you're a very bad student ✿ elina

Une invitation qui ne se refuse pas était arrivée. Une invitation de ce cher Legolas. Je l’adore au plus haut point, et il faut bien le dire que j’ai peur parfois que ce ne soit pas réciproque. Après tout, j’ai été sa pire étudiante autrefois. Vraiment la pire. Je dois être la seule elfe qui ne soit pas capable de tirer à l’arc. J’ai beau essayer, je suis capable de toucher mon professeur dans mon dos, alors que la cible est en face de moi. Vraiment, je suis la reine des catastrophes. Quand j’observe Elladan et Legolas qui savent tirer juste sans presque viser, j’en suis presque jalouse. Vraiment. Enfin, je l’étais parce qu’aujourd’hui j’ai développé mon propre style de combat et j’en suis bien contente. Je n’ai plus à envier qui que ce soit, vraiment. Je suis capable de me défendre par moi-même.

Pourtant, vu l’endroit où Legolas m’attends, c’est avec mon arc et un jeu de flèches que je me prépare. Je leur retire tout d’abord la poussière qui les recouvre, car pour être franche ils n’ont pas bougé de là depuis bien un siècle. Je sors avec mes khatars et mes dagues. J’ai une fronde aussi, qui est intéressante. Pas meurtrière, mais elle peut crever un œil si je suis assez rapide. Je m’en sors. Je suis bien contente de ma vie telle qu’elle est aujourd’hui. A la fois guérisseuse et professeur, à la fois tante et grande sœur. Je suis un être complexe et j’aime cette complexité qui fait de moi celle que je suis. Parfois, je me dis que mes parents seraient fiers de moi s’ils me voyaient aujourd’hui. Certes je ne fais pas partie du conseil d’Elrond, je ne suis qu’une elfe dont le grand père a fait des choses formidables, mais… Mais je m’en sors bien. Je suis heureuse. Je vis ma vie.

Je m’engage dans les rues de la cité d’Imladris afin de rejoindre Legolas, et je le trouve à l’endroit indiqué, en train de montrer sa supériorité à l’arc. Espérons qu’il ne me fasse pas tirer ! Ce serait… Et bien ce serait lamentable. Vraiment. Je n’ai pas envie de le voir se prendre les yeux à deux mains et pousser un de ces profonds soupirs qui le caractérisent lorsque je le désespère. Ou pire ! Je pose mes affaires sur le côté et je prends une grande inspiration avant de traverser en sautillant les quelques mètres qui me séparent de Legolas. J’attends qu’il ai tiré sa flèche, et me place devant lui en ouvrant les bras pour lui sauter au cou. Bonjouuuuuuuuuuur ! Avec moi, pas question de chichis ou de prince. J’ai grandi avec deux princes qui m’ont vite appris à oublier leurs rangs respectifs. Je noue mes bras autour du cou de Legolas et lui plante un gros bisou sur la joue avant de me reculer pour l’observer de haut en bas. Dis, tu ne m’as tout de même pas fait venir pour vérifier si je ne sais toujours pas tirer à l’arc ?

Je n’oserais pas voyons. Moi ? Étrangler un ami ? Clairement pas. En plus, si je faisais ça, je devrais au moins essayer de le sauver ensuite. Je suis une guérisseuse après tout. C’est mon travail. Et, si je n’y arrive pas, je suis certaine qu’il y aurait des papiers à remplir. Plein de papiers. Pour expliquer ce qu’il s’est passé. Pour montrer à tout le monde que je ne l’ai pas fait exprès. Des questionnements, aussi. Un interrogatoire même. Alors, non. Étrangler un ami n’est pas dans mes plans. Les conséquences sont bien trop horribles pour que j’aie envie d’essayer. La paperasse, c’est nul. Vraiment. Sauf quand ça concerne de nouvelles plantes guérisseuses ou de nouveaux remèdes. J’ai entendu parler d’un cataplasme à base de toile d’araignée qui pourrait être bien sympathique. Voilà le genre de papier que j’aime écrire ou lire. Certainement pas un rapport sur pourquoi et comment j’ai tué le grand prince de Mirkwood.

