boulets de canon pour faire sauter votre petit village je suppose que vous n’apprécierez pas. »
Un large sourire ironique se dessina sur les lèvres de Selen, se remémorant le jour de son arrivée sur ce bâtiment, s’il savait qu’elle avait été gracieusement épargnée pour en devenir le quartier maitre il ne la croirait certainement pas. Si même eux les pensaient descendants de Morgoth, elle ne pouvait plus rien faire pour leurs âmes ! Les effets de l’alcools semblaient s’être légèrement estompés sous l’effet soudaine d’adrénaline, ivre ou pas, lorsqu’elle avait envie de se battre, rien ne pouvait l’en empêcher. Les concernant, Selen ne pouvait pas les laisser partir en sachant qui ils étaient puisque la frégate mouillait pas loin d’ici. En revanche, alors que la tension était palpable, elle devinait clairement leur soudaine envie de leur faire payer ces menaces alors que certains d’entre eux s’étaient dangereusement rapprochés des deux pirates, leurs épées déjà délogées de leurs fourreaux.
« Spic. Aucun d’entre eux ne doit savoir que nous sommes ici. Nous allons devoir veiller à ce qu’ils ne puissent ni parler, ni écrire. » Fit elle dans un sourire malsain
« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu... » Courteline
Alors que l'homme devant eux s'était assagi et s'était mis à déblatérer des sornettes superstitieuses à propos du Crépusculaire, rapidement secondé par un petit mousse au nez couvert de taches de son, Espirek n'avait pas manqué à montrer à quel point ce sujet-là le laissait de glace. Tour à tour, il soupira, bailla, feignit de s'intéresser à une mouche virevoltant autour de lui plutôt qu'aux balivernes que l'assemblée semblait prête à croire ou, au contraire, à réfuter à renforts de grands cris qui fit crisser les dents du maître d'équipage. L'ennui, dans ce genre de moments, c'était que Spic s'en trouvait vite lassé ; au temps de l'Indomptable, il avait entendu pareils discours à son propos et tous plus faux les uns que les autres, exagérés, rocambolesques au possible. A la fin, Espirek n'y portait que peu d'attention et souhaitait seulement que sa soirée se déroule d'une autre façon. Avoir tous ces yeux d'hiboux fixé sur lui le rendaient nerveux, agacé et maussade vers la fin, n'ayant qu'une envie, tâter de la pointe de ses coutelas cachés sous son veston pour clouer le bec à ces marins d'eau douce. Par contre, ces histoires à dormir debout eurent l'air de ravir Selen car celle-ci explosa d'un rire tonitruant, rendant muets le reste des gens amassés autour d'eux. Evidemment, ce rire purement moqueur attisa les mauvais sentiments à son égard, et quelques molosses s'avancèrent vers eux, leur fer brillant à la lueur des lanternes.
Fidèle à elle-même, Selen lui décocha un regard lourd de sous-entendus, appuyant son idée par une phrase à laquelle Spic hocha du chef, les sourcils froncés. Décidément, on ne pouvait décemment pas picoler tranquille lorsqu'on était un pirate. A qui la faute, en même temps ? Celle qui se prévalait d'être au-dessus de lui hiérarchiquement parlant aurait pu faire profil bas, pour une fois ; mais non, il lui fallait attirer l'attention sur elle. Si cela l'avait fait rire, il apprécierait tout autant pouvoir boire quelques chopines sans prise de tête à la clef. Toutefois, il fallait croire que côtoyer de près Selen n'apportait que des emmerdes de toutes sortes et, une fois de plus, Espirek dut faire chanter son épée, crissant hors de son fourreau, pour la brandir vers ceux qui voulaient en découvre visiblement avec eux. Le pirate ne prit même pas la peine de se lever tout de suite, toujours avachi, seul son bras se tendit vers le groupe d'hommes pleins d'animosité envers le couple de pilleurs des mers.
« Assez d'sottises, bouclez-la, ne m'obligez pas à l'faire moi-même. »
L'homme qu'avait vexé Selen, cette fois, était soutenu physiquement par trois autres, et quelques regards soutenus semblaient indiquer qu'en cas d'escarmouche, ils seraient prêts à prêter main forte. La situation devenait quelque peu critique. Selen s'en rendait-elle seulement compte ? Spic préférait mourir sur les vagues ou au fond de la mer plutôt que dans cette taverne puante. S'ils venaient à succomber tous deux, même au ciel, Selen vivrait l'enfer car il se promettait de le lui faire vivre. Le jeune maître d'équipage poussa un « ben voyons... » ennuyé et se redressa de son canapé, Selen l'imitant d'un bond agile, son sabre également au poing. En face d'eux, les quatre malabars jouaient des épaules et firent un pas de plus vers eux. Spic les jaugea sans gêne, arquant les sourcils comme s'il n'avait affaire qu'à des caniches inoffensifs. Pourtant, au fond de lui, il se savait mal barré. Jouant le tout pour le tout, passant de sa posture passive à un mouvement très vif de tout son corps, il envoya son sabre en diagonale, du bas vers le haut, en ayant fait un grand pas en avant ; sa lame, si effilée, vint atteindre le poignet de l'homme vexé pour le lui trancher, l'épée chutant en même temps que la main. Sous la stupeur, la victime mit un court instant à se rendre compte de ce qui lui arrivait ; lorsque ce fut le cas, la douleur explosant certainement dans tout son être, il se cabra en arrière, son autre main venant tenir son moignon frais qui pissait le sang, et hurla comme un possédé.
Spic se retourna vivement, empoignant Selen par l'épaule et la fit courir sur le côté, jouant violemment des coudes pour se frayer un chemin dans la foule devenue dense au cours de la soirée. Plusieurs voix s'exclamèrent « à l'assassin ! », « tuez-les ! » et autres paroles agréables aux oreilles. Bien sûr, alors qu'ils arrivèrent à la porte, d'autres hommes leur barrèrent la route de leurs larges carrures. En reculant vivement, Spic donna un coup de tête à Selen et ils manquèrent de glisser dans l'épaisse mélasse au sol, mélange de bières, et de... Spic ne voulait point trop y penser. Relevant son sabre déjà poisseux de sang vers eux, Espirek leur parla d'un ton grondant et péremptoire :
« N'cherchez pas les embrouilles, m'gars. On est du Crépusculaire. Il t'en cuira si tu nous nuis. »
L'homme en face de lui, le plus en avant, les cheveux longs, frisés et grisonnant tout comme sa barbe, éclata d'un rire d'outre-tombe.
« Et qui ira le lui dire, à Aaren, hein ? Si tous les deux, vous crevez ici, comme des chiens ? »
Spic mit un moment pour réfléchir. Il n'avait pas tout à fait tort, le bougre. D'une œillade entendue à Selen, signifiant qu'il leur faudrait finalement se battre, il finit par afficher un petit sourire. Le fait également que cet inconnu connaisse le nom d'Aaren signifiait qu'il avait un lien plus ou moins serré avec la piraterie ; qu'à cela ne tienne, les coups bas seraient donc permis, pas de pitié entre pirates !
