Les Rois des Fontaines d'Argent. [Flashback - Solo]

Les rois des fontaines d'Argent

Le jeune nain brun se détourne en soupirant. Il n'a pas envie d'aller se coucher, il est grand maintenant, il peut tenir éveillé encore très longtemps il le sait puisqu'il a cinq ans. Seulement ses parents ne sont pas de cet avis, il le considère encore comme un petit, alors que lui il est grand comparé à Frerin, bientôt il aura de la barbe comme son père, une immense barbe toute noire comme les poils d'un ours et sa mère pourra lui faire plein de tresses dedans, comme lorsqu'elle coiffe la sienne, avec des perles d'argent, des runes ornant le dessus. La dernière fois, il a réussi à en déchiffrez une, c'est la préférée de Mère, il paraît que c'est Père lui-même qui l'a orfévré avant de lui offrir, il ne sait pas encore très bien ce que cela signifie mais il sait que les runes forme le mot « Amour ». Il a déjà entendu son père appeler sa mère ainsi, mais lui il sait très bien que ce n'est pas comme ça qu'elle s'appelle, sa mère se prénomme Dâris et c'est la plus belle des nains, mais ce n'est pas parce que c'est sa maman, même père le dit alors qu'elle tresse sa barbe. Oui, quand il aura de la barbe lui aussi,, très bientôt, il ne sera plus obliger d'aller au lit si tôt. Néanmoins, il se met à se frotter les yeux



Il le regarde avec suspicion, peu sûr que cela soit une bonne idée de le laisser tout seul dans cette grande chambre, même si elle est proche de celle de ses parents. Thrain lui ébouriffe les cheveux, lui tirant une râlerie boudeuse pendant qu'il essaye de les remettre à leur places, ils ont déjà la longueur d'une demi-coudée et ondule suffisamment tout seul pour ne pas que son père en rajoute. Son père lâche un rire qu'il étouffe tant bien que mal afin de ne pas éveiller son second fils. D'habitude, il éclate d'un rire tonitruant, le jeune prince est certain que le rire de son père peut ébranler la Montagne Solitaire tant il est sonore.  Il aimerait bien avoir le même, car lorsque son père rigole, tous se joignent à lui, les rires étant communiquant. Pour le moment, le sien est encore celui d'un enfant. Son père repose son regard sur lui avant de déclarer de sa voix profonde, mal grès le murmure dans lequel il essaye de la fondre :



Le jeune prince secoua la tête vigoureusement avant de laisser son père le prendre dans ses bras pour le conduire dans sa chambre avant de le border. Il était grand maintenant, il devait veiller sur quelqu'un, comme son père et son grand-père veillaient sur les autres nains. Il ne veillerait pour le moment que sur son frère mais cela était amplement suffisant, surtout s'il bougeait autant qu'il se mettait à brailler lorsqu’il avait faim. L'enfant bailla, nulle histoire du soir pour lui, il était tard, il valait mieux qu'il se repose, demain, une autre longue journée de découvertes, de jeux et d'apprentissages l'attendrait. Ses précepteurs lui avaient déjà fait apprendre ses lettres, bientôt il saurait lire parfaitement, il en avait assuré sa mère  qui l’avait gratifié d'un sourire. Elle lui avait promis que lorsqu'il déchiffrer sans se tromper une page entière de runes, n'importe laquelle, alors elle lui apprendrait à jouer comme elle, de la harpe. Ele lui en jouait parfois, à la place des histoires du soir et des grand combats des nains au côtés des elfes et des hommes contre les gobelins et les orcs. Mais ce soir, il ne chevaucherait pas en compagnie de ses ancêtre pour libérer une Montagne, il ne pourfendrait pas le Balrog de la Moria. Chaque soir, il vérifiait d'ailleurs lorsque ses parents étaient partis que ce démon de l'ancien Monde ne se terrait pas sous son lit, sinon, il l’aurait occis de cette épée de bois qu'Ordin avait fabriqué pour lui. Lorsque ce fût chose fête, que le dessous de son lit demeura vide de monstres,il pris ses couvertures et son oreiller à bout de bras avant de traverser le couloir. Il poussa la porte de cette chambre qui était désormais celle de son frère avant de se coucher, emmitouflé dans les linges, près du lit du petit. Il était endormie, les yeux clos et les poings fermés, il avait l'air si frêle. Ce n'était pas la première fois qu'il le contemplait. C'était étrange pour lui d'avoir un petit  frère, avec la promesse faite à son père, il avait eu l'impression que c'était devenu vraiment important d'être l'aîné.

