« The young fox and the old rabbit » feat. Niphredil

« The young fox and the old rabbit »

RADAGAST & NIPHREDIL

Une chose était sure ; la forêt avait changé. Tu sentais une espèce de viscosité qui flottait dans l’air et qui te collait à la peau. On aurait dit que Mirkwood pourrissait de l’intérieur comme un fruit laissé trop longtemps au soleil. Le vert tendre de l’herbe tirait davantage vers le jaune desséché et les arbres semblaient s’être précipités en automne en oubliant toutes les couleurs hormis le marron et les verts foncés. Sous tes bottes, on pouvait entendre le son des feuilles mortes que tu piétinais. Le vent ne t’apportait plus l’effluve des fleurs et pourtant, la vie subsistait encore. Les animaux, bien que beaucoup commençaient à tomber malades, n’avaient pas encore quitté les bois. À vrai dire, plus tu te rapprochais de la citée des elfes et plus la nature semblait bien portante. La magie des êtres immortels semblait ralentir ce mal étrange, mais pour combien de temps encore ? Tous ces petits changements tu les avais vécus indirectement dû à ton essence intimement liée à l’état d’Arda. Parfois, tu avais l’impression d’être connecté à ce petit bout de création comme si un fil invisible te liait à tous les êtres vivants autour de toi. Un peu comme une araignée sur sa toile qui, lorsqu’un autre insecte venait s’y coller, réagissait au mouvement. Sauf que toi, contrairement aux aranéides, tu ne dévorais personne et apportait plutôt ton aide à ceux qui l’a demandaient...

Tu avais donc capté une vague de détresse, une fluctuation dans ce réseau de liens vivants, suffisamment forte pour te sortir de ta maison et t’éloigner de ton terrier. Tes sens en alerte, tu filas à travers les arbres sans même consulter une carte. Tu arpentais ces terres depuis si longtemps que tu les connaissais aussi bien que le fond de ta poche... Tu dépassais des ruisseaux, des vallées, quelques crevasses et parfois, tu cueillais une brindille au passage pour l’inspecter. Ton visage affichait une moue dépitée lorsque tu récoltais une tige plus morte que vivante. Tes pas rapides te rapprochèrent de ton but et, au bout de quelques heures de randonnée, tu entendis les cris d’un animal en détresse. Au détour d’un grand chêne, tu arrivas soudainement sur le bord d’une profonde corniche. La crevasse s’étendait sous tes pieds et, au fond, un renard couleur de feu faisait les cent pas. « Et bien, qu'avons-nous là ? » Visiblement, l’animal avait dû tomber durant la nuit et ne trouvait pas de moyen pour sortir. Sans aide, il finirait surement par mourir de faim ou par être dévoré par une plus grosse bête. « Ne t’en fais pas ! Je vais te sortir de là !»

Tu t’allongeas sur le sol et commenças par tendre la main pour mesurer la distance te séparant de ton ami poilu. Même en sautant, la créature couleur fauve ne pouvait t’atteindre. Alors, tu agrippais le bout de ton bâton de magicien et tendit le manche dans le vide avec la recommandation d’en mordre le bois dur. Un soupir agacé s’échappait de tes lèvres puisqu’il te manquait encore quelques centimètres pour pouvoir aider la pauvre bête. Tu fis ramper tes coudes jusqu’à la limite du bord, te donnant un équilibre précaire au-dessus de la corniche. Ce devait être une bien drôle d’image que celle du vieillard allongé dans la boue qui prenait le risque d’échapper son bâton de marche dans une crevasse… Soudain, quelque chose vint émoustiller tes sens et ton nez s’agitait de gauche à droite comme celui du lapin. Tu flairais une présence et bien qu’il s’agissait d’une douce et petite présence, vu ton état actuel, il valait surement mieux l’avertir ; « Il ne serait pas judicieux de me faire sursauter à l’instant, mais seriez-vous assez aimable pour m’agripper les chevilles quelques minutes ? » Tu avais dis ces mots sans détourner le regard du renard au fond du trou, ne remettant même pas en doute les bonnes intentions de ta nouvelle interlocutrice. À tes oreilles, cette demande te semblait tout à fait légitime, mais sans explication, cela sonnait plus excentrique que ce que tu avais anticipé…

FICHE PAR ROMANOVA

J’observe la scène sans la saisir, sans vraiment la comprendre. Même éveillée, assise en tailleurs dans mon lit je la repasse mentalement. Ce que j’ai rêvé à un sens, bien sûr, tous les rêves ont un sens. Les miens d’ailleurs sont très vivants, trop, mais lui… C’est dans ma forêt. Enfin… La mienne, celle du seigneur Thranduil où je vis. Je réfléchis en chiffonnant mes draps entre mes doigts en assemblant lentement les pièces du puzzle. Pour une fois, j’y arrive toute seule. Enfin… ce n’est pas comme-ci mes parents peuvent m’aider : je ne raconte rien. Mais pour une fois mon rêve est simple. Renard, corniche, coincé, forêt. Et … aujourd’hui ? Je suppose ? Ça ne me coûte rien d’aller voir c’est sûr ! Enfin si… Juste de sortir de l’enceinte de la cité ! Mais ça doit pouvoir se jouer… J’ai peur, vraiment, mais si je fais attention cela devrait aller. Juste voir et revenir très, très très vite. Et en plus l’endroit semblait proche de la cité. Vraiment pas loin. Là où il n’y a pas le mal. Donc je ne risque pas grand-chose. Et je sais où il y a une si grande corniche près de la cité.

