I've never seen an adult so small. What are you ? A dwarf ?

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I've Never Seen An Adult So Small
What Are You ? A Dwarf ?

Brogar & Chandalen

Le temps était agréable. Pas comme ces journées où le soleil était trop présent, et où il donnait à l'air une température insupportable. Où il tapait si fort que les cadavres d'animaux morts ne plaisaient même plus aux charognards tant ils empestaient. Où l'on ne voyait plus un cerf, où l'on entendait plus un brâme, qu'ils étaient reclus au fond de la forêt pour profiter de l'ombre que leur donnait la canopée. Venant du nord, de très, très loin au nord, Chandalen aimait beaucoup quand il faisait plus frais. Lorsque le soir, le soleil allait apaiser sa tourmente à l'horizon, disparaissant derrière les montagnes en illuminant tout le ciel d'un nuancier d'oranges et de rosés, que le vent frais venait caresser ses petites joues, il était le plus heureux des enfants. A à peine douze ans, il en avait déjà beaucoup vu. Chandalen n'était pas un gamin ordinaire, loin de là ; il avait déjà connaissance de beaucoup de choses, et assujetti aux lois de la nature depuis son plus jeune âge, il était capable de se débrouiller seul pour trouver de l'eau, de la nourriture, et même pour se dégoter un abri convenable. S'il n'avait pas besoin d'un abri grâce aux immenses tentes qu'avaient les nomades, il devait en revanche aider tout le monde, et c'était bien normal.

Le petit garçon marchait dans le campement, un large sourire sur les lèvres. Oui, il faisait drôlement bon, et cela lui rappelait les grandes étendues de glace où il avait vécu enfant. Il y faisait très froid, mais lui, ça lui plaisait plutôt bien. D'un sifflement, il appela son chien qui ne mit pas longtemps à rappliquer, le gratifiant d'un coup de tête pour notifier de sa présence. Juste au cas où. Chandalen échappa un rire ; il aimait particulièrement ce chien, mais là encore, c'était une sacrée histoire. Son père continuait de le regarder avec une haine latente dont le gamin ne parvenait toujours pas à se débarrasser. Le pourrait-il jamais ? S'il savait seulement ce qui l'attendait d'ici quelques années.. Mais ce n'était pas dans ses pensées du jour, non. Il faisait un temps bien trop agréable pour qu'il ne laisse son esprit divaguer sur des questions existentielles, au lieu de ça, il avait un tout autre plan.

Le gamin se dirigeait machinalement entre les tentes qui étaient établies là depuis à peine deux jours, il laissait ses pas se faire comme à son habitude, dans la direction de la tente qu'il cherchait. Il croisa son frère en passant, et ne fut pas étonné que ce dernier fasse exprès de taper le pied dans la boue juste à côté de lui. Chandalen essuya ses joues d'un revers de main ; il se fichait bien d'être sale, de toute façon, s'il allait faire ce qu'il avait dessein de faire, il rentrerait sans doute souillé. Il ne releva pas sur le geste méchant de son cadet, et au lieu de ça, souleva l'épais pan de tissu qui servait de porte à la grande tente rouge. Il entra, rassuré de n'avoir pas croisé son père, qui lui aurait sans doute assigné des tâches dont il n'avait aucune envie. Car même s'il adorait apprendre le maniement d'armes, c'était fatiguant, et il était déjà bon guerrier. Au lieu de cela, il se faufila dans la tente, jusqu'à arriver devant la personne qu'il avait cherché.

« Maman » l'appela-t-il, et déjà elle se retournait, une mine apaisée et un agréable sourire entre ses deux joues rosées. « Je peux aller jouer dans la forêt ? Il y a des arbres pour faire de l'escalade ce serait chouette. Tu sais, comme quand je jouais avec Selen. » Ah, oui. Mentionner ce prénom, toujours, ça aide à convaincre la mère un minimum douteuse. Aussitôt, elle lui répondit d'un signe de tête, et le petit garçon fila à l'extérieur, courant en direction de la forêt avec son chien tout juste sur ses traces. Il avait toujours un pincement au cœur lorsqu'il mentionnait le nom de Selen, mais il serra dans ses mains la petite pomme de pin qu'elle lui avait offerte avant qu'il ne doive fuir son village à cause de paysans un peu trop méfiants. Arrivé dans la forêt, le gamin ralentit l'allure, il sentait le sol meuble sous ses pieds, les épines des pins déjà tombées qui formaient une couche épaisse d'humus. Là, il faisait encore plus frais que n'importe où ailleurs. Le petit garçon marcha quelque minutes, et il s'arrêta finalement devant un buisson de mûres pour en grignoter quelques unes. Ah, cela lui faisait du bien de venir ici, en bonne compagnie, pour s'amuser tranquillement sans avoir le poids de ses responsabilités sur les épaules.

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:49, édité 2 fois

Brogar n’avait jamais particulièrement aimé la chaleur…hormis celle d’une forge crépitante et ronflante, là il pouvait s’étaler telle un chat et dormir pendant des heures. Cependant là il n’était pas proche d’une forge, il en était même très loin. A l’heure actuelle il était dans une forêt…dans quelle forêt? Ha ben ça il n’en savait strictement rien… Il avait perdu son chemin la veille et s’était retrouvé face à la forêt alors que ce n’était pas du tout prévu. La chaleur commençait à arriver alors il avait fait une chose très logique et s’était mis à l’abri des arbres…ce qui avait bien sûr fini par le perdre dans la végétation. Être rêveur n’était pas toujours la meilleure des choses.

Il tenait sa carte (une vieille carte de la région de vingt ans voir plus, qu’il s’était procuré il y a…ben ya vingt ans, il serait p’tre temps d’en changer) en se demandant bien où il se trouvait. Normalement au Rohan, c’était déjà ça…mais c’était grand le Rohan… Il aurait dû arriver il y a plusieurs heures à un village, mais à part un écureuil qui lui jetait un regard mauvais depuis un arbre il ne voyait aucune population.
Le nain tourna la carte comme si par magie elle pouvait lui indiquer où il se trouvait. Ça aurait été drôlement pratique s’il existait un sort qui permettrait de faire apparaître un petit point pour signifier son emplacement. Puis même il pourrait il y avoir une voix qui donnerait en temps réel le chemin à prendre « dans 1 mile tourné à droite après le rocher en forme de canard ». Il rit tout seul avant de replier le parchemin. Il avait des idées tellement stupides et irréalisables parfois ! Au moins il avait besoin de personne pour se moquer de lui-même !

Brogar observa le ciel entre les feuillages pour repérer le soleil et ainsi les points cardinaux. Heureusement qu’il n’avait pas besoin de grimper à l’arbre pour voir l’astre, ça aurait été épique… Il n’avait jamais compris son inaptitude dans l’escalade d’arbre alors qu’il pouvait grimper aisément une façade…les mystères de la vie.
Il choisit donc une direction et décida de la suivre, il finirait bien par tomber sur quelque chose ou quelqu’un.

Il marcha un petit moment en fredonnant des chants de taverne tout en alternant avec des phases d’injures en tout genre contre la végétation (il aimait la nature certes, mais ne se gênait pas pour râler dessus). Il était dans une de ses phases « **** de buisson aussi vert qu’un elfe-moche qui a trop moisie dans sa baignoire de lait de chèvre fermenté et qui… » quand il se rendit compte qu’il n’était plus seul…Il devrait peut-être plus attentif des fois…

« Ha… » Il restât sans bouger une seconde avant de lâcher la branche qu’il tenait et de s’écarter d’un pas rapide vu qu’il failli prendre la même branche dans le visage. Il réussit à sauver son faciès, mais des feuilles vinrent se coincés dans ses boucles emmêlées…bien sûr il ne s’en préoccupa pas du tout.
Une fois sûr que la végétation n’allait pas tenter encore de se venger de ses injures, il regarda avec un peu plus d’attention le petit occupant de la place. Enfin petit…aussi grand que lui…Un enfant ! Il était surpris sincèrement. Un enfant humain tout seul dans les bois ! Rah ces humains et leur manie de laisser leur progéniture courir partout dans des endroits dangereux (dit celui qui a passé toute son enfance à chaparder partout où il pouvait) ! Bon il n’était pas vraiment tout seul, il avait un chien…un chien qui ressemblait beaucoup à un loup d’ailleurs. Peut-être un croisement ? Lui aimait les chiens avec de longs poils pour pouvoir faire des tresses dans les poils…Ha il recommençait s’égarer…Bref, il fixa le jeune garçon devant lui. Il ne semblait pas abandonné, c’était déjà ça.
Il sourit immédiatement, essayant de ne pas se montrer menaçant. Heureusement, sa hache longue était accrochée dans son dos pour ne pas le gêner quand il marchait dans les fourrés.

« Salut les petiots…J’espère que je vous ai pas fait peur, faut dire que vous avez dû m’entendre arriver vu que je suis aussi discret qu’un sanglier obèse ! » Il pouffa en penchant la tête sur le côté tout en faisant en sorte de ne pas trop bouger et encore plus de ne pas avancer. « Vous êtes tous seuls tous les deux ? C’est pas dangereux ? J’imagine que vous êtes courageux, menfin, je veux surtout vous demander vous savez comment on sort de cette forêt ? Je me suis complétement perdu ! Ce qui est bien embêtant ! »

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Alors qu'il avait déjà bien sali ses petites mains avec le jus des mûres qu'il attrapait à même le buisson pour les manger, Chandalen laissait son chien vagabonder alentours. Azor n'avait pas tout à fait atteint sa taille adulte, il avait toujours cet air de petit chien fouineur et malicieux que l'enfant lui aimait tant. Ses oreilles, encore un peu grandes pour sa tête, tombaient parfois sur le côté ; son poil restait lisse et soyeux, ce qui étonnait pas mal le petit garçon, qui aurait cru qu'il fallait bien plus d’entretien pour arriver à un tel résultat. Ceci étant, le petit garçon se raidit lorsqu'il vit son chien camper sa position, sur le qui-vive. Avait-il repéré quelque chose ? Évidemment, mais le tout restait de savoir quoi. Chandalen n'avait malheureusement pas la même qualité d'audition que l'animal, et il n'aurait probablement remarqué la présence d'un intrus que lorsque celui-ci se serait présenté à lui. De toute façon, il ne l'entendait pas encore, alors c'est qu'il avait sans doute le temps de le voir venir.

« Qu'est-ce que tu as senti, Azor ? » demanda le petit garçon à son fidèle compagnon. Il s'essuya les mains sur son pantalon, et commença à suivre le chien qui semblait trépigner et japper pour obtenir l'autorisation d'avancer en direction de ce qu'il avait entendu. Le petit garçon fit un premier pas pour gagner l'endroit qui lui était indiqué. Le signal donné par l'avancée de son maître, Azor eut rapidement fait de disparaître dans les sous-bois, aussi silencieux que la brise, aussi vif qu'un rapace. Il faisait des allers et retours dans la forêt pour montrer à son maître dans quelle direction se diriger. Puis soudain, les premières paroles d'un homme vinrent chatouiller les oreilles du gamin. Il laissa échapper un rire silencieux en écoutant les paroles de quelqu'un qui s'en prenait vraisemblablement à la végétation. Il décida d'attendre là, pour voir arriver la personne en question de loin puisqu'ils étaient dans une sorte de petite clairière. Il ne lui fallut attendre que quelques minutes pour qu'une drôle de créature passe enfin les fourrés. Chandalen écarquilla les yeux devant le petit homme qui se présentait à lui. Il devait faire sa taille, rien de plus, mais il était drôlement barbu, et arborait de légères pattes d'oies sur le coin des yeux. Un adulte sans aucun doute, mais un adulte de sa taille ? Chandalen le laissa arriver jusqu'à lui, et alors qu'il ne le remarquait que là, l'étrange créature lui adressa quelques paroles.

« Tu pouvais pas nous faire peur.. » pouffa le petit garçon pour lui répondre, adressant un regard complice à son chien. « Ça fait au moins dix minutes qu'on te piste » Et c'était bien vrai, car la petite personne qu'il venait de rencontrer ne les avait remarqués qu'au dernier moment. Pour eux, c'était un jeu, et Chandalen était content de voir que c'était loin d'être un animal nocif avec qui il se retrouvait en face à face. La dernière fois, il était tombé nez à nez avec un gros cerf, mais heureusement pour lui, l'animal avait fuit plutôt que d’essayer d'attaquer. Sans doute la vue du chien.. Toujours était-il que le petit homme lui semblait bien gentil.

« Ben non on est pas perdus, j'habite pas très loin ! » déclara le gamin, tout content de pouvoir aider quelqu'un. « Comment t'as fait pour te perdre ? Elle est quand même pas grande cette forêt.. Enfin.. T'es pas très grand non plus. » Oui, il n'était pas haut, pour ainsi dire, c'était étrange. Chandalen n'avait jamais vu d'humains aussi petits que cela. Mais il était bien élevé et serviable, alors il ne tergiversa pas pendant longtemps avant de reprendre son chemin en sens inverse afin de guider le petit homme vers la sortie qu'il connaissait. Et vers son campement par la même occasion. Il n'avait pas l'air bien méchant, et vu sa taille, s'il posait problème les habiles guerriers de son groupe auraient vite fait d'avoir raison de lui. Chandalen n'avait que rarement entendu parler de si petites créatures. Bien sûr, il connaissait les hobbits, bien qu'il n'en ait jamais vu. Mais il savait qu'ils n'étaient que peu poilus. Peut-être que cet individu là était une exception..

« Mais comment ça se fait que t'es aussi petit ? T'es un hobbit ? »

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:46, édité 2 fois

Il avait fallu longtemps à Brogar pour s’habituer au fait que les enfants humains avaient sa taille. Ca avait été quelque chose de très perturbant de voir que les « petits êtres innocents » pouvaient facilement être plus grand que lui. Globalement, ses premiers temps au milieu des humains avaient été très bizarres. C’était comme passait dans un autre monde avec des problèmes de proportions…et ne parlons même pas des quelques elfes qu’il avait pu voir : des espèces de brindilles géantes avec des jambes trois fois trop longues.
Tout ça pour dire qu’il n’était pas surpris de voir qu’un jeune enfant (il avait quoi ? entre 10 et 13 ans ?) faisait sa taille. Le fond de son esprit lui soufflait toujours que quelque chose clochait, mais c’était normal.

