To other lands, and other spirits

Invité

To Other Lands,
And Other Spirits

Selen & Chandalen

C'était incroyable, à quel point une sensation pourtant si douce, si calme, pouvait le rendre fou ; il était accroché aux lèvres de la jeune femme, réfrénant encore cette passion inconcevable qu'il lui vouait, alors qu'il tentait de garder son calme pour apprécier la pureté de ce beau moment. Tout semblait parfait, et le chant des oiseaux berçait la quiétude de ce moment d'une douce mélodie, accompagnées par les bruissements paisibles de la végétation alentours. De chaque baiser qu'il lui aurait volé, Chandalen sentait toujours son cœur basculer un peu plus : il était à Selen, depuis bien longtemps maintenant, mais en ce jour, sous le regard bienveillant des dieux, elle venait d’accepter son présent. C'était un symbole très fort pour le guerrier, qui n'aurait pu espérer mieux : elle avait donc saisi le sens de cet endroit, et ce qu'il signifiait de venir troubler le silence de ces jardins. Son regard s'arrêta un instant dans les prunelles de la jeune femme, la contemplant alors qu'elle lui confirmait la réalité de ce moment. Son cœur sembla manquer un battement, et pourtant, un sourire amoureux s'afficha sur son visage. Il n'avait plus besoin de cacher ces sentiments qui lui brûlaient le cœur depuis maintenant trop longtemps.

Chandalen se laissa entrainer par la jeune femme, s'allongeant dans l'herbe sous la silhouette de celle qu'il aimait. Abandonnant ses dernières hésitations, il se laissa alors à elle, chassant le moindre doute de son esprit : il l'aimait, il l'aimait à s'en damner et maintenant que ce terrible secret avait vu le jour, il avait senti ce poids libérer ses épaules. Attrapant la jeune femme par la nuque, il l'attira à lui pour lui offrir un baiser empli de passion et de désir, avant de lui murmurer à l'oreille. « Je t'aime comme un fou, Selen. » lui glissa-t-il. Il sentait bien qu'en ce jour, les choses étaient différentes : comme un écho à cette nuit-là sur la Sombra, où il s'était un peu trop attardé sur les lèvres de la jeune femme dans un baiser qui en avait dit trop long. Accueillant la jeune femme contre lui, Chandalen l'enlaça dans ses bras les premiers instants, comme pour la couvrir d'une douceur nouvelle qu'ils n'avaient que trop peu connue. Bien vite pourtant, la passion prit le dessus sur leurs échanges, faisant basculer les deux amants dans cet autre monde qu'ils connaissaient pourtant si bien ; de baisers volés s'il en allait, chaque geste, chaque caresse apportait avec elle ce souffle brûlant qui attisait les désirs de l'homme, jusqu'à ce qu'il ne gagne les plaisirs parfaits de cet échange. A ses oreilles, les doux soupirs de Selen le rendaient d'autant plus passionné, quand lui même exulta dans un agréable souffle.

Le sourire sur ses lèvres carminées, l'homme se laissa choir sur le dos, au beau milieu de l'herbe fraîche, échappant un long soupir d'extase avant de passer sa main sur son front humide pour en chasser les mèches de ses cheveux qui y étaient collées. Son cœur battait la chamade dans son torse, qui se soulevait toujours dans un rythme de respiration élevé. Un rire lui échappa, et bien vite, il se réappropria les lèvres de Selen pour un dernier baiser, scellant à jamais leur amour devant les dieux.

Il s'était passé du temps, depuis. Quelques jours, une quinzaine sans doute, bercés par les regards insistants de sa mère qui appuyait bien trop sur les quelques baisers qu'elle leur avait surpris. Chandalen n'avait nul doute sur ses intentions : sa mère espérait que, comme il le lui avait mentionné, il ne demande sa belle en épousailles avant son départ. Rendre les choses plus officielles, d'une certaine manière, afin d'éviter le genre d'erreur qu'elle-même avait faite. Chandalen avait choisi de rester encore un peu dans les terres du nord, mais il avait trouvé un navire qui pourrait ramener sa belle plus au sud pour quelques pièces. Mais ce matin-là, lorsqu'il s'éveilla, ce fut avec le cœur lourd. Il allait devoir se séparer de celle pour qui son cœur battait, et il n'y avait rien de plus terrible, particulièrement depuis qu'ils s'étaient avoués leurs sentiments et qu'ils en avaient témoigné devant les dieux. Il s'était habillé en silence, n'avait pas daigné manger parce qu'il aurait été incapable d'avaler quoi que ce soit. La mine déconfite qu'il arbora toute la matinée ne fut que le reflet de ce qui brisait son cœur : un départ dont il ne voulait pas, mais qu'il était bien forcé d'accepter. Alors il avait mené Selen sur le pont, en silence, lui tenant simplement la main. Il n'aurait pas pu dire grand chose, elle savait déjà tout. La boule dans sa gorge ne cessa pourtant de grandir, quand ils arrivèrent juste devant l'embarcation. Les larmes aux yeux, l'homme attira Selen contre lui dans une étreinte forte et puissante, enfouissant son visage dans son cou, où il pouvait s'imprégner une dernière fois de son parfum. « Promets-moi que tu me retrouveras » murmura-t-il enfin, avant de perdre à ses lèvres un baiser d'adieu.

