Quelques jours chez l'habitant

Elinà avait besoin de sortir de sa routine. Elle n’en pouvait tout simplement plus : chaque jour était le même que le précédent. Le matin, elle allait voir ses patients dans Imladris, pour la plupart des humains malades ou blessés, à midi elle rentrait chez elle pour manger, et l’après midi elle attendait qu’on ait besoin d’elle pour quelque chose. De temps à autre elle sortait pour aller ramasser des plantes pour refaire ses stocks. Il y avait une pièce entière où séchaient des dizaines de simples dans sa petite maison.

Alors, une part d’elle-même appréciait cette nouveauté qui venait de se glisser sur sa route. La guérisseuse avait besoin de changement. D’ordinaire, elle serait simplement partie en voyage. Elle aurait pris ses affaires, une couverture, un peu de pain elfique, ses khatars. Elle aurai scellé sa monture. Et la route aurait été sa compagne pendant quelques semaines. Assez pour faire le tour du Rohan et finalement se retrouver au bout du monde. La cité elfique l’étouffait. Elle avait toujours eu besoin de s’éloigner de tout à un moment ou à un autre. Mais, pas cette fois. Cette fois elle devait attendre un peu avant de partir : cette foi quelqu’un avait besoin d’elle.

Alors, le paquetage resta à sa place, dans un placard. Elle passa une partie de la matinée à préparer la seconde chambre de sa petite maison. Comme celle dans laquelle l’elfe dormait, il y avait une vue imprenable sur les cascades d’Imladris. C’était pour cela que la jeune femme l’avait choisie. Un peu en contrebas de la cité, mais avec une vu magnifique sur la nature environnante. Pour un peu, en fermant les yeux, on se serait cru totalement ailleurs. Une fois la pièce prête, l’elfe s’arrêta à l’entrée et observa son travail. Comme tout chez elle, l’endroit était meublé simplement. Bien que riche, l’elfe n’aimait pas étaler son rang comme cela. Elle aimait n’être qu’une simple guérisseuse. Elle préférait cela de beaucoup à la princesse sans royaume qu’elle était et serait jusqu’à la fin de ses jours. Elinà hocha la tête, satisfaite. Elle avait laissé le petit bureau près de la fenêtre vide, pour que Niphredil puisse s’occuper elle-même de l’arranger. Elinà voulait vraiiment que l’enfant se sente à l’aise ici. Chez elle.

Après un instant où Elinà eut peur de ne pas réussir à aider la petite fille, Elle ferma les yeux et elle secoua la tête : non. Elle ne devait pas commencer à penser cela. Elle sortit de la pièce, descendit au rez de chaussée et enfila sa longue cape gris-clair. Elle traversa la ville pour se rendre dans la famille de Niphredil. Ils avaient accepté qu’elle prenne la petite sous son aile. Après tout, c’était pour comprendre pourquoi les choses n’allaient pas pour elle qu’on avait demandé à Elinà de faire faire le tour des lieux à l’enfant. La tante de Niphredil passa un long moment à rappeler à la guérisseuse les choses que sa nièce aimait avant que celle-ci ne voie la chevelure rousse de sa petite patiente apparaitre de l’autre côté de la pièce. Niphredil la salua et s’éloigna pour aller mettre ses bottes. Ne vous en faites pas, répondit Elinà. Elle doit simplement avoir hâte de partir en vacances avec moi. L’elfe eut un petit sourire, puis elle salua les deux elfes et sortit de la maison accompagnée de Niphredil.

Là, elle commença à marcher en silence. Elinà n’avait pas « toujours » besoin de parler. Parfois, un bon silence en disait bien plus qu’un long discours. Après quelques minutes, elle lança cependant : Tu regrettes ta décision ?

Le silence n’était pas vraiment pesant pour Elinà. Elle l’aimait, ce silence. Cela lui permettait de penser à mille choses à la fois. Mais, il y avait cette petite demoiselle à côté d’elle, et Elinà ne voulait pas la laisser croire qu’elle était de trop. Qu’elle l’embêtait. Ce genre de choses. Alors, la demoiselle finit par lui demander si elle regrettait sa décision. Elinà espérait que non. Ce serait tout de même gros. Venir avec elle alors qu’au fond, elle ne le voulait plus. L’elfe ne lui aurait pas laissé l’occasion de se forcer à faire ce genre de choses. Ça non. Elle l’aurait ramenée dare-dare chez sa tante en prétextant avoir reçut une missive demandant son aide au Rohan. Voilà longtemps qu’elle n’avait pas voyagé. Cela ne surprendrait personne. On lui avait déjà demandé comment cela se faisait qu’elle n’ait pas bougé en presque dix ans.