Le petit devant lui avait des cheveux bruns et de beaux yeux bleus pâles. Son esprit lui fournit immédiatement l’image de plusieurs pierres précieuses pour comparer. C’était une belle teinte comme celle d’une Topaze couleur Ciel ou peut-être plus une Pierre de Lune ? En tout cas il promettait de devenir un beau jeune homme dans les normes humaines (menfin, si il avait bien compris les comportements de cette race là, ce qu’il n’assurait pas).

Le petit fut surpris de le voir, le regardant avec de grands yeux. Brogar avait l’habitude de cette réaction des enfants face à lui. Pour eux c’était bien surprenant de voir un drôle de bonhomme comme lui, tout barbu et tout trapu faisant leur taille. Il trouvait que ça leur faisait des bouilles amusantes.

« Ha oui ? Et ben dit donc, tu vas surement devenir un grand chasseur ! » Il ne prenait pas ombrage de la réflexion de l’enfant, il savait parfaitement qu’il était tout sauf discret. Bon, c’était un peu vexant quand même de se faire pister par un enfant, mais bref…c’était sa faute aussi. Il lui sourit, tenant les anses de son sac.
Il avait fait pouffer le jeune humain ce qui le mettait tout de suite de bonne humeur. Il était rassuré de ne pas l’avoir effrayé…même si c’était complétement inconscient de sa part de pister un inconnu juste pour le plaisir. Qui sait qui il aurait pu trouver ! Les humains étaient bien stupides de laisser un petiot comme lui dans un lieu comme celui-ci. Il bougonna intérieurement contre les humains, gardant à l’extérieur un visage avenant. Quand il était avec un enfant, il maintenait toujours une bonne humeur de surface, mais continuait à grommeler dans son esprit pour tout ce qui le contrariait. On ne pouvait pas faire disparaitre une nature bougonne comme ça…

Ha ! Ouf ! Ils n’étaient pas loin de la sortie. Il avait tourné plusieurs heures dans cette forêt et elle lui sortait royalement par les yeux. Il n’avait pas particulièrement hâte de rejoindre la civilisation, mais il voulait pouvoir se situer. Il se perdait très souvent, mais ce n’était pas pour autant que ce n’était pas quelque chose de stressant.

« Ton village est pas loin ? C’est parfait, j’en ai marre de tourner dans toute cette verdure. » Il bougonna en fusillant du regard un tronc qui avait le malheur de se trouver devant lui. Il enjamba l’obstacle en question avant d’enlever les feuilles de ses cheveux. « Ha ben ça je me le demande aussi tiens ! J’ai beau aller tout droit, j’en vois pas le bout ! Après, ce n’est pas facile d’aller droit dans une forêt avec tous ces grands trucs verts. »

Il prit rapidement la suite de l’enfant avant de se mettre à côté de lui pour marcher. Il était content de sortir de là, mais il était aussi rassuré d’accompagner le petiot sur le retour. Au moins il pourrait le protéger si jamais ils faisaient une mauvaise rencontre…Il trouvait que les voyages devenaient de plus en plus dangereux, ce qui le rendait un peu parano quand il voyait des enfants gambader joyeusement tout seul en pleine nature.
Brogar pouffa en l’entendant commenter sa taille, très habitué à ce genre de remarques aussi. Quand un enfant lui faisait cette remarque il riait, quand c’était un adulte il lui renvoyait une constatation sur un ton mordant…

« Bien sûr que non ! Je suis un nain ! Et d’ailleurs je suis d’une taille tout à faire raisonnable pour un membre de ma race je te ferai dire ! Bon peut-être pas à ce niveau-là, c’est trop plat. » Il pouffa en tapotant son absence de ventre. « Je pensais que j’étais reconnaissable avec ma barbe et mes cheveux…Menfin je suis certainement loin d’être le plus beau des spécimens ! Je ressemble pas à grand-chose !» Il secoua la tête en pouffant, ses mèches folles rebondissant joyeusement autour de son visage pour se figer dans des positions incongrues. « En tout cas c’est bien la première fois que l’on me prend pour un hobbit. En général les gens connaissent plus les nains qu’eux.»

Il s’arrêtât le temps de quelques secondes pour faire une courte révérence dans une salutation naine.

« Je suis Brogar fils de Torgar, à ton service petiot ! Quel est ton nom et celui de ton ami ? Tu un as un drôle d’accent je n’arrive pas à reconnaître d’où il vient. »

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« Oh un nain ? Ça alors » s'écria le petit, qui ne manqua pas d'ouvrir de grands yeux en écoutant le spécimen parler. C'était la toute première fois qu'il voyait un nain. Bien sûr, il en avait entendu parler, mais la proximité entre son chemin en Eriador et les Hobbits avaient rendu sa connaissance de ces petits êtres bien moins succincte. Visiblement, il n'avait pas tout à fait retenu ses leçons : celui là n'était pas du tout un hobbit, et le petit s'en voyait tout émerveillé de rencontrer pour la première fois un nain. Il détailla un moment l'individu, s'arrêtant particulièrement sur sa pilosité que l'on pouvait juger.. Il ne savait pas trop de quoi il pouvait la juger. A vrai dire, sa barbe abondante lui faisait bien envie. Comme son papa, Chandalen avait l'étoffe d'un guerrier, et une barbe, chez eux, était synonyme de virilité, et permettrait également d'assurer la peur qu'il évoquerait chez son ennemi. Mais pour l'instant, le gamin était encore bien trop jeune pour avoir du poil au menton.

« Ah oui, c'est vrai que ce que t'as comme poils sur le visage, les hobbits l'ont sur les pieds.. » constata-t-il avec amusement. Et c'était bien vrai, mais ce qui attira le plus le gamin, au delà de la taille relativement curieuse du nain, eu delà de sa barbe abondante dont il voulait bien hériter, c'était la masse inextricable de cheveux qui trônait sur le haut de son crâne comme si c'était tout à fait normal. Chandalen était tout étonné de voir une telle coiffure, de tresses mêlées à des mèches probablement pas coiffées ni lavées depuis un moment ; lui, il portait déjà les cheveux longs, remontés en un demi chignon comme il avait l'habitude de le faire depuis qu'il les portait longs.

« Moi j'aime bien tes cheveux » reprit-il, alors qu'il commençait à se retourner pour reprendre son chemin. « Ça te donne un air.. rigolo » Bien sûr, il ne disait pas du tout cela en mal. L'innocence enfantine guidant ses paroles, Chandalen les laissait sortir tout naturellement comme si c'était le compliment le plus sincère du monde. Ah, et qu'il était content de voir ce nain, ce fameux nain qu'il venait de découvrir ! Son père serait furieux en le voyant revenir avec lui, mais il savait que les autres membres du groupe l’accueilleraient à bras ouverts s'il souhaitait rester pour un repas, et éventuellement une nuit. La nuit, il la passerait sans doute dans sa propre tente s'il en avait une, car il y avait déjà un nombre de places restreint au sein du groupe. Écoutant les paroles du dénommé Brogar, un sourire vint à s'étirer sur les lèvres du petit garçon.

« Chandalen, fils d'Angbor. » annonça-t-il, tout fier. Dans les contrées du nord, son père était très connu. C'était un chef issu des Lossoth, qui dirigeait un large groupe et qui possédait une grande fortune qu'il avait mis à disposition de leur voyage vers le sud. Là haut, plus au nord, son nom s'était déjà lu sur bien des lèvres, et il était comme une légende pour ceux qui ne l'avaient connu. Chandalen, lui, avait la chance d'être son premier fils. Mais il ne vivait pas tout à fait cela comme une aubaine, car pour lui, cela signifiait qu'il devait constamment supporter les regards emprunts de dédain et d'une haine certaine de son père. « Et lui, c'est mon chien, Azor » ajouta-t-il tout fier. Son chien, c'était lui qui l'avait éduqué tout seul, et il n'y avait qu'à le regarder pour voir que le travail avait porté ses fruits. « Toi aussi on dirait que t'as un accent ! Le mien c'est parce que je viens du nord. Très, très loin au nord. Là où il y a que de la banquise. Alors je parlais pas cette langue là avant » C'était tellement simple pour lui, d'une évidence pure et dure, qu'il le racontait comme si c'était aussi clair que de l'eau.

L'enfant continua son chemin dans les sous bois, sautant habilement au dessus des branches un peu hautes, se dirigeant parfaitement dans les bois en évitant tout un tas de déformations du sol qui pourraient facilement tordre une cheville aux moins aguerris. Lui, il avait déjà un bon entraînement de guerrier pour ne pas se faire avoir. Au moment où il repassa devant son buisson de mûres, il en piqua une bonne branche pour la déguster sur le reste du chemin en en proposant au nain.

« S'il en reste assez, on pourrait faire de la brioche avec. Mais dis, tu fais quoi perdu dans la forêt ? T'es tout seul ? »

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:47, édité 2 fois

Brogar souriait avec amusement face aux yeux ravis du jeune quand il comprit qu’il était un nain. Il n’y avait bien que les enfants pour réagir ainsi en le voyant. Il était bien habitué aux regards dégoûtés, méfiants et dédaigneux des adultes (et il parlait de toutes les races, humains, elfes et nains). Ce n’était pas pour rien qu’il pensait que seulement les enfants étaient intéressants pour partager leur compagnie ! Eux au moins ne s’arrêtait pas qu’il était un étrange nain vagabond sans métier.

Le prendre pour un hobbit ! Il devait absolument s’en souvenir tellement c’était drôle !
Brogar passa une main sur sa barbe bien entretenue. Elle était en effet bien fournie et épaisse, mais elle était courte par rapport à la longueur qu’il avait réussi à lui faire atteindre avant qu’on ne lui la rase. Il faisait même de jolies tresses en elle et ça avait été son seul atout physique. A présent il la taillait proprement presque tous les jours. Elle avait quelques poils blancs en elle surement dû aux cicatrices…enfin il supposait. En tout cas lui les aimait bien, car ça lui donnait l’air plus vieux.

Fait surprenant, l’enfant préféra la masse informe qui lui servait de chevelure. Il rit franchement face au compliment franc et sincère, passant ses mains dans ses mèches. En effet il pouvait sentir qu’elles avaient encore pris vie pour faire ce qu’elles voulaient.
Avec habitude il tira sur les différentes mèches pour les remettre à leur place approximative. Immédiatement, elles se tordirent dans de drôle de forme dû à leurs boucles mal entretenues. Il vérifia toutes les petites tresses qui maintenaient le tout dans l’ordre (oui c’était possible, sans tresses ses cheveux c’était encore pire). Au moins il aurait l’air relativement correct en arrivant dans le village du petit.

« Merci ! Peu de gens aiment mes cheveux, habituellement je me fais harceler pour que je les coiffe. Mais j’ai beau les coiffer, ils font n’importe quoi ! Donc bon...je préfère avoir l’air rigolo comme tu dis ! »

Le petit se présenta alors, ainsi que son compagnon canin qui les accompagnait bien sagement depuis tout à l’heure…il voulait un chien lui aussi !

« De la …banquise ? » Il cligna des yeux en ne voyant pas exactement ce que le mot signifié. Il l’avait déjà entendu d’un barde sur ses voyages, mais la signification lui faisait défaut là tout de suite. Cependant si le petiot venait du grand nord, il pouvait à peu près imaginer. « Tu veux dire là où la neige et la glace ne fondent jamais ? J’en ai entendu parler, mais je ne suis jamais allé plus au nord des Monts de Fer dont je suis originaire et dont je tiens l’accent surement. Tu as fait un très long voyage à ton jeune âge pour venir jusqu’ici c’est impressionnant ! » il lui sourit « C’est original comme nom Chandalen, ça ressemble un peu à chandelle…» dit-il taquin, sans méchanceté, tout en se trompant dans la prononciation sans le vouloir.

Il observa l’enfant se déplacer et ne vit aucune trace de la maladresse que les jeunes de son âge possédaient habituellement. Il devait avoir l’habitude de marcher dans la forêt et autre endroit compliqué. C’était un peu rassurant dans le sens où le petit savait un minimum ce qu’il faisait ici. Mais bon, il maintenait que ce n’était pas quelque chose de bien de laisser des petits s’éloigner seul autant…
Brogar ne refusait jamais de nourriture et chipa quelques mures présentaient à lui. Il réagit immédiatement à la mention de brioche, son regard brillant de gourmandise.

« C’est que tu es un petiot avec de très bons goûts dit donc ! » Il lui sourit.

« Ouaip je suis seul. Je voyage ici et là. Le vagabondage n’est pas quelque chose que les nains aiment beaucoup habituellement, du coup je découvre le monde tout seul. Je voulais rejoindre un petit village, mais je me suis perdu en cours de route. Je me suis un peu trop enfoncé dans la forêt sans être attentif et voilà où j’en suis ! Ça m’arrive régulièrement… Mais cette fois je suis heureux que tu m’ais trouvé, tu m’évites une bonne perte de temps ! Je t’en suis reconnaissant, je me souviendrai que je t’en dois une… »

Il lui fit un clin d’œil.

« Tu penses que depuis ton village on pourra m’aiguillonner pour que je reprenne ma route sans que je me reperde dans une forêt? Et est-ce que tu sais aussi si vous vendez des cartes ? J’ai acheté la mienne il y a plus de vingt ans…du coup elle n’est pas du tout à jours…»

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Chandalen étouffa un rire lorsque le nain compara son nom au mot « chandelle ». Il ne savait pas ce qu'était une « chandelle », mais ça le fit bien rire, et il reprit son nouveau compagnon en rigolant pour lui expliquer comment prononcer son nom. Ah, de toute façon, il avait l'habitude qu'on l'écorche ; son accent rendait le nom d'autant plus difficile à saisir pour les autres, même si pour lui c'était très clair. Clair comme de l'eau de roche, même. Mais son nom ne pouvait pas vraiment être comparé à du westron, parce qu'il n'avait forcément pas les mêmes sonorités, en étant issu d'un dialecte nordique trop éloigné. En fait, Chandalen réfléchit un bon moment pour trouver un mot qui se rapproche de la sonorité correcte, et il n'en trouva pas. Alors, il se contenta d'expliquer au nain qu'il fallait prononcer « tch » puis « a » puis « n » mais surtout pas le « a » et le « n » ensemble. Comme un « âne », songea-t-il, plutôt que comme un « champ ».