Une petite évasion fort difficile et fort délicate plus tard, croyez moi rien n’est plus difficile de sortir au monde que de sortir de cette cité elfe. Surtout qu’étant la fille d’un garde, la bonne moité me connaît. Je ne peux pas me faire voir. Capuchon sur la tête, dagues à la ceinture et bottes souples aux pieds, je pose mes petits pas sur le tapis de feuilles de la forêt. On se dépêche ! Un coup d’œil et on repart ! Je ne veux pas inquiéter ma mère. J’avance sans bruit, sursautant au moindre bruit malgré mes pas vifs et les affirmations de mon père. Vite ! Vite ! On regarde et on…

J’entends une voix. Un homme, vieux, je crois, qui me demande de lui tenir les chevilles et de ne pas le faire sursauter. J’avance à pas lent jusqu’à la crevasse. Un homme tout de marron vêtu, avec un drôle de chapeau sur la tête semble entrain de sonder la crevasse. Euh ? Je m’avance lentement pour ne pas l’effrayer et voir pourquoi… Le renard ? C’est le renard de mon rêve ! Je fixe l’homme étrange, c’est de la fiente qu’il a sur la tête ?!, qui lui tend un bâton, drôle de bâton d’ailleurs, pour l’aider à sortir. Je vais vite tenir les chevilles du vieil homme pour l’aider en restant silencieuse. Le renard finit par sortir et, une fois l’homme bien de retour sur la terre ferme, je m’approche calmement de l’animal avec un fin sourire aux lèvres. Je m’installe en tailleurs et tends doucement la main pour le caresser, tout penaud il se laisse faire.

« Bonjour maître renard. Et bien ! Quelle aventure pour toi ! Tu as eu de la chance, tu n’as pas de mal ? »

Il se laisse faire et s’approche même un peu de moi. Je me penche pour lui souffler à l’oreille un sourire espiègle aux lèvres.

« Tu sais quoi ? Je vais te dire mon secret ! Mais chut ! Je t’ai vu dans mes rêves, c’est pour ça que je suis venue voir ! »

Je reporte mon attention sur le vieil homme et le détail, complètement fasciné par cet homme. Quel drôle de rencontre ! Je souris amusée et me présente.

« Je suis Niphredil, de Mirckwood. Merci d’avoir sauvé le Renard. Qui êtes vous ? »

« The young fox and the old rabbit »

RADAGAST & NIPHREDIL

Le renard s’agitait au fond de son trou. Il faisait les cent pas et gémissait son désespoir à mesure que les minutes passèrent. L’attente devait être insupportable quand on n’est pas sûr de pouvoir s’en tirer. Et pourtant, tu étais bel et bien déterminé à ne pas le laisser moisir dans cette crevasse. Une goutte de sueur perlait sur ta tempe, coula sur la ligne tordue de ton nez pour alla s’échouer près de la bête piégée. Tu tenais ton bâton de magicien à bout de bras et tes pointes de pieds étaient enfoncées dans le sol pour t’empêcher de glisser. Le rebord de la crevasse se situait au niveau de ta poitrine et, à chaque fois que tu gigotais, de la poussière ainsi que des gravats dégringolèrent plusieurs mètres plus bas. La présence enfantine que tu avais sentie s’approchait sans crainte. Ta demande n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd et l’enfant vint tenir tes chevilles, te permettant ainsi de te pencher encore davantage. Tu lâchais un petit cri de joie alors que le renard mordit le bois de ton bâton, te fichant bien de l’abîmer pour la bonne cause. Tu le remontas en utilisant la force de tes bras et l’animal fut vite libéré de sa prison. Alors que l’animal capta l’attention de la nouvelle venue, tu te redressas sur tes coudes, puis t’assis à même le sol. Soupirant de soulagement, tu souris à l’image de la rouquine caressant la bête de la même couleur. « Ravi de vous rencontrer mademoiselle Niphredil. Je m’appelle Radagast, Radagast le Brun... » Tu fis une légère pause, histoire de souder la réaction que pourrait avoir la petite face à ton nom. Savait-elle pour l’existence des magiciens ? Chez les elfes, le mythe était plus souvent une réalité. « … Je suis un ami de maître renard. »

Tu tendis la main vers l’animal sauvage qui vient docilement sentir tes doigts avant qu’il accepte que tu lui grattes la tête. La bête était maintenant le porteur du secret de la jeune fille. Tu avais eu la décence de ne pas écouter cet échange de confidence quoique tu en avais saisi quelques brides. « Tu es venue seule Niphredil ? Quel courage ! Tes parents risquent de s’inquiéter, non ? » Tu tenais pour acquis qu’elle était seule puisque tes sens d’Istar ne semblaient pas capter d’autres présences autour. « Je vais vérifier si tu n’as rien de cassé l’ami… » rajoutas-tu en regardant le renard. Tes mains se mirent à examiner le corps de l’animal, mais ce dernier eut un mouvement de recul lorsque tu lui saisis une de ses pattes avant. Il était probablement tombé dessus lors de la chute... « Cela ne semble pas cassé, mais il doit y avoir un joli hématome sous toute cette fourrure… Dis-moi Niphredil, est-ce qu’il y a un ruisseau à proximité ? Je vais avoir besoin de boue pour faire un cataplasme. Cela empêchera sa patte d’enfler et d’être trop douloureuse. » Ton regard doux se posait sur la jeune elfe. Tu ne voulais pas la retenir inutilement, surtout si sa famille s’était mise à sa recherche. Toutefois, tu te voyais mal la laisser seule dans cette forêt qui se révélait très imprévisible par moment. Aussi, tu lui proposais de se joindre à toi dans la quête d’un remède pour leur ami commun.

FICHE PAR ROMANOVA

Le drôle de bonhomme brun finit par se redresser. Un peu plus et j’aurais cru que j’allais devoir le redresser moi-même. Je l’observe alors que je continue de faire des papouilles à Maître Renard qui me mordille gentiment les doigts. J’ai envie d’enfouir mon visage dans son pelage, mais je ne le fais pas. C’est un animal sauvage tout de même, pas une peluche. Le drôle de monsieur se présente comme Radagast le Brun… Non, ça ne me dit absolument rien du tout ! Mais étant très, trop, jeune j’ignore beaucoup de choses. Ce qui est un problème. Et c’est donc lui aussi un ami de maître Renard qui glisse de mes bras pour aller voir Radagast. Je les observe tous les deux en souriant en posant mon menton sur mon genou. Je hausse doucement les épaules sans vraiment répondre, je préférais éluder la question.

« Ils ne peuvent pas s’inquiéter s’ils ignorent que je suis ici. »

Je ne suis pas spécialement fière de moi, mais je suis une elfette honnête. Je crois qu’on peut me reconnaître ça. Mon regard reste rivé sur le renard qui se fait ausculté par le monsieur tout en brun. J’attends le verdict un peu inquiète de ce qu’il peut se passer pour le renard. Il est blessé à la patte ? Je me mordille la lèvre en réfléchissant à toute vitesse. Je crois bien qu’il y a une petite rivière à quelques distances, on peut s’y rendre. Je finis par hocher la tête et bondir sur mes jambes avant d’indiquer la direction du doigt.