Elle écouta donc la réponse de la jeune elfe et hocha la tête. Oh tu sais, je pense que la « normalité » dépend de qui tu es et non de ce que les autres pensent, fit Elinà avec un sourire. Par exemple : pour Elladan, la normalité c’est de passer son temps à se mettre en danger sur les routes. De préférence avec son frère. elle leva les yeux au ciel à cette image. Qu’est ce qu’elle pouvait désapprouver la conduite des jumeaux parfois ! Pour moi, c’est de soigner des gens et de les aider à aller mieux. Elle porta machinalement la main à sa sacoche de plantes, qui ne quittait jamais sa hanche. Pour le Seigneur Elrond, c’est être un bon diplomate et un bon dirigeant. Chacun a sa notion de normalité, tu vois. Si toi, tu ne veux plus avoir de cauchemars et pouvoir t’amuser partout dans la cité, alors c’est ce que nous allons chercher à atteindre. Elinà rit. Du moment que tu ne me demande pas si tu peux partir avec les jumeaux pour tuer des orcs, je pense que je peux t’aider.

Elinà espérait avoir pu rassurer un peu la demoiselle. Elle-même avait passé de nombreuses nuits à cauchemarder suite à la mort de ses parents. C’était différent, mais bon. Elle ne souhaitait ça à personne. Et, aujourd’hui encore, le son d’une flèche se plantant dans une cible pouvait la faire sursauter. Il y avait des blessures qui ne guérissaient jamais. On devait apprendre à faire avec. Mais, Elinà avait de la ressource et elle refusait de laisser Niphredil suivre ce genre de chemin !

Tout en parlant, Elinà se dirigeait vers la sortie de la cité. Sa maison était située un peu à l’écart, restant pourtant très proche de la ville. Elle était entourée d’arbres, mais ce qui avait convaincu Elinà de s’installer là, c’était la vue imprenable sur la cascade, qui partait de bien plus haut pour retomber une dizaine de mètres plus bas. Ce n’était, d’ailleurs, pas très loin de la demeure de la famille de Niphredil. Il n’y avait qu’une quinzaine de minutes de marche. Nous y sommes presque, annonça Elinà en tournant sur un petit chemin qui menait vers la falaise.

Elinà était assez contente de voir Niphredil se dérider un peu en entendant parler des jumeaux d’Elrond. L’elfe sourit à son tour. Elladan et Elrohir étaient, effectivement, des personnes assez impétueuses, et vraiment du genre à faire n’importe quoi. Ils n’étaient pas une bonne influence pour une jeune elfe comme Niphredil. Vraiment pas. Et, Elinà espérait qu’ils ne l’entraineraient pas – volontairement ou pas – sur la mauvaise pense. Sinon, tous princes qu’ils étaient, elle leur tirerait les oreilles. Encore une fois. Ce ne serait pas très efficace, mais bon. Au moins, ils se calmeraient pendant trois jours. Quatre grand maximum.

Elinà vivant un peu à l’écart de la cité, elle quitta les rues pavées pour un sentier plus agréable. Elle n’aimait pas réellement la vivre dans l’agitation de la cité. Sa maison était bien mieux. Plus au calme. Et puis, la vue était magnifique. Absolument superbe. Encore plus belle que dans la cité. Encore plus belle que depuis la maison d’Elfond, mais ça, c’était son propre avis. Il n’y avait personne d’autre pour dire la même chose. Personne. Alors qu’elle en était à cette pensée, la jeune fille lui posa une question qui lui fit froncer les sourcils. Elle ouvrit la bouche. La referma. Je ne sais pas trop, répondit-elle. J’ai grandi en Lorien, avec ma tante. Là bas, on vit dans les arbres. Les elfes de Mirkwood aussi, vivent dans les arbres. Sous terre, plus récemment, à cause de ce qui arrive à leur forêt, mais dans les arbres tout de même. Sous les racines des arbres, dans des arbres creux… Cet endroit était très beau, bien qu’un peu sombre aux yeux de Elinà. Je pense que le Seigneur Elrond voulait… Il voulait créer quelque chose de nouveau. Quelque chose qui n’avait pas été vu auparavant. Ou plus, songea-t-elle en repensant aux ruines d’Ost In Edhil, la cité de son ancêtre Celebrimbor. Des elfes dans des maisons en pierre, ça a dû lui sembler une bonne idée termina-t-elle en haussant les épaules, un peu perplexe. Rien à voir avec la vision de chacun de la normalité, du coup. Ou presque. Ou alors, c’est parce qu’il a grandi dans une maison en pierre et qu’il n’avait pas envie de vivre dans un arbre. Qui sait. Pas Elinà, en tout cas. Mais, elle nota de lui poser la question, un jour prochain. Ce serait amusant de voir la tête du Seigneur Elrond. Celui-ci l’avait toujours encouragée à poser ses questions. Encore et encore, des plus intelligentes aux plus stupides. Une fois, elle lui avait même demandé pourquoi le ciel était bleu, lorsqu’elle était plus jeune. Alors… « Pourquoi les maisons d’Imladris sont en pierre et sur le sol » ne serait pas réellement du genre à détonner dans la longue liste des questions stupides de Lady Elinà. Nous sommes presque chez moi, fit-t-elle en désignant la partie droite du chemin.