Une fois qu'il eut terminé ses explications, et les dieux savaient à quel point les enfants pouvaient avoir des choses à dire sur un sujet tout à fait banal, le petit reprit sa route dans les sous-bois en mangeant les mûres sur sa branche bien fournie. Même si tous deux se gavaient de ces petites délices sauvages, il en resterait largement pour une brioche, et sinon, il pourrait toujours revenir pour en cueillir à nouveau. Chandalen écouta avec attention ce que lui disait le nain, pourquoi il était là et comment il avait fait pour se perdre. Le petit était assez étonné, lui qui tendait à penser que tout le monde savait se repérer dans la nature. Chez lui, c'était une des premières choses qu'on apprenait aux enfants, et il était désormais capable de savoir situer le nord à chaque instant. C'était somme toutes très pratique, car cela lui permettait de partir en vadrouille sans aucun problème. D'ailleurs, personne n'avait peur pour lui lorsqu’il filait se promener dans les bois avec son chien.

« Si tu restes assez longtemps, je pourrais te montrer comment tu te repères dans la forêt ! C'est pas très compliqué, mais là, il faut qu'on rentre alors on verra ça plus tard » Et il appela son chien qui s'était un peu éloigné, passant les branches avec une aisance peu habituelle chez les enfants de son âge. Chandalen savait que les gens ici n'avaient pas du tout la même philosophie de vie qu'eux, mais il était bien content de savoir se débrouiller autant alors qu'il avait à peine plus d'une décennie. Au moins, il ne craignait rien s'il venait à se retrouver tout seul pendant un moment.

« Des cartes ? Ah, ça non, on a pas de cartes nous.. On a déjà vu des gens avec des cartes pour lire l'avenir, tu connais ? Mais bon, c'est pas ce genre de carte que tu cherches.. Ben écoute, ils pourront te montrer par où aller au pire. Au moins, tu seras plus perdu. Et tu pourras acheter une carte au prochain village » expliqua-t-il tout content. Ah, non, bien sûr que non, ils n'usaient pas de cartes pour se déplacer. Chandalen avait déjà pu en apercevoir dans les mains de son père avant qu'ils ne débutent leur grand voyage, mais ils n'en avaient guère besoin puisque de toute manière, leurs pas les guidaient d'eux-mêmes.

Cependant, cela ne fit pas déchanter le gamin, qui était tout content de ramener un nain dans le campement. Il finit par déboucher en dehors de la forêt, dans une vaste plaine où l'on pouvait déjà voir leurs chevaux paître en liberté autour des tentes aux couleurs flamboyantes. Chandalen se retourna pour adresser un sourire au nain.

« C'est là, regarde ! » fit-il en montrant du doigt le campement que l'on pouvait détailler même s'il était encore à une distance assez conséquente.

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:47, édité 1 fois

Brogar écoutait avec amusement la loooongue explication sur la prononciation du nom de l’enfant. C’était bien compliqué tout ça, mais en bon élève il se pliait à ses recommandations et essayait de prononcer son prénom. Il n’avait pas l’habitude de ce genre de son qui ne ressemblait pas non plus à sa langue maternelle.

« Je vais finir par t’appeler Chandelle ce sera plus simple, mais je ne pense pas que ta famille aime que je te nomme comme une bougie. Bon, alors Chaaandalen ? Chhanedalen ? » Il continua donc à répéter après lui jusqu’à obtenir la prononciation la plus correcte possible. Heureusement qu’il était quelqu’un de patient et qu’il aimait entendre les enfants blablater sans fin.

Brogar sourit très amusé en entendant le petit lui proposer d’apprendre à s’orienter dans la forêt. Il devait donner l’impression qu’il ne savait même pas trouver le nord. C’était juste qu’il était du genre rêveur et que les forêts avaient tendance à lui faire perdre ses repères. Du coup forcément, comme il n’avait jamais le temps de s’habituer à une forêt pour en connaître les détails, il s’y perdait plus facilement…

« Ho ? Et bien d’accord, je ne dis jamais non si ça peut m’éviter de tourner en rond… Je ne sais pas pourquoi je me perds si facilement dans les forêts…surement parce que ce n’est pas un lieu naturel pour les nains. C’est un truc d’elfe tss… »

Il haussa des épaules, pestant ensuite un peu sur les elfes par principe.
Le nain picora quelques mures de plus, ravissant son palais sucré. Il réfléchit quelques secondes à la mention des cartes divinatoires, se remémorant où il les avait déjà vu.

« J’en ai déjà vu pendant mes voyages, mais je ne pense pas que l’on puisse lire l’avenir. Sinon ca veut dire que tout est prévu à l’avance et ce n’est pas drôle du tout ! Mais en effet je cherche pas ça comme carte… Oui, tant que l’on m’oriente dans la bonne direction ça me va…Je finirais bien par voir des choses qui me permettront de me positionner sur ma carte…»

Brogar s’arrêtât quelques secondes une fois sorti de la forêt, ne s’attendant pas à la vision qui se trouvait devant lui. Il observa avec intérêt les couleurs vives qui différenciaient chaque tente et les silhouettes qu’il pouvait voir autour. Le bon côté de son vagabondage était qu’il découvrait plein de nouvelles choses et de nouvelles cultures. Si on lui avait dit il y a vingt qu’il aimerait découvrir de nouveaux peuples ainsi que de nouveaux lieux lointains, il en aurait bien rit…
Brogar cligna des yeux à l’enfant et répondit à son sourire.

« Et bien, ça ne m’a pas l’air d’être un village ça! Je n’avais pas compris que tu faisais partie d’une caravane. Cela fait longtemps que vous voyagez ? Vous êtes nomade ou vous allez quelque part ?»

Par contre, il était maintenant très sceptique sur son accueil. Ca pouvait très bien se passer comme très mal… Il avait déjà croisé des caravanes et à chaque fois la dynamique était différente. Il allait devoir se retenir sur ses remarques, des gens qui voyageaient ainsi devaient être assez liés et il ne pourrait rien faire si on s’en prenait à lui. Il ne craignait pas de devoir combattre contre un homme ou deux, mais plus…menfin, il verrait bien en arrivant. Soit il demanderait son chemin et partirait immédiatement, soit aviserait pour rester afin d’avoir une certaine sécurité durant la nuit à venir (et il aimait bien le gosse, il aurait bien discuté encore avec lui)…

Décidant de mettre à profit le chemin qui restait à parcourir, il posa des questions afin d’en savoir plus.

« Dit moi, vous avez l’habitude d’accueillir pour un petit moment les étrangers dans votre caravane ? Et les autres races d’ailleurs ? Tu connais bien ton chef ? Je ne suis pas le plus doué dans la conversation j’voudrais pas mettre les pieds dans l’plat. Pas que je veuille rester des jours, juste peut-être la nuit comme elle arrive…mais ça ne me dérange pas de partir immédiatement non plus, ça fait bientôt deux dizaines d’années que je dors seul à la belle étoile. »

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Brogar & Chandalen

« Oui tu sais nous on est des nomades. En fait, comme je t'ai dit tout à l'heure, on vient du nord, et on voyageait déjà beaucoup là bas mais maintenant on descend vers le sud. Ça doit faire à peu près cinq ans qu'on descend.. » expliqua Chandalen, posant sa phrase pour étudier plus en détail ce qu'il venait d'indiquer au nain. Oui, cela devait faire plus ou moins cette durée là qu'ils avaient quitté les terres glacées où rien ne poussait, et où même les animaux avaient des difficultés à rester en vie. Propice ni à l'élevage ni à la culture, cette terre les avait bien vite rebutés, alors que depuis des générations et des générations, ses ancêtres y vivaient très bien, se nourrissant de la pêche et du commerce. Bien sûr, Chandalen savait à quel point son père était ambitieux, et à quel point aussi l'envie de voir plus loin que ce petit bout de banquise se faisait sentir ; aussi, dès qu'il avait eu de quoi faire le voyage, son groupe tout entier l'avait entamé.

Lorsqu'ils sortirent de la forêt, le chien du gamin eut rapidement fait de filer tout droit pour rejoindre les tentes dans une hâte certaine. Le petit garçon eut vite fait de le rappeler à l'ordre ; il fallait qu'il se fasse obéir au doigt et à l’œil, c'était la seule condition qu'il avait obtenue pour que son père décide de ne pas tuer l'animal lorsqu'il l'avait ramené. Ce simple fait représentait bien la personne à qui l'on aurait à faire : Angbor était un homme d'une autorité qu'il ne fallait contester, et surtout, il avait autour de lui cette aura tout à fait spéciale qui faisait cesser de battre le cœur de n'importe quel malfrat. Chandalen lui même le craignait, mais il avait une vision bien spécifique de cet homme ; c'était de l'admiration mêlée à une certaine peur, mais toujours dans la volonté de remplir les attentes de ce père qui ne se comportait jamais comme tel avec lui.

« Des fois on invite des gens » fit-il pour répondre à la question de Brogar. Il prenait son temps pour meubler le silence qu'il leur restait pour arriver au campement, et surtout, il répondait à chaque question précisément posée pour n'en oublier aucune. « Une fois j'avais trouvé une copine, elle est restée pour faire la fête chez nous et ma maman elle l'aimait beaucoup » expliqua-t-il en parlant de Selen, qui était restée gravée dans sa mémoire ; il serra dans sa main le petit pendentif qui ornait son cou, seul vestige qu'il lui restait de cette amie qui l'avait changé. « Mais on a jamais invité d'elfes, j'en ai jamais vu en vrai. Les nains non plus j'en avais pas vu avant toi. Les orcs je sais à quoi ça ressemble mais c'est très commode alors on les invite pas non plus. Des fois il y a des voyageurs qui viennent c'est tout. » Chandalen parlait comme si tout ce qu'il racontait découlait d'un raisonnement tout à fait naturel, sans inférence quelconque et que le nain devait voir directement ce à quoi il faisait référence. Bien sûr, il était possible qu'en réalité, il n'ait pas tout saisi. Mais il aurait au moins compris la principale teneur du propos.

« Mais oui le chef je le connais bien. C'est mon père » ajouta le gamin alors qu'ils passaient les premières tentes à la recherche d'un adulte responsable. Chandalen fit ce qu'il put pour contourner l'endroit où il savait que son père se trouvait, menant le nain dans un dédale compliqué de chemins, passant les draperies colorées de leurs habitations. Finalement, il arriva devant sa mère, accompagné du nain qui faisait approximativement sa taille. Un large sourire accroché au visage, Chandalen fit les présentations, comme si c'était tout naturel pour lui. Il savait que sa mère serait plus encline à aider un étranger que son paternel, alors, c'était plutôt bien tombé.

« Erylin, pour vous servir » annonça la jeune mère, usant d'un mouvement de tête pour saluer le nain. « Que puis-je faire pour vous ? »

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:48, édité 1 fois

« Cinq ans ? » s’étonna le nain. « Vous venez vraiment de loin ! »

Il n’avait pas encore compris qu’ils étaient une caravane et que, de fait, le voyage était bien plus lent par rapport à ses vadrouillages en solitaire.
Brogar fronça d’ailleurs un peu les sourcils, perturbé en essayant de faire le lien avec le village qu’il pensait rejoindre.
Il eut rapidement la réponse à ses questions quand ils sortirent de la forêt. C’était un grand groupe de personnes qui se déplaçaient tous ensembles.

Brogar observa avec beaucoup de curiosité les tentes colorées qui s’étalaient devant lui. Il essaya de comprendre rapidement leur agencement, se demandant s’il y avait une hiérarchie. C’était un pur instinct de voleur et de cambrioleur. Il avait l’habitude de bien analyser comment les habitations étaient positionnées afin de pouvoir voler avec un maximum de sécurité. Ho il n’avait pas l’attention de faire ses petites affaires ici, c’était bien trop dangereux, mais ce réflexe lui avait sauvé la vie plus d’une fois
Le nain sourit en voyant l’enfant rappeler le chien, se faisant écouter immédiatement. Cette jeune autorité était intéressante et surement que le petit en grandissant saurait se faire entendre.

Brogar écoutât ensuite attentivement Chandalen pour obtenir les réponses aux questions qu’il avait enchaînées avec rapidité. Il observa ses réactions dont celle qui lui fit tenir quelque chose tout en lui parlant de sa « copine ».

« Ouaw boaf, les elfes ça vaut pas grand-chose, ils se pensent toujours au-dessus de tout…ils ne sont pas très intéressant hormis pour leur faire des blagues….pour le peu que j’ai vu. Ils m’ont tous bien ennuyé…gniagnia… on est souvent juste une crotte de bouc sur leur chaussure…» Il haussa des épaules, le nez plissé. La mention innocente des orcs invités le fit rire. « Pour les orcs, plus longtemps tu ne les vois pas mieux c’est ! Ils ne sont pas des bon hôtes, si tu les invites au diner c’est toi qu’ils vont vouloir manger ! » Il rit de sa voix franche et un peu forte.

Il adorait tellement les gosses et leur innocence ! C’était vraiment qu’eux qu’il appréciait côtoyer. En général ils n’avaient pas des idées derrières la tête contrairement aux adultes. Leurs paroles étaient toujours sincères et directes. Il aimait ça !
Ho il n’était pas naïf non plus, il savait très bien que les enfants pouvaient être très cruels entre eux justement à cause de leur franchise ou de l’influence négative de certains. Mais il préférait rester sur l’idée qu’ils étaient tous des innocents, car sinon, sincèrement, il ne voyait pas l’intérêt des races dans ce monde. Tout serait vraiment trop pourri…

« Ho ton père c’est bien… »
Il rajoutât tout en continuant de regarder les tentes, ça pouvait l’arranger que le petiot soit le fils du chef.
Ils venaient d’entrer sur le territoire que la caravane avait envahi et il se tenait naturellement sur ses gardes dans un endroit peuplé. Il observa les gens autour de lui, essayant de garder son allure non menaçante. Sa hache était accrochée à son dos, mais il pouvait l’attraper à tout moment …puis les nains étaient de très bon sprinteur !