Comme il venait d'ailleurs de promettre de veiller sur lui à son père, il était donc hors de question de le laisser tout seul dans cette grande chambre. Il tenta de garder ses yeux ouverts aussi longtemps que possible, y mettant toute sa volonté, regardant cette minuscule chose qu'était son petit frère, écoutant sa respiration comme pour s'assurer que tout allait bien. Le jeune Frerin ne pouvait rêver de meilleur gardien que celui qui le regardait dormir, lui petit chose si frêle de cheveux blond, auréolée. L'aîné continua de le regarder jusqu'à ce le sommeil ne confie ses songes à Aüle.

Les rois des fontaines d'Argent

Ils avaient couru à travers les couloirs prévenir leur père, le Roi-servant qui siégeait à côté du Roi sous la Montagne son père. Il était dans la salle du trône en pleine discussion avec l'un des chambellans. Leur mère allait enfanter, les sages-naines avaient dit qu'elle avait commencé le travail. Frerin avait bien commencé à protester en disant qu'il fallait qu'elle se repose et non qu'elle se mette à travailler mais Thorin l’avait fait taire avant de le prendre par la main pour aller chercher leur père. Ce dernier délaissa bien vite le nain avec lequel il discutait pour les suivre. L’aîné de ses deux enfants hasarda bien la question de savoir s'il fallait prévenir leur grand-père, mais un regard de son père lui fit comprendre que cela n'était pas la peine. Thror  devait une fois de plus être dans la salle du trésor, à compter et recompter ces millions de pièces. Les deux jeunes nains regrettaient parfois que leur grand-père s'absente parfois, lors de ses temps libres dans cette grandes salles resplendissante, mais au moins leur père était là pour écouter leurs exploits.
Ils se pressèrent, leur père attrapant Frerin au passage qui traînassait derrière avant de le jeter sur ses épaules. Jamais le jeune Thorin n'avait vu sur le visage un tel mélange de joie, d'inquiétude et de fierté. Il déposa le plus jeune de ses fils devant les appartements où se trouvaient son épouse avant de demander à ses fils de l'attendre, il viendrait les chercher lorsque tout serait finis.

Thrain revint les chercher alors qu'ils demeuraient toujours dans le couloir, assis par terre. Une naine sortant de la chambre leur avait bien sourit, des linges sales entre les mains avant de leur proposer si elle pouvait leur rapporter quelque chose à manger afin qu'ils patientent. Ils avaient hoché la tête vigoureusement avant de la remercier. La femme c'était donc éclipsé avant de revenir quelque instants plus tard, du linges cette fois ci propre dans les mains et quelques petits gâteaux. Elle leur laissa avant de regagner la chambre , laissant à l'ouverture de la porte, un cri s'échapper.
Les deux jeunes nains tressaillirent, mais le grand rassura le petit, il s'était déroulé exactement la même chose lorsqu'il était, né, il ne fallait pas s’inquiéter. Ils continuèrent d'attendre, s'affalant contre le mur de pierre, somnolant sur l'épaule de l'autre. La porte s'ouvrit de nouveau, lorsqu'ils virent leur père arriver il se relevèrent prestement. Le pressèrent de question sur leur sœur, sur sa taille, si elle était jolie, si elle avait déjà de la barbe et des cheveux, si elle allait bien, leur père leur répondit par un sourire et les poussa à entrain pour vérifier par eux même. Alors ils entrèrent, se précipitèrent au chevet de leur mère qui bien que fatiguée, demeurait resplendissante. Elle serrait contre son sein un tout petit paquet silencieux, aux cheveux déjà aussi noir que la nuit. Ils se postèrent près d'elle, regardant cette chose minuscule qu'était leur sœur. Elle semblait dormir et bien qu'elle eût pour le moment la peau toute fripée, Thorin ne pu s'empêcher de la trouver jolie. Frerin  retroussa son nez avant de murmurer tout bas qu'il espérait qu'il avait été plus joli que ça à la naissance, son frère lui répondit qu'il avait été pire et bien plus geignard ce qui lui fit s'attirer un regard noir de la part de Frerin. Ils finirent par éclater de rire ensemble, ne restant jamais longtemps fâchés lorsque le plus jeune répondit à l'aîné, que lui n'avait sûrement pas changer depuis sa naissance puisqu'il était toujours aussi agaçant.

