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A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]
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 A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]

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MessageSujet: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptySam 22 Nov 2014 - 13:34

Murtagh ∞ Duncan
A thousand silhouettes dancing on my chest
Les Monts-Brumeux. Infernale colonne vertébrale faite de calcaires et de roches acérées qui s’étendaient de la Lande du Nord aux plaines de Rohan. Telle était cette chaîne de montagne ; un dédale de sentiers coupants d’où serpentait une brume vomie des entrailles de la terre. Nombreux de ceux qui s’y étaient aventurés n’en sortirent jamais vivant. Erigées par Melkor lui-même, les Monts étaient donc nés pour servir de berceau et de refuge aux orques et aux gobelins qui en firent rapidement leur patrie et ce malgré la revendication incessante des nains. Beaucoup de cavernes résultaient des guerres tenues entre les deux races. Les pierres qui juchaient le sol en témoignaient. Quand le vent s’engouffrait dans les crevasses et faisait frissonner la roche, on pouvait comme écouter le récit historique que renfermaient ces murs.

C’est ici, parmi l’une de ces nombreuses crevasses dont regorgeait le Mont Gundabad, que Murtagh s’était établi, loin de toute lumière et de chaleur, tapis dans l’ombre de son repaire humide et sinistre. Sa grotte se trouvait en contre bas sur le flanc de la montagne creusée dans une cavité. La végétation luxuriante aux alentours constituait un merveilleux camouflage naturel. C’était cet avantage qui l’avait conduit à choisir cette grotte plutôt qu’une autre mais aussi parce que cette zone n’était pas ou peu fréquentée. Cette route suivait la direction du Haut Col, non loin du repaire secret des elfes. Mais pour les plus intrépides qui empruntaient ce sentier, Murtagh s’arrangeait toujours pour leur réserver l’accueil qu’ils méritaient. Il était hors de question de laisser filer un individu qui aurait découvert sa planque. Aux yeux de certains orcs, il était sensé être mort et préférait le rester le plus longtemps possible.

Murtagh se tenait assit, là, sur ce lopin de roche gondolé qui dégorgeait à moitié du sol et qui faisait office de siège. Pour toute compagnie, il n’avait que son rouet et le chant léger et mélodieux de sa roue qui filait infatigablement. Au milieu des ténèbres se tordait, héroïquement, la flamme d’une bougie qui luttait pour ne pas être avalée par l’humidité qui faisait suinter la roche. Sa lumière vacillante projetait des silhouettes indistinctes et fantomatiques sur les parois qui semblaient raconter des histoires cauchemardesques de guerre des races. Les pensées du semi-orc se laissaient aller à la contemplation hypnotique du mouvement rotatif de son fuseau. Quand il lui redonnait vie, plus rien n’existait aux alentours, il faisait entièrement partie du mécanisme et des rouages. La machine et l’hybride étaient indissociables. Le rejeton de Morgoth adressa un regard plein de reproche à son panier en osier vide. Il y avait bien des lunes désormais que le semi orc ne tissait qu’une laine chimérique mais quand bien même, le mouvement perduré. Tourner encore, encore et toujours quand son monde à lui reste figé, prisonnier du passé avec l’espoir qu’à chaque roulement, il se décide à avancer. Une tapisserie invisible habillait le granit de la grotte, filée avec des bobines de rêves et de songes qui avaient nourrit son rouet. Depuis combien d’heure se tenait-il assit là ? Il n’en savait rien. Le temps semblait se suspendre quand il s’offrait à la roue de son salut. Il en oubliait même le monde extérieur qui, pourtant, continuait à exister avec son lot de danger et de dérangement. D’ailleurs le fil de ses songes n’allait pas tarder à être rompu par des agitations qui provenaient de l’extérieur. Le crépuscule s’annonçait et les derniers rayons de soleils tentèrent vainement de percer l’obscurité maintenue dans la grotte. Le vent lui portait déjà les premiers hurlements enragés des orcs qui annonçaient leur règne nocturne sur les Montagnes. Il accueillit alors les ténèbres avec un sourire amical.
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MessageSujet: Re: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptyDim 23 Nov 2014 - 13:31

Murtagh ∞ Duncan
A thousand silhouettes dancing on my chest
On ne distinguait guère ce qui se trouvait devant soi, à une telle heure, et pareil temps. L'environnement n'était guère réconfortant, qui plus est. Si ça ne tenait qu'à lui, Duncan ne se serait certainement pas aventuré plus avant dans les Monts Brumeux, mais alors qu'il faisait route vers un village, il avait une fois encore fait une mauvaise rencontre. Un groupe d'orcs était à ses trousses. Il commençait tout juste à les semer... Mais était-ce définitif ? Pour tout dire, Duncan avait l'impression d'aller de Charybde en Scylla : la nuit appartenait aux orcs et aux autres créatures malfaisantes, et il en allait de même pour un pareil endroit. Il n'était lui-même pas sans défense, mais il savait qu'il n'était pas invincible, bien au contraire. Il se demandait toujours pourquoi il continuait à se mettre dans pareilles situations, malgré tout ce qu'il avait déjà traversé, mais pour tout dire, il n'était pas certain que les Hommes puissent changer. Ou du moins, pas en bien.
Il n'avait rien d'un trouillard, mais le contexte aurait pu l'émouvoir davantage encore que les ennemis qu'il avait à ses trousses. Il ne distinguait que difficilement les roches qu'il continuait à gravir, et à chaque instant, elle menaçaient de se dérober sous lui, ne serait-ce parce qu'il pourrait faire un faux pas. Une créature aurait pu le surprendre à tout moment. Il ne fallait pas douter que sa main gauche était solidement cramponnée à son épée. Comme si la noirceur qui l'enveloppait ne suffisait pas, le vent n'avait de cesse de gronder autour de lui, comme si quelque fantôme l'avertissait... ou le menaçait. Il n'était pas difficile de laisser son imagination s'emporter, ici-bas.
La cape de voyageur dont les attaches recouvraient son cou, et dont le capuchon protégeait une partie de son visage, flottait derrière lui, comme les esprits imaginaires des Monts Brumeux. D'ailleurs, qui pourrait dire qu'ils n'existaient vraiment pas ? Que n'aurait-il donné pour rencontrer une âme amie, et surtout, un peu de lumière, un peu de chaleur ? La lune elle-même semblait le railler, en restant dissimulée derrière les nuages, lui refusant la moindre clarté. Les étoiles étaient tout aussi moqueuses, et bien rares. Peut-être la chance avait-elle fini par le quitter, cette nuit-là. Il aurait sans mal comparé l'endroit où il se trouvait à quelque contrée morte et infernale, si la végétation n'était pas si luxuriante. Le domaine des Elfes n'était pas si éloigné, mais eux non plus n'étaient pas de ses amis.
De temps en temps, il entrevoyait quelque caverne où il aurait pu s'abriter et se cacher, mais il passait toujours son chemin. S'il aurait pu lutter contre sa crainte d'y rencontrer quelque bête féroce, elles étaient de toute façon trop étroites, ou apparemment trop fragiles. Il n'en était pas au point de prendre des risques totalement absurdes. Ah ça, il avait parfaitement conscience, envers et contre tout, de n'être plus que l'ombre du pirate qu'il était autrefois.
Il plissa les yeux lorsqu'une lueur inattendue capta son attention. C'était si faible, si fragile qu'il avait l'impression de rêver. Et pourtant, son esprit ne le trompait pas. Au milieu de la roche et de la nuit, une étoile bien plus basse que les autres, subsistait. Duncan hésita longuement, se demandant s'il ne se jetait pas dans la gueule du loup, mais il finit par se diriger vivement vers cette source de lumière inattendue. Il grimpa, puis s'arrêta. Au milieu des murmures du vent, il lui avait semblé entendre quelque rugissement orc. Ses adversaires n'étaient donc pas si loin derrière lui. Ne risquaient-ils pas de percevoir cette étrange clarté, eux aussi, et de venir le chercher ici ? Mais si Duncan pouvait trouver un allié, n'aurait-il pas davantage de chance, de s'en tirer ? C'était à prendre ou à laisser, et il avait l'impression de n'avoir rien à perdre. La nuit n'était pas tombée depuis si longtemps, et pourtant, il avait l'impression d'errer dans un puits sans fond, depuis des heures.
Il soupira brièvement et finit de se diriger vers la grotte. La lumière, si faible, n'avait de cesse de vaciller et il se demandait encore s'il ne rêvait pas. Mais force lui était de constater que cette caverne-là pouvait mieux l'abriter que celles qu'il avait croisées, jusqu'à présent. Il se répéta que les orcs n'étaient pas les amis de la lumière, et il espéra pouvoir se fier à son instinct.
Lorsqu'il s'engouffra dans l'abri, son pas se fit plus silencieux, et il eut l'air infiniment plus vigilant. Il tenait toujours fermement son épée. Il aurait pu se dévoiler à Murtagh avec prestance, si l'instabilité du sol n'avait pas eu raison de son attention. Duncan n'avait pas aperçu qu'il y avait une pente un peu brutale, sous ses pas, et il perdit l'équilibre.
Il roula un instant sur lui-même. S'il parvint à ne guère se faire mal, du moins provoqua-t-il du chahut et du bruit. Et pour tout dire, il n'était pas tombé bien loin de l'endroit où était abrité Murtagh. Son épée était tombée, elle aussi, à quelques mètres de lui. Duncan tenta de récupérer à la fois ses esprits, et son arme, aussi rapidement que possible. Mais il avait bien senti que la chance n'était plus avec lui, aujourd'hui.
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MessageSujet: Re: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptyMar 25 Nov 2014 - 14:12