Brogar observa la route prise, voyant bien qu’elle ne semblait pas mener directement où le petit l’emmenait. Ils faisaient ce qui lui semblait être des détours entre les tentes et les tentures. Toutes ces couleurs lui donnaient l’impression d’aller dans un autre monde…c’était amusant ! Il aurait pensé que Chandalen l’amènerait directement à son père vu qu’il était le chef, mais maintenant il se demandait bien ce qu’il voulait éviter.

Il eut rapidement la réponse quand l’enfant l’emmena devant celle qui devait être sa mère. Le nain releva donc la tête, maintenant bien habitué à se casser la nuque pour parler avec des humains (et ne parlons même pas de ces brindilles géantes qu’étaient les elfes !).
Brogar sourit donc à la dame, faisant une rapide courbette.

« Brogar fils de Torgar à votre service ma dame. » Il était poli, n’ayant pour l’instant pas de raison de se montrer complaisant.

« Vôtre petiot m’a trouvé dans la forêt où j’ai malencontreusement perdu mon chemin. Chose qui m’arrive régulièrement je le crains, je n’ai pas beaucoup d’affinité avec les arbres, sans surprises les roches sont bien plus parlantes pour moi et…Oui donc, je disais vôtre gentil petiot a bien voulu me montrer la sortie et je pensais trouver un village pour me situer sur ma carte. Ce qui n’est pas le cas, mais ce n’est pas bien grave, je voudrais juste savoir si vous pourriez m’orienter vers la civilisation ? Une fois sur le bon chemin je trouverai bien ma route… »

Il continuait de sourire, alternant son regard entre la jeune mère et son fils.

« C’est un bon petiot ! Je lui suis reconnaissant et de ce que j’ai vu il deviendra surement un grand chasseur ! »

Il pencha la tête avant d’enchaîner.

« Ha, aussi, comme la nuit va bientôt pas tarder, je me demandais si il était possible de profiter de la sécurité de votre caravane pour y passer la nuit ? Ho je ne vous embêterais pas plus, j’ai ma tente, je me mettrais juste dans un petit coin…mais au moins cette nuit, je pourrais me reposer sans avoir peur de me faire manger par une bestiole moche durant l’obscurité ! » Il lui sourit agitant les mains pour s’exprimer, visiblement pas plus dérangé que ça par l’idée de se faire dévorer par quelque chose. « Si ce n’est pas possible, ce n’est pas bien grave non plus, ça ne me changera pas de mon quotidien ! »

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Brogar & Chandalen

Chandalen avait toujours ce grand sourire pendu à ses lèvres, surtout après les plaisanteries de Brogar sur les orcs. Oui, il avait un peu oublié quelle tête ils avaient, et surtout, à quel point ils étaient redoutables. Ce n'était clairement pas des créatures que l'on invite de la sorte. En revanche, les elfes, c'était l'inverse : il aurait certainement fallu se plier en quatre pour les recevoir, surtout si ces derniers appartenaient à quelque lignée noble qu'il y aurait eu dans le coin. Mais bien sûr, les nains étaient très commodes, pensa le petit garçon, qui aimait déjà bien celui qu'il avait trouvé dans la forêt. Devant sa maman, il tenta de taire un peu son envie loquace, faisant bonne figure pour appuyer la demande du nain. Pour le moment, la dame avait toujours ce sourire avenant et cette gentillesse emprunte sur son visage qu'elle adressait toujours aux autres, alors c'était plutôt bon signe et le gamin n'en était que plus content. Il avait hâte de faire goûter leur brioche spéciale au nain, de même que lui montrer quelques totems et aussi les danses et les prières aux dieux qu'il ne devait pas connaître. Mais ce faisant, alors que son esprit partait déjà dans tout un tas de directions différentes, sa maman prit la parole pour répondre au nain.

« Un village ? Oh, il y en a bien un, derrière cette colline. Mais vous m'en conviendrez cela fait un bout de chemin. Si vous avez une carte, mon mari pourra certainement vous aider, et si elle se trouve être un peu trop vieille.. Peut-être pourrions-nous l'agrémenter de quelques nouvelles notes pour vous ? » répondit-elle à sa première requête, flattée par les compliments qu'elle recevait eût égard à son fils. Elle le savait bien élevé, elle y avait veillé de près mais de toute façon, avec son mari, il aurait été très difficile qu'il en soit autrement. En revanche, elle avait quelques appréhensions quant à la réaction de son époux suite à la promesse qu'elle venait de faire au nain. Elle savait d'avance qu'il serait réticent à lui adresser la parole, à le regarder, mais surtout à le laisser interagir avec les membres de son groupe. Il était à la fois très protecteur, mais aussi relativement distant et aigri avec tout ce qui venait de l'extérieur.

« Quand à votre tente, il serait préférable que vous la plantiez, nous n'avons pas de place libre, nous sommes nombreux.. Vous trouverez un peu de place dans le coin que Chandalen va vous montrer. N'hésitez pas à demander de l'aide aux hommes alentours, ils vous prêteront main forte » confirma-t-elle, en adressant un signe de tête au gamin, comme pour lui indiquer de quel endroit elle parlait. Bien entendu, il n'eut aucun mal à comprendre. Chandalen était tout content que le nain puisse rester, et il camouflait sa joie latente avec difficulté. Il attendit patiemment que sa mère ait fini, mais cela lui semblait toujours trop long.

« Remettez-moi votre carte, je vais la faire étudier » ft-elle avant de prendre congé, et le petit laissa enfin son effusion de joie éclater, répétant plein de fois à quel point il était content de pouvoir aider le nain à monter sa tente.

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:49, édité 1 fois

« Et bien, ma carte de cette région-là date d’il y a vingt ans, je ne suis pas vraiment repassé par ce coin depuis du coup je n’ai pas eu l’occasion d’en avoir une plus récente. Je m’en trimballe beaucoup pour pouvoir faire le tour de tous ces pays, mais elles sont souvent pas bien bonne ! Et bien…oui ce serait une grande aide si vous pourriez rajouter quelques notes, je vous remercie… »

Brogar n’avait cependant pas très envie de leur donner sa carte, n’ayant forcément pas confiance. Cependant, sa carte ne valait plus grand-chose, il allait devoir la jeter au profit d’une bien plus récente. Il pouvait peut-être prendre ce risque…et montrer sa bonne foi au passage. Après tout, au moins il avait direction maintenant pour rejoindre le prochain village. Il souriait toujours néanmoins, hochant la tête.

« Ne vous inquiétez pas, ma petite tente me suffit amplement et je vous remercie pour l’aide que vous proposez. Je n’abuserai pas de l’abri de votre caravane plus d’une nuit !»

Toujours son sourire aux lèvres, il était rassuré de passer une nuit à l’abri des êtres sauvages, mais ça nature l’empêchait d’être détendu aux milieux de tant d’inconnus.
C’est avec une certaine réticence que Brogar sorti la carte de la poche de manteau, avant de la lui tendre en la remerciant.
Après une dernière salutation, le nain suivit le petiot qui avait été bien sage jusque-là. Son excitation fit perdre toute nervosité à propos de sa carte à Brogar, il souriait avec amusement à Chandalen qui semblait le plus heureux du monde de savoir qu’il allait rester pour la nuit. Cela faisait très plaisir il ne pouvait pas le nier.

Tout en écoutant avec attention le petiot, il observa leur route pour s’en souvenir le mieux possible.

« Je veux bien de ton aide pour ma tente, mais tu vas être déçu ! C’est une toute petite tente juste pour une personne et sa couleur est vraiment très moche par rapport aux vôtres ! Mais au moins personne ne me la vole ! » Il pouffa, toujours amusé quand il mentionnait le vol qu’il connaissait si bien.

Arrivé au fameux endroit où il y avait un peu de place pour lui, il retira sa danaxe de ses attaches et décolla son barda de son dos pour le poser au sol. Il laissa sa hache à côté de manière à ce qu’il n’y ait aucun risque si un enfant s’approchait sans faire attention.
Il défie l’équipement pour sa petite tente et déplia la structure qui se composait de seulement de deux longs bois pour l’avant et l’arrière. Leur particularité était qu’ils avaient été coupés à certains niveaux et un petit mécanisme tout simple permettait de plier et déplier le bois pour qu’il prenne moins de place. Ca ne payait pas de mine, mais c’était bien pratique. Il ouvrit ensuite le tissu imperméabilisé (et qui avait clairement du vécu) pour l’installer et fixer les attaches.

Pendant toute l’installation de la tente, il laissait le petiot l’aider tout en papotant. Il en profitât pour lui raconter quelques anecdotes rapides et rigolotes à propos de sa tente, comme la fois où il avait couru sur une demi-lieue après un sanglier qui l’avait emportée sur une de ses défenses après lui avoir causé une grosse trouille au réveil ou encore quand il s’était réveillé à cause d’un faisan qui lui picorait le visage pour se venger d’il ne savait trop quoi, peut-être pour l’honneur d’un parent qu’il avait mangé la veille ? Ou peut-être qu’il s’était juste coincé dedans et l’avait attaqué en essayant de s’échapper ?
Brogar était bien bavard et répondait aisément à l’agitation de Chandalen, répondant avec son humour habituel à son excitation.

Une fois fini, il récupéra ses affaires les réinstallant sur son dos. Brogar pouvait bien sûr monter sa tente seul et presque les yeux fermés, donc le nain n’avait demandé de l’aide à personne d’autres que Chandalen. Et c’était juste pour lui faire plaisir qu’il lui demanda son assistance alors en quelques minutes c’était fini.

« Je vous remercie bien jeune seigneur Chandalen pour votre aide ! » Il lui fit un clin d’œil amusé. « Je ne tiens pas à enquiquiner les gens de ton clan, vous devez avoir bien à faire, mais je suis bien curieux sur vous et vos coutumes. Ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre une caravane venant de si loin au nord ! Habituellement je rencontre des sangliers et à chaque fois ça fini mal. Une laie maléfique a dû un jour me jeter une malédiction j’en suis certain ! Sinon j’vois pas pourquoi ce sont toujours les sangliers qui me causent des misères…je ne les chasse même pas ! Bien que ce soit très bons, surtout avec des épices qui j’ai gouté dans le gondor, un vrai délice sans aucun doute bien que rien ne peut égaler une bonne brioche bien chaude, mais là je m’égare…je disais donc que je serai bien curieux d’en apprendre plus sur vous, tu voudrais bien m’en parler un peu ? »

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Brogar & Chandalen

Chandalen prit rapidement congé de sa mère, tirant le nain par la manche jusqu'à l'endroit où ils pourraient planter la tente. Le campement n'était pas des plus grands, mais il restait tout de même une imposante caravane ; on n'en voyait pas toujours d'aussi grandes, mais Chandalen, habitué à ce mode de vie depuis sa plus tendre enfance, ne pensait pas vraiment qu'il puisse en être autrement. Il se fit un plaisir non dissimulé de montrer au nain l'endroit tout beau tout propre où sa tente pourrait être montée, et bien vite, il l'aida comme il le pouvait pour faire de la place et déballer le matériel. Curieux, le garçon observa le mécanisme de la tente, la façon dont elle se montait et proposait bien entendu son aide ; de son jeune âge, il était tout de même bien débrouillard. La faute à sa façon de vivre et de grandir, qui lui demandait d'être toujours un peu plus autonome que les enfants de son âge qui vivaient dans les villages ; c'était d'ailleurs pour cela qu'il avait été surpris lorsqu'il avait rencontré la petite Selen, qui était visiblement aussi aventureuse que lui. Il sourit à cette pensée, mais bien vite le casse-tête de la tente à monter lui revint à l'esprit.

Pendant que les choses se montaient tranquillement, Chandalen en profita pour discuter avec Brogar puisque ce dernier avait lancé la conversation. Le gamin riait bien avec les plaisanteries du nain, et toutes les anecdotes qu'il lui racontait. Du haut de ses dix années et des poussières, et avec tout l'innocence enfantine dans son regard, le petit n'avait jamais douté un seul instant que tout cela soit vrai, et il imaginait déjà les scènes où Brogar venait à bout de tout et de rien, faisant de lui comme une sorte d'idole à la fois mentor et bienveillante. La tente étant finie d'être montée, Chandalen ne mit pas longtemps avant d'avoir déjà plein de choses à dire. Il éclata de rire lorsqu'il entendit le nain parler de sangliers et de brioches, alors que lui n'avait jamais goûté au premier, et raffolait de la seconde. D'ailleurs, tant qu'il y pensait..

« Viens ! Je vais te montrer un peu tout et t'expliquer » fit-il, tirant le nain par la manche, ce qui n'était pas une tâche très difficile parce qu'après tout, il faisait sa taille. Chandalen n'eut pas de peine à se diriger dans les tentes dont il connaissait l'agencement bien qu'ils ne soient pas là depuis longtemps. Il savait d'ores et déjà où il allait se rendre en premier, et son estomac n'en faisait que plus de gargouillis. Ah, les enfants et la nourriture.. C'était toute une histoire. Il arriva comme un chat devant l'endroit où les femmes s'étaient attablées pour pétrir la pâte à pain qu'elles faisaient ensuite cuire au feu de camp, et Chandalen se faufila parmi elles jusqu'à trouver celle qu'il connaissait le mieux. Il tapota sur son épaule pour se signifier à elle, capter son attention.

« Dis.. » commença-t-il en chuchotant. « Je pourrais avoir une brioche s'il te plaît.. ? »

**

Partageant la brioche avec son nouvel ami, le gamin avait un large sourire qui égayait son visage. Non plus qu'un sourire sincère, c'était là l'expression du bonheur éternel d'être un enfant. Il présenta à Brogar les gens qui passaient près d'eux, lui expliqua quelques traditions dans leur camp comme les longs repas du soir avec les danses typiques et la musique. Puis il lui parla également des dieux, passant en long en large et en travers sur le pourquoi du comment il fallait les prier et quand il était bon de le faire, comme sa maman l'avait fait pour lui. Il avait conscience que tout le monde ne croyait pas en ces dieux, que parfois ils portaient d'autres noms que ceux qu'il connaissait, mais pour lui ce n'était pas grave. Il considérait plus les prières comme un symbole de réconfort, de méditation, qu'une commande à ces êtres qui leur étaient tellement supérieurs. Le gamin expliqua également à Brogar ce qu'étaient les totem, et pourquoi ils en possédaient. Le sien était un loup, et il le représentait parfaitement sous bien des angles.