« Bon... » fit simplement Espirek, la malice luisant dans ses yeux bleu de pluie.
Sans crier gare, sans une alerte physique, comme lorsqu'il avait tranché la main du malheureux précédemment, il se rua brusquement sur le vieux corsaire. Celui-ci dégaina et bloqua son sabre, le repoussant, mais Spic rechargea aussitôt ; s'ensuivit une lutte acharnée durant laquelle Spic ne put faire attention à ce qu'il advenait de sa compagne.
♦ PSEUDOs : Illabye ♦ MESSAGES : 827 ♦ RÉPUTATION : 4896 ♦ AVATAR : emilie de ravin ♦ DC & co : Raeryan, cármen, farshad, elea, violette ♦ DISPONIBILITÉ RP : ✓ Disponible— RACE DU PERSO : Humaine — ORIGINAIRE DE : Rohan — ÂGE DU PERSO : 28 ans — RANG SOCIAL : Riche — MÉTIER PRATIQUÉ : Second à bord d'une frégate appelée le Crépusculaire — ARMES DU PERSO : Epées, dagues, couteaux — ALLÉGEANCE〣GROUPE : aux pirates du navire et surtout son capitaine; Aaren — VOYAGE AVEC : les pirates du Crépusculaire — AMOUREUSEMENT : s'y aventure dangereusement
C’était d’entrée mal barré, la tension était de plus en plus palpable alors que les esprits s’échauffaient. Dans un mouvement menaçant de la part des hommes venus les provoquer, les deux pirates du Crépusculaire se levèrent simultanément, armes dégainées, prêts à croiser le fer. Selen avait l’air de s’amuser de la situation, quel pirate n’aimait pas quelques coups échangés dans une taverne après quelques litres d’alcool ingurgité ? Espirek envoya la première attaque, tranchant l’air et surtout le poignet de l’homme placé devant eux. Selen écarquilla les yeux, soudainement prise de rire alors qu’elle fut emportée par Espirek sur la seconde d’après. Elle se demandait pourquoi il cherchait à fuir alors qu’elle se sentait tout à fait de taille a les affronter. Sans doute les effets d’ivresse qui lui donnaient suffisamment de courage pour les terrasser. Quoi qu’il en soit le maitre d’équipage ne semblait pas de cet avis, elle le suivit alors sans poser plus de question jusqu’à ce que leur course se termine devant un homme dont le faciès lui rappelait quelque chose. La pirate l’observa, plissant des yeux jusqu’à ce qu’il prononce le nom d’Aaren. Les souvenirs revinrent aussitôt dans son esprit alors qu’elle se souvenait l’avoir déjà vu sur un navire qu’ils avaient pillé. Selen n’eut même pas le temps de lui faire cette remarque que la bataille reprenait déjà de plus belle alors qu’Espirek se décida à attaquer. Faisant dos à son camarade, Selen dégaina son sabre et entreprit de couvrir les arrières de son collègue. C’est d’un large sourire sur les lèvres qu’elle vit des hommes commencer à les encercler. Chouette, un peu de divertissement ! Selen attendit que l’un d’eux soit assez courageux pour oser attaquer une femme – car ils étaient toujours un peu timides au début.
Jusqu’à ce que l’un d’eux se mette à hurler à la charge. D’un violent coup dans le ventre pour le couper dans son élan elle le força à se mettre à genou devant elle. La pirate profita de cet avantage pour frapper violemment son sabre dans la carotide de l’homme, découpant la peau d’un passage net et assez profond pour provoquer sa mort. Le sang éclaboussa son visage, elle prit appui de son pied sur l’épaule de l’homme pour y extraire son sabre avant d’esquiver une attaque qui arrivait dans son dos. La jeune femme se baissa et pivota dans le dos de son agresseur, tout juste ayant le temps de se servir de lui comme bouclier alors qu’un autre guerrier avait entreprit de lui asséner un coup de hache. L’arme se planta dans le thorax de l’homme qui la protégeait à son insu, hurlant de douleur sous le choc mortel, Selen le laissa gire à ses pied en ayant prit soin de retirer la hache. Désarmé, l’homme leva les yeux vers Selen qui s’approchait de lui avec un sourire des plus malsains sur les lèvres. Il attrapa une chaise pour s’en faire un bouclier, s’attendant à ce qu’elle lui jette à la figure. Elle fit mine de l’envoyer alors qu’elle prenait de l’élan dans un geste brusque. Il la quitta des yeux, le temps de relever la chaise à sa tête afin de se protéger. Mais Selen utilisa cette distraction pour se précipiter vers lui, elle le bouscula en se jetant sur lui, le faisant tomber à la renverse. Le pied de la chaise s’enfonça douloureusement dans la bedaine pleine de bière de l’homme alors que Selen appuyait de tout son poids sur celle-ci. Il était complètement immobilisé au sol, la douleur dans ses côtes l’empêchait de se mouvoir correctement. Selen lança la hache dans la tête d’un homme qui avait envisagé d’attaquer Espirek alors qu’il était suffisamment occupé avec deux autres hommes. Ce dernier s’écrasa comme une mouche sur le parquet. Ceci fait, la pirate dégaina son sabre et sauta sur le sol. D’un coup de pied, elle débarrassa l’homme de la chaise mais il n’eut pas le temps de se relever qu’elle transperça son cœur d’un coup sec jusqu’à sentir sa pointe de sa lame rencontrer le sol. Son agonie fut toute aussi sonore, en écho des victimes d’Espirek. Quelques secondes ne trop alors qu’elle regardait dans sa direction, un homme l’attrapa par les bras, lui retirant ses armes, il écrasa le visage de la jeune femme contre le bois d’une table tandis qu’il lui tordait douloureusement les poignets. Selen joua alors des pieds pour lui asséner un cou dans le ventre et en profita pour se retourner, assise sur la table, elle empoigna son agresseur par le col et lui vola un couteau qu’elle lui enfonça dans la tempe. Il convulsa un moment au sol avant de glisser sur ses jambes et s’écrasa au sol. Puis, Selen eu tout juste le temps de se reculer qu’un homme brandissant son épée la planta sur la table de son tranchant. Elle eu tout juste de le temps de se reculer. La puissance de son attaque avait logée son épée profondément dans le bois et tandis qu’il essayait difficilement de l’en extirper, Selen se leva et se jeta sur lui. Il bascula sur le dos, trébuchant et Selen se retrouva assise sur son thorax, la pirate n’avait plus d’armes en main. Elle se contentait alors de le saisir à la gorge, appuyant sur sa gorge pour lui couper le souffle le plus vite possible. Mais elle ne put y mettre toute sa force tandis qu’il attrapa les cheveux de Selen et tirait en arrière. Elle s’accrochait, grimaçant sous les tiraillements imprimés dans son cuir chevelu. De son pied elle appuya sur le visage de l’homme, une longue lutte de force s’en suivit. La puissance n’était pas ce que Selen avait de meilleur et elle était alors sur le point de perdre ce duel.