Murtagh ∞ Duncan
A thousand silhouettes dancing on my chest
La flamme qui s’éreintait inexorablement à imposer sa lueur dans ce gouffre, puisait dans les dernières réserves d’énergie qui lui restait. Sa danse insolente perdait de sa vigueur et bientôt elle disparaîtrait, avalée par l’obscurité. Murtagh lui accorda un instant d’intérêt. Il ne comprit pas vraiment pourquoi, mais il la fixa, témoin de ses derniers instants de lutte extrême pour sa survie. Ce n’était pas comme s’il s’agissait d’une personne, mais dans l’univers statique de cette grotte, elle était la seule à lui donner un semblant de vie. Murtagh admirait sa volonté. Cette force que l’on appelle la bravoure qui, dès qu’on l’acquiert, soulève le voile de nos peurs et nous donne les moyens de nous accomplir, même au prix de notre vie. Murtagh ne pouvait pas en dire autant. Sa survie ne brillait pas par sa vaillance mais par sa lâcheté. Combien de vie avait-il arraché pour assurer la continuité de la sienne ? Combien de tromperie, de trahison et de sournoiserie ? A combien s’élever sa dette ? Dispendieuse, sans aucun doute. Cependant, il avait construit sa vie avec les outils qu’on lui avait confié à la naissance et avait su, jusque là, rester fidèle à sa nature. Ce monde ne l’avait jamais désiré et encore moins aimé, pourtant il était là et s’évertuait à y trouver sa place. Dans quel but ? Quelle était sa mission dans ce monde ? Etait-ce vraiment une vie que de vivre reclus en se cachant des autres ? En profitant de chaque instant pour dilapider ou étriper le premier venu ? On ne lui avait pas réellement laissé le choix ni même de chance. Quelque soit le métissage qui le constituait, les deux partis avaient souhaité sa mort et aussi misérable qui puisse être sa vie, elle était la seule richesse qui lui avait été accordée, la seule chose qui lui appartenait réellement et qu’il s’efforçait de préserver à n’importe quel prix. La solitude lui a enseigné l’égoïsme et par égoïsme il a survécu.

Sa tanière n’avait plus aucun secret pour lui. Il en connaissait chaque pierre et ses oreilles s’étaient familiarisées avec tous les bruits qui la constituaient. Du grondement sinistre du vent claquant sur les parois de la roche à la discrète et insignifiante gouttelette s’écrasant au sol, rien de ce qui se passait ici ne lui était inconnu. Les sons qui provenaient de la surface lui parvenaient distinctement grâce au long corridor qui portait l’écho jusque dans le renfoncement dans lequel il avait élu domicile. D’ailleurs ce soir, le vent complice, lui chahuta quelques informations sur ce qui se tramait au dessus. Des éboulements suspects de pierres lui révélèrent une intrusion. Gêné dans sa longue méditation, il abandonna son rouet pour se tourner en direction du couloir. Quelque soit ce qui approchait, Murtagh avait plus de chance dans le noir. Ses prunelles étaient dotées de cette faculté à tromper l’obscurité. Après tout, il appartenait en partie à ces créatures crépusculaires alors qu’il soit nyctalope n’était pas surprenant. Il précipita le sort funeste de la bougie en balayant son existence de son souffle. Aussi faiblarde qu’elle avait pu être, sa lueur avait assez émit pour révéler sa position à un étranger. Tapis dans le noir le plus profond, il patienta, tout ses sens en éveil, prompt à accueillir son indésirable invité surprise. Ses doigts aguichèrent le pommeau de son sabre qui se languissait de venir abreuver sa lame à un sang neuf et frais. Patience.

Le « privilège » d’appartenir aux deux mondes, c’est que Murtagh était aussi bien à l’aise de jour que de nuit, même si son cœur balançait pour l’obscurité. Selon ce qui allait se présenter à lui, il aura soit un avantage insolent et déloyal sur un adversaire humain ou bien la malchance de tomber sur un de ses semblables et de devoir faire preuve d’une plus grande ingéniosité. A en croire par l’odeur qu’il dégageait, il se rapprochait plus de celle d’un humain mais valait mieux être vigilant. L’individu en question était prudent, Murtagh le comprit au son mesuré de son pas léger. Quand bien même ses efforts pour demeurer discret, cette caverne était dévouée à son unique maître et n’hésita pas à trahir la présence de l’humain. Tous les éléments s’étaient rassemblés pour le dénoncer. Même le sol se montra impitoyable quand il précipita l’inconnu dans un roulé-boulé qui officialisa son intrusion. Il était étalé par terre, hébété ses effets aussi éparpillés que ses esprits. Murtagh l’observa de ses yeux railleurs, bien content de constater qu’il s’agissait d’un humain. Quelle folie l’avait conduit à s’offrir une excursion dans les Monts Brumeux et à venir se perdre dans ce trou à rat ? Murtagh, drapé par l’obscurité et déambulant librement comme une ombre dans son royaume, s’avança prudemment de l’homme en préservant son anonymat. Si l’humain se croyait seul, il devait continuer à le croire. Mais à le voir en si piteux état et déboussolé, le semi-orc éprouva tout à coup le désir malsain et cruel de jouer avec lui avant de le saigner comme le ferait un félin avec sa proie. Les doigts de l’inconnu tâtonnèrent ici et là, certainement à la recherche de son épée qui lui avait échappé des mains dans sa chute. Murtagh ne les laissa pas atteindre leur cible et envoya valser d’un coup de pied l’épée dans un coin reculé de la grotte. Sous la pluie bruyante du fracas de l’arme sur la roche, on pouvait distinguer un ricanement cynique qui semblait indiquer que quelque chose ou quelqu’un habitait celle grotte.

Doué d’un odorat surdéveloppé, l’espèce de lutin se glissa dans le dos de l’inconnu pour le renifler afin de mieux connaître celui à qui il avait à faire. Dans d’autre circonstance, Murtagh ne se serait pas embêter à le dépouiller de la sorte et se serait contenter de l’égorger mais voilà, ce soir Murtagh voulait jouer un peu et montrer quel grand pisteur il était. Plusieurs odeurs émanaient de l’individu, certaines plus marquantes que d’autres. Derrière la sueur et la saleté, un faible relent de sang lui indiqua qu’il était blessé. Une blessure certainement bénigne qu’il avait dû se faire en tombant. Mais plus loin encore, quelque part encré dans les pores de sa peau, dans l’humidité de ses yeux, dans les racines de ses cheveux, flottait un parfum iodé qu’il n’avait pas l’habitude de sentir sur d’autres visiteurs. Murtagh sourit, bien heureux de tomber sur une distraction aussi exotique et originale. Une main jugea la vigueur de l’homme en pressant un instant son épaule avant de s’éloigner rapidement.