Après quelques rapides civilité, je demande de but en blanc à Legolas s’il m’a conviée ici simplement pour vérifier que je suis toujours aussi horrible en tir à l’arc. Autant être claire dès le début, je ne suis pas une demoiselle qu’on trompe, et je me doute bien que me faire venir ici, ça sent mauvais. Vraiment mauvais. Veut-il réellement me donner une nouvelle leçon ? Il devrait avoir compris, tout de même, depuis le temps. Mais non. Sa réponse me fait tirer une tête de dix pieds de long et une moue boudeuse grimpe sur ma bouche. Mon regard se fait implorant et je pousse un soupir. Oh lala… Clairement, ce n’est pas une bonne idée. Et, comme malgré cet espoir totalement stupide qu’il met en moi, il me connait bien, Legolas voit tout de suite ce qu’il se passe dans ma tête et dit clairement qu’il ne me pense pas plus douée que quelques siècles plus tôt. Je soupire tristement et secoue la tête. Je prends le temps de repousser mes cheveux en arrière et hausse les épaules. Disons que… Comment le lui expliquer ? Ce n’est pas aussi facile que je le voudrais. Clairement, je ne sais pas par où commencer. Disons, mon cher ami que … tu te rappelles cette fois, il y a un siècle ou deux, où tu m’as donné ma dernière leçon ? Clairement ce n’est pas récent. J’étais venue à Mirkwood pour apprendre une technique de couture des tissus auprès d’un de vos maitres. Et, toi, tu m’as croisée dans les couloirs. Je m’étais encore perdue, parce que je ne comprends toujours pas comment fonctionne cette cité même après autant d’années. Et, toi… Toi tu m’as récupérée dans un coin où je n’avais pas le droit d’aller, et trainée au champ de tir à l’arc pour me sermonner. Tu te rappelles ? Je l’espère en tout cas. Ce jour-là avait été bien amusant. Et, c’était la dernière fois que j’avais touché à un arc. Depuis, lorsque je parlais de recommencer, même les gardes d’Imladris fuyaient le champ de tir. Ou alors, on me mettait dehors gentiment. J’ai réussi l’exploit de faire partir la flèche dans mon dos et elle s’est planté pile dans le front d’un portrait de ton père… Un sourire amusé monte à mes lèvres à cette anecdote. Et bien, mon arc prend la poussière, depuis. Vraiment. Je n’y ai pas touché depuis. Impossible pour moi de recommencer de tels exploits. Je n’ai réellement aucune envie de tuer quelqu’un. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il va se passer là, mais je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. Enfin, ici il n’y a pas de tableau à éborgner. Du moins, je crois.

La réponse de Legolas me tire un sourire. Je me mords la lèvre inférieure. Clairement… Clairement, à chaque tentative de leçon, je commence par râler. Par grogner. Par essayer d’esquiver par tous les moyens qu’on me mette un arc entre les mains. Parce que je suis nulle. Vraiment nulle. C’est irrécupérable. Et pourtant, je ne le fais pas exprès. Si je le faisais exprès, alors… alors là ce serait de la mauvaise foi. Mais pour le coup, je suis réellement certaine de savoir comment la leçon va se passer. On va me mettre un arc entre les doigts. On va me faire tendre la corde. Et jusque-là, ça va aller. C’est après que ça se gâte.

Après, je commence à avoir des soucis. Mes flèches qui partent dans tous les sens. Mes flèches qui partent dans chaque coin. Moi qui finis par manquer de tuer quelqu’un. Jusqu’au jour où je finirais par réellement ouvrir quelqu’un en deux. Là, peut-être qu’on arrêtera de me donner un arc. On me l’interdira, même. Ce serait une bonne chose. Mais, pour le coup… Pour le coup il serait bien que ça arrive avant que je n’aie tué Legolas. Parce que là, j’aurais des ennuis. Beaucoup d’ennuis. Beaucoup trop même. Fort heureusement pour moi, il n’y avait pas grand monde qui s’intéressaient à moi. Et encore moins qui connaissaient les malheurs que j’avais avec une flèche et un arc. Encore moins que j’avais trouvé le moyen de défigurer le roi de la forêt noire. Heureusement : c’était un portrait. Mais pour le coup, la flèche était magnifiquement centrée. Pile poil entre les deux yeux.