L’adrénaline accélérait son rythme cardiaque, si seulement elle n’avait pas autant bu elle aurait surement pu trouver comment réagir vite à ce genre de blocage. Alors elle le laissa gagner, soudainement le relâcha pour se jeter en arrière d’une agile galipette. Attrapant la main de l’homme qui avait relâché son emprise sous la pression, elle l’obligea à tendre le bras et donna un coup de pied dans son coude pour le lui casser. Selen lui en infligea un deuxième dans le visage, d’une violence sans pareille qui assomma sa cible. C’est le silence qui s’en suivit qui la perturba, tandis que ces querelles avaient dissuadé d’autres hommes de s’en mêler au vu de la violence dont ils avaient faire preuve. Selen vacilla, jusqu’à s’asseoir sur une chaise afin de prendre une choppe qui trainait par là et en descendre son contenu afin d’épancher sa soif. Elle jeta un regard dans la direction d’Espirek, se demandant s’il avait fini de son côté. Elle s’en était sorti indemne, seuls quelques bleus feraient surface en plus de la gueule de bois qu’elle aurait le lendemain. Car elle était épuisée, elle avait beaucoup trop bu pour en supporter d’avantage. D’un revers de manche Selen essuya le sang de son visage.
« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu... » Courteline
L'homme ventru en face de lui était plus agile que son apparence le laissait présager ; il avait paré la première attaque d'Espirek du tranchant de son épée, plus courte mais plus légère que la sienne, et les coups fusèrent, les lames luisant tels des éclairs aux feux des torches et des lanternes. La foule qui regardait jusque là, le souffle suspendu dans l'attente du combat, s'était écarté comme un seul être, leur laissant une place toute bienvenue pour le duel que Spic avait engagé. Longuement, il ne se préoccupa que de cet homme qui avait osé barrer sa route ; il frappait de toute sa rage, dans tous les sens, hurlant des injures à faire blêmir le diable en personne. Le barbu soutenait la cadence mais, bientôt, sa corpulence fut un fardeau pour lui là où la sveltesse de Spic était un avantage certain ; il s'essouffla et perdit petit à petit le fil du combat. A un moment, d'un mouvement traître du bras qui semblait venir de gauche, le pirate fit une embardée agile et finit par atteindre son adversaire à l'avant-bras tenant son arme. Le fer s'incrusta dans la chair comme dans du beurre frais et, alors que Spic en retirait son arme avec la même vivacité, une gerbe de sang l'éclaboussa à la verticale, du visage jusqu'au bas-ventre. La blessure laissait apercevoir la chair dans son plus bel appareil ainsi que l'os sur un pouce. L'homme hurla, se jeta au sol, et fut bientôt noyé sous les silhouettes imposantes de deux de ses acolytes.
L'un très grand, le visage imberbe si ce n'était une longue tignasse filandreuse d'un gris de cendre, et l'autre aussi large que haut aux airs de mâtin enragé, ses bajoues ruisselantes tressautant alors qu'il trépignait d'impatience d'en découvre avec Spic. Son sabre dégoulinant de sang, Spic fit quelques pas en arrière, jaugeant de son mieux la situation ; les deux tailles si différentes de ses nouveaux ennemis n'allaient pas lui faciliter la tache et il devrait s'occuper de chacun d'eux séparément. Ses doigts vinrent agilement choper un couteau de lancer sous sa chemise de lin grisâtre et il le lança en direction du géant malingre ; celui-ci inclina le torse suffisamment pour l'éviter, un rire mesquin accueillant cet échec. Aussitôt, il s'élança sur Spic qui eut tout juste le temps de lever son sabre, éclaboussant son assaillant du sang de sa précédente victime, et de retenir ses coups d'estoc. Aussi vif que lui-même, son ennemi était doté d'une rapidité extraordinaire et Spic eut un mal fou à soutenir ce rythme endiablé, bloquant toujours à la dernière fraction de seconde le coup mortel qui aurait pu lui trancher la jugulaire, l'aine ou le nombril. Exaspéré d'être ainsi en position faible, il décida de cesser le duel de façon loyal ; tournoyant sur le côté, il laissa l'homme taper dans le vide et, tout à sa surprise, Spic arriva derrière lui et lui donna un coup de pied au postérieur. L'asperge tomba en avant, se prit une table dans le menton et s’assomma à moitié ; à terre, il se redressa comme il le put, la bouche en sang, et Spic devina qu'il s'était mordu violemment la langue. Il eut à peine le temps de voir cela que quelqu'un, sûrement le petit gros de tout à l'heure, venait de le prendre par derrière à l'aide d'un bout de corde.
La strangulation fit bientôt virer au violacé le visage de Spic qui, les mains agrippées tour à tour sur la corde enserrant sa gorge puis sur les poignes de son agresseur, n'eut d'autre choix que de le forcer à reculer au pas de course. Technique peu élégante qui lui permit, au final, de l'écraser contre un mur en planches mal équarries. Là, il fit appel à ses dernières forces pour ramener son buste en avant puis en arrière, frénétiquement, de façon à éclater le dos du petit gros. Celui-ci, au bout d'un moment, lâcha une plainte, ses vertèbres broyées à force, et la pression sur le cou de Spic diminua. Profitant de ce début de répit, le pirate s'écarta de cet homme et, sans faire dans la dentelle, pivota sur lui-même et lui découvrit les entrailles. Sa lame alla s'enfoncer jusqu'au foie, il la fit tourner, rendant blême sa victime qui finit par glisser le long du mur telle une poupée de chiffon inutile. Seulement alors, Spic prit conscience de la cohue qui animait les lieux mais qui, rapidement, s'étiola et fit place à un silence macabre. Des corps jonchaient le sol mais il n'y vit pas Selen, avec un certain soulagement, plus professionnel qu'amical en vérité. Il la vit affalée sur une chaise, les yeux mornes sur ce qu'ils venaient de faire ; toute joie semblait l'avoir quittée et elle lui parut horriblement fatiguée.