« Par là ! Il y a un petit ruisseau. Peu profond, mais on doit pouvoir faire de la boue pour maître Renard ! »

J’attends que le drôle de monsieur se redresse pour me faufiler sans bruit au milieu des arbres. J’attends mes deux compagnons de route en ralentissant volontairement l’allure pour que le renard et le vieux monsieur me suivent sans mal. Je lui montre du doigt la petite source. C’est plus un filet d’eau que véritablement un ruisseau, mais il y a de la belle boue toute fraîche. Je m’installe entre les racines d’un arbre sans lâcher l’homme des yeux.

« Et… Radagast le brun, pourquoi êtes-vous venue ici ? Mirckwood n’est pas des plus accueillante ces temps-ci. C’est même l’inverse : les invités n’y sont pas les bienvenus. Mon père dit même qu’il faut être un fou pour venir s’y perdre sans y être accompagné ! »

Mon père est garde, il sait de quoi il parle. Du coup je suis curieuse sur ce drôle d’homme qui ne semble avoir peur de rien et s’y faire avec les animaux. Je suis très curieuse de tout, mais de cet homme encore plus. Il faut bien l’avouer ! ON ne rencontre pas ce genre de personne tous les jours !

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RADAGAST & NIPHREDIL

La logique n’était jamais l’élément central de tes aventures. Entendre les appels d’un renard à plusieurs kilomètres à la ronde, trouvé – ou être trouvé – par une jeune elfe qui s’était évadée en douce de la cité, devoir trimbaler ces deux énergumènes avec toi jusqu’au ruisseau le plus proche... Il fallait bien te rendre à l’évidence ; une simple randonnée c’était probablement trop demandé ! Tu posais ton regard amusé sur la nouvelle venue et tu fus attendrit de cette amitié naissance entre les deux créatures couleur de feu. Tes sourcils en bataille se relevaient à mesure que ta mémoire ancestrale essayait de se rappeler la géographie des lieux. Une forêt de cette taille avait forcément quelques plans d’eau à disposition. Autrement, la végétation ne pouvait être aussi luxuriante. « Pour qu’une enfant, aussi maligne sois-tu, puisse sortir aussi facilement de la forteresse du Seigneur Thranduil, c’est qu’il doit bien y avoir une faille quelque part… » C’était dit sur le ton de la plaisanterie, mais au fond, il y avait peut-être un réel souci. La menace n’avait pas encore de nom, mais les symptômes de ce mal se faisaient bien sentir… D’ailleurs, il était préférable de garder la jeune elfe à tes côtés au cas où vous tomberiez sur les araignées.

Tu acquiesças d’un signe de tête à la direction que Niphredil te montrait du doigt. Tu la suivis parmi les troncs, ne quittant pas sa tignasse rousse des yeux. L’animal se tenait tranquille sous ton bras, comprenant qu’il était préférable qu’il ne pose pas trop de poids sur sa patte blessée en attendant le remède. Au bout de quelques minutes, tes oreilles captèrent le son du clapotis de l’eau et tu soupiras en voyant la source apparaître devant vous. Pendant que ton interlocutrice s’installait parmi les racines, tu t’agenouillas dans la boue sans aucune pensée pour la propreté de tes vêtements. Une tâche de plus ou une tâche de moins, quelle importance ? Enfonçant tes mains potelées dans la terre humide, tu attrapas une bonne poignée du futur cataplasme. Tu hochais de la tête de manière approbatrice alors que la mixture gluante dégoulinait de tes paumes ; « Oui, ça fera parfaitement l’affaire ! » Puis, tu fis signe à l’animal de s’approcher et tu commenças à badigeonner sa patte d’une couche épaisse de boue. Le contact de la matière collante et froide rendit le renard un peu méfiant, mais tu lui murmuras des encouragements qui finirent par le calmer. Pendant que tu t‘affairais à la tâche, tu répondis à Niphredil concernant ta présence en ces lieux.

« C’est notre ami poilu qui m’a appelé à l’aide. On peut dire que j’ai un sixième sens pour les créatures en détresse… Un peu comme toi, je suppose ? Après tout, l’emplacement exact du renard n’était tout de même pas si facile à trouver… » Tu posais ton regard sur la petite, un sourcil relevé encore une fois, lui accordant au passage un sourire amical. Cette rencontre avait, en effet, un petit quelque chose de spécial. « J’ai une méthode bien à moi pour ne pas me perdre également… Si je te dis mon secret, tu me diras le tien, d’accord ? » Tu espérais avoir capté l’intérêt de l’elfe quoiqu’un refus ne t’aurait pas vraiment dérangé. Tout le monde a droit à son jardin secret après tout ! En attendant sa réaction, tu te redressas sur tes jambes courtes et alla te rincer les mains dans le petit ruisseau en sifflotant.

FICHE PAR ROMANOVA

« Ou que l’enfant en question soit la fille de gardes. Ce qui aide sérieusement à connaître quelques petites choses. Et je n’ai jamais dit que c’était facile. »

Je ne peux pas m’empêcher de défendre mon royaume malgré tout. Ce n’est pas leur faute si je file, mais bien la mienne. Les petits elfes ont tendance à moins écouter leurs parents ces temps-ci. Du moins c’est vrai dans mon cas. Je ne sais pas si ça l’est pour tous, mais pour moi oui. Autant l’assumer après tout…J’assume toutes mes bêtises, même elle. Je vais tellement me faire tirer les oreilles… Enfin bon, le drôle de vieux bonhomme à besoin de boue et je sais où en trouver. Je le guide donc jusqu’au ruisseau.

Si je m’installe entre les racines d’un arbre, lui s’agenouille directement dans la boue pour soigner le renard. Je regarde la scène amusée. Si c’est parfait : tant mieux alors ! Je l’observe en silence soigner la petite boule rousse qui reste sagement calme pour le laisser faire. Je rougis jusqu’à la racine de cheveux quand il me fait une petite remarque sur connaître l’emplacement exact. Je souris quand même lorsqu’il me regarde en levant un sourcil. Il ressemble vraiment à une vielle chouette ! J’aime bien ! Je plisse le nez, en le remuant comme celui d’un lapin, intriguée par sa méthode pour ne pas se perdre. Et mon secret contre le sien ? Mmmh… Il semblait un peu fou et perdu. Fou mais gentil. Pas sûre qu’il puisse en parler à beaucoup de gens ! Donc j’estime que ce n’est pas très grave si je lui dis. Je hausse les épaules.