- Voyez un peu ce que le vent m’a apporté. Je me demande bien ce qui a pu vous faire échouer si loin de vos côtes petit marin…

Une petite voix fluette s’éleva légère et quelque peu chantante dans la grotte, enveloppant l’homme. Elle ne paraissait pas provenir d’un point en particulier mais semblait venir de nulle part et de partout à la fois.
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MessageSujet: Re: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptyDim 30 Nov 2014 - 10:30

Murtagh ∞ Duncan
A thousand silhouettes dancing on my chest
La lumière s'était estompée au fur et à mesure que Duncan avançait dans les dédales de la roche. Était-ce un symbole de sa propre chance qui s’essoufflait, ou n'était-ce qu'un piège ? On se rendait compte toujours trop tard, que ce en quoi nous croyions n'était qu'illusoire. Le pirate s'était enfoncé dans la grotte, et il en venait presque à regretter son choix. Alors qu'il croyait cet abri salvateur, il lui semblait que l'obscurité ne faisait que l'envelopper davantage, au fur et à mesure qu'il avançait. Être dévoré par elle, ne semblait pas plus alléchant que d'être retrouvé par les orcs qui le prenaient en chasse. Il ne percevait que des parois sombres et humides, et malgré toute sa prudence, il n'avait pas pu empêcher un faux pas.
Une fois encore, cette chute semblait être un symbole de tout. N'était-ce pas la concrétisation de sa propre décadence ? S'il avait toujours su tirer son épingle du jeu, par le passé, quoi qu'il lui arrivait ; il lui semblait chuter de façon inexorable et incontournable. Il avait d'abord perdu ses hommes, son navire ; mais le temps l'avait privé de bien plus. Il avait perdu sa capacité à insuffler la loyauté et le courage aux siens, parce qu'il était lui-même obsédé par une cause perdue. Il ignorait tout de son navire, et il se demandait souvent si tous les sacrifices qu'il avait faits en valaient la peine. Peut-être était-il simplement aveuglé par ses propres échecs et par sa haine récente des orcs. Il prenait pour prétexte un malheur, afin de ne plus se battre, et de creuser plus en avant son propre désespoir. Il se sentait pathétique, mais le fait qu'il le réalisât n'était-il pas justement la première marche, pour commencer à gravir l'escalier du ressaisissement ?
Pour l'heure, il venait simplement de se vautrer, et l'un de ses genoux en avait largement pâti. Le sol était rocailleux et froid, pourtant, il ne se précipita pas pour se lever. Quelque peu affaibli et nerveux, il cherchait aveuglément son épée. Il se maudissait de pouvoir si peu se fier à ses sens, dès qu'il était privé de celui de la vue. Cela lui semblait d'autant plus impardonnable qu'il était un marin. Ses genoux et ses mains étaient sensibles au froid. Il ne lui paraissait percevoir que le vacarme incessant de la tempête qui progressait dehors, ainsi que la puanteur qui se dégageait de cette antre. Il ne doutait plus que quelque animal avait dû périr en ces lieux, à moins qu'il ne s'agît d'un homme... Sa cécité nourrissait sa paranoïa, mais celle-ci était – en l’occurrence – justifiée. Il se demandait quel scélérat ou quelle créature finirait par l'attaquer et quelles étaient ses chances de survie. L'attente d'un malheur ineffable était des plus insupportables. Comment pouvait-il espérer s'en tirer, dans cette grotte comme à l'extérieur, alors que la nature elle-même semblait s'être liguée contre lui ?
Quelques minutes s'écoulèrent, pareilles à des heures. Ce qui n'était que de l'appréhension se mua en sursaut, lorsqu'il entendit l'épée se fracasser contre la roche. Malgré les grondements des cieux, il lui avait paru entendre un ricanement guttural. Il aurait pu croire que les nuages le raillaient, si quelque chose n'avait pas intentionnellement heurté et éloigné son arme.
Il se redressa tant bien que mal, l'air alerte. Il savait que quelqu'un – ou quelque chose – était à proximité. Il ressentait sa présence, comme une entité malveillante mais intangible, et il avait beau plisser les yeux, il ne distinguait aucune forme. La seule chose dont il ne doutait pas était qu'il se trouvait en présence d'un chasseur. Lui était une proie.
Il faut rappeler que Duncan était quelqu'un de superstitieux. Avoir l'impression de se retrouver en face d'une forme invisible lui était quelque chose de très désagréable. Il se maudissait d'être aussi lâche, subitement, alors qu'il avait déjà remporté bien des batailles ; mais l'idée d'être à la merci d'une force peut-être surnaturelle lui donnait plus que des frissons.
Il fut une fois de plus victime d'un sursaut lorsqu'on le toucha sur l'épaule. Qu'est-ce que c'était que « on » ? Le contact avait été trop fugace pour en juger. Il tourna plusieurs fois sur lui-même mais la menace ne faisait plus aucun mouvement susceptible de la trahir. Duncan serra les dents et s'efforça de retrouver son courage. Il existait certes des phénomènes inexplicables, en ce monde, mais aucun ne pourrait se targuer de le voir baisser les bras. Même si l'Autre souhaitait son trépas, il ne lui faciliterait pas la tâche. Si la menace était tangible, il pourrait tenter une attaque, la prochaine fois qu'elle oserait approcher. Que faisait-elle en attendant ? Jouait-elle avec lui ? Elle avait tort de rudoyer à ce point sa patience. L'intervention suivante eut également le don de le dérouter :

« Voyez un peu ce que le vent m’a apporté. Je me demande bien ce qui a pu vous faire échouer si loin de vos côtes petit marin… »

Duncan fronça les sourcils. La chose savait d'où il venait. Ses sens étaient-ils si aiguisés ou était-elle capable de pénétrer son esprit ? Il ne fallait pas qu'il se laissât davantage impressionner. Cette voix à la fois fragile, basse et menaçante, ne ressemblait à celle d'aucune créature connue. Un homme peut-être ? Mais pourquoi se cantonnerait-il à une existence aussi misérable ? Duncan devait admettre qu'il était arrivé au même point que lui, après tout. Ce qui l'inquiétait le plus était qu'il ne parvenait toujours pas à localiser son « interlocuteur ». La voix semblait surgir de nulle part et de partout à la fois, comme si elle n'existait que dans son esprit.

Vous êtes perspicace, répondit-il, bien qu'il fût davantage qu'un simple marin. Il serait de bon ton de me dire ce que vous êtes, si vous tenez à ce que votre curiosité soit satisfaite, ajouta-t-il.

Envers et contre tout, il espérait que cette créature pût être raisonnée, puisqu'elle avait après tout lancé le dialogue. Elle pouvait être en colère, parce qu'il était un intrus dans son territoire ; mais ne pouvaient-ils pas mettre leur différend de côté, si, elle aussi, était une ennemie des orcs ? Mais comment le savoir, si ce n'était en faisant durer le dialogue tant que possible ? Il n'avait de toute façon aucune chance dans la pénombre.

Je suis désolé de m'être invité ici, mais la tempête m'y contraignait, ainsi que...

Il ne termina pas sa phrase. Le tonnerre venait de gronder si fort qu'il aurait pu sans mal fendre le sol qu'il venait de percuter. Un éclair de lumière s'était reflété dans la grotte, pendant une seconde, et Duncan avait pu localiser la menace.
Il resta d'abord stupéfait car il s'agissait de la silhouette droite et élancée d'un homme. Pourtant, il ne pouvait appeler cela comme tel. Il n'aurait su dire ce qui le gênait dans l'apparence de l'Autre, puisqu'il l'avait trop brièvement entrevu. Il avait constaté, en revanche, qu'il n'avait pas déployé son arme ; c'est pourquoi Duncan s'élança sur lui, sans davantage réfléchir, même si l'obscurité recommençait à régner sur les lieux.
Peut-être sa réaction était-elle suicidaire, mais c'était un pirate, un sanguin, et il ne croyait pas tant aux bienfaits d'une éventuelle négociation, au final. Il avait donc précipité son « hôte » contre l'une des parois, en portant un coup à son faciès pour tenter de le déstabiliser. Il lui fallait l'empêcher de dégainer son arme, sinon, il était perdu.
D'aucuns pourraient juger la réaction de Duncan injuste. Il n'était plus seulement un intrus, mais un agresseur, alors qu'il ignorait les intentions de l'Autre. Peut-être avait-il seulement éloigné son arme pour sa propre défense, mais dans sa voix, le pirate n'avait ressenti aucune peur. Quant au peu qu'il avait vu de son étrange adversaire... Cela ne l'encourageait pas à tenter la moindre alliance, bien au contraire.
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MessageSujet: Re: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptyVen 12 Déc 2014 - 16:34

Murtagh ∞ Duncan
A thousand silhouettes dancing on my chest
Murtagh était un prédateur aux sens aiguisés. Aucune des proies qu’il détenait captives dans ses entraves psychiques n’avaient de secret pour lui, qu’elles soient soumises à ses observations intuitives et instinctives ou par ses machinations verbales, elles finissaient toujours par se soumettre. Il comptait parmi ces êtres adeptes de la torture, pour l’avoir longtemps subit au point d’apprécier la prodiguer à autrui. Cette douce confusion suprême entre l’agonie et l’extase d’un corps mutilé et d’un esprit tourmenté. Tableau morbide qui s’ajoute à la galerie déjà si effroyable et cauchemardesque de l’univers du semi-orc. Voilà ce qui le constituait et ce qui l’avait alimenté toute sa foutue vie. Que pouvait-il être autrement que ce que le monde avait voulu qu’il soit ?