Oui, il n’y a que toi et moi qui sachons ça. Je n’allais pas le crier sur tous les toits… Je me passe la main dans les cheveux et je soupire tristement. Je t’avoue que je n’ai presque pas remis les pieds à Mirkwood pendant près d’une dizaine d’années après ça… J’avais tellement peur qu’il soit au courant… En tout cas, si j’avais eu l’espoir que cette histoire allait convaincre Legolas de me laisser tranquille, autant dire que c’est raté. Vraiment raté. Il va me dépoussiérer l’arc. Pourvu que je ne lui plante pas une flèche dans le derrière. Ce serait tellement… Et bien ce serait tellement étrange. J’avoue que j’aurais du mal à le soigner sans rire. Parce qu’il ne pourrait pas aller voir un autre guérisseur. Ça non. Lorsque je fais une bêtise, je m’en occupe moi-même. Je résous le problème. Bon. Si on tente tout de suite l’arc, est ce que tu me laissera tranquille ensuite ? On pourra aller manger à la taverne en riant sur le nombre de fois où tu auras faillis mourir à cause de moi ? Je suis prête à faire des efforts. Je suis prête à tenter de maitriser mon arc. Mais, si aucun maitre patient et pédagogue n’a réussi, j’ai du mal à voir comment Legolas pourrait. Pas qu’il ne soit pas pédagogue, non. Ce qu’il lui manque parfois, c’est la patience. Et avec moi, il en faut beaucoup. Surtout quand j’ai un arc entre les mains.

Je sautille donc vers l’endroit où je l’ai laissé posé, mon bel arc gravé, et je reviens vers Legolas pour le lui tendre. Tu le vérifie ? Je l’ai pas utilisé depuis longtemps alors…

Je lève les yeux au ciel lorsque ce cher Legolas me dit qu’il serait plus convenable de garder ça entre nous deux. Et bah voyons ! Comme si je n’y avais pas pensé moi-même. Je suis loin d’être stupide, et après avoir retiré la flèche, j’ai réparé la peinture comme j’ai pu. Cela ne se voit presque pas. Seulement pour ceux qui s’approchent de trop près. Et, Dieu sait qu’il y en a peu. Heureusement d’ailleurs ! J’en ai fait des cauchemars pendant un mois… Enfin. Vu que cela fait un siècle ou deux, autant dire que la peinture doit avoir disparu ou bien… Ou bien elle aura naturellement vieillit. Et donc, personne ne verra ce petit coup désastreux désormais. Je soupire et lève les yeux au ciel. T’en fait pas mon cher. Personne ne l’a vu jusqu’à présent, autant dire que c’est impossible que quelqu’un s’en rende compte à moins que la seconde personne au courant ne cafte. Et, ce n’est pas moi qui risquerais de me faire tirer les oreilles, mon cher. En plus, quelle idée d’installer un portrait à l’intérieur d’un champ de tir, hein ? C’est n’importe quoi. Totalement n’importe quoi. Il n’a eu que ce qu’il méritait ce portrait. Parce que, c’est quand même égocentrique tout ça. Sauf que Legolas m’achève. Totalement. J’explose de rire. Me tenir éloignée des portraits de ton père ? Mais alors je ne vais plus pouvoir mettre les pieds à Mirkwood ! Je ris un moment avant de lever les yeux au ciel et de soupirer. Vraiment, impayable le Legolas. Avoue, tu fais ça pour me bannir des lieux simplement parce que j’ai fait une bêtise ? Maintenant, quelle bêtise, hein ? J’en fais tout de même largement moins que les jumeaux…