Leur parents les regardèrent en secouant la tête, amusés par leur chamailleries continuelles. La petite que Dâris tenait contre son giron aurait bien à supporter avec deux frères pareil et elle n'osa imaginer le jour où il se liguerait pour la protéger de prétendants un peu trop empressé, car la Reine-Servante ne doutait pas que sa fille serait magnifique, ce visage de poupon serait bientôt aussi gracieux que celui de sa grand-mère avant elle et il serait chose aisé pour elle de trouver un époux. Elle sourit à ses enfants avant de s'adresser à ses fils. Thorin avait été trop jeune pour choisir le prénom de son frère, mais ce jour là, ils pourraient choisir celui de leur sœur.
Son premier né s’empressa de prendre la parole au grand dam de son petit frère. Sa voix néanmoins n'était pas aussi assurée qu'il essayait de le laisser paraître, il guettait de son regard céruléen l'approbation de ses parents. Il déclara doucement,essayant d'imiter la façon dont l'aurait fait son père lors d'une annonce importante « Dis » .
Il n’avait à peine finis de parler que déjà son frère s'empressait de continuer derrière lui. Thorin leva les yeux au ciel avant avant que Frerin ne déclare :



Son grand-frère le fusilla du regard tandis que son père retenait un rire. Ce que Frerin pouvait se montrer jaloux et bête parfois, il était trop petit pour comprendre. Du moins c'était la pensée qui traversa l'esprit de Thorin. Il avait passé des jours à chercher un prénom pour  cette sœur qui viendrait bientôt les rejoindre, il savait que ses parents leur demanderaient leur avis et ils voulaient qu'ils soient fiers de son choix, que sa petite sœur, si elle portait le prénom  qu'il choisirait en soit heureuse.  Il commença à se justifier envers son frère, prenant cette voix froide qu'utilisait son père lorsqu'il était en colère, ses yeux de givre se teintant de la même dureté que ceux de leur mère lorsqu'elle les réprimandait.

« Bien sûr que non tête d'enclume c'est.. »

Il n'eût pas le temps de continuer sa phrase pour signifier à son frère qu'il se leurrait et que le prénom qu'il avait choisis serait sans doute bien meilleur que celui auquel Frerin aurait pu penser, mais la voix de sa mère trancha l'air, vive et claquante, elle le fit se recroqueviller. Il n’avait pas voulu être grossier, son frère l'agaçait parfois mais l'enjeu était à cet instant trop important pour que le chaud sang des nains ne fassent pas qu'un tour dans ses veines.

« Thorin ! »

Sa mère le rabroua, parler ainsi devant leur petite sœur. Cette dernière ne pouvait pas encore comprendre ce qu'ils disaient mais lorsque viendrait ce jour, si les deux jeunes nains s'amusaient à s'interpeller de la sorte la petite suivrait ses aînés, ce qui était un bien mauvais exemple en cet instant. Le jeune Thorin continua de regardant son frère de ces yeux de givres encore quelques secondes avant de s'excuser rapidement, du bout des lèvres auprès de sa mère et de continuer de parlant.


Ses parents le regardèrent stupéfaits, peut-être s'étaient-ils attendu à quelque chose de moins solennel, mais leur premier né, bien que jeune, avait semblé très vite au fait du statut qu'il l'attendait, le prenant à cœur pour que son père et son grand-père soit fier de lui. Il avait nombre de fois protégé son frère lorsqu'ils faisaient tout deux des bêtises, ils l'avaient veillé avec ses parents lorsqu'il était tombé malade. Il était l'aîné et il ne l'oubliait pas. Il n’avait que quinze ans, si jeune pour un nain d'être parfois si sérieux, parfois, lorsque Dâris le regardait, elle avait l'impression de voir une reproduction de son époux et de son père, plus jeune, plus petite mais qui donnait parfois l'impression d'être bien vieux mais Frerin était toujours là pour lui tirer éclats de rires et sourires. Ils se complétaient bien tout deux et quelque chose lui murmurait que sa petite dernière et ses frères deviendraient bientôt aussi soudés et inséparables.
Thrain pris la parole à la place de son épouse non sans avoir déposer un baiser sur les cheveux de sa femme, partageant ses pensées sans qu'elle n'ait eu besoin de parler, ils avaient cette faculté de se comprendre dans leurs silences et ébouriffé ceux de son fils aîné.