Pourtant, en s'approchant d'elle, ignorant avec brio les regards exorbités du reste de la clientèle, il lui sourit comme s'il venait de jouer à une partie de cartes. Sans même s'essuyer la main pleine de sang, il la lui tendit et l'aida à se relever. Elle semblait raide, vacillait sur ses guibolles, la respiration hachée. D'une voix qui se voulait doucereuse, Spic lui intima qu'ils allaient retourner sur la frégate et se reposer. Assez de grabuge pour ce soir, insista-t-il, alors qu'il aurait aimé dire « pour toujours ». Spic était, pour certains, un mauvais pirate : si le vol le rendait fou de joie quand il avait un bon butin, le meurtre ne lui procurait aucun plaisir, aucune satisfaction, comme cela semblait l'être pour Selen. Pourtant, le plupart aimait ça, Spic faisant alors une singulière exception. Il tuait par nécessité, non par envie. Ce soir, il avait du le faire, contraint par la situation dans laquelle Selen les avait mis. Pour cela, il lui en voulait. Il fut pourtant comme un frère, un frère d'armes plutôt, quand il la mena, un bras autour de ses hanches, vers la porte de sortie. Abandonnant le saccage qu'ils venaient d'accomplir derrière eux, ils s'engouffrèrent dans une brume d'avant l'aurore, n'étant bientôt plus que deux ombres indistinctes, vaporeuses, se retenant l'un à l'autre.
Après quelques minutes de marche, au lieu de continuer jusqu'au port pour rejoindre le navire, alors que c'était là ce qu'il avait dit en sortant de la taverne, Spic lâcha soudainement Selen et alla s'asseoir sur un muret de pierres grossièrement cimentées entre elle. Son souffle faisait apparaître une légère buée à chaque fois qu'il expirait ; une fraîcheur humide et gorgée d'iode imbibait l'atmosphère, rendant encore plus moite sa peau qui l'était déjà par sa sueur. Non loin de l'eau, on pouvait entendre le clapotis de vaguelettes paresseuses touchant à rythme régulier le bord de la digue. Ce doux silence fit un bien fou à Spic. Après un instant, histoire de remettre ses idées en place, il lança un regard plein de malice à Selen qui, pour sa part, affichait un air intrigué, ne sachant ce qu'il mijotait certainement. Il ne la fit pas attendre et, de son veston, il en extirpa une bouteille de rhum ambrée encore pleine.
« J'imagine que tu as encore une petite soif, mh ? » fit-il en faisant sauter le bouchon pour faire couler l'alcool dans sa bouche.
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Savourant ces précieux instants de repos après le vacarme et la tempête, Selen s’était laissée gire sur une chaise qui menaçait de se casser en ayant été victime de coups manqués. Elle empestait le sang, elle n’aimait pas cette odeur, et ses vêtements, sa peau en était imprégnés à cause de la sauvagerie dont elle avait fait preuve. Selen leva ses yeux azurs vers le jeune homme que Spic avait un peu bizuté à leur arrivé, tremblant derrière une table, il constatait l’hécatombe de ses pauvres yeux d’innocents. Ah dans un monde pareil il n’aurait pas pu rester vierge de barbarie, tôt ou tard il aurait découvert l’étendue de la cruauté de ce monde et la nécessité d’être plus fort que les autres sous peine de se faire manger par les autres. La jeune femme l’avait appris à ses dépends, si Aaren ne lui avait pas laissé sa chance qui sait ce qu’elle serait devenue ? Selen serait surement engrossée pour la cinquième fois, payant son pain avec l’argent du bordel dans lequel on l’aurait foutue après que les pirates du Crépusculaires l’auraient vendue s’ils ne l’avaient pas tuée. Selen bascula sa tête en arrière, écoutant avec attention le si joli son de la liberté qui murmurait à ses oreilles. Et les deniers gémissements d’agonie laissèrent place à des bavardages, les rumeurs se faufilaient entre les personnes qui n’avaient pas souhaité prendre part au combat et qui se contentaient de les observer comme des bêtes sauvages. La jeune femme rouvrit les yeux, le regard meurtrier étiré d’un sourire malsain à leur attention ; la folie et le plaisir engendré. La peur dans leur regard était sa récompense, l’échelle sur laquelle elle mesurait sa réussite et où elle pouvait dire enfin qu’elle avait survécu jusque là.
Spic approcha de la pirate, sans surprise, il avait survécu. Il lui avait bien montré ses talents de combattants dès leur première rencontre alors qu’ils étaient en train de s’entretuer, mais la motivation qu’il avait amassée en bossant pour Aaren l’avait rendu bien plus fort. Elle leva les yeux vers lui, fatiguée autant par l’accumulation d’alcool que par cette soudaine agitation. Elle n’avait pas voulu en arriver là, semer la pagaille alors qu’ils mouillaient pas loin n’était pas forcément très malin mais bon, avec ce carnage, ils avaient sans doute dissuadé tout le monde de venir à leur frégate leur faire une correction. Spic aida Selen à se relever, passant son bras à ses hanches pour l’aider à rester sur pied jusqu’à la sortie. Elle s’aida volontiers de sa présence, demeurant silencieuse alors qu’ils quittaient la taverne sans rien ajouter de plus. Il la mena dans un coin, pas réellement décidés à rentrer encore alors que la soirée ne faisait que commencer.
La pirate s’affala au sol, à moitié adossée contre le muret et laissa échapper un rire idiot en repensant à toute cette comédie dans la taverne et ces histoires à dormir debout. La jeune femme fronça les sourcils, ne comprenant rien à ses devinettes terrées dans son regard jusqu’à ce qu’il sorte une bouteille de rhum et qu’il lui demande si elle avait encore soif.
« Je t’aime bien Spic, fais passer ! »fit elle en ricanant
Un peu qu’elle avait soif ! Selen a toujours soif même ivre morte elle trouverait le moyen de descendre n’importe quel alcool qui lui passerait sous la main. La jeune femme étira un large sourire à son collègue, aussi espiègle qu’on le lui connaissait et une fois la bouteille en main, elle porta le goulot à ses lèvres pour en avaler quelques gorgées. Epanchant sa soif, elle lui rendit la bouteille et se laissa glisser sur l’herbe pour s’allonger un peu et observer le ciel. Du moins de ce qu’elle en voyait, disons que la voute céleste floutée d’a rien d’extraordinaire mais avec un peu d’alcool dans le sang c’est tout autant le ciel que le sol que l’on sent bouger. C’est dans ces moments là que Selen se sentait vivante, les sensations étaient décuplées et plus rien n’avait l’air de compter à ses yeux. Elle se contentait de rester là, allongée et sentant son corps s’emplir d’ivresse dans les moindres parcelles.