Je soupire et hausse les épaules avant de me laisser aller à cet entretien à la noix. L’entretien de la dernière chance. J’en suis heureuse. Ainsi, ensuite… Ensuite j’aurais la paix. Vraiment la paix. Je pourrais vivre ma vie et continuer à travailler avec mes kathars. Pour devenir la plus forte. Et, peut-être reprendre mes voyages. Je soupire et hausse les épaules. Je lui tends mon arc et le laisse l’examiner. Il m’en donne un autre. Un joli. Je le prend et le tourne entre mes doigts. Non mais… dans tous les cas, je risque de me crever un œil tu sais. Je crois qu’il n’a toujours pas le compris ce qu’il se passe avec moi qui a un arc dans les mains. Vraiment pas. Je prends donc l’arc et le tourne entre mes doigts. Ensuite j’attrape une flèche et me mets face à la cible. Jusque là ça va. J’encoche la flèche et prends une grande inspiration. Le bout est tendu vers la cible. Je bande la corde. Expire lentement et relâche la flèche. Qui va se planter dans un arbre, à quatre mètres à droite de la cible.

Une petite erreur de rien du tout. Bon, très bien. Si c’est comme ça qu’il le prend. Au moins, il n’est pas monté sur ses grands chevaux, c’est déjà pas mal. Vraiment pas mal. Je soupire tristement. Ah ça, c’est sûr que tu t’ennuierais sans mes visites. J’en suis sûre et certaine. Un sourire amusé sur les lèvres je contemple mon ami avant de lâcher un petit rire. Tu l’emporteras pour Valinor, c’est ça ? Mon petit secret, je veux dire. Les humains disent « dans la tombe », mais nous autres, les elfes, on ne meurt pas. Pas à moins d’être tués, et pour le coup… Ce n’est pas quelque chose que je compte voir chez Legolas. Ça non. Hors de question. Je l’adore trop pour accepter de le perdre comme ça. Enfin, ce monde est loin d’être sûr. Aujourd’hui… il y a des orcs, des araignées géantes… Il ne manquerait plus qu’un seigneur des ténèbres et le monde serait parfaitement dans la mouise. Vraiment. Oh tu sais, c’était il y a longtemps hein. Comme le champ de tir est dehors, il a été abîmé par les intempéries depuis. Donc, ça ne se voit plus. Du tout. Je crois même qu’ils l’ont changé il y a cinquante ans, quelque chose comme ça. Du coup, ça ne servait à rien qu’il stresse pour ça. Vraiment à rien.

Mais revenons-en à cette leçon de tir à l’arc. Pour le coup, je suis bien plus réaliste que mon cher « professeur ». Et oui. Je sais exactement comment ça va se passer. Je vais tirer, et la flèche va partir. Sauf que je ne toucherais jamais une cible. J’aurais plus de chance avec les yeux fermés en fait. Tient, c’est peut être une idée. Hey, j’ai jamais planté de flèche dans personne… J’ai égratigné une oreille une fois. Ou deux. Bon, OK souvent. Je n’en suis pas fière, contrairement à ce qu’on pourrait croire en me voyant en parler comme ça. Tu veux que j’essaie les yeux fermés ? Sincèrement, j’ai plus de chance de toucher qu’en regardant droit devant moi… Une moue lassée monte sur ma bouche et je soupire tristement. Non, vraiment ce n’est pas facile de comprendre ce qui ne va pas chez moi. Je papillonne un peu des yeux. J’ai tellement regardé la cible avant de tirer, sans même cligner, qu’ils me font un peu mal. Pourtant, j’ai l’impression de tout faire comme il le faut, moi… J’ai envie de le balancer, cet arc. De l’envoyer valser très, très loin. Vraiment loin. Je ne comprends pas ce qui cloche chez moi. Est-ce que ça pourrait être lié à ce souvenir là ? Celui de la mort de mes parents, et qui revient souvent ?