« D’accord ! Secret contre secret ! Vous d’abord ! »

J’observe avec attention le vieux fou et le renard qui le regard avec l’air de demander s’il peut y aller parce que ça commence à faire long et qu’il a autre chose à faire. Je souris. C’est rare de voir un vieil homme aussi doué avec les animaux. Je me demande ce qu’il est, mais ce ne serait pas poli de demander. Je crois ! Je verrais s’il veut le dire lui même.

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Tu souris aimablement, appréciant plus que tu ne le réalises la présence de la jeune elfe. Toi qui as pourtant l’habitude d’arpenter ce monde seul, tu t’étonnais de la joie que te procurait une bonne conversation de temps à autre. Au final, étais-tu vraiment fait pour vivre en exil ? Ou était-ce le monde qui n’était pas fait pour accueillir un être aussi étrange que toi ? Tu te lavais les mains dans le ruisseau, regardant la boue se détacher de tes paumes et se dissoudre dans l’eau. Cela te faisait penser à du sable qui tombait doucement dans un sablier. Comme les choses allaient vite tout à coup ! Depuis que ton existence ne se limitait plus aux frontières de ton jardin ainsi qu’à ta cabane en bois, ton destin se liait à nouveau à celui des autres. Le rythme de ta vie s’en voyait donc bien chamboulé… Une plainte provenant du renard te fit redresser la tête et tu ricanais tout bas. Il était bien impatient ce renard ! À force de courir partout, il n’était pas étonnant qu’il se soit retrouvé au fond d’un trou. « Oui, oui... Tu peux y aller, mais essaie de faire tremper ta patte dans l’eau fraîche au moins une fois par jour. Tiens-toi loin des crevasses ! » Sur tes mots, l’animal couleur de feu alla se frotter une dernière fois sur la demoiselle en guise de salutation, puis il disparut derrière les herbes hautes. Il y avait peu de chance pour que tu ne le revoies jamais puisque la vie des bêtes sauvages était toujours très imprévisible. D’ailleurs, il était rare que tu croises deux fois la même personne, hormis les autres membres de Conseil Blanc ainsi que tes amis les Beornides. D’ailleurs, ta tâche d’Istari était parsemée de tous ces moments éphémères ; ces rencontres de fortune et ces événements soudains faisaient partie de ta destinée. À cette pensée, tu te sentis bien vieux tout à coup.

Tu te redressais sur tes deux jambes, laissant apparaître les énormes tâches de terre qui te recouvrait la moitié du corps à présent. Tu posas ta main sur ton menton pour illustrer le fait que tu réfléchissais à cette histoire de secret, y laissant d’ailleurs des traces de doigts à cause de la boue. « Est-ce que tu crois en la magie Niphredil ? Bien entendu, tu es une elfe… C’est un concept qui ne t’est pas étranger… Attends, je reformule! Est-ce que tu crois au magicien ? » Peut-être que Niphredil connaissait déjà les noms de Saruman ou de Gandalf, mais le tien ne semblait pas avoir de signification particulière pour la demoiselle. Tu ne te doutais alors pas que ton chemin allait croiser celui du roi de Mirkwood, mais tu pensais que de laisser l’enfant rapporter la nouvelle de ton passage dans son royaume serait moins un affront que de t’y inviter simplement. Et puis, il était peut-être temps que les souverains de la Terre du Milieu comprennent que tu n’étais pas encore mort… « Et quand je parle d’un sixième sens pour entendre les appels de notre ami le renard, je veux dire que j’ai un lien très fort avec la nature ainsi que les animaux qui y vivent. Ils peuvent donc me parler sans problème comme tu as pu le constater. » Sur ces mots, tu allais t’asseoir sur un amas de racines et posas tes mirettes sur le visage juvénile de ton interlocutrice. « Je crois que c’est à ton tour maintenant! »

FICHE PAR ROMANOVA

Je suris en le regardant parler au renard, qui vient une dernière fois se frotter contre moi. Un vrai chaton ! Il disparaît ensuite dans les bois et je le suis du regard échappant de voir le drôle d’homme recouvert de terre. Je m’installe un peu mieux dans les racines avant de reporter mon attention sur le drôle de bonhomme qui semble d’accord pour me raconter son secret. Pourquoi pas ! Je l’observe avec un léger sourire aux lèvres en le voyant s’étaler encore de la boue sur le visage. Il va en avoir jusque dans les cheveux. Mais finalement il semble qu’il ait trouvé son secret. Je fronce très légèrement les sourcils en l’entendant me parler des magiciens.

« Oui, j’y crois ! Ils sont les envoyés des dieux ! »

On ne peut pas les ignorer. Il m’explique qu’il est très lié à la nature, qu’il a un sixième sens avec elle. D’accord. Je comprends. Je souris. C’est un beau secret. Je soupire et me tortille un peu mal à l’aise sans savoir quoi dire pour le mien. Ce n’est pas toujours très facile… Puis… est-ce qu’il me croirait ? Mais j’ai promis, et on ne peut pas dénouer les promesses : c’est mal. Il faut dire la vérité. Je passe une main dans mes cheveux en cherchant comment formuler ça. D’abord :

« Promis : vous ne le direz à personne ? Même mes parents ne le savent pas. »

J’attends qu’il me le jure avant de baisser le nez et de remuer les feuilles avec un bâton en cherchant mes mots, après un nouveau et très long soupire je me lance :

« Ben… il y a des jours… où je fais de drôles de rêves… Qui semblent… très, très… réel. Comme celui du renard dans la fosse. Et parfois, comme lui… ils se réalisent. Je ne sais pas si je suis très clair… Mais c’est ça mon secret. »

J’ai parlé sans le regarder en jouant avec les feuilles. C’est la première fois que j’en parle à quelqu’un. Je me demande comment il va réagir. Peut-être qu’il va rire. Là, je lui en voudrais !