Tel un félin étourdissant sa proie jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus, le rejeton de Morgoth tourna tout autour du marin, se délectant de la peur qui tintait sa respiration saccadée. Il ne pouvait qu’imaginer son cœur malmener sa poitrine avec le même bruit contenu d’un marteau s’écrasant sur de l’étoffe. Il aurait presque pu danser sur cette rythmique endiablée. Murtagh se complaisait dans cette position de domination totale où il semblait maîtriser la situation. Son invité n’était pas un ami des ténèbres au grand bonheur de la créature à qui l’on venait d’offrir une petite distraction ludique. Sa torpeur de tout à l’heure ne l’avait que trop longtemps ramollie et cet inconnu inespéré était tout ce qu’il lui fallait. Il s’amusa avec lui, avec cette même cruauté empruntée au chat lorsqu’il tourmente la souris, l’endormant avec ses paroles dégoulinantes de poison. Les réactions du marin étaient celles attendues par Murtagh. Sursaut, panique, regard affolé, et même si Murtagh ne pouvait les entendre, il devinait les théories rocambolesques fleurir dans l’esprit du marin. Ces corsaires et leurs superstitions puériles…Ils craignaient ce qui était inexistant au lieu de se préoccuper des vraies montres qui peuplaient déjà Arda. Comme si la terre n’était pas assez infectée par les ténèbres, ces rats des mers s’inventaient d’autres immondices chimériques tapis dans les entrailles abyssales. Il était bien curieux de connaître à quelle genre de légende il pouvait être associé, lui, l’hybride horrifique issu d’une conception contre nature. Il y avait plus de répugnance à son existence que tous les mythes infondés réunis. Si le pirate était friand d’histoires de monstre, Murtagh se sentait tout à fait disposé à alimenter cette fascination du mal. Après tout, c’était dans son antre qu’il s’était amarré.

- Savoir ce que je suis ne te servira à rien pour les projets que je t’ai réservé.

La raison pour laquelle l’orc prenait tout son temps, c’est justement parce que cet imprévu le prenait au dépourvu. Il ne s’était pas vraiment préparé ni même attendu à recevoir une visite insolite. Oh il connaissait déjà le dénouement final : une mort certaine dans la joie et la bonne humeur mais en attendant, il allait devoir improviser sur les chapitres précédents car, oui, tuer sans préliminaire, c’est emmerdant et beaucoup moins jouissif.

L’orc écouta d’une oreille peu attentive sa déplorante justification qui n’excusait en rien le dérangement occasionné. Même s’il avait tourné en récréation, l’inconnu s’était permis de détourner Murtagh de sa précédente occupation, ce qui était intolérable aux yeux de l’exécrable vermine au teint verdâtre. Alors que la situation était en faveur de l’orc, l’indomptable renégat des cieux foudroya le firmament, projetant d’agressifs faisceaux d’électricité au travers des ténèbres qui, tel un rideau, s’ouvrirent pour dévoiler l’identité de la Bête. Voilà un retournement de situation auquel notre intrépide petit vermisseau ne s’attendait pas. Sans même qu’il n’ait eu le temps de dire « Crotte de Mumak’ », sa proie se donna des airs de prédateurs en se lançant griffes et crocs béants sur son persécuteur. Murtagh ne douta pas que son apparence disgracieuse eut l’effet escompté sur le marin. Encore une fois, on lui tombait dessus. A croire qu’il était irréalisable de l’approcher autrement quand se trouvant sur lui ou en le plaquant contre un mur… Victime de son succès que voulez-vous ! Il ne comptait même plus le nombre de fois où on l’avait aplatit au sol et chevauché pour… lui castagner la gueule. A cette pensée, Murtagh éclata d’un rire nerveux qui semblait en décalage complet avec sa perte de contrôle. De toute évidence, les péripéties s’annonçaient longues et ardues avant la fin du dénouement ! D’ailleurs, il n’était plus certain d’avoir sa fin souhaitée…Une vive douleur enflamma sa mâchoire. Le pirate n’y avait pas été de main morte avec sa droite. Tient, un point douloureux lui incendia le dos. Maudite roche. Elle aussi se retournait contre lui. L’orc secoua un moment la tête pour se remettre les idées en place et fixa avec intensité son assaillant. C’est qu’il avait plus d’un tour dans son sac le vieux gaillard ! Entre deux éclats de lumière, Murtagh profita d’un instant d’obscurité pour agir. Un poignard glissé dans sa manche se cala dans sa main. Il présenta la pointe gourmande et étincelante à la gorge du marin, un sourire aux lèvres. Ils se trouvaient tout deux dans une impasse. La force herculéenne logée dans les mains du marin aurait mit un terme à l’existence sans intérêt de la créature mais il aurait payé cet acte héroïque de sa propre vie. Dilemme.

- Alors. Sommes-nous donc deux scélérats condamnés à un combat épique jusqu'au trompettes du jugement dernier dans ce trou à rat ? Ton existence vaut-elle la peine que tu m’épargnes pour sauvegarder ta vie ? Murtagh dévisagea le marin, pénétrant ses prunelles jusqu’au fin fond de son être comme pour le sonder. D’un petit mouvement du poignet, il laissa le froid de la lame caresser et aguicher la chair tendre de son cou. A en croire par ton improbable présence ici, si loin de la mer, tu m’as tous l’air d’être à la dérive…Je pourrais t’offrir une alternative… Il se lécha un moment les lèvres d’un air carnassier, toujours en insistant « affectueusement » avec la lame puis respira l’iode capiteux qui imprégnait sa peau et ses vêtements. Te montrer la route vers ton salut…

L’orc commençait à se lasser de cette proximité envahissante. Si le pirate n’envisageait pas de le libérer rapidement, il allait devoir aviser et couper court à son petit jeu sadique. Même s’il ne se l’avouait pas encore, Murtagh était intrigué par ce que dégageait cet homme. Il semblait enveloppé d’un mystère qui ne pouvait qu’aguicher la curiosité du semi-orc, un trait de caractère qui lui venait tout droit de son humanité refoulée…

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MessageSujet: Re: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptyJeu 8 Jan 2015 - 17:10