Encore heureux, hein, que je lui manquerais. Parce que moi, il me manquerait. Je ne suis pas aussi proche de lui que je le suis des jumeaux, ça non, mais Legolas… ha ça, Legolas est adorable, vraiment. Je l’apprécie. Enormément. J’adore le taquiner et le faire sortir de sa zone de confort. Et puis, il est l’une de ces personnes avec qui je ne suis pas tout à fait certaine de savoir prédire les réactions de l’elfe en face de moi. Déjà, je ne comprends pas réellement cette histoire de voloir absolument m’apprendre à tirer à l’arc. Est-ce que la prochaine étape sera de me faire lancer mes dagues dans des cibles ? Parce que, si je suis douée au corps à corps, autant dire que je ne suis pas capable de viser avec. Etrangement, ça marche beaucoup plus quand j’y vais à l’instinct. Mais, ensuite je suis désarmée, et ça… ça c’est une mauvaise idée, vraiment. Parce que, les orcs, généralement, quand on tombe dessus, il y en a plein. Vraiment plein. Avoir des armes sur soi, c’est tout de même une meilleure idée.

Evidemment, que je l’avoue moi-même, c’est déjà arrivé… Presque. Honteuse, je baisse le regard sur le bout de mes pieds et fais une grimace. Je n’aime pas le tir à l’arc. J’ai tellement de mauvaises expériences, que je ne suis pas certaine de savoir ce que je vais bien pouvoir en faire. J’ai passé presque trois mille ans à apprendre à me débrouiller sans, il me semblerait bizarre d’apprendre maintenant. Je n’aurais même pas le réflexe de prendre un arc avec moi en voyage. J’en suis sûre. Tu veux que je me bande les yeux ? La proposition est sérieuse. Surtout que si ça me permet d’écourter la partie ennuyeuse, à savoir le cours forcé, pour passer à la partie la plus intéressante : le bon repas à la taverne.

Je baisse les yeux sur le sol et soupire. Décidément, je préfère regarder le sol aujourd’hui. C’est finalement d’une toute petite voix que je réponds, à cette mention de blocage. Parce qu’au fond, tout au fond de moi, je sais exactement ce qui me bloque. Mon père… J’avale ma salive avec quelques difficultés. C’est la première fois que j’en parle. C’est arrivé quand j’étais encore une enfant, il y a deux mille sept cent quarante ans, et c’est encore frais dans ma tête comme si c’était arrivé hier. Il a été criblé de flèches. Ma voix tremble. Je me racle la gorge. Il m’a cachée dans le buisson et… Il y a eu une flèche qui a traversé son torse. Juste devant mon œil. ça, les orcs en avaient, de la force… Si je m’étais pas pris les pieds dans la branche et que j’étais pas tombée en arrière… Je porte ma main libre à mon œil droit mais le laisse retomber avant de l’avoir touché. Je n’ai pas pu toucher une flèche pendant plus de deux siècles après ça. Ça me faisait faire des crises d’angoisse…

Elle lui fit un sourire taquin, à son ami elfe. Elle lui fit un sourire taquin quand il demanda ce qui était presque déjà arrivé. Oh, mais tu ne suis donc pas. elle mit ses mains sur les hanches et fit une grimace. Que je plante une flèche dans quelqu'un. Quelqu'un qui ne soit pas un portrait ni même ma cible, hein. Elinà lâcha un petit rire amusé avant de hausser les épaules. Je suis une catastrophe. Il y avait ce vieil elfe qui tentait de m'apprendre le tir à l'arc en Lorien. Il avait... Pfiou, plus de sept mille ans je crois bien. Je ne me rappelle même plus de son nom. C'était lorsque j'étais enfant et que je vivais chez ma tante. J'ai manqué de lui planter une flèche dans le pied, à l'époque. Il a pris le navire pour Valinor peut être deux ou trois ans plus tard. ça a été ma dernière leçon avec lui... Il n'avait pas trop trop apprécié de se faire prendre pour une cible, celui là. Même de façon involontaire. Elinà n'avait jamais réussi à s'en sortir avec un arc, et elle ne voulait pas vraiment apprendre. D'une part, parce qu'elle adorait se battre avec ses dagues et ses khatars, d'autre part parce qu'il y avait ces souvenirs dont elle n'avait jamais parlé à personne. Les guérisseurs avaient tout de même essayé de savoir ce qu'il s'était passé. Le Seigneur Elrond, aussi. Après tout, c'était arrivé sur ses terres... Mais, Elinà n'avait rien dit. Rien du tout. Elle avait mentit pendant presque trois mille ans.