« Bon, par contre tu pourras pas avoir de totem toi, parce qu'il faut aller voir les shaman dans la montagne pour les obtenir. Tu veux le dernier bout de brioche ? »

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:50, édité 1 fois

Le petiot l’attrapa par la manche et le tira derrière lui facilement. Menfin, il se laissait trainer plutôt car il trouvait ça amusant de voir ce gabarit d’enfant de sa hauteur le tirant. S’il plantait ses pieds dans le sol de tout son poids de nains, il doutait que l’enfant puisse l’entraîner si facilement néanmoins.
Ils passèrent tout un tas de tentes dont il essayait de retenir les couleurs pour pouvoir revenir seul à sa place ensuite. Il leur donnait rapidement des noms de pierres précieuses selon les teintes, sachant qu’il retiendrait plus facilement ainsi.

Des odeurs de bonnes nourritures chaudes le firent immédiatement se redresser. Son ventre se resserra immédiatement pour lui faire comprendre qu’il avait toujours faim ! Il s’arrêtât sur le côté laissant le petiot se faufiler entre les dames afin qu’il puisse utiliser son superpouvoir d’enfant et obtenir ainsi de quoi se remplir la panse.

« Tu es par-fait ! » Il rit en applaudissant son retour avec une brioche ! Sa journée était parfaite finalement ! Il lui en fallait très peu pour être ravi oui !

Ils partagèrent le butin de Chandalen alors que celui-ci lui expliquait tout un tas de choses.
Le nain salua les gens qui lui étaient présenté, mais était bien plus intéressé par le petiot et ce qu’il lui racontait. Il lui fit d’ailleurs un très bon tour de ce qu’il pouvait apprendre et cela témoignait de la vivacité d’esprit de l’enfant. Pas tous les jeunes de son âge pouvaient si aisément expliquer tant de choses sans s’embrouiller. De plus il n’avait pas vraiment besoin de lui poser des questions pour le guider, il faisait correctement le tour des choses à savoir.

Brogar se grattait pensivement la barde tout en l’écoutant attentivement, posant des questions sur ce qu’il ne comprenait pas bien et hochant la tête.
Il avait l’impression d’être tombé dans un tout nouveau pays alors qu’il se trouvait pourtant en Rohan ! On pouvait presque dire que pour une fois ce n’était pas lui qui était allé dans un pays, mais le pays qui était venu à lui !
De plus ce que lui racontait Chandalen était vraiment très différent de ce qu’il avait déjà vu. Surement que le fait de venir dans un endroit si au nord et si différent changé beaucoup les croyances et les traditions.
Le principe des totems l’intéressa tout particulièrement et il pencha la tête.

« Un loup ? Ça a l’air de bien t’aller, tu seras surement chef de meute plus tard ! » Il lui fit un clin d’œil amusé. « Tu sais comment les … « shamaaneux » font pour te choisir un totem ? »

Il secoua la tête, passant une main dans ses boucles avec un petit sourire.

« Ho c’est pas bien grave pi j’suis un nain, j’pense qu’une roche, voir si je suis chanceux une pierre précieuse, me représentera mieux. Peut-être le schiste, j’aime bien le schiste noir…c’est une roche sombre qui ressemble à un assemblage de feuilles, bien amusant à dépiauter ! Petiot c’était mon jeu quand j’arrivais à en trouver ! J’en mettais paaaartout dans la maison et je me dépêchais de tout ranger avant l’arrivée de mon père, sinon il me faisait les gros yeux ! » Il pouffa tendrement au souvenir. « On peut en faire beaucoup de choses comme une ardoise pour écrire dessus avec de la craie que l’on peut effacer, ou encore si on l’installe sur les murs extérieurs des maisons on peut garder plus facilement la chaleur à l’intérieur… bien sûr il existe bien des schistes différents, de couleurs différentes et chacune à ses utilisations et on en trouve pas partout donc…houlà, mais je m’emballe moi haha ! Faut pas qu’un nain se lance dans le bavardage sur les roches et les joyaux sinon tu le perds ! »

Il rit en secouant la tête. Il n’était pourtant pas le nain avec le plus de connaissances, mais son père avait pris beaucoup de soin à lui apprendre les particularités des roches plus que celle des joyaux. Il disait qu’en lisant les roches on pouvait connaître le passé de la terre comme si on lisait un livre ouvert. Brogar ne savait pas si il était capable de « lire » comme son père le disait, mais entre ce qu’il lui avait appris et ses voyages il avait vu de très nombreuses roches différentes comme autant de moyens différents de les utiliser.
Menfin, autant dire que combiner son côté bavard et son penchant naturel pour les roches pouvaient l’entraîner loin.

« Tu peux la finir, fais toi plaisir… » Il finit avec un petit sourire, car oui ! Brogar pouvait laisser le dernier bout de brioche à un enfant ! Mais si ça avait été un adulte il aurait tout gobé sans demander son reste…

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Le petit pouffa de rire devant les explications du nain. Il ne connaissait pas grand chose aux roches, à vrai dire, c'était un savoir qui ne l'avait pas particulièrement intéressé jusque là. Il avait bien sûr vu les différentes strates des montagnes, des falaises qui reflétaient bien cette histoire de la terre comme il lui en parlait. Chandalen ne doutait pas qu'il s'agissait là d'un sujet tout à fait intéressant, d'ailleurs, si Brogar souhaitait lui faire une démonstration ou une leçon de géologie avec matériel à l'appui, le gamin s'en voyait tout heureux. Il était curieux par nature, aussi, il suffisait de lui parler de n'importe quel sujet un peu technique pour captiver son attention, et il en démordait rarement. Il s'intéressait à beaucoup de choses, et les roches évoquées par Brogar lui rappelaient inévitablement les glaciers qu'il avait connus plus au nord. Il aurait bien voulu voir à quoi ressemblait le schiste noir dont le nain lui avait fait mention ; il ne connaissait pas le nom des roches, à part peut-être pour le granit ou le marbre qu'il était capable de reconnaître facilement, mais pour le reste, c'était une autre histoire. De toute façon, si Brogar restait un peu le lendemain matin, il aurait certainement le temps de lui poser quelques questions.

Chandalen mit un moment à comprendre pourquoi le nain avait dit qu'il serait plus facilement représenté par une simple roche ou par un joyau. Il se souvenait vaguement d'histoires que l'on entendait ça et là sur les nains et leur soif insatiable d'or, de pierres précieuses. Ils étaient souvent connus pour travailler dans les mines, ce à quoi Chandalen n'avait pas trouvé grand intérêt puisqu'il ne connaissait pas la valeur de l'argent du haut de ses trois pommes. Et que de toute manière, il y avait des choses bien plus importantes que des petits cercles dorés. Ceci étant, il reprit facilement la conversation en enchaînant sur les totem après avoir avalé le dernier bout de la brioche.

« Tu vois, les shaman, tu sais ce que c'est ? » commença le gamin, mais il vit qu'il avait probablement déjà perdu son interlocuteur, et se rappela rapidement que ce genre de croyances n'avait que rarement dépassé la chaîne de montagnes qui séparait Forodwaith de l'Eriador. « Bon, en fait, les shaman ce sont des humains un peu particuliers, ils sont pas comme moi ou comme mon papa. Ils habitent tous seuls dans la montagne et on peut aller les voir à certaines périodes de l'année. Ils nous aident à vivre en harmonie avec tout ce qui nous entoure ! » fit-il tout content, en espérant que le nain suivait son récit, et qu'il ne s'emportait pas trop. « Ils ont un pouvoir spécial, je pense. Parce qu'ils font le lien entre les humains et les esprits de la nature. Ça c'est très important pour nous, on fait beaucoup de prières aux dieux, surtout quand quelqu'un meurt ou quand quelqu'un naît. » Les divinités étaient quelque chose qui avait toujours plu à Chandalen. Il avait parfois évoqué quelques doutes face à ces croyances dont il n'avait jamais eu de preuve physique, mais il se laissait guider par ce qu'on lui apprenait, et ces croyances lui permettaient de vivre dans le calme et dans un minimum de paix.

« Bon et du coup, c'est eux qui nous donnent nos totem. Les totem c'est des animaux-esprits qui vont nous guider dans notre vie pour devenir des hommes. Le mien c'est loup, au début j'avais pas trop compris pourquoi, mais j'aime bien cet animal alors je m'en fiche. Je sais toujours pas trop, mais les shaman ont dit que ça prend parfois des années pour comprendre notre totem. Le but, c'est d’arriver à vivre en harmonie avec lui parce qu'il nous représente. » expliqua Chandalen, alors qu'il utilisait surtout les mots que ses parents lui avaient appris, récitant ce qu'il savait parce que c'était bien plus précis que s'il avait utilisé des mots à lui. Ceci étant, ils furent bientôt appelés pour le repas du soir, et le gamin fit une drôle de grimace coupable en regardant Brogar.

« On aurait pas du manger toute la brioche.. »

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:50, édité 1 fois

Shaman ? Un type bizarre qui vit seul dans les bois ? C’est pas un ermite louche qu’il faut vraiment éviter plutôt ?
Le petiot lui expliqua qu’ils les aidaient à vivre en harmonie avec ce qui les entoure. Il trouvait ça un peu étrange…mais il supposait qu’il pouvait affilier les shamans à des sages qui vivent reclus. Il était mal placé pour critiquer les gens préférant vivre dans la solitude, mais même dans toutes son asocialité il savait que pour aider des gens à vivre en communauté, il fallait vivre cette vie au milieu des autres pour en comprendre les dynamiques…mais bon, Chandalen lui avait juste parlé d’apprendre à vivre dans la nature, donc il supposait que ça allait pour ces fameux Shamans.

Le nain hochait la tête tout en l’écoutant, toujours curieux de la vision du monde des étrangers venant de loin. Cela différenciait tellement d’un endroit à l’autre même dans la même race ! Les humains étant surement les pires, presque chaque village avait sa manière de penser.

« Je comprends oui, nous les nains prions aussi notre créateur afin qu’il veille sur nous. »

Brogar était toujours un peu partagé sur le rôle des divinités. Ho il croyait en elle, forcément, mais il ne comprenait pas pourquoi elles laissaient faire toutes les horreurs qu’il avait vu depuis sa naissance et encore pire depuis le début de son voyage. Il était un peu sceptique sur les choses, mais il ne se posait pas non plus trop de questions dessus. Ce serait bien trop de tergiversions inutile à son avis. De toute manière, il ne saurait pas la vérité des choses avant sa mort et encore… Peut-être que dans les halls qui doivent l’accueillir on ne faisait que manger et faire la fête en ne réfléchissant surtout pas.
Selon son père, Mahal l’avait sauvé en prenant sa mère au lieu de lui. Il serait éternellement reconnaissant envers elle qui était morte pour qu’il vive…mais envers Mahal ? Il ne savait pas trop et il ne voulait plus réfléchir là-dessus, il était très bien quand il ne se posait pas de questions…

Brogar pencha la tête à ses explications tout en continuant d’hocher la tête.

« Je vois, ces totems sont comme un guide qui vous aide à trouver qui vous êtes. C’est une bonne chose, ils sont une grande aide je suppose, pour pouvoir s’accepter. Il parait que ce n’est que comme ça que l’on peut s’épanouir et être heureux… Moi j’en sais rien, je suis juste qui je suis. Je ne me pose pas trop de questions, mon but dans la vie est de ne pas mourir et c’est un but très important. »

Il finit en pouffant. « Et je suis très content de ma vie ! » Il secoua la tête, ses boucles s’agitant avec toujours autant de vigueur.
Le manque de but dans la vie était ce qui avait perdu Brogar dans sa jeunesse en le laissant à la merci des mains de Borak. Maintenant il n’en avait pas vraiment plus, il n’avait pas d’endroit où rentrer ou des gens à qui raconter ses péripéties (et il en avait beaucoup des péripéties !), mais il avait plus ou moins accepté ce fait. Il vivait au jour le jour et profitait ce qui lui arrivait à l’instant t.

Le nain et l’enfant furent alors apostrophés pour leur dire de venir manger. Brogar aurait aimé être appelé ainsi bien plus souvent ! Il fronça cependant un peu les sourcils en voyant la mine coupable apparaitre sur le visage de Chandalen. Ils n’auraient pas dû manger la brioche ? Haaaa…il fallut quelques secondes à Brogar pour comprendre le problème. Peu habitué à connaître la satiété, il était rare qu’il arrive à se couper la faim et encore moins avec une brioche !

Il rit un peu en tapotant son absence de ventre, même si ce n’était pas flagrant sous toutes ses couches de vêtements.

« Pour ma part je n’ai pas de problème, mon ventre est un puits sans fond digne de tous les nains même si il est aussi plat que celui d’un elfe moche ! »

Brogar lui posa une main sur l’épaule en souriant.

« Allez, allons manger, tu as encore beaucoup de hauteur à prendre pour atteindre celle des hommes de ta race….bien que la taille que tu as là est déjà très bien pour être un redoutable guerrier ! » Il lui fit un clin d’œil. « Mais tu as besoin de plus de chair sur les os, mangeons ! Mangeons ! » Il finit en chantonnant, comme toujours très heureux de manger…même si pour cela il devait aller côtoyer des gens, mais ces humains avaient l’air plutôt intéressants pour l’instant.

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Brogar & Chandalen

Le discours que lui tint Brogar sur sa propre vie le fit bien rire. Bien sûr que ne pas mourir était un but très important, d’ailleurs, Chandalen partageait cette envie avec lui, puisqu’il se destinait à un grand destin et qu’il avait encore l’espoir de vivre beaucoup de choses avant de rejoindre le jardin des dieux. Il sourit à l’idée que Brogar n’ait rien d’autre comme but dans la vie, mais il semblait vivre une vie trépidante, pleine de péripéties. Chandalen nota secrètement de lui demander des anecdotes, des histoires de ses voyages à travers le monde, comme ça, il pourrait voir ces régions lointaines qu’il n’avait encore jamais traversées, et d’une façon, il aurait visité ces endroits-là aussi. Puis il répondit à l’appel de ses semblables pour la nourriture, tirant le nain par la manche pour l’inviter à le suivre.