Le plus jeune des deux faisait la moue, ronchonnant qu'on ne lui demande pas son avis. Son aîné se met à le singer alors que le blond se met à bouder comme un enfant. Les deux Princes des Fontaines d'Argent se rebaptisaient souvent Roi des Casse Pieds et Prince des Enquiquineurs alors qu'ils recommencent à se chamailler. Il faut que Thrain répète la question en haussant le ton pour qu'ils se calme  afin que son plus jeune fils daigne répondre.


Il tira la langue à son frère qui lui répondit par une grimace du même acabit. Leur mère se pencha vers sa fille et murmura le prénom que lui avait offert Thorin, il virevolta, se posa sur elle et ses yeux encore coloré du bleu innocent de la naissance s’entrouvrirent.

Alors elle leva ses yeux vers les visages qui l'entouraient, de tout petit iris qui encore il y a peu s'étaient clos pour dormir, fatigués d'être venu au monde,éreintés par tout ces bruits. Cependant le dernier qui lui parvenu tandis que se figeaient les têtes qui l'auréolaient , un tout petit visage, une toute petite naine qui s'était tournée vers eux, comme si elle savait qu'on l'appelait, comme si elle avait sût ce prénom lui venait d'être murmuré était le sien. Et pendant un court instant, avant qu'elle ne referme les yeux, ils purent apercevoir l'ombre d'un sourire sur son  visage.

« Je crois que cela lui plaît. »

Les rois des fontaines d'Argent

Ils s'étaient levés aux aurores, le soleil dardait tout juste ses rayons sur les versants du Mont Solitaire. Beaucoup de nains étaient déjà levé bien avant l'aube mais ils ne prêtaient guère attention à eux, trop occupés à vaquer à leur occupation. Les deux jeunes nains avançaient à pas de dans les couloirs, riant sous cape d'être si discrets pour le plus jeune, se cachant dans l'embrasure des portes lorsqu'ils croisaient quelqu'un avant de filer, prestes et vifs vers l'escalier qui menait au chemin de ronde . Ils passèrent entre les quelques gardes en faction, certains les hélant, le plus vieux des deux garçons répondant qu'ils avaient des messages à transmettre avant de disparaître par la porte à côté du corps de garde vers l'extérieur.