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Il y avait sans doute mieux à faire. Après tout, tu avais toujours su t’attirer le courroux de tes compères Istars en étant de loin le plus distrait du groupe. Toi, tu te préoccupais du sort des petits et des poilus. Non, pas nécessairement des nains, mais plutôt des animaux si souvent laissés à leur sort. Il pourrait y avoir eu une armée à l’orée de la forêt que tu serais probablement venu sauver le renard avant de t’intéresser aux conflits armés. C’était dans ta nature de répondre à l’appel des oubliés, car tu en étais un toi-même. Aussi, il te semblait beaucoup plus naturel de vagabonder dans les bois pour aider un renard que de pourchasser les araignées ou les orcs. Oh tu finirais bien par t’intéresser à la question ! Seulement, pas aujourd’hui. Pas maintenant. Tu préférais procrastiner ce moment fatidique où tu reprendrais officiellement du service en tant que magicien des peuples libres… Assit parmi les racines, ta silhouette potelée donnait l’impression d’un gros champignon qui avait simplement poussé là. Autant dire que tu t’agençais bien au décor. « Tu as ma parole jolie Niphredil ; je serais aussi muet que les cailloux entourant ce ruisseau. »

Tu eu une mine inquiète pendant quelques secondes, réalisant le trouble que tu avais créé chez ton amie à cause de ta question. Pourtant, tu t’intéressais honnêtement à sa cause et à son bien-être. Respectueusement, tu regardais simplement le bâton de la jeune elfe s’agiter par terre, attendant patiemment sa réponse. Tu savais à quel point il pouvait être dur de garder de lourds secrets et encore plus dur de les dévoiler ensuite. Toi, tu avais fait pire encore. Au lieu d’avouer que tu avais peur, tu avais abandonné toutes tentatives d’interaction avec le monde extérieur. Enfin presque. « C’est plutôt intéressant, n’est-ce pas ? Le fait de connaitre certaines choses que d’autres ignorent… Ça fait de toi un genre de gardien des secrets. » Tu fis un sourire aimable à la petite, soulignant ton absence de jugement face à ses révélations. « Tu as quelqu’un qui peut t’aider avec ces rêves Niphredil ? Il serait plus prudent que tu ne t’isoles pas par peur d’être différente… Crois-moi, c’est plus agréable d’avoir quelqu’un à qui parler de temps en temps… » Tu semblais triste tout à coup, mais cette émotion fut vite remplacée par un second sourire aimable. « C'est un très beau don. Si tu en fais bonne usage, tu pourrais apporter beaucoup de biens aux gens autour de toi. Comme ce renard tout à l’heure, car si je n’avais pas été là, il aurait tout de même trouvé un allier pour lui venir en aide. » Tes paroles se voulaient encourageantes puisque, si les dieux avaient bien voulu envoyé des rêves prémonitoires à cette si gentille créature, c’est qu’elle aurait probablement un rôle important à jouer dans les événements à venir. Tu ne pouvais que lui souhaiter le moins de trouble possible en vérifiant qu’elle était entre de bonnes mains.

FICHE PAR ROMANOVA

« C’est une manière de voir les choses… »

Répliquais-je avec un faible sourire. J’aurais aimé être la gardienne du secret de jolies choses… pas de ce que je voyais ! Néanmoins on ne choisissait pas son destin. Pour ma part on le subissait, parfois c’était bien, parfois non. Mais si j’avais pu me passer de voir tout ça dans mes rêves, je l’aurais bien voulu ! Mais comme on dit, on ne choisit pas toujours sa vie ni ses capacités. Je devais vivre avec elle et puis c’était tout… C’était aussi simple que cela… Enfin, simple… dit comme ça… En pratique ça l’était beaucoup moins… Il fallait juste… vivre. J’observe à nouveau le magicien et secoue doucement la tête.

« Non, je n’en parle pas… Mes parents savent que je fais des cauchemars, mais ils n’en savent pas plus, je ne souhaite pas les inquiéter. Puis je ne m’isole pas j’ai quelques amis. »

Même si je ne leur racontais rien à propos des rêves. Je lève les yeux vers le ciel qu’on peut imaginer au travers des branches. Pourquoi je leur raconterais ça ? Je ne savais pas. Je ne savais pas s’ils se moqueraient de moi, je ne pensais pas. Mais je n’avais pas envie d’en parler, j’avais peur que cela ne m’apporte plus d’ennuis qu’autres chose. Je ne savais pas pourquoi, c’était une intuition que j’avais. Puis ces mauvais rêves bizarres en entraînaient d’autres, plus normaux mais dont les images étaient tirées de ces rêves. Je fronçais les sourcils et secouai la tête.

« Cela serait un beau don si je pouvais uniquement voir des situations calmes et… presque mignonne comme le renard et non pas tout le reste. Pour moi cela ressemble bien plus à une malédiction qui n’empoisonne pas que mes rêves. Mais bien aussi ma vie de tous les jours. »

Je jetais le baton dans la forêt sans croiser le regard du magicien. J’aurais dû me taire et ne pas parler de ça. Je n’avais pas envie qu’il pose des questions. Et il allait en poser, j’étais sûre.

« The young fox and the old rabbit »

RADAGAST & NIPHREDIL

Le silence était un ami dangereux, ces accointances avec la solitude pouvaient le rendre pesant et lourd. L’accumulation de souffrance était l’une des pires formes que pouvait prendre ce fameux silence. Les cris muets, les sanglots sans mots et les non-dits ; tels étaient le fardeau des gens qui oubliaient qu’ils avaient une voix pour se faire entendre. Pourtant, l’absence de sons était aussi une chose merveilleuse pour l’être en quête de paix et d’un moment d’introspection. Tu n’avais peut-être pas la sagesse du Seigneur Elrond ou même un tiers de l’élégance du monarque de Vert Bois, mais tu avais cette empathie immense qui te rendait sensible au trouble de ta jeune interlocutrice. Tu ne bronchas pas quand elle jeta son bâton avec une certaine frustration, compatissant honnêtement à son tourment. « Je suis content que tu ne t’isoles pas Niphredil. Quand tu seras prête et avec la bonne personne, je te souhaite de pouvoir un jour parler librement de tes visions. » Sur ces paroles, tu te penchais légèrement vers l’avant pour poser une main rassurante sur l’épaule de la rouquine. Au fond, tu l’admirais cette petite, car elle semblait déjà bien saisir que sa vie ne serait pas aussi calme et douce que celle des autres… « Il est vrai que c’est un don plutôt imprévisible qui t’encombre à un jeune âge… Je ne souhaite pas te faire souffrir en m’intéressant à tes cauchemars. Je ne peux d’ailleurs pas porter ce fardeau à ta place ; je ne peux que t’aider à en apaiser les effets. »

