Deux êtres différents unis par le même métier [Pv : Thorin]

Deux êtres différents unis par le même métier

Edoras, la cité des chevaux. Nul ne pouvait nier que les Hommes du Rohan formaient un peuple fier et brave, bien que dissimulé derrière un masque froid et dur, le Roi du Peuple Errant ne pouvait se départir de l'estime qu'il avait pour ces gens. Il avait vu au loin les portes de Méduseld, la demeure des Roi s'ouvrir sur les colonnes scintillantes, elles ne possédaient certes pas le faste des piliers de Khazadh Dùm ni d'Erebor mais le savoir-faire des hommes était louable.
C'est pour cela, les années s'avançant sans cesse qu'il avait décidé de rester dans cette région durant quelque temps. Il savait que là n'était pas sa place, que ce retrait loin des Montagnes Bleues était indigne de lui, mais il se faisait vieux, bien que le temps n'ait pas semblé avoir de prise sur lui, il le sentait, au plus profond de son âme, que s'il restait en Ered Luin, à contempler son peuple bien que semblait-il heureux, prospère toujours en Eriador et non là où il aurait dû être, il y périrait, sans s'en rendre réellement compte. Une statue de marbre couverte de poussière. Voilà ce qu'il serait, alors il était temps qu'il s'éloigne de certaines de ses fonctions, qu'il ne soit plus qu'un inconnu qui battrait le fer comme l'avaient été les premiers nains.
Il frappait déjà le fer depuis le matin, d'un air décidé, le visage impassible. Il avait rallumé le feu de la forge avec le père de Destan, un jeune homme aussi peureux qu'un jeune lapin mais néanmoins sympathique. Les maigres soufflets, qui n'avaient rien pour les comparer avec ceux des nains, avaient été écrasés plusieurs fois avant que l'air ne se réchauffe, que dans le four les braises ne rougissent. Il entraperçut un éclair blond et rouge dans la forge, occupé à parfaire le plat d'une lame, il n'y prêta guère plus attention.
Il entendit que quelqu'un d'autre se mettait au travail et après avoir lorgné rapidement sur cette gracieuse personne dont les caractères elfiques étaient visibles de tous, il reporta ensuite son regard céruléen sur son affaire avant de sentir des badauds s'attrouper. Il marmonna quelques mots en Khûzdhûl à leur encontre,il semblait que ces derniers n'est jamais vu de femmes forger, encore moins d'elfes et ils restèrent ainsi longuement, pendant que les marteaux frappaient les enclumes dans une symphonie bien particulière.

La demoiselle soupira, de là où il était, il ne put l'entendre avec les bruits de la forge mais il lui sembla voir ses épaules s'abaisser, du moins il le croyait. Elle devait sans doute avoir terminé son ouvrage, il aurait été curieux de voir ce qu'elle avait forgé. Les elfes étaient connus pour leurs armes majestueuses, aussi belles que tranchantes et ces dernières rivalisaient avec le savoir-faire des nains. Il ne jalousait pas cette race, il ne l'enviait pas non plus, pour cela il savait l'estimer, respecter le travail des forgerons immortels et le dépréciait rarement. Leurs armes semblaient plus fines, plus aériennes, alors que celle des créations Aulë avaient l'air des plus pesantes, faîtes à même le roc, aussi puissante et valeureuses que leurs possesseurs, ô combien difficilement destructibles, pleine d'histoire et de revanches.
Il regarda du coin de l’œil l'elfe déposer l'arme sur l'une des tables de la forge, de là où il était, il tenta d'en aviser les contours, l'éclat et le tranchant mais il se détourna bien vite, continuant de battre le fer encore chaud sur l'enclume. Il n'entendit pas la jeune femme remercier le propriétaire de la forge. Le roi des Exilés jeta dans l'eau froide l'une des têtes de lances qui viendraient faire la fierté de certains Rohirrims avant de s'essuyer les mains sur un chiffon qui pendait à sa ceinture. Il contourna son établis avant d'aller regarder de plus près le travail de la jeune blonde qui discutait toujours, il le retourna, le soupesa avant de le reposer sur la table, un air neutre et lisse sur le visage. Le travail était bien fait, le client, car cela semblait être une commande aux dires de la jeune femme, ne serait pas lésé. Il se tourna lentement après avoir remis en place la dague lorsqu'il croisa le regard de la jeune femme. Il la détailla un instant, ses traits étaient réellement communs à ceux de la race  de ces êtres à l'allure aérienne. Elle avait ses cheveux qui ondulait comme  un champ de blé sous une brise, en cascade le long de ses épaules. A défaut de posséder de la barbe, ils avaient au moins une crinière pour rattraper une partie de ce manque évident de beauté.
Il figea son regard de glace, qui contrastait sans doute avec le brasier de la forge avant de lâcher, d'une voix neutre et pourtant si grave qu'on l'aurait cru sortie des profondeurs d'une montagne :

«  Une elfe s'abaisserait à forger pour de simples hommes ?  »