Ils couraient le long des flancs de la Montagne, qui s'élevait, Solitaire, dans la brume matinale qui recouvrait le Long Lac de son écharpe. Ils riaient tout deux d'avoir passé les gardes des portes habilement, ils avaient pris le temps de noter la relève et cette dernière n'était pas des plus efficace, après tout, il n'y avait nul dangers qui risqueraient de se présenter ici, aux Halls de Dùrin, personne n'allait venir attaquer les nains, ils étaient bien trop de fiers et farouches guerriers pour que quelqu'un s'y risque. Après tout, ils étaient les créatures de Mahal, nul ne pouvait tenir tête si facilement à un nain sans risquer son courroux. Si Père avait été là, sans doute l’aîné des deux aurait pris une tape sur la tête pour ce manque de modestie, mais ils avaient bien trop envie de revenir auréolé de succès quant à leur entreprise, comme les Grands Nains des Histoires et de la Lignée de Dùrin.
Tels étaient les récits de courage et de bravoure que certains vieux nains contaient aux coins du feu lorsque l'Hiver venait. Ils couraient, poussé par l'euphorie de leur quête, avec leurs courtes jambes dans la neige. Ils avaient décidé de trouver un filon d'argent qui jaillissait dit-on dans la cascade d'une des résurgences de la Montagne, car l'eau coulait dans les racines du massif et emportait avec elle le minéral.  Ils avaient glané des informations de ci et là, Thorin ayant acquis depuis longtemps la confiance de ses précepteurs son frère n’avait fait que s'occuper de chaparder dans les cuisines, usant de son visage avenant et charmant , de quoi leur fournir un repas. Il avait ensuite préparé, le cachant dans son ancien coffre à jouets leur effets d'hiver, car la neige avait embrassé les pieds de la Montagne Solitaire depuis un bon mois et ils ne comptaient pas mourir de froid. Ils crapahutaient ainsi sur les flancs du relief, marchant désormais, fatigués de leur course effrénée pour savoir qui serait le premier à voir la cascade, ils continuaient désormais côte à côte.
Ils avaient une maigre carte, dessinée gauchement par le jeune héritier qui était censé donner la localisation de la chute d'eau, après quelques temps, ils recommencèrent à se chahuter comme deux enfants. Thorin poussa son frère d'un coup d'épaule un peu trop fort qui envoya valser son frère, Frerin lui rendit la pareille, ils s’agrippèrent et finir par tomber dans la neige.
Ils roulèrent dans la neige en riant, fourrageant les cheveux de Frerin avec de la neige, ce dernier éclata d'un rire cristallin, qui ressemblait au coulis des ruisseaux jaillissant avant de se jeter sur son frère pour en faire de même.Ses cheveux sombres étaient désormais couvert de blanc et de givre et il riait à son tour au éclat, un rire  son frère s'empressa de  le mimer tel un vieillard avant de disparaître dans les sous-bois. Thorin se lança à sa poursuite en imitant  le loup avant de le rattraper pour le plaquer au sol et tenter de se venger de cet affront en lui faisant déguster la neige. Ils se chamaillèrent ainsi encore quelques temps avant de s'allonger, pour respirer, éclatant de nouveau de rire tandis que Frerin donnait un coup de coude à son frère.
Calmés, ils reprirent ensuite leur marche en discutant de leur possible découverte et de ce qu'il pourraient en raconter à leur sœur qu'ils n'avaient pas osés emmener avec eux, elle était encore trop jeune et ils devaient veiller sur elle, ils avaient donc décrété qu'elle serait bien mieux au chaud et à l’abri plutôt que de faire le zouave dehors. Après tout, il avait dix-sept et douze ans, ils n'étaient plus des enfants bien qu'on continua de les couver et leur sœur n'en avait que trois, elle n'aurait donc pas réussi à les suivre.

Un cor sonna au loin, le son était celui d'un instrument nain, peut-être était-ce parce qu'on était à leur recherche, l'envie de faire demi-tour pour rassurer ceux qui devaient les garder à l'intérieur les étreint un instant avant que le plaisir de leur escapade interdite ne reprenne le dessus.

Ils marchèrent encore de longues heures avant d'arriver a l'embranchement indiqué par la carte. Ils continuèrent, d'après leurs indications, ils n'étaient plus qu'à quelques centaine de mètre de leur destination. Un bruit sourd se faisait entendre au fur et à me sure qu'il avançait, comme de l'eau qui tomberait à gros bouillons. Ils pressèrent le pas, un sourire ornant leur visage, ils étaient si proche de leur but, la joie d'avoir réussi les emplissait tant qu'il finirent par courir. Il se stoppèrent enfin.