Murtagh ∞ Duncan
A thousand silhouettes dancing on my chest
Pour l'heure, Duncan ne se préoccupait pas de savoir combien d'âmes en peine avaient pu venir quérir un refuge dans cette grotte ô combien dangereuse. Mais la créature qui y avait élu domicile n'avait pas paru apeurée par l'intrusion qu'il avait constituée, bien au contraire. Il fallait croire que le propriétaire des lieux n'avait que trop souvent eu affaire à des présences indésirables et hostiles, mais qu'il avait su fort bien gérer la situation. D'aucuns pensaient qu'il fallait une armée pour créer quelque force ; mais le pirate était d'avis que subsister, lorsqu'on était seul, étant d'autant plus compliqué. Il parlait en connaissance de cause, et surtout, il venait de trouver une nouvelle preuve ambulante de ce qu'il avançait. Il peinait à imaginer plus terrible qu'une âme estropiée, trop éprouvée par la vie, qui était malgré tout parvenue à survivre et à dévorer les autres, avant de l'être elle-même. L'expérience de l'être auquel il faisait face ne devait avoir d'égale que sa férocité. Une fois de plus, le forban connaissait une drôle d'aventure.
Il ne pouvait nier qu'il avait peur, comme tout homme normalement constitué, cependant, toutes ces réflexions qu'il s'efforçait d'avoir le maintenaient alerte et raisonnable. Il devait garder en tête, envers et contre tout, qu'il n'affrontait pas une chimère, mais un être fait de chair et de sang. S'il perdait cela de vue et se laissait happer par les mythes et les superstitions, comme c'était trop souvent le cas des pirates ; il était perdu. Non seulement le jeu de son chasseur fonctionnait, mais il le mettait à cran. Malheureusement pour ce prédateur, il avait peut-être choisi la mauvaise souris. Duncan n'attendait qu'un signe, qu'une occasion, pour tenter de prendre le dessus. Il n'avait rien contre la négociation en temps ordinaire, mais aujourd'hui, sa patience n'était plus ce qu'elle avait été, et surtout, il faisait face à un adversaire qu'il trouvait foncièrement antipathique. Duncan n'était pas fier de laisser la peur le saisir, alors que l'autre ne faisait que s'émerveiller de ce jeu sadique, cependant il n'était qu'un homme et il ne connaissait que trop bien ses limites. Il aurait pu éprouver de la honte car il avait agi en amateur, cependant, mieux valait mette sa fierté de côté, lorsqu'il s'agissait de réfléchir pour trouver une façon de survivre.
Comme il aurait dû s'y attendre, son interlocuteur n'était ni loquace, ni très coopératif. Il n'avait pas l'intention de l'éclairer sur son identité, ou même sur ses origines. Duncan tendait l'oreille pour essayer de repérer sa position, cependant, le murmure restait un écho tapi dans l'ombre, qui semblait jaillir de partout et nulle part à la fois, pour mieux le menacer. La créature ne voulait pas perdre de temps en présentation, et ses intentions paraissaient plus claires, désormais. Quel sort lui était-il réservé ? Étrangement, Cobalt n'était pas pressé de le découvrir. Pourquoi Diable son ennemi perdait-il ce temps, si ce n'était pour le torturer ? Le marin serrait les dents mais le moment était mal choisi pour se plaindre. Au contraire, il voyait cela comme une chance dans son malheur. Les êtres maléfiques parlaient toujours beaucoup trop, c'était bien connu. Ainsi, ils perdaient un temps précieux à se délecter d'une future victoire, plutôt que d'agir et de s'assurer d'ores et déjà qu'ils seraient vainqueurs. Malheureusement, cette histoire-ci ne se finirait peut-être pas comme un récit de fiction.
Et comme Duncan l'espérait, le temps fut bel et bien un allié précieux. Les éléments qui l'avaient tant tourmenté jusqu'à présent lui vinrent enfin en aide. Le tonnerre gronda et fendit la terre, avant de projeter un éclair de clarté dans la grotte. Cobalt n'aperçut son ennemi qu'une seconde. Cette seconde lui suffit à craindre le pire de la part de cette créature ineffable, mais aussi à se jeter sur elle. Il savait pertinemment qu'il se jetait dans la gueule du loup mais quel autre choix avait-il ? Qui ne risquait rien n'obtenait rien. Il n'entendait certainement pas se laisser empaler ou dévorer, sans se défendre. Certes, Duncan n'agissait pas forcément de la plus juste des manières mais n'était-il pas un pirate, et son hôte improvisé ne l'avait-il pas menacé, de façon certes implicite ? Il était décidément trop tard pour négocier.
Duncan n'eut guère l'occasion de crier victoire : d'abord, il lui fallait maintenir son adversaire contre la paroi, ensuite, il était relativement surpris de l'entendre... éclater de rire. Il ne distinguait guère les traits de son visage dans l'ombre, mais il cernait cette dentition peu ragoutante, convulsionnée à cause du rire impromptu et fou de son ennemi. La lutte était donc un divertissement à ses yeux. Duncan songea avec ironie qu'il aurait fait un bon pirate. Mais il se figurait surtout que son adversaire devait être redoutable pour ne point éprouver la peur, à ce point-là. Aussi lui fallait-il rester prudent. Le coup de poing qu'il lui avait infligé l'avait calmé, mais pour peu de temps. Duncan  le maintenait donc solidement contre la paroi, quand bien même il se tortillait comme un ver infernal. Il était prêt à lui tordre le cou ou à l'étrangler s'il ne lui en laissait pas le choix. Mais son ennemi était parvenu à extraire un couteau d'il ne savait où. Duncan fut parcouru d'un frisson lorsqu'il ressentit le froid si reconnaissable d'une fine lame, caresser sa gorge. Le pirate était convaincu qu'il venait une fois de plus de perdre le dessus, même si son hôte pensait le contraire.

« Alors. Sommes-nous donc deux scélérats condamnés à un combat épique jusqu'au trompettes du jugement dernier dans ce trou à rat ? Ton existence vaut-elle la peine que tu m’épargnes pour sauvegarder ta vie ? » demanda l'autre, non sans théâtralité.

L'écho de sa voix rendait quoiqu'il en soit ses propos plus percutants encore. Duncan était convaincu qu'il vivait l'un de ces moments qui auraient un grand impact sur son destin. Il songea un instant que son rival n'avait qu'à se rendre, mais il était moins d'humeur à plaisanter. Sa journée n'avait pas été excellente et elle se terminait de la plus singulière des façons. D'autre part, son inquiétude augmentait. Non seulement il affrontait un adversaire coriace, mais en plus, le dément faisait un bruit de tous les diables. N'allaient-ils pas attirer les orcs qui étaient à ses trousses, malgré le grondement du tonnerre ? L'autre songeait qu'il leur fallait mourir à l'unisson ou s'épargner mutuellement. En tout cas, aucun ne s'avouerait vaincu. Pour l'heure, Duncan resta silencieux. Il était prêt à tout pour survivre, plus pour poursuivre sa mission que par peur de la mort. Toutefois, il n'avait pas envie de rire ainsi de la grande faucheuse. Il aurait pu proposer à son adversaire un deal, quel qu'il fût, mais il sentait déjà la lame flirter doucement avec sa gorge. Peut-être devrait-il lui renvoyer la question. Ce fou serait-il prêt à mourir simplement pour éprouver la joie de sentir une dernière fois du sang couler ? N'avait-il donc plus une once d'humanité ou de raison ? Duncan resserra légèrement son étreinte autour de son cou, pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas intérêt à faire de geste brusque. Au reste, il ne répondit pas. Il était connu par certains pour sa taciturnité, surtout lorsqu'il était sous pression. Il savait que son regard était plongé dans celui de son rival, même s'ils se distinguaient peu. Deux braises brillaient dans la pénombre : elles étaient folles mais tenaces et vives. Duncan ne détournait pas le regard. Ses yeux n'étaient pas moins imprégnés de détermination et de splendeur. Il sentait l'odeur peu aguicheuse de son rival ainsi que le moindre mouvement de son corps. Malgré leur immobilité, la confrontation était terrible.

« A en croire par ton improbable présence ici, si loin de la mer, tu m’as tous l’air d’être à la dérive…Je pourrais t’offrir une alternative… Te montrer la route vers ton salut… »

Duncan fronça les sourcils. Il avait désormais l'impression de se retrouver en face du Démon tentateur et moqueur, qui lui proposait un aller simple vers l'enfer. Il pensait ainsi le débarrasser de tous les maux terrestres. Curieusement, Duncan n'avait pas l'impression qu'il lui faisait une fleur. Par ailleurs, il était toujours déstabilisé par le fait que l'autre ait compris que son sort était intimement lié à la mer. Duncan ne savait pas s'il était entièrement repoussé par l'aura négative que dégageait cette créature, ou s'il était surtout intrigué. Il avait rarement rencontré un esprit aussi surprenant et énigmatique.

Je te préviens, je ne céderai pas ! dit-il, en resserrant brusquement son étreinte autour de son cou.

Mais il n'avait jamais été dans son intention de l'achever, bien au contraire. Duncan le libéra, non sans violence. Il profita de la perte d'équilibre de son adversaire pour reculer de plusieurs pas. La lame de son hôte avait eu le temps de faire perler du sang sur sa gorge, mais rien de probant. Duncan tâcha de rester calme, mais il savait que l'environnement et l'obscurité ne lui accorderaient aucune chance, si jamais son ennemi décidait de l'attaquer de nouveau.

Si tu voulais vraiment me tuer, il y a longtemps que tu l'aurais fait, déclara-t-il, sur un ton aussi posé que possible, et plus familier. J'ai l'impression que tu n'as pas pu parler avec quelqu'un de... raisonnable, depuis longtemps.

Il ignorait s'il faisait bonne route, mais il essayait d'instaurer une nouvelle ère de dialogue, malgré sa propre attaque.

Je ne suis pas venu chercher la guerre. J'ai une horde d'orcs à mes trousses, et s'ils me retrouvent, ce n'est pas seulement ma peau qu'ils auront, mais aussi la tienne... Il marqua une pause. Ils sont nombreux, mais à deux, nous avons une chance de les renvoyer à la terre dont ils ont jailli, conclut-il, non sans masquer le mépris qu'il éprouvait pour cette race.