Le rire de Niphredil envahit soudain les oreilles d’Elinà qui tourna simplement les yeux vers la jeune fille, un peu surprise. Elle ne dit rien, cependant. Elle ne dit rien parce que ce serait probablement une mauvaise chose. Depuis qu’elle avait rencontré la petite, c’était la première fois qu’elle l’entendait rire. Comme si cette conversation sans queue ni tête lui faisait du bien. Comme si elle se retrouvait enfin. Comme si elle redevenait, un instant, cette enfant qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Elinà sentit elle aussi un sourire naitre sur ses lèvres. Oui, c’était une bonne chose. Elle n’irait pas jusqu’à dire que c’était grâce à elle, ça non. Ce serait bien trop présomptueux pour l’elfe qu’elle était. Mais, elle trouvait ça agréable. Intéressant. Peut être que s’éloigner de sa famille quelque temps était « la » solution. Elinà n’y avait pensé que parce qu’elle avait voulu avoir la petite sous le nez toute la journée. Voir ce qu’il se passait. Veiller sur elle. Mais, peut être que vivre dans sa famille lui donnait une certaine pression dont elle ne se rendait pas compte ? Elinà avait, dès le départ, mis sur le tapis que Niphredil pouvait lui parler à tout instant. Qu’elle pouvait tout lui dire. Ce genre de chose comptait. Elinà le savait.

Alors, peut être qu’une sorte de solution était en train d’apparaitre. Ce serait une bonne chose pour cette petite qui avait grandi trop vite. Elle devait revenir en arrière. Elinà sortit alors de ses pensées en entendant la question de Niphredil sur les jumeaux. Elle sourit. Elladan n’est pas souvent à la cité, mais Elrohir est ici en ce moment. Je pourrais lui demander de passer dans quelques jours quand j’irais refaire mon stock de plantes pour s’occuper de toi, si tu veux. Elinà s’attendait littéralement à une catastrophe. Laisser Elrohir avec une enfant était synonyme de désastre sans nom. Il n’avait absolument aucune limite et sans Histiel pour l’aider, jamais il n’aurait réussi à élever Eléa correctement. Elinà avait beau ne pas trop apprécier la guérisseuse, il ne fallait pas dire le contraire : c’était elle qui avait sauvé Eléa des griffes d’une vie totalement décousue de sens. Mais, Elinà en était sûre et certaine : cela pourrait conduire à quelque chose d’intéressant aussi. Elrohir était un véritable enfant. Malgré le nombre des combats qu’il avait vécus, il restait un grand enfant. Son cœur était encore emplit d’une certaine innocence et une grande partie de ses réactions totalement impulsives pouvait montrer à Niphredil la voie à suivre. S’il ne réussissait pas à la tuer en une journée à faire n’importe quoi.

C’était la plus grande peur d’Elinà. Que son meilleur ami se retrouve dans une telle situation qu’il ne puisse pas avoir d’autre choix que de blesser la petite ou de la faire tuer. Enfin, tant qu’ils restaient à Imladris, ça devrait aller, non ? Il n’allait pas la faire sauter dans la cascade, tout de même… Si ?

Elinà et Niphredil arrivèrent alors au dernier tournant du chemin qui menait à la maison de la guérisseuse. Niphredil se mit alors à courir, pendant que l’elfe avançait plus lentement pour venir jusqu’à elle. Elle la laissa regarder la cascade et elle sourit à son commentaire. C’est pour ça que j’ai demandé à ce que la maison soit construite ici. C’est un des plus beaux endroits d’Imladris.Elina désigna un petit sentier qui descendait contre la falaise. On peut aller se baigner si on descend par là, et il y a un super coin de pique-nique juste à côté du bas de la chute… si tu n’as pas peur d’être mouillée par les projections d’eau. elinà sourit et désigna la porte de la maison. Tu veux t’installer maintenant ou tu préfères rester un peu dehors ?