Sur ces propos énigmatiques, tu te relevais et inspectais minutieusement le sol de tes yeux vifs. De voir la jeune fille jouer avec un bâton t’avait donné une idée, mais il allait te falloir des brindilles beaucoup plus souples. « Ne bouges pas, je reviens ! » Tu te dandinas jusque dans les buissons autour du ruisseau. Certains végétaux te dépassaient même en hauteur et, très vite, on ne pouvait te repérer qu’aux mouvements dansant des fougères. Soudain, tu lâchais un petit cri de triomphe et reviens vers ta compagne. Tu tendis la main pour lui donner une poignée de brindilles flexibles, puis tu vidas tes poches sur le sol. Boutons, glands, cônes de pin, plumes, coquillages, petits cailloux colorés et, finalement, un petit rouleau de ficelle marron. Entre tes doigts agiles, tu pliais les brindilles pour former un cercle juste assez grand pour tenir dans le creux de ta paume et tu solidifias le tout avec la ficelle. Tu montras fièrement le résultat à la jeune fille, l’encourageant à faire de même avec ses propres bâtonnets. « Il est parfois plus facile de se confier à un inconnu qu’à un proche. C’est pourquoi, si tu ne souhaites pas alerter ton entourage à cause de ce que tu as vu, sache que tu pourras toujours m’en parler à moi. Attends, tu vas comprendre… »

Tes doigts boudinés démontraient une minutie qu’on ne leur soupçonnait pas. En te servant du cercle de bois comme cadre, tu tissas un genre de toile d’araignée avec la cordelette. Ensuite, tu coupas la ficelle avec tes dents et tendis le petit rouleau de corde brunâtre à la demoiselle. « Un attrape-rêve ? Un capteur de cauchemars ? Un piège à songe ? » Tu te grattais la tête, indécis. « Je ne sais plus vraiment comment on appel cette chose. Cela dit, le tien est un peu spécial, car si une image terrifiante hante ton esprit, tu pourras l’y déposer. » Tu ramassas le contenu de tes poches sur le sol et, suivant un élan de fantaisie, tu choisis de décorer ta création avec l’une des plumes. Ensuite, tu déposas ton capteur de rêve sur une grande pierre plate sur le bord de l’eau, attendant que Niphredil fasse de même avec son objet une fois qu’il serait terminé. Puisque la jeune demoiselle te percevait comme un envoyé des dieux, il fallait faire honneur à cette définition!

Tu allas chercher ton bâton de magicien et, sous le regard de plus en plus confus de la rouquine, tu ajoutas une grosse émeraude au bout de cette longue branche qui te suivait partout. « Tu devrais reculer un peu Niphredil, cela fait longtemps que je n’ai pas utilisé ce genre d’enchantement. » dis-tu en lui faisant signe de s’éloigner. À vrai dire, tu avais du mal à te rappeler la formule d’usage et passas de longues secondes, les paupières closes, à essayer de te rappeler ce qu’il fallait faire. « Ah ! Je sais ! » Le bout de ton étrange bâton survola les deux cercles de bois et tes lèvres articulèrent des mots étranges d’une voix beaucoup plus profonde qu’auparavant. Un fumet bleutée s’échappa de la pierre magique et tomba doucement sur les deux pièges à songe. Puis, tu repris les deux attrapes-rêves et incita la jeune fille à se rapprocher. « Tu n’as qu’à le prendre dans tes mains, l’approcher de ton front et penser très fort à l’image que tu veux y emprisonner. » Tu ajoutas les actions à tes mots et, subitement, l’image un peu floue du renard en détresse apparue au milieu de l’amas de ficelle. « Et si cette image te trouble beaucoup, tu pourras me la montrer aussi. Il te suffit de penser à moi avec la même concentration que lorsque tu matérialises la première image. » Tu fermas les yeux et l’apparition du renard disparu du premier cercle pour réapparaître dans le cercle orné d’une plume. « Tu vois, rien de plus simple! » Avec un sourire chaleureux, tu tendis son cercle en bois à ta nouvelle amie, souhaitant sincèrement pouvoir lui venir en aide d’une quelconque façon.

FICHE PAR ROMANOVA

Spoiler:

J’étais peu convaincue par le fait de trouver un jour quelqu’un à qui parler des visions… Mais pourquoi pas, qui savait vraiment mon futur sinon les dieux ? Même les envoyés ignoraient leur futur et leur avenir. C’était sans doute pour le mieux… Sinon on chercherait à le changer et cela ne ferait que nous pousser dans cette direction. Je ne dis rien face à sa réaction. C’était vrai, il ne pouvait pas grand-chose pour moi, ni même être à ma place. C’était impossible, personne d’autre ne pouvait être à ma place. Je haussais les épaules en silence sans rien rajouter. Je ne pouvais rien dire de plus à ce qu’il venait de prononcer.

Je restais surprise face à sa réaction et fronçais légèrement les sourcils en le voyant disparaître au milieu des fougères. Inquiète je me redressai un peu pour mieux voir, mais il avait totalement disparu derrière les plantes. Mais je l’entendais toujours. Qu’est-ce qu’il pouvait bien fabriquer ?! J’attendis sans oser le suivre, je sursautai quand il cria, mais cela avait plus l’air de joie qu’autre chose. Il revient en tenant… beaucoup de choses entre les doigts : des brindilles souples et ses poches renfermaient encore plus de trésors. Je m’avançais un peu pour regarder avant de lever les yeux vers lui. Il se mit à faire un cercle avec les brindilles. Je baissais le nez sur mes propres brindilles et l’imitais avec circonscription, qu’est-ce qu’il me faisait faire ? Un moyen de lui raconter mes rêves ? Je compris en le voyant tisser l’intérieur de son cercle. Un attrape-rêve ?! Étrange. Mais amusée je l’imitais avec un petit sourire. J’en avais déjà vu, mais je n’en avais jamais eu.