Tout en parlant, Duncan faisait quelques pas délicats, ici et là, en quête de son épée...
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MessageSujet: Re: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptyLun 26 Jan 2015 - 14:45

Murtagh ∞ Duncan
A thousand silhouettes dancing on my chest
D ’aucun prétendent que la nuit est noire et pleine de terreur. Que dès lors que les ombres se meuvent en silence, ce n’est que pour vous engloutir. Quand le jour disparaît au profit de la nuit, c’est tout un monde de ténèbre qui s’éveil et qui hante les esprits. Les âmes errants au crépuscule, à la dérive dans un univers qui n’est point le leur, sont condamnées à la nuit, sans espoir de savourer une aube nouvelle. La Terre du Milieu est envahie par bien des immondices qui en occupent les zones les plus sauvages. Idiots sont ceux qui sous-estiment l’âme conquérante des orcs tandis qu’ils ont su imposer leur souveraineté à maintes reprises sur des royaumes et des territoires devenus contestés. Instaurant terreur et haine dans le cœur des gens tel une épidémie virulente, ils sont la résultante physique de leurs cauchemars. Au sein des orcs, il s’en disait bien des choses sur le compte de Murtagh. Certains le considéraient comme mort et d’autre dont les esprits superstitieux ne manquait point d’inspiration, présumaient qu’il avait été renvoyé sur terre pour se venger de ces assaillants et de ceux qui l’avaient trahis. Des récits fantaisistes qui ne manquaient pas de le flatter ou de le faire rire. D‘une certaine manière, il était à la fois craint et respecté. Les plus avertis savaient quel sort les attendaient s’ils venaient à s’aventurer trop près du territoire de l’hybride réprouvé. Quant aux ignorants, ils avaient toute une éternité de souffrance pour songer à leur erreur de parcours. Alors Murtagh craignait-il réellement qu’on l’entende ? Vraisemblablement non. C’était son domaine, ses lois et son autorité. Quiconque s’y opposait subissait le courroux de la créature.

Toujours glissait à son cou, le collier des ces mains vigoureuses tel une parure éphémère, continuait de l’orner avec maîtrise. Même si Murtagh avait voulu s’extirper de l’emprise, il en aurait été incapable, déjà averti par la menace réelle que ses mains représentaient mais aussi par l’intention sincère de le tuer sans retenue. Murtagh ne faisait physiquement pas le poids contre cette masse de muscle bien plus gâtée que lui par la nature. Néanmoins, l’orc n’était pas dépourvu de qualités ni de vertus quand il s’agissait de faire preuve de malice. Si le mal se lisait clairement sur lui, il en avait l’âme tout autant corrompue. Murtagh ne connaissait pas plus grand plaisir que celui d’assister à la ruine d’une personne. De le voir choir en s’abandonnant au tourment. Les mots sont une force qui dépasse de loin celle physique et qui causent souvent bien plus de dégâts.

- Je te préviens, je ne céderai pas !

Tant mieux, lui non plus et il le lui fit rappeler en appuyant un peu plus sa lame contre cette veine devenue proéminente sous la pression et qui pulsait avec fureur. Murtagh fit une petite moue contrariée face à tant d’obstination scrutant - avec ce que lui permettait la pénombre - sans relâche les prunelles de son rival. Il semblait que l’orc jugeait ainsi la détermination du marin. Certes, la peur de mourir était consciente chez l’hybride mais l’exhiber lui aurait été fatale. Ne jamais montrer à l’ennemi ses peurs. Une leçon qu’il gardait constamment à l’esprit et qui l’avait plusieurs fois sauvé la vie. L’inconnu résolu enfin l’énigme et libéra sa conscience de ce labyrinthe infernal en relâchant sa prise. Interloqué par la surprise, il en oublia sa malhonnêteté et lui laissa à son tour la vie sauve. Il fallait avouer que Murtagh ne s’était pas attendue à cette réaction de la part du marin et le pensait beaucoup plus destructeur que cela. Figé sur place, fixant avec perplexité son interlocuteur, il demeura un instant dans cette position, immobile et désappointé. Quelle espèce d’homme était-il pour prendre au piège un enfant de Morgoth pour au final choisir de lui rendre sa liberté ? L’occasion de sceller une fois pour toute le sort de cet étranger venait de lui être volé.

- Si tu voulais vraiment me tuer, il y a longtemps que tu l'aurais fait

Murtagh se sentit offensé. Mettait-il en doute sa véracité quant à son intention de le tuer ? Evidemment qu’il aurait pu se faire un rideau de porte avec ses tripes depuis longtemps mais il avait éprouvé l’envie irrésistible de jouer avec lui avant. Ça ne justifiait en aucun cas une forme de pitié à son égard surtout si l’on prenait en compte l’attitude belliqueuse de l’inconnu.

- J'ai l'impression que tu n'as pas pu parler avec quelqu'un de... raisonnable, depuis longtemps.

Il renchérit de plus belle. Dans les méandres de son esprit ravagé, Murtagh n’était jamais seul puisqu’il s’entretenait souvent avec les fantômes de son passé qui prenaient plaisir à venir le tourmenter, alimentant sa folie dégénérescente. Mais de là à s’être entretenu avec quelqu’un de « raisonnable »…ça remontait à loin en effet. Il n’en avait jamais ressenti le besoin, coupant le plus souvent court avec les personnes qui tentaient vainement de raisonner un esprit irraisonnable. Aucune belle parole ne l’atteignait, rien ne le faisait réagir où seulement l’horreur qui suscitait quelque chose de fort en lui. Cette nature trop longtemps refoulée et qui revenait en force, fracassante et infatigable. Murtagh se détendit un instant, baissant sa lame et massant sa gorge. Il garda son air renfrogné tout en l’écoutant.

- Je ne suis pas venu chercher la guerre. J'ai une horde d'orcs à mes trousses, et s'ils me retrouvent, ce n'est pas seulement ma peau qu'ils auront, mais aussi la tienne...  Ils sont nombreux, mais à deux, nous avons une chance de les renvoyer à la terre dont ils ont jailli.

Son petit ricanement légendaire montrait qu’il reprenait de l’assurance. Quelle naïveté. S’il pensait réellement qu’il était en danger, il faisait fausse route. Le seul ici bas qui risquait d’y laisser ses plumes, c’était le marin et Murtagh ne voyait là aucun intérêt à lui porter secours. En vérité, il voyait là une opportunité de faire une pierre deux coups en guidant tous ces êtres égarés sur son territoire vers la seule destination qu’ils méritaient : la mort. A la surface, des cris et des bruits de pas indiquaient clairement qu’ils se tenaient sur le pas de l’antre du réprouvé.

- Que vous la cherchiez ou non, nous sommes nés pour la guerre que nous déclarons à toutes les espèces, il fit une courte pause, et nous ne la terminons que vainqueur. Répliqua t-il sur un ton presque prophétique, avant d’esquisser un sinistre rictus.

- Un peu plus sur la droite.

Tel était l’emplacement précis de l’épée de Duncan qu’il laissa récupérer. Quand il se pencha pour ramasser son arme, Murtagh distingua une marque étrange dessinée sur la peau du pirate. Il n’en avait jamais vu de tel auparavant. C’était plutôt pas mal, ça avait de la gueule. Aussi beau que mystérieux. Très bien, cet étranger avait assez éveillé sa curiosité pour mériter une chance de le convaincre de lui épargner la vie. S’il ne le trahissait pas ce soir, il pourrait toujours le faire plus tard. Puis qui sait, peut-être allait-il tout simplement se faire rattraper par ses passeurs d’âmes qui réclamaient et venaient chercher celle du pirate.

- Très bien, voyons comment tu juges la valeur de ta vie, étranger.

Il l’aurait bien appelé par son patronyme, mais dans leur mêlée, ils n’avaient pas eu le temps pour les présentations. Dégainant son sabre, il se tint près alors que les orcs se rapprochaient non sans faire preuve de discrétion. Sans doute s’estimaient-ils déjà triomphants. En raison de l’incommodité de l’homme à voir dans l’obscurité, le rejeton de Morgoth indiqua d’un mouvement de menton un recoin à droite dans lequel il l’incitait vivement à se cacher pour mieux surprendre l’ennemi.

- On sait que tu es là, humain ! Où comptes-tu te cacher ? Tu embaumes la chair fraîche d’ici !

Prit-il plaisir à certifier en exécutant un bruit de succion bâclée et fort avec ce qui lui servait de bouche. Le regard animal et saisissant de Murtagh ne lâchait plus le tunnel, prompte à surgir sur les indésirables intrus. Murtagh distingua plusieurs respirations et au moins 5 effluves différentes. Aussi pestilentielle que pouvait véhiculer l’odeur d’un orc, ils avaient chacun une emprunte olfactive différente. Contrairement à son invité surprise, Murtagh avait l’avantage du terrain et disposait de cette suffisance insolente qui le plaçait volontairement à la vue de ces persécuteurs. Le premier orc qui entra dans son champ de vision s’arrêta net, barrant la route au reste de son escouade. Murtagh se contenta de leur sourire, un sourire qui n’avait rien de rassurant.

- Tiens ! R’gardez ce qu’on trouve dans les bas fonds !

- Encore de la visite. La prochaine fois, je veillerai à fermer la porte.