Devant eux se dressa une chute d'eau de plus d'une lieux de haut, majestueuse, belle et immense, qui serpentait entre la roche avec force et fracas. Le Soleil se réfractait dans l'eau, donnant l'impression que celle-ci était pailletée d'argent, la glace n'avait pas encore réussi à la pétrifier mais bientôt, elle aussi se tiendrait là, belle et silencieuse. Jamais ils n'avaient vu quelque chose de semblable, ils demeurent sans voix et lorsqu’enfin ils se regardèrent. Ils entamèrent une gigue endiablée pleine de joie d'avoir trouvé la Cascade de la Fontaine d'argent. Ils s'empressèrent d'en dessiner un croquis afin de le présenter à leur sœur, ils l’emmèneraient la voir, lorsqu'elle serait plus grande.Ils se restaurèrent , assis sur une pierre plate au pied de la cascade qui emplissait l'air de son grondement. Ils trouvèrent des branches et s'en confectionnèrent des bâtons avant de simuler un combat , sautant d'une rive du torrent à l'autre avant de se proclamer rois des Fontaines d'Argent comme leur père et leur grand-père avant eux qui portaient ce titre. Après avoir imiter des souverains qui régneraient sur cette partie de la Montagne encore un peu, ils prirent le chemin du retour. Jamais une de leurs escapades ne les avait rendus aussi heureux.
Le soleil déclinait déjà, ils étaient partis si longtemps et ils ne s'en étaient pas aperçu, leur mère devait être folle d'inquiétude et Thorin fit presser le pas à son petit frère. Mais ils ne regrettaient pas d'être sortis des Halls de Dùrin,, au fur et à mesure qu'ils avançaient, Dale la Belle apparaissait de l'autre côté du versant, resplendissante avec ses coupoles qu'illuminaient les derniers rayons du soleil. Le ciel s'étirait de nuances de rouges, colorant la neige et les cimes des arbres, éclairant les statues des nains taillées à même la pierre. Il n'y avait pas plus bel endroit au monde.  L'odeur de résine des sous bois, la couleur de la neige, le chant des oiseaux , les paroles des corbeaux qui transmettaient les messages, le froids mordant, le reflet de la Montagne Solitaire sur le Long Lac. Un jour, ils le savaient, ils seraient rois de tout ceci. Thorin d'abord, puis Frerin ensuite et leur enfants encore après eux. Ils resteraient toujours ensemble, ils s'étaient fait une promesse, celle que l'on fait au beau milieu de l'innocente enfance mais qui perdure à jamais. Avec Dis à leur côté, sous le regard bienveillant de leurs parents, ils iraient participer aux fêtes de Dale, ils célébreraient chaque année le jour de Dùrin, ils repousseraient des orcs comme ils y en avait eu aux Portes de la Moria si jamais ils venaient ici, ces derniers se fracasseraient contre leur bouclier et on célébrerait cette victoire. On chanterait des chansons sur des exploits passés, on forgerait des épées et des couronnes comme on en avait jamais vu, on trouverait du Mithril et on en ferait des armures que revêtiraient les plus valeureux. La Montagne Solitaire continuerait de resplendir au coucher du Soleil encore longtemps et durant des milliers de saisons. Rien ne pourrait détruire leur maison.


Ils finirent par revenir, en fin d'après midi, les visages rougis par le froid et des sourires malicieux ornant leur visage, il ne firent pas deux pas de plus, bien qu'ils se soient montré discrets, dans les Hall, que le vieux Ordin les attrapa par les oreilles avant de les traîner vers les appartements de leur mère. Ils avaient prié pour que le maître d'armes les conduise vers leur père mais ce était peine perdue.
Lorsqu'ils arrivèrent, Darîs, leur mère les attendait. Cette dernière ne manqua pas de leur exprimer son inquiétude et sa fureur, vermeil de colère, ses cheveux bruns tressés voletant autour d'elle. Bien que Thorin s'empressa de lui présenter ses excuses, prenant l'entière responsabilité de leur Quête et Frerin tentant de justifier les arguments de son frère par leur découverte,  elle les envoya se coucher en les rabrouant sur la folie de leur entreprise par un temps pareil, d'avoir menacé leur vie avec leur stupidité, et surtout, de ne pas avoir laissé de mots pour prévenir qu'ils partaient. La fureur de leur mère aggravée par la peur qui l’avait étreinte, laissa à l’aîné le loisir de regarder ses pieds, penaud et honteux, pendant que son jeune frère faisait de même en se gaussant légèrement. Thorin dû lui donner un coup de coude pour ne pas que leur punition empira et non sans une dernière remontrances de la part de leur mère, toujours en colère, qui les fit se recroqueviller sur place une fois de plus, elle les envoya dans leurs appartements sans plus de cérémonie avec interdiction d'en sortir avant le sur-lendemain excepté pour leur enseignements. Leur mère pouvait se montrer douce,  aimante, sans doute la meilleure mère qu'ils puissent rêver d'avoir mais lorsqu'elle était en colère, il ne valait mieux pas traîner dans les parages et les deux frères venaient d'en essuyer les frais.
On les fit regagner leur appartements en silence. Ils regrettèrent de ne pouvoir partager leur repas avec leur sœur, chacun dans sa chambre à ruminer contre cette punition injuste selon Frerin et à pester contre Ordin qui aurait pu leur venir en aide et les couvrir. Le repas fût morose et les deux jeunes nains ne tardèrent pas à filer dans leur lit, sans personne à qui raconter leurs aventures, leur mère ayant sans doute défendu à leur père de venir les écouter afin de ne pas les pousser à de nouvelles entreprises de ce genre, ils s'endormirent.