Elinà agissait avec Niphredil comme elle l’aurait fait avec un cheval un peu craintif. Elle la laissait prendre possession des lieux, s’habituer à l’endroit. Lorsqu’elle s’approcha de la bordure de la falaise pour chercher le coin de paradis dont Elinà parlait, la guérisseuse eut un mouvement en avant pour la retenir. Elle s’arrêta à mi-chemin, cependant, et elle referma son bras contre son torse. Elle devait apprendre à faire confiance à celle qui serait sa pupille pendant quelques temps. C’était important. Elle inspira un grand coup et ferma les yeux. Elle ne pouvait pas agir avec elle comme si Niphredil était une adulte, mais elle ne pouvait pas non plus la traiter comme une enfant immature. Du peu qu’elle avait vu, la jeune elfe aux cheveux roux avait déjà une sorte de recul sur le monde, un détachement qui était presque effrayant. Elinà se rappelait son enfance, avant que ses parents ne lui soient enlevés, et elle se voyait rire et s’amuser à chaque instant. Même après une période de deuil à ne pas prononcer un seul mot, Elinà avait retrouvé son sourire grâce aux jumeaux d’Elrond avec qui elle avait fait de nombreuses bêtises. De nombreuses choses qu’elle préférait aujourd’hui oublier. Elle avait souvenir de ce jour où ils avaient gravé leurs initiales dans la roche. L’endroit existait toujours. Les initiales étaient encore visibles dans la roche. A peine. Il fallait savoir qu’elles étaient là. Mais, ce souvenir, il était impossible à effacer. C’était ce jour là qu’Elinà avait compris qu’elle ne pouvait pas laisser son passé la hanter. Qu’au contraire, elle devait profiter de chaque instant. Et, c’était ce qu’elle souhaitait apprendre à la jeune Niphredil.

Tu as raison, répondit l’elfe en désignant la maison. Ta chambre est au premier, mais on peut faire un tour dans le reste de la maison, si tu veux, avant. Au rez de chaussée, il y avait la cuisine, le salon et le laboratoire où Elina préparait ses potions et faisait sécher ses plantes. Au premier, deux chambres, et un petit bureau. Il y avait un baquet pour se laver dans la cuisine, au plus proche de l’âtre qui servait à chauffer l’eau. Elinà sourit en passant le seuil de sa maison. Cet endroit était à elle. C’était son petit coin de paradis. Elle désigna la première porte sur la gauche. C’est ici que je travaille. Si tu entres ici, car ce n’est pas interdit, fais attention à ne pas mélanger les plantes ou les mixtures, s’il te plait. Elle sourit. Cela pouvait être catastrophique si elle se retrouvait avec la mauvaise plante au mauvais endroit, et qu’elle ne mettait pas la bonne chose dans sa potion. Cela pouvait être compliqué, ensuite, de traiter ses patients. Sur la droite, le salon, aux murs couverts de livres. Au bout du petit couloir, la cuisine, et juste en face de l’entrée, l’escalier qui montait au premier et unique étage. Elinà désigna celui-ci à sa jeune protégée. La chambre de droite est pour toi. Je te laisse la découvrir et t’installer. Je vais nous préparer une infusion et des petits gâteaux au miel. Descends lorsque tu seras prête. Là, il serait temps de décider si Elinà lui montrait le chemin et le petit coin au bas de la cascade ou bien si elle attendait le lendemain.

Elinà s’éloigna donc vers la petite cuisine. Elle remplit la bouilloire et raviva le feu avant de laisser l’ustensile en fonte au dessus de l’âtre pour qu’il chauffe. Elle se dirigea dans son laboratoire et sélectionna quelques plantes séchées pour fabriquer son infusion. De la camomille, un peu de verveine, quelques fleurs de pissenlit séchées, et bien sûr, un peu de thé. Elle revint avec cela dans la cuisine, prenant bien soin de refermer la porte derrière elle. Elle mit les feuille dans la théière qui attendait sur la table et elle sortit d’un placard les petits gâteaux au miel. Elle ne se pressait pas spécifiquement. Elle voulait laisser à Niphredil le temps de découvrir son environnement avant de revenir vers elle. Tel un animal sauvage, elle voulait apprivoiser la petite sans la brusquer.