Dit-il sur un ton ironique et chantonnant avant de pourfendre le crâne de l’orc du même couteau qui avait menacé auparavant la gorge du marin. La créature s’effondra au sol, son visage difforme et pétrifié, figé dans ce qui fut sa dernière expression. Le reste de la troupe regarda le corps de leur compagnon avec ahurissement. Une ébauche de leur bon sens se manifesta dans leur hésitation à répliquer et à faire demi tour mais d’aucun savait que les orcs n’étaient pas réputés pour leur jugeote…

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Dernière édition par Murtagh le Ven 27 Mar 2015 - 15:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptyMer 11 Fév 2015 - 11:05

Murtagh ∞ Duncan
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Duncan avait tendance à ne pas se laisser abattre par cette crainte universelle de la nuit. Ne représentait-elle pas tous les dangers et tous les maux, qu'elle fût concrète ou symbolique ? La nuit de l'âme pouvait autant mener un homme à sa perte, que les risques de l'errance, peut-être plus. Mais après tout ce qu'il avait traversé, il avait toujours tendance à croire qu'il subsistait, au bout du tunnel, une lumière invincible. Il était aisé de vouloir la perdre de vue, mais continuer à avancer était plus salvateur. Bien entendu, quand ce tunnel était empli d'une horde d'orcs, mieux valait croire davantage en ses armes et en la force de ses bras, qu'en des illusions et des espoirs ; mais l'idée restait la même.
Le pirate ne s'était jamais imaginé faire de vieux os, et pourtant, beaucoup qui le rencontraient n'hésitaient pas à le charrier sur son âge. Après ce qu'il avait vécu, il ne prenait pas cela en ombrage. C'était mieux que d'avoir de jeunes os, six pieds sous terre ou engloutis par les flots.
Le forban ignorait tout au sujet de la réputation qui précédait Murtagh, qui avait pourtant une certaine renommée, chez les siens. Il faut dire qu'il avait plus l'habitude de trancher la gorge des orcs, que de les écouter cracher leur venin. Ils n'étaient que des voleurs, des créatures de la terre, qu'il devait renvoyer à la terre. Murtagh était moins laid que certains d'entre eux – ce qui, à son sens, n'en faisait pas un prix de beauté -, mais il était des leurs, malgré tout. La fatalité allait certes apprendre une vérité cruelle à Duncan, d'ici quelques temps.
Pourquoi n'étrangla-t-il pas l'orc lorsqu'il en eut l'occasion ? N'était-il pas un pirate, haineux à l'égard de cette race et qui avait été attaqué ? Murtagh n'était pas totalement désarmé après tout, et Cobalt n'ignorait pas le danger qui le guettait à l'extérieur. Il prenait davantage ces éléments en compte, qu'une quelconque once de pitié. Cependant, il est vrai qu'il n'était pas le plus impitoyable des hommes. Peut-être quelque chose l'interpellait-il chez l'orc, même s'il peinait à savoir quoi. L'attitude de Murtagh était de toute façon déstabilisante. L'orc maintenait fermement son arme, sans dévoiler quelque frayeur. On aurait dit qu'il lui était égal de mourir.
Duncan prit finalement la résolution de mettre fin à cette violence absurde et il le lâcha brutalement. Cette imprudence aurait pu lui coûter la vie, mais l'orc était trop pris au dépourvu pour réagir. Et oui, entre un bain de sang et un compromis, le pirate avait choisi la seconde option. Il fallait croire que l'aspect plus humain de son hôte incitait Duncan à le sur-estimer. Il se figurait que l'orc n'avait pas une intention réelle de le tuer, ce qui semblait offusquer Murtagh. Idéaliser certaines personnes pourrait un jour coûter cher au marin, mais de temps à autres, il arrivait que des miracles se produisent.
Duncan continuait à parler pour essayer d'apaiser son interlocuteur, son adversaire. Celui-ci ne semblait guère réceptif à ses paroles, comme un enfant qui refusait d'écouter. Mais Duncan notait surtout qu'il ne repartait pas déjà à l'assaut. C'était cela le plus important. Lorsqu'il mentionna les orcs, il vit Murtagh rire, non sans inquiétude. Il était palpable que ses poursuivants commençaient à approcher, et le propriétaire de l'antre semblait s'en réjouir. Et s'ils étaient alliés ? Duncan n'avait de toute façon pas attendu de se poser cette question pour chercher son épée dans l'ombre.

« Que vous la cherchiez ou non, nous sommes nés pour la guerre que nous déclarons à toutes les espèces, et nous ne la terminons que vainqueur. » dit-il.

Duncan fronça les sourcils, ne voulant pas savoir s'il parlait de l'ensemble des orcs, ou s'il les mettait tous deux dans le même panier. Le pirate avait connu bien des batailles, pour survivre, pour voler, ou pour raisons personnelles ; cependant, il ne se battait jamais de façon gratuite. Il méprisait d'autant plus les orcs, qui avaient le goût du sang. Ils se croyaient invincibles, qui plus est. Duncan leur prouverait un jour ou l'autre le contraire.
Il n'avait rien à répondre à ce genre de provocation, en revanche, il grinça des dents lorsque son hôte lui donna des conseils, pour l'épée. Ainsi, il savait ce qu'il préparait... Ce n'était pas si surprenant, s'il était capable de voir dans le noir. Duncan s'empêcha de pester, et ramassa vivement sa lame. Il imaginait n'être qu'un moins que rien pour l'orc, et pourtant celui-ci le laissait récupérer son arme. Pourtant, il l'observait de façon précise, intriguée, surtout lorsqu'il avait remarqué le tatouage du pirate. Comme quoi, toutes les causes, même les plus pessimistes, n'étaient pas perdues.

« Très bien, voyons comment tu juges la valeur de ta vie, étranger. » commenta-t-il.

Il vit son rival sortir sa propre lame, et lui montrer un endroit pour se cacher, non sans étonnement. Il était donc l'ennemi des orcs, et il acceptait de l'aider de surcroît ? Duncan crut d'abord à une ruse ou un piège, mais qui ne tentait rien n'avait rien après tout. Il entendait rester sur ses gardes, au reste, il écouta Murtagh. Il se glissa donc dans l'endroit indiqué, le poing serré autour de la poignée de son épée. Il craignait ce qui allait se passer et en même temps, l'adrénaline commençait à monter. Il ne comptait pas mourir de la main d'un orc.
Il se crispa un peu lorsque l'un des orcs l'interpella, mais il restait prêt. Le pirate avait les sens en éveil même s'ils n'étaient pas aussi développés que ceux de son hôte. Il n'avait pas pu vraiment compter les orcs, mais ils étaient environ cinq. En somme, le duo avait une chance de s'en sortir, mais ils n'avaient guère droit à l'erreur. Les orcs rentrèrent progressivement. Dans l'obscurité, Duncan distinguait des silhouettes, tout au plus. Il ne voyait pas le sourire de Murtagh, mais étrangement, il était capable de l'imaginer. Il écouta le bref échange des orcs ennemis, car ils n'étaient effectivement pas alliés. Une fois encore, Duncan avait l'impression d'avoir de la chance dans son malheur.
Le meurtre du premier orc se produisit avec une soudaineté et une violence brutales. Duncan se redressa un peu, songeant que les réelles hostilités n'allaient sans doute pas tarder à commencer. Il ne se trompa pas. Les orcs, aussi rusés qu'on aurait pu l'imaginer, se jetèrent tous à la fois, sur Murtagh, comme s'ils avaient oublié qu'une once de stratégie pourrait les sauver, ou que Murtagh était censé ne pas être seul. Duncan ne voyait pas grand chose, mais il ne pouvait pas rester les bras croisés. Se battre ici était du suicide, mais il avait une idée. Il ne devrait pas se préoccuper du sort de Murtagh, mais il considérait avoir une dette envers lui, même si c'était dur à encaisser. Il ne pouvait pas le laisser se battre contre un surnombre. Il se faufila donc à l'arrière du combat.

C'est moi que vous cherchiez ? demanda-t-il, une fois qu'il fut moins éloigné de la sortie.