« Si t’avais pas fini pirate, tu s’rais ou toi ? »
« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu... » Courteline
Alors que, de toute évidence, Selen était pleine comme une barrique, Spic, pour sa part, était toujours frais comme un gardon. Il n'avait eu le temps de boire qu'un verre de rhum brun sur le Crépusculaire et, en tout et pour tout, deux mauvaises bières à la taverne, avant que tout ne dégénère. Avoir les esprits clairs en un tel moment n'était pas bien agréable ; il repensait à ses méfaits, à ses victimes, et cela ne le remplissait pas du tout de joie. Il s'en sentait maussade et espérait bien noyer tout ça dans cette bouteille, et attendit patiemment que Selen la lui rende. Il la reprit, but une longue gorgée, suivie de plusieurs autres. Il apprécia le picotement qui lui vint au bout des doigts ainsi qu'à l'arrière des paupières et poussa un soupir d'aise, toujours juché sur son muret. Non loin de lui, Selen, pour sa part, alla s'avachir sur un parterre d'herbes gorgées d'écume, sentant la marée basse, et il sut qu'en d'autres cas, il se serait gaussé de la voir salir ses habits à même la terre humide, presque de la boue. Mais là, à présent, rien ne semblait pouvoir le faire vraiment rire, et il eut un sourire gauche, amer. La sueur perlait jusque dans ses yeux et il voulut se l'essuyer ; avec agacement, il sentit qu'il s'était foutu du sang sur le visage, par ses mains visqueuses qui en étaient recouvertes, et avec une exclamation rageuse, il lâcha la bouteille sur le rebord de pierre et descendit vers le bord du port. Il était tout sanguinolent, ses vêtements rougis par l'hémoglobine qui, bientôt, virerait à un brun peu ragoûtant. Sur la berge, il se dépêtra de sa chemise souillée, la plongea dans l'eau salée à plusieurs reprises, brusquement, histoire d'en retirer le plus gros du sang, avant de s'apercevoir qu'il ne récupérait certainement jamais la couleur originelle. Il se rinça ensuite les bras, le buste, le visage et la nuque avec vigueur, et parmi le bruit de l'eau l'éclaboussant, il entendit Selen lui poser une question bourrée de sentimentalisme, un peu trop à son goût.
Toujours accroupi, il tourna son visage vers elle, une expression interrogative sur ses traits. Il resta là un moment, croisant son regard insistant et impatient de savoir sa réponse, mais il resta muet. Espirek leva les yeux au ciel, en prenant soin qu'elle ne le remarque pas ; qu'avait-elle avec ces pensées émotives, tout à coup ? Ah, les femmes... En tout cas, celle-là était bien spéciale, dans son genre. Capable de retirer la vie à autrui et ensuite se questionner sur la sienne ou celle de ses proches. Spic, pourtant, se forgea un air amical, plein de compréhension et d'attention à son égard, hypocrite au possible. Il ne détestait pas Selen et, quelque part, il l'appréciait ; mais certaines choses ne pouvaient être oubliées et il exagérait volontiers en sa présence la sympathie qu'il ressentait pour elle, feignant d'être son ami. Il n'avait pas honte d'agir ainsi, il ne le faisait que pour sa propre survie. S'il montrait ses réelles pensées vis-à-vis de Selen, ou même d'Aaren, qu'en adviendrait-il de lui ? Il ne pouvait pas le savoir mais pouvait deviner à quel point ce serait désastreux, regrettable. Spic voulait vivre, vivre bien, exaucer ses rêves, ses souhaits - devenir riche et maître de lui-même, rien que ça - et c'était la seule raison qui le poussait à agir comme un chien fidèle lorsqu'il était en présence des membres de l'équipage. Selen, apparemment, même bourrée, comptait sur lui plus que ce qu'il devrait en être, plus que si elle le considérait que comme un camarade. A ses yeux, il était devenu un ami pour elle ; il se comporterait donc ainsi.
Se redressant, et revenant sur ses pas pour retourner à son muret de pierre, il tordit son vêtement, laissant échapper des éclaboussures rosâtres sur les pavés ronds. Il se força à lui sourire, à communiquer un air nostalgique par une petite moue, et répondit d'un ton doux :
« Je serais sûrement mort. »
Il n'avait pas envie de s'étaler beaucoup plus. Au moins, sa réponse avait le mérite d'être franche ; oui, il serait mort. Si son père ne l'avait pas laissé vivre et devenir un pirate à ses côtés, bon gré mal gré, il l'aurait certainement tué à sa naissance. Il aurait à peine inspiré sa première bouffée d'air qu'il en aurait expiré l'ultime. C'était assez angoissant et humiliant de se dire qu'il devait la vie à deux reprises à son foutu géniteur, à cet homme qu'il avait tant haï. Son assassinat, par Aaren, était bien là le seul acte valant au Capitaine sa plus grande gratitude, restait un souvenir cuisant, éviscérant ses pensées, à la fois heureuses et craintives. C'était d'ailleurs là la seule raison du fait qu'il appréciait, tout de même un peu, Selen et Aaren ; s'il restait sous leur domination, à son grand regret, ils l'avaient quand même sorti des griffes de ce père infâme et violent, soûlé de pouvoir. Cela ne leur donnait pas droit à son amitié, ni à sa confiance, mais au moins à sa reconnaissance éternelle et, par extension, à du respect qui leur offrait l'occasion de vivre encore. Pour sûr, sans cette délivrance impromptue, Espirek aurait pris un malin plaisir à les égorger après avoir gagné leur confiance, pour ensuite prendre le large. Mais il ne les tuerait pas. On ne tuait pas ses sauveurs, tout de même. Malgré son étiquette de pirate, de lâche, Spic avait un minimum de savoir-vivre...
Le ruffian attrapa la bouteille précédemment abandonnée et but à nouveau, longuement. Sa tête se mit un peu à tourner ; il sourit. Le silence qui avait accueillit sa réponse lui sembla inadapté et, même si, au fond, il s'en fichait pas mal, il se dit qu'il serait séant de demander en retour à Selen ce qu'elle serait devenue. Spic connaissait déjà sa réponse, à peu près ; elle serait certainement devenue une putain sans nom, sans avenir, et elle aurait vécu dans la misère la plus totale. Malgré ses allures d'hommes, son caractère volcanique, elle ne restait qu'une femme ; en-dehors de la piraterie, de ce choix douteux pour une demoiselle, elle n'aurait pas eu énormément de choix. Au fond de lui, Spic savait qu'elle aurait dû être ce genre de femmes de mauvaise vie, elle aurait dû être une catin et ne pas se trouver à la place qu'elle occupait. Cette pensée, tenace dans sa mémoire, ne le quittait pas et peut-être était-ce cela qui l'empêchait de regarder avec déférence la jeune femme. Elle n'avait eu qu'un peu de chance, dans le fond... Sans cette occasion inespérée, il l'aurait certainement rencontrée dans un bordel et l'aurait ramonée comme une chienne pour quelques piécettes misérables. Ou, à l'inverse, il aurait pu être mort, et ne jamais l'avoir rencontrée. Spic rebut une gorgée, cette pensée fugace le rendant plus énervé que voulu.
« Et toi ? » dit-il après avoir émis un hoquet, à force de boire.