Elle était en train d’arranger les gateaux sur une assiette lorsqu’elle entendit un galop dans l’escalier. Un sourire monta à ses lèvres à ce son. Elle pourrait apprécier, plus tard, avoir des enfants qui courraient partout dans sa maison. Mais, il faudrait ajouter une annexe à celle-ci, car elle serait alors trop petite pour tout le monde. Elle, son mari et leurs enfants. Cette idée la laissa immobile quelques secondes, le cœur battant. Un nom tournait dans son esprit lorsqu’elle pensait à son futur époux mais… Ce n’était qu’une chimère. Elle secoua la tête et elle se remit au travail. Elle sortit la bouilloire du feu et, avec un chiffon pour ne pas se brûler, elle remplit la théière.

Elle ajouta un peu de miel dans l’infusion pour éviter que celle-ci ne soit trop amère. A ce moment là, Niphredil passa le seuil de la porte. Elle déposa une grande tasse devant elle et en sortit une autre pour elle. C’est normal. C’est une chambre d’amis, mais elle ne me sert que rarement. Elinà n’avait que peu d’invités. Sa tante ne venait pas souvent la voir, et quand elle venait elle ne résidait pas ici. Il en allait de même pour le prince Legolas qui logeait chez Elrond. Elina avança les petits gâteaux vers la jeune elfe et elle ouvrit la théière pour en vérifier l’infusion. Encore une ou deux minutes. Tu pense que tu t’y sentiras bien, demanda-t-elle en s’asseyant – enfin – en face de Niphredil. Elle posa un coude sur la table et sa tête dans sa main, observant la petite elfe en face d’elle. Oui. Un jour, il lui faudrait des enfants.

Je suis sûre que tu dormiras bien. Sinon, tu sais que je suis de l’autre côté du couloir et que tu peux venir me réveiller à n’importe quelle heure. elinà sourit à la demoiselle. L’elfe prit un nouveau petit gateau au miel et aux amandes et elle croqua dedans. Elle était prête à tout pour que la petite elfe aille mieux. Et, il fallait qu’elle comprenne qu’Elinà était là pour elle. A tout instant. Du jour et de la nuit. Elinà avait l’intention de la protéger envers et contre tout. C’était étrange. Ce lien qui s’était créé entre elle et la petit. Elle ne comprenait pas comment c’était possible. Vraiment pas. Elle n’avait aucune idée de comment elle avait pu s’attacher à la petite à ce point. Elle réalisait qu’elle n’aurait pas accepté n’importe qui chez elle. Et, qu’elle avait choisi cette petite dont le parcours était si semblable au sien, quelque part. Elinà avait envie de la protéger comme elle-même n’avait pas été protégée. Personne n’avait vu. Personne n’avait compris. Elinà avait dû tracer son chemin seule pour tenter de repousser les cauchemars. Si elle pouvait être là pour quelqu’un d’autre… autant dire qu’elle le ferait.

Par contre, elle ne s’attendait pas à la question sortie de nulle part de la demoiselle. Vraiment pas. Elle observa la jeune elfe devant elle, bouche bée. Je… commença t-elle sans trop savoir quoi dire. Elle repoussa une mèche de ses cheveux et secoua la tête de droite à gauche. On ne peut pas dire ça, non. Je n’ai pas d’amoureux. Mais, c’était beaucoup plus compliqué que ça. Elinà avait Choisi il y a très longtemps. Elle avait Choisi un elfe sans trop comprendre comment ça lui était tombé dessus. Elle appréciait l’elfe en question bien plus que ce qu’elle n’aurait dû mais… Ses sentiments étaient-ils réciproques ? Elle pinça les lèvres à cette idée, sans trop savoir comment prendre cette pensée. Devait-elle s’ouvrir à l’elfe en question ? Devait-elle simplement continuer à laisser les choses se faire. Tant qu’elle ne savait pas… son cœur ne se briserait pas. Mais, si elle savait… Alors elle serait obligée de partir. De s’éloigner. De prendre l’un des navires aux havres gris pour aller rejoindre les elfes qui avaient eu leur cœur ou leur corps brisé. Valinor l’attendait. Elle trouverait probablement des choses à faire, là bas. Elle était une excellente guérisseuse. Elle trouverait sa place.

Mais, elle le savait. Elle préférait être ici. Aimer en silence quelqu’un n’était pas facile. Mais bon. Elle savait qu’un jour elle devrait s’avancer. Porter ses sentiments hauts et forts. Mais, en attendant… en attendant elle devait s’occuper de Niphredil. Chaque chose en son temps. Ce n’était pas encore temps d’aller parler à Elladan. Cela ne serait peut-être jamais le temps. Elle espérait juste qu’il ne viendrait pas à Choisir une autre elfe et à l’épouser sans qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit. De lui annoncer qu’elle… qu’elle l’aimait. Elle ferma les yeux. Je ne pense pas que l’amour soit quelque chose pour moi pour le moment, finit-elle par dire.