Le petit garçon fit son chemin à travers les tentes, les charrettes qui étaient disposées comme à leur habitude, jusqu’à retrouver la place centrale de leur campement, là où un grand feu était monté, allumé sur un amas de bois que l’on avait placé à la manière d’un tipi. Cela leur permettait davantage de lumière pour les soirs où la nuit tombait tôt, mais aussi cela diffusait la chaleur pour tout le monde, et pas juste ceux qui environnaient le brasier. Chandalen invita le nain à se faufiler avec lui jusqu’à une place qu’il se trouva dans l’assemblée, et ils attendirent ensemble que les bols de nourriture soient servis.

« Comment tu peux avoir encore faim après ça ? Tu fais la même taille que moi, ton estomac doit pas être bien plus grand.. » fit-il, perplexe, devant les révélations de Brogar. Après tout, c’était un nain, peut-être que sous toute sa couche de vêtements, il avait un sacré ventre, mais le gamin n’osa pas demander de vérification. Peut-être qu’il avait aussi besoin de plus d’énergie ? Peu importe de toute façon, tant qu’il avait faim, c’était le principal. Le petit s’assit sur un rondin de bois, proposant la place mitoyenne à son nouvel ami.

« J’espère qu’on mange pas de la soupe.. J’aime pas la soupe ici, elle est toujours trop cuite. Maman dit que ça fait grandir, que je serais un bon guerrier si j’en mange, mais je pense que je serais un bon guerrier si je sais me servir d’une épée, pas si je mange de la soupe.. Non ? » fit-il mine de demander, pour meubler l’attente de leur gamelle, alors qu’il voyait les femmes distribuer les premières assiettes. Il sourit en sentant les effluves lui parvenir jusqu’au nez. Il avait deviné, et il était bien content que cela ne soit pas de la soupe.

Ils n’eurent d’ailleurs pas besoin d’attendre longtemps, que les femmes leur apportèrent deux grands bols remplis d’un met fumant, dont le délicieux parfum lui chatouilla les narines. Il esquissa un sourire amusé, laissant le nain se risquer à goûter son plat avant de lui dire ce que c’était. Ce genre de cuisine faisait facilement peur aux étrangers, alors il resta silencieux, plantant sa fourchette dans sa nourriture, avant de souffler longuement dessus pour qu’elle atteigne une température soutenable. Puis il la plongea dans sa bouche, se régalant de ce goût qu’il aimait particulièrement.

« Alors ça va ? Ça te plait ? » demanda-t-il, tout joyeux avant d’enfin révéler son secret lorsque Brogar eut vidé sa fourchette au fond de son gosier. « C’est du goulash de hérisson ! Bon, ça ne vaudra jamais la brioche mais c’est pas mal quand même..! »

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:50, édité 1 fois

Brogar se retrouva à nouveau entraîné via sa manche par le jeune garçon ce qui le faisait sourire d’amusement. Ce gosse était trop mignon ! Il pouvait l’adopter ?
Un petit sourire aux lèvres, il ne faisait pas trop attention aux gens qui le regardaient. En tant que nain solitaire qui voyageait dans le pays des hommes, il avait l’habitude de se faire observer avec une simple curiosité ou méfiance. Il faisait totalement sa vie sans se préoccuper des autres et le fait qu’on puisse se méfier de lui ou le rabaisser lui faisait ni chaud ni froid. Cependant, ici, les gens semblaient plutôt avenants, mais il avait déjà choisi son préféré…

Brogar s’assit à côté du préféré en question, posant son sac qu’il n’avait toujours pas quitté à côté de lui. Un rire lui échappa face à l’étonnement de Chandalen.
« Je ne sais pas si mon ventre est plus grand que le tien. Il faudrait nous étriper pour le savoir et je préférerai éviter que l’on meure pour cela tous les deux. Ce ne serait pas bien glorieux !» Il pouffa. « C’est peut-être parce que je suis un nain et que je mange beaucoup…ou aussi, car je n’ai pas fait un vrai repas depuis hier et le petit lapin que j’ai chassé. » Il haussa des épaules ayant appris à vivre la faim au ventre depuis son enfance.

Brogar sourit amusé en entendant l’enfant se plaindre de la soupe tout en se disant que c’était universel à toutes les races : les enfants n’aimaient pas la soupe !

« Tu seras un bon guerrier avec un ventre plein ! Peu importe ce que tu manges tant que ce n’est pas toxique ! » Il pouffa et lui fit un clin d’œil. « Je ne raffole pas des soupes, mais je ne refuse jamais aucune nourriture même le poisson c’est dire ! C’est une chose importante de manger et tu verras en grandissant que la nourriture n’est pas toujours si facilement acquise, si tu n’as pas un métier tu finis vite le ventre vide ! A ce moment-là, même les soupes et les racines sont les meilleures nourritures du monde ! Mais je m’inquiète pas pour toi, je suis sûr que tu deviendras un bon guerrier et sauver la veuve et l’orphelin te permettra de manger trois bon repas par jour !»

Il lui sourit ensuite.

« Il faut savoir utiliser une arme, bien sûr, pour être un guerrier. Mais pour en être un bon, il faudra bien te servir de ta tête et bien entretenir ton corps. Si tu veux ton corps et ton esprit seront tes armes les plus importantes, bien plus que l’épée que tu auras en main… Et même si ton corps est pas bien redoutable, comme le mien qui est aussi épais qu’une brindille, si ton esprit est vif tu sauras être un bon guerrier bien que plus dans la tactique que la force physique… » Ou tu seras un bon voleur comme lui.

Brogar lui sourit tout en époussetant sa tunique. Cela faisait très longtemps qu’il avait accepté son corps frêle pour un nain. Il ne savait pas vraiment d’où ça venait, son père était pas très épais non plus bien que pas à ce point et il ne savait pas comment fut sa mère. Peut-être que le manque de nourriture correcte pendant son enfance avait accentué ce fait en lui donnant un corps malingre… et depuis comme il peinait à manger de vrais repas ça n’arrangeait rien à son état au contraire. Menfin, il avait depuis tout aussi longtemps mis à profit son corps maigrichon. C’était un énorme avantage pour un nain, il faisait bien moins de bruit, était plus agiles et pouvait se faufiler/grimper n’importe où.
Il gardait dans le coin de l’œil les femmes qui semblaient servir tout le monde, impatient de manger à l’odeur fort agréable qui lui arrivait. Il ne savait pas du tout ce qu’elles cuisinaient, mais il y avait de la viande dedans alors ça serait forcément bon !

Le nain remercia avec le sourire les femmes qui lui donnaient à manger, tout ravi. Il observa rapidement l’assiette et plongeât sa cuillère dedans.

Brogar n’attendit pas pour avaler goulument sa première bouchée de l’espèce de ragoût, ravi d’avoir un bon repas consistant pour ce soir-là. C’était un peu trop chaud, mais il ne s’en formalisa pas. Le goût lui était inconnu, mais il supposait qu’ils avaient dû emporter des épices de chez eux. C’était bon et ça lui plaisait bien !

« Ouais c’est bien bon ! Ça fait du bien au ventre ! »

Il allait enfourner sans attendre une autre cuillère quand il entendit le petiot parler à nouveau. Il cligna bêtement des yeux tout en fixant la viande dans son bol.

« Du hérisson ? » Il répétât. « Ha bon ! » et il avala une nouvelle portion, puis une autre sans se démonter.

« J’ai jamais eu l’idée de manger du Hérisson ! Je pensais que c’était des épices de par chez vous là-haut ! Mais c’est pas mal ! Puis ça me fait un nouvel animal dans ma liste des choses mangeables, ce qui veut dire plus de nourriture ! » Il rit. « J’ai déjà mangé du rat, de l’écureuil, des escargots…on dirait du champignon les escargots quand c’est cuit, ne me demande pas comment j’en suis venu à manger des trucs pareils… plein d’oiseaux et des choses dont je ne connais pas le nom quand j’étais dans des pays éloignés ! Quand je pense que j’ai jamais mangé d’hérisson ! Je trouve ça mignon faut dire, je me contente de les regarder avec leur petit museau tout rond… Mais maintenant je l’ai mangerai ! » Il rit encore.

Il posa ensuite une main sur son épaule.

« Toi tu es un petiot avec de très bon goût ! Tu feras de grandes choses dans l’avenir ne privilégiant les brioches ! »

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Brogar & Chandalen

Le gamin éclata de rire devant la réaction de son nouvel ami, qui venait tout juste d'apprendre ce qu'il avait dans l'assiette, et qu'il avait déjà goulûment avalé. Et bien oui, pour le coup, savoir que l'on mange du hérisson, c'est assez déstabilisant. Chandalen savait bien que ce n'était pas du tout dans les coutumes de la plupart des gens dont ils traversaient les terres. Ici, l'on mangeait des animaux de la ferme, des poulets et des vaches, de cochons et ce genre de petites bêtes bien élevées dans un enclos. Pour lui, manger du hérisson était tout naturel. Mais ici, c'était loin d'être le cas ; ce qu'il pouvait comprendre, parce qu'il venait de loin, très loin, et que les gens étaient différents ici. Comme bien des choses, les mœurs de la nourriture n'avaient rien à voir, et c'était à l'instar des croyances, des façons de se vêtir et de parler, et bien d'autres encore. Mais ici, dans son groupe de nomades, Chandalen avait une variété de choses tout aussi différentes qu'il pouvait manger. Il y avait les pains, déjà. Les pains que l'on fabriquait avec plein de graines et selon des recettes de chez lui, ça lui donnait un goût différent, un goût qui lui rappelait plein de choses. Et puis la viande, pour eux, ils se contentaient de constituer des pièges à placer dans la forêt pour attraper du gibier, ce qui lui faisait tout le temps manger de la viande « sauvage », qui était sans contredit bien meilleure que ces porcs enfermés dans des enclos chez les villageois. Chandalen n'était pas des plus enthousiastes pour manger de la viande, il avait toujours ce pincement au cœur de savoir que l'on avait tué l'animal dont la carcasse gisait dans son assiette, mais il n'avait pas le loisir de choisir ses mets, car la rudesse de la vie de nomade ne lui permettait pas de telles extravagances.

Le gamin écouta ensuite les récits de Brogar, qu'il trouvait toujours passionnants. Il aurait pu rester des heures devant ce nain à l'écouter parler, divaguer sur sa vie et sur ce qu'il avait pu voir du monde. Ça lui plaisait, ça aussi ; de voyager, de voir tout un tas de paysages, de choses qui forgeaient son caractère et son corps. Il avait dessein de devenir un grand guerrier, et il ne doutait point qu'en mettant sa carcasse à rude épreuve comme ce voyage lui donnait l'occasion de le faire, il aurait de quoi résister à bien des combats. Il reprit alors la parole, pour compléter ce que son ami nain venait de lui dire.

« L'avantage des hérissons, c'est que c'est tout petit alors c'est facile à attraper, même pour les enfants. Il n'y a pas besoin d'être vif, ni de courir. Moi ça va je sais courir mais regarde, mon frère lui il est un peu nul alors il peut se rendre utile en attrapant des hérissons, ça évite que ce soit toujours les hommes qui chassent la nourriture. » Il s'arrêta un peu, profitant de sa pause pour avaler quelques cuillères de son goulash avant que ce dernier ne se refroidisse. Il n'avait pas très faim après la brioche, mais il ne faisait aucun doute que Brogar ne se ferait pas prier pour finir son assiette à lui aussi. « Les oiseaux on en mange des fois, mais c'est pas facile à attraper. Des fois j'aimerais bien savoir voler, comme eux. Ah, et les rats et les écureuils on en fait aussi, à la broche sur le feu c'est super ! T'as déjà fait, ça ? Par contre les escargots.. eurk ! »

Et il ne se fit pas prier pour faire une jolie grimace, signifiant son dégoût profond pour ces petites bestioles visqueuses et difformes. Il n'aimait pas trop le poisson non plus, comme tous les enfants, mais alors les escargots.. Il faudrait le menacer de mort pour qu'il en mange. Mais du coup, là il mangeait du hérisson alors ça allait bien se passer pour le moment. Puisqu'il ne voulait plus finir son assiette, Chandalen la proposa à Brogar s'il désirait la finir. Pour lui, il commençait à avoir un peu sommeil avec le ventre rempli, et le soir commençait à tomber. Mais il voulait profiter de la présence du nain encore un peu, sachant bien qu'il allait partir au petit matin. Ça aussi, ça lui faisait un petit pincement au cœur..

« Alors, tu veux faire quoi avant de dormir ? On peut raconter des histoires près du feu avec les autres, regarder les constellations ou ce que tu veux ! »

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Dernière édition par Brogar le Lun 16 Jan 2017 - 10:51, édité 1 fois

Brogar partait du principe que tout se mangeait, tout était bon pour la survie ! Même le poisson ! Alors qu’il avait horreur de ça ! Vraiment ces étranges choses à l’air idiot, il n’en supportait pas le goût et le l’odeur. Bon, il ne crachait cependant jamais sur de la nourriture, alors des fois il était bien obligé d’en manger quand son ventre commençait à faire trop mal. Mais bon…une bonne viande rouge était plus nourrissant et ne parlons même pas des brioches…
Donc, même si il fut un premier instant surpris, il ne se démontât pas pour manger la nourriture dans sa gamelle.

« Ouais à la broche c’est ce que je préfère ! Et je comprends pour les oiseaux, mais moi je préfère les pieds bien sur terre ou mieux ! Sous terre ! » Il pouffa avant de sourire encore plus quand il lui tendit le reste de son assiette. « Tu es sûr hein ? Car une fois mangé je le garde et je te le rends pas. Ce serait dégoutant ! Mais Merci !» Il pouffa, avant d’accepter l’assiette et la finir en quelques cuillères rapide.