♦ PSEUDOs : Illabye ♦ MESSAGES : 827 ♦ RÉPUTATION : 4896 ♦ AVATAR : emilie de ravin ♦ DC & co : Raeryan, cármen, farshad, elea, violette ♦ DISPONIBILITÉ RP : ✓ Disponible— RACE DU PERSO : Humaine — ORIGINAIRE DE : Rohan — ÂGE DU PERSO : 28 ans — RANG SOCIAL : Riche — MÉTIER PRATIQUÉ : Second à bord d'une frégate appelée le Crépusculaire — ARMES DU PERSO : Epées, dagues, couteaux — ALLÉGEANCE〣GROUPE : aux pirates du navire et surtout son capitaine; Aaren — VOYAGE AVEC : les pirates du Crépusculaire — AMOUREUSEMENT : s'y aventure dangereusement
Mort, oui c’était une option viable. De toute manière la plupart des pirates avaient choisi aussi cette vie alors qu’il leur fallait faire un choix entre la vie et la mort. Quand à remonter à plus avant, c’était sans doute la même chose. Selen ne savait que très peu de choses sur le passé de Spic, elle ne savait même pas quel enfant ni quel jeune homme il avait été avant d’être formé comme pirate. D’hors et déjà le fait que son père soit capitaine lui donnait la possibilité d’avoir quelques hypothèses. Elle n’avait jamais posé la question, parce qu’elle n’en voyait pas l’intérêt. Mais ave de l’alcool dans le sang elle se laissait plus facilement aller à ce genre de questions qui n’ont absolument aucune logique ni aucune raison d’être. Le genre de question qui suscitait des interrogations lorsqu’elles étaient posées par Selen qui n’avait en temps normal aucune envie de débattre sur ce genre de conversation ennuyeuse. Elle s’en foutait, elle ne l’avait pas forcé à répondre, tout comme elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui retourne la question.
Ah, si Selen n’avait pas été enrôlée dans la piraterie on pouvait déjà lui imaginer bien des choses. Tout dépendait à quelle période l’on remontait mais si l’événement qui l’avait poussée à s’enfuir n’avait pas eu lieu, Selen serait sans doute une bonne femme au foyer, un enfant pendant à son sein. Assurément.
« Je me s’rais pas enfuie j’aurais fini mariée à un vieux plouc, enceinte de mon troisième gosse ! »
Si ce jour là elle n’avait pas été épargnée des pirates, soit elle aurait servit de nourriture aux poissons en passant par-dessus bord soit elle aurait été revendue à un bordel à Umbar ou bien esclave. Le genre de vie qui ne lui convenait pas, d’un côté comme de l’autre.
« J’échangerais pas un de ces marmots grassouillets et cette vie paysanne contre l’océan et les pillages. Je n’ai jamais été faite pour attendre sagement que l’on me dise comment doit être ma vie. »
Même si cela relevait de la normalité pour les femmes que d’être casée à un mari une fois devenue apte à enfanter, Selen depuis très jeune avait refusé ce destin. On l’avait poussée à se rebeller, elle avait toujours refusé de faire ce qu’on lui disait de faire, d’abord par pur plaisir de provoquer mais aussi parce qu’elle savait qu’elle ne resterait pas sagement dans cette ferme. L’annonce de son mariage fut ce qui la fit réagir, elle était alors partie sans rien en se dissimulant dans une caravane. Ce que lui avaient offert les pirates était inestimable, autant que sa dette envers Aaren dépassait tout l’or qu’elle lui avait ramené en 17 ans de services. Pour ainsi dire Selen ne pensait pas pouvoir un jour la lui rembourser totalement. En plus de faire ça par reconnaissance elle avait fini par se plaire dans sa vie de pirate. Elle avait une certaine liberté, elle avait le choix de ne pas se laisser marcher sur les pieds, et elle n’était pas comme ces pauvres bonnes femmes à veiller au bon confort des hommes. Elle était aux premières loges, donnait un sens à sa vie en se rendant utile, et c’était très bien comme ça. Grand bien leur fassent à ceux qui n’étaient pas d’accord avec sa vision des choses. Aaren l’avait accepté et lui avait permis d’être ce qu’elle était devenue, le reste lui importait peu.
Selen soupira doucement, se levant pour aller sur la rive alors que les vagues de leurs doux sons s’écrasant sur le sable en se retirant semblaient l’appeler. Réclamant une nouvelle fois la bouteille de rhum pour en descendre à grandes gorgées, Selen reposa la bouteille aux côtés d’Espirek qui avait entreprit de laver ses affaires pour débarrasser les tissus du sang de leurs victimes. Elle aurait dû en faire de même, histoire de ne pas avoir de comptes à rendre auprès de son capitaine mais était bien trop ivre et l’idée de se dénuder pouvait aussi bien être mal interprété ; la chair n’appelait pas et puis elle avait bien trop bu pour se souvenir de quelle manière le faire.
« Tout ce que je désire c’est être ivre sur la plage. » Fit-elle comme si sa vie s’était soudainement accomplie, levant les bras et sentant l’air marin s’engouffrer dans ses cheveux.
La jeune femme quitta ses bottes, les jetant en arrière de manière peu élégante et fit quelques pas dans l’eau. Elle s’enfonçait dans le sable humide, chacun de ses pas imprimés et détaillés, l’eau froide au contact de sa peau lui arracha de lourds frissons avant qu’elle ne commence à s’y habituer. Non, ni même pour son amour de l’océan elle ne regrettait pas sa vie d’aujourd’hui. La vie sur terre lui semblait condamnée alors que ce pays appelé Crépusculaire lui offrait bien des horizons. Vacillant sur les flots, la pirate se laissa finalement rasseoir sur le sable, l’eau arrivant jusqu’à ses pieds avant de s’enrouler en vagues. Au loin, dans la pénombre, on pouvait apercevoir les voiles repliées du navire sur les mats, bien sur il fallait être au courant de sa présence car en pleine nuit ce navire n’étai plus qu’un bâtiment fantôme dont il fallait connaitre ses mystères pour le percevoir au travers de l’obscurité.
« Regarde le, l’ombre menaçante et puissante, on a qu’à l’observer pour croire à leurs histoires ! »Fit-elle admirative à l’égard de la frégate
« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu... » Courteline
Selen, lui tournant alors le dos pour aller jouer avec le filet d'eau salée que buvait la plage, aussi goulûment que Selen le faisait avec leur rhum volé, Spic ne se retint pas d'avoir son fameux sourire sardonique. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'amusement malsain à l'idée d'une Selen coincée entre quatre murs, peut-être même luxueux - mais il préférait imaginer le décor plus lugubre et maussade que ne pouvait l'être aucune maison sur ces terres - avec des marmots lui courant dans les jambes, ses bras couverts de farine, d'huile de cuisson et ses mains rougis par un dur labeur de bonniche tenant des casseroles de cuivre. Ah, quelle drôle d'image venait-il d'avoir là ! Il se serait bien gaussé, là, sur son muret, mais il n'avait aucune envie de risquer d'attirer les foudres de sa camarade. Même dans un tel état, elle pouvait s'avérer redoutable. Spic n'avait pas l'audace de s'imaginer pouvoir rivaliser avec elle, malgré ses propres talents ; il ne voudrait en aucun cas ravoir Selen, la sirène du Crépusculaire, dans le camp adverse. Toutefois, il savait que ce jour viendrait, ou plutôt reviendrait, car, lorsqu'il prendrait les voiles de son propre chef, il se détournerait d'Aaren et, par extension, de Selen. Il les aurait à nouveau comme rivaux et, peut-être bien les aurait-il comme ennemis, sa fuite du navire pouvant être pris comme un affront, une preuve supplémentaire de sa couardise. Spic s'en souciait guère ; son père l'avait assez enfermé et, encore aujourd'hui, malgré les libertés qu'il avait obtenu aux côtés d'Aaren et à bord de son vaisseau, il se sentait toujours prisonnier.