Mais, aujourd'hui, elle était prête. Presque prête. Elle n'allait pas tout raconter, ça non. C'était trop horrible. Cependant, elle voulait bien en parler. Oh, pas à tout le monde. Non. Elle n'allait pas crier son pitoyable passé sur tous les toits. Mais, elle avait quelques amis très, très proches. Legolas était l'un d'entre eux. Elle estimait beaucoup le prince. Elle le taquinait beaucoup, aussi, mais elle avait appris à lui faire confiance. Elinà ne faisait confiance à pratiquement personne. Elle n'avait pas envie de faire confiance aux gens. Faire confiance signifiait être déçu à un moment ou à un autre.

Finalement, les mots étaient sortis. Elle avait tourné la tête sur le côté. Elle n'avait pas pu regarder Legolas pendant qu'elle parlait. Parce qu'elle ne voulait pas voir la pitié sur son visage. Elle ne voulait pas qu'il la voie comme une victime. Non. elinà était forte. elle avait toujours été forte. Elle sursauta cependant, lorsque l'arc disparut de ses mains. Elle releva la tête vers Legolas et lui fit un petit sourire triste. Elle hocha la tête. Merci, dit-elle simplement. Elle n'avait pas envie d'en dire plus. Mais, tu sais... Quelque part j'aime bien quand tu essaye. C'est paradoxal, mais j'aime bien l'idée que tu m'en croie capable. Même si moi non. Elle haussa les épaules. C'était compliqué comme histoire. Elle appréciait de sentir qu'elle pouvait être peut être plus que ce qu'elle était. On va boire un verre ? Ou alors tu veux venir chez moi ? J'ai des gâteaux au miel à la maison...

Elinà avait finit par réussir. Deux mille huit cent ans qu’elle essayait. Deux mille huit cent ans qu’elle voulait en parler à quelqu’un sans jamais réussir à trouver le bon moment, la bonne personne. Et là, elle venait de réussir enfin à parler de la façon dont ses parents étaient morts. Elle l’avait fait sur un ton détaché. Comme toujours. Elle avait fait celle que ça ne touchait pas, en regardant dans le vide plus que la personne qu’elle avait en face d’elle. Elinà portait cette souffrance en elle depuis tellement longtemps qu’elle ne savait plus comment elle faisait pour la cacher. Pour l’éloigner. C’était là. C’était tout simplement là, à proximité de son esprit. La plupart du temps, elle n’y pensait pas. Elle l’éloignait de ses pensées et elle était l’elfe joyeuse qui vivait plus ou moins au jour le jour. Plutôt plus que moins, d’ailleurs.

Une part d’elle-même voulait simplement ne pas voir sur le visage de son vis-à-vis la pitié. Les elfes savaient que sa famille avait été tuée. Ils avaient vu les cadavres. Ils l’avaient recueillie. Elle n’avait pas à en parler. Vraiment pas. On l’avait questionnée pour connaitre les circonstances, mais l’enfant n’avait pas pu en parler. Elle avait juste évoqué les orcs. Les feuilles du buisson. Mais, elle n’avait pas réussi à tout dire. Même là, elle gardait certaines choses secrètes. Elle était heureuse d’avoir survécu. Heureuse d’avoir pu avancer autant dans la vie. Elle adorait son travail. Elle adorait être occupée à chaque seconde de la journée. Vraiment.