Il pencha la tête sur le côté à ses propositions. Les deux étaient intéressantes, car il aimait apprendre de nouvelles choses et écouter les légendes d’un peuple était un moyen d’en apprendre plus tout en se faisant plaisir. Regarder le ciel était quelque chose qu’il avait fini par apprendre à apprécier. Au début, juste après avoir quitté sa montagne, il avait trouvé ça presque terrifiant à observer. Cette étendue si lointaine et si…infinie…c’était extrêmement déroutant pour un jeune nain comme lui qui n’avait connu que les arcs réconfortants et surtout palpables de ses grottes. Face à la nuit noire il s’était senti extrêmement petit et insignifiant… Puis il avait appris à s’y habituer, à imaginer que les étoiles étaient des petits diamants brillants dans une grotte très très grande. Un jour, un compatriote vagabond, avait partagé un petit bout de chemin avec lui et en avait profité pour lui apprendre tout un tas de chose sur les étoiles et les constellations. Il ne savait pas exactement comment l’homme avait eu ses connaissances, mais ça lui avait fait voir le ciel sous un tout autre œil. Et surtout l’homme lui avait appris à s’orienter grâce aux étoiles quand la nuit tombée et aux petits changements qui pouvaient avoir lieu en étant au nord et au sud de la Terre du Milieu. Heureusement que Brogar avait une bonne mémoire et qu’il retenait les choses aisément, car depuis qu’il avait quitté les Monts de Fer il avait découvert très grands ou la moindre chose avait de longues explications. Il ne prétendait pas être intelligent, mais au moins il pouvait retenir un beaucoup de chose !
Enfin, tout ça pour dire que raconter/entendre des histoires lui allait très bien, tout comme allait rêvasser devant les étoiles.

« On peut faire un peu des deux si tu veux petiot. Je connais un paquet d’histoires de Nains, mais aussi de tous les endroits que j’ai parcouru depuis 20 ans ! Si tu penses que ça peut intéresser d’autres personnes je peux les raconter avec plaisir ! Je connais des histoires d’amour, mais si tu veux mon avis je trouve ça ennuyant ! Ce sont que des bêtises étranges ! Après je connais l’histoire de Grands Héros qui parcourent le monde pour combattre tout un tas de bêtes moches et dangereuses ! Ou si tu veux je peux te compter des légendes au sujet d’être magiques aussi beaux que redoutables ! Et j’ai aussi mes propres aventures qui ne sont pas bien glorieuses, mais très rigolotes ! D’ailleurs, je pense à une d’elles, c’était il y a cinq années quand je m’étais perdu dans les montagnes de… » Et la machine était lancée !

Brogar parlait aisément et raconter des histoires était devenu quelques choses qu’il aimait faire. Il ne s’était jamais douté qu’une chose pareille pourrait être une activité qu’il apprécierait, surtout avec son asocialité. A force d’en entendre et de parler non-stop quand on lui adressait une question, les histoires venait aisément sur sa langue.
Brogar était un bon conteur naturel, son visage s’animait et ses mains s’agitaient pour captiver plus aisément. Sa voix était vive et savait comment se moduler pour rendre les moments plus intenses, plus drôles ou plus émouvants. Il ne se posait pas de questions pour comment faire, cela venait naturellement. Et il aimait bien poser des questions à son auditoire afin de les faire bien entrer dans le récit…ça l’amusait bien !

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Brogar & Chandalen

Très vite, alors que Brogar ouvrait à peine la bouche pour commencer son récit, le petit Chandalen s'arrêta net, des étoiles dans les yeux. Il adorait écouter des légendes, surtout celles qui parlaient des guerriers parce qu'il voulait en devenir un. Il prenait les héros de ces histoires comme des modèles, des sortes de guides à qui il essayait tant bien que mal de ressembler. Ce genre de contes avait toujours eu le don de le fasciner, et de captiver toute son attention sans aucun mal. C'est pourquoi, au rythme de la voix de son ami le nain, le gamin se laissa happer par les histoires qu'il avait à lui raconter. Ils étaient tous les deux encore assis autour du feu, leurs assiettes dans les mains, la chaleur des flammes venant leur servir d'agréable compagnie. C'était un beau soir, l'un de ces moments que Chandalen aimait le plus dans son campement, quand la paix règne ici et que tout le monde trouve un terrain d'entente autour d'un sujet. Mais là, c'était différent, et il avait l'impression d'être tout seul avec Brogar, n'entendant que le son de sa voix conter avec beaucoup de jeu cette fameuse histoire. Il avait tout d'un bon conteur, d'ailleurs : les gestes qui accompagnaient son histoire ne la rendaient que plus vivante, et il savait comment donner du ton à ses phrases, encore mieux que quand c'était sa mère qui le faisait ! Et ça, c'était assez exceptionnel. Chandalen gratifiait le nain d'un regard rempli de fascination, qui lui montrait sans aucun doute ô combien il était plongé dans son récit.

Sans même qu'il ne l'ait remarqué, tous ses copains et même son petit frère étaient venus former un arc de cercle autour de Brogar, assis dans l'herbe à lever les yeux vers le nain. Les enfants des nomades avaient toujours aimé les contes, c'était une tradition d'en dire le soir au coin du feu, et pour ce soir-là, qui était un peu plus spécial que les autres, ils semblaient d'autant plus passionnés. Chandalen quant à lui, était tellement plongé dans l'histoire qu'il n'y avait pas tellement prêté attention. Les enfants restaient silencieux, aucun d'entre eux n'osant briser les paroles du nain alors qu'il racontait son anecdote d'une manière tout à fait captivante. Bientôt, lorsque sa voix indiqua que c'était là le fin mot de l'histoire, les enfants laissèrent de longs soupirs ; c'est d'ailleurs à ce moment-là que Chandalen se rendit compte que tous les autres étaient en train d'écouter avec lui. Il ne se fit pas prier pour adresser ses premières paroles à son ami le nain.

« Une autre, Brogar, s'il te plait ! Encore une ! » fit-il, protestant contre les adultes qui passaient et qui lui faisaient signe qu'il leur faudrait aller se coucher bientôt. Mais il comptait bien sur son nouvel ami pour entamer une seconde histoire, lui qui semblait tout aussi passionné que les enfants pour les raconter. Un des adultes passant par là proposa alors qu'en échange de quelques minutes éveillés que les enfants réclamaient, ce soit l'un d'entre eux qui se propose à son tour pour raconter une histoire. Bien sûr, tous les enfants avaient envie à leur tour d'écouter quelque chose, particulièrement avec la présence du nain qui les intriguait beaucoup. Chandalen lui n'avait pas du tout été timide envers ce nouvel ami, même si c'était la première fois de sa vie qu'il rencontrait un membre de cette espèce. Alors, il leva doucement sa petite main en fixant Brogar, dans l'espoir d'être désigné. De toute façon, comme il était le seul, ce serait forcément lui.

Alors, l'enfant se leva à son tour, rejoignant Brogar à ses côtés pour se tenir bien droit, et lui lancer un petit regard de confirmation pour savoir s'il pouvait commencer et s'il faisait tout comme il fallait le faire. A son tour, il se lança dans une anecdote qui remontait à peu de temps en réalité, mais pour lui, ça faisait déjà une éternité. Il raconta cette fois-là où il avait été espionner des manchots sur la banquise loin, très loin au nord d'où il venait, et qu'avec son petit camarade de bêtises, ils avaient glissé sur la glace et qu'ils avaient fini par faire fuir les manchots tout bêtement. En soi, ce n'était pas une histoire très intéressante, mais il s'efforçait de la rendre joliment avec ses mains et son ton, lançant quelques regards à son ami le nain pour vérifier qu'il ne se plantait pas trop.

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Brogar était aisément parti dans une autre histoire qu’il contait avec grand plaisir face aux grands de Chandalen qui semblait vraiment emporté dans son récit. Petit à petit, des enfants s’approchèrent pour finir par s’installer en un cercle bien sage autour d’eux. Brogar était ravi ! Il racontait des histoires à des enfants, manquait plus que des brioches pour le combler totalement ! Il faisait de grands mouvements, regardant chaque enfant pour voir leurs réactions, mais revenait toujours à son petiot attitré.
Il fini son histoire dans une grande envolée pour marquer la fin, mais une autre aventure lui fit immédiatement demandé à son grand plaisir.

Brogar était déjà prêt à commencer une nouvelle histoire quand un adulte fit signe que c’était l’heure de se coucher. Le nain cligna un peu des yeux pour observer le ciel, ne se rendant pas compte si c’était tard ou non pour un enfant. Son enfance avait été très particulière en ayant était souvent livré à lui-même quand son père travaillait ou s’endormait à cause de ses trop grandes faiblesses. Son père l’avait éduqué au mieux et si on oubliait sa capacité à voler sans scrupules, il pensait ne pas être un si mauvais nain que ça après cette enfance laborieuse. Enfant, il avait l’habitude de se coucher un peu à n’importe quelle heure, il le faisait après avoir plus ou moins rangé la maison ou, une fois plus grand, après avoir commis un dernier vol discret à l’auberge du coin. Au mieux, il se couchait en même temps que son père pour le rassurer en se roulant en boule contre lui, quand les jours étaient trop durs pour lui… Tout ça pour dire qu’il n’avait pas bien conscience de quand un enfant devait dormir et aurait naturellement continuait ses histoires jusqu’à ce que les enfants s’endorment sur place ou arrêtent de lui demander des contes.
Les enfants protestèrent, ce qui lui fit intérieurement bien plaisir et l’adulte fini par céder en disant que l’un d’eux devait en conter une. Chandalen leva rapidement la main et Brogar était ravi que le petiot suive son exemple. Il le désigna donc, pour tout avouer il ne savait pas si un autre enfant avait levé la main. Brogar se déplaça pour lui laisser la place devant la petite assemblée. Le nain lui sourit alors, encourageant.

Chandalen se mit à raconter sa petite histoire et Brogar ne put s’empêcher de remarquer que l’enfant faisait des grands gestes et utilisait de multiples intonations. Le petiot lui lançait aussi de nombreux regard pour demander confirmation dans ce qu’il faisait, ou du moins c’est l’impression qu’il en avait. En réalisant que Chandalen, petiot qu’il ne connaissait que depuis l’après-midi, le prenait pour exemple il se retrouva étrangement touché. Normalement, il n’était pas un nain ou tout simplement un être que l’on prenait en exemple. Au contraire, si il passait en ville on le montrait du doigt pour dire « attention, si tu ne fais pas comme je dis tu deviendras un mendiant comme ce nain » ou encore des choses bien moins gentilles. Cela ne l’affectait pas, mais il n’était pas du tout habitué à ce que le contraire se passe…alors que Chandalen suive son exemple, même si c’était juste pour raconter une histoire il trouvait ça touchant.
Il approuvait donc chacun de ses coups d’œil avec un sourire et un signe de tête encourageant. Il ne savait ce qu’était des « manchots », mais il les remplaça dans son esprit par des bestioles craintives tout en se disant qu’il devrait demander des éclaircissements plus tard. Il rit donc joyeusement en entendant ce qu’il s’était passé, car ça aurait très bien pu lui arriver alors qu’il était un « adulte ».

Une fois fini et tous les petits éparpillés en direction de la tente des parents, il posa une main sur l’épaule de son petiot (petiot de sa taille, mais ne chipotons pas sur les détails).

« C’était une bonne histoire et très bien raconté je te félicite ! Tu devrais continuer à le faire surtout que bien des aventures vont t’arriver par la suite je n’en doute pas! » Il lui sourit. « Je vais te laisser aller dormir sinon je vais me faire gronder par tes parents ! » Il fit une mimique comme s’il craignait de se faire disputer, avant de pouffer. « Mais ne t’inquiète pas je resterai un peu demain matin ou pourra re-parler si tu veux ! »

Une fois Chandalen partit, il fit un effort sur lui-même et resta discuter avec les quelques adultes encore présent autour du feu. Son naturel l’aurait fait s’échapper pour se cacher dans sa tente, mais la caravane lui avait offert nourriture et protection pour la nuit, il pouvait au moins essayer de parler avec certains membres qui n’étaient pas des enfants. Finalement ce ne fut pas du tout désagréable et il eut beaucoup d’échanges intéressants avec ces personnes-là. Le partage des connaissances se fit plutôt facilement et il fut content d’en apprendre plus sur ce clan.
Ce fut donc plus tard qu’il alla rejoindre sa tente. Une fois sur place il ne se coucha pas. Il farfouilla dans ses besaces aux merveilles (là où il mettait tout ce qu’il pouvait trouver sur sa route) jusqu’à trouver ce qu’il voulait. Une fois satisfait de ce qu’il avait, il profitât de la nuit claire pour monter les éléments. Demain matin il offrirait cela en cadeau en Chandalen en espérant que ça lui fasse plaisir.

Il passa une nuit plutôt calme, même si il était à l’abri des bêtes par la présence de la caravane autour de lui, il n’était certainement pas assez en confiance pour pouvoir dormir profondément. Comme d’habitude il eut un sommeil léger, mais qui était bien assez suffisant pour lui. A peine une première lueur de soleil apparaissait qu’il rangeait sa tente, l’accrochant à son sac. Il s’assit ensuite au sol, sortant sa pipe pour la remplir avec le peu d’herbe qui lui restait. Fumant tranquillement, il attendait de voir si le petit Chandalen allait le rejoindre et ensuite il irait chercher carte.

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Brogar & Chandalen

Tout fier, le petit avait raconté son histoire avec l'espoir de susciter l'intérêt de tous les autres enfants. Cette histoire-là, il n'y avait que son camarade de jeux qui la connaissait pour l'instant, alors il avait sans doute de quoi impressionner ses autres amis, et pourquoi pas les faire rire. Il était assez sûr de lui, voulant montrer à Brogar qu'il prenait exemple sur lui et qu'il mimait ses gestes. Il fit donc son récit, tout content de partager cette petite anecdote avec tout le monde. Aussi, cela aiderait certainement le nain à le connaître, et il ne doutait pas qu'il savait à coup sûr ce qu'était un manchot. Chandalen finit son histoire avec un large sourire, pas peu fier de ce qu'il venait de faire. Il avait bien fait rire ses petits camarades et cela lui faisait plaisir. D'autant qu'il avait l'air de s'être plutôt pas mal débrouillé, Brogar ne l'ayant pas interrompu pour le corriger. Alors, Chandalen regarda les enfants se disperser pour rentrer chez leurs parents et aller dormir. Pour sa part, il n'était pas très fatigué, il avait envie de rester avec Brogar mais il savait bien que sa mère finirait par le sermonner s'il ne se pressait pas pour aller trouver son petit lit. Chandalen fut tout content de voir que son ami le nain avait apprécié son histoire, et qu'il l'encourageait même à continuer ! D'ailleurs, il aurait bien continué le soir même, mais il vit sa mère arriver, qui lui demanda d'aller se coucher rapidement parce que sinon il allait être très fatigué au lendemain, et qu'ils avaient sans doute de la route à faire.