J’aimais beaucoup ces nouvelles appellations et eus un sourire avant de tisser le mien du mieux que je pouvais. Je décorais le mien avec quelques plumes ainsi que le coquillage. Je le déposais près du sien et reculai avec inquiétude quand il me le demanda. Est-ce qu’il était vraiment magicien ? Je n’en avais pas vraiment l’impression… Mais quand sa voix devient plus grave, j’ôtais tous mes doutes. C’était un vrai magicien. Je m’approchais à nouveau quand il me le demanda et pris le mien. Une image en l’approchant de mon front et je pouvais lui envoyer en rajoutant son nom. Je vis le renard apparaître et je souris. Voulant tout de suite faire un essai je pris le cercle de bois entre mes mains et fermais les yeux.

Dans mon esprit se matérialisa l’image de neuf cavaliers tout vêtu de longues capes sombres, on ne voyait que des mains gantées de métal sur des chevaux noirs avec une sombre pleine lune que j’avais vu lors d’un de mes rêves. Je l’envoyais à Radagast avant de rouvrir les yeux pour voir l’image matérialisée sur les deux attrapes-rêves.

« Comme ça ? »

Demandais-je en soutenant son regard et explorant son visage cherchant… je ne sais quoi à voir.

Spoiler:

« The young fox and the old rabbit »

RADAGAST & NIPHREDIL

Tu t’attendais à beaucoup de choses, mais pas à cela. Une ombre passa dans tes yeux et accentua les rides de ton visage. Comme tu semblais vieux et soucieux tout à coup ! Tes doigts se resserrèrent autour du frêle cadre de bois du capteur de rêve, à la limite de le briser. Tu étais un livre ouvert pour le monde, incapable de mentir, incapable d’être impassible devant les événements. Cette image des cavaliers noirs, elle ne nécessitait aucune musique, tu en devinais les mélodieux sans peine ; le bruit des sabots des montures infernales, le cliquetis du métal tâché de sang et, finalement, les cris stridents et écorcheurs des spectres. Tu clignas des paupières quelques secondes avant de reprendre le contact avec la réalité. Tes muscles se relâchèrent et ton regard se radoucit alors qu’il se posait sur les traits de ton interlocutrice. « Oui, oui… Tu as bien fait… C’est un très sombre rêve… » Ta voix était un mélange d’un calme calculateur et d’une pointe de tristesse. Tu pris une profonde inspiration et expira encore plus lentement. Tu secouas le capteur de rêve entre tes doigts et l’image disparue peu à peu. « Je ne vais pas te mentir Niphredil, ces êtres noirs ont bel et bien existé autrefois. » À quel point pouvais-tu être complètement honnête et transparent avec une si jeune demoiselle ? Et puis, pourquoi pas ? Tu n’étais pas un noble qui essayait de prendre part à des jeux de pouvoir à la Cour, non, tu étais cet ermite de passage venu dispenser un peu de soin et, peut-être, un peu de sagesse. À tes yeux, tu n’avais pas besoin de mentir ou de cacher la vérité.

Tes mains sales se refermèrent sur la grosse émeraude au bout de ton bâton. Tu la retiras délicatement pour l’enfouir dans tes grandes poches. Tu avais un air grave sur le visage, visiblement, tu réfléchissais intensément à ce que tu allais dire. « Ces monstres furent éradiqués de la surface d’Arda il y a de cela bien longtemps. Ils sont retournés pourrir dans les ténèbres desquelles ils étaient apparus. Tu n’as pas à t’inquiéter ma jeune amie… Ils ne reviendront pas. » Enfin, un sourire timide revint égayer ton visage de vieillard, encore totalement inconscient des horribles dessins de ton ennemi. À ton sens, les rêves de Niphredil ne pouvaient tout simplement pas concerner le futur ou ce présent qui était déjà beaucoup plus lugubre que la coutume. « Peut-être as-tu capté un vieux vestige du passé ou alors, c’est un message porteur de mauvais augure, mais il reste ce qu’il est : un simple avertissement. Ces fantômes ne peuvent pas avoir quitté leur tombeau. C’est impossible. »

Et pourtant, quelques jours plus tard tu entendrais parler d’un Nécromancien et les pièces du puzzle allaient doucement s’emboiter. Tu avais de quoi te faire réfléchir pendant de longues heures et de nouveaux éléments qui viendraient nourrir cette peur grandissante dans ton cœur. Pour l’heure, tu regardais la lumière faiblarde qui perçait à travers les feuillages des arbres, un peu plus soucieux que lorsque tu avais franchi les frontières de la forêt de Mirkwood.. « As-tu une idée de qui t’envoie ces rêves ? Si ce sont des visions envoyées des Valars, tu n’as pas grand-chose à craindre. Ils veilleront sur toi et ils pensent que tu as la force nécessaire pour transmettre leurs paroles en Terre du Milieu. Tu es jeune. Tu as toute la vie pour mieux comprendre ton rôle dans ce monde. » D’un geste affectueux, tu lui ébouriffas les cheveux pour lui faire perdre son air si sérieux. « Et si tu as besoin de moi, tu auras un moyen de me le faire savoir. » rajoutas-tu avec un regard appuyé vers les capteurs de rêve. « Je devrais peut-être te raccompagner à présent. La journée est bien avancée. Ils vont commencer à te chercher. »

FICHE PAR ROMANOVA

Je vis le visage du magicien se fermer en voyant l’image qui se dessinait de mon esprit sur le cerveau de bois, les cavaliers noirs… Je n’en avais parlé à personne d’autres. C’était la seule chose marquante que j’avais… envie de partager pour l’instant. Enfin, j’aurais aimé lui montrer d’autres choses… Mais je n’étais pas sûre du résultat. Là au moins je pouvais montrer un petit quelque chose… même si ce n’était rien. Juste les cavaliers… Est-ce que ce n’était pas déjà beaucoup en soi ? Il me semblait que si à voir la tête du magicien… Je n’en savais vraiment rien… Est-ce que je l’avais inquiété ? Il semblerait que oui. Je frémis en apprenant que ce que j’avais vu avait véritablement existé. Je restais silencieuse en baissant légèrement les yeux. Un vestige du passé ? Pourquoi avais-je l’impression que c’était récent ? C’était un magicien, il devait avoir raison. Je haussais les épaules quand il me demanda si je savais qui m’envoyait ses rêves. Je n’en avais aucune idée ! Je fronçais les sourcils.