Deux êtres différents unis par le même métier

Une elfe n'était réellement pas chose commune dans le pays des chevaux. Une elfe capable de forger l'était encore plus et le nain n'avait pas manquer de le remarquer. Cependant, bien qu'il se soit montré légèrement curieux à son égard, elle ne semblait en aucun cas avoir notifié sa présence et son orgueil en fût doucement peiné. Il n'était certes pas de la taille dans homme mais il ne lui semblai pas être un spectre non plus, ils étaient peu à travailler dans la forge, le feu qui rougeoyait dans les fours irradiait son visage de sa lueur, il ne travaillait pas dans l'ombre ainsi, il s'était attendu à ce que la jeune elfe de ne le remarque.
Son ego, légèrement froissé et les pensées qu'il possédait à propos des elfes lui faisait regarder la blonde avec une certaine froideur, un soupçon de méfiance et de suspicion. Il ne faisait pas confiance en ces gens qui tournaient le dos à leur alliés, il n'aimait pas leurs manières condescendantes il s'attendait d'ailleurs à une remarque déplaisante de la part de son interlocutrice.
Cependant, elle l'observait sans froideur ni dédain, avec une douceur étrange, comme si elle ne possédait  dans son cœur nul préjugé.Elle demeurait calme face aux yeux de glaces, comme si ne pouvais lui tirer un autre sentiment, une mouvance de ses traits, son visage semblait immuable et pourtant les mots que proféra le Seigneur des Exilés semblèrent la surprendre. Elle se défendit, réfuta les paroles du Roi des Exilés.
Un sourire fugace envahit le visage du nain avant de disparaître, fugitive comète, ainsi elle ne tentait d'affirmer aucune supériorité de par son art, de par sa race. Une volonté ingénue pour un nain qui avait vu passer tant d'hiver, qui avait vu des peuples tenter de s'affirmer supérieurs aux autres. Les nains ne l'avaient-ils pas fait, lorsqu'il possédait encore la Grandeur d'Erebor ? Mal grès les relations avec Dale la belle, certains individus des autres races contaient les nains ainsi, tentant d'asseoir une suprématie sur les autres, certains se félicitaient peut-être de leur malheur. Mais un peuple vivant reclus selon ses mœurs et sa culture oserait difficilement conquérir les terres avoisinantes. Ce n'était pas le cas des autres races mais il n'ajouta rien, continuant de l'écouter.
Elle laissa ses paroles en suspend un instant avant de continuer, pour rappeler son point de vue et expliquer ses gestes, d'énoncer qu'elle travaillait pour les hommes depuis quelques temps déjà, des faits louables pour ces elfes qui ne forgeaient que pour eux-même ou les rois.  Elle lui rappela une dernière fois que personne n'était au dessus des autres, laissant le Seigneur du Peuple Errant se surprendre à un sentiment d'estime inattendu pour cette jeune elfe au travail soigné.

Elle le contourna sans dire mot, comme s'il n'avait pas vraiment été là mais il la suivit du regard, elle marchait en s'approchant de la table de bois, essuyant ses mains sur un chiffon qui traînait sur cette dernière des ultimes traces de son labeur. Elle pris en ses mains l'objet que le Seigneur des Exilés avait Inspecta sa dague pour s'assurer de sa perfection sans accorder un seul regard au nain.
Enfin, elle se détourna vers lui, un sourire pour un salut, elle se présentait à lui, la dague dans les mains dont elle touchait la lame pour s'assurer du tranchant de son fil, son identité pour celle de son interlocuteur, tel était les convenances. Il n'eût le temps de lui répondre.

Alors qu'elle plongeait en un chuintement doux la dague dans le frêle fourreau qui viendrait la protéger, la jeune forgeronne vint à lui demander  ce qu'il pensait de son travail. Pour avoir mainte fois observer ce genre d'ouvrage dans les forges naines et rencontrer quelques elfes dans les Hall de de la Montagne Solitaire dans à temps à présent révolu, il savait reconnaître un travail bien fait. Aux vues de sa précédentes inspection, il ne pouvait nier que la jeune elfe aux cheveux blond semblait avoir suivit un apprentissage convenable dans l'art de la fabrication de ce genre d'objet. Sa voix caverneuse roula hors de sa poitrine, vibrante dans des paroles brèves.


Cependant et bien que cela lui en coûtait quelques fragments d'ego, il était capable de reconnaître que sa vis à vis semblait se débrouiller avec aisance dans le maniement du marteau et de l'enclume pour avoir forgé une lame si équilibrée. Néanmoins, il ne fit l'ombre d'un compliment, hochant seulement la tête . Il la regarda encore, elle lui avait demandé son nom, il était désormais préférable qu'il lui offre. Il ignorait si son identité appellerait à elle un souvenir, il ne le savait et il n'en avait cure, à moins que ceci n'est engendré des paroles dépréciatives. Il ouvrit la bouche une nouvelle fois, pour lui répondre. Nombreux étaient les nains qui en se présentant carraient les épaules, bombaient le torse, mais il n'était pas de ceux-ci, alors il inclina doucement le torse pendant qu'il déclinait son identité.


Il n'y avait cependant là qu'une formule de politesse, jamais un nain e se serait mis au service d'un elfe et bien que cette dernière sembla naïvement considérer les peuples de la Terre du Milieu comme tous égaux, tel n'était pas le cas et jamais une création de Mahal ne se serait fourvoyer en servant l'intérêt d'un elfe, fusse-t-il aussi ouvert que le semblait la jeune Ambrethil.

Il commença à se détourner, prêt à se remettre a un travail quelconque pour équiper les rohirrims. Sa curiosité n'était pas entièrement satisfaite par ailleurs, il ignorait de quel Royaume elle était issue, pourquoi elle venait à forger jusqu'ici et comment les hommes pouvait quérir ses services. Il avait en effet compris qu'elle était ici pour honorer une commande et elle s'en acquittait, c'était tout à  son honneur, mais il doutait qu'un Homme ait pu pénétrer un royaume sylvain pour demander ses services, cela attisait un peu plus sa curiosité, la blonde voyageait peut-être beaucoup. Cependant, les elfes ne demeurait jamais loin de leur patrie d'origine, il était en vérité étrange qu'elle se trouva si loin des bois qui abritaient sa race. Mais sans doute cela était-il inconvenant de sa part de penser cela, lui qui n'était là où il aurait du se trouver.