Il regarda d'un oeil morne Selen s'égayer au contact de la mer léchant ses pieds nus. Il avait bien failli se manger l'une de ses bottes que l'inconsciente avait fait voler derrière elle, sans même tenir compte du lieu de leur chute pour les récupérer ensuite. La donzelle devait être sacrément éméchée. En doutait-il encore ? De toute manière, il commençait doucement à tanguer lui-même sur son muret de pierre et, bien vite, grisé par l'attitude libérée de Selen, Spic se prit d'envie de l'imiter. Contrairement à elle, il prit soin de déposer chacune de ses godasses sur les pierres entassées et s'avança avec nonchalance, la bouteille en main, jusqu'à l'eau. La jeune femme, pour sa part, s'était allongée sur le sable humide et froid ; Espirek resta debout, buvant plus par réflexe que par réelle envie. Selen lui indiqua alors les voiles sombres se détachant à grandes peines du ciel nocturne et nuageux, telles deux grandes ailes d'un corbeau gigantesque, et s'exclama, admirative. Spic ne ressentait pas autant d'exaltation vis-à-vis du Crépusculaire ; ce bateau avait quand même coulé celui où il était né et, malgré toute la haine qu'il avait pu avoir pour son équipage, ça avait été très bizarre de le savoir rongé par la poiscaille abyssale... Il haussa donc les épaules, but et passa le rhum à Selen qui ne se fit pas prier.
- C'est sûr, fit-il, laconique.
Un bruit de sabot claquant sur les pavés le fit se retourner avec lenteur, le regard perçant la pénombre à peine auréolée de quelques lanternes par-ci par-là. La silhouette obscure d'un grand cheval, suivi de trois autres, lui apparut, tout comme à Selen - aussi bien qu'elle puisse voir avec tout cet alcool dans le gosier. Une voix ferme, autoritaire et sévère, leur parvint :
- Nous avons eu vent d'un grabuge à une taverne, pas loin d'ici. Nous sommes à la recherche d'un homme et d'une femme...
Un éclair furtif zébra le ciel couvert, éclairant le regard suspicieux du cavalier lorsque celui-ci souleva la visière de son chapeau. On put alors voir reluire sur ses habits coûteux l'insigne de la Garde, ainsi que voir la couleur unie dont étaient faits ses vêtements coupés sur mesure. Impossible de s'y tromper. Spic s'avança vers eux, se balança sur les côtés et feignit de réfléchir.
- Ca ne me dit rien... Ma fiancée et moi, on n'fait que boire que la plage. Elle est un peu ivre, vous voyez, et...
- Et ça, c'est quoi ? De la teinture pour cheveux, peut-être ? fit un des miliciens, ayant descendu du selle et tenant du bout des doigts la chemise encore rose de sang dilué. Je devine qu'elle vous appartient, ajouta-t-il, lorgnant sans gêne le torse maigrelet mais surtout nu d'Espirek.
- Je sais pas comment vous avez deviné pour la teinture, mais bien vu ! lâcha bêtement Spic en grattant son crâne à moitié dégarni.
- Messieurs, attrapez-les, maugréa celui qui devait être à la tête du quatuor.
♦ PSEUDOs : Illabye ♦ MESSAGES : 827 ♦ RÉPUTATION : 4896 ♦ AVATAR : emilie de ravin ♦ DC & co : Raeryan, cármen, farshad, elea, violette ♦ DISPONIBILITÉ RP : ✓ Disponible— RACE DU PERSO : Humaine — ORIGINAIRE DE : Rohan — ÂGE DU PERSO : 28 ans — RANG SOCIAL : Riche — MÉTIER PRATIQUÉ : Second à bord d'une frégate appelée le Crépusculaire — ARMES DU PERSO : Epées, dagues, couteaux — ALLÉGEANCE〣GROUPE : aux pirates du navire et surtout son capitaine; Aaren — VOYAGE AVEC : les pirates du Crépusculaire — AMOUREUSEMENT : s'y aventure dangereusement
Tout laissait croire que le reste de la nuit serait semblable aux autres. Quand on est pirate, le temps ne semble pas avoir de mesure, on se sent invincible et on ne croit pas au danger imminent. Cela finit par l’être après quelques longues années d’expérience, alors qu’e le combat les rend redoutable, ils ne craignaient plus rien. Se retrouver allongée sur la plage à la merci du monde était une sensation incroyable. Selen récupéra la bouteille de rhum et but à gourmandes gorgées l’alcool ambré. Elle ne voulait plus bouger d’ici, mais déchanta bien vite en tendant les sabots de chevaux battre la terre. Une voix s’éleva à leur encontre, Selen ne bougea pas d’un pouce, laissant son collègue expliquer les raisons de leur présence ici. Bien entendu il ne goba pas l’excuse d’Espirek qui aurait très bien pu être valable s’il n’avait pas vu la chemise ensanglantée du pirate. Alors s’en suivit l’inévitable, ces quelques mots que l’on entendait souvent dès qu’ils passaient trop près des villages alors que l’on essayait encore et toujours de se saisir d’eux.
Les gardes descendirent de leurs montures, délogeant leurs armes de leurs fourreaux. Selen jura, n’étant définitivement pas en état de combattre de telles brutes comme eux dans leurs armures de fer. Quelle veine que les proprios soient allés se plaindre du grabuge dans leur taverne en citant ces deux pirates. Selen ne laisserait certainement pas cela sans représailles, mais d’abord il leur fallait se débarrasser de ces gardes là. Selen se releva donc difficilement, Espirek allait bien vite remarquer qu’il ne fallait certainement pas compter sur la totalité de ces capacités pour s’en débarrasser. Fort heureusement elle avait bonne confiance en son camarade de piraterie et croyait en ses capacités pour faire le travail très bien sans son aide. La pirate dégaina tout de même son arme à l’approche des hommes de fer, et les premiers coups d’épée furent échangés.