Chandalen soupira, il aurait mille fois préféré rester avec Brogar, mais il n'avait visiblement pas le choix. Alors, il traina ses petits pieds jusqu'à la tente de sa famille, appelant son chien loup sur le chemin. L'animal ne mit pas longtemps à rappliquer, et le garçon le gratifia d'une caresse entre les deux oreilles. Il était sans aucun doute son plus fidèle ami, et il n'aurait pas pu passer une nuit sans sa présence rassurante. Le gamin arriva finalement devant sa tente, et il se faufila à l'intérieur pour aller se glisser sagement entre les couvertures, appelant Azor qui vint aussitôt se coucher tout près de lui. Le visage enfoui dans la fourrure agréable de son chien, l'enfant ne tarda pas à s'endormir, la tête plein de rêves et de jolies choses.

Il eut un sommeil relativement calme, mais court. A vrai dire, c'était comme si son corps savait, alors même qu'il ne semblait pas y penser, qu'il lui fallait se lever le plus tôt possible pour aller vite rejoindre Brogar et passer tout le temps possible avec lui avant que l'un comme l'autre ne prennent des chemins différents. Il se carapata hors de ses couvertures, cherchant à tâtons des vêtements qu'il passa en se pressant, puis il sortit de la tente en trombe, alors que dehors, le soleil n'avait pas tout à fait fini de se lever. Chandalen se dépêcha de courir avec son chien loup, là où il savait assurément qu'il trouverait son ami le nain.

« Brogar ! Brogar ! » criait-il pour le retrouver plus facilement. C'était vrai qu'avec une taille comme la sienne, ce n'était pas toujours évident.. Mais rapidement, il posa son petit regard bleuté sur le nain, et son visage s'illumina sous son sourire. Il se pressa pour rejoindre son ami, il savait bien qu'il ne leur restait plus beaucoup de temps à pouvoir passer ensemble. Il arriva tout sourire devant lui, son chien sur les talons. « Je me suis dépêché aussi vite que j'ai pu !! » avoua le gamin, presque essoufflé devant son ami, avant de lui attraper le bras pour le tirer avec lui. Le petit déjeuner, c'était une étape cruciale de la journée, et Chandalen ne doutait pas qu'en tant que nain, Brogar n'allait pas s'opposer à cela. Il lui servit donc du thé et de la brioche, avant de commencer à bavarder dans tous les sens avec lui, histoire de ne pas perdre une miette de ces dernières heures passées en sa compagnie. Mais trop tôt, il vit sa mère passer près d'eux, et elle lui rappela que cette échéance n'était que trop proche.

« Brogar, nous avons votre carte ! Nous allons bientôt lever le camp nous aussi, peut-être pourrions-nous suivre un peu le chemin ensemble avant que nous ne descendions trop au sud ? » lui demanda-t-elle, attendant son avis alors que l'enfant se mordait les lèvres.

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Brogar soufflait doucement sa fumée, essayant vaguement de faire des ronds (il n’avait jamais réussi et ne réussira jamais, le grand drame de sa vie…) quand il entendit la voix de son petiot. Il sourit amusé et agitât sa main pour se faire situer. C’est qu’il était bien matinal !
Chandalen sourit immédiatement en le voyant et Brogar se demanda vaguement si les membres du clan risquaient de prendre mal le fait qu’il enlève le fils de leur chef pour l’adopter…

« Salut Petiot ! Salut maître chien ! » Il chantonna en donnant une caresse légère à l’animal tout en souriant au petit. « C’est gentil petiot, mais je serai jamais parti sans te dire au revoir fallait pas t’essouffler autant, mais je suis grandement flatté ! » Il pouffa. Puis le petit l’attrapa pour l’entraîner derrière lui en le faisant manquer de lâcher sa pipe sous la surprise. Pfiouu ! C’était bien le propre des enfants d’avoir autant d’énergie au réveil ! Ca devrait pas être permis ! Puis le petiot avait déjà pris la manie de le tirer partout comme une poupée, c’était drôle, mais ce n’était pas un très bonne man…ha il a rien dit ! Il pouvait absolument le trimballer partout tant qu’il y avait des brioches au bout ! C’est un bon petit ça !

Brogar jetât un regard un peu dubitatif sur le thé. Il n’avait jamais trop compris l’intérêt de cette boisson hormis pour les vertus médicinales…c’était de l’eau chaude avec un gout de plante…de feuilles pour être exacte ! Brogar n’était pas du tout regardant sur la nourriture, il aimait même plutôt bien les légumes…mais le thé… Non il ne comprenait ! Autant boire de l’eau et de la fraiche pour pas se bruler la langue sans un goût étrange de plante.
Cependant, comme c’était offert par Chandalen il acceptât le thé et le sirota sans grande conviction. Heureusement qu’il y avait des brioches ! Brioches qu’il avala rapidement avant même de toucher à son bol de thé.
Il papota gaiment avec l’enfant, amusé par son empressement à parler de plus de choses possibles le plus rapidement possible. Autant dire qu’il était enfin face à quelqu’un capable d’égaler son propre flot de paroles alors ils en racontaient des choses ! Le nain n’était pas habitué à ce que l’on réclame autant son attention et ça lui faisait vraiment plaisir.

Au bout d’un moment ils purent voir la mère de Chandalen arriver et il se redressa pour la saluer.

« Ha parfait parfait, je vous remercie j’espère qu’elle a pas trop causé de soucis vu sa vieillesse ! J’aurai dû en changer plus tôt, mais je m’attendais pas à ce que le coin change si vite ! C’est fou à quelle vitesse les choses évoluent, ça me fait me sentir vieux alors que je suis jeune j’ai même pas 100 ans! »
Il pouffa avant de pencher un peu la tête à sa proposition. Voyager un peu avec eux ? Hm, ça lui était déjà arrivé quelques fois de partager un peu la route d’une caravane ou de voyageurs afin d’être plus en sécurité. Il ne le faisait jamais très longtemps néanmoins, sa méfiance presque paranoïaque le poussait à reprendre vite sa liberté solitaire. Il jetât un coup d’œil à Chandalen et se décida rapidement.
« Et bien oui c’est une bonne idée, je partagerai volontiers votre route ! Ce sera bien plus prudent que j’attende un peu de reconnaître la route pour ne pas prendre le risque de me perdre encore une fois ! Je ne pense pas que je sois assez chanceux pour retrouver une autre caravane avenante pleine de brioche sur mon chemin ! »

Une fois que la dame les ait quitté, il se tourna vers le petiot.
« On dirait que l’on va pouvoir papoter encore un moment entre nous ! Histoire de me faire bien voir pour avoir plus de brioches pour tous les deux j’irai aider les tiens à démonter leur camp ! Savais-tu que les nains ont une très grande force afin de pouvoir briser la roche dans les mines ? » Il lui fit un clin d’œil. « Mais avant ça je voulais te donner quelque chose ! Tend ta main ! » Il pourrait très bien attendre pour donner son petit cadeau de départ à Chandalen, mais il préférait toujours faire tout de suite les choses que les remettre à plus tard. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver !
Il laissa tomber un médaillon dans le creux de sa petite main (parce que même si ils faisaient la même taille Brogar avait des mains bien plus grandes et robustes propre à sa race). C’était une pierre plate de la taille d’une pièce, poli sur les deux faces. Elle était d’une couleur sombre, mais se parait d’un bleu irisé au moindre éclat de lumière. Des petites fissures la couvrait et l’avait empêché de la vendre comme pierre pour un bijou, mais lui aimait cette impression de facettes que donnait les fissures et provoqué ainsi des éclats bleus de différentes teintes. Un astucieux et joli nouage à base de cordelette de cuir la maintenait comme un médaillon sur un cordon.

« Il y a un petit moment maintenant j’ai trouvé cette pierre lors de mes voyages, ou plutôt elle m’a trouvé vu que je l’ai pris sur la tête ! J’ai profité d’un travail dans une ville pour la polir comme j’ai pu et la rendre plus joli, bien que ce soit un bijou très pauvre par rapport à ce que sont capable de faire les miens… surtout que je ne suis pas bijoutier ! En ma langue on appelle ça… » Le mot khuzdul sorti aisément de sa bouche avant qu’il enchaine. « …je ne connais cependant pas son nom dans la langue commune, mais il est surement bizarre ! » C’était une labradorite comme il l’apprendra plus tard.
Il lui sourit.

« Selon certains cette pierre te protège des mauvaises pensées, du stress et de la peur. Elle rend ton esprit bien plus clair pour comprendre les choses et ainsi pouvoir mieux les affronter. Et ici… » Il retourna la pierre pour lui montrer la face un peu moins irisé où une rune trônait de manière solitaire. « C’est une rune de protection naine que j’ai gravé, elle est censée protéger des mauvais esprits… » Il lui sourit. « Je ne comptais pas la vendre, je me suis pris d’affection pour elle…alors je te l’offre comme ça tu te souviendras de moi pour autre chose que mes cheveux pas coiffé, j’espère que cela te plait ? Je ne sais pas trop ce que les enfants humains aiment comme cadeaux…à part les brioches…tout le monde aime les brioches…»

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Brogar & Chandalen

La perspective de leur départ proche embêtait le petit Chandalen, mais à vrai dire, il était bien content de pouvoir faire un bout de chemin avec son ami le nain. Il savait bien, depuis le début même, qu'ils se sépareraient au bout d'un moment, et pourtant, tout comme avec Selen, cela ne l'avait pas empêché de s'attacher à cette nouvelle amitié, au prix d'un lourd pincement au cœur. C'était parmi les inconvénients de la vie de nomade, et l'enfant se jura d'un jour, trouver un endroit stable pour y faire sa vie, et avoir autour de lui toutes ces personnes qu'il aimait par dessus tout, et ne jamais se retrouver séparé d'elles. Bien sûr, cela prendrait sans doute encore du temps, et des amitiés de route comme celle-là, mais il avait espoir. Chandalen enfourna la brioche dans sa bouche, se taisant enfin le temps de savourer le délicieux met qu'on lui avait servi, laissant le temps à Brogar de souffler. Ça oui, il parlait, et il parlait diantrement beaucoup. Mais c'était bien le propre des enfants, de déblatérer sur tout et rien pendant des heures, à faire des conversations à partir d'un détail minime. Chandalen avala son thé aussi rapidement, manquant de se brûler.

« Ah ça oui, tu auras de la brioche si on les aide !! » confirma-t-il, avant de prévoir un plan minutieux dans sa tête pour réussir à amasser le plus de brioches possibles. Et rapidement, il lui demanda de tendre la main car il avait, apparemment, quelque chose à lui donner. Tout sourire, l'enfant tendit fièrement la paume de sa main au ciel, curieux et à la fois très content qu'on ait une telle attention pour lui. Il était tout intrigué lorsque le nain déposa une petite pierre polie au bout d'un cordon en cuir, juste au creux de sa main. Chandalen observa avec une grande curiosité cette petite pierre qu'il trouvait déjà magnifique. Elle était sombre, mais en faisant jouer l'orientation de sa main avec les rayons du soleil à peine levé, il remarqua qu'elle avait de très jolis éclats bleutés, et qu'elle renvoyait la lumière d'une façon très belle, lui rappelant avec une pure évidence les lumières qui touchent la terre, qu'il n'avait pu voir que dans sa région natale. Alors donc, les merveilles de la nature n'avaient largement pas fini de le surprendre. Le gamin ouvrit de grand yeux devant cette petites pierre, tout fier d'avoir quelque chose d'aussi précieux en sa possession.

« Oh Brogar merci beaucoup !! » fit-il tout sourire, et il s’empressa de passer la petite pierre à son cou, remarquant qu'elle tombait juste à côté de la petite pomme de pin qu'il y portait déjà, cadeau de Selen et seule chose qu'il lui restait d'elle, sa meilleure amie. Il écouta avec attention les explications de Brogar, son nain préféré – et le seul qu'il connaissait –, et apprécia fort bien les valeurs que ce cadeau véhiculait. Une rune naine pour le protéger, cela faisait parfaitement écho à ce totem qu'il avait déjà, et il en était tout fier. Le petit ne cessa pas de remercier Brogar. « Jamais je ne pourrais t'oublier !! Et maintenant, tu seras avec moi jusqu'à la prochaine fois où on va se revoir !! » Parce que oui, il n'avait clairement pas l'intention d'écouler sa vie sans revoir ce gentil nain, même si d'ici quelques années, il ferait sans doute quelques bonnes têtes de plus que lui. Mais l’innocence enfantine préférait lui laisser croire que tout se passerait pour le mieux, et que ce nain-là ferait longtemps, très longtemps partie de sa vie.

« Chandalen, Brogar ! On va plier bagage, vous venez ? » appela sa mère, qui arrivait vers eux avec un paquet. Elle le tendit au nain, un large sourire sur les lèvres et le lui remit entre les mains. « Il paraît que vous aimez la broche.. C'est pour la route, pour vous remercier pour Chandalen » Et tout à coup, tout redevint bien trop réel, ce départ, cette séparation, et le gamin se précipita dans les bras de son nain favori pour lui faire un de ces câlins d'au-revoir dont lui seul avait le secret. Il allait inévitablement lui manquer, c'était certain, et bien trop vite, il leur fallut démonter les tentes, prendre le départ, et être sur cette longue route, bien trop rapide pourtant jusqu'à cet embranchement où, pour la dernière fois, il verrait la silhouette de Brogar.

« Merci, merci pour tout, tu es le meilleur des nains !! » fit le petit, les larmes aux yeux. Et quelques minutes après, il se retournait pour voir au loin, la silhouette de son ami disparaître, pour trop longtemps encore.

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