La clarté de la lune pénétrait cette zone de la grotte et il était plaisant de pouvoir de nouveau bénéficier pleinement de sa vue. Deux des quatre orcs restants mordirent à l'hameçon, tandis que les autres restaient concentrés sur Murtagh. Duncan restait concentré pour parer et éviter leurs coups. Lorsqu'un des orcs bondit sur lui, il tomba à la renverse, mais il eut le temps de plonger sa lame dans le ventre de son adversaire. L'orc était mort, mais il était tombé sur le pirate, et il représentait une masse importante et puante qui l'empêchait de se relever.
Il libéra son épée mais le second orc approchait déjà, se léchant déjà les babines grâce à sa future victoire. Il s'approcha doucement du pirate et s'accroupit, prêt à savourer ce meurtre. Duncan serra les dents mais lui jeta avec force un caillou imposant sur la tête. L'orc perdit l'équilibre, mais se retint contre l'une des parois. Le pirate en profita pour se relever, une fois le cadavre repoussé, après quoi, il s'empressa de tuer le second orc. Tout s'était passé très vite. Sa respiration était vive, mais il avait survécu, sans trop de dommages.
Il reporta son attention sur la grotte, qui était silencieuse désormais. Qui de Murtagh ou des orcs avait emporté le combat ? Duncan savait que le vainqueur viendrait le rejoindre, aussi restait-il immobile, droit et armé.
A ses pieds, étrangement mis en évidence par un rayon lunaire, était visible la pierre qu'il venait d'égarer. Il s'agissait d'une sorte de porte-bonheur qu'il avait depuis son enfance. Orphelin, il ne se souvenait pas d'où il provenait, et il s'agissait là de l'un de ses maigres indices pour en apprendre davantage sur son passé. La pierre était petite, polie. Il y était gravé un symbole représentant la fraternité, ainsi qu'un nom féminin, qu'il peinait parfois à déchiffrer. Il s'imaginait qu'il avait eu une amie proche, ou une sœur, et il ne s'était jamais pardonné de l'avoir oubliée. Il avait longtemps espéré que cette pierre lui permettrait de retrouver cette personne, mais il avait un peu perdu cette foi, avec le temps. Il ne se doutait pas qu'une seconde pierre existait, taillée et gravée de la même façon : celle de sa sœur et qui portait le vrai nom de Duncan.  Un nom qu'il avait tout autant oublié, par ailleurs.
Or, cette pierre, c'était Murtagh qui l'avait en sa possession. La providence accomplissait des tours étranges.  
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MessageSujet: Re: A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan]   A thousand silhouettes dancing on my chest [Duncan] EmptyVen 27 Mar 2015 - 15:19

Murtagh ∞ Duncan
A thousand silhouettes dancing on my chest
Cette grotte qui, d’ordinaire ne comptait pas plus de bruit que le chant aigu d’un rouet et les confessions sinistres d’un esprit aliéné, était ce soir la proie de nombreuses agitations musclées. Une odeur âcre de bougie laissée penser qu’une lumière avait subsisté avant que la grotte ne sombre dans les ténèbres. Un nouvel effluve particulièrement chargé en fer venait s’ajouter à cette mosaïque pestilentielle dans laquelle respiraient nos protagonistes. L’ambiance insalubre et obscure qu’inspirait ce repaire demeurait fidèle au caractère de son propriétaire qui était tout autant insociable que mystérieux. Le minerai des murs recelait ses plus sombres secrets qu’aucune pioche ne pourrait jamais extraire. Dans ces instants de solitude extrême d’où naissait cette folie qui persistait à asservir son esprit, nombre de ces hilarités compulsives meublaient le silence, condamnant ces lieux à un écho éternel. Quelque fois, dans ces rares moments de lucidité, il lui revenait cet réflexion de lui-même qui le submergeait tel une vague inévitable, l’abrutissant dans ses rouleaux exaltés pour finalement le précipiter dans les abysses d’où il sombrait. Tel était son enfer : prisonnier de sa propre conscience lacérée. Mais ce soir, bien des voix s’étaient invitées dans son abîme.

D’un geste vif, dénué de toute sensiblerie ou de finesse, le semi-orc ôta son poignard de la boîte crânienne de son ennemi. De cet orifice contre nature, s’échappa en abondance une matière noirâtre et visqueuse qui eut vite fait d’ajouter un peu plus de souillure au décor. Tandis que la carcasse se vidait de son liquide vital, Murtagh recueillit du bout de ses doigts le sang incrustait sur sa lame qu’il inhala longuement, imprégnant tout ses sens de ce parfum capiteux. Ses longs ongles glissèrent, tel des pinceaux sur une esquisse, sur la toile de son visage, scarifiant trois sillons sur son arcade gauche qui défilèrent le long de sa joue sous le regard effaré du reste de la troupe. Cette fois-ci Murtagh était prêt à étancher sa soif de sang.  Ils ne tardèrent pas à réagir en changeant cette fois-ci de stratégie et se ruant tous sur lui. Un rictus se prolongea sur le visage de l’orc tel une demi-lune ajoutant un peu plus de folie à son aspect. La peur était inexistante chez lui, seul le plaisir malsain du moment était perceptible et il aurait sans aucun doute réglé de lui-même cette affaire si le marin n’y avait pas ajouté son grain de sel. Avait-il sincèrement l’air d’être en mauvaise posture ? Avait-il laissé présager que l’avantage lui échappait ? Alors de quoi se mêlait-il ? Si Murtagh détestait bien une situation, c’était celle d’être redevable mais un problème à la fois. Pour le moment, mieux valait focaliser son attention sur ces impertinents venus chercher le repos de l’âme dans l’antre de la Bête.

L’intervention de Duncan déroba à Murtagh deux des quatre assaillants qui le menaçaient et quand le moment le lui permettait, entre deux échanges d’épée, il s’autorisait un petit coup d’œil observateur du côté du marin histoire de voir ce qu’il avait dans le ventre, dans le sens le plus littéraire que peut l’entrevoir Murtagh. S’il s’insurgea contre lui-même du fait d’avoir tué trop rapidement sa seconde victime - sans doute par crainte que la position défavorable de Duncan permette à un orc de le tuer à sa place -  Murtagh prit un malin plaisir à s’amuser avec la troisième et dernière d’entre elles. Il laissa tout d’abord la pauvre créature s’épuiser d’elle-même, assénant les airs d’une multitude d’estocades plus imprécises les unes que les autres jusqu’à ce que sa malchance (ou au bon vouloir de Murtagh) lui sourit enfin et lui permette d’érafler sa cible à la joue. Dans un demi sourire, Murtagh essuya d’un revers de main sa blessure, bouleversant dès lors le cours des choses. Avec souplesse, son poignet fit tournoyer son sabre et d’un mouvement rapide et aérien, il fendit l’air en deux fois, privant l’orc de ses deux bras. La créature poussa d’innombrables hurlements qui figèrent un moment le temps dans la grotte. Murtagh plaqua l’orc contre le mur le forçant à soutenir son regard. La vigueur avec laquelle il plongea son regard dans celui de l’orc le paralysa tout à coup comme s’il eut été hypnotisé ou frappé par un quelconque poison que ses prunelles reptiliennes auraient sécrété. L’agonisant se permit une dernière question.

- De quel côté es-tu bon sang… ?!

Murtagh rapprocha son visage du sien, plus menaçant que jamais avant de lui répondre en toute honnêteté.

- Du seul qui ne m’ait jamais trahi,   un temps, du mien.

Puis il lui trancha la gorge, dévorant jusqu’à la dernière once de vie dans son regard avant que celui-ci ne s’éteigne à jamais. Il relâcha la dépouille qui s’échoua lamentablement au sol, s’évanouissant avec la même horreur qui l’avait mit au monde. Il demeura un moment, statique, immobile, songeant à ses paroles et à leur véracité. Il devait sa survie à cette marginalité et cette haine du monde. Sans ce mépris qui l’alimentait, c’est lui que l’on aurait retrouvé se noyant dans son propre sang. Murtagh fit rapidement le bilan de la situation et constata sans surprise que le pirate avait survécu malgré que l’environnement n’ait pas été à son avantage. Il devait le reconnaître, il avait ce qui fallait où il fallait pour survivre. Le semi-orc se glissa aux côtés du marin, encore un peu secoué par les évènements mais avant même qu’il ne s’adresse à lui, son regard fut happé par un objet que la clarté opaline de la lune mettait en évidence.

- Qu’est-ce que ceci ?

Intrigué, Murtagh se pencha pour ramasser ce qui, de près, s’apparentait à une pierre gravée que le temps et l’usure avaient effacé. Son touché était lisse et sans défaut indiquant qu’elle avait été travaillé. Plus il s’attardait à sa contemplation et plus les questions se bousculaient dans son esprit. Troublé par l’étrange ressemblance avec la propre pierre qu’il gardait précieusement avec lui, il porta sur Duncan un regard à la fois furibond et bouleversé. Ce n’était pas logique. Cette pierre, si elle était bel et bien représentative de ce que Murtagh s’imaginait, ne pouvait se trouver en sa possession. Il empoigna Duncan par sa veste bien décidé à être éclairé sur ce mystère et lui hurla dessus.

- Ou avez-vous trouvé cela ?! Pourquoi est-elle en votre possession ? Répondez !!
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