Et puis, déjà, Legolas avait changé. C’était en grande partie ça qu’elle appréhendait. Elle n’avait pas envie de se retrouver face à des gens qui changeaient d’attitude face à elle. Vraiment pas. Elle baissa les yeux sur le sol et elle se pinça un peu les lèvres. Elle décida cependant de ne pas donner suite. Ce n’était pas le moment. Vraiment pas. Legolas était un ami cher au cœur de Elinà aussi avait-elle l’intention de ne pas chercher à se disputer avec lui. Surtout pas sur ce sujet. Elle pouvait comprendre que chacun avait sa sensibilité. Elle était sûre et certaine qu’il allait finir par encaisser cette nouvelle et que leur amitié serait à nouveau la même qu’auparavant. Il trouverait bien quelque chose d’autre pour l’embêter. Elle sourit à cette idée. Et puis, elle proposa au prince de venir manger avec elle à l’auberge. Boire un verre, tout d’abord. Et puis, elle songea qu’elle avait des gâteaux. Mais, Legolas lui laissait le choix. Alors, elle allait garde ces gâteaux pour elle. Elle s’occuperait de leur faire un sort en rangeant sa pièce dédiée à la guérison. Elle avait mis des herbes à sécher partout partout. Alors on va à l’auberge. C’était bien trop le bordel chez elle. Vraiment trop. Ils ont reçut une bière naine il y a deux jours. Il faut que je te fasse gouter ça. Elle est absolument excellente. Elle saisit le bras de Legolas et le traina vers la sortie. Elle posa sa tête contre son épaule durant une seconde et puis elle l’éloigna avant de murmurer : Merci.

De toute façon, Elinà n’avait jamais été le genre de personne à s’épancher sur ses soucis. Elle était guérisseuse, elle était donc là pour écouter deux des autres. Les siens ? Ils étaient accessoires. Et puis, elle n’en avait pas beaucoup, de soucis. Vraiment peu. Juste ce léger traumatisme dû au tir à l’arc. Ce n’était pas grand-chose. Et puis, quelque part, elle appréciait de voir Legolas tenter, encore et toujours, de lui prouver qu’elle en était capable. Parce que Legolas était le seul à croire en elle. A voir au-delà de son air de jeune femme qui souriante. Quelque part, il voulait lui prouver qu’elle en était capable et que, se montrer défaitiste n’y changerait rien. Elle pouvait le faire. Et ça, il le savait. Oh, si tu cherches une cause perdue, tu peux tenter d’apprendre à cuisiner à Elrohir ou à Elladan. Elle lui sourit. S’il voulait lui apprendre des choses, elle avait même quelques idées. Peut être que, lorsque le temps serait venu, ce serait elle qui viendrait lui demander de lui apprendre à tirer à l’arc. Elle était sûre que ça le surprendrait. Un sourire grimpa à ses lèvres à cette pensée. Oui, elle allait le surprendre et pas qu’un peu. Mais, ce n’était pas à l’ordre du jour. Pour cela, il fallait qu’elle guérisse un peu. Qu’elle grandisse aussi. Qu’elle cesse d’être cette petite fille apeurée cachée dans un buisson, les mains posées sur sa bouche pour ne pas hurler. Tu pourrais m’apprendre la stratégie militaire. Elinà l’observa avec un sourire. Ou bien, comment me comporter comme une véritable princesse pour faire honneur à mon grand père ? Ce n’étaient que des idées, après tout. La jeune femme parla ensuite de la bière naine de l’auberge et la question du prince la fit se figer durant une longue seconde. Elle tourna le regard vers Legolas qui semblait pensif. L’aubergiste ne lui a peut être pas dit d’où provenait son stock ? et puis, je ne suis pas sûre qu’il ait le temps de s’occuper de ça, non ? En tout cas, elle avait entendu ça. Ou bien peut être qu’ils plaisantaient. elle haussa les épaules, pragmatique. De toute façon, on verra bien en la goûtant. Elle ramassa son arc inutilisable et le regarda quelques secondes, avec l’idée d’en faire un objet de décoration. Il serait bien, accroché au dessus de sa cheminée.

Tout en s’éloignant, elle murmura un petit merci à l’encontre de son ami. Merci d’être là. Merci d’être mon ami. Merci de comprendre. Merci d’avoir essayé. Merci de ne plus essayer. C’était tant de choses, mais en même temps si peu. Et puis, la taverne se profila devant eux, et le mystère de la bière naine fut vite résolu. Elinà passa, comme toujours, un excellent moment avec son ami de longue date.

Topic terminé.