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To other lands and other spirits

Chandalen & Selen

Les jours qui suivirent furent les plus beaux de sa vie. Malgré le départ imminent, c’était tout à fait extraordinaire de pouvoir vivre son amour au grand jour sans avoir peur de quoi que ce soit. Selen et Chandalen avaient passé beaucoup de temps ensemble à se chamailler gentiment, à discuter plus sérieusement et à se voler des baisers. C’était un véritable bonheur de se réveiller et de se coucher à ses côtés en lui faisant toujours part de ses sentiments à son égard. Et puis le jour du départ s’était rapproché, le dernier fut assez lourd d’ambiance mais Selen faisait en sorte de redonner le sourire à Chandalen.

Le jour du départ arrivé, Selen s’était éveillée après un sommeil détaché et difficile. Aux aurores elle avait retenu Chandalen quelques instants pour rester entre ses bras et profiter de sa présence encore une dernière fois. Dans le silence de leur tipi, la pirate avait longuement caressé sa peau, détaillé du bout de ses doigts les moindres traits de son visage. Elle avait le cœur lourd et son estomac se serrait à chaque fois qu’elle venait échanger un baiser avec lui. Finalement, le moment de partir était venu, Selen s’était assise au bord du lit, déchirée entre ce qu’elle voulait et ce qu’elle devait faire. Elle observait la silhouette de son bien aimé, tandis qu’il s’habillait et elle, elle restait là, elle ne voulait pas bouger ni partir. Les larmes lui montèrent aux yeux, jamais elle n’avait ressenti autant de faiblesse jamais elle n’avait eu à faire un choix aussi terrible.

Et le moment arriva, tenant fermement la main de Chandalen elle le suivit jusqu’au navire en trainant des pieds. Voir les voiles, savoir qu’il allait rester là lui brisait le cœur. Elle stoppa net la marche et vint se blottir entre ses bras. La jeune femme se sentait défaillir, priant pour qu’il se passe quelque chose et qu’elle ne puisse pas monter à bord. Réfrénant les spasmes de son corps, elle resta longuement entre ses bras, attentive aux battements de son cœur comme le son d’une mélodie sacré. Elle était obligée de partir, pour régler les dernières affaires avec Aaren, s’émanciper de lui afin de pouvoir continuer seule son chemin comme elle l’entendait. Si elle ne le faisait pas il la ferait traquer et ils ne pourraient jamais être tranquilles tous les deux. Alors elle se donnait quatre mois maximum pour faire ses affaires et revenir ensuite le retrouver – quatre mois, ce ne serait pas grand-chose pour le reste de sa vie à ses côtés. Alors il n’avait pas besoin de lui faire promettre ce qu’elle s’était déjà juré, elle lui adressa un large sourire mais ses paroles furent emplies de sérieux.

« Je le jure devant les valars Chandalen, au péril de ma vie je te retrouverai et on ne se séparera plus jamais après ça. » Lui répondit-elle.

Et ce tout dernier baiser fut aussi agréable qu’il lui fit mal au cœur. Selen s’accrocha désespérément à ses lèvres et vint maintes fois lui en réclamer d’autres, ne pouvant se raisonner à le quitter. On l’appela, lui demandant de monter car le moment était venu de partir et elle eu l’impression qu’on la torturait. Les pulsations de son cœur marqués par la panique, la jeune femme lui attrapa une dernière fois la main, les larmes aux yeux.

« Je t’aime, je reviendrais, attends moi. »

Alors il n’y avait plus de possibilité de rester, elle embarqua, se séparant de lui et resta sur le pont du navire, à l’observer tandis que la terre s’estompait de plus en plus. Les jours s’effilaient lentement, Selen se sentait malade, comme si elle avait eu un mal de mer atroce durant la traversée. Elle était pourtant dans une bonne cabine, la plupart du temps elle s’y isolait mais elle se sentait mal et cru même à un moment que c’était incurable, qu’elle allait mourir là. Et finalement, les côtes arides du sud de la terre du milieu se dessinèrent à l’horizon. Selen descendit du navire, livide, brisée et retrouva Aaren quelques jours plus tard.

FIN

love.disaster