Vers la minuit, la porte de Thorin se poussa doucement, le jeune nain dormait paisiblement, un léger sourire flottant sur ses lèvres, sans doute était-il entrain de rêver à leur escapade de la journée.
Un corps se pelotonna contre lui, lui collant ses pieds froids sur les jambes en ricanant, lui tirant un grognement avant qu'il n'ouvre les yeux et frotte son poing sur la tête de son cadet qui se mit à rire avant de le contenir pour ne pas réveiller les alentours .  Il l'attirait contre lui pour se rendormir, comme ils l'avaient fait si souvent, quand la poignée de porte s'abaissa de nouveau, rabattant la couverture sur eux deux, tels des garnements pris sur le fait, ils firent semblant de dormir en attendant de voir ce qu'il se passerait. Ils retenaient le souffle, certains de se faire rabrouer à dormir dans le même lit alors qu'ils avaient passés l'âge, lorsqu'une petite main vint retirer le drap. Thorin entrouvrit un œil avant d'apercevoir une petite tête auréolée de cheveux sombre, coulant en cascade ondulée sur les épaules frêle de la jeune naine à qui appartenait le jolis minois. Dis avaient entendus ses frères chahuter et leurs chuchotement, elle grimpa sur le lit, son grand-frère l'aidant avant de se glisser sous les couvertures, chatouillant au passages ses aînées qui le lui rendirent, rigolant tout trois avant de se reprendre pour ne pas se faire attraper, continuant de pouffer. Elle leur chuchota ensuite :

«  Alors, vous l'avez trouvée la fontaine d'argent ? »

Et la laissant se coller entre eux, ils entreprirent de lui raconter les folles aventures qui leur étaient arrivées ce jour là, lui montrant les dessins qu'ils avaient fait en souriant, joyeux de pouvoir partager cela avec leur sœur, lui promettant de l'emmener bientôt avec eux lorsqu'elle serait capable de les suivre. Elle eût beau juré que c'était déjà le cas, ses frères prétextèrent qu'il était trop tôt et elle commença à bouder, seulement, lors ses aîné la couvrir de bisou et lui chatouillèrent les pieds, elle accepta d'attendre encore un peu, mais pas trop longtemps. Ils continuèrent à bavarder ainsi, chuchotant, riant jusqu'à ce que le sommeil ne les prenne.

Lorsqu'au matin, on alla réveiller Frerin pour ses leçons, on trouva  son lit vide et froid. On imagina avec désespérance, qu'il était encore parti à l'aventure avec son frère. Il était des plus probable que mal grès la punition, il ait sans doute désobéi, comme à son habitude. Nombreux furent les nains dépêchés pour le retrouver car il faisait un temps abominable dehors et s'il était sortis en compagnie de son frère, il faudrait craindre le pire. On se hâta d'aller vérifier dans la chambre de son aîné pour confirmer les craintes des souverains mais l'inquiétude se dissipa bien vite. Ils étaient là, tout les trois dans le lit, lovés les uns contre les autres,dormant et souriant dans leur sommeil paisible, Thorin entourant d'un bras le corps de son frère et de sa sœur.

Les rois des fontaines d'Argent

C'était la première année de son entraînement, il aurait préféré continuer à embêter les gardes avec son cadet plutôt que de suivre ces longues heures fastidieuses de travail, plutôt que d'écoper de tout ces bleus et autres coups, il aurait préféré continuer à apprendre la musique avec sa mère, demeurer avec sa sœur que d'être ainsi plongé dans un monde où il était encore trop frêle et fragile pour réussir à maintenir son épée devant lui. Il avait peur de décevoir les attentes qu'on avait de lui, de se montrer faible, geignard comme un nain tout juste sorti du berceau. C'était ce qu'il était assurément comparé à tout ces soldats qui veillaient à la sûreté de leur Montagne, mais il ne voulait pas qu'on le traite comme un enfant, il voulait prouver qu'il avait de la valeur, du courage et de l'honneur, qu'il méritait cet enseignement et qu'il en était digne, bien qu'il se rende souvent dans l'arène, la peur lui nouant le ventre, de crainte qu'il ne fasse honte à son maître d'arme et ses parents. Cela n’avait rien d'un jeu avec Frerin où il était sûr de gagner car plus grand. Non, là il avait tout à prouver.

