Ordinary day in a dwarf family ~ Dìs

Depuis que nous sommes en âge de tenir une épée ou une hache, avec Kili on nous apprend l'art du combat à la manière des nains, autant vous dire que c'est pas toujours très délicat. La plupart du temps on s'en sort bien maintenant, au début on en a quand même pas mal bavé, nos professeurs sont nos oncles Dwalin et Thorin et tous les deux ne font pas dans la dentelle quand il s'agit de se battre. Tous les jours sans exception nous nous entraînons dans le but qu'un jour nous puissions faire honneur à notre famille et à notre rang. Je met tout mon cœur à la tache, tout comme mon frère bien sur et malheureusement cela se solde parfois par des vêtements déchirés ou des blessures minimes (sauf une fois) ce qui a le dont de mettre notre mère en colère.

Ce soir il est déjà presque l'heure du dîner mais malheureusement je suis encore en train d'essayer de camoufler ces trous que nous avons faits dans nos habits avec Kili après l'entrainement. Nous avons joué un peu trop rudement et nous avons tous les deux fait des trous à nos chemises. Mère va nous étriper si elle voit cela, elle nous avait prévenue, si cela se reproduisait nous devrions rapiécer tout cela nous même, pas question de compter sur elle ou sur quelqu'un d'autre, notre maladresse nous la payerions. Alors voilà, à force de beaucoup d'efforts nous avons tant bien que mal réussi à  faire en sorte que cela soit discret et avec un peu de chance elle ne le remarquera pas, pas tout de suite du moins, nous osons espérer que peut-être elle le verra lorsque ces chemises devront êtres amenées à laver et qu'à ce moment là elle croit que ce sont de anciens trous. Je pense que nous sommes un peu de beaux rêveurs, mais après tout pourquoi pas ?!

C'est donc plein d'espoir et d'une sagesse exemplaire que nous arrivâmes dans la salle à manger avant même qu'elle nous appelle, on aurait dû faire attention d'ailleurs, d'ordinaire elle doit nous attendre et nous réclamer outre mesure afin d'espérer nous voir arriver. Cela a dû paraître suspect parce qu'elle nous a lancé des regards bien soupçonneux. Nous avons fait notre possible pour nous rattraper et être le plus naturel possible, j'espère que cela suffira. Le repas fut délicieux, comme d'habitude, notre mère fait tout ce qu'elle peut pour nous nourrir au mieux, que nous soyons des hommes forts, dignes de notre oncle Thorin et de sa réputation. En réalité, je me demande bien souvent qui de mère ou de mon oncle à le plus fort caractère. Bien-sûr celui de Thorin le précède partout où il va, mais notre mère est comme l'eau, elle est d'une colère sourde et dormante, mais le jour où cela explose, il vaux mieux ne pas être dans les parages, je vous le garantit ! Ceci étant dit, vous pouvez comprendre pourquoi nous faisons des pieds et des mains pour repousser cet instant fatidique.

Il y avait des choses qui ne changeraient jamais, semblait-il. Les chamailleries de ses enfants au petit déjeuner, l'air beaucoup trop sombre de son frère, qui faisait pourtant -elle le savait- un effort à son égard, les piles de papiers s'entassant sur son bureau jour après jour malgré ses efforts pour en faire diminuer la taille, les sourires affables de Balin à chaque fois qu'elle venait le voir avec des interrogations techniques. C'était donc une journée rythmée par l'ordinaire qui s'écoulait paisiblement en Ered Luin, jusqu'au moment où Therir venait lui signaler que l'heure avançait et le soleil décroissait déjà en dehors des murs de pierre qui constituaient à présent sa demeure. Comme toujours, elle le remerciait pour sa sollicitude et comme toujours, elle se hâtait de se préparer pour le dîner où ses enfants devaient la rejoindre, alors même que ces derniers se présentaient en retard...
Il est de ces petits miracles, dons de Mahal, auxquels l'on ne s'attend pas. Ce jour, ce fut l'arrivée dans la salle à manger de sa progéniture, sans même qu'elle n'ait eu besoin de les faire quérir ou de les appeler. Allons donc.... ce n'était pourtant pas son anniversaire, si ?.... Non, non, ça ne l'était pas. Dìs ne dit rien qui fit référence à cette avance étrange, se contentant de faire signe à ses grands enfants de s'installer à table, pour leur demander comment s'était déroulée leur journée. Pour autant, elle n'était pas dupe et ne put s'empêcher de les dévisager quelque peu avec suspicion. Qu'avaient-ils à lui demander, pour se tenir aussi bien encore à présent ? Elle attendit une requête qui, s'ils étaient intelligents, viendrait certainement à la fin du repas, mais qui contre toute attente ne vint pas du tout... Etrange, fort étrange. Peut-être devrait-elle leur donner un peu plus de crédit et de confiance...

« Kili, tu voudras bien aider à ramener les plats en cuisine ? Je dois parler à ton frère. »

Comme le plus jeune répondait par l'affirmative, elle le suivit du coin de l'oeil tout en pliant sa serviette, pour le voir empiler la vaisselle avec hâte puis tourner les talons presque dans le même mouvement, et observer de dos ses épaules trahir ce qui semblait être une expiration. Ah. Et dire qu'elle avait presque pensé être une mauvaise mère, à douter d'eux pour rien ! Mais il semblait que s'ils n'avaient rien à demander, il s'agissait simplement de l'alternative : ils avaient quelque chose à se faire pardonner. Restait à savoir quoi.
Se relevant, elle s'approcha légèrement de la cheminée pour s'imprégner de sa chaleur, non sans rester à une certaine distance. Le feu crépitant légèrement faisait jouer des ombres sur son visage et sa robe, et elle prit son temps avant de se retourner finalement vers Fili, mains croisées derrière elle. Ce temps de latence tout à fait calculé avait pour but de faire méditer son fils sur ses actions passées, quelles qu'elles fussent, sans pour autant le prend de front sur le sujet. Elle verrait bien s'il avait l'intelligence de lui avouer ses torts plutôt que de tenter de les lui cacher.

« Tu te doutes de pourquoi je t'ai pris à part, Fili. Demain, tu auras la responsabilité de guider notre peuple. Aujourd'hui, tu as celle de t'occuper de ton petit frère... »

Elle, faire monter la pression à escient ? Jamais !
Après tout, elle ne faisait qu'entamer une discussion sur le très proche futur anniversaire de Kili, rien de plus... S'il venait à penser à autre chose, ça n'était pas de sa faute...