« Et si ce n’est pas les Valars ? »

J’avais tendance à tout voir en noir… Je souris quand même un peu quand il m’ébouriffa les cheveux avant de me dire que je pourrais le contacter. C’était vrai… au moins je ne serais plus seule. C’était positif ça aussi… Je levais les yeux vers le ciel quand il m’affirma qu’il était l’heure de rentrer. Oui, effectivement, j’allais me faire gronder sinon.

« Oui, rentrons… Je pense que mes parents commencent à me chercher un peu, mais comme parfois je me cache… »

Je souris et glissais ma petite main dans celle de Radagast avec un sourire enfantin en serrant contre moi l’attrape rêve. Je regardais avec attention Radagast avant de froncer très légèrement les sourcils.

« Vous… ne direz rien du tout pour… les rêves ? Hein… J’ai pas envie qu’on m’envoit loin de mes parents… »

Je n’avais qu’eux aussi… je ne voulais pas les quitter…

« The young fox and the old rabbit »

RADAGAST & NIPHREDIL

Et si ce n’est pas les Valars ? Tu relevais un sourcil interrogateur à cette pensée. En toute honnêteté, tu ne savais pas comment répondre à cette question. D’une part parce que tu ne connaissais pas la réponse, mais aussi pour ne pas inquiéter ta jeune amie. Décidément, ce n’était pas des notions faciles à expliquer à une enfant ! Toi qui n’en avais jamais élevé, tu tâtais maladroitement les frontières de l’intelligible pour la jeunesse. « Qui que ce soit ou quoi que ce soit, ces images peuvent servir la noble cause des êtres de lumière. Il est plus important de se concentrer sur ce que tu peux faire de ton don plutôt que de s’inquiéter de sa provenance. » Il n’y avait pas que les mauvais esprits qui pouvaient vouloir communiquer avec les vivants. Ce pouvait être des ancêtres, d’autres êtres magiques, des divinités mineures, des elfes en puissance, etc. Il y avait encore bien des options à explorer avant d’en déduire que les pouvoirs de Niphredil provenaient d’un endroit de noirceur. Et puis, la grande noirceur n’avait pas frôlé la terre d’Arda depuis d’innombrables siècles. Pourquoi en serait-il autrement maintenant ?

Tu semblais avoir rassuré la demoiselle. Alors, qu’elle glissait sa petite main dans la tienne, tu eus un sourire tendre quoique timide, n’étant pas forcément habitué à des démonstrations d’affection de ce genre. « Ne t’inquiète pas. Ton secret est en sécurité avec moi ! » Les attrape-rêves mis en sécurité dans vos poches, vous vous dirigeâtes vers la cité elfique. Tu enjambais les racines des arbres et aidais Niphredil lorsqu’un plus gros rocher vous barrait la route. Tu rencontras enfin un sentier de terre battue et la route se fit beaucoup plus facilement à partir de ce point. Aussi, tu en profitas pour sortir ta pipe, y enfouit quelques feuilles de tabac et l’allumer avec ce qui semblait être le bout de ton index. Doucement, tu recrachas de petits nuages de fumée vers le ciel et regardais la cime des arbres avec attention. Parfois, tu pouvais entendre quelques chants d’oiseaux et c’était bon signe, la voie semblait sans danger pour le moment.

« À partir d’ici, je vais te laisser rentrer seule, car je préfère ne pas pénétrer dans la cité sans y avoir été invité. Votre roi n’aime pas beaucoup les visiteurs improvisés… Les visiteurs tout court en fait… » Sur ces mots, tu t’accroupis devant ta nouvelle amie et posas tes deux mains rassurantes sur ses frêles épaules. « Quoique l’avenir nous réserve Niphredil, il faudra être courageuse. La vie n’est pas sans péril et, même si tu as la chance de voir venir le danger avant les autres, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’y préparer. Prends bien soin de toi ! Je suis ravi d’avoir fait ta connaissance et merci encore pour ton aide concernant ce pauvre renard. » Tu te redressas, sourire aux lèvres, faisant signe de la main à mesure que la fillette retournait auprès de ses parents. Au fond, tu présentais déjà que le destin s'occuperait de mettre Niphredil sur ton chemin si c'était nécessaire...

FICHE PAR ROMANOVA

Spoiler:

C’était quand même important de savoir d’où venaient ces visions, non ? Parce que cela pouvait être aussi faux après pour nous mener dans un piège non ? Je n’en savais rien moi… Faire du bien, mais si avec les visions je faisais le mal ? Est-ce qu’il ne valait pas mieux ne rien dire ? Je ne savais pas. Je préférais rester silencieuse et détourner le visage pour cacher que je n’étais pas convaincue par ce qu’il disait. Je finis par glisser ma main dans la sienne avec un petit sourire forcé. Mon attrape-rêve trouva sa place dans ma poche, bien à l’abri. Je pourrais l’utiliser pour lui envoyer.

« D’accord. »

Il ne dirait rien. En même temps à qui le dirait-il ? Je n’en savais rien. Je le suivis en faisant attention à ce qu’il se passait autour de nous. De temps en temps Radagast m’aidait pour traverser la forêt. Elle était tellement mal en point, cela me faisait mal au cœur. Mais je ne pouvais rien faire, ces visions ne me disaient pas quoi faire pour soigner la forêt. Clairement pas. Elles préféraient me montrer la mort. Chacun son truc. Je lui lâchais la main quand on arriva au sentier et plissais le nez en sentant l’odeur du tabac. Je soupirais un peu en apprenant qu’il ne viendrait pas plus loin. Enfin, c’était logique… Le roi n’aimait personne d’autre que ses sujets… Je lui fis quand même un petit sourire.

« Oui promis. De rien, prenez soin de vous ! »

Je l’observais partir avec un soupir avant de me diriger vers la cité et m’y faufiler comme je le pouvais sans me faire voir. Je finis par revenir dans ma chambre et m’allonger sur mon lit en fixant le plafond sans savoir quoi penser de cette journée. Est-ce que j’allais revoir ce drôle de magicien ? J’observais à nouveau le petit objet qu’il m’avati offert. Au moins j’avais un allié.

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