Oui, il aurait préféré s'adonner à d'autres activités, Frerin avait toujours été le plus passionné de leur trio, il ferait un très bon guerrier,  lui n'était pas certain de briller. Du moins, cela avait été le cas au début, bien qu'il ait tout fait pour le cacher à son père auquel il voulait tant ressembler. Mais au fur et à mesure des jours, il avait commencé à apprécier cela. Son corps s'était étoffé, ses bras s'étaient fait plus sûrs, on lui avait même forgé une légère armure pour les entraînements plus poussé, on lui faisait porter une côte de Mithril. Il avait néanmoins encore beaucoup a apprendre, tout comme son frère qui avait finit par obtenir le droit lui aussi de s'entraîner et qui le regardait derrière la balustrade à cet instant.
C'était son combat, il fallait qu'il prouve qu'il méritait son héritage, son nom et ce droit de s'entraîner alors que tant d'autres jeunes nains devraient attendre avant de pouvoir apprendre à se battre à leur tour. Il savait que cela était un privilège et il escomptait bien prouver qu'il en était méritant.

Alors il se présenta devant le vieux nain, une épée à la main, concentré, cherchant à déceler une faille dans la garde de son adversaire comme on lui avait appris, mais il n'en voyait aucune. Il se désespérait d'être aussi aveugle, de ne point trouver un point faible dans cette garde défensive parfaite, il tourna en même tant que le guerrier, doucement, un pas après l'autre, croisant ses appuis. Puisqu'il ne savait où attaquer, sans doute ne fallait-il pas trop réfléchir, un orc ne lui laisserait pas le temps d'étudier les failles dans son armure si un jour il devait en affronter un. Alors il se jeta sur le nain, avec autant de vivacité dont il était capable, sans doute paraissait-il bien lent comparé au vieux nain qu'il affrontait, ce dernier ne lui laissa pas le temps d'apprécier son erreur.
Le manche de la hache le faucha, il tomba au sol, se redressa avec vivacité mais un autre coup vint le cueillir à l'abdomen, le pliant en deux, coupant sa respiration. Il étendit son bras pour toucher son adversaire, rencontrant une lame qui n'aurait pas dû pas être là, recula encore, se débattit pour reprendre le dessus.
Quoiqu'il ait pu penser, il n'était pas près à cela, il était encore trop jeune, trop incompétent, il avait cru que le courage et la technique suffirait, mais sans expérience, il n'avait aucune chance. Le combat n'avait duré que quelques secondes et il était déjà à la merci du guerrier, il devait demander grâce, admettre son énième défaite.
Un éclair blond jaillis, renversa le maître d'armes en le plaquant au sol, ne laissant pas le temps à ce dernier, instable sur ses appuis le temps de parer, ils étaient deux désormais contre lui. Vif, le jeune prince se redressa, cela était sans doute tricher, mais au moins la défaite n'était plus si amère.
Il posa son épée sur a gorge du plus vieux nain avant de l'aider à se redresser, son frère était là, il ramasse le glaive qu'il avait éloigné d'un coup de pied lorsque le vieux nain avait été plaqué. Il lâcha un rire avant de rendre l'arme au maître d'armes du royaume, Ordin. Le plus jeune vint donner une bourrade dans l'épaule de son aîné. Ils avaient gagné ce combat, à deux, certes, l'aîné serait sans doute mort si le combat avait été réel mais ils avaient surpris leur professeur, à deux, ils étaient bien meilleurs. Ils se débrouillaient fort bien chacun de leur côté pour de jeunes bretteurs, mais à deux, ils étaient  encore une plus fort.  

Le jeune nain brun se tourna vers le blond, ses yeux emplis d'un remerciement muet, il tendit sa main vers son frère, à plat, ouverte, Frerin avança la sienne.Une main tendu pour un poing fermé avant qu'ils n’inversent et qu'ils se saisissent le poignet avec force, sans doute ignoraient-ils entièrement pourquoi ils effectuaient ce geste, peut-être n'en comprenaient-ils pas la portée, mais ceux qui les virent faire surent. Un vieux serment d’allégeance et d'amitié, une promesse que des vassaux auraient pu faire à leur suzerain, celle d'une séparation impossible, celle d'une protection indéfectible.

Tant qu'ils seraient ensemble ils veilleraient l'un sur l'autre. Tant qu'il seraient ensemble, ils ne pourraient flancher. Tant qu'ils seraient ensemble, rien de mal ne pourrait leur arriver.