Elle plissait les yeux, tentant de minimiser son champ de vision afin d’éviter les effets de l’alcool qui lui brouillait la vision. Moins elle voyait, plus précise elle serait, au moins elle se focalisait sur ses adversaires et n’aurait pas le temps d’être distraite. Selen s’arrêta net devant le garde qui s’était élancé vers elle, elle se baissa maladroitement pour éviter le coup que lui asséna le garde et se releva derrière lui. La pirate eu donc tout juste le temps de prendre l’un de ses couteaux pour l’enfoncer dans la tempe du capitaine qui avait donné l’ordre. Relâchant le poignard sous les hurlements de douleur de sa victime, Selen vacilla et tomba une première fois au sol, perdant très vite l’équilibre.
En se tournant sur un côté, elle évita de justesse la lame qui se planta dans le sol là où était sa tête et se releva tant bien que mal. Deux gardes étaient sur Espirek, et deux l’affrontaient également, un combat non équitable mais pas infaisable, du moins l’était il alors qu’elle était complètement ivre. Se battre en étant imbibé de rhum n’était pas un problème en soi pour les pirates puisque la plupart du temps ils étaient sous l’influence de l’alcool, aussi était-ce pour cela qu’elle arrivait à peu près à se défendre et à attaquer. La pirate s’élança donc à l’affut de ses attaquant, y allant surtout avec l’intention de tuer vite fait plutôt que de leur offrir une mort lente et spectaculaire. La barbare planta son sabre dans le flanc de l’un des deux, qui se retira avant de tomber au sol, blessé. L’autre en profita pour lui saisir la nuque et la désarmer.
« Espèce de salope ! » Fit il entre les dents.
Ill tenta de l’étrangler mais la pirate réussi à lui mordre le bras alors qu’elle se débattait. L’homme hurla et la relâcha aussi sec avant de lui donner un coup dans la tempe qui l’envoya au sol. Selen se retrouva alors complètement déstabilisée, sonnée, elle n’entendait plus que les sifflements du fer tandis qu’Espirek plus loin menait un combat rude. L’homme revint donc vers elle, à genoux à ses côtés et la retourna sur le dos.
« Je vais t’apprendre à garder ta place femme ! »
Des paroles misogynes qu’elle avait l’habitude d’entendre et qui lui arrachèrent un rire amusé. Elle ne parvenait pas à retrouver la force dans ses bras et il en profita pour s’ériger au dessus d’elle. Dès lors qu’il tenta de la déshabiller, elle comprit ce qu’il était en train de faire. La pirate lui asséna une gifle que l’homme avait pu amortir en s’emparant de son poignet. Il l’immobilisa et tira sur sa chemise pour y dénuder ses épaules avant d’apposer sa main contre sa bouche pour l’empêcher d’appeler à l’aide. Son autre main vint défaire ses ceinturons jusqu’à atteindre les ficelles maintenant son pantalon. Selen gesticulait du mieux qu’elle pouvait, ressentant les effets de l’alcool qui la rendait complètement incontrôlable.
« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu... » Courteline
Comme il l'avait prédit, car c'était toujours ainsi que se déroulaient les rencontres pirates-gardes, ces derniers finirent par montrer clairement leur hostilité. Dégainant à son tour, Espirek ne put réprimer un sourire de lassitude ; trop de sang coulera, ce soir... Ce qui n'était pas franchement de son goût malgré ce qu'on pouvait penser de son statut social. Non, Spic n'aimait décidément pas tout ça, le sang qui gicle, la bagarre, les douleurs des lames et des coups sur son corps, et encore moins répandre la mort sur son sillage. Sauf que, à choisir, il préférait tout de même la mort d'autrui que la sienne.
Ce fut avec cette pensée vive qu'il entama le combat inévitable qui s'ensuivit. Coups d'estoc sur coups d'estoc, il rivalisait en rapidité contre la puissance de ces hommes entraînés durement. Il ne put réellement faire attention à Selen mais il espérait pour elle que, malgré l'alcool, elle puisse se défendre suffisamment. Plusieurs parades furent échangées, durant un temps considérable, avant que Spic ne puisse trouver une faille chez l'un des deux gardes sur lui et ne lui enfonce son sabre sous la clavicule, la brisant d'un coup net et vicieux tout en lui déchirant toute la musculature que celle-ci était censée protégée. Le hurlement d'agonie de la victime lui vrilla les tympans, l'agaçant, et il fit un ultime geste vers sa gorge pour la lui trancher et le soumettre au silence salvateur. L'autre, effaré par cette mort atroce, eut un instant d'indécision, durant lequel Espirek en profita pour jouer de la lame sur son ventre, le lacérant profondément. Sûrement par crainte de voir son abdomen vomir ses propres entrailles, il recula davantage, supplia Espirek de le laisser tranquille. Le pirate cessa de tendre son arme dégoulinante et lui intima, par un simple regard, qu'il ferait mieux de filer s'il ne voulait pas qu'il change d'avis. Le jeunot, certainement un novice, ne se fit pas prier et détala comme un lapin, les mains agrippées sur son estomac blessé.
La quiétude revint sur la rive du fleuve. Ce qui aurait dû être bon signe ne le fut pas tellement pour Spic qui se mit à chercher nerveusement des yeux Selen, qu'il ne put voir. Le son étouffé de sa voix lui parvint au bout d'un moment et, voyant enfin une ombre dans un coin s'agiter sensiblement, il s'avança vers elle, reconnaissant bien vite la scène qui se déroulait à présent sous ses yeux. Homme de loi, mon cul... Ce pervers agissait comme la pire des crapules. La pointe ensanglantée de la lame de Spic alla se loger avec précision sous la mâchoire de l'homme qui, aussitôt, cessa ce qu'il tentait de faire. Ses yeux bougèrent, se levant vers Spic, passant de la lubricité à la crainte en une fraction de seconde.
- Je te conseille de déguerpir si tu ne veux pas que ton corps nourrisse les fonds marins, siffla Spic, dégoûté par celui qu'il menaçait.
Suivant son mouvement pour garder la lame piquant sa gorge, Spic le regarda se relever, lentement, les mains légèrement levée en signe d'abdication.
- Dégage !
Comme l'autre couard, celui-ci recula d'un pas, d'un deuxième, avant de s'encourir pour s'enfoncer dans la nuit. Spic se retourna vers Selen et, d'une main, l'aida à se remettre debout. D'un ton morne, il dit, tout simplement :
- Rentrons. Je crois que nous en avons assez eu pour ce soir.
Malgré le fait qu'il ne considérait pas Selen comme une amie proche, ni comme quelqu'un de confiance, il lui décocha un maigre sourire. De ceux que s'échangeaient les complices, ceux qui avaient partagé quelque chose de difficile, ensemble. L'un à côté de l'autre, les corps las des combats de la soirée, ils se dirigèrent là où était appareillés leur bâtiment. Ils parlèrent peu, les traits tirés par la fatigue, et allèrent se coucher.
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